Il est tôt, c'est le matin et le soleil se lève sur MarieJoa. Il darde ses premiers rayons sur les toits, prêt à réchauffer le centre du monde. Hopper Jo, Sergent d'élite fraîchement remis sur les rails, lui est déjà levé. Il a beau avoir fêté sa réaffectation comme il se doit le jour précédent, il se sent frais, frais comme un gardon. Voila une heure que ses pas battent le pavé de la capitale, une heure qu'il apprécie l'aube, heureux qu'il est le Hopper. Heureux et paré. Un regard vers la tour de l'horloge, ce n'est que le vingt-septième, lui indique un fait qu'il ne sait que trop bien. C'est l'heure. L'heure pour lui de rejoindre les quais de la marine. Là, il trouvera lui a-t-on dit le bâtiment qui deviendra son bâtiment: le Circonstance Spéciale. Il ne pourra pas le raté. De là, il se rendra aux casernes de sa nouvelle division: la 102ème d'élite, pour prendre son nouvel uniforme et passer les troupes en revues. Bon retour en service, Sergent Hopper. Et maintenant, action!
Direction les quais donc. Hopper presse le pas. S'il est de mauvais ton d'arriver en avance à un dîner, ce n'est pas le cas pour les rendez-vous hiérarchiques. Enfin, ça, c'est la raison faussée que se donne la bonne conscience d'Hopper. La vérité, c'est qu'il est impatient, impatient de savoir où il met les pieds, à quelle sauce il va être mangé, impatient de reprendre du service. Et déjà, il voit au loin les voiles des bateaux qui mouillent au port. Gigantesques, elles prennent de l'ampleur à mesure qu'il approche. Le port de la marine de MarieJoa. Avant d'avoir vu celui-là, on ne sait pas ce que c'est, un port militaire. Des dizaines de cuirassés, tous plus grands les uns que les autres, qui flottent, calmes, doux. On les croirait inoffensifs. Grave erreur. Un seul de ces monstres peut à lui seul décimer une petite île. L'objectif d'Hopper est là, quelque part. Il croit même savoir où. Il arrive au niveau du guichet d'entrée, il y montre patte blanche. Le marine derrière le vasistas, après avoir soigneusement contrôlé les papiers et les galons d'Hopper le laisse passé. Au loin, le sergent d'élite remarque un bâtiment aux voiles rouges sang. Pas de doute possible, c'est le Circonstance Spéciale.
Il arrive à l'embarcadère et à nouveau, on lui demande de s'identifier pour ensuite le laisser passer. Son nom est sur la liste. Rendez-vous sur le pont supérieur. Hopper s'embarque. Le spectacle qui l'attend est étrange: autours de lui, un fourmillement de matelot à l'uniforme rouge sang particulièrement bien tenu, qui vont et viennent comme des poulets sans tête. Ca crie à gauche, ça crie à droite, ça monte les échelles et nouent les cordages, mais Hopper à l'étrange impression que personne ne sait ici réellement ce qu'il fait. Les sous-officiers semblent plus perdus que le mousses et se lancent régulièrement des regards circonspects. Alors qu'il grimpe vers le pont supérieur, Hopper se voit obligé d'éviter de justesse la vergue de risaine qui manque de le scalper. Le soldat derrière lui n'a pas cette chance et se voit catapulter à l'eau. Homme à la mer crie-t-on, tandis qu'Hopper continue son ascension. Arrivé en haut, il aperçoit le Lieutenant John Clark, reconnaissable de par sa taille et sa carrure. Il le rejoint.
Sergent Hopper, vous êtes à l'heure, c'est bien.
Mon lieutenant.
D'un signe de tête, John Clark lui intime le repos, pour ensuite regarder en direction des cris, derrière Hopper.
Comme vous pouvez le voir Sergent, la plupart de ces hommes n'ont jamais pris la mer...
Il montre pointe un matelot, à un mètre de lui.
Vous là, faites moi un nœud de chaise.
Le problème d'un uniforme rouge sang, se dit Hopper, c'est qu'il exacerbe la blancheur de votre peau lorsque vous vous décomposer. C'est exactement ce qui arrive au soldat qui vient d'être alpagué, à croire qu'on vient de lui demander la formule chimique du granit marin. Clark se tourne vers Hopper, l'air las, quoi qu'un brin malicieux.
Vous pouvez l'aider, Sergent?
C'est dans mes cordes.
Hopper s'approche du matelot et saisit les cordages. Trois mouvements de main plus tard, celui-ci arbore un beau noeud de chaise, académique comme il faut. Il le tend à l'homme en face de lui.
Une boucle, puis une secondes qui emballe la première, le bout atterri dans le noeud. Plus la charge est lourde, plus le noeud se serre.
Le matelot lui fait oui de la tête. Il n'a rien compris. Hopper revient néanmoins à John Clark.
Qu'en pensez-vous?
Qu'il faudrait leurs expliquer les bases par rapport à des éléments qui leurs parlent, Lieutenant.
Hmm, je crains qu'ils ne soient plus doués pour couper les cordes que pour les nouer. Avancez avec moi.
Suivant le Lieutenant, Hopper redescend vers la passerelle. Ils quittent le navire. Sur le quai, on réanime le matelot qui a fait trempette. Bien que ses yeux soient rivés sur sont supérieurs, le Jo, il sent qu'on l'observe, et les regards qui pèsent sur lui ne sont pas spécialement bienveillants. Le Lieutenant le remarque aussi.
Ils jugent la couleur de votre uniforme, Sergent Jo. Leur respect va au rouge, bien que cela n'ait aucun sens, au vu de leurs capacités... Nous allons remédier à ça. Le navire, vous le trouvez comment?
Impressionnant. Lourd aussi.
Détrompez vous, il est rapide. Avec de bons marins en tout cas.
Sans plus parler, les deux hommes se dirigent vers les casernes.