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Quand la sirène devient une succube ... { Solo }

Tout commença un jour comme les autres. La traqueuse de pirates cherchait des proies à se mettre sous la dent. La routine. Pour cela, il lui fallut emprunter les routes marines sur sa barque primaire et peu confortable. Traversant presque entièrement South Blue, elle parvint enfin à une île, Rainbow Island, où une foule de gens était présente Presque jamais dans sa courte vie elle n'eut vu un tel regroupement d'individus. Curieuse comme tout, elle voulut évidemment savoir ce qui pouvait bien se passer d'aussi intéressant. En fait, il se trouvait là un groupuscule d'une vingtaine d'hommes environ. A vrai dire, elle ne prit pas le temps de les compter, bien plus intéressée par la raison qui les poussaient à être ameutés de cette manière. De plus, elle était quelque peu jalouse de l'attention qui leur était portée, chose qu'elle aimerait bien avoir, de la popularité.

Bousculant les gens de plus en plus brusquement, elle traversa la foule sans jamais s'arrêter malgré les nombreuses injures qui lui étaient destinées. Soudain, une petite fille cria avec souffrance un puissant « Aïe ! » qui fit arrêter la « course » de la jeune femme. Elle se retourna, regarda la petite fille avec des petites couettes blondes et un nounours à la main, puis repartit sans même s'excuser. Avec ténacité, elle arriva enfin près de ces hommes. Ils n'avaient rien de particulier, on pouvait les confondre avec n'importe quel autre civil. Néanmoins, celui qui semblait être le chef attira grandement l'attention de Yume. Tout d'abord, c'était sa beauté qui lui sautait aux yeux. Des cheveux similaires à de l'or, des yeux d'un bleu profond où n'importe qui se noierait, un sourire charmeur faisant s'évanouir toutes les adolescentes présentes dans la foule. Bref, un véritable apollon. Mais, ce n'était pas seulement cette perfection esthétique de la nature qui séduisait la jeune chasseresse, c'était également sa classe et son élégance incommensurable. A la fois présomptueux mais en même temps humble, c'était exactement la même personne que la jeune femme, mais en homme. Habillé d'un magnifique costard-cravate, il avait tout pour être à la hauteur de Yume. Et encore, en son fort intérieur, elle le reconnaissait supérieur à elle autant dans le domaine du physique et que de l'attitude, chose rare étant donné la prétention de la pimbêche mais aussi de son habituelle haine envers les hommes.

S'avançant vers lui avec un déhanché affriolant sans même prendre attention aux remarques menaçantes des compagnons du bellâtre, la jeune femme parvint jusqu'à lui en quelques secondes. Celui-ci la remarqua enfin et, un peu comme elle, il sembla surpris de la beauté à laquelle il faisait face. Après un échange de regards qui dura presque une minute, l'adonis proposa à la chasseresse d'aller boire un verre avec lui et sa bande dans une taverne atteignable à vol d'oiseau. Sans hésiter, elle accepta la proposition et c'est ainsi qu'elle apprit le nom de l'adonis auquel elle faisait face, Imori. Pour la seule et unique fois depuis le début de son voyage, Yume devint toute gentille et n'était plus du tout désagréable à souhait. De plus, l'homme semblait riche étant donné la qualité de la taverne dans laquelle il l'emmenait. A l'intérieur, il ne s'y trouvait que des personnes très chic, mais surtout snob. Grâce à ses habits luxurieux, la jolie trouvaille de la jeune femme passa inaperçu mais elle, habillée quelque peu vulgairement. Son manteau de fourrure était parfait, rien à dire non plus concernant son pantalon de haute couture. Mais, le fait qu'elle porte seulement un soutien-gorge en guise de haut, ce n'était pas vraiment bien vu. De toute manière, même si la chasseresse avait perdu de son agressivité naturelle envers les autres, elle n'avait pas pour autant perdu l'ignorance qu'elle usait vis-à-vis d'eux et de leurs critiques. Voulant faire plus ample connaissance avec son bel ami, elle prit l'initiative d'engager la conversation :


~ Alors, Imori, c'est toi le chef de cette bande ?
~ A vrai dire, nous sommes un groupe nomade de chasseurs de primes donc il n'y a pas vraiment de « chef » proprement dit. Mais, il est vrai que lorsqu'un problème surgit, c'est moi qui sert de médiateur.
~ Vraiment ? J'en suis une également.


Évidemment, rien n'est moins dur que de deviner la suite de cette conversation qui se termina, bien entendu, par l'admission de la chasseresse dans le groupe. Une chance pour elle. Décidément, celui qui semblait être son âme sœur était parfait : beau, élégant, riche et disposant des mêmes passions qu'elle. Toute cette histoire était bien partie pour être intéressante en amour et en rebondissements … !
    Ça y était, il était dix-neuf heures et Yume venait d'intégrer le groupe de chasseurs de primes aussi appelé « Soroshiya » dont fait partie Imori. Elle ne savait pas si cette entrée dans un groupe de dix-neuf chasseurs, vingt avec elle, était une bonne idée mais, après tout, elle était prête à prendre tous les risques imaginables juste pour pouvoir être avec son précieux ami. A cet instant, il était impossible pour elle de ne serait-ce que croire un petit peu que l'amour qu'elle lui porte ne soit pas réciproque. Après tout, il est beau, elle est belle, ils sont beaux, la boucle est bouclée. Pour Yume, c'était aussi simple que cela. Suite à quelques verres, le jeune homme se décida à lui expliquer ce que leur groupe faisait ici exactement. D'après ce qu'il lui dit, ils attendaient en fait l'arrivée de clients particuliers. Bien sûr, ce qui est un vilain défaut la poussa à lui demander qui étaient ces clients « particuliers ». Néanmoins, il ne lui répondit pas et lui proposa d'être patiente car « ils » allaient bientôt arrivé. Effectivement, un homme servant comme qui dirait de messager vint à la rencontre d'Imori et de ce que la jeune femme entendit, « tout » allait se passer en dehors de la taverne, sans doute pour ne pas éveiller les soupçons. Tout « Soroshiya » sortit, y compris la nouvelle membre, de cet endroit. Après quelques minutes de marche, la chasseresse put percevoir dans la pénombre d'une ruelle un grand nombre de silhouettes. Plus le groupe de chasseurs s'approchait, plus l'image d'une des silhouettes devenait visible. Étant donné sa position par rapport aux autres, sans nul doute que cette personne était le chef de ce groupuscule.

    Presque amicalement, « l'âme sœur » de Yume vint à la rencontre du leader de l'autre groupe et, à voix basse, ils se mirent à discuter. Soudain, ce dernier donna une énorme liasse de billets à Imori qui ne tarda pas à revenir après avoir saluer son client qui rejoignit, quant à lui, ses « amis » plongés dans le noir total. Ne faisant plus attention à lui, la jeune femme fixa le bellâtre avec un air interrogateur lui faisant très vite comprendre qu'il lui fallait une petite explication. Celui-ci, calme et détendu, lui proposa de lui expliquer plus tard et qu'il était tard, étant donné la journée qui les attendait le lendemain. N'arrivant pas à imaginer quelle sorte d'affaire il venait de traiter, la chasseresse suivit son apollon jusqu'à une auberge pouvant être qualifiée de « luxe » vu que son nom était marqué en grandes lettres d'or : « Dream Night ». Tout le groupe fut placé deux par deux dans une chambre. Ainsi, la jeune et belle femme se retrouva dans le même appartement que « lui ». Il n'est sûrement pas nécessaire de préciser ce qu'ils ont bien pu faire une fois arrivés et allongés sur le lit doux et moelleux qui leur était proposé. En tout cas, deux heures après avoir passé un agréable moment, Yume décida de lui parler des questions qu'elle se posait au moment de la rencontre avec le client.


    ~ Mon chou, qui étaient ces clients, tout à l'heure ?
    ~ Des pirates.
    ~ Quoi ?! Mais, ne sont-ils pas nos ennemis ?!
    ~ Nous n'avons pas d'ennemis, mais nous n'avons pas non plus d'alliés.


    Son bec cloué sur place, la jeune femme décida de ne plus rien dire jusqu'au lendemain matin. Néanmoins, juste avant de s'endormir, une autre question lui vint en tête : que vont-ils devoir faire ? La nuit passa. A l'aube, tout le groupe dut se préparer afin de faire une petite réunion avant de passer à l'acte. Lorsque Yume se leva, elle vit en premier lieu le corps musclé de son ami finalement caché par les vêtements rapidement enfilés par celui-ci. Revigorée par cette magnifique image, elle se hâta de s'habiller pour suivre Imori, déjà en train de rejoindre leurs coéquipiers devant dans le salon de l'auberge. Dernière arrivée, la chasseresse se fit toute petite et s'installa près de son « grand amour », ce dernier étant en train de distribuer, sans nul doute, les billets obtenus la veille. Par pure curiosité, elle lui demanda combien il y avait au total. La réponse fut claire, nette, précise et surprenante : 1.200.000 berrys à partager entres les vingt membres. Fortement étonnée, elle lui ordonna de lui dire ce qu'ils étaient censés faire pour être payés autant. Tout en lui confiant sa part du marché, il lui chuchota à l'oreille avec passion :

    ~ Nous allons tuer tous les habitants de ce village.


    Dernière édition par Yume le Lun 6 Juin 2011 - 21:47, édité 1 fois
      L'expression du visage pétrifiée par la stupéfaction, Yume n'arrivait pas à articuler un seul mot. Des chocs, dans sa vie, elle en avait connu, mais pas d'aussi violents que celui-ci. Là, ce n'était pas simplement un étonnement par rapport au but d'Imori, c'était une véritable déception. Depuis la veille, elle le considérait comme son « supérieur » autant par rapport au physique que par rapport à sa place dans le groupe. Elle lui pensait des ambitions plus utopistes. Soudain, elle eut un flashback. Elle se revit en train de lui parler dans le lit lorsqu'il lui explique que ce sont des pirates qui l'ont payé. Tout de suite, elle se nomma elle-même « idiote de service » incapable de prévoir les choses. Pour elle, il était stupide de ne pas penser que travailler pour des pirates allait forcément inclure du sang dans la requête. Mais, de toute manière, même si elle s'en serait doutée dès le début, la surprise serait pareillement importante. Elle comprit aussi qu'elle s'était foutue dans un sacré pétrin. La chasseresse ne pouvait, en effet, ni se délester ni tuer une personne innocente. Effectivement, si elle quittait le groupe, elle se ferait trucider par ses « camarades » tandis que tuer quelqu'un qui n'a rien fait de mal contre elle ou contre d'autres personnes, c'était carrément impossible. Jamais dans sa vie elle n'avait fait quelque chose de ce genre, tuer pour aucune raison apparente. Chaque personne que Yume a supprimé tout au long de sa vie, c'était soit pour la Marine, donc un malfrat, soit parce qu'on l'avait provoqué, telle « Oni-sama », celle qui lui a tout enseigné de l'art des armes à feu. Ainsi, elle ne devait montrer aucun signe d'étonnement ou de doute sinon c'était terminé pour elle.

      Un sifflement. La jeune femme tourna rapidement la tête vers la droite c'était Imori. Devant eux, un membre du groupe et un autre homme arrivèrent. Tout de suite, elle le reconnut. C'était l'aubergiste qui les avait accueilli la veille au soir. Chose quelque peu importante, celui-ci avait en sa bouche un ruban adhésif tandis que ses membres étaient attachés par des cordes qui semblaient, à l'œil nu, assez solides. Ne montrant aucune surprise extérieure, alors que c'était le bordel intérieurement, elle ne cessait de fixer le leader du groupe qui avait un espèce de rictus sadique au visage. Tout avait changé chez lui. Ce que Yume croyait de l'or était en fait de la rouille, ce qu'elle pensait être un bleu profond dans ses yeux n'était en fait qu'un gouffre sans fin, quant à son sourire, c'était celui d'un véritable psychopathe. Plus rien ne l'intéressait chez lui, désormais. Seulement, c'était bien trop tard pour s'en rendre compte. Furtivement, le regard de la jeune femme parvint jusqu'à l'aubergiste en pleurs. Elle avait envie de dire au groupe que ce n'était qu'un vieil homme et qu'il ne méritait pas d'être traité de la sorte, mais elle ne pouvait pas. Cela lui sembla égoïste, mais elle préférait préserver sa vie plutôt que celle d'un autre. Néanmoins, comme une sorte de soulagement, elle apprit que celui-ci n'allait pas être tué. Non, en fait, Imori lui expliqua qu'il allait servir de témoins au massacre qu'ils allaient faire dans ce village. Tant bien que mal, l'aubergiste se débattit et essaya de crier lorsqu'il entendit que son village était le sujet du verbe « massacrer ». La chasseresse ne réussit qu'à dire, avec neutralité, un simple « Parfait », chose qu'elle ne pensait absolument pas mais qui n'en pouvait être autrement.

      A vrai dire, si elle arrivait à rester sereine, c'était parce qu'elle comptait bien laisser tous les autres faire ce qu'ils voudraient, tandis qu'elle ne regarderait pas cette horreur. Il était hors de question pour elle d'y participer. Néanmoins, tout ne se passa pas comme prévu. En effet, l'homme laid avec qui elle avait couché la veille expliqua au groupe qu'ils allaient devoir opérer par groupes de deux. Autrement dit, ils allaient devoir tous être accompagnés d'un autre membre de « Soroshiya ». Bien sûr, avec sa chance éternelle, Yume fut mise avec le leader qui lui allait devoir emmené l'otage partout où ils iraient avec elle. Prenant son courage à deux mains, elle décida d'user de son jeu d'actrice :


      ~ Pourquoi tu dois venir avec moi ? Je peux me débrouiller toute seule, j'ai pas besoin d'être accompagnée d'un baby-sitter.
      ~ Calme-toi, « mon chou », j'ai juste envie de te voir à l'œuvre. Je n'ai jamais vu une femme en train de tuer quelqu'un, c'est l'occasion ou jamais, non ?


      Si la surprise et la déception envahissaient son esprit auparavant, c'est bel et bien l'inquiétude qui prit la place de chef suite à cette légère dispute. Ne voulant pas semer le doute, la jeune femme préféra mimer l'impertinence en faisant semblant de bouder dans son coin alors qu'en fait, elle cachait son visage hanté par la peur. De toute sa vie, elle n'eut jamais aussi peur. C'est malheureux à dire, mais même la mort de ses parents fut moins terrorisante. Là, ce n'était pas simplement des gens qu'elle allait voir mourir, c'est elle qui allait leur infliger la mort et ça, à ce moment-là, elle ne savait pas si elle allait en être capable. Jetant un dernier coup d'œil à l'aubergiste, elle partit quelques secondes après en direction de sa chambre pour aller réfléchir dans sa chambre. « Tout » allait commencé une heure plus tard, le temps que chaque groupe assigne son « territoire ».
        Ça y était, l'heure était passée. Le moment était venu. Celui tant redouté. Imori, accompagné de l'aubergiste, entra dans la chambre. Il balança violemment ce dernier sur le le lit de la chambre tel un simple objet insignifiant. Mais, après tout, s'il était réellement prêt à exterminer tout un village sans raison apparente, c'était que tous les habitants de ce dernier devaient lui apparaître comme négligeables et inintéressants. Une fois délesté du vieil homme, le monstre blond vint s'asseoir près de Yume et lui chuchota à l'oreille qu'il était temps d'y aller. Celle-ci prit cette douce demande comme un once d'âme charitable chez cet homme. Néanmoins, lorsqu'il lui dit cela, il tenait la main de la jeune femme dans sa main et la serrait très fort. C'est là qu'elle comprit. Ce n'était pas une demande, c'était un ordre. Enlevant sa main de l'emprise de ce diable, elle sortit avec un air de sévérité au visage, bien qu'intérieurement, elle avait peur. Elle était effrayée par ce maudit homme qui allait bientôt la pousser à faire des choses réellement horribles. La chasseresse se mit donc à accélérer le pas dans l'auberge jusqu'à arriver à un rythme de pas effréné. Descendant les escaliers aussi vite qu'elle marchait, elle arriva en face des dix-huit autre chasseurs de primes. Si elle essayait d'aller vite, c'était parce qu'elle voulait fuir. Mais, lorsqu'elle vit le groupe entier, elle saisit ce qui se passait. Elle n'avait aucun moyen de partir loin d'ici. En tout cas, pas avant d'avoir tué les gens de ce village.

        Son chemin barré par « Soroshiya », elle ne put que tenter de reculer mais elle fut à nouveau interceptée. Elle savait bien qui était derrière elle. Ainsi, comme si de rien n'était, elle avança, traversant le groupe de chasseurs sans même les regarder puis sortit de l'auberge. Lorsqu'elle vit les gens du village en train de vivre innocemment leur vie, elle eut encore plus de mal à accepter ce qu'ils allaient faire. Pétrifiée sur place, elle ne bougea plus d'un pouce. Malgré tout, elle voyait quelques membres du groupe se séparant afin de bloquer les seules sorties donc, les seules chances de survie de ces pauvres gens. Enfin, sûrement une fois que les membres du groupe étaient prêts, ce fut Imori qui sortit avec l'aubergiste. Évidemment, la réaction des habitants ne se fit pas attendre et un vent de panique passa chez chacun d'entre eux. Néanmoins, tous restaient silencieux, attendant de voir ce qui était censé se passer. Soudain, un des membres du groupe tira sur un d'eux, avec un revolver, qui s'écroula au sol. Cette fois, ce fut l'épouvante qui domina les civils. De là, tous les membres du groupe s'activèrent et de plus en plus de gens se mirent à mourir. Consternée par ce massacre, Yume tremblait de tout son corps. Cependant, elle dut se retenir d'avoir peur à partir du moment où le leader lui dit avec fermeté d'aller à la rencontre des gens.

        Se trouvant en plein milieu d'un champ de bataille, la jeune femme devait faire attention à ne pas marcher sur les cadavres ou, pire encore, les membres du corps séparés voire même des cervelles. Pour la chasseresse, ce spectacle était vraiment horrible. N'en pouvant plus, elle se contenta de fixer le sujet premier de sa haine qui marchait devant elle. Malgré tout, elle ne pouvait pas concentrer ses oreilles sur un son précis et tout au long de leur « promenade », elle entendait les cris de souffrance de tous ces gens qui n'avaient rien demandé. Même si elle le voyait de dos, elle était persuadée que son « coéquipier » avait, lors de cette tuerie, un rictus de joie sadique au visage. Mais, ses pensées allaient également pour l'aubergiste, obligé de voir tous ses voisins mourir les uns après les autres. Alors qu'elle éprouvait de la compassion pour lui, Imori s'arrêta puis se tourna vers une maison aux volets fermés. D'abord, il frappa à la porte de celle-ci avec douceur puis, après quelques secondes, se mit à crier tel un psychopathe que si la famille n'ouvrait pas la porte tout de suite, c'est lui qui allait s'en occuper et que, dans ce cas, il ne fallait pas espérer s'en tirer vivant. Étant donné que personne n'ouvrit la porte, il la défonça avec un puissant coup d'épaule. A l'intérieur de la dite maison, il était possible de voir un couple de personnages âgées se serrant l'un contre l'autre, sans doute pour se faire leurs adieux. Mais, alors que Yume attendait avec tristesse, intérieurement, que le blond passe à l'acte suite à la menace faite précédemment, il lui dit avec impassibilité et sans aucune émotion dans la voix :


        ~ Tue-les.
          Les tuer ? C'était hors de question. S'il le voulait, il pouvait le faire, elle aurait juste à détourner le regard. Mais, elle ne voulait pas participer à cette boucherie irrationnelle qu'était en train de pratiquer « Soroshiya ». Néanmoins, son avis n'était pas vraiment demandé et, même si elle le donnait, il n'avait guère d'importance pour Imori qui, semblait-il, voulait voir du sang gicler à tout va et cela, par le biais de Yume. Autant dire que c'était vraiment un malade mental. Forçant la chasseresse à se mettre au devant de la scène, il resta à l'entrée de la maison, l'aubergiste à portée, afin d'admirer le spectacle. La jeune femme avança jusqu'à être à prêt de deux mètres de ce vieux couple. L'homme de celui-ci vint à la prier de ne tuer que lui mais de laisser sa femme s'en réchapper. Malheureusement, si ce n'était pas elle qui le faisait, c'était l'autre psychopathe qui allait s'en charger. Alors, préférant de loin qu'ils meurent d'une main désolée que d'une main sadique, elle commença à sortir ses deux armes à feu puis, avec chacune d'elles, visa les personnes âgées. Une fois pris pour cible, le couple s'embrassa une dernière fois. Pour elle, tout cela était très émouvant rendant donc leur meurtre plus difficile encore à accepter tandis que pour le monstre blond, tout cela devait sembler bien ennuyant. Afin d'accélérer les choses et de ne pas faire souffrir davantage ces vieilles personnes, la chasseresse visa la tête de chacun d'eux et, dans un silence assourdissant, tira une balle avec chaque arme.

          Sur le mur de la maison devant lequel étaient ces gens, il était possible de voir deux grandes tâches de sang collées l'une contre l'autre, comme l'était ce couple avant d'être abattu. Mais, avant de mourir, ils regardaient Yume. Celle-ci, avant de tirer, avait mimer le mot « Désolé » avec ses lèvres étant donné qu'elle ne pouvait le prononcer sinon c'était terminé pour elle. Et, même après, elle l'était encore. Cependant, elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur leur sort, chose qu'elle aimerait bien faire, car Imori repartit immédiatement après le meurtre fini. Faisant rapidement le deuil, la jeune femme repartit de la maison en fermant la porte derrière pour suivre l'autre malade. En parlant de lui, ignoble comme tout, dès que quelqu'un passait à sa portée, il lui mettait une balle en pleine tête avec un sang-froid, ou plutôt un sadisme, affligeant. Lentement mais sûrement, le « duo » entrait dans chaque maison, faisait son affaire et repartait immédiatement. Plus les meurtres s'enchaînaient, et moins on pouvait croire que la jeune femme disposait d'une âme et de sentiments. Son « coéquipier », quant à lui, semble ne même pas savoir ce que sont ces deux choses. Pratiquant à la limite des meurtres à la chaîne, elle perdait de plus en plus son humanité. Finalement, ça en arrivant au stade d'un vide total dans le regard, sans aucune expression, et d'un corps qui répétait tout le temps le même mouvement : prendre l'arme, viser, tirer, ranger l'arme. C'est le cas de le dire, elle était devenue en seulement une matinée une véritable machine à tuer.

          Après une bonne heure de tuerie incessante, Yume en était sûrement à son quarantième meurtre. Quant aux autres membres du groupe, ils avaient bien fait leur travail puisqu'il ne restait aucune once de vie dans le village, exceptée une ou deux qu'Imori avait décidé de garder pour la fin. Ainsi, tout le groupe était réuni derrière le leader et l'otage, eux-même étant derrière la chasseresse qui menait le tout. Finalement, le psychopathe ordonna à la jeune femme de s'arrêter et d'aller dans la maison qu'il montrait du doigt. Soudain, l'aubergiste se mit à pleurer encore plus encore et à essayer de crier de toutes ses forces. Elle comprit ce qui se passait lorsqu'elle vit une jeune fillette courir vers l'otage tout en criant à voix haute « Grand-Père ». Furtivement, elle se rappela d'une discussion qui eut lieu entre ce vieil homme et le leader de « Soroshiya ». Elle n'avait pas tout entendu mais se souvint juste que l'aubergiste lui confia qu'il gardait sa petite-fille, orpheline, à un pâté de maison de l'auberge. Déjà, devoir tuer sous les yeux de cet homme sa propre descendante était quelque chose. Mais ce qui accentua encore plus la rancœur qu'elle allait avoir contre elle-même en la tuant était qu'elle l'avait déjà croisé lorsqu'elle essayait d'approcher le groupe de chasseurs une fois arrivée sur l'île. Effectivement, elle l'avait bousculé, cette fillette aux couettes blondes avec un nounours en main. Instantanément, l'humanité, l'âme et les sentiments qu'elle avait perdu revinrent à la surface faisant pleurer à grosses larmes la jeune femme. Heureusement pour elle, elle était de dos à tout le reste du monde, que ce soit le leader, les membres du groupe ou même l'otage et sa petite-fille. Puis, essuyant ses larmes comme si de rien n'était tout en essayant de garder un visage impassible, elle se retourna et regarda Imori dans les yeux. Tout de suite, elle comprit ce qu'il attendait d'elle. Ne pouvant formuler ses sentiments autrement, elle ne laissa s'échapper de sa bouche qu'un seul mot à travers un ton de pitié :


          ~ Non ...
            Elles se regardaient, la fillette et Yume. Tandis qu'il était possible de percevoir un sentiment de pitié chez le visage de la petite, c'était un sentiment de désolation que l'on voyait chez la chasseresse. Malgré le silence qui régnait, il y avait une véritable discussion entre les deux êtres. Pendant de longues secondes, elles se fixaient l'une et l'autre. Au bout d'un moment, plutôt ennuyé, Imori lui ordonna de vive voix, cette fois, de la tuer. Cette fois, elle se redressa, prit un de ses pistolets qu'elle pointa ensuite vers le visage de la petite fille qui, étonnamment, ne disait rien face à cela. Peut-être était-elle trop jeune pour comprendre ce qui allait lui arriver, ou alors, peut-être acceptait-elle sa destinée. Dans ce cas, elle serait bien sage. Mais, même penser que la fillette acceptait la mort ne suffisait pas à la jeune femme de lui tirer dessus. Lâchant son arme et la laissant par conséquent tomber par terre, elle se tourna vers le leader qui attendait que ça se passe, comme les autres membres du groupe et lui dit :

            ~ Je ne peux pas.
            ~ Fais-le.
            ~ Ce n'est qu'une gamine !
            ~ Et alors ?! Tu as bien tué des dizaines de parents, as-tu pensé à leurs enfants ?! Fais-le, tout de suite !


            Voyant le regard insistant du jeune homme ainsi que de tous les autres chasseurs, elle se mit à fixer l'aubergiste qui, bien entendu, lui faisait « Non » de la tête. Qui devait-elle écouter ? Si jamais elle la tuait, cela achèverait sa route en tant qu'humaine, mais si elle ne le faisait pas, ce n'était pas seulement la fillette qui allait être tué, mais elle-même également. Faisant preuve d'un égoïsme fou, elle prit sa seconde arme qu'elle se remit à pointer en direction de la petite. Tout allait se jouer là. Prenant le temps de recharger son arme et de viser correctement la tête, elle mit son doigt près de la détente tandis que des sourires naissaient petit à petit sur les visages de ses « compagnons ». Néanmoins, c'était vraiment trop dur pour elle. Elle n'était pas devenue assez inhumaine pour oser tuer une si jeune créature. Tout en laissant son arme pointée vers cette dernière avec le doigt sur la détente, elle se remit à parler à Imori :

            ~ C'est trop dur …
            ~ Arrête avec ça ! Mais, tu ne te rends pas compte du massacre que tu as déjà orchestré ?! Parmi nous tous, tu es celle qui a tué le plus de gens ! Arrête de te défiler ! Si tu n-
            ~ Tais-toi !


            Sous la pression, Yume appuya sur la détente ce qui fit partir la balle du pistolet vers la jeune fille. Du sang gicla jusqu'au visage de la chasseresse lui donnant, au bout du compte, la face d'une tueuse. Elle ne le voulait pas. Ça ne devait pas se finir comme ça. Le vieil homme, qui a également reçu le sang de sa descendante sur lui, s'effondra en larmes. Du côté des membres du groupe et du leader, eux avaient un sourire béat au visage. Ce dernier alla même plus loin en se mettant à rire à pleines dents. Tout ce que la jeune femme venait de retrouver en voyant cette petite fille disparut de son être encore une fois. A vrai dire, ce n'était pas tout à fait cela, c'était maintenant quelqu'un d'autre qui habitait son corps. En moins d'une journée, elle était passée d'une belle femme voulant être connue à un monstre sanguinaire tuant même les enfants. Alors qu'elle était encore sous le choc, Imori donna au vieil homme un tas de clichés des membres du groupe, dont Yume, et lui dit d'aller expliquer aux Marines les plus proches ce que le groupe avait fait. Néanmoins, il précisa d'insister sur ce que lui avait vu, autrement dit les meurtres commis par la jeune femme et par lui-même, le leader. L'aubergiste, encore troublé par tout ce qui s'était passé, se mit à courir en direction d'une des sorties du village, complètement affolé. D'ailleurs, il laissa s'échapper plusieurs clichés. Cependant, la chasseresse l'avait vu ranger le cliché la concernant dans sa poche. Après tout, elle était toujours de dos à lui et donc, il n'a jamais pu voir la désolation avec laquelle elle tuait tous les habitants qu'elle croisait. En plus, il avait tué la seule personne de sa famille encore vivante. Ainsi, pour lui, elle n'était qu'un monstre sanguinaire sans aucun sentiments, ce qu'elle était vraiment devenue, à vrai dire.

            Toujours perturbée par cette matinée horrible qui venait de se dérouler, Yume ne pouvait plus bouger. Deux des hommes de « Soroshiya » durent donc la porter jusqu'à un bateau volé à un des défunts habitants. En tout cas, elle était partie avec eux pour encore quelques semaines, sans doute. Pour tout dire, elle était un peu devenue leur esclave, chose qui n'était pas sa priorité. Une fois mise sur le bateau, elle resta immobile. Leur groupe partit donc à travers la mer vers de nouvelles destinations et sans doute, vers de nouvelles tueries. Pendant le voyage, Imori décida de fêter cette affaire conclue et réussie. A ce moment-là, la jeune femme était seule, abandonnée dans la réserve de nourritures. Les larmes perlaient sur son visage tandis que la rage envahissait son esprit. Eux, tous autant qu'ils sont, allaient le payer un jour. Mais, quand ... ?