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Pas de repos pour les héros -

    De retour de cette satané mission, un peu reposé, je file dans mes appartements rédiger le rapport. La mission est un véritable échec, enfin pas nécessairement, puisque j’ai tout de même pu découvrir la grandeur du réseau qui est bien plus étendue que je ne l’imaginais. Pis cet Aldo, le type qui lui a ordonné de monter à bord avant de prendre la fuite, je sens que des tas de choses me dépassent, preuve de mon incompétence. Pour l’heure, je me dois d’admettre que je ne peux faire plus, force de constater que je manque encore d’entraînement.

    J’écris tout ce don je me rappelle, et ce, dans les moindres détails, rien ne manque. Je place le tout dans une enveloppe, j’enfile une veste - le vent souffle fort aujourd’hui - et je m’en vais rendre ce rapport. Naturellement, je devrais rester disponible au cas où les supérieurs auraient besoin de m’interroger, pour éclaircir quelques zones d’ombres ou m’emmerder. Le QG ne se trouve qu’à quelques mètres de chez moi, je m’y rend donc assez rapidement. Je salue les camarades avec lesquels je m’entend le mieux, je pose l’enveloppe et je file.

    Trop fatigué pour m’entraîner, je me propose d’aller me promener sur la place du marché de la ville, n’étant guère très sociable, je sais que peu de gens y seront avec ce temps, vous comprenez ma décision. Comme je le disais un peu plus tôt, le vent souffle très fort et fines particules de pluie commencent à tomber, serait-ce l’approche d’une tempête ou d’un ouragan ? La météorologie n’est pas mon domaine, je ferais mieux d’éviter de me poser auxquelles je ne peux répondre, surtout que je ne connais personne qui puisse m’éclairer, et que sincèrement, je m’en cogne assez.

    Étrangement, ce temps correspond plutôt bien à mon humeur du jour, à la fois simplement gris, accentué par de violentes bourrasques de rage, un mélange assez inattendu dans le sens où je suis souvent calme, mais faut croire que l’échec me reste encore au travers de la gorge. Je reste quand même surpris par le manque de passants, Saint-Uréa est une ville où les places sont régulièrement bondées de personnes, surtout dans les marchés comme celui-ci. Passant de stands en stands, je m’arrête en face d’un d’entre eux, qui m’interpelle, de part sa couleur rouge sang : de grands étalages de magnifiques pommes rouges.

    Bien le bonjour, monsieur.
    Salut mon brave, un courageux malgré ce temps, veux-tu goûter une de ces pommes ?
    J’allais justement vous le demander, j’ai rarement d’aussi belles pommes, d’où viennent-elles ?
    Non loin d’ici, d’une terre très fertile, la ville d’esclaves.
    Hm, je vois. Merci pour cette pomme.


    Je m’en vais et croque honteusement dedans, quel délice ! Il n’y a que des esclaves pour faire d’aussi bonnes choses, j’aimerais tellement qu’ils soient traités dans de meilleures conditions, c’est au moins un point à travers lequel je rejoins secrètement la révolution. Malheureusement, ils restent des personnes que je dois arrêter, du moins s’ils se trouvent au travers de ma route ou qu’ils commettent l’irréparable. Bref. L’ambiance générale est déjà suffisamment plate et maussade, inutile d’en rajouter davantage, je n’ai qu’à tranquillement profiter de cette calme journée.
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C'est drôle de voir à quel point les gens disparaissent dès le moment où le mauvais temps arrive. Ce n'est que du vent et un peu de pluie, mais il faut croire que les habitants ne sont toujours pas habitué à la météo assez changeante du bord de mer.

Je saute du haut de l'arbre dans lequel je dormais quelques minutes plus tôt avant que le vent ne me réveille, et ne me mette par la même occasion de très mauvaise humeur, et j'ajuste mon capuchon sur le haut de mon crâne. Il faut avouer que le vent est particulièrement fort aujourd'hui. Malgré tout je me dirige vers la place du marché pour essayer de trouver un petit quelque chose à avaler, je n'ai rien mangé depuis presque deux jours et le temps actuel joue en ma faveur. Si la météo continue à se dégrader, personne ne sortira et donc, les marines seront moins présents.

En entrant sur la place mes espoirs se confirment. Presque aucun passant, je ne remarque pas de marine et les stands sont presque tous ouverts. Une aubaine pour moi et mon estomac qui commence réellement à se faire entendre. En observant les stands alentour je remarque un stand assez petit, qui fait presque peine à voir, l'un des rares stands vendant de la nourriture ne venant pas de l'île aux esclaves.

Il faut dire que je me suis fait une promesse : Jamais je ne mangerais de nourriture produite par un esclave. Ce serait pour moi une grande honte de manger de la nourriture tout en me disant que je profite de personnes qui n'ont rien demandé, rien fait, mais qui souffrent chaque jour pour que d'autres profitent de leur travail acharné.

Je me dirige vers ce petit stand qui est tenue par une vieille dame de façon très discrète en observant si personne n'est dans les alentours. Une fois à côté je jette un rapide coup d'oeil pour repérer les pommes et j'en attrape une sur le bas de la pile sans même regarder et tout en continuant de marcher que je glisse ensuite de ma poche. Ni vue, ni connue je m'éloigne du stand tranquillement lorsque j'entends une voix dans mon dos.

- Mademoiselle ! Il faut payer lorsque l'on prend quelque chose.

En entendant la voix de la grand-mère je ne me retourne même pas et commence à courir. Je ne pense pas qu'elle puisse me suivre vue son âge et le temps qui se dégrade de plus en plus. Je l'ai tout de même sous-estimé puisqu'elle m'a vu alors que même par beau temps et avec des personnes plus jeunes je réussis toujours à voler sans jamais me faire attraper. Il fait froid, il fait moche, je me fais réveiller de force et en plus je ne réussis même pas à voler à une simple vieille dame, mais c'est quoi cette journée qui vient juste de commencer ?
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    Je continue de trainer du pied lorsque mon den-den sonne.

    Hm ?
    Ethan ?
    Lui-même.
    C’est le doc de la dernière fois, tu t’sens mieux ?
    Mon sauveur, héhé. Angelo, n’est-ce pas ? Je me sens bien mieux grâce à toi, merci encore.
    Cool ! Et t’es au courant de la grande nouvelle ?
    Laquelle ? Le Gouvernement s’est dissout ?
    Pas loin. L’amiral en chef prend sa retraite et j’ai zappé de son… enfin sa remplaçante, car oui, c’est une femme qui reprend le contrôle. L’amiral qui reprend sa place est aussi une femme.
    La Marine se féminise, héhé.


    Un cri, une femme âgée qui lève les bras, une silhouette rouge qui court.

    Hm, je te rappelle plus tard.
    Un problème ?
    Faut croire. Allez, ciao!


    Je raccroche. Habillé en civil, impossible que le/la présumé(e) voleur(se) - je suppose que c’est du vol à l’étalage - m’assimile à la marine. Plus la personne se rapproche et plus sa chevelure m’interpelle, il s’agirait donc d’une femme ? Belle journée de merde en tout cas, j’apprend en plus que la structure de la marine va quelque peu changer, forcément si un nouvel amiral en chef prend fonction. L’ex chef suprême de la marine a d’ailleurs été présent lors d’une grande bataille contre un empereur, si je ne dis pas de bêtise ? Pis merde, j’ai suffisamment à faire maintenant avant de penser à ce qu’il se passe dans les mers lointaines.

    La femme a une bonne foulée, elle n’est pas à son premier vole, à moins que ce ne soit pas dû à un entraînement athlétique. Lorsqu’elle passe à côté, je tente naturellement de la stopper en plaçant ma lame au niveau de sa gorge, sauf qu’au moment où je dégaine celle-ci, un groupe de trois débiles me chope et me jette contre un tas d’ordures. Pas une seule fois, je lâche la femme habillée en rouge du regard, jusqu’à ce que je la perde de vue. Là, je commence sérieusement à monter en pression, la superstition j’y crois pas du tout, mais je commence à douter à force de cumuler. Serait-ce à force de me dire que je passe une journée de merde ?

    Messieurs, deux solutions s’offrent à vous : me laisser tranquillement terminer ce que j’étais en train de commencer ou passer un sale quart d’heure. Que choisissez-vous ?

    Choisissez la deuxième solution que je vous éclate la gueule ! Les types se mettent à rire, au début tranquillement, puis ça devient rapidement un énorme fou rire. Ils sont cons ou quoi ? Ils n’arrivent pas à comprendre que je vais leur latter la gueule à grands coups de sabre ? J’ai presque de la peine pour ces idiots, mais je suis trop remonté pour faire marche-arrière.

    Il est drôle le minus !
    J’ai presque plus envie de le dépouiller…
    On l’défonce quand même ?
    Il nous a fait rire, on va p’tète abréger, nan ?
    Allez !


    Yeah ! M’attaquer en même temps est sans doute la chose la plus ingénieuse qu’ils ont réalisé jusqu’à présent. Cependant, ils m’ont mit dos à un mur, et je ne suis pas sûr que ça les arrange, au contraire. D’un trois contre un, on passe à deux contre un, du fait du manque de place. Dotés d’un physique plutôt impressionnant, à côté du mien qui est minuscule, ils préfèrent m’attaquer avec les jambes - flemme de se baisser ? -, et de ce fait, je pare les coups avec mes coudes qui atteignent leur tibia. Je ressens presque leur douleur, c’est pas évident à supporter, mais bon. Pendant le repli de leur jambe, je bondis sur celle qui n’a pas bougé et bien encrée au sol, je prend impulsion dessus et je me retrouve maintenant au-dessus de leur tête.

    Je vous souhaite une bonne nuit, crétins.

    Je tourne sur moi-même comme une toupie, si vite, que mon corps n’est plus vraiment discernable, pis je en vole pas donc à moment donné, toujours pendant la rotation, j’envoie un méchant coup de pied sur les malfrats. La vitesse accumulée par la rotation a augmentée de manière considérable la puissance du coup, envoyant les types dans un autre tas d’ordures. Le dernier bonhomme me regarde d’un air apeuré et tente de prendre la fuite, mais il n’est hors de question, c’est pour ça que je le poursuis, que je le tacle par derrière, et que je le couche à grands coups de poings dans la gueule. Je le place à côté de ses copains qui ronflent, puis je reprend ma chasse à la voleuse. Je saisis mon den-den et je passe un coup de fil.

    Angelo ? C’est Ethan. Viens avec quelques types « place du marché », cinquième rue, j’ai un colis pour vous. Par la même occasion, si tu vois une femme rouge, louche, fais-moi signe.
    J’suis doc, pas soldat, hein…
    Allez, ciao!


    J’ai pu la suivre du regard jusqu’à cette intersection, puis elle a prit à droite, c’est là que les choses deviennent compliquées. Vas la trouver maintenant, au milieu de toutes ces rues, larges et interminables… Vas au diable, architecte de merde ! Bref. Je trottine en visualisant toutes les rues et ruelles, ça me prend un temps de fou, je pense même que j’ai tout ça pour rien, mais ça me trouerait le cul d’échouer une nouvelle fois dans un intervalle temps si réduit. Je relève la tête après avoir fouillé une poubelle, pis une traînée rouge passe sous mes yeux, au bout de la rue, prenant une nouvelle fois à droite. Je profite de ma connaissance de la ville - pour ne pas dire que j’en connais les moindres recoins - et j’emprunte des ruelles pour atteindre la rue qu’a empruntée l’individu que je poursuis.

    HALTE !

    J’admet être essoufflé.
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Alors que je cours, je remarque qu'un garçon assez gringalet et très légèrement plus grand que moi me regarde avec insistance. En passant près de lui je repère qu'il met sa main à sa ceinture mais un groupe de voyous l'envoient balader contre des ordures, me faisant légèrement pouffé vue la facilité qu'ils ont eu pour le faire voler. Tant mieux pour moi j'ai envie de dire, je ne sais pas ce qu'il voulait faire mais ma journée est déjà assez pourrie pour que quelqu'un veuille faire sa bonne action de l'année maintenant en m'arrêtant, même s'il n'aurait pas pu, vue son état physique.

Je bifurque dans la ruelle la plus proche de moi, sentant que l'on m'observe, et continue à courir jusqu'à trouver une espèce de labyrinthe de ruelle. Tant mieux ! Vu qu'il y a très peu de monde, la géographie de la ville va m'être de la plus grande aide. Ma capuche s'envole face à une bourrasque plus puissante que les autres et je sens les gouttes de pluies me fouetter le visage. Un vrai temps de chiens, peut être même propice à une tempête. Mon humeur en prend encore un coup quand je pense que ce soir je ne pourrais sans doute pas dormir dans mon arbre habituel à cause de ce temps vraiment, comment dire, pourri pour être polie. Je replace ma capuche et me mets à marcher tranquillement.

Mes penser vont alors vers le maigrichon pour je ne sais quelle raison. Ca m'étonnerait qu'il puisse s'en sortir convenablement de son petit affrontement avec la bande de malfrat mais de toute façon ce n'est pas mon problème et ça m'arrange grandement dans une certaines mesures. Ca ne me fait pas forcément plaisir de voir des gens se faire tabasser mais ce n'est pas pour autant que je vais aller les aider, chacun ses problèmes.

J'ajuste mon arc sur mon dos et croque à pleine dent dans ma pomme durement gagnée tout en tournant une nouvelle fois dans une petite rue. Cette ville est juste parfaite lorsqu'il faut s'enfuir ou se cacher, un vrai puits de petites ruelles en tout genre et de cachette. Un labyrinthe grandeur nature bien plus plaisant lorsque la population quotidienne se fait rare, comme aujourd'hui. Un grand soleil aurait été la bienvenue mais autant essayer de ce contenter de ce que l'on a. La pluie s'intensifie de nouveau rendant mes pensées assez ironiques en à peine quelques secondes. Allez Aoi ! Ce n'est qu'un peu d'eau et un peu de vent, tu as bien survécu à pire alors ce n'est pas un temps capricieux qui va t'énerver.

Alors que je suis sur le point d'atteindre à nouveau un croisement j'entends une voix d'homme  m'interpeller. En tout cas je pense que c'est à moi qu'il parle puisqu'à part moi il n'y a qu'une jeune femme et son enfant en train de courir se mettre à l'abri du vent. D'après la voix que je viens d'entendre c'est un homme mûr qui doit surement être assez imposant. Il ne manquait sans doute plus qu'un mec voulant me faire la morale pour compléter ma liste de chose que je ne supporte pas, déjà bien rempli en seulement une matinée, et pour me mettre encore plus en rogne.  

Je place la pomme entre mes dents et je commence à attraper mon arc pour me défendre. Je me retourne doucement pour prendre en considération toute mes portes de sortie mais, surprise, il s'avère que c'est le maigrichon de tout à l'heure qui vient de m'interpeller. Tout d'abords sans aucune réaction, je pars dans un fou rire me faisant recracher ma pomme lorsque mon cerveau comprend enfin, un fou rire dont l'origine m'est inconnu en grande partie. Et merde mon repas... Qu'est ce qu'il me veut lui encore ?

Je ne rengaine pas mon arc, on ne sait jamais les apparences sont parfois trompeuses, mais je ne le bande pas non plus. Une fois mon rire calmé je le regarde de haut en bas et souffle légèrement de colère. J'ai recraché ma pomme pour ça ?! Je pourrais m'enfuir une nouvelle fois mais je vois bien qu'il est essoufflé, autant m'amuser un peu ça pourrait égayer ma journée et puis c'est vrai que je suis encore sous l'effet de l'adrénaline de ma petite fuite. Je prends mon air le plus désinvolte et peste possible, après tout c'est un homme et je suis de très mauvaise humeur, certes pas seulement à cause de lui, mais en partie tout de même, c'était donc lui qui allait manger.

- Tsss... Qu'est-ce que tu me veux ? Tu sais que je viens quand même de perdre mon repas par ta faute ?

Bizarrement plus je le regarde, plus il me semble bizarre pour un gringalet, après tout comment a-t-il pu s'en sortir face aux espèces de colosses de tout à l'heure ? Il a l'air plus âgé que moi, bien plus âgé, mais ce n'est pas son âge qui va m'impressionner et encore moins son corps. Mais je ne sais pas, quelque chose me gène chez lui, comme un mauvais pressentiment. Une nouvelle bourrasque de vent fait à nouveau voler ma capuche. Mais qu'est ce que j'ai fais pour que le monde entier m'en vieille autant aujourd'hui ? On ne peut pas être tranquille pour manger et même ma seule protection face aux aléa du temps m'abandonne. Je pense que peu de chose peuvent rendre ma journée encore plus pourries qu'elle ne l'ait actuellement.
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    Le pluie commence à tomber de manière excessive. J’enfile ma capuche malgré que l’eau pénètre aisément le tissu, je devrais investir sur quelque chose de plus imperméable, ça m’alourdi plus qu’autre chose pour l’instant. Pour l’heure, je dois m’occuper de cette femme, qui se prend d’un fou rire en me voyant, certainement qu’elle me pensait mort ou que je ne représente aucune menace pour elle. Naturellement, elle ne doit pas se douter que je suis de la marine, alors forcément, avec mon physique peut imposant, je dois cruellement manquer de crédibilité lors de mes interventions. À noter que je suis normalement en repos, ce jour.

    Rigole donc, je te ferais recracher ta pomme. Miracle ? Elle recrache sa pomme, et donc, je pouffe légèrement de rire à mon tour. Ça égaye un temps soit peu ma journée, j’en ai presque l’envie de la remercier, mais ça serait mal perçu. Par qui ? Il n’y a personne. Quoiqu’il en soit, elle tient un arc et je ne pense qu’il soit là pour la décoration, je suppose alors que c’est là pour me faire mal. C’est bien ma veine, tout le monde me veut du mal aujourd’hui. Du coup, j’observe le visage de la fille qui change complètement, passant du rire à la terreur, presque au regard meurtrier. J’ose espérer que ce n’est pas à cause de la pomme, mais apparemment si.

    Hé hé un repas volé, c’est donc un revers de la médaille. J’hésite à vouloir continuer de te poursuivre maintenant que tu n’as plus rien. Allez, ciao!

    Après tout, si je poursuivais cette femme, c’était tout bonnement pour le vol d’une pomme, maintenant qu’elle ne l’a pas consommée - ou très peu -, j’estime qu’il n’est plus vraiment nécessaire de la poursuivre. Pis avec ce temps, je n’ai pas tellement envie de m’éterniser pour des broutilles, je pense avoir bien à faire. Je retourne sur mes pas avant de m’arrêter quelques instants, je viens juste de réaliser qu’elle tient un arc. Je suis totalement contre à cause des excès de certains, mais je ne crois pas que l’île interdise le port de celle-ci, je devrais peut-être en demander une réforme.

    J’oubliais. Fais attention avec cet arc, tu pourrais blesser des personnes, et je n’aimerais pas devoir te poursuivre de nouveau. Entiendes ?
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Mes cheveux sont trempés, ma vision brouillée par la pluie mais je le distingue tout de même relativement bien. Je le vois même pouffer. Parce que en plus ça l'amuse de m'avoir fait perdre le seul repas de ma journée ? Ma main se crispe autour de mon arc tandis qu'il m'adresse enfin la parole.

Un repas volé ? Oui et alors en quoi c'est ses affaires ? Et personne ne lui as demandé de me suivre aux dernières nouvelles, il pouvait très bien me laisser tranquille comme la population habituelle et comme la majorité des gens dans ce monde. Pourquoi me suivre si c'est pour ensuite partir comme-ci de rien n'était ? J'ai un principe de base qui est que lorsque l'on commence quelque chose on va jusqu'au bout, mais j'ai l'impression qu'il s'en fiche en faite pas mal de moi. Ca m'énerve, même si je pense que je suis déjà à ma limite aujourd'hui et j'explose , en quelque sorte, lorsqu'il me dit de faire attention avec mon arc. Mais de quoi je me mêle ?! Je pense tout de même savoir me servir de mon arc sans blesser quelqu'un si je le veux ! Et si je lui montrais ?

La colère, le temps, un ensemble de chose qui me mets hors de moi et voilà que j'attrape déjà une flèche dans mon dos, que je bande mon arc et que je tire, tout cela en à peine quelques secondes. La pluie complique la tache mais ce n'est pas un réel problème, ayant tiré la flèche légèrement plus haut elle arrive pile là où je voulais : sur la partie supérieure de la capuche du mec. La capuche est traversée par la flèche et retombe sur ses épaules assez lourdement puisque elle est imbibé d'eau. Je rabaisse mon arc et prend en air désinvolte. Joli lancé je dois l'avouer.

- Je pense savoir me servir de mon arc comme il le faut pour ne pas blesser quelqu'un merci bien. Maintenant, je vais aller me chercher un autre repas sauf si tu veux encore me suivre et te mêler de chose qui ne te regarde pas ? Dans ce cas la je ne viserais sans doute pas ta capuche la prochaine fois.

Bien, ma pression est bien retombé tout à coup, je suis presque contente d'avoir eu cette altercation avec lui, ça aura mit un peu d'ambiance dans une journée qui s'annonce déjà extrêmement morose. Je me retourne, replace ma capuche sur le haut de mon crâne et commence tranquillement à partir.
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    In extremis !

    À vouloir trop jouer les justiciers, je vais vraiment finir mort bêtement, la preuve aujourd’hui. La pluie, les bourrasques de vent, tant d’éléments qui m’empêchent d’entendre certains sons, certains signaux d’alertes… En effet, la flèche transperce ma capuche, caresse mon visage et s’écrase sur mon épaule. Un vent un plus fort à cet instant précis et j’étais un homme mort. La vie ne se joue parfois qu’à une flèche, c’est triste, mais c’est ainsi que se passent les choses. Une fine trainée de sang découle de mon visage, venant de la plaie provoquée par l’attaque de cette femme. Je glisse mon doigt, j’en prend une goutte que je regarde attentivement, pis je déguste.

    DÉ-GUEU-LASSE.

    Pour quelle raison ai-je fait une telle chose ? Je l’ignore encore, mais s’il y a bien une chose dont je suis sûr, c’est qu’elle ne s’en sortira pas comme ça. L’idée de me battre dans les rues de ce magnifique royaume ne m’enchante pas vraiment, mais à situations extrêmes, mesures extrêmes. Ne prenant même pas la peine d’écouter ce qu’elle me dit, je me retourne relativement vite vers elle, je me défais de ma veste et là, je m’élance dans une course totalement effrénée vers mon adversaire du jour. La journée aura été naze du début à la fin, je finis même par penser qu’un combat va dans l’ordre des choses, puis c’est aussi un temps pour se battre, non ?

    De grandes enjambées, une grande amplitude, beaucoup de puissance développée à chaque impulsion, un son résonnant à chaque sur les flaques d’eau, mais le temps de percevoir le son, je suis déjà bien plus loin. Du fait de l’amplitude, je n’en donne naturellement pas l’impression, mais j’avance assez vite. À l’approche de ma cible, qui se trouve dos à moi, je dégaine ma lame et j’arme un coup horizontal, exactement comme un revers de tennis à une main. Je lance le mouvement, fluide, découpant chaque particule de pluie et chaque bourrasque de vent sur son passage. La lame est à quelques centimètres de ma cible. Esquivera-t-elle ?
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Bizarre, il ne me répond même pas. Je n'entends rien à par le bruit de la pluie et des bruits de pas très rapide sur le sol. Des bruits de pas ? Je me retourne juste au moment où il s'apprête à m'infliger un coup de couteau dans le dos. Heureusement pour moi, ma taille me permet de m'élancer en avant de façon à amortir le coup qui me touche néanmoins me faisant une grande entaille dans le dos, peu profonde mais tout de même extrêmement douloureuse. Je tombe en avant et me retourne de façon à me retrouver sur le dos, sous lui.

Je vois que je l'ai tout de même touché avec ma flèche tout à l'heure et qu'il a lui-même une entaille son visage. Je ne sais pas pourquoi mais je me mets une nouvelle fois à rire devant le ridicule de la scène. Je suis en train de me battre, sous la pluie, je me trouve actuellement sous un homme et en plus il a réussi à me blesser comme si je n'étais qu'une simple vandale sans éducation, ce qui n'est pas tellement faux, mais tout de même. Assez pathétique je dois l'avouer.

Je vois bien que le fait de me voir rire le surprend quelque peu, c'est sûr qu'on ne s'attend pas à ce que votre adversaire rigole après s'être pris un coup de couteau, et je profite de cette occasion pour lui assener un violent coup au niveau des chevilles à l'aide des extrémités de mon arc pour le déstabiliser et je relève ensuite mes jambes pour toucher son entre-jambe puis je fais un saut en arrière pour me relever. J'essaye de tout faire le plus rapidement possible de façon à ne pas lui laisser le temps de faire quoi que ce soit et j'évite ainsi un nouveau coup lorsque je me relève.

- Alors ? Pas mal pour une petite jeune hein ?

Sauf que je n'aurais sans doute pas du parler. Comme je le pensais, ma petite fuite de tout à l'heure montre enfin ses revers. La douleur qui commence à bien se faire ressentir dans ma jambe droite m'inflige un handicape supplémentaire, de plus, la puissance de mon coup de pied dans les parties génitales de mon adversaire n'a pas eu l'effet escompté. Certes je vois bien qu'il a mal mais cependant, le coup n'était pas assez puissant pour le mettre à terre. De plus, je sens que je ne suis pas aussi forte que lui, du moins au corps à corps, mais d'un autre côté je ne pense pas qu'il puisse réellement m'infliger un coup mortelle alors autant jouer encore un peu, ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu autant d'adrénaline en moi. Mais la douleur au dos me rappelle à la réalité.
Jeune fille, je dois te rappeler que tu as une jambe très handicapante et une entaille assez longue dans le dos, il serait peut-être temps que tu arrêtes tes conneries et que tu te barres rapidement pour éviter d'aggraver ton cas.

Je m'apprête à écouter ma conscience quand mon adversaire m'attrape alors l'épaule de manière puissante me faisant lâcher un petit cri de douleur. Mais c'est qu'il a de la force le bougre ! Je me dégage de son étreinte, mais je pense qu'il n'en a toujours pas finis avec moi. Aoi, la prochaine fois tu la fermes et tu traces. J'attrape tout de même une flèche que je place dans le creux de ma main, ça peut toujours servir après tout. S'il me retouche je lui plante dans la main, le pied, ou toute autre partie non mortelle, mais pouvant tout de même provoquer une profonde douleur.
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    À peine commencé que je me trouve acculé. Les attaques de cette fille sont simples mais efficaces, à tel point qu’elle m’en a fait couiner en touchant les bijoux de famille. Je sautille quelques instants, c’est apparemment ce qu’il faut faire dans ses moments là, je fais mine de rien laisser paraître mais tout homme peut imaginer ma douleur. Paraît-il qu’un coup bien placé dans cette zone est à peu près similaire à un certain nombre d’accouchements à la seconde. Franchement, c’est l’attaque la plus lâche que j’ai pu répertorier à ce jour, simple d’accès et peut retourner une situation. Bref, à mon tour d’attaquer.

    Elle tient une flèche dans sa main. À cette distance, permettez-moi d’affirmer une telle chose, mais je ne pense pas que ce soit pour tirer, mais plutôt pour s’en servir comme une lame pour me l’enfoncer d’elle-même. Pourquoi pas, sauf que selon moi, l’arc aurait été plus efficace, c’est bien plus maniable qu’une flèche, d’autant plus que mine de rien, son coup porté au niveau de mes chevilles m’a bien fait mal. Si l’on réfléchit convenablement, sa marge ne manoeuvre n’est pas importante avec une flèche, elle ne peut que me l’enfoncer et l’amplitude y est relativement faible. Je n’irais jusqu’à dire que je peux anticiper ses attaques, mais pas loin.

    Autre détail qui commence à sauter aux yeux : sa jambe droite. Elle tente de cacher une blessure, et c’est tout à son honneur, mais on commence à la voir légèrement boitiller. Stupide ou inconsciente ? Quelle idée d’entamer un combat dans cet état, ce n’est certainement pas moi qui lui ait infligé cette blessure. Je ne vais pas m’en plaindre, ça me facilite la tache, d’autant plus que je ne peux envisager un second échec en quelques jours d’intervalles. La demoiselle tente de me dire je ne sais quelle connerie, mais je crains qu’une fois de plus, je ne souhaite prendre le temps de l’écouter. D’ailleurs, si possible, j’aimerais écourter cet affrontement.

    Mon regard change. Plus perçant que jamais, je bondis sur ma proie, épée en main et prêt à lui faire ravaler sa salive. Naturellement, elle recule pendant mon avancée, mais celui qui avance va normalement plus vite que celui qui recule, alors j’accélère le pas. Finissant tant bien que mal par rattraper mon retard, je tend ma lame à l’instar d’un escrimeur, mais je suis encore un peu court, je bondis d’un pas tout en gardant mon bras tendu et je perfore l’épaule gauche de la jeune femme. La blessure n’est que superficielle, je n’ai pas l’intention de la tuer ou de lui causer de grave blessures. Elle profite cependant de se rapprochement pour me perforer mon bras tendu avec sa flèche. Je lâche immédiatement mon arme, afin de ne pas perdre de temps à la déloger lors de mon repli, mais elle parvient quand même à m’entailler l’avant-bras. J’enchaîne par un coup de pied retourné pour l’éloigner de moi.

    Un peu plus et je prenais grave…

    Elle retire la lame et la jette par terre. Je commence à m’intéresser à elle, malgré l’écart percevable de niveau entre nous, en plus de sa blessure, elle continue de garder ce regard combatif. J’en tremble d’excitation, mais je dois garder mon contrôle et tenter d’être le plus professionnel possible. La suite ? J’aimerais la garder immobile le temps que les renforts arrivent, ça m’éviterait d’aller lui infliger davantage de coups et de risquer de m’en prendre également. Je cherche mon pistolet, mais pas un signe de lui, j’ai dû l’oublier avec ma ceinture qui va avec la tenue de la Marine. Chiotte ! J’entends plusieurs pas coordonnés s’approcher de moi.

    - Holà lieutenant, désolé pour le retard, on a ratissé toute la ville.
    - Aucun problème, doc. Arrêtez cette femme et emmenez-là en soin, avant de l’enfermer quelques temps.
    - Holà enfoiré… Je t’ai déjà dis que je ne suis pas ton subalterne !
    - Ne soyez pas si désobligeant, les effets du poison se font encore ressentir, j’ai besoin de repos. Ciao!

    Ce n’est pas un mensonge, je me sens étrangement faible aujourd’hui, une bonne sieste s’impose. Je reconnais tout de même ne pas être cool avec ce doc.
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Comme je le pensais, il s'approche de moi, prêt à m'assener un coup avec sa lame mais j'ai moi aussi prévu le coup. Je me recule à chacun de ses pas mais le sol dallé m'empêche d'aller assez vite, ma jambe me ralentit et la douleur au dos commence à réellement me faire souffrir. Utiliser mon arc ici est impossible, la pluie est trop forte et il est bien trop près : il aurait le temps de m'arrêter avant même que je puisse bander mon arc. Ma seule arme est donc la flèche que je tiens bien fermement contre ma main et, lorsqu'il me touche à l'épaule, la douleur explose en moi et, comme toujours lorsque j'atteints un seuil de douleur assez important, mon cerveau la supprime simplement. Bien sûr je sais très bien que le contre-coup va être très douloureux, mais pour l'instant je préfère m'en servir au maximum.

Tandis que sa lame s'enfonce légèrement plus dans le haut de mon bras, je profite de l'occasion pour lui planter à mon tour la flèche, que je gardais précieusement, dans le bras. Mais il avait déjà prévu le coup. Il lâche son arme qui reste tout de même dans mon épaule et retire son bras. Cependant, je réussis tout de même à lui faire une entaille assez jolie sans qu'il puisse l'éviter. Le coup de pied qu'il me donne juste après au ventre me fait reculer et me coupe la respiration, mais je ne ressens pas la douleur. J'en profite pour arracher sa lame de mon bras et la jeter par terre de manière agacé. Je sens que cette blessure va rendre l'utilisation de mon arc beaucoup plus ardu pendant un certain temps.

A ce rythme-là je vais finir par réellement me trouver dans une situation risquée, je vois bien qu'il est bien plus puissant que moi, mais pour une raison qui m'est inconnu il ne me donne pas tout ce qu'il a. En analysant la situation, je remarque qu'il cherche quelque chose sur lui, qu'il ne trouve manifestement pas et j'aperçois du coin de l'oeil un groupe de personnes arriver face à moi. Je n'ai aucune idée de qui cela peut être, ni de combien ils sont à cause de la pluie, mais je sens que je suis mal barré. Mes doutes se confirment lorsque j'aperçois leurs uniformes de la marine et leurs nombres. Ils sont huit, portent tous un pistolet et n'ont pas l'air de vouloir compter les pâquerettes.

Celui le plus en avant se met à parler au gringalet. Je n'entends pas ce qu'ils disent, pas distinctement du moins, je comprends néanmoins que le nouveau venu appelle mon opposant lieutenant. Lieutenant ?! Voilà pourquoi sa technique de combat est si bonne ! Il fait partie de la marine, ce qui explique entre autre le fait qu'il m'ait suivi après que j'ai volé la pomme. Il devait sans doute être de repos aujourd'hui, mais il faut croire que ma présence lui à quelque peu gâché cette journée. Ce n'est pas pour autant que je vais me sentir coupable, après tout il lui suffisait seulement de laisser couler pour une fois.

Ma situation devient critique lorsque je vois les hommes se trouvant à quelques mètres de moi se rapprocher. Ils veulent m'arrêter, le lieutenant leur a sans doute demandé sans que je ne l'entende. Je sais très bien qu'il ne me reste qu'une solution, car je n'ai absolument pas leur puissance et je ne suis pas assez en forme pour me lancer dans un combat que je sais déjà perdu d'avance. Je me retourne donc et commence à courir pour m'enfuir et me cacher.

J'entends distraitement quelqu'un me dire de m'arrêter, mais ce n'est pas comme ci j'allais gentiment les écouter. Le fait que je ne ressente plus la douleur me permet de courir aussi rapidement que possible ce que je fais sans hésitation, me faufilant dans les rues de la ville, tournant à l'aveugle à chaque croisement sans même faire attention à ce qui peut m'entourer, essayant de semer les quelques marines me suivant. Je ne me retourne pas, je n'en ai pas le temps, mais pour ma sécurité j'arme mon arc, jette un coup d'oeil dans mon dos et, remarquant qu'ils ne sont plus que trois et qu'ils sont à une bonne distance de moi, je leur tire dessus, un à un. Je réussis à en toucher un dans le pied, un autre au niveau de l'épaule, mais je loupe le dernier. Je me remets en course et finis par trouver une impasse. Le bout de la rue est coupée par un mur d'environ trois mètres. Je prends mon élan, profite d'un tas de boite contre le mur et saute. Je n'atteins pas le haut du mur mais j'arrive tout de même à me maintenir en hauteur puis à me hisser rapidement. Une fois en haut je me retourne, observe le marine qui c'est arrêté en bas, lui fait un geste qui n'est pas forcément sympathique avec ma main puis saute de l'autre coté.

La rue est vide, la pluie c'est enfin estompé, le vent se fait aussi moins fort et je me remets en course. On ne sait jamais, autant se cacher et faire profil bas pendant quelque temps. Les habitants se décident enfin à sortir de leurs nids et à reprendre leurs petites habitudes quotidiennes. Il va tout de même falloir que je retrouve un repas avant de dormir ce soir pour me requinquer un minimum, car je sens déjà que le contre-coup de mon absence de douleur de tout à l'heure commence à montrer le bout de son nez.

Je retrouve assez vite mon arbre qui se trouve dans une ruelle assez large, mais peu fréquenté et grimpe en haut avant de me trouver face à d'autres marines, j'ai déjà eu de la chance de ne tomber sur personne jusqu'à maintenant. Une fois en haut de l'arbre la douleur m'enveloppe tel les serres d'un rapace. Ma jambe me fait extrêmement souffrir, tout comme mon épaule que j'ai du mal à bouger. Je soulève mon haut pour constater que des ecchymoses font déjà leurs apparitions sur mes côtes, mais rien de bien méchant. Cependant, la coupure dans mon dos c'est sans doute aggravée mais je sens que ce n'est pas profond lorsque je passe doucement mes doigts dessus, me faisant grimacer à la fois de douleur et de dégout.

Je m'allonge sur le ventre contre une branche pour éviter d'aggraver mon cas tout en maudissant ce foutu marine. Il va me falloir quelques jours pour récupérer, une bonne semaine de plus pour que mes cicatrices soient totalement refermées et en plus je n'ai même pas pu manger aujourd'hui. On peut dire que c'est ce que l'on appelle une vraie journée de merde et pour ajouter un peu de comique à tout ça, je commence à avoir froid à être trempé comme ça. J'enlève mon capuchon imbibé d'eau et le pose contre le tronc de l'arbre à côté de mon arc que j'avais déposé en montant. Il va falloir que je bouge de cette ville, rapidement si possible, mais surtout que je sorte de South Blue...
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    Buruburuburu... Gatcha !
    - Levi ?
    - Hm ?
    - La criminelle a prit la fuite.
    - Est-ce une blague ?
    - Non, Levi.
    - Vous ne voulez définitivement pas permettre à votre lieutenant adoré de se reposer ?
    - Non, j'me casse le cul pour toi depuis le début de la journée...
    - Quel ingrat...


    Merde ! Merde ! Merde !

    - Qu'est-ce qu'on fait ?
    - Que penses-tu pouvoir faire ? C'est déjà un miracle qu'on l'ai retrouvé la première fois...
    - Oui, oui. Qu'est-ce qu'on fait, alors ? Fais pas comme si tu n'avais pas d'idée.
    - Tss... Achetez plusieurs bon repas, très biens garnis, biens chauds, et placez-les à environ cinq-cent mètres de votre position.
    - Tu penses qu'elle est encore dans les environs ?
    - Certainement. Très affamée aussi. N'oublions pas ces blessures, certes non mortelles, mais tout de même handicapantes.
    - On s'exécute.
    - Je vous rejoins.


    Ça m'emmerde un peu, mais j'aime pas le travail inachevé, du coup j'y retourne. Honnêtement, je ne pense pas que ça marchera, j'en rigolerais si elle venait à mordre. Mais je garde quand même en tête qu'elle a faim, que la plupart des commerces sont ou sont en train de fermer, pis que la qualité des repas qu'on lui propose est très bonne. Du coup, je reste à la fois sceptique et enthousiaste. Pis sincèrement, j'aimerais bien pouvoir rentrer une bonne fois pour toute, ok, c'est moi qui ai souhaité me balader, mais le jeu a assez duré. Des maux de têtes commencent à apparaître, mes cils se ferment, je commence aussi à souhaiter de bons plats mijotés.
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Je suis en train de sombrer dans un monde noir sans couleur, sans personne, un monde que l'on appelle rêve mais qui n'en a pas réellement l'air, lorsque une odeur m'interpelle. Une odeur de plat, mais pas juste un simple plat comme une tarte ou quelque chose dans ce style, un repas garni dont chaque particule laisse échapper un subtile parfum que je ne manque pas de percevoir. J'entends mon ventre crier famine et mon corps entier me réclamer cette nourriture.

Je m'approche doucement du bords de ma branche et pousse légèrement le feuillage bien rempli pour regarder d'où peu venir l'odeur. Elle ne vient pas d'à coté, mais de pas très loin non plus. Je pourrais facilement mis rendre sans aggraver mes blessures mais une petite voix me dit que je ne devrais sans doute pas y aller. Je fais néanmoins taire cette conscience et descend prudemment de mon refuge en laissant mon capuchon en haut. On ne sait jamais, je serais beaucoup moins repérable sans. Je prends tout de même mon arc que je cache tant bien que mal.

Le temps c'est rafraîchi, mes vêtements ont bien séché mais j'ai tout de même un peu froid. Il faut que je trouve un nouveau haut car celui que j'ai actuellement et couvert de sang et est déchiré à plusieurs endroits dorénavant. Les rues sont toujours animé, la pluie ayant disparu et le vent se faisant désormais rare, les habitants rattrapent le temps perdu du début de journée. De ce fait, je n'ai aucun mal à attraper un t-shirt manche longue sans me faire voir et à l'enfiler quelques mètres plus loin, caché derrière des caisses contenant diverses objets. Je retournes dans la rue animé, emplie d'enfant jouant, d'adultes discutant entre eux, de marchand essayant de vendre leurs derniers articles, et je me dirige vers la source de l'odeur.

J'arrive au bout de la rue, pas très loin de la position du mur que j'ai escaladé quand je les vois. Plusieurs plats, magnifiquement garnis, d'une couleur, d'une odeur et d'une quantité à faire pâlir les plus gourmets. Chaque plats est disposé sur une table, personne ne se trouve dans les environs et alors que je m'apprête à me rapprocher de ces petites merveilles je remarque quelque chose d'étrange. Il n'y a vraiment personne. Je ne comprends pas sachant que quand j'étais passé tout à l'heure, des gens sortaient de chez eux à cet endroit même et que beaucoup de personne sont habituellement encore dehors à cette heure-ci. C'était trop beau pour être vrai, mais je m'en rend seulement compte maintenant. Je pense que les marines veulent m'attraper, le lieutenant a bien comprit que j'avais faim et je suis tombé dans son piège comme une bleue. Mais il n'est toujours pas trop tard pour faire machine arrière. Après tout, je n'ai pas mon capuchon et on ne voit pas mes blessures avec ce nouveau haut.

Je commence à faire demi-tour quand je remarque enfin quelques marines, peu nombreux, au bout de la rue. Ils n'ont pas encore fait attention à moi mais de la où je suis je ne sais pas si mon opposant de tout à l'heure fait parti de l'un d'entre eux et je sais que c'est le seul à avoir vu mon visage sans mon capuchon. Je décide donc de continuer mon chemin, passant près d'eux, tout en baissant la tête et en essayant de boiter le moins possible. Allez, encore quelques mètres et je pourrais retourner dans la rue animé et me fondre dans la masse. Au final, je suis peut être seulement parano, après tout pourquoi s'attarder sur une fille comme moi ? Certes j'ai volé et j'ai légèrement agressé un lieutenant mais il y a pire tout de même non ?
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    Hop là, par ici demoiselle.

    J’attrape la fille par le bras et l’emmène en dehors de la foule. En effet, je m’attendais pas à ce qu’elle se jette dans le piège, mais au moins qu’elle s’en rapproche. La chance était également de la partie, puisque le temps s’est dégagée et que la population a décidée de prendre l’air, et sans ça, elle n’aurait pas tenté de se rapprocher autant. Dans son état, je pense qu’elle en est consciente, mais il est déconseillé et impossible de se faire prendre ou d’entamer un combat. Je lis de la déception dans son regard. L’arrêter m’attriste un peu, je ressens du remord et elle ne me semble pas méchante.

    Hoy ! Tu files où comme ça, Levi ?

    Merde ! Ça tombe vraiment mal, reste calme Ethan, ne panique pas.

    Tu n’vas quand même pas me laisser tout faire et passer du bon temps accompagné de cette charmante demoiselle ?

    Il n’en rate pas une pour m’emmerde, ce foutu doc’ !

    Un peu de décence, voyons. J’interroge cette femme qui croit avoir aperçue notre suspecte. À tout de suite.

    Je ne crois pas qu’il ait avalé un traitre mot de ce mensonge, je dirais qu’avec beaucoup de malchance, il aurait reconnu la fille en question, mais ça me paraît très peu probable. J’ai eu quelques frissons mine de rien. Pourquoi ? La vérité est que je n’ai plus l’intention d’arrêter cette voleuse, et si l’on me surprend en train d’aider une fugitive que je voulais arrêter, je passerais pour un con et je serais certainement puni. Je pourrais simplement la laisser se débrouiller, sauf que je me sens coupable de son état, de ses blessures, de sa faim à cause de laquelle elle a faillit se faire attraper. Elle a volée, certes, mais on vit dans un monde où certains n’ont pas le choix pour survivre.

    Qu’est-ce qu’il me prend de penser à ce genre de choses ? D’ordinaire, je ne pose pas de question, j’obéis, j’exécute les ordres et point barre. Là, je me met à ressentir de la pitié, à prendre parti pour les pauvres voleurs. Il ne manquerait plus que j’adhère aux massacres des pirates. Je m’arrête quelques instants le temps de remettre mes idées en place. Je lâche le bras de la jeune femme et mon regard se plonge dans le vide. Mon visage n’exprime rien en particulier, il est neutre, passif, sans émotion. Je ressens soudainement un choc électrique au plus profond de moi-même, un combat intérieur, une profonde remise en question sur ma façon de penser.

    Bouge-toi !

    Je fais signe à la demoiselle de me suivre, à elle de voir si elle veut me suivre ou non, je lui indique tout de même de mon index, un petit restaurant à l’apparence miteux mais d’où une odeur exquise en ressort. Au bruit émanant de son ventre, je comprend immédiatement que l’envie y est, mais j’ai cru comprendre qu’elle a une grande fierté. Qu’aurais-je fait à sa place ? J’aurais certainement hésité. Sauf qu’à choisir entre mourir ou survivre, l’occasion aurait été trop belle pour être manquée, et vue l’intensité qu’elle mettait durant notre combat, croyez-moi ou non, mais elle n’a certainement pas envie de mourir. Pour ce qui est de mon comportement, disons que cette mauvaise m’aura sensibilisé, ou peut-être même permit de prendre conscience de certaines choses.
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Une fois enfin entrée dans la foule sans problème je sens que quelqu'un m'attrape le bras. Je me retourne, surprise et je remarque que c'est le marine de tout à l'heure, celui avec qui je me suis battue, qui vient tout juste de m'attraper et qui commence à m'emmener je ne sais où. Je ne cherche même pas à me défendre ou à me dégager de son emprise malgré mon dégout et la déception de mettre fait prendre il faut bien l'avouer, mais je suis épuisé, je n'aurais pas la force de me battre et de plus, je ne pense pas qu'il le veuille lui aussi. Autant qu'on m'arrête, je ne pense pas avoir à craindre grand chose d'une pomme volée, par contre la sentence risque d'être bien plus sévère puisque j'ai blessé plusieurs marines. M'enfin, je m'en fiche actuellement.

Il m'emporte loin de la foule et je le suis docilement, comme un toutou. Je me fais pitié à moi-même. Et dire que je m'étais promis de faire leur fête à tous les hommes que je rencontrerais, me voilà en train d'en suivre un sans rien tenter. Pathétique.

Si tu savais à quel point je te déteste à ce moment même... Tu as de la chance que je sois si faible, mais si tu fais quoi que ce soit je te jure que même si je dois aggraver mon cas je te mettrais la raclé de ta vie.

Soudainement, une voix retentit derrière nous. L'autre marine de tout à l'heure qui m'avait permis de m'enfuir se trouve là, en train de parler à Levi. Levi ? Ah ! Voici donc le nom de ce mystérieux justicier, même si en vrai je n'en ai pas grand chose à faire, mais on ne sait jamais ça peut toujours être utile. L'étrange locuteur semble quelque peu agacer Levi, tout comme moi il faut l'avouer.

Je vais lui en montrer moi des charmantes demoiselles il va voir. Je ne pense pas qu'une charmante demoiselle viendrait écraser sa jolie face dans son genou pour lui péter le nez.

- J’interroge cette femme qui croit avoir aperçue notre suspecte. À tout de suite.

Pardon ? Je pense avoir mal entendu. Je rêve où il est en train de me couvrir ? Un marine qui couvre une voleuse qui en plus l'a blessé je pense que je n'ai jamais entendu parler de ça. Encore un peu abasourdi par son attitude il me lâche enfin le bras, me ramenant à la réalité.

Pas trop tôt. Je pense avoir atteint mon quota pour l'année d'homme qui me touche.

Je frictionne légèrement l'endroit où était situé sa main quelque seconde plus tôt pour enlever aussi rapidement que possible cette sensation extrêmement dérangeante. Lorsque je relève la tête il me montre du doigt un petit restaurant dont l'odeur il faut le dire donne ma fois extrêmement envie. Je pense qu'il veut que j'y entre et mon estomac adhère à sa proposition en faisant un bruit monstre. J'ai donc le choix entre rester avec un homme dont je ne connais rien et qui, je le pense, va finir castré avant que je ne parte ou me faire offrir un repas gratis par un marine dont je ne connais rien non plus, mais qui me couvre. Mon choix est vite fait et je me dirige tranquillement vers ce restaurant qui ne paye pas de mine avec son extérieur rudimentaire mais qui, je n'en doute pas, saura me combler. Je me retourne vers Levi avant d'entrer dans le restaurant en lui lançant un regard presque aimable. Il a surement pitié de moi mais c'est le cadet de mes soucis, il peut penser ce qu'il veut de moi, que je suis un simple jeune fille perdue, pauvre et triste ça ne me posera aucun problème si ça me permet d'être nourrie gratis.

Ne rêve pas mon coco, je ne t'aime pas, mais si tu m'offres de la bouffe je peux être un véritable ange l'espace de quelques minutes avant de me barrer.
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    Froide comme toujours, je crois qu’elle accepte finalement d’entrer dans le restaurant, malgré le fait que je ne sois pas dans son coeur. De toute manière, je savais pertinemment qu’elle n’aurait jamais refusée une telle proposition, son état étant bien trop critique et la faim présente en permanence. Rassurez-vous, je ne compte pas la draguer ni devenir son ami, ce n’est ni plus ni moins qu’un acte de charité. Pas mon genre, me diriez-vous, mais il faut croire que j’ai envie de changer. Pis au point où j’en suis, autant finir la journée sur une bonne action, non ? À l’entrée, le serveur et gérant de la boîte nous accueil chaleureusement. C’est un vieil homme, souriant, plutôt de grande taille et bien conservé pour son âge. Il est vêtu d’une chemise blanche avec un noeud papillon, d’un pantalon noir taillé pour lui et de belles chaussures.

    - Bienvenue, Ethan ! Cela fait quelques temps que nous ne t’avons pas vu parmi nous.
    - Veuillez m’en excuser, j’ai eu quelques devoirs à accomplir en-dehors de ces murs, sans quoi vous m’auriez vu plus souvent.
    Ils te font bien trop travailler ces bandits !
    - Je ne serais pas payé à les arrêter, disons que je me nourris grâce à eux, c’est un cycle. Hé hé.
    - En effet. Et tu es venu accompagné ce soir ?


    Une porte au fond de la salle s’ouvre violemment.

    - Oy ! Enfoiré de disparu ! Tu t’ramène comme une fleur et avec une gonzesse !
    - Emploie d’autres termes pour la nommer, je ne crois pas qu’elle soit du genre patiente…
    - Quelle merde tu es ! Ça raconte quoi chez les marins ?
    - Pas grand chose, écoute. Toujours pas envie de monter un équipage avec moi ? Il serait bête de ne pas utiliser tes qualités pour une noble cause.
    - Mon bonheur est ici, j’aime cuisiner plus que tout au monde !
    - Rien ne t’empêchera de cuisiner, tu pourras même découvrir d’autres saveurs à travers le monde. Alors ?
    - J’y réfléchirais plus tard. J’te sers quoi ?
    - Comme d’habitude.
    - Et la demoiselle ?
    - Ce que tu as de plus consistant, s’il te plaît.


    On s’installe à une table avec la demoiselle. L’établissement n’est pas ce qu’il y a de plus luxueux, mais étonnement, j’apprécie d’être ici. J’ai pour habitude de manger des restaurants de hautes gastrotomies, mais je me nourris bien mieux en ces lieux, avec selon moi des plats de meilleurs qualités. L’ambiance est assez tamisée. Il faut dire que la lumière n’est pas très puisante, il existe quelques zones d’ombres, faute de moyens ? Probablement. Le manque de clientèles est flagrant, rendant ce côté convivial presque terne et triste. J’aimerais bien y ajouter certaines, avec l’accord du gérant, quand j’aurais un peu de temps pour ça. Par chance, mon plat arrive rapidement, de bonnes spaghettis, pis le cuistot pose également son plat à notre table. Je lève les yeux et le fixe attentivement.

    - Hum… Tu branles quoi ?
    - Ça s’voit pas ? J’tape l’incruste. J’ai terminé mon service, j’ai envie de grailler et de parler à mon vieil ami. Un problème ?
    - … Et le plat de la demoiselle ?
    - Le chef va le ramener, il souhaitait y ajouter sa p’tite touche perso.
    - Je vois.
    - J’me posais la question depuis quelques temps, mais pourquoi un type vient trainer dans ce taudis ?
    - Bien… Je l’ignore.


    Je t’en pose des questions ?

    Mensonge ! Je connais parfaitement la raison de ma venue ici, mais j’ai du mal à l’exprimer, je ne suis pas du genre démonstratif. L’extérieur du lieu, sa localisation, tout ça font que personne ne risque de me trouver ici, on m’attend plutôt dans les restaurants de la haute sphère. Anonymat, tranquillité, délice, tout y est. Mais le plus dur à admettre pour moi n’est autre le fait que je me plais à cet endroit, j’apprécie le patron que je considère presque comme un paternel, pis sans compter ce foutu cuistot. Alfredo Di Natelo, ce n’est pas pour rien que je souhaite découvrir les mers à ses côtés, il est comme un frère que je n’ai jamais vraiment eu. Une étrange aura me coupe dans mes songes. Je me retourne et j’aperçois cette lionne affamée qui me dévisage du regard.

    Bon et il arrive son plat ? Elle va me buter d’ici peu…
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Levi fait son entrée à peine quelques secondes après moi. Comme le laisse présager l'extérieur, l'intérieur n'a rien du grand luxe. Quelques tables éparpillées ici et là, des murs d'une couleur neutre décoré de quelques photos du monde et de la mer, un comptoir banal et des portes battantes donnant certainement sur la cuisine d'où émane une délicieuse odeur. En soit, un restaurant tout à fait banal, si ce n'est que l'ambiance est bien plus conviviale et détendue.

A peine quelques instants après avoir inspecté la pièce en prenant en compte toutes les sorties envisageable; trois fenêtres à ma gauche, les portes battantes et la sortie principale, un homme n'ayant pas l'air très vieux vient à notre rencontre, s'adressant directement à Levi. En prenant en considération ses habits et la façon dont il parle au marine, j'en déduis que c'est très certainement le patron et qu'il connait mon ancien adversaire. Il a l'air plus âgé que ce que laisse paraitre son physique dans sa façon de s'exprimer. On peut même sentir que Levi à un certain respect pour lui et il est vrai que c'est une personne qui en impose. Son sourire amical et franc fendant son visage depuis notre arrivé me détend immédiatement.

Aoi, n'oublie pas que c'est un homme, qui te dit qu'il n'a pas juste l'air gentil ? Comme une certaine autre personne ?

Je me renfrogne et tandis que je suis sur le point de répondre au patron que je ne l'accompagne pas, mais que je me fais seulement offrir un repas, sans doute par charité, un nouvel inconnu fait son apparition. Vulgaire est le premier mot me venant à l'esprit. Je ne dis pas que je suis un exemple à suivre question langage, mais la façon dont il s'adresse à Levi; qui semble être son ami, me parait déplacer. Ne faut-il pas être poli et courtois envers ses amis ? De plus, lorsqu'il ose m'appeler "gonzesse", une profonde envie de lui attraper le minois, de l'écraser contre une table puis d'y planter une flèche entre les deux yeux me prends mais je ne fais rien, coupé par le marine prenant la relève. Lui au moins a compris que la patience n'était pas mon point fort.


Je ne dis rien, les écoutant comme toujours, puis suis Levi vers une table dans un coin de la pièce, là où la lumière n'est pas très puissante, juste agréable. Tandis que nous nous asseyons je réfléchis rapidement sur le cas de ce marine très étrange. Premièrement, il me poursuit pour m'arrêter, puis ne fait rien, puis me bats après que je l'ai légèrement cherché pour ensuite me laisser filer très facilement et me rattraper très facilement plus tard. Cependant, même si jusqu'ici déjà l'histoire semble être étrange, son comportement actuel l'est bien plus. Il ne m'a pas dénoncé et m'offre même un repas. Je ne pense pas avoir un jour entendu parler d'un marine cachant une voleuse et une fauteuse de trouble puis lui offrant un repas. De plus, de part son comportement, j'ai déjà compris qu'il a l'habitude de venir ici. Moi qui pensais qu'il ne mangeait que dans des restaurants chics, là où l'odeur est celle du parfum, de l'hypocrisie et du mensonge. Tandis que je réfléchis, son plat arrive accompagné, à mon plus grand malheur du grossier personnage de tout à l'heure qui prend place à notre table avec une autre assiette, la sienne qui n'est malheureusement pas la mienne.

Je ne mange toujours pas et je dois supporte en plus un cuistot agaçant et un marine énigmatique. Je lance un regard vers Levi toujours en pleine discussion avec le cuistobruti qui le remarque et se retourne vers moi. Déjà j'ai faim et en plus je n'aime pas trop être entouré de deux hommes. Cependant, ayant tout de même des manières même si cela n'est pas évidant à voir je suis très légèrement prise de remord. Je devrais sans doute le remercier de m'avoir caché et de m'inviter ici.

- Je commence à avoir vraiment faim... Et au fait je m'appelle Aoi.

J'ai dit cette phrase tellement bas que je ne suis même pas sûr que l'un des deux ait pu entendre quoi que ce soit mais je m'en fiche. Oui, ce ne sont pas des excuses je l'avoue, mais dire mon nom est une chose que je ne fais pas très souvent puisque personne ne s'intéresse à moi en général. De plus, je ne pense pas que le fait de continuer à rester muette me servira à grand-chose.

Je ne vous aime pas, ça c'est certain, mais si discuter me permet d'apprendre des choses sur le monde alors je pense pouvoir faire un effort.

Je me détourne d'eux avant de voir si oui ou non ils m'ont entendu pour porter mon attention sur les photos. Elles au moins sont intéressantes.


Dernière édition par Aoi Fujita le Mer 25 Nov 2015 - 13:34, édité 1 fois
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    La petite demoiselle me lance un regard froid, qui me terrifie presque, pour ne pas changer ses  fâcheuses habitudes. Mais cette fois, un évènement assez inattendu vient, mon ami et moi-même, nous complètement de nous figer sur place : elle a parlé ! Je n’aime guère être dans l’excès, mais il faut avouer qu’elle ne nous a pas habitué à parler, on commençait presque à oublier sa présence. Enfin. Pas totalement, son regard perçant me refaisait descendre sur terre. Mon regard est interrogateur, l’ami du jour commence à pouffer de rire, c’est un moment assez amusant. Je fixe le cuistot en pointant la fille du doigt, qui s’est d’ailleurs présentée sous le nom d’Aoi, un nom que je n’avais jamais entendu jusqu’à ce jour.

    - Je rêve ou elle a ouvert sa bouche ?
    - Elle est encore là ?
    - J’en avais presque oublié sa présence, décidément.
    - Mais pourquoi elle te fixe comme ça, Levi ?
    - Je n’ai franchement pas envie de le savoir, mon ami.
    - T’as peur ?
    - Boucle-la un peu…


    Peur ? Non. Quoique. Disons que je ne sais pas réellement de quoi elle est capable à cet instant. Car oui, je pense être plus fort qu’elle, mais il n’empêche qu’elle dégage quelque chose de terrifiant, et quand t’es face à ton assiette avec ses yeux perçants en face de toi, je peux assurer que la sérénité n’est plus ici. Alors où est-elle ? Dans l’assiette que le chef est sensé ramener, sauf qu’on a plus aucune nouvelle de lui depuis quelques minutes. Je me retourne à plusieurs reprises vers la porte qui donne accès à la cuisine, mais rien du tout, seule une odeur exquise commence à pénétrer mes narines. C’est plutôt bon signe, non ? L’autre abruti d’à-côté continue de rigoler bêtement, sauf que l’autre en face de lui ne semble pas vouloir rire, alors je tente de lui faire comprendre que ce n’est pas le moment.

    - Le vioc’, dépêche-toi, la demoiselle a faim !

    J’espère que ce n’est pas le vieux qu’il appelle ainsi ?

    - Rassure-moi, il y a quelqu’un d’autre dans la cuisine ?
    - Beh nan, pourquoi ?
    - Le « vioc’ », c’est normal ?
    - Merde…
    - Je ne suis pas mêlé à cette affaire, bon courage.
    - Ethan, j’t’en prie, ne me laisse pas !
    - Tu m’accompagnes dans mes aventures ?
    - Vendu !


    Mais c’est après ce « vendu » que les choses se compliquent. En effet, je sens une présence démoniaque dans mon dos, et mon ami, Mattfield pour ainsi le nommer, semble lui aussi ressentir cette présence. Naturellement, l’individu qui se tient derrière ne nous est pas inconnu, puis l’agréable odeur qui s’y dégage ne trompe pas. Un long bras passe entre mon acolyte et moi, posant l’assiette tend attendue par Aoi, cette fois nous sommes sûr de l’identité du dangereux derrière nous. On regarde fixe l’affamée qui semble plus heureuse que jamais, on lui sourit en versant de grandes, lui sautant en même temps un bon appétit. Une main se pose délicatement sur nos têtes, on tremble, on pleure, on sent la fin de nos existences arriver.

    - Lequel de vous deux m’a appelé le « vioc’ » ?
    - C’est…
    Merde ! Pourquoi je me suis engagé à ne pas le dénoncer ?!
    - Je t’écoute, Ethan.
    - Rien d’autre à ajouter, patron.


    Toujours le même ton de voix, à la fois calme et rassurante, toujours ce sale sourire agréable, mais je sais pertinemment que nous sommes foutus. Une énorme pression s’exerce sur nos têtes. Je tente de résister, mais elle est bien trop grande, je n’ai même pas le temps de voir ce qu’il en est à côté de moi. Ma tête s’écrase violemment contre la table, de la bave gicle, puis la table finie pas se fendre elle aussi, je vous laisse imaginer ma gueule. Je gis au sol, immobile, inerte, laissé pour mort. Du sang coule de je ne sais où, je sens seulement comme des tambours à l’intérieure de ma tête. Quand à Mattfield, je crois qu’il a eu droit au même tarif, mais impossible d’ouvrir les yeux. Me voici complètement sonné. Pensant que j’allais pouvoir récupérer tranquillement par terre, je sens une main qui m’attrape par le col et qui me jette dehors.

    Débarrassez-moi de ces délinquants qui trainent en face du restaurant, ils ternissent l’image de la maison et préparent certainement un mauvais coup. Et naturellement, ne rentrez pas avant d’avoir terminé, sans quoi, je m’occuperais personnellement de vous au même titre que ces malfrats.

    Pas le temps de répondre, le voilà qu’il retourne à l’intérieur. Je me relève difficilement, je titube, je me tiens la tête, puis je vois l’autre abruti à côté de moi, lui aussi dans un sale état. On regarde les types, apparemment armés de battes de base-ball, d’armes blanches, rien de bien dangereux, n’est-ce pas ? Le cuistot s’allume une clope avant de m’en proposer une, que j’accepte naturellement. Malheureusement, me présenter comme lieutenant de la Marine n’aura pas grand effet, puisque je vêtu comme n’importe quel individu. Mais vous savez quo ? Je me sens moi-même plus que jamais, là. J’oublie mes habitudes de marins, mes bonnes manières, mon élégance, et je casse des gueules.

    - Que fait-on d’eux, Ethan ?
    - T’as entendu l’vieux, on ne rentre pas sans les avoir mangé.
    - Ça m’va.
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Je crois qu'en fait ils se fichent de moi je vois pas d'autre explication. Ils sont en train de parler sur mon sujet en face de moi. Je ne détourne pas les yeux des photos sur les murs mais j'ai sérieusement envie de leur en coller une, l'un comme l'autre. Nous allons tout de même éviter toute effusion de sang tout d'abord parce que je serai quand même triste d'abimer un si joli endroit mais surtout parce qu'à deux contre un, sachant que je suis blessée, je n'ai aucune chance. Attendons de manger et on avisera après, comme d'habitude. Je finis même par perdre tout intérêt à leur conversation en pensant à tous ces lieux que je n'ai toujours pas visité, ces lieux inconnus, si proche mais à la fois si lointain.

Je reviens à moi lorsque je vois que quelqu'un dépose quelque chose face à moi. Mes yeux s'ouvrent en grands sous la surprise et mon ventre émet un énorme bruit d'envie. Un plat gargantuesque comme je n'en ai jamais mangé se tient devant moi. L'odeur si dégageant ouvre immédiatement l'appétit, même un mort serait près à sortir de sa tombe pour déguster ce plat. Je me jette dessus au moment où les visages de Levi et son acolyte se font écraser contre une table, la brisant au passage, par le chef du restaurant, je suppose. Ma fourchette s'arrête en cours de route et j'explose simplement de rire, d'un rire franc que je n'ai pas eu l'occasion d'avoir depuis si loin que je me souvienne.

J'essuie mes larmes à la suite de ce grand fou rire et commence enfin à manger tandis que les deux sont envoyés dehors pour je ne sais quelle raison, il faut dire que je n'ai rien entendu avec l'éclat de rire que j'ai eu. Le plat est en effet aussi succulent que l'odeur le laisse présager et je sens déjà que je reprends des forces. C'est tellement rare que je mange autant et à ma faim surtout que je laisse durer le plaisir, savourant chaque bouché jusqu'à la dernière qui arrive bien trop vite à mon goût.

Je repose ma fourchette, sentant mon corps et mon esprit comme apaisés après ce repas et je finis par me demander où se trouve les deux gars qui ont disparu depuis tout à l'heure. Ce n'est pas que je les aime, mais il faudrait payer et j'ai l'impression que le chef ne me laissera pas partir si j'essaie de m'enfuir. Je me lève, contournant les débris de la défunte table pour lancer un coup d'oeil à l'extérieur par la fenêtre. En effet ils sont là, entourés de plusieurs hommes armés. La plus grosse majorité est à terre, terrassé par les deux hommes et il reste à peine trois adversaires encore en état de se battre. Quant à Levi et son ami, ils ne semblent pas souffrir d'une quelconque blessures grave. Quelques coupures et bleus mais rien d'important.

J'ouvre la fenêtre et m'apprête à leur demander de payer alors qu'ils allaient attaquer les trois derniers combattants quand je remarque deux autres personnes sur le toit derrière eux. Je ne sais pas s'ils les ont vus mais eux en tout cas oui et ils semblent faire partie du groupe de malfrat. Ils possèdent des arcs, tout comme moi, mais de bien moins bonnes qualités et non adaptés à leur taille. Ils bandent leurs arcs et visent Levi et son ami en pleine tête.
Ils vont les tuer. Mais dans ce cas-là qui va payer l'addition ?!

Je n'attends pas plus longtemps et sors le mien et l'arquant et je tire immédiatement sur celui visant Levi et le touche dans la gorge. Il tombe au sol dans un bruit sourd, alertant les deux amis qui se retournent tandis qu'ils continuent à se battre à un deux contre deux maintenant mais c'est trop tard. Le deuxième archer a déjà tiré sa flèche qui fonce tout droit sur le pote de Levi. Mais j'avais déjà prévu le coup et une flèche que j'avais préparé vient s'écraser contre celle de l'adversaire, la faisant voler au loin. J'en profite pour viser l'autre personne et je le touche en pleine tête. C'est aussi à ce moment-là que le duo finit de mettre KO les deux autres opposants.

Je range tranquillement mon arc sur mon dos, sort du restaurant et vais chercher mes flèches pour ne pas les gâcher. Elles sont toutes poisseuses, c'est absolument répugnant mais je les range avec les autres ayant en tête que je les nettoierais tout de même plus tard. Je me retourne vers les deux amis qui ont peut-être parler, je n'ai pas réellement fait attention, pour leur adresser la parole.

- Il faudrait payer tout de même.
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    Les combats de rue deviennent vraiment sanglants. Mattfield est du genre à s’enflammer beaucoup trop vite, et disons-le clairement, taper à moitié n’est pas dans ses habitudes, ça non. Lui, ce qu’il veut, c’est entendre des fracas à chacun des coups qu’il porte, des crics, des cracs, des hommes qui pleurent et qui le supplient d’arrêter ce carnage. Un hobby particulier que je ne me permettrais pas de juger, car je n’ai pas spécialement envie de me confronter physiquement à lui, nos querelles quotidiennes me suffisent amplement. Mais je trouve cette situation bien plus dangereuse, puisqu’en plus de son appétit pour le combat, il a la pression du chef qui pèse sur ses épaules, je ne vous racontes pas la bête que c’est.

    Des chocs ahurissants, j’en ressens des frissons, il a une force vraiment colossale. De mon côté, je tente plutôt de la jouer plus en finesse, épuisant les attaquants en esquivant leurs attaques. Ce qui est marrant avec les adversaires sans aucune intelligence de combat, mis à part qu’ils soient cons, c’est qu’ils n’essaient pas de trouver une solution quand leurs attaques ne fonctionnent pas. Une fois épuisés, leurs mouvements sont plus amples, plus lents, moins précis, et c’est là que je commence l’offensive. « Lâche » me diriez-vous, certes, mais je ne suis pas du genre à m’épuiser inutilement, je suis toujours à la recherche de mouvements efficients.

    Une droite arrive, j’esquisse un sourire en voyant la nullité du coup, puis je l’esquive en me baissant, saisissant son poignet de ma main gauche, avant de pivoter et de me retrouver collé et dos à lui. Les jambes serrées et fléchies, je pousse tout en projetant mon adversaire l’avant, qui se fracasse violemment contre des tonneaux. Cette technique est tirée d’un livre mettant en scène quelques démonstrations de techniques asiatiques, plus précisément du « judo » : Ippon Seoi Nage. Comme quoi, ceux comme Matt’, qui me disent sans cesse que je ne deviendrais jamais fort en lisant se trompent lourdement. Bien sûr que le physique est important et qu’il faut le développer, mais le savoir et la sagesse peuvent également parfaire le style de combat, c’est du moins ce que je pense.

    Un corps tombe du haut de l’immeuble. Je dirais même qu’il s’écrase, ça ne ressemble plus à grand chose. Avant même d’identifier le corps, apparemment touché d’une flèche à la gorge, j’essaie de repérer l’archer, quand je crois voir qu’il s’agit d’Aoi. Et avant même que je le réalise, un second corps tombe derrière, cette fois-ci touché au niveau du crâne. Je reste bouche-bée et très partagé. D’un côté, elle a tué des types, mais de l’autre elle nous a sauvé. J’ai presque envie de l’appeler « l’archer rouge », mais je risque de la mettre en colère plus qu’autre chose. Bref. Il ne reste que deux types, sauf qu’ils prennent la fuite et j’ai vraiment pas envie de les courser. Le bourrin me regarde, l’air de dire que le chef a dit « aucun survivant », mais n’oublions pas que je reste un officier de la Marine.

    - Oy ! Tu peux pas les avoir avec tes flèches ?
    - T’es con ou quoi ? Tu as pourtant bien vu ce qu’il s’est passé avec les deux autres…
    - Écoutes, j’préfère ça que mourir par les mains du chef.


    Je me pince le haut du nez, l’air désespéré. La demoiselle arme son arc, prêt à tirer sur les individus, quand la porte du restaurant s’ouvre.

    Très bon boulot. Laisses donc filer ces malfrats, ils ont certainement compris la leçon.

    Quelques passants applaudissent nos prouesses, ainsi que la sagesse du patron, ça fait une bonne pub pour le restaurant. Du coup, je sors quelques billets pour payer mon repas et celui de la rouquine, comme ça on sera quitte. Mais le patron refuse. Selon lui, on aurait déjà payé en repoussant les bandits. Cool. Je pensais boire un coup avec mon vieil ami, quand soudainement - pour ne pas changer -, le chef tient une proposition à Aoi qui renverse Mattfield et qui me laisse sans voix.

    Souhaites-tu travailler pour moi, Aoi ?

    Je ne compwend pas.
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La surprise de la proposition passée, assez rapidement donc, ma réponse fut immédiate.
Non.
Hors de questions que je travaille avec un homme, ce n'est même pas envisageable. En plus ça serait pour faire quoi ? Nettoyer les tables ? Servir les clients ? Merci, mais très peu pour moi le vieux. D'autant que je ne suis absolument pas aimable alors je ne pense pas que le métier de serveuse soit fait pour moi.

- Oui avec grand plaisir !

Je  rêve ou je viens réellement de lui dire oui ? Je pense pourtant avoir bien spécifié que j'étais contre ! Mais il faut croire que ma raison a été plus forte. Parce que après tout si j'y réfléchi bien, travailler pour lui ne serait pas une si mauvaise idée. Je serai nourris et payé et je n'aurais cas débarrasser les quelques clients sans avoir forcément besoin de leur parler. Au pire des cas j'exploserais un ou deux clients, mais on n'en est pas là. En plus, je ne verrais pas le patron souvent, donc je n'aurais pas à supporter d'homme très longtemps. Il faut que je prenne sur moi jusqu'à ce que je puisse me trouver des personnes avec qui voyager et partir. Ou jusqu'à ce que j'accumule assez d'argent pour m'échapper seule d'ici.

- Mais... Pourquoi ?

C'est bien vrai que c'est tout de même étrange qu'il me propose un boulot alors que je ne lui ai jamais parlé et qu'il ne m'a vu que quelques minutes.

- Pourquoi ? Et bien parce que j'en ai envie ? Plus sérieusement, je pense que tu pourrais m'être très utile à l'avenir. Après tout Ethan et Mattfield ne sont pas toujours là pour me débarrasser des petits malfrats et j'ai d'autres choses à faire que de m'en occuper. Et puis il me manque des bras dans le restaurant pour nettoyer et servir.

Je lui fais donc pitié d'une certaine façon, mais il a aussi remarqué que je n'étais pas une gentille petite fille innocente et frêle. Et puis avec ce travail au moins je pourrais avoir ma dose d'adrénaline assez souvent, après tout nous sommes tout de même dans la région pauvre de la ville, et je pourrais arrêter de voler, faire profil bas pendant un temps puis partir une fois que j'aurais accumulé assez d'argent. En soit, ce n'est pas une si mauvaise idée.
Mets un peu ta fierté de côté pour quelques temps. Ce n'est pas une occasion que tu as le droit de refuser et tu le sais.

- D'accord. J'accepte. Mais je tiens à le dire tout de suite, je ne suis absolument pas aimables alors ne vous attendez pas à ce que je sois la fille la plus sympathique du monde avec vos clients et vous par la même occasion.

Le patron se met à rire tout en tendant sa main, attendant surement que je la lui sers, ce que je ne fais naturellement pas. Mais lorsqu'il s'arrête de rigoler pour me fixer avec insistance, me donnant froid dans le dos, je finis par lui tendre la main qu'il attrape avec détermination.

- Alors, bienvenue dans l'équipe Aoi.
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