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A l'aventure !

Me regardant dans le miroir dans la salle de bains, le coude posé sur la vasque et le front sur ma main, je n’en revenais pas des cernes qui s’étaient creusés, j’avais l’impression d’avoir reçu plusieurs coups de poing au niveau de mes yeux ou d’avoir passé mes doigts dans le charbon avant de les passer dessous. Fallait dire, je n’avais pas beaucoup dormi ces derniers jours, mon impatience crevait limite le plafond et je n’arrivais pas du tout à fermer l’œil de la nuit depuis la cérémonie. Pouvoir sortir de cette satanée île, prendre la mer, voyager par-delà les océans et rencontrer de nouvelles personnes. Je n’en pouvais plus d’attendre. Je passai de l’eau froide sur mon visage pour me mettre un petit coup de fouet et je m’habillai avec ma tenue habituelle sans oublier la veste que j’ai obtenue après cette satanée journée. Je ressentais comme une fierté en la portant, je m’observai une minute ou deux sous tous les angles, un sourire fier et complètement ridicule sur mon visage. Je savais, j’étais ridicule, à bomber le torse, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Après toutes ces années à suer sang et eau pour l’obtenir, je pouvais bien me réjouir de l’avoir obtenu. Cependant, je fus interrompu dans ma pavane par mon père qui ouvrit la porte, me regarda d’un air un peu surpris, interloqué, et un peu dépité, puis m’interpella. 

« Kagami, tu te dépêches… ? J’ai des choses à te dire et à te montrer. »
« Euh …. Oui oui, j’arrive ! »

Un sourire extrêmement gêné sur les lèvres, je me grattai un peu la tête, je mis convenablement ma veste puis j’emboîtai le pas de mon père qui se dirigea vers l’arrière du dojo, un terrain vide qui servait de terrain d’entraînement extérieur pour la famille, quelques mannequins en paille se trouvaient là, prêts à l’emploi.

Nous nous arrêtions devant l’un d’eux, mon père se mit alors en face de moi et désigna les épées que je portais au niveau de ma ceinture. Je baissai un peu la tête pour les avoir dans mon champ de vision, un petit sourire de fierté naquit sur mon visage rien qu’à leur vu. Dire que j’ai dû passer une bonne partie de mon enfance et toute mon adolescence à m’entraîner d’arrache-pied pour avoir le droit de les porter à la ceinture et de les avoir enfin, là, bien exhibés à la vue des autres, ça faisait tellement de bien. Mais je fus une nouvelle fois sorti de mes songes par mon père, cependant ce n’était pas sa voix, mais plutôt un coup de bokuto qui me fit assez mal. Je me frottai douloureusement la tête tout en lançant un regard plaintif envers lui.


« Fils ! Arrête de rêvasser… Ce n’est pas parce que tu les portes que tu dois croire que t’as fini ton entraînement… Tu es loin d’avoir maîtrisé ton style. » M’interpella-t-il avant de désigner une nouvelle fois les katanas, mais cette fois-ci avec son arme.« Les as-tu déjà observés de près, au moins ? »
« Euh … non ? »

Haussant les épaules d’un air un peu penaud, je les attrapai pour les décrocher de ma ceinture et une pensée m’échappa à voix haute :

« Ils sont quand même plus lourds … »
« Ah ? Tu as remarqué ? »
« Hmm ? »

Je fronçai les sourcils à cette intervention. C’était bien normal que mon père soit au courant de la différence de poids, mais je me demandais vraiment pourquoi ils étaient aussi lourds et je ne le saurais qu’en les ouvrants. Je m’exécutai alors, je pris le premier katana pour l’approcher de mes yeux, l’observant avec attention, avant de commencer à l’ouvrir lentement. Mes yeux s’ouvrirent graduellement en même temps que la lame se dévoilait… Enfin, pouvait-on vraiment appeler cela une lame ? Tout ce que je voyais, c’était du bois, ou du moins comme une imitation. Pourquoi ? À quoi servait ce revêtement ? Où était la lame ? À quoi servaient donc bien ces armes ?! Je levai la tête pour regarder mon père qui restait planter là, les mains sur le manche de son arme, un air sérieux sur le visage. J’avais tellement de questions à lui poser sur ces lames qu’elles se bousculèrent toutes lorsque j’essayai de prendre la parole, cela donnait :

« Mais que… quoi … mais … Pourquoi ? » Mes épaules se haussaient pratiquement à leur maximum alors que la paume de mes mains faisait face au ciel et mes sourcils formaient limite un V sur mon visage.
« C’est les  « Hogo no Chikai », les serments de protection. » Répondit alors mon père sans perdre son air grave malgré le spectacle affligeant qui se déroulait devant lui.« Ce ne sont pas des armes destinées à tuer les gens, mais à protéger leur porteur. La lame est scellée par un revêtement et il garde l’intégrité des fourreaux lorsque l’on donne des coups avec »
« De quoi ? »
« Oui, tu as bien entendu. La manière de combattre avec n’est pas si différente qu’avec les bokutos. »
« Mais pourquoi avoir scellé les lames ? » Demandai-je, un peu sonné.
« Pour que le fait de les utiliser vraiment vienne d’un raisonnement réfléchi et pas juste pour faire n’importe quoi avec. Ton frère a eu la même avec son épée et il ne l’a pas encore descellé. Il faut avoir une bonne raison, comme quelque chose de cher à tes yeux, comme une personne à qui tu tiens, quelqu’un que tu respectes énormément ou des idéaux en quels tu crois. Normalement, cette décision est soumise à discussion avec la famille entière, mais vu que tu vas prendre la mer, tu vas devoir faire cette décision tout seul. Te sens-tu capable de respecter ces préceptes ? »


Dernière édition par Kan Kagami le Mer 1 Juin - 20:10, édité 5 fois
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Je déglutis légèrement, un peu abasourdi par toutes ces informations d’un coup. J’avouais ne pas avoir trop compris la raison, mais je mettais ça sur le compte du temps, vu que je n’avais pas vraiment tout ça, à part ma famille.

« Eh bien… oui, je compte respecter ça » Lui rétorquai-je d’un ton pas très certain. « Mais, comment on se débarrasse du revêtement ? »
« Suffit d’aller voir un forgeron, ce n’est pas très difficile. Bon… Je ne t’ai pas fait venir ici juste pour te parler de ça, sinon on aurait bien pu le faire à l’intérieur. Je vais t’aider un peu pour la maîtrise de ces nouvelles armes, histoire que tu ne sois pas démuni dès le premier adversaire venu. On ne sait pas du tout quand les ennuis peuvent arriver. »
« Ah … d’accord. Merci Père » lui répondis-je tout en opinant du chef.

Pendant le reste de la matinée, mon père m’entraînait, de la même manière qu’utilisait mon grand-père. La première heure fut assez douloureuse et difficile, je n’arrivais pas vraiment à bien maîtriser mes katanas. Leur poids me gênait pas mal, mes coups n’étaient pas du tout aussi puissants que ceux que je portais avec mes sabres en bois. La pensée de les reprendre me traversa plusieurs fois l’esprit à chaque fois que je recevais un coup d’épée sur la tête, suivi d’une remontrance, mais je n’allais pas me laisser abattre. Je tapai à répétition le mannequin de paille qui se balançait au rythme de mes coups, enchaînant main droite et main gauche mollement. Tout doucement, je perdais patience, de plus en plus je retroussai mes lèvres en soupirant, la contrariété me grignotait peu à peu ma concentration, mais ce que je n’avais pas vraiment remarqué, c’était que je ne réagissais pas à la mine assez renfrognée de mon père, alors qu’à mon habitude, j’aurais déjà pris mes jambes à mon cou.
D’un geste rempli de rage, je fracassai mes deux armes contre le pauvre mannequin de paille tellement violemment que la corde qui tenait son corps se détendit et la paille se répandit sur le sol en même temps que je laissai les katanas tomber au sol avant de moi-même me laisser tomber en arrière, empêchant quand même ma tête de toucher le sol. Mon paternel me regarda bizarrement, puis donna un coup de sabre en bois sur le sol tout en vociférant :


« Relève-toi ! »

Je ne réagissais pas, j’avais les yeux plantés dans le ciel, le cœur qui palpitait et ma frustration était à son paroxysme. Pourquoi n’y arrivais-je pas ? Le mannequin avait juste explosé à cause de ma rage, je ne pouvais pas me permettre d’être aussi faible, pas encore une fois. Ce ne fut qu’au deuxième coup dans le sol que je réagissais, me redressant comme si j’avais fait un horrible cauchemar.

« Euh... Oui oui ! Excuse-moi, Père »
Je me relevai sans soucis, époussetant mes vêtements, puis je repris les katanas, mais je fus vite stoppé par le sabre de mon professeur qui se trouvait juste au niveau de ma nuque.
« Tu me fais encore une fois ça… et tu peux dire adieu à l’aventure, Fils. »Menaça mon père, les sourcils froncés au maximum. « Rien ne s’est fait en un jour, alors arrête un peu de vouloir brûler les étapes. »
« … »

Je ne répondais, il avait parfaitement raison. Malgré mes nombreuses années à m’entraîner derrière moi, le fait que le poids de ces armes soit différent de celles régulières m’obligeait à effacer les habitudes que j’avais prises avec les épées d’entraînements et repartir sur une base saine. Je soufflai alors longuement, histoire d’évacuer tout le stress que j’avais accumulé, puis me plaçai devant un autre mannequin pour reprendre mon entraînement, plus déterminé que jamais.

Cette remontrance fut assez bénéfique, je ne laissais plus la frustration grimper, ma concentration, elle, restait au beau fixe. Malgré la fatigue musculaire qui pointait le bout de son nez, je ne fis qu’une pause pendant les dernières heures de la matinée, histoire de m’éponger le front et le corps de la sueur et de m’hydrater pour ne pas tomber. Mes muscles s’habituèrent doucement à la spécificité de mes armes, mes mouvements devenaient de plus en plus fluides, rapides et secs. Au fur et à mesure, un sourire mua sur mon visage, un sourire d’aisance et de satisfaction. Cependant, l’entraînement se fit interrompre par mon petit frère qui vint nous chercher, tout joyeux, en criant « PAPA ! GRAND FRERE ! C’est l’heure de manger ! ». J’effectuai un dernier enchaînement de coups avant de lever les deux bras au ciel avec les katanas dans les mains, puis je les fis retomber le long de mon corps avant de me retourner, un énorme sourire aux lèvres et de courir sans attendre mon père vers l’intérieur du dojo. Le repas allait être succulent ! Dire qu’après, je devais me préparer pour prendre la mer… J’avais tellement hâte d’y être !


Dernière édition par Kan Kagami le Mer 1 Juin - 20:13, édité 3 fois
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Après un repas bien copieux qui dura quand même deux bonnes heures, je sortis du dojo pour me diriger vers le port, sautillant limite tellement j’étais joyeux, pour aider les marchands de poisson à remballer tout leur matériel dans leur navire, je leur devais au moins bien ça. Ça faisait depuis plusieurs années qui me supportaient sans vraiment broncher, malgré mes nombreuses gaffes et mes questions de jeune innocent, la moindre des choses était de leur rendre la pareille et de me montrer utile. Tiens, en pensant à ça, je devrais leur demander quelle est notre première destination… m’enfin, je ne connaissais pas vraiment les autres îles, à part ce qu’on en disait dans les livres, donc qu’importe. Je marchai tranquillement à travers le village, saluais les gens qui croisaient mon regard en inclinant la tête très légèrement, le sourire aux lèvres. Seulement, lorsque j’arrivais près du port, je vis une masse de personne juste devant celui-ci, avec plusieurs personnes qui discutaient assez vivement, d’autres mêmes tremblaient légèrement, surtout les enfants. Fronçant légèrement les sourcils, je me dirigeai vers la première personne que je voyais et lui tapai doucement au niveau des épaules afin d’attirer son attention et, avec toujours cet air un peu grave sur le visage, je lui demandai :

« Excusez-moi, qu’est ce qui se passe ici ?»
« Bah … D’après ce que j’ai entendu, il y aurait du grabuge au niveau du marché au poisson. Les autres marchands nous ont déconseillé d’y aller. »
« Mais … Y’a pas des personnes de la Marine normalement au port ? » Je haussai un sourcil « Ils auraient déjà dû s’en occuper. »
« C’est que … ils sont en séance d’entraînement pour la journée. »
« Bien sûr… Jamais là quand on a besoin d’eux … »
« Il ne faut pas s’inquiéter » Me rétorqua l’homme soucieux, « Quelqu’un est parti les chercher, ils ne devraient pas tarder. On devrait les attendre. »
« Mais … et s’il se passe quelque chose avant qu’ils n’arrivent ?! » Beuglais-je.
« J’sais pas moi … … »
« Fait chié … »

Que faire… Que faire ? C’était vrai qu’attendre la Marine était la meilleure chose à faire, c’était leur boulot d’assurer la protection des gens, ça ne servait à rien de le faire à leur place… Mais merde quoi. D’un côté, j’étais d’accord de ne rien faire, mais de l’autre côté, j’avais le cœur qui mit à accélérer et, d’instinct, ma main droite se posa sur le manche d’un de mes katanas et le serra. Une idée naquit et se faisait de plus en plus présente dans mon esprit. C’était l’occasion rêvée de tester mes aptitudes de bretteur, je n’avais affronté que ma famille et ce n’était que des affrontements d’entraînement, et le fait d’avoir la possibilité de combattre me faisait quelque peu frémir. Moi qui n’étais pas d’instinct grégaire, j’étais en train de succomber à l’appel du combat.

Je lâchai alors mon épée puis je m’engouffrai dans la petite masse de personne et me frayai un chemin jusqu’à l’autre bout. Je bousculai sans vraiment faire attention certaines personnes, les poussai lorsqu’ils ne voulaient pas me laisser passer tout en m’excusant. Puis, lorsque je me retrouvai enfin de l’autre côté, je me fis stopper net par l’un des marins qui se mit devant moi. Je lui rentrai limite dedans et me fis légèrement repousser en arrière.

« Oh garçon ! Tu vas où là ? » Me questionna-t-il en croisant les bras devant lui. « Eh … Mais, c’est toi Kagami ? »

Secouant un peu la tête pour reprendre mes esprits, je la relevai pour regarder le marin dans les yeux.

« Euh … ouais c’est moi. »
« Hm … » Il se frotta le menton pendant quelques secondes avant de s’écarter. « Tiens, vas-y. »
« Hein … ?! Euh … merci. »
« Fais attention quand même.  D’après ce que j’ai entendu, ils étaient une petite dizaine et ils étaient sérieux … »
« Ouais … merci. Mais pourquoi vous me laissez passer ? » Demandai-je, interloqué par la tournure des évènements.
« Demande pas et passe tout de suite. »
« Ah … ok. »

Je me grattai un peu le front, pourquoi me laissait-il passer ? Bon, ce n’était pas vraiment le plus important. Je hochai alors la tête, le remerciai de vives voix avant de courir en direction du marché au poisson du plus vite que je pouvais. Pendant la course, j’espérais vraiment qu’il ne se passait rien de grave. Ce serait quand même dommage qu’ils leur arrivent quelque chose alors qu’ils s’apprêtaient à partir le soir même.


Dernière édition par Kan Kagami le Mer 1 Juin - 20:16, édité 2 fois
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D’un coup, je m’arrêtai de courir et je tendis l’oreille pour écouter. J’entendais des rires, gras, puissants, non loin de moi. Je déglutis légèrement et je posai doucement une main sur un katana, me concentrant au maximum. Après une longue inspiration, je repris ma route vers la source de ses rires et je me stoppai rapidement en voyant la scène. Huit hommes se trouvaient devant les étals au poisson, étals qui s’étaient retrouvés sur le sol, avec la marchandise répandue au sol. C’était un vrai bordel, rien n’était à sa place, le chaos. Bon, heureusement, je ne voyais aucun feu à l’horizon, ça ressemblait juste à un règlement de comptes qu’à une simple mise à sac. Cependant, je n’osais pas vraiment avancer, même si j’engageai le mouvement, mon corps refusait de bouger. C’était peut-être une mauvaise idée d’y être allé, en fin de compte, je n’étais pas vraiment prêt à combattre autant de personnes. L’envie de prendre les jambes à mon coup me traversa l’esprit, mais je ne pus satisfaire cette envie parce qu’un des brigands qui s’amusaient à martyriser un pauvre marchand en lui gueulant dessus me remarqua. Il s’arrêta, s’approcha des autres pour me désigner d’une main et… Tous se retournèrent vers moi avec leur gueule grégaire. Le chef des poissonniers suivit alors leur regard et écarquilla limite les yeux en me voyant en face d’eux, j’étais tout tremblant en plus.

« Qu’est-ce que tu fous là Kagami ?! Fuis ! » M’ordonna-t-il d’un ton sec.

Je pinçai fortement mes lèvres, retroussant au maximum les commissures, puis je pris une très grande inspiration tout en posant mes deux mains sur mes katanas, mon regard essayant d’accrocher celui des malandrins. Ceux-ci se lancèrent chacun un regard avant de se mettre à rire face à ce spectacle assez pathétique. L’un d’entre eux, faisant une tête de plus que moi, s’approcha de moi en se frottant les mains.

« Beh alors ? … On s’est perdu ? » Me lança-t-il d’un ton assez moqueur de faire craquer ses doigts.
« … » » Je repris une nouvelle fois une bonne inspiration, je décrochai les deux katanas de ma ceinture et me mis en position d’attaque.
« Mais ! Arrête ça et casse-toi bon sang ! » Répéta le vieil-homme avant de se prendre un coup de poing en plein ventre.

En voyant ça, mon sang ne fit qu’un tour, mes muscles se crispèrent tous d’un coup et je me mis à crier « arrêtez ça tout de suite ! ». Comment osaient-ils tapaient un vieil homme sans défense comme ça, c’était vraiment la pire des raclures ces types-là. J’allais leur refaire le portrait façon Kagami ! Cependant, je restai quand même sur place, je n’avais pas vraiment envie de foncer dans le tas, au vu du désavantage numérique, je risquais simplement de me faire submerger plus qu’autre chose. Les canailles se stoppèrent d’un coup, surpris par le cri, mais se bidonnèrent une nouvelle fois.

En voyant ça, mon sang ne fit qu’un tour, mes muscles se crispèrent tout d’un coup et je me mis à crier « arrêtez ça tout de suite ! ». Comment osaient-ils tapaient un vieil homme sans défense comme ça, c’était vraiment la pire des raclures ces types-là. J’allais leur refaire le portrait façon Kagami ! Cependant, je restai quand même sur place, je n’avais pas vraiment envie de foncer dans le tas, au vu du désavantage numérique, je risquais simplement de me faire submerger plus qu’autre chose. Les canailles se stoppèrent d’un coup, surpris par le cri, mais se bidonnèrent une nouvelle fois.

« Y s’prend pour qui l’gosse ? »
« J’crois qu’y veut qu’on s’arrête ? »
« Y veut s’prendre une raclée, je pense plutôt. »
« Ouais, j’suis d’accord avec toi. »
« Alors ton souhait va être exaucé mon p’tit ! » Finit l’homme qui s’avançait vers moi.

Il sortit alors son sabre de son fourreau et me le présenta. J’eus un petit hoquet de surprise en voyant que c’était bien une vraie lame et pas un simple outil d’entraînement.

Sans attendre, il se mit à courir vers moi, arme à la main, de manière complètement bourrin sans vraiment penser à se protéger. Pour lui, je devais sans doute être juste un gamin qui voulait frimer, mais qui n’avait rien du tout derrière l’apparence d’un gosse fragile. Aucun camouflage d’intention, il voulait juste m’assener un coup direct. Mais, en analysant la manière dont il tenait son épée, à ses mouvements corporels et à sa technique, je n’eus juste qu’à avancer mon pied gauche d’un pas, à fléchir un peu le genou droit et à mettre mon épée dans la trajectoire de la sienne pour bloquer son attaque. Son sabre se fracassa contre mon fourreau, la puissance me fit fléchir les genoux tout en grimaçant légèrement et l’homme, surpris, me regarda avec air un peu ahuri, ne s’attendant pas du tout à se faire bloquer ainsi. J’en profitai alors pour éloigner sa lame à l’aide de mon katana gauche avant de m’incliner en avant tout en donnant un coup d’estoc avec mon étui juste au niveau de son diaphragme. Il lâcha un petit « Humpf » tout en se reculant de deux pas et en se tenant le ventre, il releva la tête pour me regarder, une expression de surprise, mais aussi de rage sur son visage. Il esquissa un sourire narquois puis cracha au sol.

« Tu t’débrouilles bien petit… » Proféra-t-il.

Pour simple réponse, je pris appui sur mon pied-droit pour m’élancer vers lui et je lui donnai un coup allant de bas vers le haut et de droite vers la gauche, lui attaquant le flanc droit. Le bandit eut juste le temps de parer avec son sabre en profita pour s’appuyer sur la coque de mes katanas pour se désengager du combat, reculant de trois mètres. Cependant, je ne lui laissai pas le temps de se remettre en place en lui fonçant directement dessus, armant un autre coup, mais de gauche vers la droite cette fois-ci. Mes armes firent mouche, cognant violemment le flanc de mon adversaire. Le choc le fit perdre l’équilibre tout en poussant un autre hoquet de douleur. Sans attendre même qu’il reprenne ses esprits, j’enchaînai avec plusieurs coups à un seul sabre, alternant droit et gauche, pour finir par le mettre à terre.


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Le reste du groupe assistait au combat sans bouger, sans même faire le moindre mouvement. Leurs yeux étaient grands ouverts, leur bouche restait à demi ouverte, il y en avait même un, un marchand dans sa main, qui le lâcha au sol de surprise. Ils me fixaient longuement avant de se concertaient entre eux. Personnellement, je restais sur place, ils étaient encore sept. Foncer dans le tas était à proscrire. Je m’assurai juste que l’homme à terre n’était pu une menace en dégageant plus loin d’un coup de pied son épée pour qu’il ne soit pu une menace. C’était à ce moment-là que les autres truands décidèrent d’attaquer en groupe, j’en vis deux foncer sur moi et ils m’attaquèrent en même temps, leur attaque était parfaitement synchronisée. Je réussis quand même à parer les deux de justesse, mais j’étais obligé de poser genoux à terre à cause du choc. Ils avaient quand même pas mal de force ces bougres.

Pour me dégager, je poussai de toutes mes forces pour les repousser, mais ils firent la même chose de leur côté, créant un statut-quo. Soudainement, un troisième brigand apparut de nulle part, sans doute caché par les deux autres et m’attaque sur le flanc. Dans un réflexe, je bondis en arrière pour éviter le coup, mais celui-ci fit tout de même mouche, déchirant mon habit et m’entaillant le torse. Je fis une petite grimace à ma retombée tout en posant ma main sur la blessure. Les enfoirés ! Ils avaient prévu leur coup ! Fallait s’en douter que les autres allassent rester les bras croisés devant une bagarre. Ça faisait mal quand même ! J’avais l’habitude de me prendre des coups, mais pas de me faire couper. Je devais me la jouer un peu plus fin avec eux si je n’avais pas envie de me faire découper petit à petit.

Je soufflai longuement en fermant les yeux avant de charger mes adversaires, essayant de bien calculer mon coup pour minimiser les dégâts. Lorsque le premier tenta de m’attaquer, j’utilisai ma technique du coup glissant pour passer en dessous de sa lame, allongeant brusquement mes pas afin de faire coulisser mon centre de gravité vers le bas, puis lui assena un coup au niveau du menton. Un bruit assez désagréable se fit entendre, comme si je l’avais déboité et il se souleva du sol tout en se projetant vers l’arrière, retombant lourdement sur le sol. Le second fut beaucoup trop surpris par la violence de mon coup pour contre-attaquer, mais le troisième ne se laissa pas du tout se démonter et en profita pour porter une attaque. Malheureusement pour moi, je ne fus pas assez rapide pour me protéger et sa lame me coupa une nouvelle fois le flanc, plus profondément que la dernière fois. Un hoquet de douleur m’échappa, mais je ne me laissai démonter, je me relevai en serrant les dents puis l’attaqua sans attendre, heurtant son plexus avec mon katana. L’attaque n’était pas vraiment destinée à le mettre KO, mais plus à me désengager du combat. Elle fit mouche, le vaurien se recula un peu, mais arborait un grand sourire.

Bon sang et les marines qui n’étaient toujours pas arrivés, ça serait bien qu’ils se bougent un peu le fion ! Me taper les huit, seul, c’était quand même assez risqué, si ça continuait, je n’allais pas qu’avoir de légères entailles. Mais bon, il ne restait pour le moment que deux mecs devant moi, les autres devaient rester pour surveiller les marchands. En parlant d’eux, je lançai un petit regard vers eux pour voir comment ils se sentaient et je fus rassuré en voyant qu’ils étaient justes un peu secoués. Ça me soulageait pas mal, malgré le regard assez pénible du vieux capitaine du navire qui n’arrêtait de grimacer à chaque coup que je prenais. Faire ce genre de tête ne m’aidait pas vieux, ça me mettait limite dans l’embarras. Je secouai un peu la tête pour me remettre les idées en place malgré la douleur au niveau de mon flanc et je repris la charge sans broncher. J’avais bien vu que l’un d’eux était moins réactif que l’autre, donc j’avais prévu d’attaquer l’autre. Violemment, j’abattis mes deux armes sur lui, mais il les para avec son sabre sans grandes difficultés. Il me sourit de toutes ses dents, qui étaient quand même en mauvais état, et se permit une petite réflexion du genre « C’est à ton tour de bouffer ». Cependant, ses yeux s’ouvrirent en grand lorsqu’il n’arrivait plus à bouger le bras avec lequel il tenait son épée, son regard changea, passant de la fierté à la surprise. Il me fixa, apeuré, il me demanda ce que je lui avais fait, mais je ne lui répondis pas, je profitai du temps que j’avais pour enrouler mon épée autour de celle de mon adversaire et d’un coup sec la fit sauter de ses mains. Ce fut à mon tour de le provoquer en lui souriant en coin avant de le frapper plusieurs fois au niveau du torse pour le mettre hors-jeu.


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Le dernier gars restait spectateur, il ne savait pas vraiment quoi faire, un peu désemparé. Fallait dire, il avait été témoin de la mise à terre de trois de ses collègues. Il devait se dire qu’attaquer seul était peine perdue, ça se lisait sur son visage. Lorsque je m’approchais de lui avec un air grave sur le visage, il se recula, un pas après l’autre, pour finir par heurter un étal qui tenait toujours debout. Dans ses yeux se voyaient l’incompréhension, la surprise et une petite goutte de peur. Mais, à cause de son rang de vil homme qui semait le mal autour de lui, il reprit confiance en lui et me chargea de plus belle, bien décider à en finir. Son attaque transpirait sa détermination, il voulait me mettre KO, sauf que je lui parai son attaque d’un seul coup de poignet avant de riposter directement en plein visage avec mon katana. Son menton se leva au ciel, son corps pencha en arrière et dans un vacarme, il s’écrasa sur l’étal qui céda sous son poids et qui s’étala sur le sol. D’un coup de pied, j’envoyai son arme avec les autres puis je me tournai doucement vers les quatre restants. Nous nous regardions en chien de faïence pendant quelques minutes, ils se concertèrent de manière tacite et, tel des vauriens qu’ils étaient, l’un deux attrapa le vieux capitaine pour le relever afin de le menacer d’une lame sous la gorge.

« Eh !! » M’imposai-je en hurlant. « Lâchez-le ! »
« Tu crois vraiment qu’on va obéir… D’accord. À une condition. » Répondit le preneur d’otages. « Dépose tes armes et agenouille-toi… Sinon je lui tranche la jugulaire. »

Pour accompagner ses dires, il entailla légèrement le cou de son otage qui hoqueta de douleur, mais celui-ci ne se démonta pas et s’époumona :

« Fais pas ça ! Ils vont te tuer ! »
« Fermez là vous ! »

Le pauvre vieux se prit un coup de crosse dans la mâchoire par un autre cèlera. Je braillai comme je pouvais, même si c’était en vain. Je n’avais pas vraiment le choix, tant pis si je prenais des coups, je n’allais pas laisser ce pauvre vieux crever. Je levai alors les bras au ciel tout en les regardant dans les yeux, défiant limite leur regard, je lâchai ensuite mes armes qui tombèrent sourdement sur le sol et je m’agenouillai devant eux, sans broncher. En façade du moins. Intérieurement, j’étais apeuré, j’avais quelques idées sur ce que j’allais subir et je m’imaginais même le pire scénario. Juste avant de partir à l’aventure, à deux pas de commencer mon rêve. Même si j’essayais de rester le plus digne possible, mes yeux se remplirent doucement de larme pendant que mon rythme cardiaque s’accélérait dangereusement. Je devais garder mon calme et ne pas montrer un simple signe de faiblesse.

Le plus petit des bandits s’approcha de moi, il affichait un sourire malsain, ses dents pourries et jaunâtres m’étaient insupportables à voir. Plus il était près, plus je sentais son odeur putride, à croire qu’il n’avait pas pris de douche de la semaine. Je détournai la tête lorsqu’il fut proche de moi, mais je le gardais dans le champ de vision. Pour me saluer, il m’envoya un crochet du droit directement sur la joue qui m’arracha une légère plainte et enchaîna par un crochet du gauche sur l’autre. J’avais l’impression d’être un punching-ball vivant. Fait chier. Mais au moins, lorsque je me penchai légèrement sur le côté pour observer derrière ce mec, j’observai le vieux et j’étais content qu’il ne lui arrive rien. Cependant, je repris un autre coup, sauf que cette fois-ci, c’était carrément sa botte qui vint s’écraser sur mon visage. Je basculai en arrière, mais je me retenais d’aller plus loin, reprenant ma place assez difficilement.
« Et alors ?! On fait moins l’malin, là ? » Me provoqua-t-il tout en m’attrapant le menton pour me fixer dans le regard.

Il fut interloqué lorsqu’il m’observa en détail. Un filet de sang s’échappait de ma lèvre ouverte à cause d’un caillou qui s’était coincé sous sa botte, mon visage portait la marque de ses coups, mais mon air n’avait pas changé. Enfin pas tout à fait. Mes lèvres tremblaient discrètement alors qu’une petite larme se libéra et coula le long de mon nez. Il se mit à rire aux éclats en m’attrapant les cheveux, s’écarta pour montrer l’affreux spectacle aux otages et leur fit face.

« Vous voyez ce qu’il se passe lorsque l’on se frotte à nous ?! Et c’n’est qu’le début… » Proclama-t-il avant de sortir de sa ceinture un pistolet.
« Nooooooooon ! »

Le pauvre vieux fondit en larmes, alors que les otages n’arrêtèrent pas de hurler en dépit de l’inutilité de ces hurlements. Mes propres larmes roulèrent sur mes joues sans que je ne puisse les retenir. C’était la fin, je le savais. Avant même d’avoir commencé. Je sentis doucement le canon se poser sur ma tempe, sa froideur me fit frissonner d’horreur, mais malgré ça, je soutins encore le regard de mon bourreau. Celui-ci avait un sourire de psychopathe, le doigt tremblant sur la détente.

« T’aurais dû rester chez toi… » Finit-il par murmurer sadiquement.

Le temps se ralentit peu à peu, tout autour de moi. Ces dernières secondes me parurent une éternité. Je voyais le vieux tenter de se libérer de son agresseur, même chose pour les autres qui étaient attachés. Le rire gras résonnait dans mes oreilles comme le glas de mes dernières heures. Comme dernière odeur, j’avais celle putride de l’homme au pistolet qui m’envahissait les narines, tel un avant-goût de l’enfer. Mes yeux se fermèrent tous seul, je ne voulais pas affronter la vérité en face, le flot de larmes s’intensifia. Adieu rêve qui n’eut pas le temps de démarrer… Adieu mes frères, père, mère… Désolé grand-père…

BANG !


Dernière édition par Kan Kagami le Mer 1 Juin - 20:21, édité 1 fois
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Des bruits de pas s’approchèrent très rapidement, des cris s’échangèrent, des tirs de fusils s’entendirent près de ma position et une odeur de fer commençait à embaumer l’atmosphère. Lentement, je sentais la prise sur mes cheveux se desserrer peu à peu jusqu’au moment où elle lâcha complètement. D’un coup, je retombai lourdement sur mes genoux, un petit cri de douleur m’échappa des lèvres. Je n’osai pas du tout ouvrir les yeux, mon cœur battait la chamade à m’en faire souffrir, j’étais en nage, mon esprit nageait dans l’incompréhension. Normalement, je devais être mort là, avec une balle dans le crâne ! Et c’était quoi toute cette agitation autour ? Pourquoi je perçus des pas venir près de moi ?

« Eh ! Garçon ?! Garçon ! » Entendis-je avant que quelqu’un m’attrapât et me secouât un peu. « Tout va bien maintenant ! »
« Quoi… ? Que… ? Qui êtes-vous ? »
« C’est la marine. »

Mes yeux se découvrirent peu à peu et j’observai alors mon interlocuteur. Sa tenue réglementaire bleu et blanc, sa casquette avec les mêmes couleurs avec le sigle de la Marine, il n’y avait pas de doute à avoir. Je sentis comme un poids s’envoler de ma poitrine alors que je déglutis bruyamment comme pour ravaler mon stress et je lui demandai dans un murmure :

« Et… Les marchands ? »
« Ils vont bien, ne t’inquiètes pas… »

Je soufflai longuement de soulagement, posai ma main sur l’épaule du marine qui m’aida à me relever. M’inclinant au maximum, je le remerciai du plus profond de mon âme puis je balayai du regard ce qu’il se passait autour de moi. La première chose que je remarquai, à ma droite au niveau de mes pieds, était une mare de sang avec un cadavre qui gisait en plein milieu. Une grosse goutte de sueur coula le long de ma tempe, ma respiration s’emballa légèrement à sa vue, dire que normalement, c’était mon sang qui devait former cette flaque de sang et, à la place de ce mec, c’était moi qui devais être allongé dedans.

« Ça va, garçon ? » S’inquiéta le marine en posant sa main sur mon épaule.
« Euh… Oui oui, vous inquiétez pas. »

Pour accompagner ma réponse, je lui fis un petit sourire qui sonnait totalement faux, tellement qu’il me fit moi-même mal. Pas vraiment convaincu, il baissa quand même les bras et me laissa tranquille, rejoignant ainsi son escouade. Je continuai alors mon balayage de la zone, j’aperçus au loin deux malfrats, à genoux, les mains sur la tête, avec les soldats de la Marine derrière eux, les menottes à la main, puis les marchands qui restaient en groupe, le vieux capitaine assis sur les restes d’un étal, entrain doucement de le caresser avec un air triste pendant que les discussions fusaient. J’avais mal au cœur rien qu’en le voyant… Mais je ne me laissai pas démonter par ce qu’il s’était passé, même si je savais dorénavant qu’il fallait que je sois beaucoup plus prudent, le futur allait être semé de combat bien pire que celui-ci d’après les histoires que j’ai entendues et cette défaite aussi rapide ne prévoyait rien de bon. Fallait que je m’entraîne beaucoup plus.

Me penchant doucement tout en pestant à cause de la douleur au niveau de mon flanc droit, je ramassai mes katanas avant qu’ils ne soient tâchés par le sang et les raccrochai à ma ceinture après les avoir époussetés et soufflés dessus, puis je rejoignis le groupe de marchand au pas de course. Je n’eus même pas le temps d’arriver qu’un des marchands me passa un mouchoir en désignant ma lèvre coupée du doigt.

« Oh ! Merci. »

J’attrapai le mouchoir d’un geste vif puis m’essuyai le sang séché au niveau de ma blessure, j’en profitai même pour retirer la poussière sur mon visage et le sang provenant de mon flanc. Sans rien demander, le chef me proposa de me soigner sur son bateau, proposition que je ne refusai pas et, comme à mon habitude, je baissai la tête en signe de remerciement. Nous restions une petite heure dans sa cabine, le médecin de bord me prodiguait les premiers secours en même temps que l’on discutait autour d’une bière de tout et de rien pour se vider l’esprit sinon on allait vite déprimer, surtout moi. Tout passait, de la petite anecdote croustillante à la blague bien graveleuse, l’intérêt était de rire. Et comme j’étais bon public, je ne m’en cachai pas, même si je me prenais des coups de la part du médecin qui n’arrêtait pas de demander de rester calme. Après auscultation, celui-ci me rassura de l’état de mon nez, qu’il avait quand même pris pas mal de dégât, mais qu’il n’était pas cassé, il me disait que j’allais devoir porter un pansement pendant quelques jours, mais qu’à part ça, tout allait bien.

Le reste de l’après-midi était beaucoup plus calme, j’aidais le nettoyage du port, surtout le côté du marché aux poissons, le ravitaillement ainsi que le chargement de marchandise du navire. Alors que j’avais un balai à la main et que je sifflotais de manière joviale, j’aperçus au loin ma famille, avec les affaires que je voulais emmener. Je les saluai en criant, lâchai le balai et me mis à courir vers eux avec un sourire aux lèvres. Me voyant faire, Daigo et Haruto firent la même chose sans pour autant lâcher ce qu’ils avaient et nous nous rejoignîmes avant… De se foutre un peu sur la gueule. Daigo se moqua de moi à cause de ma défaite –oui, les bruits courraient vite dans cette ville-, Haruto le mimait et j’essayai de leur passer un savon.

« Oooh… On se calme les enfants » Dis ma mère, une fois arrivée à notre hauteur. « Ça va Kagami ? Pas trop secoué ? »
« Ça va maman, ne t'inquiètes pas. »
« Quand même… Tu devrais faire plus attention » Repris alors mon père d’un ton assez grave.
« … » Je baissai juste la tête.
« Mais tu as fait ce qu’il fallait. » Répondit mon grand-père qui allait un peu mieux. « Tu as protégé ces gens. »
« Mer-merci grand-père. »

Puis une petite discussion s’amorça, échangeant des banalités sans vraiment d’importance entrecoupée de billevesées et de chamaillerie en tous genre jusqu’au moment où le capitaine nous interrompt.

« Il est l’heure ! Kagami, prends des affaires, dis au revoir et rejoins-moi. »
« D’accord d’accord ! ... Bon, eh bien » Je me retournai vers ma famille. « C’est l’heure de se dire au revoir alors. »

J’avais quand même une boule au ventre, cependant si je ne laissai rien transparaître. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète de quoi que ce soit, mais le fait de partir loin me faisait quand même quelque chose. Je n’allais pu les voir, je ne pourrais que leur parler à travers des lettres le temps que je sois parti, je ne me battrais plus avec mes frères, ne rigoleraient pu avec. Toutes ces choses me firent un peu douter de mon choix, et ça se voyait lentement sur mon visage.

« Kagami ! » Cria mon père. « Sois un homme, assumes tes décisions et vis tes rêves. Je t’ai donné ma bénédiction, ne manque pas ta chance. »

J’étais surpris par ces mots, mais ceux-ci insufflèrent en moi le courage et balayèrent toutes mes incertitudes. Je lui répondis d’un grand « MERCI ! » avant de saluer ma famille une dernière fois avant d’attraper mes affaires et d’embarquer sur le bateau. Peu de temps après, alors que je restai sur le pont à leur faire signe, nous sortîmes du port et prîmes la mer. J’étais tout excité, pour la première fois, j’étais sur un navire, pour la première fois, je prenais la mer. J’allais enfin découvrir le monde de mes propres yeux… C’était le début d’une nouvelle aventure !
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