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Le navire d’Edward Thatch vogue à grande vitesse dans ce début de tempête déjà fortement pluvieux. Tout l’équipage est sur le pont à s’affairer en hâte à obéir aux ordres du capitaine et des officiers, afin d’assurer la bonne marche de l’embarcation.
Il pleut de plus en plus fort, les hommes sont trempés jusqu’aux os. Au loin, partout autour d’eux, les éclairs déchirent le ciel.
Bienvenue en haute mer, camarades.
« Monsieur Littlehawk, pouvez-vous m’expliquer pourquoi toutes les voiles ne sont pas encore sorties ? »
Thatch n’est pas d’humeur. Mais alors pas du tout. Et Littlehawk n’a pas l’air particulièrement enjoué par la situation.
« Par tous les Diables, faites votre boulot ou je vous envoie rejoindre les profondeurs les plus noires de ces océans ! »
« Timonier, je prends la barre.
- Capitaine à la barre !
- Capitaine à la baaaarre !
- Libérez toute la voilure messieurs, prenons ce souffle de Neptune où qu’il puisse nous conduire ! »
« Monsieur Deadeye, la situation je vous prie ! »
Du haut du nid de pie, un homme scrute la mer du côté de la poupe. Il les voit, un par un, ces bâtiments de la Marine qui ont pris en chasse les pirates. Il les surveille depuis leur départ, craignant qu’ils soient suffisamment proches pour ouvrir le feu. Mais fort heureusement, ils n’ont pas l’armement adéquat pour cela. Pas ces navires là, tout du moins.
« Six frégates, mon Capitaine ! Réparties sur presque quatre-vingt-dix degrés vu d’ici ! »
Thatch, tout en maintenant son navire cap droit devant, réfléchit le plus posément possible à la stratégie à adopter. La Marine ne lui laisse guère le choix. Vu le vent, s’il vire sur bâbord ou tribord, il croisera inexorablement le passage d’un navire ennemi, exposant en même temps son flanc aux autres. Il n’y a pas trente-six mille solutions. Foncer, droit devant. En direction de cette épouvantable tempête.
Le timonier, resté proche de la barre pour remplacer le Thatch le cas échéant, s’interroge, autant pour lui-même que pour ceux qui sont assez proches de lui pour l’entendre.
« Foutre ciel, l’est en colère Neptune ! Pourquoi qu’y s’amuse à nous mettre un temps aussi dégueulasse pile dans notre gueule ?
- Haha, n’y voyez pas toujours un ennemi, parfois il peut nous jouer des tours !
- Voyez cap’taine, cette surprise-là elle m’emballe pas particulièrement.
- Ne vous inquiétez pas, au fil des années j’ai appris à considérer Neptune comme un allié !
- Et là, c’est un allié ou un ennemi ? »
Droit devant eux, à quelques milles nautiques, un typhon se forme et croît, de plus en plus violemment.
« Si on survit à ça, ç’aura été notre plus puissant allié jusqu’ici ! »
Eclatant d’un rire à gorge déployée, Thatch vire soudainement de bord pour éviter une lame de fond puis reprend son cap, en plein vers le typhon, secouant tout son équipage au passage.
« Messieurs, cramponnez-vous ! Canonniers, à vos postes au pont inférieur, sur bâbord et sur tribord, sabords ouverts, je veux que tous soient prêts à ouvrir un feu nourri si besoin ! En d’autres termes… »
« BRANLE-BAS DE COMBAT ! »
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