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Somewhere over the ra... on the ocean. [Old Crow]

[Bon c'tout pourri, mais on va pouvoir enchaîner comme ça. ><]



Le Chapelier abattit la dernière carte, et la Réussite fut terminée. Mais il n'en tira aucun plaisir. Non seulement c'était la dixième d'affilée, mais en plus, tricher était beaucoup moins amusant quand il était seul à jouer. Cela faisait des jours qu'il avait quitté la dernière île visitée. Il attendait désespérément d'atteindre la prochaine. Et en attendant, il trompait l'ennui comme il pouvait.

Il voguait toujours sur le petit bateau de pêche qu'il avait volé lorsqu'il avait fuit son île natale. Depuis, il allait d'île en île en fuyant le colonel O'Connor, qui semblait bien décidé à tenir sa promesse de le poursuivre jusque Rough Tell s'il le devait. Il vivait de paris, sur des parties de cartes truquées. Du moins, que lui-même truquait, même si ses malheureux adversaires ne s'en doutaient pas. Le soucis était tout de même de ne pouvoir s'arrêter plus de quelques jours dans un même endroit. Impossible de réellement s'amuser. Et les trajets seul en mer étaient d'un ennui mortel...

Le garçon se redressa et s'étira. Il jeta un œil autour de lui à l'immensité bleue qui semblait infinie.

-J'en ai maaaareuh! »

Ronchonnant, il sortit de nulle part une théière et se servit une tasse. Il regardait toujours autour de lui en maugréant, lorsqu'une ombre apparut au loin. Soudain tout excité, il grimpa sur le toit de la cabine pour voir un peu plus loin. La main en visière au dessus des yeux, il observait ce qui approchait et ne pouvait être qu'une seule chose: une autre embarcation. Sans hésiter, il modifia l'inclination de la voile et se dirigea droit dessus. Quelqu'un à qui parler! Quelqu'un avec qui jouer!

Après quelques minutes à voguer vers l'esquif inconnu, Chapelier pu se rendre compte qu'il n'y avait qu'une personne seule à bord. D'abord déçu, il se rendit rapidement compte qu'il s'agissait d'une jeune femme. Mieux! Une superbe jeune femme! L'homme au chapeau redescendit sur le pont, et vint s'asseoir sur le bastingage en attendant que son embarcation rejoigne celle de l'inconnue. Quand il fut assez près, il ramena la voile de façon à ralentir son allure et à s'immobiliser près de son nouveau compagnon. Car après des jours seul en mer, il comptait bien ne pas finir la traversée seul.

-Bonjour! » lança-t-il gaiement. « J'suis heureux de rencontrer enfin quelqu'un dans ce désert. » Il souleva son chapeau en se présentant. « Je suis Le Chapelier. Mais vous pouvez m'appeler Chapelier. » Il souriait jusqu'aux oreilles. « C'est étonnant de rencontrer une jolie demoiselle comme vous seule sur l'océan. Vous trouvez pas qu'on s'y ennuie, vous? Ca vous dirait pas qu'on passe un peu de temps ensemble? »

Il sortit alors son paquet de carte de sa poche et proposa:

-Une partie de cartes? Un tour de magie? » Puis, sortant comme toujours sa théière et deux tasses de nulle part: « Une tasse de thé, peut-être? »
    Une drôle d'idée que de balancer à la mer ceux qu'elle n'appréciait pas, pour la petite Crow. Maintenant, elle était non seulement perdue, mais paumée comme pas deux. Avec le pêcheur qui l'avait embarqué sur l'île du Karaté, elle pouvait avoir des breuvages pas chers, sur les dernières îles accostés. Le bougre, il connaissait plusieurs personnalités et en tirait profit. Mais tout était différent maintenant, alors qu'elle était seule, et que malgré la superbe panoplie de charmes qu'elle n'exploitait pas, on ne lui baissait pas les prix. Elle avait perdue le peu qui lui restait dans la petite bourse au creux de son décolleté, et plus une goutte d'alcool à bord. D'autant plus qu'elle ne savait pas naviguer... Aaaaah ! elle devrait un jour contrôler ses pulsions violentes pour ne pas se retrouver seule et mourir seule... Et dire que c'était une simple tape sur ses fesses rebondies... Elle lui avait collée un poing dans le bide, le décollant de son embarcation et lui donnant un allée droit au merveilleux monde qu'était celui aquatique. Devait-il encore nager parmi les poissons. Ou peut-être un requin l'avait mangé.

    Étendue de tout son long dans la barque, du mieux qu'elle le pouvait, la brune avait un bras sur les yeux, une pipe éteinte entre les dents, l'autre bras pendant hors de l'embarcation et frôlant l'eau. Bronzant au chaud soleil, elle avait retirée ses godasses, jambes croisées. Au moins, aucune mouette ne semblait se tenter à crier, et c'était tant mieux pour elles. Une bouteille de porcelaine vide, ça se lançait atrocement bien, vous savez. Et en colère, l'oeil de Crow était plus que précis... Surtout quand il s'agissait de ce maudit volatile inutile !
    Elle se laissait tirer par le courant, guidé par le courait, et priait de tout son être qu'elle accoste quelque part. Sa gorge grognait. Du saké par Dieu ! Mais il semblait qu'aucune quelconque divinité ne voulait vraiment lui venir en aide. C'est vrai qu'en bonne non-croyante, elle n'avait jamais pensée une seule fois à prier le ciel... Sauf peut-être une fois... Mais elle préférait oublier.

    Elle se tourna sur le côté, revenant au complet dans la barque. Elle s'endormit, difficilement, mais elle le fit. Elle ne se réveilla que plus tard, au soleil couchant dans l'horizon, quelque chose entrant en collision avec son embarcation. Elle releva lentement la tête, regardant dans la mauvaise direction, sans s'apercevoir qu'on lui parlait. Elle capta à peine les mots thé et cartes. Se frottant les yeux, elle exposa un bon moment son dos au Chapelier, et mâcha des mots sans sens, essayant de se rappeler ce qu'elle faisait là... Et pourquoi elle avait si mal au cou ! Les cheveux en pagailles, elle finit par se lever de tout son long, arrivant aux épaules du petit gars derrière elle. C'est qu'elle était grande, la Old Crow.
    Encore endormie, elle se retourna et monta dans la seconde embarcation. Dans sa tête, elle était toujours seule, et ne fit pas attention si elle dérangeait. L'eau stagnait, et les deux embarcations étaient plutôt stables. Confuse, la réalité alternait dans ses souvenirs, et elle se revoyait chez elle, à Hook Island, à marcher dans la cuisine. Elle allait se chercher une de ses bouteilles pour vous faire oublier tous les tracas.
    Mais Old Crow rencontra un obstacle de taille. Un mât ! Qui avait planté un mât dans sa maison ? Et pourquoi ne l'avait-elle pas vue ? Un coup de vent accentua sa surprise quand la voile vint claquer à ses oreilles et finit de la réveiller. C'en était trop. Elle allait exploser !


    Pauvre Chapelier, sûrement un bateau durement acquis. Ou facilement. Enfin. Voilà que son mât revolait, sous un puissant coup de paume de la belle. Il s'écrasait, plus loin, sur l'eau salée. Lentement, Crow se retourna, se grattant la tête. Voilà qui était étrange. Elle n'était vraiment pas chez elle, et elle semblait avoir détruit un bien d'autrui. Et merdouille, elle devait vraiment apprendre à se contrôler.

    Ce fut cependant à peine si elle sourcillait en apercevant le Chapelier, comme s'attendant à le trouver là. Pointant du pouce le mât, autre main sur la hanche, corps volontairement peu droit et provocateur, elle prononça gracieusement :

    « C't'a toi ? »


    Voilà, les présentations étaient faîtes !