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[FB] Qui suis-je ? Où vais-je ? Qui serve-je ?

* Mais qu'est-ce que je fiche là ? *

Planté au bord de la mer, Suiji se posait cette question pour la troisième ou quatrième fois déjà. Il s'était faufilé dans un navire marchand pour quitter l'île de North Blue où il était, et voilà qu'il se trouvait perdu sur une île il ne savait trop où, abandonné. Aussi, quelle idée de s'endormir dans un bateau inconnu ? Dès qu'il avait été trouvé, on l'avait jeté par dessus bord sans chercher à savoir qui il était.

Il n'avait plus qu'à découvrir où il était. Au moins, il n'était pas seul ! Yaen avait eu la bonne idée de rester avec lui. Brave petit lémurien. Et il avait récupéré le sac du cuistot qui n'aurait pas à se racheter toute une panoplie de couteaux de cuisine ! La vie est belle !
A propos de cuisine, avant toute chose, il fallait qu'il se remplisse l'estomac. Il jeta un coup d'œil alentour, cherchant un arbre fruitier, des plantes comestibles, ou un quelconque champ de légumes. Du maïs, ce serait parfait. Il pourrait se faire des pop-corn. C'est bon les pop-corn, ça croque sous la dent, et puis c'est sucré, et puis c'est rigolo quand ça explose. Il devrait peut-être voler une poêle aux habitants du coin mais bon, on a rien sans rien. Ce petit sacrifice valait le coup !

Déterminé, Suiji prit donc la direction des habitations, Yaen sur l'épaule, guettant autour de lui les traces d'épis de maïs, et admirant la diversité de la flore. Par ici une superbe glycine ; un peu plus loin, des orchidées ; par là, des acacias. Des plantes relativement courantes... mais lorsqu'il aperçut des prêles des champs, il réalisa qu'il n'était plus sur North Blue. Il connaissait par cœur les plantes de NB, et voilà qu'il se trouvait avec des fleurs qu'il n'avait vues que dans des livres. Typiques de East Blue.

* … Et merde... *

Si, d'un côté, il était très heureux de trouver ces plantes ; de l'autre, il avait conscience qu'il allait encore devoir faire des pieds et des mains pour quitter ces lieux. Mince, il avait jamais voulu quitter l'autre Blue, lui ! Enfin, il prit ça avec beaucoup de calme, comme toujours, et plutôt que de voir le mauvais côté des choses, il sortit son couteau pour couper quelques plants de ces prêles. Elles lui seraient utiles pour sa cuisine, et il avait là une chance inespérée de s'en procurer gratuitement.

Il fourra le tout dans son sac avant de poursuivre son chemin vers les résidences de cette île. Maintenant qu'il avait commencé à imaginer les manières dont il pourrait utiliser ces plantes, il avait encore plus envie de se faire ces fichus pop-corn. À la première habitation qu'il trouva, il n'hésita pas une seule seconde sur ce qu'il devait faire, même s'il n'avait toujours pas de maïs.

Il brisa une vitre d'un coup de coude sec, et se faufila à l'intérieur de la maison sans même chercher à vérifier qu'elle était vide. Doté d'un détecteur à cuisine, il trouva tout de suite ce qu'il voulait, ainsi qu'un paquet de maïs qui traînait dans un placard. Le hasard fait bien les choses des fois. Il sortit comme il était entré, poêle et maïs en main, sans vraiment faire attention à qui aurait pu le voir.

Il s'éloigna de la maison en recherche de bouts de bois, fit ses pop-corn avec enthousiasme, lorsque des couinements de Yaen lui firent lever la tête : une jeune femme à l'air perdu passait non loin d'eux, ce qui avait fait paniqué l'animal. Suiji le calma en un rien de temps, fit glisser les pop-corn dans un bol – il a vraiment de tout dans son sac – et se précipita à la suite de la demoiselle. C'était pas tous les jours qu'il croisait des jeunes filles perdues ! Autant saisir l'occasion !

« Mademoiselle ! Puis-je vous proposer quelques pop-corn ? »

Dès qu'il l'eut rattrapée, il l'avait interpelée, et dans un geste cérémonieux, il lui présenta le bol. Personne ne peut résister à une telle tentation ! Haha. C'est ze technique de drague ultime. Et puis, il pourrait en profiter pour essayer de savoir où il était... plus tard. Pour l'instant, il préférait admirer la gorge – au vieux sens du terme Very Happy – de l'inconnue.
    ~Les yeux dénués de vie la petite fixe l’horizon en espérant retrouver les paroles de cette chanson ~



    La nuit était paisible sur la petite île qui portait le nom d’un fruit répandu dans ce monde si vaste. La lune resplendissait de mille feux permettant aux habitants de profiter d’une marche nocturne. Les innombrables senteurs de fleurs venaient se mélanger à la petite brise agréable qui donnait des frissons à chaque fois qu’elle venait effleurer un visage. Allongée dans l’herbe, les yeux rivés sur ce ciel si lumineux, une jeune femme à la chevelure divine profitait de ces bienfaits que lui procurait la nature. La respiration lente, le visage quelque peu crispé par la douleur, Calliope tentait de se détendre afin de comprendre ce qui venait de lui arriver.

    Son corps comportait des blessures dont elle ignorait la provenance et sa mémoire semblait avoir disparu à jamais… C’était comme si la vie lui avait été insufflée le jour où des marchands avaient retrouvé son corps flottant telle une bouée sur le large. Durant plusieurs jours, la belle avait du enduré des soins assez lourds et c’était la première fois qu’elle mettait le nez dehors… La vieille femme qui veillait sur elle la surveillait depuis sa fenêtre au cas où… Mais il ne se passait rien. Aucun souvenir ne lui revenait en tête… Désemparée, l’amnésique ferma les yeux en lâchant un soupir qui lui arracha une grimace. Chaque parcelle de son corps lui faisait mal et le fait de rester immobile n’arrangeait pas la chose. Ainsi, après quelques secondes de préparation psychologique, la jeune femme prit son courage et se leva en alliant habilité et lenteur. Sa tête tourna un peu ce qui la fit vaciller un moment, mais cela ne suffit pas à la faire tomber. Bien trop habituée à ce genre de symptômes secondaires, elle fit comme si de rien n’était afin d’aller faire un tour non loin de la maison.

    Le visage apaisé par le vent frais, Calliope se sentait mieux… L’odeur qui dégageait la mer semblait être quelque chose qu’elle affectionnait car des frissons de plaisirs parcouraient tout son corps meurtri… Un mince sourire aux lèvres, elle marchait le long de mer en oubliant totalement les blessures qui la faisaient souffrir… Mais au moment où elle s’apprêtait à faire demi-tour afin de regagner son 'foyer', elle fut interrompue dans sa course par un bruit de morceau de verre brisé. Le visage toujours inexpressif, la jeune femme ne tarda pas afin d’aller voir ce qu’il se passait. Lentement mais sûrement, elle trouva facilement la maison qui avait été victime d’un voyou qui rodait dans le coin. Soupirant d’exaspération, la Belle retourna sur ses pas. L’île sur laquelle elle vivait n’était pas du genre à aimer les…

    *Les… ?*

    Le mot qui qualifiait à la perfection ce genre de petits délinquants lui échappait complètement. A croire que sa mémoire avait décidé de lui jouer un mauvais tour sur le coup. Laissant alors tomber le cours de ses pensées, l’amnésique reporta son attention sur cette étendue d’eau aux couleurs sombres et aux reflets argentés… Cependant, la rêverie fut de courte durée car un étranger vint à sa rencontre bousculant son esprit malade. Perdue dans les tréfonds de son esprit, elle ne l’avait pas vu arrivé et sa courtoisie ne l’avait pas laissé indifférente même si son faciès ne laissait rien paraitre. Sans attendre un instant, l’inconnu dont elle discernait très peu les traits lui proposa un bol de… pop corn ? Qu’était-ce donc encore ce genre de nourriture ?

    La curiosité aurait très bien pu l’emporter face au jeune homme séduisant, mais une certaine expérience la fit douter… Sans prononcer ne serait-ce qu’un mot, Calliope le dévisagea, puis regarda le bol, la créature étrange que son épaule portait, puis le bol à nouveau afin de terminer les yeux plongés dans ceux du… voyou ? Bien qu’il n’en ait pas l’étoffe, ses faits et gestes étranges prouvaient le contraire… Toujours aussi impassible, la jeune femme cligna des yeux plusieurs fois en restant immobile. Plusieurs envies se bousculaient dans sa tête, la surprenant énormément sur les agissements qu’elle avait pu commettre par le passé. En effet, la chose qu’elle voulait faire le plus était de lui couper la main afin de le punir à sa façon… Il y avait de quoi être effrayé et pourtant, elle contrôla ses pulsions étonnantes en murmurant quelques mots.

    « Partez d’ici si vous ne voulez pas que les autres vous chassent pour vol… Je l'aurais bien fait pour eux estimez-vous heureux.»

    Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas fait entendre le son de sa voix que l’effort avait été douloureux. Mais cela n’avait pas son importance puisqu’elle ne comptait pas rouvrir la bouche une nouvelle fois. Ses blessures commençaient sérieusement à la fatiguer et il était temps de rentrer. Il n’était pas question qu’elle se repose aux côtés du voleur qu’elle aurait bien puni avec la lame qu’elle n’avait pas sur elle. Contournant alors le bol, Calliope adressa un dernier regard perçant à l’inconnu avant de reprendre son chemin. Sur ses gardes, elle se préparait à combattre à mains nues au cas où la situation le demanderait… Même si elle préférait éviter de faire empirer son état, elle ne pouvait faire abstraction des actes de violence des ceux qui l’entouraient…

      Le regard de Suiji remonta brusquement alors que la voix de la jeune femme se faisait entendre. Vol ? Mais non, c'était juste un emprunt à durée indéterminée. Et puis, c'était pour la bonne cause. Penaud, le cuisinier eut du mal à savoir comment réagir. Voilà que la demoiselle tournait les talons après cette remarque aussi glaciale que cassante. Et sans toucher à ses pop-corn.

      Vexé par un tel dédain, il ne put se résoudre à abandonner la partie. Habituellement, il n'insistait pas lorsqu'une femme le rejetait, mais lorsqu'on refusait sa cuisine – les pop-corn, c'est de la grande cuisine en plus ! - il se sentait systématiquement forcé de persévérer. Pendant quelques secondes, il se perdit à admirer la démarche de l'amnésique, appréciant ses mouvements à sa juste valeur, notant l'impact de chaque pas sur le mouvement de ses vêtements colorés, avant de se mettre en marche. À trop la contempler, il allait la laisser lui filer entre les doigts. En quelques enjambées, il la rattrapa, avant d'adapter son pas pour rester à sa hauteur – à moins qu'elle ne s'arrête.

      « Enfin, ne vous enfuyez pas comme ça, je ne vais pas vous faire de mal. »

      Trop sûr de lui, il n'avait pas compris pourquoi elle s'en allait. À ses yeux, si elle refusait de lui botter le derrière, c'était parce qu'elle ne s'en sentait pas capable face à quelqu'un d'aussi puissant, impressionnant, magnifique que lui. Décision d'une sagesse remarquable, qui la faisait grandement monter dans son estime. Elle était capable de reconnaître à quel point il était hors du commun ! Voilà qui méritait qu'il la poursuive jusqu'au bout du monde. Heureusement qu'il ne savait pas qu'au fond, elle pensait qu'il méritait de se faire couper la main pour son crime.

      « Si vous ne dites rien aux villageois, personne ne saura ce que j'ai fait, et je n'aurai pas besoin de quitter. Et vous pourriez goûter à mes pop-corn : j'accepte même de vous préparer un vrai repas. »

      En même temps qu'il fit cette remarque, il attrapa le bras de Calliope – dont il ne connait pas le nom mais c'est pas grave – pour la retenir, et lui faire des chibi eyes reflétant tout le désespoir que lui inspirait l'idée même qu'on refuse de toucher à un de ses plats. De toute façon, il ne pouvait pas quitter l'île pour l'instant, et il n'avait pas envie de rester à errer seul. Comme pour accompagner l'attitude de son maître, le petit lémurien sauta de son épaule pour atterrir sur la tête de l'autre bipède.

      « Je peux pas m'en aller, j'ai des études importantes à faire ici. »

      Pas sûr que ça suffise à la convaincre, mais c'était toutefois sincère. Il ne tenait pas à partir alors qu'il y avait ici une flore – et une faune, hum – fort intéressante.
        ~Les réflexes d'antan reviennent peu à peu, comme si tout cela n’était qu’un jeu… ~

        Tel un courant d’air aux émanations charnelles, Calliope avançait rapidement mais silencieuse vers le chemin de terre qui menait à sa nouvelle maison. Elle ne supportait pas les voleurs de bas étages… Cependant elle ne pouvait rien faire à cause de son état pitoyable. C’était frustrant mais rassurant en même temps… Son fort caractère qu’elle cachait à la perfection désirait en découdre… Mais son côté plus détaché préférait fuir afin de ne pas être mêlé à la population. Pourtant, en dépit des mots qu’elle avait réussis à susurrer entre ses lèvres, l’inconnu se mit à courir dans le but de marcher à la même hauteur que la belle fuyarde. Ne détachant ses yeux de l’horizon pour rien au monde, l’amnésique continua de marcher tout en prenant le soin d’écouter les mots qui s’adressaient à elle.

        Ainsi, la personne qui avait pénétré dans une maison voisine afin de dérober des vivres prétendait qu’il ne lui voulait aucun mal… Difficile à croire pour la jeune femme qui n'accordait plus sa confiance depuis son réveil… L’homme aurait pu la connaitre avant son accident… N’ayant jamais eu vent de ses frasques, Calliope imaginait le pire concernant son passé… Elle maitrisait son arme à la perfection et parfois, l’envie de tuer venait la titiller lorsqu’elle faisait face à une injustice… Et si on était venu pour lui faire rendre l’âme ? Tout était possible…

        De ce fait, la Belle n’interrompit pas sa course… Même lorsque l’inconnu la pria de ne rien dire et de goûter à ses fameux pop corn. Mais pourquoi diable voulait-il qu’elle goûte à ces petites boules aux courbes difformes ? De plus, cela pouvait très bien être un piège, tout comme le diner qu’il proposait de faire pour elle. Voulant accélérer le pas, la jeune femme fut alors contrainte de s’arrêter lorsqu’elle sentit qu’on immobilisait son bras. Une grimace de douleur déforma son visage en forme de cœur pendant qu’elle posait son autre main libre sur sa garde. Dévisageant alors son interlocuteur avec des yeux emplis de haine, elle ne cilla pas lorsqu’elle vit qu’une petite créature étrange se posa sur sa chevelure d’or… Et ce fut la même chose quand l’homme lui parla d’études importantes. Elle resta de marbre…

        Un long silence ponctua la phrase prononcé par le voleur… Un long silence durant lequel Calliope resta immobile, silencieuse, le regard ensorcelant… Elle ne savait que penser de cette nouvelle présence sur l’île… Des hommes pratiquant la barbarie trainaient un peu partout sur les mers… Ils étaient fourbes, menteurs, sans pitié et ils savaient très bien jouer la comédie lorsque c’était nécessaire. Face à une situation aussi incompréhensible, la Belle se devait d’agir au plus vite… Son corps se mit alors à frémir… à bouillonner d’une force dont elle ignorait la provenance… Des souvenirs du passé influaient sur elle… C’est ainsi qu’une idée particulièrement étrange la poussa à agir comme elle l’avait sûrement fait maintes et maintes fois auparavant.

        Comme un réflexe de survie arrivant un peu tard, l’amnésique dégagea le bras de l’inconnu afin de se jeter sur lui. Ainsi, en quelques secondes, elle se retrouva à califourchon sur l’abdomen de sa proie. Le bol ainsi que la petite créature avaient sûrement volé dans les airs, mais cela lui importait peu… Il était temps de se renseigner quant à son identité. L’adrénaline lui permettant de faire abstraction à la douleur, la jeune femme bloquait les mains de l’inconnu avec les siennes… Rapprochant alors son visage aux traits parfaits à quelques millimètres de celui de l’homme, elle attendit quelques secondes avant de parler de sa voix aussi douce qu’assassine.

        «Qui es-tu ? Que viens-tu faire ici ? Quelles études comptes-tu réaliser sur cette île perdue qui ne connait que le calme ? Pourquoi tu voulais me faire manger ces choses ? »

        Bougeant la tête tel un animal sauvage afin de détailler chaque parcelle du visage séduisant qu'elle avait emprisonné, Calliope se demandait si elle avait déjà fait cela avant… Ces gestes paraissaient naturels et elle se laissait guider par cet instinct étrange… Des réflexes lui revenaient, c’était une bonne chose, même si elle aurait préféré retrouver des souvenirs… C'est donc un peu perdue qu'elle reposa ses yeux d’un saphir pur dans ceux de sa victime…

        «Alors ?»

        L’excitation engendrée par l’acte un tant soit peu violent qui avait eu lieu commençait à redescendre lentement. Les douleurs revenaient à fur et à mesure que le sablier du temps s’écoulait et bientôt, la frêle amnésique allait devoir se dégager… Si bien sûr, l’homme ne le faisait pas avant elle. Chose qui risquait d’arriver puisqu’il semblait être beaucoup plus fort…

          Le pirate n'était pas sur ses gardes. Pourtant, les signes de ce qui allait suivre n'aurait pas dû lui échapper ! La tension qu'il avait sentit sous sa main, la main sur la garde ; l'attitude de cette inconnue était tout à fait similaire à celle d'un animal sauvage sur la défensive, craintif. Elle le percevait comme une menace ?
          Le zoologue en était sidéré. Lui, doux comme un agneau (enfin presque), qui lui proposait ses services de cuisinier, lui présentait des pop-corn fraîchement préparés, une menace ?

          Il n'eut pas vraiment le temps de se remettre de sa stupéfaction. En quelques instants, Yaen fuyait de son perchoir dans un couinement, le bol de pop-corn volait, et Suiji était projeté à terre, immobilisé comme un débutant par une femme. Une fort jolie femme, mais une femme quand même. Et s'il n'était pas machiste, sa fierté était tout de même légèrement entamée.

          Fierté qui s'évapora face à ce visage angélique.

          Qui se rapprochait.

          Qui se rapprochait beaucoup.... mais pas assez !

          Faux espoir, et frustration. Mais ce fut suffisant pour que la blessure de l'égo de Suiji ne se fasse plus sentir. Après tout, la situation aurait pu être rêvée. Déjà l'imagination du cuisinier commençait à s'envoler, vite ramener à terre par les questions qui lui furent assénées.

          Une, deux, trois... quatre questions ! Peu bavard, répondre était bien la dernière chose dont il avait envie. Surtout dans cette position.

          Il hésita quelques secondes sur la conduite à tenir. La repousser ? Attendre qu'elle daigne le laisser filer ? Profiter ? Dur choix, mais le pirate prit sa décision et d'un mouvement souple, il renversa la jeune femme sur le côté pour passer par dessus elle. Il réprima un sourire triomphant et se retint à grand peine de ne pas laisser ses mains se promener à des endroits interdits et se contenta d'attraper les poignets de sa désormais prisonnière.

          « Quel manque de politesse. » Il se rapprocha de son oreille, et lui adressa les mots suivants dans un souffle. « Tu n'as jamais appris les bonnes manières ? »

          Il se redressa légèrement, laissa le coin droit de ses lèvres se relever légèrement, indication de l'amusement qu'il ressentait dans cette situation, avant de répondre aux questions.

          « Je m'appelle Saru, botaniste en pleine exploration de la flore de cette île. » Il laissa son regard s'attarder sur les pop-corn répandus à terre quelques secondes avant de répondre à la dernière question. « Et ces choses sont d'excellents pop-corn. Un vrai régal à qui sait en apprécier la saveur. »

          Il se permit alors de se remettre debout, épousseta un instant ses vêtements avant de présenter son aide à celle qu'il venait de malmener. Il n'était pas là en tant que pirate, mais en tant que botaniste et ce fut donc au Saru O. Suiji gentleman que cette demoiselle aurait affaire. Sauf si elle ne se libérait pas de sa chape de méfiance.

          « Et toi alors, t'es quoi ? Gardienne de l'île d'Orange ? Une telle agressivité pour quelques pop-corn, c'est un peu exagéré non ? »


          [Eh non, je ne t'ai pas oubliée ! Désolée pour ce délai d'attente, je ne pouvais pas rp plus tôt. J'espère que ma réponse te conviendra Smile]
            ~ Dégagée, blessée, déboussolée, elle ne sait que faire face à cet homme déterminé ~

            Une petite brise de vent nocturne vint faire virevolter sa chevelure d’un doré parfait, accentuant le malaise qui lui nouait l’estomac. Son esprit avait littéralement succombé à d’anciennes pulsions de combattante forcenée dont elle ignorait l’existence. Le souffle coupé, ses yeux parfaits écarquillés, elle était entièrement paralysée… Ce fut donc l’inconnu qui bougea en premier, faisant basculer son corps blessé avec délicatesse sur le côté. Mais ses gestes ne s’arrêtèrent pas là… Conscient qu’il avait été victime de la Belle, il ne se priva pas de la saisir par les poignets afin de réagir… Les mots qui franchirent alors la bouche quelque peu souriante de l’inconnu ne surprirent pas l’amnésique du nom de Calliope… En effet, en se laissant guider de la sorte, elle s’était montrée aussi impolie que certains barbares qui sillonnaientles mers. La réflexion était dégradante pour elle et cela ne s’arrangea pas lorsque sa victime s’approcha de son oreille afin de lui susurrer d’autres paroles aux allures vexantes.

            Ainsi donc, elle n’aurait jamais appris les bonnes manières… Le regard débordant d’une haine nouvelle, la jeune femme dévisagea celui venait de se redresser lentement afin de se présenter le sourire aux lèvres. Enfin, Calliope put mettre un nom sur ce visage séduisant mais détestable qu’elle ne cessait de contempler avec nonchalance… Saru… Aucun souvenir ne lui vint à l’esprit… Cela devait être la première fois qu’elle le rencontrait… D’après ses dires, il était botaniste… Encore une fois, hormis penser qu’il était un très bon voleur, l’esprit de la Belle ne réagit pas.

            Toujours posée sur l’herbe fraiche, la Dame aux milles foulards porta ses iris lumineux sur le tas de pop-corn qui avait fait l’objet d’une réflexion. Certes, cela pouvait être un vrai régal… Sans poison. La méfiance était de rigueur chez celle qui venait tout juste de s’éveiller et jamais elle n’accepterait de la nourriture offerte par un inconnu… Un peu trop paranoïaque sans doute...

            Un léger silence se posa confortablement entre les deux êtres et ce n’est qu’après quelques vagues que le Botaniste se hissa sur ses deux jambes. Dépoussiérant ses vêtements, il proposa alors son aide à l’amnésique qui le regardait toujours d’un air suspicieux… La douleur était atroce et cette aide était la bienvenue… Cependant, la fierté de la jeune femme allait être ébranlée. De plus, celui qui désirait apporter son aide ouvrit à nouveau la bouche afin de déverser un flot de paroles désagréables. Tout en alliant force et courage, la Belle se leva alors avec élégance, non sans trembloter un tant soit peu, dans le but de se trouver à la même hauteur que son interlocuteur.

            Il n’y avait plus de haine au fond des yeux de Calliope, le vide venait de reprendre sa place… Parler n’était pas une option envisageable… C’est pourquoi elle le contempla longuement de son regard étrangement envoûtant sans bouger ne serait-ce qu’un petit doigt. Son histoire, son passé, ses souvenirs… Tout cela la concernait elle, et uniquement elle. Ce voleur du nom de Saru ne méritait pas qu’elle use de ses cordes vocales afin de parler de ce qui venait de lui arriver. De plus, ses douleurs incessantes la poussaient à rentrer chez celle qui avait veillé sur elle durant tout son coma…

            Fermant alors les yeux, la jeune femme prit une légère inspiration afin de faire entendre sa voix mélodieuse pour la dernière fois de la soirée…

            «Mon prénom est Calliope… Je ne suis pas la gardienne de cette île… J’ai juste agi par reflexe… »

            Un murmure, un murmure dont le contenu était décousu… l’Amnésique avait parlé un minimum, comme à son habitude. Cependant, elle ne doutait pas quant à la compréhension du voleur. Mais de peur du contraire, elle s’empressa de rejoindre le chemin qui allait la ramener « chez elle » après avoir gratifier celui qu’elle avait mis à terre d’une rapide courbette. Fuir n’était pas une chose qu’elle appréciait, et c’était la même chose concernant ses réflexes violents… Il fallait donc le faire afin de ne pas passer pour une folle pour la deuxième fois de la soirée.


            Spoiler:
              L'effort que dut fournir la jeune femme pour se redresser échappa totalement à l'attention de Suiji. Elle venait de lui refuser une occasion de se montrer nécessaire, de prouver sa virilité, et il était trop occupé à lécher la blessure de son amour propre pour essayer de voir plus loin que son nombril.

              Un doux murmure vint l'arracher à ses lamentations intérieures, et il ne put se retenir d'apprécier la sonorité de cette voix. Amateur de belles choses, il mit quelques secondes à donner un sens aux paroles.
              Ainsi donc, elle se nommait Calliope, et avait de bien vilains réflexes. Il resta un instant immobile alors qu'elle s'inclinait devant lui avant de se carapater sans autre forme de procès. Son flegme naturel le maintint en place pendant une minute, peut-être deux, voire cinq ou six. Il ne savait pas trop, en fait.

              Il jeta un coup d'œil à Yaen qui ramassait méticuleusement les pop-corn pour les fourrer dans sa gueule, puis remonta le chemin emprunté par Calliope un peu plus tôt d'un pas vif. Il ne comprit pas vraiment ce qu'il cherchait en courant après cette demoiselle, avant de se rendre compte que sa curiosité avait été attisée par le mystérieux comportement dont elle avait fait preuve.

              Son sac dans une main, la poêle volée dans l'autre, il la rattrapa rapidement et c'est avec soulagement qu'il vit réapparaître la frêle silhouette de la jeune femme. Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire et il la héla dans l'espoir qu'elle allait s'arrêter, pressant le pas pour se mettre à son niveau.

              « Enfin, ma présence est si désagréable pour que vous me fuyiez comme ça ? »

              Il avait employé un ton légèrement narquois, emprunt de surprise toutefois. En général, il fallait qu'il ait vraiment fait une chose affreuse pour se retrouver éconduit de la sorte ! À moins que ce ne soit pas lui le problème. Elle devait sans doute le trouver trop attirant, et préférait fuir plutôt que de succomber à son charme, parce qu'elle était déjà engagée auprès d'un autre ? Une théorie bien plus plausible et plus flatteuse pour le pirate.

              « J'aurais besoin que quelqu'un m'héberge pour quelques temps... Je suis échoué sur cette île et je ne connais personne. Vous ne pourriez pas m'aider ? »

              Sa demande était sincère, bien que motivée par la curiosité. Il n'avait pas de logement ni d'argent, et il avait bien envie de déceler le pourquoi du comment des étrangetés dans le comportements de la blonde. Il lui saisit le poignet avec douceur, plus pour donner du poids à sa requête que pour la retenir, et lui lança un long regard indéchiffrable à qui ne connaît pas son caractère.

              « Je serai sage, c'est promis. »

              Un sourire enfantin vint alors éclairer son visage si grave d'ordinaire, laissant voir le petit garçon qui sommeillait toujours en lui. Si elle ne voulait pas céder lors d'une discussion sérieuse, il allait devoir devenir plus jovial.

              Spoiler: