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Rencontres sauvages

Voilà déjà plusieurs mois que j'ai quitté Zaun, et me voilà sur une nouvelle île, encore.
Et je suis loin de mon élément naturel. En quittant mon île natale, je savais pertinemment que j'allais être confrontée à des univers différents, mais cela n'enlève rien à mon étonnement. Cette fois, il s'agit d'une île sauvage. A vrai dire, je ne connais même pas son nom, mais peu m'importe. Je suis loin de la population, et le marchand qui m'a déposée ici m'a assurée qu'aucun représentant du gouvernement ne s'y aventure non plus. Maintenant, je suis forcée de le croire. Cette jungle n'a clairement pas de quoi accueillir une population civilisée, et encore moins une base militaire.
Néanmoins, j'ai voulu venir dans cet endroit inhospitalier pour une raison précise. L'entraînement.
Dans mon clan, l'entretien de notre corps comme de notre esprit sont des obligations pour exercer notre art.
Yue You m'a enseigné qu'un véritable assassin professionnel est maître de ses émotions autant que de ses capacités physiques, à tout moment. J'ai le souvenir de dizaines d'exercices exténuants visant à mettre à mal mon self-control, et qui étaient quotidiens. Or, depuis mon départ de Zaun, je n'ai pas eu l'occasion de m'exercer comme je l'aurais voulu, alors que je n'en ai jamais autant ressenti le besoin. Mais l'omniprésence de marines est une vraie plaie, et m'oblige à me faire discrète. En circulant dans ces villes, je m'étais fait l'impression d'une ombre errant dans les rues pavées.

C'est pourquoi j'ai tenu à venir ici, sur cette île inhospitalière.
Tout en avançant, pieds nus sur le sol d'herbe épaisse et verdoyante, je découvre mon environnement avec une certaine excitation. Sur Zuan, tout n'était que vapeurs âcres et odeurs de sueur, excepté pour les bâtiments à l'air aseptisé des médecins. Ici, je pouvais respirer à plein poumons, et c'était agréable. Certes, mes pas me portèrent souvent sur des espaces plutôt visqueux, voire même boueux, mais cela n'enlevait rien au charme que je trouvais à cette île. La faune locale se faisait entendre mais restait soigneusement hors de mon champ de vision, et les gigantesques arbres semblaient faire écho à ces cris qui me parvenaient. Je me méfiai quelque peu des insectes qui s'approchaient, mais apparemment, la lotion à base de citronnelle et d'eau fraîche que j'avais confectionnée à la hâte dès mon arrivée semblait être aussi répulsive que je l'avais espéré, les tenant à distance. Ma peau ainsi recouverte, le reste de ma tenue ne semblait pas poser problème. Au contraire, il faisait chaud, et mes vêtements légers étaient un atout ici.
Me déplaçant sur les épaisses racines des mangroves, j'étudiais mon environnement sans rien laisser paraître, comme on me l'avait enseigné. L'air était humide, et je traversais d'innombrables petits ruisseaux sans rencontrer de vie humaine. Quelques animaux firent leur apparition, mais à bonne distance, comme ce groupement de singes qui m'observaient curieusement depuis les hauteurs. Mais il ne restèrent pas longtemps. Le moindre de mes mouvements trop brusque les faisait fuir. Ils finirent par s'éloigner pour de bon lorsque j'atteignais une grande rivière.

Un grande rivière, et surtout pleine de crocodiles. Je peux bien l'avouer, c'était le première fois que j'en voyais. Vu de près ils semblaient certes menaçants, mais calmes. Or, après avoir déjà dû affronter un serpent, je savais que les reptiles pouvaient être plus vivaces qu'ils n'en avaient l'air. Aussi pris-je mes dispositions, en me hissant dans un arbre, bien assez en hauteur pour ne rien risquer d'eux. J'en profitai pour relever mes cheveux en chignon, ce qui serait plus pratique si d'aventure ils se trouvaient gorgés d'eau.
En contrebas, les prédateurs m'avaient repérée. En apparence paisibles, je sentais leurs yeux reptiliens pointés dans ma direction. Je n'en montrais rien, réfléchissant à la suite. Aucun des arbres alentour n'était assez étendu pour me permettre de passer de l'autre côté de cette rivière, et évidemment, pas de pont. Le seul semblant de pont disponible semblait couvert d'écailles....


Dernière édition par Xia He Wei le Jeu 27 Aoû 2015 - 23:35, édité 1 fois
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Sauvage et dangereuse, voilà comment est décrite la faune et la flore de cette île oubliée du gouvernement mondial. Presque entièrement recouverte de marécages putrides d'où remontent des bulles de gaz toxiques nés de la fermentation de plantes et des animaux morts, le climat tempéré y semble malgré tout propice à un développement de la vie. Pourtant, pas une seule organisation n'a décidé de la coloniser et les seules humanoïdes y habitant n'ont d'humains que le nom: il s'agit d'une société cannibale primitive respectant l'unique loi de plus fort. Un tel environnement darwinien n’attirait strictement personne, faisant de cette île un excellent sujet à rumeur et légende pour les mythomanes compulsifs créchant dans les tavernes.

Enfin, presque personne.

Au milieu de la seule rivière s'écoulant à plusieurs endroits sur l'île, Nel pratiquait un sport de haute voltige. Un crocodile sous chaque pied, il naviguait sur le fleuve en évitant les autres reptiles susceptibles de lui arracher tout ce qui dépasse. Si si, c'est possible. Comme toujours, il arborait une pose impeccable : deux mains tendues devant lui et un buste légèrement de trois-quart.

    — Fshiouuuuuuuuuu


Non il ne s'agissait pas là d'une langue inconnue mais bien d'un bruitage que Nel réalisait pour plus d'immersion. La classe. Tapis dans la vase, un crocodile le suivait depuis plusieurs minutes en utilisant le puissant courant du fleuve. Des débris flottants lui octroyait une couverture incroyable dans laquelle se dissimuler de sa proie. Rare était la viande fraîche qui s'aventurait dans ces eaux tumultueuses et la bête comptait bien attendre le moment propice pour s'emparer de sa cible. Quand il sentit que l'attention du garçon était au plus bas, il bondit hors de l'eau la mâchoire grande ouverte présentant des rangées de dents aiguisées comme des rasoirs. Mais Nel sauta tout simplement au-dessus du crocodile en apposant ses deux mains sur son dos, comme un enfant qui jouait au saute-mouton. « Nyoup » fit-il avant de retomber sur ses deux compagnons de voyages reptiliens. Par la suite la vue d'une étrange silhouette perchée au sommet d'un arbre piqua sa curiosité. La curiosité se transforma en surprise qui fit perdre son équilibre à Nel. Par chance – ou plutôt par nécessité scénaristique – il chuta sur la rive et s'étala de tout son corps dans une énorme mare de boue. Ça en devenait presque une habitude : chaque fois qu'une terre un peu liquide et visqueuse tapissait le sol, Nel terminait à plus ou moins court terme la tête dedans. Bref, après s'être rendu un peu plus présentable en enlevant le plus gros de la tourbe, il fixa à nouveau la personne attendant en haut de l'arbre. Telle une princesse à l'écart de la saleté elle zieutait les environs. Nel tout intrigué grimpa sur le tronc à une vitesse fulminante. On aurait dit un chimpanzé. Une fois à sa hauteur il approcha non nonchalamment le nez de sa poitrine et renifla à plusieurs reprises.

    — Citronnelle ! Déclara-t-il fier de lui.

*SPLAF Nel venait d'écraser un moustique posé sur sa nuque. Une bonne chose, il faut le dire. Par ici les moustiques faisaient la taille d'un écureuil... Ces parasites mis à part, Nel ne s'imaginait pas trouver quelqu'un d'autre que lui ici, surtout pas d'aussi raffiné : maquillage, haut en soie, cheveux propres, pas le genre des troufions de base. Assis en tailleur sur une branche, Nel engagea la conversation avec sa nouvelle future amie théorique :

    — Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es perdue ? Demanda-t-il en essuyant un morceau de boue encore accroché. Je m'appelle Nel Fairwing, j'explore le monde et cette île est drôlement marrante !


Autour d'eux, les plantes bougeaient et vivaient, silencieux spectateurs d'une rencontre fortuite.
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Alors que j'envisageai sérieusement de sauter d'un crocodile à l'autre pour passer, quitte à devoir en tuer un ou deux au passage, ma réflexion fut interrompue par un son qui se rapprochait.
Un bruissement d'eau caractéristique qui se fendait au passage de quelque chose, accompagné d'un son clairement issu d'une bouche humaine. Sur mes gardes, ma main se posa immédiatement sur mon tessen, rangé dans une gaine à ma cuisse. Sur le coup, je me demandais s'il pouvait s'agir d'autochtones, que l'on m'avait présentés comme très peu amicaux. Je ne tenais pas à les rencontrer.
Mais à la place, et à ma grande surprise, ce fut un gamin qui fit son apparition. J'avais beau ne rien laisser paraître de mon étonnement, cela ne le diminuait en rien. Et pour cause, le blondinet se déplaçait en surfant sur deux crocodiles. J'ignorais complètement comment il était parvenu à dompter ces deux bêtes au lieu de leur servir de déjeuner, surtout sans aucune arme apparente. A vrai dire, j'étais perplexe quant à ce garçon. Il semblait sans danger, mais il montait deux crocodiles sous mes yeux comme si de rien n'était. Était-il aussi candide et naïf qu'il en avait l'air, ou cachait-il une quelconque capacité spéciale? Ma main ne quittait pas la cachette de mon tessen, prête à dégainer mon éventail meurtrier à tout instant.

Alors que je le regardais sans cesser de m'interroger, je vis un autre de ces reptiles s'approcher, sa proie étant clairement ce jeune homme. J'étais prête à dégainer mes senbons pour l'abattre lorsque je vis la position que prit le blond. Même sans des années de pratique, je suppose qu'on peut aisément deviner lorsque quelqu'un se tient prêt à sauter. Or, c'est exactement ce qu'il fit dès que le crocodile propulsa sa mâchoire vers lui. D'un geste enfantin mais efficace, il sauta pour éviter l'animal et retomba sur ceux qui lui obéissaient mystérieusement.

Ce geste était relativement admirable, mais à vrai dire l'instant d'après, il me repéra. J'étais toute en noir et blanc dans une forêt aussi verte que faire se peut, il n'était donc pas surprenant qu'il me remarque. En revanche, sa réaction cocasse me fit lever un sourcil. Venant de quelqu'un qui venait de démontrer son sens de l'équilibre en surfant sur deux crocodiles, le voir chuter aussi misérablement dans la boue était la dernière chose à laquelle je m'attendais. Tout en se débarbouillant, il me lança des regards, manifestement curieux. Bien sûr, je ne montrai rien. J'étais simplement sur mes gardes, jusqu'au moment où il monta me rejoindre en quelques mouvements. Lorsqu'il me renifla sans gêne, je manquai de très peu de sortir mon arme pour de bon.

- Citronnelle! S'exclama-t-il subitement

Je tentai vaguement de ne pas associer sa réaction à une image d'animal. J'avais manqué de réagir en le décapitant, mais mon tessen était resté ouvert dans ma main, dissimulé à sa vue, sans que je n'achève mon geste. Je lui ai laissé le bénéfice du doute, quelque chose qui ne me ressemble pas. Ou plutôt, qu'on ne m'avait pas appris.
Il prit ses aises, en s'asseyant en tailleur, me faisant presque oublier à quelle point la situation était improbable, de discuter perchés sur un arbre sur une île sauvage.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es perdue ? Je m'appelle Nel Fairwing, j'explore le monde et cette île est drôlement marrante !

J'ai du mal à faire abstraction de la boue qu'il a encore sur lui. En contrebas, les crocodiles nous regardent, l'air de guetter une possibilité que l'un de nous deux tombe. Je finis par me décider à répondre au blond, mais si la situation me paraît franchement incongrue.

- Je m'appelle Xia He. Et, j'explore aussi le monde, en quelque sorte....

Inutile de lui raconter que c'est pour retrouver mon assassin de frère. Il a l'air assez jeune, et ça ne le concerne pas vraiment...
Avec un soupir, je me décide à enlever d'un geste de la main une motte de boue coincée dans ses cheveux. Je ne ressens aucune menace venant de lui, et je n'ai pas de raison de me montrer hostile, pour l'instant. Mon tessen est déjà retourné à sa place.
Cependant, je ne compte pas m'éterniser à discuter avec lui, et pas seulement parce que je ne suis pas bavarde de nature. Pour être honnête, je suis plus à l'aise quand je suis en mouvement, surtout dans un environnement inconnu et hostile. Et les crocodiles qui s'amoncellent au bas de notre arbre semblent impatients, eux aussi. L'un d'eux, se croyant assez haut, claque de la mâchoire dans une tentative de happer une jambe.
On ne peut pas vraiment s'attarder ici. Cette fois, je saisis mon tessen. Basculant avec mes jambes enroulées autour du tronc, je me propulse tête en bas, et allongeant le bras, je porte une lacération profonde au crocodile le plus proche. La bête s'enfuit aussitôt, du sang plein le museau. Les autres reculent instinctivement, et j'en profite.

D'un saut, je suis en bas, perchée sur la pointe des pieds sur un crocodile. Evidemment, mes chevilles deviennent dans la seconde qui suit leur nouvelle cible. Mais l'arrivée de Nel m'a inspirée.
Utilisant mes jambes telle une voltigeuse, je saute d'un crocodile à l'autre en évitant leurs attaques sans sourciller. Ces bestiaux sont rapides, mais j'ai des réflexes. Je me déplace de l'un à l'autre, en surveillant leurs mouvements pour trouver lesquels me rapprocheront le plus vite de la rive. En m'appuyant sur les mains sur l'un d'eux pour un salto vers un autre, je remarque à quel point le toucher de leurs écailles est froid et lisse. A ce moment complètement incongru, je songe vaguement à comment je pourrai les utiliser.
En quelques secondes, je rejoins la rive, et un dernier crocodile tente sa chance en s'avançant vers moi. Sans hésiter, je lui assène aussi une lacération avec mon tessen, qui le dissuade définitivement.

Puis, mes pieds dans une mousse épaisse, je lève la tête vers Nel en vérifiant d'une main que mes kanzashis sont toujours là où ils le devraient. Je suppose que le blondinet n'aura aucun mal à me suivre, mais je n'ose l'inviter. Disons que ce n'est pas dans mes habitudes.
Alors j'attends là, en surveillant les alentours, si ce Nel compte me suivre dans l'épaisse jungle qui nous entoure.



Dernière édition par Xia He Wei le Jeu 27 Aoû 2015 - 23:39, édité 1 fois
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Les pommettes de Nel piquèrent au rose quand la main de Xia He s'approcha de lui. Une réaction tout à fait normale, aucune femme ne l'avait touché d'aussi près hormis sa mère. Il pivota ensuite sa tête pour suivre du regard les impressionnantes acrobaties de la jeune femme qui semblait déterminée à avancer. Nel lâcha une exclamation d'admiration au moment où l'éventail aiguisé  trancha le cuir épais d'un crocodile. Jetant un coup d’œil à ses poings, il soupira en pensant aux deux seuls armes que lui possédait. Rien à voir avec ces lames exotiques que Xia He maniait avec brio.

L'étendue d'eau séparait les deux rives d'une bonne distance. Un grand sourire caractéristique du garçon apparut sur son visage. Il attrapa une liane entortillée qui pendait juste à côté de l'arbre et tira quelques coups secs pour en vérifier la résistance. Ni une, ni deux, ses deux pieds poussèrent simultanément pour le propulser dans les airs. En bas les reptiles à moitié masqués sous l'eau boueuse regardaient leur proie s'éloigner de leurs crocs et décidèrent finalement de poursuivre leur chemin. Nel les salua de la main avant de remercier les deux qui l'avaient transporté jusque ici.


    — Dis Xia, tu penses qu'on verra des singes ? J'ai toujours voulu en voir un, admit-il en se hissant sur une branche.


Nel avait l'habitude particulièrement agaçante de toujours donner les noms qui lui plaisait à ceux qu'il rencontrait. Le prénom de  la jeune fille se décomposait en deux mots, bien trop long pour Nel qui décida à présent et pour toujours de ne prononcer que le premier.

Les arbres constituaient un élément naturel pour Nel qui s'y déplaçait et grimpait avec une aise débordante. En réalité, marcher allait probablement tout aussi vite mais il n'y avait aucun amusement à tout simplement avancer un pas devant l'autre dans un environnement si riche. C'est seulement quand ses yeux s'écarquillèrent que Nel sauta de son perchoir avant d'amortir son atterrissage par une roulade qui tapissa son dos de terre et de mousse fraîche. Un homme était assis contre un tronc d'arbre. Un moignon déchiré pendait à la place de son bras droit et une flaque de sang se mélangeant à la végétation s’agrandissait lentement juste en-dessous malgré un garrot au niveau de l'épaule. Le malheureux avait une tête ordinaire extrêmement pâle. Une barbe de trois jours partant dans des tons poivre et sel tapissait son visage. Il portait une sorte de cotte de maille collée à son torse recouverte d'un plastron métallique. Genou à terre, Nel plaça une main sur la poitrine pour sentir le gonflement des poumons, sans succès. Il approcha alors son oreille de la bouche du blessé et perçut un faible souffle. Un peu plus tôt, Nel avait repéré dans les environs une plante herbacée de la famille des Capsella. Les spécialistes lui reconnaissait des propriétés anti-hémorragiques. Trouver la plante fut un jeu d'enfant, et il ne restait plus qu'à en tapisser la plaie. Sachant pertinemment que déplacer l'estropié dans son état serait catastrophique, Nel se retourna vers Xia He totalement impuissant.


    — Il va s'en sortir tu crois ?
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Nel décida de me suivre, mais ce qui m'étonna plus encore, c'était que cela ne me dérangeait pas. Et pourtant, je n'avais pas l'habitude de fréquenter des personnes plus jeunes que moi. Au sein du clan, j'étais la plus petite, et j'étais une exception. Nel semblait plus jeune que moi d'au moins... 5, 6 ans? Je me demandai vaguement si les gens qui ne grandissaient pas dans un clan d'assassins étaient tous comme lui, en le regardant franchir la rivière suspendu à une liane. Il me semblait tellement candide et radieux, à l'opposé de l'enfant que j'avais été.
Je le vis faire au revoir aux reptiles, me surprenant encore plus. Avait-il une capacité pour dresser les animaux?

- Dis Xia, tu penses qu'on verra des singes ? J'ai toujours voulu en voir un.

Il m'appelait Xia, comme beaucoup de gens qui se trompaient sur la composition de mon prénom ou le tronquaient spontanément. Enfin, le sien étant court aussi, cela ne me dérangea pas vraiment, surtout avec un interlocuteur qui semblait aussi innocent. Sa question aussi me surprit quelque peu, mais je n'en montrai rien en lui répondant.

- J'en ai déjà vu en arrivant ici. Il doit y en avoir beaucoup.

Je le regardai grimper aux arbres tel un petit singe, et circuler parmi les branches avec facilité. Sans l'imiter, je choisis de marcher au sol, restant toujours à proximité cependant. Je préférais être au sol pour examiner les alentours. Là-haut les feuillages trop denses me semblaient gênants. En outre, je trouvais la mousse bien plus agréable sous mes pieds, malgré l'humidité ambiante qui la rendait spongieuse.
Soudainement, je sentis l'odeur caractéristique du sang, droit devant nous. Encore quelques pas, et nous nous retrouvâmes face à un blessé grave. La seconde d'après, je vis Nel se laisser tomber dans une roulade de son arbre.Décidément, il n'avait vraiment aucun problème à se retrouver couvert de crasse...

Face à nous, le blessé était clairement en train de succomber à son hémorragie. Mes pieds s'étaient arrêtés juste avant l'herbe teintée de rouge, et son garrot avait clairement été fait par un amateur, malheureusement pour lui. A en jauger par sa tenue, c'était un combattant, mais je ne lui voyais pas d'arme à proximité, ce qui m'amena à penser qu'on lui avait dérobé tous ses biens. Le combat n'avait sûrement pas duré longtemps, car son armure était couverte de traces de coups, là où des armes avaient tenté de l'enfoncer. Son adversaire avait probablement profité de la jointure entre le bras et le torse pour porter son coup à cet endroit-là. Cependant, la déchirure de la plaie n'était pas assez nette pour me faire penser à une épée ou une autre lame bien affûtée. Pas de trace de balle ou de résidus de poudre, non plus.

J'étais perdue dans mes pensées lorsque je remarquai que Nel avait commencé à s'approcher du blessé, à vérifier sa respiration. Puis, sans prévenir il fit un aller-retour, pour rapporter des herbes médicinales. Surprise et surtout sans comprendre, je le vis commencer à panser la plaie du blessé, avant de se tourner vers moi pour me poser la dernière question à laquelle j'avais envie de répondre.

- Il va s'en sortir tu crois ?

Non.
Du moins c'est ce que je faillis lui répondre. Sauf que je ne me voyais pas annoncer ça à la petite tête blonde qui me regardait. Si j'avais été seule, je me serai seulement inquiétée de savoir qui avait fait ça à ce type, et de savoir si c'était une menace pour moi.
A la place, je cédai à Nel et m'approchais de l'homme pour examiner sa blessure. Le bras avait été déchiré plus que tranché, et il avait plusieurs os de l'épaule et du bras brisés, le choc avait dû être énorme. Ce type avait du souffrir le martyr avant que son hémorragie ne l'envoie dans les vapes. Mais son garrot avait été mal fait, pas assez serré et avec un tissu trop mince. Je soupçonnais qu'il ait tenté de se le faire lui-même, ce qui relevait presque de l'impossible dans son état. Résultat, il avait continué à perdre du sang. Trop de sang. Rien qu'à la surface de sol rougie sous nos pieds, je pouvais dire que ce mec avait facilement perdu près d'un litre. Ce qui était beaucoup, beaucoup trop. Pas étonnant qu'il soit pâle comme la mort.

- Nel, cet homme va mourir d'ici moins d'une heure. On ne peut rien faire pour lui.

Après m'être assurée qu'il ait bien compris mes mots, j'attrapai un senbon dissimulé dans les cheveux, et piquait l'homme à la gorge. Son martyr serait raccourci de plusieurs dizaines de minutes. Sitôt cela fait, je me levai et m'éloignais de lui, emportant Nel dans mon sillage, car je l'avais instinctivement attrapé par le bras.

- Tout ce sang répandu va attirer les prédateurs. Mais ce qui l'a attaqué n'était pas un animal. La blessure venait du dessus, et je ne connais aucun animal capable d'une force comme celle qui a été déployée.

Il fallait se déplacer, s'éloigner de lui. Non pas pour fuir, mais pour ne pas se faire attaquer par surprise. Les bêtes qui peuplaient cette jungle ne m'intéressaient pas. En revanche, je savais que les indigènes locaux étaient cannibales. Or, si le bras de cet homme avait disparu, ce n'était pas le cas du reste de son corps. Et à en juger par la vitesse à laquelle son sang s'était écoulé, ceux qui l'avaient attaqué avaient fait ça il y a très peu de temps. Ce qui m'amenait à penser qu'ils avaient quitté la scène sans emporter le reste de leur butin pour une raison précise.
Deux proies encore vivantes et fraîches venaient d'arriver sur les lieux.


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    — Nel, cet homme va mourir d'ici moins d'une heure. On ne peut rien faire pour lui.


Difficile de lire dans les yeux de Nel à ce moment précis. Au final, il connaissait la réponse à sa question mais espérait que la réponse soit différente de ce qu'il pensait. Dans un élan de naïveté, il s'attendait à un miracle de la part de sa nouvelle amie. Et pourtant, la mort de l'homme ne l'attristait pas. Des milliers d'inconnus mourraient à chaque instant, le fait que celui-ci soit devant lui le rendait-il plus important ? De la pitié, voilà ce qu'il ressentait, la pitié de voir un homme mourir seul  sans ceux qu'il chérissait pour l'accompagner vers l'au-delà. Ainsi, après avoir observé le geste chirurgicale qui mit fin à sa vie, il se sentit investit d'une mission. Retrouver celui qui avait fait ça. Ceci décidé, Nel fut aussitôt entraîné par la jeune femme.

    — Tout ce sang répandu va attirer les prédateurs. Mais ce qui l'a attaqué n'était pas un animal. La blessure venait du dessus, et je ne connais aucun animal capable d'une force comme celle qui a été déployée.



Nel se mit à renifler tout autour de lui. Son odorat lui avait déjà mainte fois servi par le passé, notamment pour traquer ces satanés écureuils volants à travers la forêt. Il cherchait ici la piste que l'homme avait dû suivre pour arriver jusqu'à l'arbuste où il avait passé ses derniers instants. Pourtant, aucune piste ne s'offrit à lui, aucune odeur ne semblait avoir été distillée. Un frisson parcourut son corps et il resserra l'étreinte de sa main sur celle de Xia.

    — On l'a déposé depuis un arbre, chuchota Nel. Je crois qu'on n'est pas tout seul.


Xia l'avait sûrement déjà compris vu l'inquiétude qu'elle dissimulait sur son visage. Nel ne repérait aucun bruit suspect autour d'eux, mais son ouïe était loin d'être aussi bonne que son odorat,  et la jungle vivante produisait des tas de sons parasites. Quand tout semblait calme, un projectile frôla sa tête pour se perdre dans la végétation. Ce n'est que quand il sentit un liquide chaud projeté sur sa joue qu'il découvrit que la flèche avait réussi à érafler le bras de Xia. La seconde d'après, la bouche du garçon était collée à la plaie, il la suçota quelques secondes puis recracha le tout au sol.

    — Ton sang était plein de poison, je l'ai senti ! Se justifia-t-il avant de se mettre à courir.


Mais alors qu'il esquivait une seconde flèche de justesse, son pied se prit dans un fil. Celui-ci décocha un lasso qui s'envola dans les airs. Nel était suspendu au-dessus du sol et se débattait comme un poisson hors de l'eau. Sans lame pour découper la corde, il risquait de passer une mauvaise après-midi, en particulier avec la horde qu'il aperçut enfin s'approcher de lui.


    — Oh oh...

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- Je crois qu'on est pas tout seuls.

J'avais beau le savoir, entendre Nel le confirmer ne fit qu'augmenter la tension ambiante. Dans un environnement inconnu, être traquée par un ennemi invisible avec une personne que j'aurais probablement à défendre était l'une des pires situations possibles. Je n'étais pas habituée à être la proie. A mes côtés, je sentis que Nel était aux aguets, tentant comme moi de percevoir le moindre signe de présence de l'ennemi.
Puis, un sifflement fendit l'air, et je sentis la coupure qui s'ouvrit sur mon bras. La seconde d'après, Nel suçotait mon bras sous mes yeux médusés. Avant que je n'ai eu le temps d'émettre la moindre objection, il recracha tout, et heureusement pour lui. S'il avait su que j'étais assassin, il se serait probablement abstenu de me sucer le sang, sachant que celui-ci avait été traité dès mon plus jeune âge pour résister à beaucoup de toxines, et empoisonné par la même occasion.

Mais nous n'avions pas le temps pour faire connaissance maintenant. J'attrapais et déployais mon tessen, car je savais que l'attaque pouvait venir à tout moment. En fait, ce geste me donna un temps de retard avant de voir que Nel s'était mis à courir. Et je n'eus pas le temps de le retenir qu'une autre flèche sifflait dans l'air. Je me maudis intérieurement de ne pas l'avoir retenu. Courir dans une jungle, sans savoir où étaient les ennemis ni combien ils étaient, alors qu'ils étaient armés de projectiles longue distance, c'était leur ouvrir la chasse.

- Nel!!

Mais mon cri ne servit à rien, et je dus utiliser mon éventail comme bouclier pour dévier une nouvelle flèche, sans même voir si le jeune blond m'avait entendue. Puis, un bruit m'alerta, dans sa direction. Bon sang, un piège. Et vu la réaction de Nel, il n'avait pas de quoi s'en défaire.
Lentement, je me mis à avancer dans sa direction, prête à dévier de nouvelles flèches. Je dus en briser deux avec mon tessen avant de parvenir à Nel.
Il fallait agir vite. Vu la vitesse des projectiles, nos poursuivants n'étaient plus qu'à quelques mètres, et si la jungle autour de nous n'avait pas été si dense il y a longtemps que nous les aurions vus. Je pris appui sur le tronc de l'arbre où était accroché le piège, et d'un saut, me hissais sur la branche concernée. De là, je tranchais le haut du piège avec mon arme, libérant Nel.

- Monte, vite.

Je n'appréciai pas de me montrer autoritaire ainsi, cela ne me ressemblait pas, mais la situation était trop tendue pour bavasser amicalement.
Il fallait réfléchir à la suite, et vite. Nos assaillants étaient si près que je pouvais distinguer le nombre de leurs pas. Ils étaient cinq... Non, six. Des chasseurs? Ils avançaient vite, ils connaissaient forcément leur avantage numérique sur nous. Je devinai leur position, déployée en demi-cercle autour de nous, leurs proies. Notre seul avantage, c'était d'être dans les arbres. Mais nous étions beaucoup trop voyants, et pas le temps d'inventer un camouflage potable. Le moindre déplacement nous aurait valu une nouvelle salve de flèches empoisonnées, et dans les branchages complexes il aurait été peu probable de toutes les éviter.
Nous étions acculés.

De mon point de vue, nous n'avions pas le choix. Je retirai un kanzashi de mes cheveux, et le donnai à Nel. J'ignorai complètement comment il allait réagir à ma décision. Même si j'avais espéré qu'il prenne la fuite, de ce que j'avais découvert de lui, ce ne serait probablement pas l'option qu'il prendrait.

- Je vais les affronter. Utilise ça pour te défendre.

Puis, les cannibales arrivèrent.
On se serait crû revenu pas loin de l'age de pierre. Des tenues en peau et fourrures, et des armes rudimentaires. Arcs et flèches, de grandes lances de pierres taillées et des marteaux. Des armes qui ne semblaient pas moins dangereuses cependant, surtout au vu de la masse musculaire de leurs porteurs. Apparemment, la chair humaine était assez nutritive...
Je me tenais prête à sauter, attendant le moment opportun. Je me méfiai de leurs armes. Nous avions vu ce qu'ils étaient capables d'infliger avec leur force brute, et même si je résisterai au poison sans mal, je ne tenais pas à me prendre une flèche.
Dans un autre environnement et sans Nel, j'aurais utilisé une de mes boulettes fumigènes. Ici, cela aurait trop compliqué les choses, les arbres se trouvant potentiellement sur mon chemin et les bruits de la jungle étant envahissants. Alors, mon tessen à la main et un kanzashi dans l'autre, je sautai droit sur eux.

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Suspendu par les pieds, Nel observait son sauveur s'approcher de lui. Ce n'est qu'au dernier moment qu'il la vit couper le haut de la corde. Si le garçon n'avait pas été suffisamment réactif il se serait misérablement écrasé contre le sol. Heureusement, il sut se redresser à temps en donnant un coup de buste et grimpa sur la branche où l'attendait Xia.

    — Merci, fit Nel en s'essuyant le front.

Xia He paraissait pensive. Elle savait garder un calme exemplaire malgré l'urgence de la situation. Il s'agissait là d'une aptitude plus que terrifiante, le résultat de nombreuses années de travail à n'en pas douter. Nel lui ne faisait qu'admirer la jolie jeune fille. Bien qu'ils ne se connaissaient que depuis peu, il voyait à travers elle une idole protectrice, peut-être la grande sœur qu'il n'aurait jamais.

    — Je vais les affronter. Utilise ça pour te défendre.


Le "ça en question" s'avérait être un authentique kanzashi, ou comment dire de manière très compliquée une longue et fine aiguille décorée d'ornements et dans le cas présent d'une fleur. Plus qu'un accessoire de beauté, n'importe quelle personne dégourdie y verrait une excellente arme, se rapprochant ni plus ni moins d'un saï ou d'un poignard. Nel ne faisait pas partie de ces personnes. D'un geste délicat, il la fit passer à travers sa chevelure de la même manière que Xia He la portait précédemment. Fier de lui, il bomba le torse bien qu'il ne comprenait pas totalement en quoi cela lui permettrait de s'occuper de la horde de sauvages qu'il voyait enfin s'approcher.

Alors que sa coéquipière fit le choix d'un affrontement direct, Nel préféra s'éloigner des trois "humains" qui avançaient en sa direction. La végétation c'était son point fort, il savait effacer sa présence avec une facilité déconcertante. Il grimpa jusqu'au sommet de l'arbre, gravissant quelques mètres de plus puis sauta en direction d'un autre. Il répéta ce schéma plusieurs fois jusqu'à ce qu'il eut été certain d'avoir brouillé sa trace puis redescendit discrètement en se cachant derrière les feuillages d'un vieux palétuvier. D'ici, il zieuta les alentours et repéra un morceau de tronc pourri. Il avait sûrement atterri dans les hauteurs après une tempête tropicale très fréquente dans ce type de climat. Les sauvages ne virent pas le coup venir quand le morceau de bois fracassa violemment la tête de l'un d'entre eux. Il heurta ensuite la rotule d'un second qui tomba à terre en se tordant de douleur. Ce choc restait bien moins important que le premier, mais les os de ces cannibales s'étaient fragilisés avec les années de par les carences en calcium et en vitamine D que la viande humaine était incapable de fournir.

*Plus qu'un* se dit Nel, très satisfait de sa petite embuscade. Confiant, il décida donc de sauter les deux pieds en avant vers le crâne de son dernier adversaire. Mais les sens du sauvages exacerbés par son instinct de survie n'eurent aucun mal à repérer le jeune homme pour ensuite esquiver. Nel évita de justesse une roche et s'affala sur la terre à côté. Ce n'est qu'après s'être relevé qu'il en aperçut de ses grands yeux verts la horde qui lui faisait face.

    — Héhé... Pouce !

Sous les regards incompréhensifs des cannibales, il prit ses jambes à son cou pour s'extirper d'ici le plus vite possible. Une fuite qui fut rapidement avortée par le bruit sourd d'un gourdin s'abattant avec force sur son front. Tout reposait à présent sur Xia He qui allait devoir faire face à une tribu complète et affamée.
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D'un bond, atterris sur les épaules de l'un d'eux, entourant son cou de ma jambe, et aussitôt, fit basculer tout mon corps, l'entraînant dans mon mouvement rotatif. Le cou tordu, le cannibale se retrouva face parterre, avec moi sur son dos. Ses deux comparses surpris juste à ses côtés baissèrent les yeux sur moi avant d'abattre leurs armes.
Une espèce de massue-hâche grossièrement taillée en triangle, et une lance. Des armes rudimentaires mais pouvant faire des dégâts. En tous cas, leur précédent adversaire y avait laissé un bras et sa vie.

Je sautai en arrière pour éviter leurs armes, qui finirent sur le corps de leur congénère avec un bruit peu ragoûtant. Aussitôt, j'en profitai pour lancer mon kanzashi, qui se planta dans le cou de l'un d'eux. Mais cela ne l'arrêta pas. Au contraire, il répondit en me lançant lui aussi sa lance, qui m'égratigna le flanc malgré que j'ai tenté de l'éviter. Ces arbres étaient vraiment un problème pour pouvoir me déplacer. Et surtout, j'avais perdu Nel de vu, ce qui m'inquiétait malgré moi. Je n'avais que trois cannibales sous les yeux, ce qui me faisait craindre que les autres ne soient à la poursuite du blond. Il fallait que j'en finisse vite.
Avec un cri animal, le cannibale qui tenait l'espèce de massue s'élança vers moi, balançant son arme dans un mouvement faucheur. Je dus me baisser pour l'éviter, et la force que je sentis déployée avec l'air autour de cette massue acheva de me convaincre qu'il fallait à tout pris que j'évite de me prendre un coup. Je me repris d'un saut sur les mains, m'éloignant d'eux. Cet environnement n'était certainement pas le meilleur: le sol boueux était inégal et traître, et les arbres faisaient office d'obstacles.

Déployant les volets de mon éventail meurtrier, je me tins prête. Malgré ma broche plantée dans sa gorge, l'autre cannibale était toujours debout, seulement désarmé et plus enragé. Mais il m'inquiétait moins que son comparse toujours dangereusement armé.
Pour ma part, je ne gardai que mon tessen en main. Et il était temps de passer à l'action.

Je me jetai dans leur direction, les affrontant de face. Je déviai du revers de la main une première tentative de coup de poing, et passais sous ce bras pour lacérer la chair qui se présenta face à moi. Le sang gicla de la poitrine de mon adversaire, m'éclaboussant. Sitôt après, je dus faire une roulade pour éviter la masse qui arrivait d'en haut pour heurter bruyamment le sol. Je sentis le sol accuser le choc en faisant voltiger de la boue tout autour de nous. Il fallait que je trouve un moyen de m'occuper de lui sans approcher de cette maudite pseudo-hache.
Reprenant le combat au corps à corps, je parvins à leur tenir tête, l'espace réduit les empêchant d'attaquer simultanément sous peine de se gêner ou se blesser l'un et l'autre. Puis, pendant une seconde, je vis une ouverture. Mon tessen trancha alors la gorge du cannibale désarmé, qui tomba à terre. La seconde d'après, l'autre tenta une nouvelle attaque verticale, mais cette fois j'étais prête. Me décalant au dernier moment, j'abattis mon arme pour lui trancher net le poignet. Il poussa un hurlement, le sang jaillissant de sa blessure.
Je l'aurais bien laissé hurler ainsi, mais c'était contraire à ce qu'on m'avait enseigné, et son cri était pénible. Je l'achevai en lui tranchant net la jugulaire.

En me relevant, je constatai que je n'avais pas réussi à échapper à des tâches de sang et de boue. A l'époque, Yue You me faisait la morale pendant des heures quand je rentrai avec la moindre goutte de sang sur moi. Aujourd'hui, je me dis seulement que je dois avoir l'air d'une sauvage, et ça ne me plaît vraiment pas.
Mais j'avais un autre problème. Je devais retrouver Nel.

Je mis plusieurs minutes à retrouver sa trace. La traque en milieu sauvage ne faisait pas partie de mes aptitudes, mais après le temps que je perdis à chercher Nel parmi cette jungle épaisse, je me fis la promesse d'y travailler.
Au moins, une fois sur les lieux je n'eus pas trop de mal à reconstituer la scène. Déjà, il y avait un cadavre au crâne explosé. Vu la force déployée, Nel avait dû attaquer depuis une certaine hauteur, probablement avec ce bout de bois couvert de sang. Puis, il y avait les traces. Sur un sol boueux, c'était facile. Malheureusement, elles n'annoncèrent rien de bon: à la fin du combat, il y avait encore deux personnes debout, et quelqu'un avait été traîné parterre, le sillon dans la terre s'éloignant avec les traces de pas de deux personnes aux pieds nus, dont l'un avait probablement boité.
Nel avait été capturé, probablement inconscient. Je fus soulagée de ne pas retrouver de traces de sang. Néanmoins, cela signifiait que je devais le retrouver, et vite.

Je me mis en route, remontant la piste aussi vite que possible.
 
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La faim fait partie de la race humaine. C'est la seule indication que peut donner le corps pour faire comprendre qu'il manque d'énergie, qu'il a besoin de plus pour fonctionner. La famine, c'est l'une des pires choses que l'on puisse subir, elle change des hommes. Ce qu'il faut comprendre à travers ça, c'est que l'instinct de survie peut pousser à tout, même aux moyens les plus terribles. On se dit tous qu'on ne sera jamais comme ça, qu'on a nos valeurs, nos codes, nos lois. Mais au fond quand on marche sur le pont qui sépare les vivants des morts, on est prêt à tout pour rester du bon côté. Même si cela nous mène au cannibalisme. Une horreur justifiée par une autre, le feu combattu par le feu en quelque sorte. Ce n'est pas le cas des habitants de l’îlot sauvage. Des oiseaux, des mammifères et même des reptiles peuplent cette terre et se reproduisent bien plus que nécessaire à la survie de leur espèce. S'ils pratiquent le cannibalisme, c'est simplement parce que ce sont des sauvages, des primitifs, conduits par leurs habitudes et leur survie, et en cela ils ne répondent que par une seule chose : l'instinct animal.


Le réveil fut assez brutal. Les sens n'eurent pas le temps de se réveiller un par un que déjà une profonde douleur sur le derrière du crâne brusquait l'organisme. Quand la peau du cou toucha le métal froid, un petit spasme balança la tête vers l'avant qui se cogna durement contre la cage.

    — Aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie!


Oui cette fois-ci, il était sûrement réveillé. Son cri n'avait pourtant pas alerté un seul des indigènes du village. Tous continuaient leur train de vie habituel. Dans le fond, des femmes tressaient de grands filets à l'aide de lianes souples tandis qu'à côté les guerriers aiguisaient leurs lances faites d'os. La cage qui retenait Nel semblait être le seul élément sophistiqué qu'ils avaient sans aucun doute volé à de pauvres naufragés. Paix à leurs âmes. Au centre du camp, un brasier venait d'être démarré par la tribu. Les sauvages le nourrissaient vivement par de grosses poutres de bois secs, une ressource particulièrement rare à trouver dans cette jungle humide. Nel ne mit pas longtemps à comprendre à quoi il allait servir en regardant les tiges d'os blanchis d'un côté et de l'autre de sa cage : il s'agissait d'une broche. Il commença alors à frapper les barreaux d'acier à l'aide de ses pieds, ne provoquant rien d'autre qu'un bruit pas très agréable.

    — Hey ! Quelqu'un m'entend ? Vous savez je suis pas très bon à manger. D'ailleurs entre nous je suis tout petit et j'ai pas du tout de gras, je risque d'être très ferme et en plus y'aura pas de quoi nourrir beaucoup de gens.

Les habitants l'ignoraient royalement. Au fond, ils ne comprenaient peut-être même pas la langue. Vous discutez avec vos cochons et vos vaches vous ? Nel n'était qu'un morceau de viande parmi tant d'autres, et pas bien gros en plus. Souffler. Respirer. Réfléchir. Comment sortir d'ici ? Le verrou épais paraissait solide, compliqué à casser. C'est là qu'intervint une idée malicieuse, Nel récupéra l'aiguille prêtée par Xia He tout à l'heure. Dommage, ça lui allait bien cette petite fleur. Il ne restait plus qu'à tenter et espérer, et aussi à le faire vite, le brasero grandissait à une vitesse phénoménale. Bientôt il deviendrait une fournaise capable de griller n'importe quel humain en quelques dizaines de minutes.
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Remonter la piste de Nel et des cannibales fut plus facile que prévu. La boue avait gardé des empreintes bien fraîches de leur passage, et la flore locale ne me posa pas trop de problème pour me déplacer. Néanmoins, sur le trajet je notai un détail: plus j'avançais, moins les animaux se faisaient présents. Ils fuyaient donc les cannibales? Les autochtones n'étaient peut-être pas seulement anthropophages, finalement...

Cela m'amena à penser que Nel aurait peut-être plus de temps avant de leur servir de dîner. Mais je pressai tout de même le pas. Je ne comptais jamais sur la chance.
Lorsque j'arrivai sur ce qui était probablement un village, je fus surprise de le voir au sol. Ils avaient dû chercher longtemps un endroit où le sol ne soit pas trop spongieux pour être habitable. Mais malgré cela, tout était rudimentaire. On aurait dit qu'ils se contentaient du strict minimum pour un peuple sédentaire, et pourtant, ils étaient en bon nombre, plus que je ne l'avais imaginé. Et c'étaient des hommes, des femmes, des enfants.
J'avais prévu de me débarrasser de quiconque serait sur mon chemin, comme d'habitude. Mais la présence des enfants me posait un problème. J'avais une règle personnelle et absolue, ne jamais m'en prendre à un enfant. Je n'y dérogeais jamais, quelles que soient les circonstances.

Je changeai donc d'idée, et restais cachée derrière les arbres, tentant de repérer Nel entre les habitations. J'avais suivi la piste et pensais donc arriver derrière lui dans ce village, mais ici la terre était sèche, donc plus de traces. A partir d'ici, il avait pu être emmené n'importe où. Cependant, je vis un peu plus loin, derrière un tas de cabanes-maisons, une épaisse fumée qui s'allumait. Même si je n'étais pas sûre qu'ils cuisent leur viande, comme la plupart des populations les cannibales se rassemblaient sûrement près d'un foyer pour manger. Or, j'avais bon espoir que les vivres ne soient pas loin.
Toujours sous le couvert des arbres, je me déplaçai donc rapidement dans l'espoir d'apercevoir une chevelure blonde quelque part au milieu des cannibales. Honnêtement, tout en marchant j'essayais de résister à la pensée que je n'avais rien à faire ici. Je me trouvais à la portée de tout un village de cannibales, tout ça parce qu'un garçon, qui était encore proche du statut d'inconnu pour moi, y avait été emmené. Ça allait à l'encontre de toute l'éducation que j'avais reçue, et pourtant je me tenais là, à me cacher derrière des arbres pour retrouver Nel.

Heureusement, je finis par le trouver, chassant mes pensées d'assassin loin de ma conscience. Comme je l'avais supposé, il était presque au centre du village, à une trentaine de mètres de ma position. Il était enfermé dans une cage, presque trop étroite pour lui, contre laquelle il cognait avec ses jambes. Mais son raffut ne servit pas à grand-chose.
 
- Hey ! Quelqu'un m'entend ? Vous savez je suis pas très bon à manger. D'ailleurs entre nous je suis tout petit et j'ai pas du tout de gras, je risque d'être très ferme et en plus y'aura pas de quoi nourrir beaucoup de gens.

Si j'avais été du genre à rire, ses paroles auraient sûrement eût cet effet sur moi. Mais, loin de vouloir plaisanter, Nel semblait bien décidé à se libérer. Alors que je cherchais quelle technique était la meilleure pour approcher, je le vis attraper le kanzashi que je lui avait laissé tantôt. Outre mon incompréhension à le voir sortir cet objet de sa propre chevelure, je me demandais comment il comptait l'utiliser. Probablement allait-il tenter de forcer la vieille serrure. Mais même s'il parvenait à ses fins, il allait se retrouver entouré de cannibales en un rien de temps. D'ailleurs, deux femmes occupées à écraser des herbes aromatiques, assises non loin, regardaient enfin dans sa direction, probablement alertées par l'arme.

Aussitôt, je décochais deux senbons, et visais leurs bras. Sitôt touchées, elles n'eurent pas le temps d'alerter les autres que les somnifères sur mes aiguilles firent leur effet. Elles tombèrent nez dans leur ouvrage, et je m'aventurais enfin dans le village, droit vers Nel, semi-accroupie en espérant ne pas être repérée tout de suite.
Mais je fus repérée à mi-chemin. Une femme cria, alertant immédiatement tout le village.

- Enfer... lâchais-je.

Sans plus hésiter, je courus vers Nel, toujours dans sa cache, sortant au passage mon tessen de sa gaine, prête à parer aux attaques. Arrivée à lui, je me mis dos à lui, prête à le défendre le temps qu'il s'extirpe de sa cage. En fait, je supposai qu'il allait y parvenir. A première vue, ce cadenas était assez rouillé, et mon kanzashi devrait en parvenir à bout.

- Nel? Ca va?

Mais avant de pouvoir entendre sa réponse, je fus surprise lorsque deux flèches qui arrivèrent droit dans notre direction. Etant en plein milieu du village, j'avais pensé qu'ils ne prendraient pas le risque de se blesser les uns les autres. Mais au final, les femmes et les enfants avaient vite trouvé refuge dans les cabanes, tandis que tous les hommes de la tribu convergeaient vers nous. Et ça faisait beaucoup d'ennemis. Il fallait que je trouve le moyen de retourner la situation en notre faveur, car pour l'instant elle ne l'était pas du tout.

D'un rapide regard pour trouver dans notre environnement de quoi m'aider, mes yeux se posèrent sur le brasero à quelques mètres. S'il n'y avait pas eu Nel, j'aurais probablement utilisé mes fumigènes. Mais là, je devais m'y prendre différemment.
Attrapant les morceaux de bois qui dépassaient, j'eus vite en main plusieurs torches, que je lançais sur les diverses maisons. Dans cette jungle, leur village était le seul endroit sec. Même s'il y avait incendie, il ne s'étendrait pas au-delà. Il faisait trop humide. Mais ici, les sauvages avaient déboisé les lieux pour construire leurs habitats. Le feu eût donc vite fait de les paniquer, détruisant leurs résidences qu'ils avaient probablement mis longtemps à construire. Les femmes et les enfants réfugiés dans les maisonnettes les quittèrent vite pour aller s'éparpiller dans la forêt, à l'abri. Les hommes semblèrent hésiter. Certains se précipitèrent pour tenter d'éteindre l'incendie, mais les autres se dirigèrent vers nous, probablement furieux après ce que je venais de faire.
Il était grand temps que Nel se libère. Je ne pourrais pas combattre la vingtaine de cannibales qui nous assiégeaient tout en le protégeant.

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Tant de choses à voir, dire et faire. L'apparition de Xia réchauffa le feu de l'espoir dans le cœur de Nel, feu qui avait été réduite à une minuscule flammèche au fur et à mesure que le foyer eut grandi. L'ingénieuse idée de sa comparse d'utiliser la fournaise créée pour mettre à feu tout le village fonctionna à merveille, dispersant la plupart des civils, en particulier les femmes et les enfants qui ne connaissaient rien à l'art de la guerre. Nel restait lui, malgré son âge, au milieu de ce chaos se hasardant à trifouiller la serrure de sa prison miniature à l'aide de son aiguille. Plus il essayait, et plus il se confortait dans l'idée qu'elle était bien mieux dans ses cheveux. Quitte à mourir, autant mourir avec le style.

Le grincement du cadenas vieilli ressemblait au cri d'un bébé en pleure. Ce n'est que quand Nel ouvrit la cage d'un ultime coup de pied qu'il comprit. C'est vrai après tout, que dire de ce camp ? Un prisonnier fraîchement recueilli même pas ligoté ou réellement surveillé, une cage complètement rouillée à peine capable de soutenir le poids plume du blondinet... Embuscade, guet-apens, traquenard, tous ces mots décrivaient parfaitement la situation. La vingtaine de cannibales déjà hargneux se multiplia exponentiellement. Sortant des arbres, de sous la terre, des huttes, des guerriers recouverts de peintures et de feuillages apparurent de tous les côtés. Quant à la cage, un fil translucide était relié à un piège mortel. Situé dans l'angle mort de Xia, un énorme javelot d'une bonne épaisseur attendait, tendu et retenu par le détonateur. En s'extirpant de son cocon métallique, le gamin aperçut grâce à un rayon de soleil salvateur le fin lacet. Durant la seconde qu'il disposa pour agir, il n'hésita pas un seul instant.

Le son qui venait de se dégager n'avait rien d'agréable, pourtant il était en quelque sorte apaisant. Nel souriait face à Xia, ce sourire si magnifique dont il avait le secret. Debout, libre comme l'air, les bras tendus à l'horizontale, il fixait celle qu'il aimait déjà rien que pour être venu le secourir. Il voulait rire, mais ne pouvait pas. La douleur au ventre était indescriptible. Pire que tout ce qu'il avait pu connaître dans sa courte vie. Masquant la réalité par son visage enjoué, le projectile qui le traversait de part en part lui ne pouvait être soustrait à la vue des prunelles de Xia.

    — Tout va bien, déclara-t-il alors qu'un liquide carmin commençait à dégouliner depuis sa bouche.

La dernière image qu'il eût avant de sombrer dans les abysses de l'inconscience lui plaisait particulièrement. La jeune fille était agréable à regarder et encore plus saine et sauve. Son ouïe eut le mérite de persévérer un peu plus longtemps. Parmi la violence des cris de guerre, le crépitement des poutres enflammées et la panique des nombreuses victimes, seul le son malheureux d'un primate parvient à ses oreilles. Il souffrait lui aussi de l'isolement, de l'emprisonnement, et probablement depuis bien plus longtemps que Nel. C'est dommage, il aurait bien aimer pouvoir l'aider. Le kanzhashi heurta la terre sèche, ses pétales se tachant de rouge. Qui sait combien de fleurs allaient tomber encore ?
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Je me rappelle déjà avoir connu de tels moments. Une impression que, l'espace d'un instant, tout l'espace autour de moi ralentit, avec cette certitude que quelque chose d'angoissant va se passer, quelque chose que je ne maîtrise pas. L'espace d'un souffle, comme si je basculais dans une autre réalité, aux couleurs sans importance, sans sons, mais avec cet air qui se glace autour de moi, dans ma gorge, mes poumons.

J'entends le sifflement dans l'air, au dernier moment. Un éclair de lumière passe à l'extrémité de mon champ de vision lorsque je me retourne, puis quelques gouttes de sang m'éclaboussent le visage. Nel s'échoue à mes pieds, et c'est là que je vois l'espèce de javelot planté dans son ventre, et que je me force à accepter l'incompréhensible. Ces espèces de... sauvages, ont posé ce piège. Des types qui se battent avec des armes dignes de la préhistoire ont fait ça, et moi je n'ai rien vu. Mon esprit refuse de voir la scène de Nel gisant sous mes yeux, comme d'accepter qu'une population aussi limitée dans son évolution ait pu créer un piège aussi élaboré. En fait, je reste sonnée une poignée de secondes, cherchant quoi faire.
Non, en fait je sais ce que je devrais faire, ce que ma mentalité, ma formation d'assassin me poussent à faire. Je suis au milieu d'un incendie, avec un garçon gravement blessé, et une meute de sauvages s'apprête à m'agresser.


Si tu ne peux pas gagner, fuis
.
Les paroles de mon maître résonnent dans ma tête, et je sens comme une pression glacée sur ma nuque, un frisson qui me pousse à la fuite. Je sais qu'il me suffirait de quelques minutes pour disparaître de ces lieux, pour être hors de portée de leurs lances. Nel n'est rien pour moi, et je ne devrais pas mourir ici. C'est ce qu'on m'a enseigné toute ma vie.
Mais je refuse que mes pieds ne bougent. Je reste là, au milieu du danger, et je tremble en essayant de résister à mon instinct de tueuse concernée uniquement par sa réussite et sa survie.
Ce dilemme ne m'absorbe en réalité qu'une poignée de secondes, peu importe son ampleur pour moi. Je dois prendre ma décision rapidement.

Nel est trop lourd, je ne pourrais pas le déplacer et me mouvoir à la fois. Cela ferait automatiquement de moi une cible facile pour nos assaillants. Mais rester me battre ici serait compliqué, l'incendie que j'ai provoqué progresse et je ne suis certes pas immunisée contre la fumée.
Je compte les hommes qui s'approchent. Ils sont seize, exactement, tous armés. Je dois réduire ce nombre.


Fais de ton environnement ton allié.

L'incendie. C'est un peu hasardeux, mais le feu pourrait les tenir à distance, assez pour que je les tue un à un. Autour de moi, le brasero a déjà saisi la plupart des maisons en bois éparses, qui sont littéralement en train de flamber. Je m'approche de la plus proche, et d'un coup de pied rotatif, fais céder une épaisse poutre déjà entamée par le feu, une partie de l'édifice s'écroulant à sa suite. Une barrière de flammes s'élève à présent entre les assaillants et nous, et j'en profite pour me pencher sur Nel insconcient, mais qui respire toujours malgré un pouls ralenti.
L'espèce de Javelot semble avoir percé son abdomen, ses deux extrémités sortant de chaque côté de son ventre. Par chance, la plaie saigne faiblement, le coup est parti tellement vite qu'il a été perforé net, et la déchirure provoquée est très mince autour du corps étranger. Mais je ne peux pas risquer qu'il me fasse une hémorragie externe maintenant. D'un geste, je retire le long ruban de ma tenue, et une de mes cordelettes. Je dois changer la position de Nel pour m'assurer que les muscles de son abdomen sont relâchés, et faire pression sur la plaie. Utilisant le lacet pour bloquer ses jambes en position fléchie, j'enroule mon long ruban en soie autour de la zone perforée, et m'assure que ses voies respiratoires sont dégagées. Mais si je veux l'opérer, ce ne sera pas ici. Il faut qu'on bouge de là, avant qu'il n'attrape une bactérie ou une autre cochonnerie qui traînerait ici. On ne peut pas dire que les cannibales soient très soigneux, et l'hygiène de leur camp laisse grandement à désirer.

A présent que les premiers soins sont faits sur Nel et que je suis rassurée sur son état, il est temps de me débarrasser d'eux.
A travers les flamme, je vois une dizaine d'entre eux rassemblés, et deux lances sont projetées, sans atteindre leur but. Le nuage de fumée qui commence à envahir le petit village gêne les lanceurs, et moi aussi. La gorge irritée, je déploie mon tessen et évente un peu l'air autour de nous.
Puis, je me mets à courir en direction des sauvages, mon éventail meurtrier dans une main, et une boulette de papier fumigène dans l'autre, que je lance juste avant de traverser d'un bond les flammes. La réaction chimique me permet de m'en sortir, mais le vrai combat commence sitôt que mon pied a retouché le sol. D'un geste rapide et précis, je tranche la gorge des deux indigènes les plus proches, et j'enchaîne aussitôt avec un coup de pied dans le menton de celui qui s'approche derrière eux, et son cou émet un *clac!* sinistre. Pas le temps de me poser, d'une roulade je plonge dans le groupe, et mon tessen tranche un tendon au passage. Je suis peut-être seule, mais mes ennemis sont si nombreux qu'ils commencent à se gêner entre eux. J'en profite pour asséner de nouvelles lacérations, et une main tombe au sol dans un flot de sang.

Impose ton rythme à ton ennemi, sois rapide et précise

Les coups s'enchaînent, et je les bloque ou les dévie comme on me l'a enseigné. Bientôt, je vois du coin de l’œil certains assaillants renoncer à l'attaque pour s'enfuir. Ceux qui restent finissent à mes pieds, morts ou couverts de lacérations qui les vident progressivement de leur sang. Cette fois, c'est terminé.

Il faut que je m'occupe de Nel. Regardant autour de moi pour trouver quoi que ce soit d'utile, je parcours le village à petites foulées pour mettre la main sur des linges, et enfin, une petite bouteille d'alcool, qu'ils ont sûrement volé à un pirate de passage. Je n'espère pas trouver quelque chose d'autre.
Alors que je retourne vers Nel, un cri simiesque m'arrête. A ma droite, accroché par une corde à un piquet solidement planté dans le sol, un petit singe s'affole au milieu de l'incendie. Il a visiblement un bras cassé, et à voir comment il se tient bizarrement, je parie qu'il a d'autres blessures, internes. Ce saïmiri a été battu, et la corde à son cou est bien trop serrée pour lui.
Je ne sais pas ce qu'il me prend lorsque je me dirige vers lui pour le libérer. Peut-être est-ce la culpabilité de le voir pris au piège dans un incendie que j'ai provoqué. Toujours est-il que je tranche la corde qui le retient, et l'attrape avec précaution, l'enroulant dans l'un des draps que j'ai pris. Il se débat, visiblement terrorisé par ma présence, mais il est trop faible pour résister. Alors je l'emporte avec moi jusqu'à Nel, ignorant ses cris paniqués.

Une fois de retour au chevet du blond, je réfléchis à toute allure. Il faut nous éloigner d'ici, mais je ne peux pas porter Nel trop longtemps sans risquer d'aggraver sa blessure.
Les marais.
C'est peut-être la solution. Après tout, la plupart de ses île repose sur des mangroves. Il y en aurait forcément à proximité. Je pose les draps sur le ventre de Nel, y compris le petit singe qui s'agite malgré que j'aie serré le linge autour de lui, et je hisse le jeune garçon dans mes bras. Sa blessure, avec ce corps étranger encore présent, est une vraie galère, mais peu importe. Je commence à avancer, me réenfonçant dans la forêt. Et mon pari réussi. A peine quelques vingt mètres plus loin, l'eau apparaît entre les mangroves. Aussitôt, je m'immerge avec Nel, et son poids devient aussitôt plus facile à porter. Je nage aussi vite que je peux jusqu'à une autre partie immergée, avant que les reptiles ne nous repèrent.

Lorsque je le tire de l'eau, je constate que sa respiration est toujours lente mais régulière. Au loin, je vois les flammes qui s'étendent en gros panaches de fumée noire. L'incendie s'étouffera bientôt de lui-même, faute de choses sèches à attaquer, et l'humidité ambiante y contribuera.
Mais le feu est bien le cadet de mes soucis, je dois m'occuper de Nel. Regardant autour de moi, je rassemble quelques herbes médicinales que je trouve et les écrase sur une pierre, avec un peu d'eau pour en faire une pâte verte. Puis, étendant Nel sur l'un des draps, sur le flanc, je commence le vrai travail.

Lorsque j'ai commencé à apprendre la médecine, c'était pour tuer. Comprendre la mécanique d'un corps humain me permettait d'être plus efficace pour le détruire. Savoir où trancher, comment assommer, que frapper... Pour une assassin moins musclée comme moi, il fallait privilégier la précision à la force brute. Yue You, lorsqu'elle m'avait enseigné tous les arts de la médecine occulte pratiquée par des générations d'assassins, m'avait fait comprendre que notre médecine était l'une des plus mystiques, à la fois très pointue et pourtant sombre. Les assassins, qui apprennent à ne pas considérer les émotions, ne peuvent faire preuve de compassion en soignant les victimes. Si nous opérons, nous choisissons l'option avec les meilleures chances de réussite, pas la moins douloureuse. La souffrance est un détail dont nous ne nous préoccupons guère, et parfois nos soins étaient plus douloureux que ce que nous soignions. Je n'avais que très rarement pratiqué en anesthésiant mes patients, et il m'était arrivé de trancher un membre empoisonné ou nécrosé sans sourciller.
Dans ce sens, Nel avait de la chance d'être inconscient et proche du coma lorsque je l'opérai. Car cela me prit plusieurs heures, et rien ne fut très agréable à voir. Son foie était touché, mais c'était bien le seul organe à l'être. Le jeune garçon avait été chanceux, car quelques centimètres auraient pu jour la différence et rendre sa blessure fatale.

Lorsque je terminai les soins, il faisait nuit noire, et mes mains étaient recouvertes de son sang, mais Nel était tiré d'affaire, et sa plaie refermée. Il avait les cheveux trop courts, aussi avais-je dû utiliser les miens pour suturer ses plaies. J'étalais la mixture curative préparée tantôt sur ses plaies afin de le prémunir contre d'éventuelles infections ou complications avant de bander son abdomen avec les tissus déchirés.
En attendant qu'il ne revienne à lui, j'avais allumé un feu en utilisant des braises que j'avais pris le temps de récupérer dans le village à présent calciné, et je commençais à soigner le singe. Celui-ci s'était épuiser à crier, et il bougea à peine lorsque je commençais à l'ausculter, en commençant par bloquer son bras avec une petite attelle confectionnée à la va-vite.
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Le sac de voyage sur son dos, tout était prêt pour quitter l'île. Il s'approcha d'un navire marchand en présentant son ticket réservé par avance. Il se retourna pour faire un dernier signe de la main en guise d’au revoir.


    — Fais attention à toi Nel !
    — Promis !


L'atmosphère devint alors lugubre, le ciel revêtit un long manteau noir sur lequel dévalait des éclairs. Le visage de sa mère traversa le grand escalier des émotions en un instant, passant d'un teint joyeux à une expression de tristesse horrifiée.


    — Tu n'as pas fait attention Nel.


Le blondinet sentit son abdomen se mouiller, il y passa sa main et la redécouvrit entachée de sang. Il vit alors sa plaie en soulevant sa chemise. Ses yeux se redressèrent alors vers sa mère. Autour d'elles, les hommes primitifs la dévoraient à cœur joie, dévoilant à tous ses muscles déchirées et la chaire qui s’arrachait de ses os.


    — MAMAAAAAN.


Son torse se releva brutalement, au milieu d'une nuit noire. Cette fois-ci, la douleur le plaqua contre la couchette improvisée sur laquelle Xia l'avait déposé. Un feu de camp venait réchauffer ses extrémités assaillies par l'humeur glaciale de la jungle. Étonnamment, la température avait chutée de plusieurs dizaines de degrés, au point de voir une grande quantité de fumée blanche s'extirper de chacune des expirations du souffle de Nel. Après une telle expérience, son cœur battait encore la timbale et une sensation de sueur assaillait son front.

    — Reste calme, lui conseilla Xia. Ta blessure est encore fraîche, si tu bouges elle va s'ouvrir à nouveau.

Les étoiles scintillaient particulièrement fort cette nuit. Nel les fixait intensément, comme hypnotisé. Il profita de cet instant pour se remémorer tout ce qu'il venait de se passer. La chronologie à peine entamée, il pivota sa tête vers Xia.


    — Tu vas bien ? Demanda Nel en panique.
    — C'était stupide ce que tu as fait, Nel.
    — Mais je t'ai protégée ! Rétorqua-t-il.
    — Non Nel.


Il bégaya son incompréhension, qu'il renforça par son visage en proie à une confusion totale. Pourquoi cette phrase ? Il tentait d'y mettre une explication, peut-être était-ce sa blessure qui lui faisait miroiter... Non. Qu'est-ce alors ? Quelle est la raison ? Mais très vite cela n'a plus d'importance.  Très vite le pourquoi et la raison sont partis. Et tout ce qui compte sont les sentiments eux-même. C'est le destin, la nature des choses, on lutte contre elle, on la combat, mais c'est illusoire.

La scène du piège « mortel » se déroula à nouveau dans sa tête et il se souvenait parfaitement s'être placé devant Xia. Quand il vit le même projectile pointu arriver du ciel dans la courbe d'un lancer parfait, il comprit. Xia se fit empaler à son tour. Et sans personne pour changer cet état de fait cette fois-ci.


    — Il n'y a pas d'échappatoires Nel, conclut Xia alors que le même filet de sang qui avait coulé de la joue du blondinet coulait à son tour sur la joue de l'assassin.


~~

    — Doucement gamin, tout va bien.

Le capitaine retenait délicatement le front de Nel à l'aide de sa main bourrue. En voyant son visage, le capitaine se dit que le gamin semblait bien plus paisible quand il comatait encore quelques secondes auparavant.

    — Qui êtes-vous ? Demanda Nel en reprenant ses esprits. Où on est ?
    — C'est vrai qu'on sent pas trop la houle dans cette cabine. On est au beau milieu de l'océan mon coco, et tu peux m'appeler Hank. Ah et arrête de me vouvoyer, j'ai l'impression d'être encore plus vieux que ce que montre mon miroir.

La petite cabine en bois paraissait bien confortable, en particulier le lit quasiment neuf fourré d'un duvet rare. Après réflexion, Nel admit une sensation de mouvement, comme sur un bateau qui tangue. Sensation qui pouvait parfois se confondre avec une dose importante d'alcool. Cela n'expliquait pas sa présence ici, mais avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Hank prit la parole.

    — Je sais, je sais. Ecoute. Je te fais la version courte. Je suis le capitaine d'un navire marchand, et tout ce que je peux te dire c'est qu'on m'a payé pour surveiller ta santé et t'amener à terre dès que tu serais réveillé, et crois moi bien que ça fait une bonne semaine que je te trimballe sur mon rafiot. La fille qui m'a réglé était plutôt mignonne quand j'y pense, t'as p'tet une touche gamin, faut en profiter tant que t'es jeune. (Devant le sérieux manifeste de Nel, il continua) Elle m'a laissé cette lettre, tu trouveras certainement des explications plus... explicatives. Voilà.


Des interjections de diverses voix masculines se firent entendre à travers la cabine. Hank se releva du fauteuil où il était affalé et se dirigea vers le pont.


    — Les gars ont besoin de moi. Je t'envoie un repas chaud dès que possible.


Bien entendu, Nel ouvrit la lettre sans attendre.
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Nel,

Plusieurs jours devraient être passés lorsque tu liras cette lettre. J'ai payé ces marchands 35 000 berrys pour qu'ils te prennent sur leur navire jusqu'à la prochaine île civilisée. Ils doivent te nourrir et t'héberger correctement, je m'en suis assurée avant de te confier à eux.
Il était impératif que tu quittes l'île au plus vite. Après ce qui s'est passé avec les autochtones, j'ai pu opérer ta blessure, et malgré son importance, dans de meilleures conditions tu aurais dû te rétablir. Mais tu as développé une forte fièvre dans la nuit qui a suivi, et beaucoup déliré. Même avec l'encens et les cataplasmes artisanaux que j'ai pu fabriquer, cela n'aurait pas suffit. L'île était insalubre, c'est pourquoi je t'ai fait partir aussi vite que possible, sinon tu n'aurais pas survécu.

Ce navire a accosté cet après-midi, et j'ai pu passer un accord avec son capitaine. Je t'écris cette lettre juste avant que tu n'embarques, pour que tu saches certaines choses. Ta blessure va guérir d'elle-même, si tu te reposes suffisamment. Tu as été touché au foie, mais c'est un organe qui se régénère tout seul. Veille seulement à ne pas trop t'agiter quelques temps. A quelques millimètres près, ou si je n'avais pas été là, tu serais mort d'une hémorragie. Veille à ne pas trop manger, et surtout ne bois que de l'eau saine. Tu devrais être guéri d'ici quelques semaines.

Je suppose que tu voudras savoir que je vais bien.
Mais je ne t'ai pas accompagné pour diverses raisons. D'abord, parce que je compte rester sur cette île quelques temps. Je souhaite m'éloigner de la civilisation pour des raisons personnelles, et poursuivre un entraînement particulier qui implique que je reste seule.
De plus, je m'occupe aussi d'un jeune saïmiri qui a été maltraité par ces autochtones, et je ne peux pas l'emmener hors de son île. Je resterai donc ici avec lui jusqu'à ce qu'il guérisse.

Je n'ai pas l'habitude d'écrire des lettres, alors je vais rapidement conclure. Nous nous recroiserons peut-être, puisque tu survivras à ta blessure si tu appliques mes conseils. Saches que la prochaine fois, je te ferai payer les soins. Tu devrais apprendre à moins faire confiance aux gens. Je ne suis pas seulement médecin, et j'ai agis très différemment de mes habitudes en te sauvant.
Tu n'auras pas toujours cette chance.



Xia He



Ps: Ne cherche pas à savoir comment nous sommes sortis du village des cannibales. Mais tu devrais réfléchir à comment tu te sortiras d'une telle situation seul la prochaine fois.
Pps: J'ai décidé de considérer que tu me dois les 35 000 berrys que j'ai avancés pour ton transport. Rappelles-t'en si l'on est amenés à se recroiser.


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Hormis celles de son père, Nel n'avait jamais eu beaucoup de lettres qui lui étaient adressées. Voir quelqu'un lui écrire lui fit immensément plaisir. La calligraphie petite et raffinée de Xia He rendait la lecture agréable, et Nel la dévora sans aucune retenue. Malgré toute la gravité et les questions rhétoriques aux aires moralisatrices, Nel s'en sortit plus léger, comme si un poids entier s'était décroché de son cœur. Il resta un instant rêveur, puis reprit la lettre depuis le début et la lut à nouveau, plusieurs fois.

La tueuse de talent qu'était Xia He serait certainement des plus déçues en observant la réaction de Nel face à cette lettre, réaction qui n'était certainement pas celle escomptée par son auteure. Et pourtant, Nel faisait partie de ces êtres légers, dont la simple pensée de savoir une personne à laquelle il tenait saine et sauve suffisait à lui procurer un intense moment de bonheur.

Après s'être levé avec précaution, il sortit sur le pont et aperçut le capitaine qui savourait une bouffée d'air iodée tout en fumant de l'herbe à pipe. Il le rejoint.

    — Ah b'in tient je pensais à toi justement. T'as bonne mine, et que nous vaut ce sourire radieux sur ton visage ?

Nel tenait toujours la lettre qui virevoltait dans sa main sous la douce brise. Il fixa le capitaine de ses beaux yeux verts et déclara avec un grand sourire et des joues rosies :

    — Je crois que je me suis fait une amie.


Le vieux loup de mer se mit à rire à s'en décrocher la mâchoire. Puis il plongea son regard dans la prunelle de blondinet. Et là il découvrit ce petit scintillement. Cette joie naïve et si touchante. « Ouaip, ya pas de doute » pensa-t-il. Les ignorants sont toujours les plus heureux.
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