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Truth is a Lie

Les regards s'accumulaient sur la silhouette assise au beau milieu d'une salle étroite. La vitre sans teint qui les séparait accentuait sans doute l'envie irrépressible de certains à vouloir observer en toute discrétion cet inconnu. Dans cette pièce aux murs gris dotée pour seuls meubles d'une table en acier et de deux chaises s'élevait un profond silence. Les personnes qui finissaient à l'intérieur avaient soit une très bonne raison, soit une très mauvaise raison. Et la personne qui déterminerait ça serait la seconde qui entrerait dedans.


    — Il a pas vraiment la tête de l'emploi.
    — Gueule le encore plus fort.
    — Oh ça va, lâche-le Tania, tu sais bien que l'isolation acoustique est parfaite. Et puis il a pas tort, tu as vu son regard ?
    — Son demi-regard, corrigea Jack.
    — Tu veux parler de la couleur de sa pupille ?
    — Déjà, oui. Le rouge ça contraste énormément avec sa peau plus pâle que le cul d'un administrateur du Cipher Pol. Mais y'a pas que ça, observe bien sa manière de regarder devant lui.
    — Il a pas cligné de l’œil une seule fois depuis qu'il est là, déclara Jack.
    — Qu'est-ce tu racontes encore comme connerie ? Ça fait au moins deux heures qu'il poireaute.
    — J'ai une tête à pas savoir lire l'heure Tania ? Je te dis qu'il l'a pas bougé une seule fois.
    — Peut-être, fit Rick dans une tentative de clore le débat stérile, je parlais pas de ça. Tsss. J'aime vraiment pas ce regard. Je l'ai déjà vu autrefois. Qu'est-ce qu'ils regardent tous comme ça ?
    — Tous ?


Nel, ou plutôt Lance ne cessait de réfléchir.  Toutes les pièces du puzzle étaient en place et il ne lui restait plus qu'à les assembler. Chaque seconde qui passait, il se remémorait dans le moindre détail sa nouvelle identité. Jusqu'à présent il avait fait la partie la plus aisée : se faire remarquer. Mais c'est ici que tout se jouait, entre les quatre murs de cette salle trop climatisée. A sa première erreur, il risquait très gros. La fine couche de peinture qu'il avait passé sur sa vie était très facile à gratter pour peu qu'on sache où chercher. Il avait pourtant considéré toutes les éventualités et pris de nombreuses précaution. Alors pourquoi tentait-il de réprimer son cœur qui battait une symphonie prestissimo vous demanderez-vous ? Parce qu'au fond de lui reposait une peur, un sentiment de doute irrépressible. Il n'avait que douze ans. Et si quelqu'un était plus intelligent que moi ? Pensait-il.


Dernière édition par Lance C. Fairshield le Sam 12 Déc 2015 - 12:27, édité 1 fois
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- Vous avez pas l'impression qu'il sait qu'on le regarde ? émerge Rick au beau milieu du débat qui ne cesse de rebondir. Je sais pas, c'est peut-être car il n'a qu'un seul œil mais moi ça me fiche la frousse.

- Arrête de geindre, veux-tu ? Moi je trouve que ce gosse n'a rien d'effrayant, il est juste bizarre. répond Tania.

Depuis déjà deux heures que les agents te gardaient en observation, tu n'avais pas fait un seul geste, pas un seul mouvement. Implacable, ton corps était resté de marbre et c'était probablement ce qui était revenu le plus de fois au cours de leurs discussions. Ce côté inhumain, méthodique et absent te rendait trop étranger, trop dangereux et faisait à chaque remarque systématique naître un peu plus d'appréhension dans le son de leur voix. Non pas jusqu'à penser que pour eux tu puisses être un problème, mais plus dans l'idée que tu n'avais pas la gueule de l'emploi.

- Et puis il a quel âge ? Douze ans ? intervient Jack.

Ouais, c'est pas faux, t'es quand même plutôt jeune pour prétendre à un tel taf. Plus apparent à un stagiaire, si on accepte de te prendre, c'est au mieux pour distribuer le café dans les bureaux. Jusque là d'ailleurs, la situation plus que cocasse s'apparentait davantage à une vaste blague. Mais si encore on pouvait penser que tu avais trouvé le chemin jusqu'au bâtiment du CP5 par hasard et avais demandé un entretien avec les recruteurs simplement en guise de défi, la présence d'une autorisation d'un agent de terrain changeait la donne.

- Ah enfin la voilà, c'est pas trop tôt. s'exclame Tania.

Au même instant, une jeune femme à la chevelure dorée fait son apparition de l'autre côté de la vitre teintée.


Prenant son temps pour s'installer, en même temps qu'elle tire la chaise derrière elle d'une main, de l'autre elle dépose sur la table devant elle quelques feuilles de papier et un crayon. Puis elle se présente :

- Brenda Velvet, coordinatrice du CP5. J'ai cru comprendre que tu voulais nous intégrer en tant qu'agent de terrain... Lance c'est ça ?

Elle te dévisage, pose sur toi un regard hautain que tu connais trop bien. Te met-elle à l'épreuve, cherche-t-elle à mettre tes nerfs en pelote en étant méprisante ? Cette hypothèse se vérifie rapidement par les phrases qui découlent de ta réponse.

- Je vais pas y aller par quatre chemin, des drôles comme toi j'en vois toutes les semaines. Je te trouve bien audacieux pour un jeune marmot imberbe : tu crois qu'on recrute nos agents au berceau ? Dans ce cas là tu te fous le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Alors, je ne donne pas plus de dix minutes pour ton entretien, j'ai déjà l'impression d'avoir perdu mon temps à me présenter.

Cela se voit, elle fait semblant, elle te provoque mais elle n'est pas une très bonne actrice. C'est peut-être pour cela qu'elle est coordinatrice et pas cheffe d'équipe ? Qui sait, tu as la possibilité d'inverser la vapeur si ça se présente mal, à tes risques et périls. Sans attendre une réponse à sa réplique, elle continue donc.

- Chrono lancé. Vas-y, dis-moi tout, je veux savoir ce qui te rend si spécial, si apte à faire partie du mystérieux Cipher Pol. Qu'est-ce qu'on gagnerait à t'avoir dans nos rangs, sinon un porteur de café supplémentaire ? Un boulot que le petit Billy fait déjà très bien tout seul d'ailleurs.
    Un peu simplet sur les bords la jeune femme. Attaquer sur l'apparence juvénile quand sa propre tête n'inspirait à aucun moment le poids des âges, c'était gonflé. Loin d’enrager sur la petite pique verbale, Nel analysait chacun des mots qui lui étaient adressés. Il avait beau être un enfant, son vécu avait retiré de lui toute la naïveté et la gentillesse qui le rendaient si singulier. A présent, il ne restait que l'être calculateur à la soif de connaissance inextinguible.

    Le dos droit, l’œil fixé sur son interlocutrice, Nel se concentrait sur sa réponse. S'il n'en faisait rien paraître, il était sérieusement décontenancé par cette question pourtant si basique. Il s'attendait à être interrogé par des questions précises, pas à devoir défendre sa cause dans un temps aussi limité. Son manque d'expérience dans le domaine se faisait sentir.

      — Je suis fort et loyal. Voilà deux excellentes raisons de faire de moi un agent du Cipher Pol. Si vous êtes plus intéressés par les talents particuliers, je peux dire que vu l'odeur de café noir qui s'échappe des commissures de la porte, Billy attend sûrement votre sortie pour vous apporter votre tasse. Quant à cette vitre sans teint, je dirais qu'il y a deux... non probablement trois personnes à l'intérieur. Dont une fille à en juger par le parfum. Ce qui nous amène à mon apparence. Quoi de mieux pour se faire discret qu'un pauvre petit garçon ? Sans parler de la tendance qui s'étend manifestement jusqu'aux coordinateurs du CP à me sous-estimer. Mais j'imagine que vous savez déjà tout ça, le vieillard que j'ai rencontré ne m'a pas recommandé par hasard. Vous cherchiez donc juste à me perturber. La vraie question qui se pose c'est donc : et vous, quelle raison avez-vous de ne pas m'avoir déjà recruté dans vos rangs ?
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    Visiblement davantage exaspérée par ton arrogance sans vergogne et absolument pas intéressée par tes capacités de mentaliste, la jeune femme ne répond pas grand chose si ce n'est qu'elle soulève de façon interrogative son sourcil.

    - Je vois.

    Elle fait alors signe aux trois gusses derrière de fiche le camp et retourner à leurs préoccupations. La pause est terminée. Fichus bureaucrates.

    - Tout d'abord on appelle ça un miroir sans tain. Ensuite, des pauvres petits garçons au Cipher Pol j'en ai vu, mais ce ne sont pas des histoires qui ont généralement bien fini, voilà pourquoi je pose cette question.

    Ton interlocutrice s'arrête, elle sent qu'elle perd son rôle et oublie qu'elle n'a pas besoin de se justifier, tu la vois donc se reprendre instantanément.

    - Le Cipher Pol n'est pas un moulin, on ne laisse pas entrer n'importe qui sous prétexte qu'un agent de terrain l'a recommandé. Et c'est moi qui pose les questions ici.

    Tu la vois souffler, elle hésite finalement à abandonner son jeu d'acteur si mauvais et à se comporter comme elle est réellement. A moins que tout ça ne soit une farce ? Peut-être que cet aspect idiot, simplet n'est qu'une autre personnalité qu'elle revête. Après tout, elle est du Cipher Pol.

    - Parle moi des circonstances qui ont amené notre agent à t'envoyer ici ?

    Tu t'exécutes sans vraiment avoir le choix et elle ne bronche pas pendant que tu racontes ton intervention dans l'enquête du gaillard et mets en avant ton utilité, bien évidemment. De son côté, elle prend des notes.

    - Soit, ça se tient. Maintenant, je vais te poser une série de questions et de mises en pratique basiques. Et voici la première question : ton frère est un contrebandier reconnu qui opère avec la révolution, ta mission consiste à le traquer et à le tuer, sauras-tu mettre de côté tes sentiments pour le bon déroulement de la mission ?

    Elle n'a pas commencé par le plus difficile ni le plus illogique, tu devrais pouvoir t'en tirer. Cependant avant que tu ne répondes, elle enchaîne avec trois autres questions un peu du même acabit et la facilité déconcertante des réponses te semble louche, très louche. Que réponds-tu ?

        — Trop fort, un magicien ! J'ai toujours adoré la magie. Quand j'étais petit mon oncle me montrait pleins de tours
        — On vient de se faire engueuler par Brenda, et toi tout ce que tu trouves à dire c'est les talents de ton oncle, se plaignit Tania.
        — Il les a reniflés. Les odeurs du café et les notre, il peut les sentir de là où il est. C'est assez impressionnant.
        — Une fois il m'a dit qu'il allait faire disparaître mon petit oiseau. J'ai jamais compris ce tour. Mes parents m'ont plus jamais laissé revoir mon oncle après ça.
        — On devrait y aller Rick, si elle se rend compte qu'on est pas partis, elle va piquer une crise.
        — J'encaisserai le blâme, ça commence à devenir intéressant.
        — C'est dommage, il avait des tas de tours géniaux. Comme celui où il faisait sortir une anguille de son pantalon.


      Dans la salle, la discussion se poursuivait sans événements inattendus. Après avoir posé sa question, Brenda croisa ses deux mains et posa ses lèvres contre elles. Elle donnait l'impression de sonder son esprit en quête d'une réponse. Plutôt étrange pour une personne qui se trouve du bon côté de l'entretien.

        — Oui, répondit instantanément Nel.


      Un court silence s'installa avant que la coordinatrice ne reprenne la parole.


        — Oui ?
        — C'est la bonne réponse, non ?
        — Tu essayes de m'agacer ?
        — Non, j'essaye juste de vous donner les réponses adéquates pour que vous soyez assez couverte pour me faire rentrer au CP.
        — Tu es censé me convaincre, exprimer des idées, des émotions.

      Nel retint un soupir. Il rapprocha sa chaise de la table vide dans un grincement peu agréable.


        — C'est comme ça que ça marche ? Vous recrutez les meilleurs comédiens ?
        — On recrute les meilleurs.

      Le raisonnement était simple. Peu importe ce que la personne répondait, l'important c'était la manière dont elle le faisait. Si elle plaçait sa famille sur un piédestal et répondait par la négative, des qualités comme l'honnêteté et la loyauté se dégageaient. Mais si la personne inventait tout simplement une histoire, dans la mesure où le recruteur la trouvait crédible, il s'agissait d'une performance tout aussi impressionnante. Après tout, si la personne était capable de manipuler un membre du Cipher Pol, elle était certainement capable de persuader n'importe quelle personne dans ce monde.


        — Si c'est un contrebandier en lien avec la révolution, je ne le tuerais probablement pas. Je me servirais de lui pour obtenir des informations utiles. Le jour où il ne serait plus d'aucune utilité, là oui. Je le tuerais.

      L'agent Velvet gribouilla en vitesse quelques lignes sur le papier devant elle. Impossible pour Nel de déchiffrer quelque chose de là où il était assis. Il se contenta d'attendre le moment où elle releva la tête et poursuivit les questions. Elles s'organisaient toujours autour d'un choix simple où la réponse en accord avec l'idéologie du Cipher Pol se devinait aisément. Mais encore une fois, les réponses importaient peu. Une fois la série de questions terminée, la feuille placée devant la coordinatrice était remplie. Elle en récupéra une vierge et arrêta la pointe de son crayon à quelques millimètres.


        — J'ai lu le rapport de l'agent Curious Jones. Celui qui t'as recommandé. Et tu vois, un esprit tordu aurait pensé que tout était prévu. Ta soudaine apparition au milieu de l'opération d'un agent du Cipher Pol, ta soudaine facilité à déjouer tous les problèmes et dangers qui sont apparus... (Elle laissa la fin de sa phrase s'évanouir avant de sourire.) J'ai un esprit tordu, Lance.


      Brenda lorgnait le garçon de ses grands yeux marrons. Aucun autre son ne sortit de sa bouche. Elle attendait simplement une réaction : un tapotement léger de la jambe, une main tremblotante ou même un regard en coin. N'importe quoi qui lui indiquerait quelque chose sur la si mystérieuse personne devant elle. Mais rien. Juste un silence inquiétant.

        — Tu ne dis rien ? Finit-elle par demander.
        — Je ne crois pas avoir entendu de question.


      L'innocence qui se dégageait de ces quelques mots frôlait l'insolence et le pire étant bien sûr qu'il avait raison.
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      Ta réponse fait peser un long et pénible silence dans la pièce. Immobile, la jeune femme ne semble pas plus que ça vouloir engager à nouveau la conversation, pourtant tu arrives à lire une certaine pointe de malice dans ses yeux... te soupçonne-t-elle d'être à l'origine de ton propre recrutement ? Si oui, pourquoi ? Spontanément son regard devient plus dur, tes réponses trop évasives et insolentes t'auraient elles porté préjudice ?

      - Je pense avoir assez joué le jeu jusque là pour reconnaître un menteur quand j'en vois un. Avant de faire rentrer un collègue à moi, j'aimerais te poser une dernière question et peut-être la plus évidente : pourquoi vouloir intégrer le Cipher Pol ?

      L'agente ne te fait absolument pas confiance, elle ne voit pas pourquoi elle devrait enticher le CP5 d'un type comme toi. Relativement distante jusque là, elle décolle soudainement son dos de sa chaise pour venir poser ses avant-bras sur la table, les mains jointe, et te fixer dans ton œil unique. Et si elle n'arrive pas à déchiffrer ce qui se passe derrière ton regard, toi non plus et ça te perturbe légèrement. L'aurais-tu légèrement sous-estimée ?

      Après que tu as donné ta réponse (narre la moi), un petit geste de la main gauche de la jeune femme fait signe à un compère caché dans l'ombre, derrière les trois gugusses observant à travers le miroir sans tain, d'intervenir. Quelque secondes après rentre dans la pièce un homme fin et grand, au visage pâle et maladif, la tête rentrée dans le col de sa chemise. Il ne t'inspire pas confiance et tu as bien raison.

      - Veritas est un agent d'un autre service, mais l'on se sert de lui dans des cas délicats. Cet homme est un détecteur de mensonges.

      Tu sens tout d'un coup que la situation s'envenime et tu perds un peu de ta patience millénaire. Le regard du bonhomme reste fixé sur toi alors qu'il se poste auprès de la coordinatrice. Elle te repose alors la question qu'elle a posé précédemment et cette fois-ci tu ne peux pas mentir. Tu peux toujours essayer, mais si tu le fais il le saura et tu ne peux pas prendre ce risque.

      - Ah et une dernière petite question. Si j'ai eu autant de retard, c'est car j'ai été fouiller dans les registres pour voir si ton dossier y apparaissait. Elle tire une feuille blanche de son paquet et la pose au milieu de la table. Mais tu n'apparais nul part avant 1626... pourquoi ?

      Choisis tes mots avec précaution.
          — La paix est un mensonge. Le monde est pourri jusqu'à la moelle. Mais peut-être que la mort de certaines personnes rendrait l'air qui nous entoure moins immonde à respirer. Nos précieuses lois sont des chaînes qui nous condamnent à l'inaction. Je veux obtenir la puissance de m'en libérer. Le Cipher Pol m'aidera à atteindre ce but, et j'aiderai le Cipher Pol en poursuivant ce but.

        Nel avait ignoré les tentatives de déstabilisation de son interlocutrice et se contenta de répondre strictement à la question. Quelques secondes furent nécessaires pour lui permettre d'organiser ses mots en une phrase sensée. Il n'était pas très habitué à ce qu'on s'intéresse à lui ces derniers temps. Il n'avait jamais pris le temps de se poser et de réfléchir calmement à lui et son avenir. Son impulsivité seule avait décidé chacun de ses gestes. Peut-être avait-il fait une erreur, peut-être aurait-il dû ignorer Rose et son mari emprisonné, peut-être que son père fit une erreur en l'autorisant à quitter son foyer. Nel, c'est l'histoire d'un gamin ordinaire à qui il est arrivé quelque chose d'extraordinaire. Au final, il restait un enfant de douze ans. Juste un enfant qui a eu une idée. Et les idées n'ont pas d'âge.

        Quand Véritas entra dans la salle, l'atmosphère devint pesante. Il marcha lentement en direction d'un coin de la pièce et attendit debout, les poignets croisés derrière lui à l'image d'un salut militaire. Son regard perçant mettait Nel à nu. Il était d'un autre calibre que la jeune femme assise devant lui, c'était certain. D'ailleurs, plutôt que de s'en tenir à de longs discours pompeux inutiles, il se complut dans le silence le plus absolu. Brenda prenait un malin plaisir à caractériser sa compétence si particulière à détecter les mensonges. Peut-être trop. Nel croyait fermement à du bluff. Juste pour voir s'il allait modifier sa réponse.

          — Je n'ai rien de plus à ajouter.


        Ce qu'il avait dit, il le pensait. La vérité vraie. En revanche, il était possible que quelques détails aient été omis. Brenda n'avait pas besoin d'en savoir plus, et de toute façon développer sa précédente réplique ne l'aiderait pas à obtenir son recrutement.

          — Ah et une dernière petite question. Si j'ai eu autant de retard, c'est car j'ai été fouiller dans les registres pour voir si ton dossier y apparaissait. Mais tu n'apparais nul part avant 1625... pourquoi ?

        Cette question, lui-même ne connaissait pas la réponse. Bien sûr le changement d'identité qu'il avait effectué a changé la donne, mais hormis les mises à prix il ignorait que le gouvernement préservait des dossiers sur chaque personne. Il se contenta finalement d'une réponse plus logique et instinctive que réfléchie.

          — Probablement parce que je suis né sur une île modeste et assez reculée ? Et puis comme vous aimez à le faire remarquer, je suis encore plutôt jeune. Il n'y a pas de raison d'avoir des documents précis sur des millions et des millions de personnes j'imagine.
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        Le silence se veut pesant alors que quelques secondes auparavant ta dernière phrase résonnait encore dans l'air clos de la petite pièce cubique. Semblant se réverbérer éternellement dans le vide qui te sépare de ton interrogatrice et de son ami pas très causant, tu peux sentir à quel point la situation est tendue. Tu devines l'homme juger de la véracité de tes réponses, pour qu'enfin ce-dernier hoche la tête et se retire. Sans dire un mot, la jeune femme vient alors ramener son paquet de feuille et le tasser sur le plat de la table, avant de le reposer devant elle, perpendiculaire au bord de la table.

        - Un échange de bons procédés donc ?

        Tu la sens toujours un peu dubitative. Tes réponses sont à double tranchant et n'arrivent à la convaincre qu'à moitié : elle a peur de confier au Cipher Pol un élément instable, peut-être car il y en a déjà trop et que les quotas ont été atteints, que le problème est devenu de notoriété publique ? Un assassin, pourquoi pas, elle n'a pas l'air de dire non mais tu sens que le modèle hiérarchique ne marche que dans un sens et elle te le fait savoir.

        - Les ordres viennent d'en haut. Je suis prête à te recruter, mais il me faut la certitude que, peu importe ce que l'on te demande de faire, tu le fasses.

        Un nouveau silence, elle semble réfléchir à un moyen de s'assurer que tu sois bien loyal et discipliné. Et soudain, la voilà qui dévoile un large sourire carnassier : elle vient d'avoir une idée et tu n'aimes pas trop ça étant donné la personnalité qu'elle t'a seriné depuis le début.

        - Je veux que tu ailles me chercher un café. avoue-t-elle enfin.

        Elle se complaît à voir que sa demande t'a touché, t'a rabaissé. Quelques instants auparavant tu parlais de conquête du pouvoir, de tuer... et désormais te voilà réduit à aller chercher du café. Sauras-tu  mettre ton égo de côté pour satisfaire l'ordre de ta future supérieure hiérarchique ? Si tu veux prouver que tu peux être loyal et valider cette dernière étape, il ne te reste plus qu'une chose à faire : obéir.
          Nel bondit de sa chaise, la faisant grincer contre le sol jusqu'à ce qu'elle atteigne la paroi derrière lui. « Oh, ça sent pas bon » fit Jack derrière la vitrine. En effet le regard du gamin n'inspirait rien de bon. Il s'approcha lentement de la coordinatrice, enfonçant profondément chacun de ses pas dans le béton froid. Son corps se stoppa face à la jeune femme. Sa main gauche se dirigea telle la serre d'un aigle en direction de la tête immobile. Elle dépassa les yeux, sans précipitation s'approcha de la chevelure et y arracha délicatement une petite feuille verte.

            — Elle était coincée au milieu de vos cheveux, coordinatrice Velvet.


          Brenda lui jeta un air mauvais alors qu'il quittait la salle. Assise dans son siège, elle décortiquait les différentes réponses de Lance, ses attitudes, son comportement. En théorie il semblait être un élément de choix pour intégrer le CP. Mais dans le fond, un voile sombre semblait s'enrouler autour de lui. Il parraissait trop sûr de lui, chacun de ses mots semblaient définis à l'avance. Cela formait un tout trop lisse, trop parfait à un tel point que ça en devenait louche.

          Billy qui attendait à l'extérieur s'apprêtait à donner le café qu'il tenait dans ses mains quand il s'aperçut qu'aucune vapeur ne s'en dégageait. Il repartit aussi sec, pas question de servir un café froid, ça non. Un café ça se respecte. Un café ça s'écoute, ça se caresse. Nel le suivit jusqu'à une machine qui faisait au moins deux fois sa taille.

            — Billy, c'est ça? Montre moi comment ça marche.


          Il acquiesça par de vifs mouvements de têtes, et décomposa les divers mouvements qu'il effectuait des centaines de fois par jour. Une fois la première tasse servie, il la donna à Nel et reprit son rythme de croisière. Un véritable pro.

          Quelques minutes plus tard, Nel revint avec un café noir, pas de sucre, pas de lait. Les vrais le buvaient ainsi. Pas lui. Il détestait le café. Brenda se réchauffa les mains contre la paroi du gobelet plastifié, puis en but une gorgée.

            — C'est frustrant hein? Ca s'appelle obéir aux ordres. Tu verras que certains qui te seront donnés ne te plairons pas. D'autres par contre pourraient te rendre heureux. De toute manière, tu devras obéir. Et si tu veux te venger sur quelqu'un, dis-toi qu'il y a toujours un plus gros poisson que soi. Une fois sorti d'ici, j'irai régler les détails administratifs. (Elle se leva en fixant Lance et vint se coller presque entièrement contre lui) Ne crois pas que tu m'aies convaincue. T'es pas net et j'ai simplement pas de quoi refuser un élément comme toi dans nos rangs. Alors à partir de maintenant, dis-toi qu'à chaque instant je serai dans ton dos à décortiquer le moindre de tes faits et gestes. Et si un jour tu roules de travers, je le saurai. Mais en attendant, bienvenue, agent Fairshield.


          Elle quitta la salle avec un sourire en coin. Probablement fier de voir que malgré son air hautain et inquiétant, Lance n'était qu'un brave toutou, comme tous les nouveaux agents du CP qu'elle interrogeait. De son côté, Nel sortit un calepin et un crayon de sa veste. Le carnet était vierge. Il approcha sa pointe et en quelques mouvements, le nom « Brenda Velvet » était gravé dessus. L'instant d'après, il reprit sa marche vers la sortie. Lui aussi avait un sourire en coin, dissimulé par le masque en cuir qui lui couvrait une partie du visage.
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