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Tennant, Detective & Co j'écoute?



Le Old Times. Un bien joli nom, pour un bien joli sloop. Un sloop qui était mal au point et réparé à la va-vite, mais un bien beau sloop tout de même. Un nom qui était gravé en lettre d'or sur la coque. Un navire qui avait fier allure.

En tout cas, c'est ce que se disait Matthew depuis qu'il l'avait récupéré quelques jours plus tôt. Il paradait sur le pont, en donnant toujours l'impression qu'il faisait la gueule, mais au fond de lui, il était content. Et puis, ils étaient arrivés à destination. Le port civil de Saint Urea. Depuis le temps qu'ils attendaient leurs arrivées… Pourtant, Matthew ne pouvait pas s'empêcher de faire la gueule. Mais véritablement, cette fois-ci. Parce que le Old Times, au milieu de tout les autres navires, il n'avait plus rien de fier. Il surpassait peut-être les petites embarcations de pêches qu'ils avaient croisé en arrivant, et encore. Rien de bien abattant pour le pirate, qui se dit qu'une fois réparé, repeint et possiblement amélioré, le Old Times pourrait devenir un navire plus que classe. Mais ce n'était pas pour tout de suite. Non, car ils avaient maintenant d'autres plans ; trouver quoi faire. Leurs but, c'était d'atteindre le Royaume d'Urea. Et c'était chose faite. Maintenant, il fallait décider de la suite. Y réfléchir. Ce qui demande un effort considérable pour Matthew, qui commençait à peine à apprécier le fait de rester allongé toute la journée sur le pont où dans sa cabine de capitaine -elle aussi à moitié détruite-.

Ils étaient enfin amarré. Ce fut tout d'abord une planche de bois qui s'écroula contre le quai, puis trois paires de jambes qui s'avancèrent vers celui-ci. Ils descendirent tout trois en s'étirant, comme si ils étaient resté assis pendant tout le trajet. Il y avait tout d'abord Jaskier, fier musicien et ami de longue date de Matthew. Vint ensuite celui-ci, mains dans les poches, mine renfrognée, reniflant bruyamment en se disant que jamais il ne s’habituerait au vacarme qui produisait l'activité du port. Et puis, il y avait le dernier venu, non seulement sur le quai, mais dans la bande également. Rencontré à peine quelques jours auparavant, juste avant de récupérer le Old Times, Matthew s'était retrouvé échoué sur la même île que lui, par le plu grand des hasards. Il fut d'une aide précieuse et c'était avec plaisir que le pirate accepta de voyager en sa compagnie, bien qu'il ne savait rien ou presque de lui. Si ce n'est son nom et le fait qu'il était particulièrement étrange.

– Vous savez où aller, je suppose ? Demanda Alexander, en admirant la grandeur de l'île.
– Pour le moment oui, lui répondit Matthew en regardant lui non pas l'île, mais un petit bout de papier chiffonné qu'il tenait dans la main.

* * *

Le bout de papier indiquait une adresse situé ici même, au port civil. Une auberge dont la propriétaire était une vieille connaissance du pirate. Il n'espérait pas pouvoir se servir sans payer, mais ce serait toujours plus agréable que d'aller dans un endroit totalement inconnu. Même si l'aubergiste n'était pas commode, et serait sans aucun doute surprise qu'un troisième larron soit de la partie. Le trio poussa la porte de l'établissement, peu rempli à cette heure de l'après-midi. Aussitôt, l'odeur de soupe leur sauta au nez. Matthew indiqua à ses compagnons de prendre place à l'une des nombreuses tables libres, puis s'avança lui-même vers le comptoir, pressé.

– Salut, Helena, fit-il en posant une main sur le bar.
– T'es en retard.

Elle était baissé sous le comptoir et semblait tenter de ranger les nombreuses bouteilles d'alcool. Quand elle releva la tête, Matthew fut un peu surpris qu'elle n'ait pas changé d'un iota. Toujours les mêmes cheveux grisonnant et coiffés. Toujours ce nez crochu. Toujours cet air de maman-poule qui ne lui allait pas du tout.

– Ouais, on a eu pas mal d'emmerde sur le chemin. Mais on est là !
– On ? Oh, oui. Il y a lui.
– J'avais oublié à quel point tu n'appréciais pas Jaskier.
– Pfeuh. Et lui, le vieux, c'est qui ?
– Un nouveau venu, on s'est rencontré dans des circonstances euh, assez spéciales.
– J'espère qu'il est pas comme l'autre.
– Je crois pas. A vrai dire, je ne le connais pas beaucoup.
– Ouais, bref. J'vous ai d'jà réservé une chambre. J'ai pas mal de client, alors ça s'ra pas plus. Vous devrez vous en contenté. En plus j'pouvais pas savoir que y'en aurai un troisième.
– T'en fais pas, on se débrouillera.

* * *

Ils eurent du mal à se débrouiller. Ils durent faire face au problème quand, fatigué par le boucan que provoquaient les clients du soir, Matthew décida d'aller discuter dans la chambre. Un lit, une petite table de chevet, et c'était tout. Une petite pièce de surcroît, faiblement éclairé par la lune, visible depuis la fenêtre, et par une lampe à huile qui s'éteignait à petit feu.

En arrivant, et en prenant conscience de l'étroitesse de la pièce, Matthew fit en sorte d'être le premier sur le lit, avant de sentir mal pour Alexander, qui devait avoir le double de son âge. Fort heureusement, celui-ci n'en avait cure et s'était tranquillement adossé à un mur, là où il pouvait admirer la lune.

– Bon, commença Matthew. Voilà.
– Quel est donc la suite du plan ? Demanda Alexander, sans quitter la lune des yeux.
– La suite, reprit Matthew, c'était de trouver la chambre. C'est fait.
– Vous n'avez donc aucune idée de ce que vous allez faire ?
– Non.
– Mais quelle est donc la raison de votre présence ici, alors ?
– Ben, on savait pas quoi faire. Et puis on s'est dit que dans un grand royaume comme celui-ci, y'aurai forcément un tas de chose à faire. Alors voilà.
– Je vois. Ce n'est pas les opportunités qui manquent ici, vous allez sans aucun doute trouver un employeur.
– Ah non, hein ! S'exclama Matthew. Ça suffit tout ça. J'ai assez donné, à bosser pour d'autres. C'est bon, Matthew il en marre et il passe à autre chose. Ça va bien.
– Et bien et bien, ricana le vieil homme. Et vous, maître musicien ?
– Moi, je le suis, fit Jaskier qui avait pris en main son luth et jouait quelques notes.

C'est à ce moment là que Matthew décida de se lever, pour redescendre au cœur de l'auberge, avant de remonter aussitôt, un sac dans la main. Sac qu'il lança sur le matelas. Le bruit qui s'en suivit indiqua instantanément aux deux autres son contenu.

– Voilà. C'est ce que j'ai récupéré pendant ma période de vagabondage. C'est pas grand-chose, mais c'est un bon début.
– Ohoh ! Regardez moi ça, s'exclama Jaskier qui avait abandonné son instrument de musique. Doit y avoir dans les…
– Je sais pas, j'ai pas envie de compter. Mais assez pour lancer un petit quelque chose. Je suppose. J'espère.
– Lancer quel genre de chose ?
– Alexander, me posez pas ce genre de question s'il-vous-plaît. J'en ai absolument aucune idée. Comme d'habitude. Je sais pas, pas assez pour ce que j'aimerai faire là tout de suite.
– Et il s'agit de… ?
– Un truc en rapport avec le lait à la fraise, je suppose, fit Jaskier avant que Matthew n'ai pu ouvrir la bouche.
– Oh, moi qui commençait à vous décrire dans ma tête avec des adjectifs tels que « pirate » ou « aventurier », ricana gentiment Alexander, de concert avec Jaskier.
– Ouais ouais, vous moquez pas trop. Parce que mon business plan, il est parfait et va rapporter gros.
– Et il consiste en… ?
– Je viens de vous dire qu'il fallait pas me poser ce genre de question parce que j'en sais rien. Puis de toute façon, avec ce qu'on a dans ce sac, c'est pas assez. On a à peine de quoi s'acheter un petit bureau.
– Et bien ? Pourquoi pas ?
– Et il servirait à quoi, demanda Matthew, déjà fatigué par la discussion.
– A ne pas s'entasser dans cette piaule, déjà, rétorqua Jaskier.
– Un peu de sérieux s'il-vous-plaît, je suis sûr que c'est de l'argent durement gagné.
– Haha, non non, je me souviens plus trop mais j'ai du le piquer quelque part.
– Bon, et bien faisont comme si c'était de l'argent durement gagné. Laissez moi vous aider. Un bureau, c'est la base de tout. Après, il suffit de trouver ce que vous savez faire.
– Pas grand-chose, fit Matthew dans un geste qui pouvait ressembler à de la fausse modestie.
– Mais… Facile ! S'exclama Jaskier qui s'était mis debout sur le lit, non sans se cogner la tête. Qu'est-ce que tu faisais avant ?
– … Hum.

* * *

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil. Enfin presque, ils étaient collé et c'était pas du tout confortable.

– En fait, je disais « hum » hier mais je suis pas sûr que ça soit une si bonne idée que ça, fit Matthew en pressant le pas.

De retour sur le port civil de Saint Urea. Toujours aussi bruyant, et grouillant de monde. Difficile de se déplacer rapidement, et pourtant la plupart des habitants y parvenaient facilement. L'habitude, sans doute.

– Mais si ! Fit Jaskier, qui le devançait de quelques mètres. C'est même la meilleur idée à avoir. C'est logique.
– Pour une fois que t'as une idée logique… Et puis, on sait même pas où on va, on traîne au pif depuis tout à l'heure, j'ai envie de rentrer à l'aub-
– Nononononononon, tu suis. Je sais exactement où on va ; on fait le tour, et on cherche des locaux à louer.
– Haha, des locaux ? Un local plutôt. Mieux : un placard à balais, avec ce qu'on a, c'est ce qu'on pourra trouver de mieux je pense.
– J'avais oublié à quel point t'étais énervant quand t'avais la flemme. C'est à dire tout le temps. Allez, plus vite.
– …

* * *

– Ah ! Qu'est-ce que je disais ?
– Ça ne paye pas de mine, mais ouais.

Local à louer, prix bas, mais qualité basse aussi. C'était exactement ce que disait le petit panneau planté devant le bâtiment qui ne payait pas de mine. Tenant sur plusieurs étages, l'établissement était situé entre un stand de journaux et le stand d'un marchand de poisson. Le duo entra puis cherchèrent le propriétaire, qui se trouvait être à l'arrière du bâtiment, assis sur une longue chaise de plage. En intérieur, dans un bureau qui, comme ce qui l'entourait, ne payait pas de mine.

– Ahem, excusez nous ? Nous sommes deux jeunes investisseur plein d'avenir et-
– Deux millions cinq.
– Oh, ne put s'empêcher de s'exclamer Matthew. Droit au but.
– Deux millions cinq.

Il avait une voix grasse, faible mais décidée. Il semblait inflexible. Et comme à son habitude, Jaskier fut voulu montrer ses talents d'orateur. Selon lui, il était capable de résoudre n'importe quelle situation. Voyons voir si ce fut le cas cette fois-ci.

– Deux millions.
– Deux millions cinq.
– Deux millions et un sourire.
– Deux millions cinq ou un coup de pied au cul.
– Deux millions un.
– Deux millions cinq.
– … S'il-vous-plaît ?
– Deux millions six.
– MAIS PUTAIN, ne put, encore une fois, s'empêcher de s'exclamer Matthew.

* * *

– V'là vos clefs, v'la les papiers. Z'avez signé, j'vais faire une copie. Doit y'avoir d'la poussière.
– Merci beaucoup, fit gentiment Jaskier, alors que le propriétaire devait déjà être à des années lumières de leur position.
– Je vois ce que tu voulais dire Matthew, quand tu disais que ça payait pas de mine.
– Ouais, mais même moi je me dis que je le pensais pas assez fort. Parce qu'en plus d'être petit, c'est vide et sale.
– Pour l'instant, mais attends un peu ! Je suis sûr qu'on peut faire quelque chose de cette endroit.
– …

(…)

– Bon, la poussière, c'est fait.
– Pas du tout, t'as fait juste un petit carré.
– Rah.

(…)

– C'est bon ? C'est propre ?
– On a oublié le plafond.
– Raah.

(…)

– Et maintenant ?
– Arrête, c'est pire si tu parles.

(…)

– Pfffffffffiou.

Ils y étaient. Enfin. Après avoir passé un après-midi complet à nettoyer et à arranger le petit local qu'il venait de s'offrir, ils y étaient.

Tennant, Detective & Co j'écoute? Detect10

L'endroit était à peu près propre. Mieux : il était vivable. Il y avait tout ce qu'il fallait pour lancer leur petite affaire. Une chaise, un bureau récupéré dans une maison abandonné sur quartier pauvre, quelques tiroirs pour faire professionnel, et surtout, la pièce maîtresse, la chose ayant avalé tout le reste du budget : le canapé. Et pas n'importe quel canapé. Comme tout le reste, il ne payait pas de mine, mais l'apparence n'était pas important. L'important, c'était qu'il faisait partie des canapés les plus confortables qui existent. Matthew avait passé plus d'une heure à le chercher dans divers magasin, testant d'autres à la chaîne, avant de tomber sur le saint Graal. Et aussitôt installé, après une monté plus que fastidieuse, dans la pièce, il s'était empressé de se jeter dessus et de lâcher un profond soupire de soulagement.

Non seulement il avait trouvé une place confortable, mais il avait surtout avant d'un grand pas dans la vie. Jamais il n'avait possédé de local. Jamais il n'avait possédé de business, aussi petit soit-il. C'était une première. Et il devait bien avouer qu'il en était heureux. Tout un horizon semblait s'ouvrir devant lui. Et un brin d'optimisme s'était immiscé dans sa tête. Peut-être que tout ça allait marcher. Peut-être que l'idée de Jaskier était bonne. Il n'y avait qu'un moyen de le savoir : essayer.

Alexander, qui venait d'arriver -il n'avait participé qu'en allant chercher le bureau-, s'empressa de demander à quoi allait leur servir ce bureau. En guise de réponse, Jaskier lui tendit le bout de papier sur lequel il venait de finir de gribouiller.

Vous avez des problèmes?

Suffisamment d'argent pour nous demander de les régler?

Alors n'hésitez plus !

Vous avez été victime de vol? Agression? Harcèlement? Un proche à disparu, ou vous chercher tout simplement à retrouver un individu? Nous sommes là pour vous aider. Grâce au large éventail de compétence de nos employés, nous sommes à même d'apporter une solution à tout vos problèmes. Car vos soucis sont également les nôtres. 

Car c'était ce qu'avait Matthew des années durant ; régler les problèmes de son patron, Solomon. Menaces, vols, il n'y avait quasiment aucune différence. Il savait faire, et il savait faire ça bien. Du moins, autant que possible. Rien de bien nouveau en somme. Mais il y avait tout de même quelque chose de différent. Quelque chose de très important.

Au dos du papier, on pouvait clairement lire, dans une magnifique écriture : Tennant, Detective & Co.

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