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Par delà les sables du désert



Alabasta. Sous le ciel incroyablement dégagé et un véritable soleil de plomb, les mouettes percent par leurs piaillements distants les bruits des embruns réguliers qui viennent s'échouer sur les rives non loin. Le nez perdu dans le vide au-dessus de ma tête, j'essaye de capter dans cette atmosphère sèche et hostile les quelques rares brises chargées d'iode qui accompagnent les marées et soufflent sur la terrasse napperons et dessous de verres pour les envoyer à la figure des passants. Des fois, l'un des oiseaux vole en rase motte pour décharger son contenu fécal sur les touristes qui s'allongent sur les transats ou bien encore dans la foule qui peuple les rues ; d'autres fois ils viennent simplement se poser au sol pour picorer les restes d'un repas et vous regarder avec leurs mirettes contemplatives et vides de compréhension, leur air stupide dégagé par cette incapacité à utiliser leurs deux yeux pour vous faire face. Alors je ne peux me retenir de river mon regard perquisiteur sur ces bêtes fourbes et imprévisibles qui peuvent vous salir ou vous humilier à tout moment et font la loi dans le ciel au large des côtes.

Le Royaume dirigé d'une main de fer par la famille de la souveraine - dont on ne compte plus les anniversaires depuis qu'elle a passé le siècle d'ancienneté - était l'étape suivante de la Translinéenne. Rien d'officiel ne m'avait poussée à venir ici : pas un seul appel de mon coordinateur, pas une seule mission ; j'étais là en tant que civile, enveloppée dans ma couverture d'Elizabeth Butterfly comme on le ferait d'un châle sur son canapé avec un bol de thé chaud et sucré entre les mains. A cette image, je m'étais autorisée quelques dépenses touristiques et logeais dans un hôtel plutôt pas mal bordant la Grand Voie de Nanohana. Mes journées dictées par l'ordre de mes désirs - c'était à dire shopping, visite du coin et des déserts environnants, balades à dos de chameau et j'en passe - étaient tout ce qu'il y avait de plus oisif et je ne pouvais me plaindre de baigner dans tout ce confort reposant après la dure épreuve que je venais d'encaisser, là-bas, dans ce pays froid et rude où le vent trop frais et trop présent vous mangeait la peau par ses courants glacés.

C'était ce changement drastique de température qui m'avait tout d'abord laissée sans voix lorsque le sloop s'était approché de la métropole et m'y avait larguée comme tous les autres vulgaires touristes et civils à l'affut de poser leur pied nu sur les sables chauds de l'île. La chaleur et le manque d'humidité avaient laissé ma première journée avec cette sècheresse planquée et indélogeable au fond de la gorge, épuisant systématiquement mes cordes vocales à chaque mot que je m'efforçais de prononcer. Puis ç'avait été le tour de la première nuit, toute aussi sèche mais incroyablement froide, déposant sur mon corps nu à moitié découvert cette couche fine de fraicheur entêtante qui m'avait poussée à me recouvrir aussi sec dans la laine de mes draps... avant de m'en découvrir rapidement à nouveau une fois le soleil levé.

- Vous désirez quelque chose d'autre madame ?

- Mademoiselle. rectifie-je le serveur dont l'apparition soudaine me fait perdre le fil de mes pensées.

- Toutes mes excuses.

- Ce n'est rien mais oui, je prendrais bien un petit café.

Et le petit homme frêle de partir tout aussi directement qu'il est venu, taillé de pied en cape dans son étroit costume de pingouin noir et banc, une serviette pliée sur un avant bras et des plateau de vaisselle sale empilés sur l'autre. Évasive, je reprends donc ma contemplation, les cheveux balayés dans mon dos par les aléas du vent frais et satisfaisant qui s'avèrent systématiquement tant désirés dans ces pays à la température et à l'humidité si caractéristiques. Mais à peine ai-je fermé l’œil pour profiter de la fraicheur du moment qu'une nouvelle voix m'interpelle :

- Excusez-moi. Cette chaise est libre ?


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Lun 28 Déc 2015 - 16:23, édité 1 fois
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- « T’as fini de m’imiter, abruti ?! »

Et la sentence tomba ! Sans attendre une seule seconde de plus, j’avais utilisé le plat de ma main droite pour taper le crane de mon petit frère qui s’étala immédiatement devant moi ; le tout sous un gémissement qui en disait long sur la douleur qui le taraudait. Il s’agrippa le crane, roula sur le sol comme un gamin de six ans, avant de se relever avec son habituelle tronche de constipé, presque larmoyant tout ça. Pour ma part, j’avais l’air blasé. Depuis qu’il m’avait retrouvé ici, Ashem ne voulait plus me quitter. Parmi les enfants de Keegan, il était le troisième et celui qui me « kiffait » le plus selon les dires. Mais pas seulement… Son potentiel était plus qu’énorme et il était promis à avoir une brillante carrière dans la marine. Pour l’heure cependant, il me cassait les couilles et pas qu’un peu. Quelle idée d’imiter ma voix aussi… Et puis… Depuis quand étais-je aussi galant, moi ? Comme si j’avais rien d’autre à foutre… La manière d’accoster était ringarde, sans compter qu’elle ne me ressemblait pas du tout…

- « Ça fait maaaaaal frangin ! C’est pas comme ça qu’on traitre ses cadets ! Si papa sait que tu me frappes, tu vas entendre parler de lui ! »

- « C’est ça ouais… En attendant, présente tes excuses à la demoiselle et fissa. »

- « Mais, c’est que… »


Je le voyais venir et à des kilomètres. S’il était un as en escrime comme tout bon Fenyang se respecte, il était aussi un pro en « bêtises ». Un fouteur de merde accompli. Même pas le temps qu’il finisse sa phrase que je lui avais adressé un regard noir qui en disait long, en plus d’avoir formé un gros poing qui menaçait de s’écraser sur son pif. Craintif, le gosse de 18 ans (Un bébé gâté, carrément) mima une grimace d’effroi et recula de deux petits pas, avant de se tourner illico presto vers la demoiselle qu’il venait d’emmerder gratuitement : « Désolé, j’voulais faire comme mon frangin ! J’suis un futur grand dragueur en dev… » Là encore, la phrase ne fut point achevée, puisque je lui avais finalement décoché mon poing qui l’envoya valser sur un mur sous les regards médusés de la clientèle et des employés du bar. On pourrait là encore croire qu’Ashem était fragile, mais non. Le sang des Fenyang coulait dans ses veines. Pas de quoi le dérouter, puisqu’il finit par se relever. -tant bien que mal, précisions-le.

- « Ah… Toutes mes excuses pour le dérangement, mademoiselle. »

Cette fois-ci, j’avais enfin tourné ma gueule la jeune femme assise toute seule à une table. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle était vraiment bien foutue. Mais plus que ses formes et sa joliesse, c’était clairement sa « présence » qui me parlait. Le mantra ne permettait pas de jauger la force d’une personne, mais lorsque je la couplais à mon intuition de guerrier accompli, elle me permettait plus ou moins de situer une personne. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette fille était forte. A vue d’œil, l’on ne remarquerait que sa plastique qui appelait à la débauche. Mais pour une fois, je voyais au-delà du physique. Le cache-œil renforçait d’ailleurs cette impression. Pirate ? Chasseuse de prime ? Simple civile qui savait se battre ? Va savoir… M’enfin… Dans tous les cas, c’était pas mon problème. Après l’avoir observé pendant une bonne poignée de secondes sans l’ouvrir davantage, je continuai mon chemin et rejoignit mon frangin qui était déjà à une table et qui se faisait éponger gentiment -Il pissait le sang- par une serveuse.

- « Allez, Salem ! Tape-moi encore ! Comme ça, j’vais profiter de la générosité de la serveuse ! »

- « Oh Monsieur ! Vous ne devez pas… »


La serveuse, une gamine, se mit à rougir devant Ashem. Il semblait être à son gout. Peu étonnant vu qu’il était à mon image. Beau gosse, grand, presque musclé (Ash’ avait déjà 2 mètres là où j’avais 2 mètres 50), il avait un petit air espiègle en plus qui faisait son effet et il était conscient de son charme. D’ailleurs, il était allé jusqu’à m’imiter vestimentairement. Nous étions tous les deux, torse nu, avec un simple manteau sur les épaules. Celui de la marine. Il faisait chaud de toute façon. J’eus un soupir avant de commander deux verres, pendant que le gamin continuait de reluquer bêtement le cul de la serveuse qui s’éloignait de nous, toute rouge. J’avais la nette impression de me voir quand j’avais vingt piges. C’en était presque déconcertant. Mais alors que nous allions continuer de converser tranquillement, un groupe de bandits du désert déboula de nulle part et fit irruption dans le café/bar. Scénario classique et terriblement ennuyant. Ces gars voulaient dépouiller l’endroit et nous sommaient de respecter leurs ordres bien gentiment.

- « BOSS REDA !!! » S’écria l’un d’entre eux au bout d’une trentaine de seconde !

- « QUOI ENCORE IMBÉCILE ?! »

- « Regardez par là… »

Le pauvre subordonné pointa son doigt vers ma table, tandis que j’arborais toujours cette mine blasée que j’avais depuis que j’étais entré dans le coin. Le capitaine pirate frôla l’infarctus. Après tout, qui ne m’avait pas déjà vu ? J’étais reconnu dans le monde entier, et ce malgré mon grade encore bas de contre-amiral. Tout le groupe commença à trembler de peur. Ashem avait croisé ses bras sur son torse et ricanait comme un beau diable. La situation l’amusait tellement qu’il n’éprouvait même pas le besoin de jouer au justicier. Si ce n’était pas la preuve qu’ils étaient pathétiques… Mais dans un élan désespéré, le chef de toute cette meute perdue se rua en toute vitesse vers… La meuf qu’Ashem avait voulu draguer : L’albinos au cache-œil. Il la souleva très vite, la coinça contre lui et passa sa lame un peu émoussée contre sa gorge. Son rire fut ensuite gras et c’est d’un air condescendant qu’il me regardait maintenant, persuadé qu’il avait son issue de secours. Halala… Qu’ils étaient bêtes ces gens. Franchement. J’en avais marre…

- « Fenyang, si tu bouges, je l’égorge comme un mouton ! »


Comme si ça risquait…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mer 16 Déc 2015 - 1:56, édité 1 fois
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- Huh ?

Tout s'était enchaîné rapidement, très rapidement, voire même trop pour mon esprit encore perdu dans le lointain qui venait à peine de se voir perturbé par une blague de mauvais goût. Un jeune homme et son frère, tous les deux de statures admirables, s'étaient quelque peu invités à ma table sommairement le temps de régler leurs déboires avant de déménager sur celle d'à côté. Face à cette relation typique des deux gars fraternels cherchant à faire les beaux, j'avais délaissé mon empreinte matérielle - c'est à dire mes yeux, ma langue et tous mes autres sens - pour m'enfermer dans la carapace glaciale et sordide de mon esprit. Sophia, si tu avais été là plus tôt...

- Et maman aussi, si elle nous avait aimées.

Non, non, ça ne servait à rien de ressasser le passer. Elles étaient mortes, je les avais tuées et si je devais avoir un frère, je l'aurais tué lui aussi. Seul le paternel s'en était tiré car il n'était pas là au moment des faits et finalement sa carrure politique avait été utile pour renforcer l'étreinte du piège à loup sur ces pauvres idiots de la révolution. Désormais, on racontait même que la potence n'avait de cesse d'être alimentée chaque jour en nouveaux criminels jugés arbitrairement coupables d'être liés à la révolution, que ce soit sur Drum ou ailleurs. Tyrell Sweetsong avait resserré la vis en perdant ce qui faisait battre son coeur, pour ne plus être que cet être métallique imperturbable du Gouvernement Mondial, à mon image.

Bref, pour en revenir à la situation actuelle, des bandits de basse extraction à la jugeote relativement défaillante avaient instantanément fait irruption sur la terrasse du restaurant et avaient jugé bon que je leur serve d'otage dans leur braquage ou autre truc stupide. Pourquoi ? Quelle idée saugrenue. Peu importait puisqu'ils n'avaient de toute façon d'yeux que pour un certain Fenyang, que je devinais être le frère le plus vieux de la fratrie de Marines qui avaient débarqué quelques instants plus tôt, celui avec les galons de Contre-Amiral. Étonnant, un Contre-Amiral à quai, mais pas inhabituel. Cependant l'homme n'échouait décidément pas à attirer mon attention, d'autant plus que j'avais cru sentir à un moment une aura étrange émaner de lui alors qu'il me regardait, comme s'il essayait de lire dans mes pensées. Mais ça devait n'être qu'une illusion due à la chaleur du soleil qui me faisait légèrement tourner la tête...

- Restaurant chicos, héhé. Filez-moi la caisse et plus vite que ça ! hurle subitement le forban dans mon oreille - interrompant à nouveau le fil de mes pensées - tout en rapprochant davantage son épée.

Dans tous les cas, voilà désormais que le dénommé Reda me tient en quelques sortes prisonnière avec sa lame barbare me griffant le cou. Évidement, je ne vais pas utiliser le Rokushiki en public, mais dans tous les cas cela ne va pas être difficile, la bande d'idiots ayant totalement oublié de vérifier si j'avais des armes sur moi et s'étant fiés à leur instinct en pensant que j'étais l'otage le plus propice du coin. Lentement et doucement donc, je fais glisser ma main le long de ma cuisse jusqu'à saisir mon couteau à cran d'arrêt que je place discrètement au niveau de l'entrejambe de mon ravisseur. Avec un peu de retard, l'homme semble sentir la piqure du bout de la lame menaçant de lui enlever son intégrité et sa descendance.

- Si tu ne veux pas que je te transforme en femme, éloigne ton sabre. articulé-je lentement, faisant l'homme s'exécuter avant même qu'il ait terminé sa phrase.

- Hihihi, pour une fois que tu sortais sans tes revolvers, Anna-chan !

Certes, ces marauds avaient bien choisi leur jour pour venir m'emmerder. Soit, on ne pouvait donc jamais avoir la paix sur cette foutue mer ? Possédant toujours les bijoux de famille du bonhomme en otage, je me retourne pour lui faire face tout en vrillant légèrement la lame du bout de l'index. Il gémit, panique un peu et ses hommes attendent ses ordres pour intervenir. Mais ils ne le feront pas, car j'ai leur chef sous mon emprise.

- Maintenant tu vas dire à tes larbins de laisser tomber leurs armes et leurs fusils à terre et de décamper rapidement ou bien d'aller se rendre auprès du sympathique Contre-Amiral que voilà. Ou sinon tu peux dire adieu à tes boulettes.

- M-mais...

- Exécution !

Suant à grosses gouttes, suintant la morve par le nez et les larmes par les yeux, le pirate fait finalement ce que je lui demande et renvoie ses hommes allégés de leurs armes se disperser comme des mouches lorsqu'on leur retire leur crottin. Je ne perds donc pas plus de temps avant de le saisir par le col, l'élever légèrement au-dessus du sol et l'envoyer manger du sable aux pieds du soldat stoïque et toujours aussi contemplatif, toujours aussi louche avec cette drôle d'impression flottant autour de lui. D'ailleurs le Reda essaye bien de s'enfuir en voyant le type avec le regard perdu dans les détails de ce qui semble être mon chemisier, mais se retrouve immédiatement coincé et renvoyé au sol par un appui du pied puissant et ferme sur sa colonne vertébrale, relâchant par là un ridicule "Couac". Perturbée par ses prunelles admiratives, je ne peux m'empêcher de dévier l’œil, finissant maladroitement par fixer les détails de la musculature du torse et des bras de l'officier avant de me reprendre à nouveau. Bas instincts, dirons-nous. Cela ne peut durer plus longtemps, je l'apostrophe donc :

- Vous êtes de la Marine non ? C'est pas votre boulot d'arrêter ce genre de types au lieu de rester là à regarder ? Je sais pas moi, vous avez pas mieux à faire ? Foutez le en taule, allez chercher ses complices, bougez-vous donc...

Ouais, direct dans le lard. Mais bon, j'étais pas en faute, c'était pas moi qui étais restée immobile face à cette situation. Et puis j'ai pas tort non plus. Et pour tout dire, j'aime pas trop les Marines, surtout ceux qui se la pètent comme ces types-là. Ça fait de la gonflette mais ça a rien dans le calcif. Alors, puisque mon job ici est terminé, je laisse un billet sur la table la plus proche dans le but de payer l'addition et entreprends de prendre la route en direction de l'hôtel. C'est pas tout ça, j'ai des bagages à faire, moi. Mais au moment où je fais mon premier pas, je m'arrête subitement. Non, ce n'est pas une illusion, j'en suis sûre désormais. Ça vient de derrière moi, c'est lui, il me regarde toujours sans piper mot, c'est si étrange, j'ai l'impression de voir mon intimité se faire analyser au microscope. Que fait-il exactement et comment fait-il ça ?

- A moins que...

Intriguée, je reviens donc sur mes pas pour faire face au bonhomme, ignorant pertinemment son frère qui essaye malgré tout de se glisser à ses côtés, à essayer de faire le malin à nouveau.

- ...toi. Oui, non pas ton minable de frère mais toi, tu serais partant pour prendre un café ?
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- « QU’EST-CE QU’ELLE RACONTE CETTE FOL-»

- « Assieds-toi, Ashem. »


Alors que mon petit frère s’était levé de son siège tout rouge de colère, ce qui était compréhensible d’ailleurs, j’avais levé ma main, saisi son épaule la plus proche, avant de le clouer sur son siège par la force. Mon regard, lui, n’avait pas quitté la jeune femme qui se trouvait devant nous. Culottée la gamine. Très culottée. Là comme ça, elle me faisait presque penser à Shaïness. Notre rencontre s’est déroulée à peu près dans ce genre. Mais dans le temps, il faut dire que malgré ses caprices et ses manières de chipie, j’avais été complètement subjugué par sa joliesse. Là, c’était pas tellement la même chose. J’étais certes épaté par la beauté de celle qui était tout juste devant nous, mais ça se limitait qu’à la plastique. Son revirement de dernière minute m’avait fait sourire même. Elle n’était pas prévisible, mais c’était tout comme. Mais surtout, elle s’était rendu compte de quelque chose avec moi. J’avais donc raison. Cette gamine était forte. Ou du moins, possédait un potentiel hors-norme. Là, mes réflexes de « recruteur/instructeur » émergeaient doucement.

- « Vu que tu m’as pas laissé le temps de répondre à ta première question et que tu as été prompte à vouloir te casser en remuant ton cul, je vais revenir dessus, tu veux bien ? »

Autour de nous, c’était plutôt la stupeur générale. Clients comme employés nous observaient comme si nous étions sortis d’un autre monde, d’un autre univers. Pour ma part, j’étais calme, même si j’avais gardé ma main sur l’épaule d’Ashem qui tremblait toujours de rage. Si je le laissais se battre, Dieu seul sait ce qui arriverait. Je me retournai d’ailleurs vers lui à un moment pour tempérer définitivement ses ardeurs : « Tu te souviens de ce que maman disait à propos de la violence sur les femmes, non ? » Là, il blêmit d’un coup et se calma net. S’il y avait bien une personne qui nous tenait en respect dans la famille, c’était bien notre mère. Le vieux, lui, passait tous nos caprices, mais pour ce qui était de la vieille… D’ailleurs, c’était ce qui était un peu marrant avec notre famille. Elle n’était pas aussi forte et influente que l’était notre vice-amiral de père, mais elle en imposait grave. C’était ça, que d’avoir de la présence et de la classe. J’eus un maigre sourire et j’ébouriffai mon cadet qui fut timidement approchée par la serveuse, soucieuse de son état.

- « Il y a deux raisons en fait. Deux raisons stupides pour lesquelles on est resté passifs : La première, c’est que la marine n’a pas le droit d’intervenir sur le sol de ce pays. Il y a une armée qui joue déjà bien son rôle. Si on est ici, c’est juste pour profiter des bienfaits de la ville comme n’importe quel touriste. Il ne faudrait pas qu'il y ait méprise, hé. On ne voudrait quand même pas créer des problèmes entre le Gouvernement Mondial et Alabasta. Tu captes le genre, gamine ? »


Mes yeux avaient une lueur blasée, mais détaillaient maintenant toutes les délicieuses courbes de l’albinos. Rien à dire : Elle était définitivement bien foutue. Entre le décolleté qui exhibait presque son opulente poitrine, ses bas qui mettaient en valeur ses cuisses pleines et sa jupe assez courte qui faisait bien ressortir les traits de ses larges hanches, n’importe qui serait fan. Du reste, elle avait ce que je kiffais le plus chez une femme : Un fessier à damner un saint. Ou un gros cul qui débordait presque, tout simplement, haha ! Encore une citadine ou une fille du monde qui invitait à la débauche, rien qu’à mater ses formes envoutantes. Pas étonnant qu’elle me fasse penser à l’élue de mon cœur : « La deuxième, c’est parce que je savais d’avance que tu étais forte. Et assez grande pour te débrouiller, toute seule. HEIN QU’ELLE EST FORTE, MESSIEURS ?! » J’avais haussé le ton pour captiver et faire participer tous ces hommes qui mataient la borgne ; et ces braves gens, à la limite de baver, acquiescèrent et applaudirent même !

- « C’est beau, non ? Regarde tout l’engouement que tu suscites, héhé ! Maintenant, pour ce qui est du ca- »

- « VOUS N’AVEZ QUE TROP RAISON, AMIRAL FENYANG ! CETTE FEMME EST SPLENDIDE ! »


Une voix criarde m’interrompit alors que j’étais sur le point d’accepter volontiers l’invitation. Non pas pour la draguer forcément -En fait, j’avais une grosse flemme à l’instant T pour-, mais pour pouvoir papoter avec cette gosse et voir si je pouvais l’embobiner et l’enrôler dans la marine. Sauf que c’était sans compter l’arrivée d’un zigoto qui sortit de nulle part : Un beau gosse (Plus ou moins) bien fringué et entouré d’une multitude de sujets faisait son entrée dans le bar. Vu sa dégaine et la prestance qu’il dégageait, il n’y avait pas trop à réfléchir : Soit il s’agissait d’un bourgeois super riche, soit il s’agissait d’un prince d’une autre contrée, ou pourquoi pas même, de cette ile-continent. Tout était possible, probable et rien était à exclure. Alors que ses « sujets » dégageaient avec force tous les forbans, clients et employés et forbans qui se trouvaient à proximité, l’homme se rapprocha de la scène principale, armé d’un bouquet de roses -Rapide le bougre…-, avant de s’agenouiller tout juste devant l’albinos dont il chopa une main et appliqua un baisemain.

- « Votre force et votre beauté m’ont touché au plus profond de mon cœur ! Moi, Djahad Sawoud, Sultan de Rawhajpoutalah, demande humblement votre main, noble inconnue ! »


Carrément… Niveau caricature, on faisait pas mieux. Décidément, c’était ma journée !  Rawhajpoutalah était un tout petit royaume de Grand Line à l’image d’Alabasta, je crois. M’enfin, toujours est-il qu’on parlait d’un sultan, ce qui n’était pas un rien. Autour de nous, c’était l’admiration. Les gens avaient l’impression que le Djahad avait réussi son coup, tout ça quoi… Parce que franchement… Quelle femme pouvait refuser une telle déclaration ? Pour ma part, je finis par soupirer et vidai mon verre, avant de laisser la note sur la table et me lever enfin. « T’as du bol, gamine, vraiment. M’enfin, bonne chance. » Sans émettre un autre commentaire, je fourrai mes mains dans les poches de mon jeans, avant de me barrer, non sans avoir eu un dernier regard pour son auguste fessier, ma foi, plutôt aguicheur dans le genre. Une fois dehors et loin de cette comédie, j’allumais une clope. Je remarquai qu’Ashem ne m’avait pas suivi. Soit il était resté pour voir la suite des évènements, soit il voulait juste « valider » la serveuse qui lui faisait les yeux doux.

- « Ce gamin, halala… »

En regardant les alentours du bar bondé à cause de la demande en mariage tout ça, je remarquai enfin que les bandits avaient réussi à se barrer sains et saufs. Je haussai mes épaules, tirai une taffe de ma clope, avant de commencer à déambuler tranquillement dans les rues de la ville, laissant derrière moi une légère odeur de nicotine facilement reconnaissable. Je ne progressai pas bien loin puisque je tombai sur une scène de danse exotique, orientale devant un grand édifice. La mairie ou quelque chose de ce genre. Des musiciens jouaient de leurs instruments et faisaient danser de jeunes filles très belles en tenues légères. Un vrai régal pour les yeux. Vu qu’il n’y avait que peu de spectateurs, j’allai me poser pépère sur l’une des marches des grands escaliers dudit édifice. Le spectacle était magnifique, si bien que j’en oubliai instantanément mon frangin, la borgne aux airs de call-girl et le prince qui avait demandé sa main, sortie d’on ne sait où. Un gamin m’approcha avec un verre de thé que j’acceptai bien volontiers et que je commençai à siroter.

Elle n’est pas belle, la vie à Alabasta ?


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Sam 12 Déc 2015 - 0:42, édité 1 fois
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- Ô magnifique jeune femme, acceptez-vous de devenir ma fjhgrejoigeo-

Interrompant le mystérieux sultan dans son cirque odieux qui m'avait fait perdre de vue ma cible, je m'étais redressée de ma chaise en lui collant ma main dans le visage et en m'en servant comme d'un appui pour me relever. Autour de nous, la foule s'était précipitée de façon si instantanée et si massive que j'en étais restée interloquée, bloquée dans cette prison de chair et d'os, emprisonnée par les amas de corps qui se serraient les uns contre les autres et délimitaient parfaitement le petit cercle vide dans lequel se passait la scène de théâtre. Car oui, trois refus n'étaient visiblement pas assez pour faire comprendre au spécimen qui m'avait abordé que je n'étais pas l'une de ces potiches que l'on affiche dans son harem comme tant d'autres femmes orgueilleuses et avides de richesse, de prestige. J'avais donc espéré que profaner le royal faciès du sultan de l'obscur Rawhajpoutalah me sortirait de ce guêpier, m'ôterait cet insecte collant sorti de nulles part de mes basques et me permettrait de rechercher le Contre-Amiral avec son aura si étrange.

- Votre humilité n'a point lieu d'être, belle princesse aux cheveux d'argent ! Moi, Djahad Sawoud vous considère comme mon égale. N'hésitez pas à me retouch-

- Qu'est-ce que tu piges pas dans "Non, je ne vais pas t'épouser" ? J'ai autre chose à faire, lâche-moi. l'interromps-je une énième fois en espérant qu'il cesse de me suivre, mais sans réel succès.

- Votre opulente beauté n'a décidément d'égal que votre insaisissable caractère. Telle une étoile brillant dans les cieux pâles et sombres de la nuit. Telles les flammes qui rougissent dans l'âtre en se nourrissant du charbon perfide. Telle la pièce d'or perdue dans l'immensité des grains de sables composant le désert. Telle le vin chaud à la robe épicée et saisissante écoulé dans un simple gobelet de bois... monologue le bonhomme sans s'arrêter, sans ne même plus ouvrir les yeux, enchaînant prose sur prose la main tendue devant lui, donnant à mesure que je m'écarte plus de son spectacle devant la populace aux aguets.

Bref, l'instant parfait.

- Par là, Anna-chan, une sortie ! m'intime la voix enfantine dans mon crâne au moment où mes yeux découvrent une ruelle serpentant entre les bâtiments de l'autre côté de la rue.

Ni une ni deux je fends instantanément la foule et me faufile spontanément dans l'étroit chemin vide et sombre qui ne sent pas très bon. Pataugeant maladroitement dans la bouillie ocre résultant du mélange du sable et de substances liquides, j'évolue difficilement dans l'interstice de plus en plus réduit qui débouche ultimement sur une nouvelle allée, plus large, plus aérée et surtout loin de cette plaie de sultan.

***

- Comme on se retrouve. fais-je en surprenant légèrement l'officier.

Assis sur les marches d'un immeuble faisant face à la place de la mairie, dégustant des yeux la somptueuse manifestation de danseuses du ventre qui se produisaient en spectacle devant une audience réduite, l'homme s'était résolument perdu dans les courbes et les atouts des talentueuses orientales. C'était grâce à la musique environnante et aux rythmes des tambours portant aux loin que j'avais retrouvé sa trace ; enfin, concours de circonstances pas si anormal que ça étant donné la désinvolture et le dédain dont il avait fait preuve jusqu'à présent et qui trahissait une certaine lassitude. Lassitude qui l'avait visiblement poussé à traverser trois rues, tourner une fois à gauche, une fois à droite et atterrir ici, à moins de quelques centaines de mètres du restaurant.

Ce n'est pas la place qui manque sur les escaliers, je prends donc l'initiative et m'assois près du gaillard. Allez, refais-le, montre moi. Je veux savoir ce que c'est, je veux savoir comment tu le fais. Ça m'intrigue, ça semble puissant et je le veux, j'en ai besoin. Je sens mes yeux s'animer de cette parcelle de folie soudaine qui m'irrigue de temps à autres, alors que mes ambitions se creusent davantage dans ma quête absolue du pouvoir, pour servir, pour protéger, pour anéantir.

- Ça tient toujours pour le café. Oh va pas t'imaginer des trucs, je veux seulement savoir qui tu es et d'où tu sors. J'ai vu un coin sympa, là-bas, dans ce quartier tranquille plus en amont du fleuve, si ça te branche on y va maintenant ?


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 13 Déc 2015 - 15:24, édité 1 fois
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Je l’avais complètement oublié, celle-là. J’avais été tellement absorbé par les danseuses que je ne l’avais pas senti m’approcher malgré mon mantra. Elle était même plus que décidée, la meuf : Elle était tout simplement bornée. J’aurai pu éclater de rire à ses dires, mais je ne fis rien de tel. J’avais la flemme. En lieu et place, je me mis tout simplement à siroter mon thé assez sucrée -Un délice-, avant de reporter mes yeux sur la scène qu’il m’était donné d’apprécier. Sciemment, je laissai passer une ou deux minutes après ses phrases. Nous avions tout notre temps après tout. Ou tout du moins, j’avais et je prenais tout mon temps. Pour ce qui était de la jeune femme, je m’en fichais un peu. Si elle décidait de foutre le camp, je ne perdrais rien du tout. Par contre, j’étais étonné. Étonné de la voir dans le coin aussi rapidement, ce qui signifiait qu’elle avait clairement refusé la proposition de mariage du sultan. Pauvre gamin. Je le plaignais.

- « T’as refusé les avances foireuses de mon cadet et celles plutôt franches du sultan pour venir poser ton cul près de moi et me dire finalement que tu veux pas me le donner ? Eh bien… T’es plutôt difficile en matière d’hommes, toi… »


Je ne me plaignais pas vraiment, mais je soulevais un fait qui était véridique. La gamine était super compliquée. J’avais connu plusieurs femmes comme elle. Je pouvais m’évertuer à la draguer, ne serait-ce que pour l’avoir pendant une nuit dans mon lit, mais là encore, j’avais la flemme. Elle m’inspirait plus grand-chose sur le coup. Tout ça, c’était la faute du destin. Si seulement je savais où se trouvait Shaï, les femmes ne seraient plus une préoccupation pour moi. « Alheïri Salem Fenyang, contre-amiral de la marine et bientôt 40 piges. D’où je sors ? Du ventre de ma mère aux dernières news. » Sérieux, on n’avait pas idée de poser une question pareille. D’où je sors ? Conneries. Autant je pouvais comprendre qu’elle ne me connaissait pas malgré ma renommée plutôt grande, autant sa dernière question était complètement conne. Qui de nous deux ressemblait le plus à un étranger sur ces terres, dites-le moi franchement…

- « L’argent doit pas te motiver. Les marques de tes vêtements montrent que tu es super friquée. Vu tous les mecs que tu classes comme de la merde, ouais, d’accord, j’veux bien te croire, t’envoies pas ton cul en pâture. Du coup, il reste quoi… ? La puissance, c’est ça ? Ouais, ça doit être ça. Tu pues la soif de savoir. Mon intuition d’instructeur. J’ai connu pas mal de gens comme toi. Et du coup ? Tu veux que je t’éclaire sur quelque chose ? Que je t’entraine ? T’aurais été une marine ou, dans une moindre mesure, une gouvernementale que j’aurai accepté sans soucis. Ou presque, ouais. Mais là, qu’est-ce qui me prouve que t’es pas une pirate ou même une révolutionnaire ? Et puis, si c’est vraiment ce que tu cherches, j’y gagne quoi, moi ? Je veux bien venir en aide aux démunis, à la veuve et l’orphelin, mais toi, t’as pas l’air d’avoir besoin de mon aide, non ? Ah, et je bouge pas d’ici pour aller dans un autre bar. C’est mort. »

A mes yeux, c’était logique. Si elle ne voulait ni de mon argent, ni de ma b*te et ni jouir de ma popularité, c’est qu’il n’y avait que ma puissance qui l’intéressait. Mais qu’est-ce qui pouvait bien la motiver dans ce sens ? Je n’avais même pas fait montre de mes capacités. Qu’est-ce qui pouvait lui indiquer que… Wait. Tout d’un coup, je buguai. J’eus un blanc. Et rapidement, je me mis à repasser le film de notre rencontre dans ma tête. Dans le bar, j’avais été en mode radar. Mon mantra avait été effectif. Encore plus lorsque je lui matais le cul. Ce qu’elle avait bien senti d’ailleurs puisqu’elle s’était retournée vers moi pour me filer un rendez-vous sans se gêner. Dire que j’avais voulu accepter parce que j’avais cru qu’elle voulait s’offrir à moi. Oui parce que chauffer son derche après son affront m’avait paru être une excellente idée à la seconde ! Halala… Tout commençait petit à petit à s’emboiter dans ma tête.

Mais alors que j’étais à deux doigts de toucher mentalement aux ambitions précises de l’albinos, l’une des danseuses vint lui tendre une tenue de danse… Oui oui. On l’invitait à danser. Ce qui m’arracha un fou rire sur le champ !

- « PWAHAHAHAHAHA ! Vous fatiguez pas ! C’est pas une précieuse comme elle qui va s’abaisser à danser ! Je suis sûr qu’elle sait même pas remuer ses fesses ! »

Et là, je me remis à rire ! Non parce que son visage puait tellement l’arrogance, l’indifférence et tout que je ne la voyais pas accepter une aussi folle requête qu’elle devait certainement considérer comme les loisirs du bas peuple et tout. Ouais, j’en avais plein, des comme elles. Fades et extrêmement intéressantes. Y’avait que ses formes qui attiraient. Juste ça et rien autre chose, malheureusement. Devant mon hilarité, la danseuse fut déçue… Pendant quelques secondes. Mais n’en démordit pas. Et devant son insistance, je m’arrêtai de rire pour observer ce qui allait se passer. Tiens ! J’eus même une idée ! Si elle refusait de danser, je n’aurai qu’à refuser de l’aider ou d’assouvir sa curiosité à mon tour. Ça allait être marrant. Du coup, c’est un sourire amusé aux lèvres que je matai la borgne à côté de moi, tout en me remettant à fumer tranquillement, tandis que le petit garçon s’était rapproché avec un autre verre de thé.


A quelques mètres de là, vers le précédent bar…


- « Bouhoooooou ! Mamou, elle m’a refusé en mariage devant tout ce monde ! »

Le pauvre sultan, après s’être essuyé un râteau monumental, pleurait dans les bras de sa gouvernante. Une femme d’âge mur aux airs sombres, qui caressait maternellement la chevelure de son petit protégé.

- « Ne vous en faites pas, sa majesté. Cet affront sera lavé. »


Mamou eut un sourire mauvais. Oui. Cette albinos allait payer de sa vie…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mer 16 Déc 2015 - 1:54, édité 2 fois
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Perversion, décadence, machisme à peine dissimulé et une forte tendance à l'humour douteux. Le fait que cet homme possédait un pouvoir sur lequel avait spontanément rebondi mon instinct, comme si je tenais l'autre bout du fil, n'avait fait qu'augmenter ma frustration et ma déception à son égard. Devais-je continuer à l'approcher ou bien m'en aller en le laissant là, gros-jean comme devant et ne pas répondre à ses inepties ? Car mon corps, c'était bien ça qu'il voulait, vu le nombre de remarques qu'il faisait sur mes fesses à la seconde, ce mot qui avait trop tendance à revenir de nombreuses fois dans l'étroitesse du vocabulaire qu'il m'avait accordé jusque là. Je l'avais observé suite à cela, dédaigneuse, les lèvres pincées. Mes courbes charnues, s'il les désirait, il fallait qu'il s'en donne la peine, qu'il me donne quelque chose en échange, ce quelque chose que je désirais, ces réponses à mes questions, cette soif d'en savoir plus sur ce pouvoir qu'il avait dégagé à ce moment là, ce pouvoir tout simplement. Plongée dans cette introspection, je ne remarque pas l'une des jeunes femmes en tenue légère s'écarter de la piste pour s'approcher de moi.

- Vous avez le joli corps ! Vous venir danser. Danser avec nous ! intervient subitement la danseuse, dans une exclamation aux emphases étrangères, tout en me saisissant le bras.

- Hein, quoi ? Danser ? Non. réponds-je impulsivement.

Cette interruption vient pourtant interrompre mes pensées, m'arracher à la contemplation du vide me séparant du dénommé Alheïri. Celui-ci en profite d'ailleurs pour, à ce qu'il me semble, me mettre au défi.

- PWAHAHAHAHAHA ! Vous fatiguez pas ! C’est pas une précieuse comme elle qui va s’abaisser à danser ! Je suis sûr qu’elle sait même pas remuer ses fesses !

Instinctivement, transportée par l'acidité des paroles du Marine, je fais volte face pour vriller mon œil dans son regard. Il sourit, goguenard, perfide et pervers, en attente de ma décision. Pourtant il connait ma réponse et il est hors de question que j'aille m'exhiber de la sorte, que je remue mon corps de façon lubrique à l'instar des jeunes femmes sur l'estrade devant nous. Sauf qu'au moment où j'ouvre la bouche pour émettre ma négation, une impression étrange me parcourt comme un frisson. Le regard toujours posé sur le Contre-Amiral, la situation semble se détacher l'espace de quelques secondes. Une sensation étrange dans mon crâne vient subitement figer les éléments extérieurs dans une sorte de bokeh encadrant ma perception, là où mon œil et mes oreilles se concentrent, aveugles et sourdes à tout autre élément que celui sur lequel je reste rivée. Et comme pour détailler un vérité inconnue, le fruit d'une observation relevant d'une sorte d'empathie exceptionnelle, d'une télépathie, une voix dans ma tête se met à décrire ce que comprend mon troisième œil.

- Ce n'est pas juste un défi, Anna-chan. Mets ton égo de côté et va danser, il te dira tout ce que tu veux savoir ensuite.

Clac.

Wow. Un claquement de doigt me fait revenir à la réalité, tandis que la danseuse s'acharne désormais à me tirer sur le bras pour m'emmener avec elle. Que vient-il de se passer, dois-je croire la gamine, comment sait-elle tout ça ? Légèrement étourdie, le regard à la fois perdu mais alerte, je me détache des marches pour faire face à la danseuse.

- C'est d'accord. dis-je tout en faisant un premier pas avant d'être stoppée par une main délicate sur ma poitrine.

- Pas avec les habits comme ça !! Vous devez les changer, mettre les vêtements plus légers.

Peinant à déchiffrer sa demande, je finis par la dévisager avant de tourner des yeux ronds comme des soucoupes à l'égard d'Alheïri dont le regard approbateur et affamé me laisse comprendre qu'il n'en laissera aucune miette. Délaissant à contrecœur mes vêtements derrière moi, je me précipite finalement en petite tenue sur le devant de la scène, affublée d'accessoires orientaux nécessaires au spectacle. Un long silence glacial règne alors sur la place, un drôle de sentiment me bloque la trachée. Et tandis que les musiciens font courir leurs doigts et leur voix à travers les instruments qu'ils manient si habillement, voici qu'une nouvelle chanson commence...



Peinant à me mettre dans le bain, j'essaye de me remémorer les quelques rares instants de ma vie où j'ai pu apprendre des pas de danse... mais me rends rapidement compte que c'est totalement vain. N'ayant pas eu l'opportunité de jeter un œil aux autres "ballerines", je remarque que les mouvements sont principalement des déhanchés voluptueux mettant en valeur les courbes parfois discrètes, parfois opulentes de mes voisines. Sous son voile transparent couvrant le bas de son visage, la femme qui m'a amenée dans ce piège honteux essaye pourtant de me donner des indications en voyant mon embarras.

- Bougez le corps gauche vers droite, comme le serpent. Levez le bras, ond... ondalez... ondulez ? Oui, ondulez le bassin, comme si il était la vague. Là, voilà...

Et alors que la donzelle aux cheveux bruns et à la poitrine gracieuse continue à me parler, à m'indiquer la marche à suivre du mieux qu'elle peut tout en effectuant les gestes, je commence à me sentir vibrer sur le rythme de la musique. Semblant se disloquer, mon corps réagit d'un côté aux battements des percussions et d'un autre à la mélodie des instruments à vent, produisant un spectacle rare et m'amenant à faire le vide. Je sens mon esprit s'étendre alors, ma bulle s'agrandir et en rencontrer d'autres, dont celle que je reconnais immanquablement comme étant celle du Contre-Amiral. Quel est ce pouvoir ?

- Je les entends Anna-chan, les spectateurs, je lis dans leurs pensées... Je sens aussi la présence de l'homme pervers, tu as réussi à capter son attention, à l'intéresser, à l'intriguer. Ah ! J'en vois d'autres, ils te cherchent, ils vont pas tarder à arriver. Il faut partir, maintenant !

Un dernier déhanché habile signe la fin de la chanson. Je l'ai fait. Sous les applaudissements du public, je m'évade sans perdre plus de temps pour retrouver l'homme sur les marches et enfiler mes vêtements à la hâte.

- Le spectacle t'a plu ? Tant mieux, il faut qu'on y aille. Ils arrivent et je n'ai pas spé...

Merde, j'en ai trop dit. L'officier fronce les sourcils, stoïque, muet ; il est au courant, il m'a repérée avec son aura, avec ce voile étrange qui semble l'envelopper et que moi seule peux voir. Et s'il sait parfaitement pourquoi je veux lui parler désormais, il devrait deviner aussi qu'il vaut mieux ne pas faire de vieux os ici.

- Écoute, je sais pour ton aura et je veux en discuter, je veux savoir pourquoi et comment. Mais j'ai pas spécialement envie de rester plantée là et attendre que les hommes du sultan arrivent pour foutre le grabuge. Tant pis pour le café, direction l'hôtel.

Et sans attendre plus longtemps, voilà que j'enserre ma main gauche autour de son poignet et le traine jusque dans la Grand Voie pour retrouver en courant à travers la foule le chemin de l'auberge. En espérant secrètement qu'il ne voie pas ça comme une tentative de l'amener dans mon lit...


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 13 Déc 2015 - 15:26, édité 1 fois
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Oh putain…

Mon défi grossier avait marché. La meuf avait été piquée au vif par mes moqueries et était partie danser. Là, je ne vous raconte pas la gueule que j’avais arborée. Pantoise. Une vraie tête d’abruti tout d’abord. Je demandai au gamin proche de moi de me pincer ce qu’il fit avec plaisir, avant que je ne me rende compte que celle qui se dandinait devant un bon nombre de personnes n’étaient autre que la gamine à la chevelure argentée. Putain de bordel de merde ! Et dire que je la pensais incapable de s’abaisser à une telle pratique, à faire preuve de tant de sureté et de sensualité ! Mal m’en a pris. Là, elle me bluffait carrément. J’avais même récupéré la tasse de thé que j’avais failli renverser sur mon pantalon. La surprise avait fait place à l’admiration. Et l’admiration, elle faisait clairement place à l’envie. Il en fallait peu pour attirer ma curiosité et titiller ma libido. Maintenant, j’étais prêt et disposé à lui faire la cour. Enfin non. A lui faire du rentre-dedans tout court. Vu comment je lui avais parlé, il n’était pas nécessaire de faire semblant de la draguer tel un gentleman ou un homme bien sous toutes ses coutures. Le paradoxe qui en découlerait ne ferait que l’exaspérer ou la tordre de rire… J’avais pas envie d’inspirer de la pitié, faut pas dec’.

- « Hein ? Que quoi… ? »

J’étais tellement absorbé par mes pensées lubriques que j’avais pas remarqué ce qui se tramait autour de nous. L’air était vicié par des envies de meurtres. Leurs présences étaient tellement flagrantes que la situation était presque marrante. Mais avant même de me poser la question de savoir de qui ils s’agissaient et contre qui ils en avaient, la gamine me prit au dépourvu et me tira à sa suite. Oui, j’avais froncé les sourcils. Oui, je m’étais tu. Et oui, je l’avais suivi en commençant à comprendre peu à peu ce qu’elle recherchait en moi. Ça coulait de source maintenant. Le mantra. Sa sensibilité et ses hypothèses me le confirmaient. Elle devait être en train de le découvrir. Que c’est mignon… Encore plus que son postérieur qui dandinait devant moi alors que nous étions en pleine fuite. Mais pourquoi d’ailleurs ? C’est elle qui avait foutu la merde non ? Pas moi… M’enfin… Vu que la petite m’intéressait maintenant, je l’aurai mauvaise si le sultan avait la mauvaise idée de se venger en la séquestrant ou en essayant d’attenter à sa vie. Du coup, je la stoppai brusquement, la retournai vers moi, passai l’un de mes bras musclés autour de sa taille, avant de me pencher vers elle pour lui voler un baiser et lui rouler une pelle digne de ce nom. Bien langoureuse, tout ça quoi.

Et il dura quoi ? Une minute ? Deux ? Peu importe. Dans ce genre de moments, on n’avait pas la notion du temps…

Autour de nous, c’était un peu l’admiration, vu que nous étions au beau milieu d’une grande voie grouillant de monde. Ce n’est d’ailleurs que lorsque je sentis les « hommes » du monarque reculer et rebrousser chemin que je rompis le baiser. Mon regard vairon en disait long sur mon aura. A la fois lubrique, virile imposante et décidée. La gosse pouvait le sentir. Si je ne faisais qu’admirer des yeux, j’étais maintenant prêt à employer les grands moyens pour faire d’elle ma maitresse, même le temps d’une nuit. Passer à côté d’un tel popotin me ferait mal, sérieux. « Ah… Désolé poupée… C’est que j’pouvais pas me retenir. C’est plus fort que moi quand une belle fille me plait sérieusement. » Là, j’étais sincère. Je la voulais. Mon visage avait perdu son air blasé. Remplacé par une mine intéressée, souriante. Sa danse avait suffi à me tourner la tête. Ceci étant dit, le baiser avait eu du bon. Préciser mes intentions et repousser momentanément les agresseurs qui lui voulaient du mal. Maintenant que je l’avais embrassé, la donne changeait : Ils n’avaient plus une seule cible, mais deux. J’étais dorénavant embarqué dans cette affaire. Sauf que voilà, un contre-amiral, ça ne se tuait pas aussi facilement. Ils en étaient conscients, d’où leur repli stratégique sur l’instant.

- « L’hôtel,  hein ? Pourquoi pas ? J’ai une chambre là-bas, c’est parfait. »


Oh, je ne me faisais pas d’illusions. La pauvre petite chose ne voulait pas se faire tringler comme une pauvre paumée, mais l’idée de l’emmener dans un tel endroit me faisait presque trépigner. Cette fois, c’était moi qui l’entrainais vers le lieu, mais pour les mauvaises raisons. Lorsque je sentis un récalcitrant parmi les meurtriers qui nous suivait encore, je portais une main aux fesses de la gamine que j’empoignais bien fort. Comme si je l’avais deviné, le tueur s’évanouit aussitôt dans la nature. Il avait dû penser que nous l’avions fait exprès et voulait être sûr que j’avais l’albinos pour moi. Plutôt intelligent le bougre. Dans quelle merde j’m’étais fourré pour cette belle inconnue ? A cette dernière d’ailleurs, je n’allais rien dire du tout. Elle pouvait penser que je la pelotais gratos -ce qui était à moitié vrai-, mais je ne me cacherai derrière aucun prétexte. J’étais un mec moi, un Homme avec grand H. Les dragues à deux balles et les promesses connes, c’était pas pour moi. Malgré la situation qui se profilait, je voulais clairement la niquer. Pauvre femme. Une longue soirée l’attendait, vu le soleil qui se couchait doucement à l’horizon. Beau tableau d’ailleurs. Que j’aurai pu mater avec elle, mais non. Je n’étais pas vraiment d’humeur romantique là…


Quelques minutes plus tard…

- « Alors alors… Il y a trois types de pouvoirs que seuls les grands ce monde peuvent développer… »

Nous étions enfin dans ma suite. Une suite avec tout ce qui allait avec. J’aurai pu l’avoir envoyé direct dans mon lit, mais j’ai préféré le salon tout d’abord. Mieux valait ne pas brusquer l’enfant. J’avais un verre de vin à la main, torse-nu, tout ça. Maintenant que ses poursuivants revoyaient leurs plans, nous avions encore du temps, de la marge. Je lui brossai donc un tableau complet du haki, de ses déclinaisons et enfin… Celui qu’elle était en train de développer sans s’en rendre bien compte. « Pas étonnant que tu entendes des voix ou que tu sentes les intentions de ceux qui t’entourent et qui ont une forte volonté. Généralement, c’est chiant au début, mais si tu apprends à maitriser le haki de l’observation, tous ces effets gênants s’envoleront vite fait. Ça doit être pour ça que tu as dû sentir mes envies peu catholiques. J’étais si porté sur tes fesses que ça, eh ? » J’eus un rire. Qui l’eut cru ? Le mantra couplé à son intuition féminine formait un cocktail explosif. Avec le recul et l’excitation redescendue quelque peu, je me rendais compte à quel point la situation était en elle-même une vaste blague. Dire que notre embrouille était partie d’un rien. Mais d’ailleurs, pourquoi la poursuivait-on ? Pour un simple refus ? Non… Il y avait un truc en dessous…

- « Je te cache pas que j’ai envie de coucher avec toi pas plus tard que maintenant, mais je vais mettre mon envie de côté pour le moment. Et donc ? Qui es-tu ? N’essaye pas de mentir, je le saurai. Tôt ou tard. Suffit que je balance ta photo à des copains de la marine ou du gouvernement pour qu’ils me sortent tout. Ah et… Qu’est-ce que t’as bien pu foutre à ce pauvre sultan pour déclencher sa colère ? Ils ne vont pas lâcher le morceau, et maintenant que je suis moi aussi engouffré dans ta merde, faudrait que tu me racontes tout. »

Là, j’étais sérieux. Et cela se voyait à mon visage un peu ferme.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Sam 12 Déc 2015 - 0:50, édité 1 fois
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Le haki de l'empathie qu'il disait, une sorte de pouvoir plutôt rare qui permettait plein de trucs extraordinaires avec une bonne dose d'entrainement en amont. Empathie, empathie... ce n'était pourtant pas un mot que je pouvais facilement retrouver dans mon vocabulaire, on ne pouvait pas dire que c'était quelque chose qui me caractérisait, l'empathie. Assise sur l'un des nombreux canapés faisant face à mon interlocuteur, j'ouvrais grand les esgourdes tout en tâchant de conserver un écart important entre lui et moi. Interpellée par ses réactions vives et lubriques, j'avais du mal à me remettre du "baiser" avec lequel il m'avait littéralement violé les muqueuses ou encore de ses régulières mains baladeuses ; ce n'étaient pas le genre de choses que je supportais facilement, le genre de choses requérant des efforts pour que mon poing ne se retrouve pas instantanément au milieu de sa figure. Et j'avais bien fait de m'en garder, au final.

- Tu veux dire que j'ai développé ça suite à une sorte de traumatisme ?

Hmm, oui, ça se tenait. Si on pouvait considérer mon combat contre Craig et tout ce qui s'en était suivi comme traumatisant, alors il semblait évident que cette suite d'impacts émotionnels avait sans doute agi comme un interrupteur pour cette étrange capacité. Malgré tout, l'exploration des conditions de développement dudit haki restait tout de même une chose mystérieuse que le pervers semblait totalement incapable de m'expliquer, c'était plus à considérer comme de la "magie du corps" ou comme un "pouvoir inhérent" résultant d'une sorte de dépassement de soi. Dans tous les cas je demeurais perplexe, concentrée sur les pensées qui circulaient dans ma tête à ce sujet, sur l'ambition d'être amenée à contrôler un tel pouvoir et puis capable de l'exercer au moins aussi bien que mon informateur le faisait. Pendant plus d'une demi-heure, le gaillard s'était appliqué à entrer dans ma tête et lire dans mes pensées ou bien à prédire le futur imminent à proximité, comme l'intervention d'une femme de chambre venant toquer à la porte par exemple. Et puis, de fil en aiguilles, le sujet avait finalement changé pour devenir moins perspicace, plus cru.

- Je te cache pas que j’ai envie de coucher avec toi pas plus tard que maintenant, mais je vais mettre mon envie de côté pour le moment. Et donc ? Qui es-tu ? N’essaye pas de mentir, je le saurai. Tôt ou tard. Suffit que je balance ta photo à des copains de la marine ou du gouvernement pour qu’ils me sortent tout. Ah et… Qu’est-ce que t’as bien pu foutre à ce pauvre sultan pour déclencher sa colère ? Ils ne vont pas lâcher le morceau, et maintenant que je suis moi aussi engouffré dans ta merde, faudrait que tu me racontes tout.

Qui je suis ? Cette seule question semble poindre assez tardivement dans son crâne, succédant cocassement à l'expression de son désir de m'avoir dans son lit. Décidément, l'énergumène a ses priorités.

- Elizabeth Butterfly, détective privée. Fais des recherches auprès du gouvernement si tu veux, mais mon petit doigt me dit que tu n'iras pas jusque là.

Je laisse un petit moment de silence au bonhomme pour digérer l'information, histoire qu'il se fasse un petit scénario dans sa tête pour essayer de s'imaginer ce qu'un détective privé viendrait fiche dans le coin. Et à vrai dire, la réponse était tout simplement rien, puisque autant en tant qu'agent que détective, aucun prétexte ne couvrait ou n'expliquait ma présence sur l'île, c'étaient de simples vacances tout ce qu'il y avait de plus banal.

- Quant à ce que j'ai bien pu faire au sultan... je suppose que toucher et repousser son royal visage en guise de refus n'a pas du passer inaperçu.

En réponse à ma réplique, le gusse lâche une moue admirative, la bouche entrouverte et la langue collée sous la lèvre inférieure tout en hochant la tête comme de pour jauger la situation. Ce n'était pas tant le fait d'être poursuivie par des hommes armés qui m'effrayait que de devoir attirer l'attention en provoquant du chahut sur cette île, où, au final comme le compère me l'avait fait remarquer quelques instants plus tôt, le Gouvernement Mondial n'avait pas sa place. Ainsi donc, toute action effectuée ici ne pouvant être effacée ou alternée, il me fallait donc agir avec beaucoup de circonspection.

- Loin de moi l'idée de t'embarquer là-dedans, même si on dirait que tu l'as déjà très bien fait tout seul. Bien que ces types me collent au derche, j'ai pas vraiment dans l'esprit de me battre avec eux. Si ce sont de simples limiers, c'est pas ta petit scène de tout à l'heure qui suffira à les repousser, ils reviendront à la charge plus nombreux. Oh, ça je m'en fiche, si seulement j'avais l'appui des locaux pour les dézinguer sans créer d'incident diplomatique, mais c'est pas trop le cas. Maintenant que tu baignes dans le coup, la Marine est aussi concernée.

N'ayant pas spécialement envie de coller une plus mauvaise réputation aux instances du Gouvernement Mondial dans le coin, mon assentiment se fait donc facilement comprendre. Tapotant des doigts sur l'accoudoir du sofa, je dévisage mon hôte tout en songeant à un moyen de me dépêtrer de ce pétrin. Bien évidemment, il est toujours possible de m'en aller comme une voleuse avec ces maigres informations, de me fondre dans la masse jusqu'au port pour attendre la prochaine escale de la translinéenne. Mais l'idée d'avoir l'occasion d'en apprendre plus à propos de ce fameux Haki de l'Empathie auprès du spécialiste ici-présent me pousse tout de même à rester et à braver les ennuis qui se profilent au loin. Alors, une idée me traverse l'esprit à ce sujet et le sourire en coin, je rajoute finalement.

- C'est pas comme s'il y avait des rivalités entre Alabasta et Rawhajpoutalah, n'est-ce pas ?demandé-je tout en remarquant le froncement de sourcils soudan de mon interlocuteur, avant d'enchaîner. Tu n'as pas envie de savoir ce qu'un sultan d'un pays voisin fiche ici ? L'appel à des forces armées sur un territoire étranger ne te semble pas curieux ? Pour moi, la situation semble propice à une petite enquête...

Et si Djahad Sawoud tenait tant que ça à me chercher, il allait me trouver. Car si cela pouvait bénéficier au gouvernement mondial dans la une des journaux d'Alabasta, ça n'en serait que mieux pour raffermir les relations diplomatiques. Mentalement, je vois déjà les gros titres propagandistes défiler devant mes yeux : "Elizabeth Butterfly, la détective privée œuvrant pour le Gouvernement Mondial et le Contre-Amiral Fenyang, héros d'Alabasta." Face à cette nouvelle perspective et le profilage d'une nouvelle mission plus officieuse qu'officielle, je ne dissimule pas davantage mon sourire mesquin, goguenard.

- Je vais donc retourner à ce restaurant et me laisser capturer s'ils me tombent dessus. Mais avant ça je veux savoir : est-ce que tu es de la partie ?


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 13 Déc 2015 - 15:26, édité 1 fois
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- « J’suis de la partie, ouais, mais, t’es une marrante toi. Que tu t’appelles Elizabeth, ça j’peux pas l’infirmer, mais détective privée… Mon Dieu ! »

Et là, j’eus un fou rire. Carrément. Qui dura au moins deux à trois minutes. Je m’étais plus ou moins contenu pour la laisser finir de bavasser, mais il avait fallu que ça sorte vu comment ça urgeait. Au bout de ces éclats de rire, j’eus même une quinte de toux passagère. C’est dire à quel point j’étais comique. Je venais de lui donner des explications sur le mantra et des avertissements, mais elle avait quand même trouvé le moyen de mentir. Ah, ces femmes de leurs temps… J’en pouvais juste plus ! Que croyait-elle ? Que j’étais né de la dernière pluie ? Une détective privée sensée faire profil bas et qui ose foutre la honte à un monarque en plein public sans se soucier de ses arrières ? On aura tout vu dans ce monde, sérieux ! D’ailleurs, si elle tenait à savoir ce que ce prince foutait ici, pourquoi n’avait-elle pas accepté ses avances ? Le rôle de concubine n’était-il pas une assez bonne couverture pour ce faire ? Sérieux… Y’a un truc qui tournait pas rond chez cette gamine. J’avais éclaté de rire ouais, mais après, derrière, je restais sérieux. L’albinos titillait mes sens. Et j’avais la nette impression qu’une fois de plus, j’allais m’impliquer personnellement dans les affaires de ce pays. De toute façon, étant citoyen d’Alabasta…

- « M’enfin… Elizabeth… Tu veux retourner à ce restau ? Pourquoi pas ? Mais pas ce soir. Ça ne marchera jamais. Les gars ne sont pas cons pour t’attaquer aujourd’hui même. Surtout qu’ils imaginent que je suis ton amant. Nfufufufu ! »


J’eus un petit rire moqueur, cette fois. J’avais les chevilles qui enflaient, mais je n’avais pas forcément tort. Les faits sont ce qu’ils sont : J’étais craint. Ma présence gênait alors et l’assassinat de cette prétendue détective ne pouvait pas se faire comme ça, à la hâte. Cette logique me rappela que le dernier gars qui nous suivait de près était plutôt « costaud » dans le genre. Sans doute un leadeur. Il avait dû ordonner le repli de ses troupes pour essayer de s’occuper de la situation lui-même, mais il avait sans doute jugé la prise de risque trop grande avec ma présence. Donc, j’étais même connu jusque dans les contrées de Rawahjpoutalah ? Un honneur ! Mais maintenant que je voulais péter le cul de cette prétentieuse assise devant moi, il n’y avait pas moyen qu’ils lui touchent un seul cheveu. Et puis, quelque part, la borgne n’avait pas tort, hé. « Ceci dit, je rigole, je rigole, mais tu marques un point. Ces présences ne sont pas normales… » A partir de cette phrase, je l’ouvris encore. Je n’étais pas avare en informations et je ne craignais pas non plus cette gosse en face de moi. Je lui expliquai en détails les relations conflictuelles entre Alabasta et Rawahjpoutalah, avant de virer sur le fameux traité de paix entre la reine Vivi et le sultan Djahad.

- « Il n’a droit qu’à sa garde personnelle, ouais. D’où le fait que toutes ces présences ne sont pas normales. Mais ça, tu l’aurais su toute seule si tu étais vraiment une détective privée. Une telle info sue de toute la populace, hé. D’ailleurs, détective au compte de qui ? »

Encore une fois, petite pique bien placée et sourire goguenard rendu avec tous les intérêts qui allaient avec. On n’apprend pas la grimace au vieux singe. Mentir, je savais le faire également. Surtout raconter des bobards aux femmes pour avoir ce que je voulais. De toute façon, j’allais bien savoir qui elle était. La vérité finissait toujours par éclater. Une maxime vérifiée depuis longtemps. « Pour la petite ruse du café, je te propose de la reporter à demain. Vu que le traité est dans deux jours, Djahad se promènera une dernière fois dans les rues du coin, j’en suis sûr. A ce moment-là, tu t’excuseras et t’accepteras de jouer le jeu de l’amoureuse. Ça t’évitera déjà de te faire trucider, parce qu’il n’est pas dit que ses hommes préfèreront faire de toi une captive. » Surtout dans un pays qui n’était pas le leur, logique. A moins que le sultan lui-même ne leur ordonne de la retrouver pour la couvrir de cadeaux, histoire de l’amadouer. Ça me paraissait plus probable. Disons-le comme ça. Mais au final, c’était à elle de décider vu qu’il s’agissait de son cul et non du mien. En attendant, je matais ses jambes qu’elle avait croisées et qui montraient un peu de ses cuisses pleines. Sans m’en cacher d’ailleurs. De toute façon, elle savait que je voulais la foutre dans mon pieu.

- « Et si tu venais prendre un bain avec moi ? Autant passer la soirée ensemble, Elizabeth… »

Sur cette phrase, je me léchai les lèvres. Pas étonnant que le sultan ait été sous le charme. On n’a pas idée d’ignorer une bonasse pareille !
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L'eau était tiède et moussait abondamment ; venant caresser doucement mon épiderme, les vaguelettes créées par ma rapide immersion dans l'eau thermale venaient rencontrer ma peau fraiche encore émergée. Profitant de la largeur de la baignoire, j'étendais les jambes jusqu'à me retrouver avec la tête seule en dehors de l'eau, enfouie sous les nuages laiteux qui maculaient la surface aqueuse. Cela faisait plusieurs jours que je profitais de ce confort touristique douillet et je ne m'en lassais pas, notamment les bains qui manquaient bien souvent lors des missions. Je me souvenais encore du moment où j'avais mis pied à terre, poisseuse après les jours passés à bord du sloop qui m'avait emmenée jusqu'à Alabasta. A bord, la toilette se faisait dans une petite salle d'eau où l'on trouvait seulement un bac d'eau de mer froide, une éponge et un savon gras et malodorant pour devoir répondre aux besoins des passagers.

- Drôle de journée...

Je me laisse couler encore un peu plus profondément avant de faire un aller-retour sous l'eau pour en sortir presque immédiatement, les cheveux collés sur mes tempes, dévoilant à l'air libre mon corps jusqu'à la taille. Découvrant sur ma droite des fioles de shampoing, je les saisis et les apporte une à une jusqu'à mes narines pour en déceler le parfum, avant de me décider pour celui à l'amande et frotter énergiquement mes cheveux pâles avec avant de replonger à nouveau pour les rincer. Quelques minutes plus tard, après m'être entièrement savonnée et nettoyée, débarrassée de ce sable entêtant qui vient se glisser sous les vêtements et coller à la peau, je m'enroule donc dans une gigantesque serviette avant de déverrouiller la porte de la salle de bain et m'aventurer dans le couloir de la gigantesque suite présidentielle.

Même si je ne comptais pas rentrer chez moi, j'avais une certaine chance dans l'idée que l'appartement possédait deux chambres et donc deux lits bien distincts. Même si finalement prendre le canapé ne m'aurait pas dérangée non plus, je ne me serais absolument pas vue devoir coucher avec l'arriviste pervers de première qui n'exprimait d'autre souhait que celui de me raffermir les miches. C'est donc en arrivant dans la pièce que je considère comme m'étant allouée que je ferme la porte derrière moi avant de laisser tomber la serviette et commencer à parcourir des yeux le contenu des armoires en espérant y trouver de quoi m'habiller. Alors que mes mains rencontrent principalement de la lingerie masculine, je me rends progressivement compte que je me suis vraisemblablement trompée de porte. Alors, figée comme une statue, je biaise doucement le regard vers le lit au centre de la pièce pour y découvrir l'énergumène, allongé, immobile, les yeux étrangement grand ouverts, un sourire pervers glacé sur les lèvres.

- Ah... merde. fais-je donc après quelques longues, très longues secondes de silence.

Il fallait bien que ça arrive, comme toujours, une nouvelle fois mais pas la dernière, plus ça allait et moins mon corps n'avait de secret pour les hommes que j'étais amenée à côtoyer. Et si de rares fois cela pouvait relever de relations intimes, la plupart du temps il s'agissait d'une étourderie qui m'amenait à dévoiler involontairement une partie de mes courbes au public masculin trop facilement conquis. Sans faire plus de cas donc, sans exprimer le regret ou la honte comme l'aurait probablement fait une donzelle normale, prude et non pas une agente du Cipher Pol habituée à la frugalité et aux pièces communes, je m'écarte de l'armoire pour saisir ma serviette à terre, la renouer et laisser derrière moi un condensé de testostérone puis prendre l'autre porte et arriver dans la seconde chambre. Là enfin, je retrouve des vêtements propres adaptés à ma féminité que j'entasse sur une chaise avant de me vautrer dans mon lit et de m'enrouler, nue, dans mes couettes pour m'endormir au bout de quelques minutes.

***

- On est plus très loin, espérons que le Sultan soit toujours dans le coin.

Il était aux alentours de dix heures et pas mal de monde circulait déjà dans la rue. C'était samedi, jour de marché et l'avenue principale de Nanohana était si bondée que nous avions dû emprunter les petites rues crasseuses et malfamées adjacentes pour arriver jusqu'aux quais. De là, nous avions longé la côte jusqu'à ce que le restaurant soit à portée de vue. Et donc après avoir informé mon coéquipier du moment que nous étions à proximité du lieu où j'espérais de tout cœur retrouver le souverain et sa bande de petits copains, je me voyais obligée de claquer des doigts devant son nez pour ramener son attention sur terre.

- Tu me reçois ? On y est presque, il va falloir réfléchir à comment on va s'organiser. C'est plus le moment de rêv...

Mais avant que j'aie terminé ma phrase, rebelote, le voilà encore avec le regard perdu dans le vague. L'espace d'une seconde, je crains de soupçonner la destination de ses pensées, mais au lieu de piquer un far, je décide de réfléchir en solo à un moyen de poursuivre l'enquête chacun de notre côté. Car il allait de soi que je ne pouvais me présenter dans le rôle de l'humble concubine que je me devais de jouer au devant du Sultan avec le peloteur de miches à mes côtés, ça n'était tout bonnement pas possible, quand bien même le type pouvait être naïf. Il me fallait aussi trouver une excuse pour justifier le baiser de hier après-midi dans la rue : probablement jouer sur la réputation probable du gros pervers et l'accuser de m'avoir emmenée sans mon consentement et tutti-quanti ? Peu importait pour le moment, ce n'était pas ça le plus important, mais l'instant présent, la séparation.

- J'ai cru comprendre que le Sultan logeait au palais royal à Alubarna, si tout se passe bien donc c'est là-bas que j'irai lorsque je serai en sa compagnie. Je suppose que de ton côté tu peux aller fouiller du côté de la famille royale et essayer d'apprendre des trucs ?

Ouais, pas terrible comme plan, entre se jeter dans la gueule du loup et aller faire du rien avec la famille royale, fallait pas être un génie pour voir que j'étais pas très inspirée. Néanmoins, avec le peu d'éléments qui rendaient cette affaire véritablement suspecte, on ne pouvait pas aller bien loin pour l'instant. Et si réellement tout était en règles, je ne perdais rien à faire la court à l'autre gusse puis à me casser subitement en prenant le premier navire venu. Mais mon instinct me trompait rarement et l'aura que j'avais pressentie lorsque les hommes de main du sultan s'étaient mêlés à la foule lors de mon show de danse du ventre me confortait sur cette piste. Ces gens là n'étaient pas des diplomates.

- Bon allez, voilà mes coordonnées si tu as besoin de me contacter. Je vais voir du côté du restaurant et essayer de retrouver le gusse. A plus.

Et à ces mots, me voilà déjà partie, entrainée par la foule qui s'élance et qui danse dans le chahut total du marché qui me sépare de la terrasse.

C'est finalement au bout d'une vingtaine de minutes après le dispatching que je rencontre finalement mon destin. Manœuvrant pour essayer de faire quelques mètres devant les étals remplis à craquer de marchandises juteuses, farineuses, fruitées, je piétine malgré tout comme une idiote entre une mule qui me colle au dos et une petite bonne femme qui n'a pas la force de s'imposer devant moi. Immobile au bout d'un moment, c'est avec surprise qu'une main vient me saisir instantanément l'épaule.

- Toi... grogne une voix anonyme que je discerne rapidement comme celle d'une femme d'âge mur au visage en lame de couteau et aux cheveux blonds coupés en carré plongeant.

Accompagnant le geste à la parole, l'horrible bonne femme me reluque de façon malsaine et semble sur le point de m'égorger vivante avant que le sultan n'arrive dans son apanage blanc et que la nana se rétracte presque aussitôt pour se camoufler dans l'ombre de son souverain. A nouveau, la scène se répète alors que le torrent de la foule s'ouvre précipitamment en deux pour laisser de l'espace au spectacle et que les riverains s'immobilisent autour de nous dans un silence inquiétant.

- Oh, mais si ce n'est pas la magnifique miss aux cheveux immaculés d'y hier ! Votre départ m'a véritablement troublée mais voici que je vous retrouve, c'est le destin. Avez-vous reconsidéré ma proposition ? chantonne-t-il donc en me prenant la main et en la baisant fugacement.

Erk, tactile. Mais la chance me souriait et j'avais bien de la chance que l'homme soit aussi entêté et naïf que romantique. Et à mon tour, j'écarte les lèvres pour dévoiler mes quenottes blanches tout en effectuant une légère révérence, feintant la joie la plus totale. Et alors que je commence à manifester ma réponse, je vois soudain le visage de l'horrible guenon cachée dans les plis de la robe du roi devenir blafard, puis rouge, puis jaune, dans cet ordre précis.

- Oui mon prin... mon sultan. J'accepte avec joie.
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Je ne pensais pas qu’elle m’aurait évité de la sorte, très franchement. J’avais dit « un bain avec moi », mais elle m’avait royalement ignoré pour aller se doucher toute seule, comme une petite peste. Une vraie pimbêche quand elle le voulait cette meuf. C’est à croire qu’elle était frigide. Ou que tous les hommes la dégoutaient. Ou encore qu’elle était homosexuelle, ce qui serait pire ! Mais peu importe. Voilà bien longtemps qu’une femme ne m’avait pas opposé autant de résistance. Comme quoi, j’étais finalement comme les autres : Un gars, qui, de temps à autre, se bouffait des râteaux sensationnels. Ceci étant dit, ce genre de situation me motivait. Je la voulais vraiment. Et ce fait fut encore renforcé par son apparition soudaine dans ma chambre à la recherche d’un vêtement. Quel cul ! Je me répétais, me focalisais dessus comme un sale daleux, mais il fallait être dans ma situation pour comprendre à quel point cette peste faisait de l’effet. D’ailleurs de dos, j’aurai juré voir Shaï si l’on remplaçait le blanc de ses cheveux par du rose. Même taille, même poids, même formes… Pas étonnant que j’voulais la tringler vu ce qu’elle m’inspirait. Sauf que là encore, madame me quitta pour aller se poser dans la chambre d’à côté. Partie remise que me disais-je sourire aux lèvres. Je l’aurai un jour. Nul besoin de courir. Tout vient à point à qui sait attendre.


***


- « Oui oui, on se revoit plus tard, Elizabeth… »

Alors que je la regardais partir, j’eus un sourire aux lèvres. J’allais enquêter, oui. Mais pas sur la famille royale. Plutôt sur elle. Puisqu’elle m’avait sous-estimé, il n’y avait pas de raisons que je ne mette pas à exécution mon précédent plan : Demander à des contacts qui était cette femme. Je la suivis discrètement de loin, histoire de m’assurer qu’elle s’en tenait à son propre plan et qu’il ne s’agissait pas d’une affaire merdique dans laquelle je me fourrais sans m’en rendre compte. Et quel ne fut pas mon soulagement de la voir jouer la comédie lorsque le monarque l’approcha. Pas découragé pour un sou d’ailleurs, ce mec. Je devais avouer en tout cas qu’il avait bon gout en matière de femmes. En regardant la foule autour de moi, je vis un photographe. Je l’accostai avec douceur avant de lui demander de prendre une photo du couple qui se formait, en particulier de la jeune dame aux côtés du sultan. Après plusieurs flashs parmi tant d’autres, nous partîmes directement pour son laboratoire avant qu’il ne me rende plusieurs photos contre une somme d’argent conséquente à laquelle il ne s’attendait même pas. Je fis en sorte de faxer l’image à un haut gradé que je connaissais bien tout en lui demandant toutes les infos sur la fameuse enquêteuse, avant de me diriger vers un café discret pour me prendre un thé. Une heure plus tard, mon escargophone sonna…

- « Alors papa ? Tu sais qui c’est ? »

Oui oui. J’avais bel et bien appelé mon père pour ça. Pourquoi se faire chier quand on a un vieux bien placé dans la hiérarchie ?

- « Tu demandes pas comment va ton papounet d’amour ? Tu sais à quel point tu as de la chance d’avoir un papa aussi bien que moi ? Comment va Ashem ? Tu as vu ta maman ? »

Tant de questions en une seule phrase. Keegan était l’incarnation même de la chiantise même quand il faisait le papa gâteau à son âge... Devant mon den-den portatif, j’avais presque une tronche de constipé qui devait lui être retranscrit puisqu’il se mit à se marrer comme un fou derrière son propre appareil. Je dus donc supporter toutes ses moqueries et autres petits caprices digne d’un vioque, avant qu’il n’aborde enfin le sujet : « Tu me disais qu’elle s’appelait Elizabeth, c’est ça ? J’ai malheureusement rien sur elle. Tu veux en savoir plus sur cette fille pour quoi, d’ailleurs ? Elle te crée des problèmes ? Elle te plait hein ? Tu veux la marier ? Tu vas enfin me faire des petits enf- » Clac. J’avais raccroché. Carrément. Moi aussi je pouvais faire le gosse pourri à mon âge. Puis j’eus un soupir. Je m’étais encore fourré dans les embrouilles, hé. Une inconnue ? A ce point ? Et qui osait profaner le visage d’un monarque comme si de rien était ? C’était suspect. Suspect de chez suspect. Sur le moment, j’étais tenté de tout plaquer et de la laisser dans sa merde, mais après une mure réflexion, je décidai d’aller jusqu’au bout pour voir ce que ça allait donner. Du coup, il n’y avait plus qu’à aller à la capitale, encore une fois. Ashem était un grand garçon.

Il saurait se débrouiller sans moi dans cette ville.

Pour la fameuse enquête ? Ouais… Je verrai sur place. Sans doute…
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Il devait être aux alentours de midi. Nous évoluions sur une embarcation étrange, évoluant grâce à la puissance du vent annonciateur des tempêtes de sables et occasionnellement par le biais d'esclaves rameurs au fond de la cale. Des repris de justice que disait le gros marchand à qui le sultan louait l'embarcation, des hors-la-loi purgeant leur peine les pieds ferrés, comme le règlement de l'île le préconisait. Le gaillard n'avait pas manqué d'accompagner ses paroles d'esclavagiste corrompu d'un sourire jaunâtre éclairé de chicots en or pur épars. Il semblait que les dieux ne s'étaient pas voulus cléments aujourd'hui, les rameurs trimant sous leur couverture de sueur pour nous faire avancer péniblement, pédalant littéralement dans la semoule désertique. Pourtant, le soleil lui était au beau fixe et ne se privait pas d'émettre une chaleur étouffante se reflétant infiniment sur le sable chaud et créant des plans entiers de mirages aux quatre horizons. A la vue de ce miracle, le sultan s'était saisi de ma main pour la presser contre son torse tout en me caressant pitoyablement les doigts de son pouce à la peau tiède et douce. Je ne me trompais sûrement pas en supposant que homme n'avait sûrement jamais touché à un seul outil de sa vie.

- Regarde ma douce Elizabeth, les dieux nous envoient un message. Ils ont changé le désert en un océan fertile. énonce-t-il naïvement.

Dans mon dos, je sens le regard farouche de la gouvernante s'intensifier devant le romantisme de la scène. La drôle de femme ne m'avait pas quittée d'une semelle depuis que j'avais rejoint le cortège royal. Me présentant ses fidèles gardes du corps les uns après les autres avant de s'attarder sur ses trois généraux que je reconnaissais suspicieusement comme mes poursuivants de jadis, il avait fini la visite en m'inaugurant des salutations de sa gouvernante distinguée, Mamou Neth. Autant physiquement que psychologiquement, la blondasse ne m'inspirait pas confiance. D'âge mûr pourtant, son visage semblait conserver une certaine rigidité et des traits marqués, épais et loin d'être féminins ; il en allait d'ailleurs de même pour ses courbes, enveloppées dans des tissus riches mais mal dissimulées sauf au niveau de ses jambes, volontairement apparentes, soigneusement épilées et lisses si bien que l'on pouvaient quasiment y voir son reflet. Fort heureusement, la drôlesse n'avait pas pris la peine de me qualifier d'un sourire ingrat et était directement passée au stade supérieure en affichant une moue plissée de sentiments négatifs. Depuis lors, j'avais l'impression que ses petits yeux de furet ne m'avaient jamais quittée et tout portait à croire que c'était véritablement le cas.

Pour ce qui en était des généraux, j'y avais retrouvé deux bonshommes et une bonne femme pour garnir la dizaine d'officiers subalternes veillant au bon confort du souverain. Respectivement Effkri Mabhoul en charge des... des... ninjas du désert ? Hamza Saliamek dirigeant les braves soldats du front et Salma Serhani s'occupant des archers, les trois gusses haut en couleur semblaient tous aussi différents les uns des autres. Le premier était revêtu d'une combinaison étrange qu'il affirmait tout sourire comme son habillage de camouflage pour ses missions "cobra du désert", clin d’œil, clin d’œil. Le second ne m'avait pas adressée la parole et s'était contenté de regarder au large alors que nous embarquions à bord. La troisième quant à elle m'avait expressément gratifiée d'un regard noir avant de cracher entre mes bottines. Je n'avais dès lors pu m'empêcher de demander au sultan si son peuple avait l'habitude d'être aussi accueillant, mais ne saisissant pas l'ironie de l'allusion, il avait fini par s'emballer dans un monologue ennuyant au possible parcouru d'éloges à la gloire de ses sujets et du Rawhajpoutalah.

- Regardez, des pirates du désert ! vient enfin interrompre soudainement l'un des marchands, un barbu nommé Joseph qui nous accompagne à bord.

Peinant à voir tout d'abord les détails à l'horizon, minuscules mais fluides, pointés du doigt par le bonhomme au turban carmin, je finis par distinguer des points noirs se déplacer sur la ligne sableuse au loin à une vitesse vertigineuse.

- Si seulement notre système de navigation éolien était aussi avancé que le leur... Heureusement, il semblerait qu'ils ne soient pas après nous, sinon on aurait été mal. Je n'arrive pas à voir d'ici ce qu'ils suivent mais ça va vite, en tout cas ! décrit Meth'lab, l'autre marchand qui conduit la barge.

Admirant la rapidité avec laquelle se déplacent les vaisseaux, je reste néanmoins dubitative quant à l'identité de la personne qui se fait courser, étrangement inquiète. Puis, m'alarmant soudainement d'une idée comme s'allumerait spontanément un plafonnier, je devine de qui il s'agit alors sans plus douter une seule seconde. Le Contre-Amiral Fenyang, sinon qui d'autre ? Les coudes vissés sur le bastingage, j'essaye tant bien que mal de forcer ma pupille pour m'en servir comme d'un zoom mais inutile, je ne suis pas un robot. Au lieu de ça, j'espère donc que les adversaires ne seront pas trop coriaces et que le gaillard saura aussi bien se débrouiller à se bastonner qu'il sait le faire pour exprimer le fond de ses pensées lubriques. Alors, le vieux Joseph intervient une dernière fois, coupant court à mes pensées, pour donner la réplique qui vient instantanément dessiner sur mon visage un grand sourire goguenard, sans que mon sultan n'y comprenne grand chose, toujours niaisement interrogatif.

- Arrh ! Ca doit être encore ce satané bandit du désert, Reda qu'on l'appelle ! Pas un grand danger en ville mais vaut mieux pas se retrouver face à lui lorsqu'il est sur l'un de ses engins.

Reda hein ?
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