Le temps était au beau fixe à l'heure où le soleil prenait fièrement sa place dans le ciel de Goa et chassait de ses premiers rayons salvateurs un léger brouillard dissident. Il faisait un brin frisquet. Kara avait bien fait de prendre une veste. La jeune femme jeta un dernier coup d’œil vers la maison familiale. Elle arborait un sourire plein de tendresse. Un sourire qui valait tous les marques d'affection du monde. Elle savait que son périple mensuel serait des plus périlleux. Après tout, la Marine ne patrouillait guère en dehors de la ville haute et du centre-ville. Et Kara se rendait dans ce qui restait de la ville basse. La belle resserra son étreinte sur la poignée d'un énorme sac en jute, détourna le regard de sa famille encore endormie et se fondit dans le brouillard tel un fantôme.
La famille Vale tenait un magasin d'antiquités. Malheureusement depuis les incidents de 1625, personne à part quelques riches bourgeois avait les moyens de s'offrir des pièces d'art souvent hors de prix. Le business battait de l'aile depuis la guerre mais il était à l'agonie depuis quelques semaines. Les promotions et autres soldes n'avaient eu aucun impact réel. Pour aider ses parents, Kara faisait des petits boulots, histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards. Elle était surtout connue pour être l'égérie d'une marque de prêt-à-porter, spécialisée dans les sous-vêtements et les maillots de bain. Ce genre de boulot était bien payé et du genre ultra facile. Une pose sexy à droite, un déhanchement à gauche et hop des berrys dans la poche. Cependant, ces occasions étaient rares et n'apportaient aucune garantie financière sur le long terme. L'antiquaire avait donc prit l'habitude de faire de petites expéditions dans les zones ravagées afin d'y dénicher quelques babioles de valeur. Une sorte de chasse au trésor...
A peine s’était-elle éloignée de chez elle qu'une petit groupe d'individus lui bloqua la route au détour d'un commerce. Elle fut rapidement acculée, dos au mur. Étrangement, Kara n'affichait aucune appréhension. La jeune femme avait l'air exaspérée. A la manière d'un couteau chaud dans du beurre, un homme de grande taille fendit le petit groupe. Habillé dans un complet bleu à rayures jaunes, ce dernier avança lentement, le bruit de sa canne résonnant sur le sol pavé. Il vint se poster en face de la jeune femme, prenant appui des deux mains sur sa canne. Un petit silence s'installa alors que l'intrus semblait la dévisager avec des yeux de rapace, comme un éleveur inspectant son bétail. Il daigna finalement prendre la parole d'une voix rauque et tremblante :
« Quelle coïncidence de vous trouvez la Miss Vale. Décidément, c'est à croire que le destin nous pousse sans cesse l'un vers l'autre. »
Affichant toujours son petit air énervé, Kara ne put s'empêcher de relâcher un petit gloussement moqueur, sans toutefois prendre la peine de répondre à son interlocuteur. Ce petit air de défi ne parut pas déranger le vieil homme qui enchaîna :
« Vous êtes particulièrement resplendissante aujourd'hui. Merci à vous d'éclairer le commun des mortels de votre lumière divine. Seul un roi ou un dieu serait digne de se tenir à vos côtés. Votre simple présence suffit à combler mon cœur de joie... »
Ce n'était plus de l'énervement qu'affichait Kara mais un profond désintérêt teinté d'un mépris tout aussi voyant. La belle semblait rompue à ce genre de poésie de comptoir déblatérée par toutes sortes d'hommes et plus particulièrement les parvenus. Et George Templeton, propriétaire de Templeton Construction, une entreprise de BTP, en était un parfait exemple. Autrefois simple pécore, les événements de 1625 avaient fait de lui l'un des hommes les plus riches de l'île. Vu l'état de Goa, son business ne risquait pas de couler avant plusieurs générations. Ce dernier commençait visiblement à être irrité par le comportement de son interlocutrice face à sa verve qu'il croyait légendaire. Il s’avança vers Kara, qui chercha immédiatement à se décaler contre le mur. George lui coupa sa retraite en plaquant sa main contre le mur à hauteur de sa tête. Il s'approcha d'elle pour lui parler à l'oreille. L'odeur de l'eau de Cologne mélangé à la naphtaline était presque insupportable pour la jeune femme, qui rendit presque son petit déjeuner. Le ton employé se fit plus direct, moins mielleux :
« Vous avez réfléchi à ma proposition ? Je croyais que le plus important pour vous, c'était votre famille. J'ai le pouvoir de les sauver Miss Vale. Si vous devenez mienne, tous vos soucis disparaîtront. Héhé, je m'occuperez bien de vous. » fit-il en se léchant les babines alors que ses sous-fifres reprenaient son rire de pervers en cœur. Il conclut en agrippant une mèche de ses longs cheveux bleus :
« Le temps presse. Il faut faire un choix. Espérez que je ne jette pas mon dévolu sur une autre femme d’ici la. »
Le vieil homme resta planté à quelques centimètres de Kara pendant ce qui lui parut une éternité. Il semblait retenir un profond désir, se contentant de sentir ses cheveux et sa nuque. Beurrkkk. La jeune femme se retint encore de lui dégueuler dessus. Lorsque ce dernier en eu assez du manque de réaction de sa proie, il claqua des doigts et lui et sa clique prirent la tangente. Kara lâcha un soupir de soulagement avant de s'étirer à la manière d'un chat, comme pour conjurer le mauvais sort et passer à autre chose. Elle reprit sa route comme si de rien n'était. Les belles femmes attiraient les pervers comme la merde attirait les mouches. L'analogie est peu flatteuse mais le principe reste valide... Le pire dans tout ça était que finalement le vieux bougre avait raison. La meilleure solution était peut être de se marier avec lui. A défaut d'être la meilleure, c'était la plus facile...
Il fallut à Kara une petite heure pour se rendre à la ville basse à un train de sénateur. Elle n'était pas pressée et, à sa façon d'observer les alentours, semblait même chercher quelque chose ou quelqu'un. Elle était aux aguets dans son style caractéristique tout en décontraction, adossée à un mur les bras croisés. Elle se trouvait non loin de l'arche de fortune séparant le centre-ville de la ville basse. Après une bonne quinzaine de minutes, l'antiquaire vit passer une bande d'enfants qui jouaient au ballon. Il s'agissait de gamins des rues, orphelins pour la plupart. Les dommages collatéraux d'une guerre. Kara observa une vieille dame leur donner une miche de pain et même quelques berrys. De l'argent gâché pour se sentir mieux ? La jeune femme les envoya paître lorsqu'ils vinrent vers elle pour quémander. Genre elle avait une tête à leur donner de la thune...
Et pourtant, lorsqu'un gamin bien crasseux sortit d'une ruelle, Kara s'approcha et s’agenouilla même pour être à sa hauteur. La jeune femme lui caressa sa petite tête blonde et lui tendit même une bourse, à la surprise des rares observateurs présents à cette heure très matinale. Tout le monde dans ce coin du centre-ville connaissait sa réputation de femme vénale... Elle profita de la petite diversion pour lui susurrer quelques mots discrètement, avant de pénétrer dans la ville basse :
« Service habituel. La moitié maintenant, l'autre moitié quand je reviens. »
La famille Vale tenait un magasin d'antiquités. Malheureusement depuis les incidents de 1625, personne à part quelques riches bourgeois avait les moyens de s'offrir des pièces d'art souvent hors de prix. Le business battait de l'aile depuis la guerre mais il était à l'agonie depuis quelques semaines. Les promotions et autres soldes n'avaient eu aucun impact réel. Pour aider ses parents, Kara faisait des petits boulots, histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards. Elle était surtout connue pour être l'égérie d'une marque de prêt-à-porter, spécialisée dans les sous-vêtements et les maillots de bain. Ce genre de boulot était bien payé et du genre ultra facile. Une pose sexy à droite, un déhanchement à gauche et hop des berrys dans la poche. Cependant, ces occasions étaient rares et n'apportaient aucune garantie financière sur le long terme. L'antiquaire avait donc prit l'habitude de faire de petites expéditions dans les zones ravagées afin d'y dénicher quelques babioles de valeur. Une sorte de chasse au trésor...
A peine s’était-elle éloignée de chez elle qu'une petit groupe d'individus lui bloqua la route au détour d'un commerce. Elle fut rapidement acculée, dos au mur. Étrangement, Kara n'affichait aucune appréhension. La jeune femme avait l'air exaspérée. A la manière d'un couteau chaud dans du beurre, un homme de grande taille fendit le petit groupe. Habillé dans un complet bleu à rayures jaunes, ce dernier avança lentement, le bruit de sa canne résonnant sur le sol pavé. Il vint se poster en face de la jeune femme, prenant appui des deux mains sur sa canne. Un petit silence s'installa alors que l'intrus semblait la dévisager avec des yeux de rapace, comme un éleveur inspectant son bétail. Il daigna finalement prendre la parole d'une voix rauque et tremblante :
« Quelle coïncidence de vous trouvez la Miss Vale. Décidément, c'est à croire que le destin nous pousse sans cesse l'un vers l'autre. »
Affichant toujours son petit air énervé, Kara ne put s'empêcher de relâcher un petit gloussement moqueur, sans toutefois prendre la peine de répondre à son interlocuteur. Ce petit air de défi ne parut pas déranger le vieil homme qui enchaîna :
« Vous êtes particulièrement resplendissante aujourd'hui. Merci à vous d'éclairer le commun des mortels de votre lumière divine. Seul un roi ou un dieu serait digne de se tenir à vos côtés. Votre simple présence suffit à combler mon cœur de joie... »
Ce n'était plus de l'énervement qu'affichait Kara mais un profond désintérêt teinté d'un mépris tout aussi voyant. La belle semblait rompue à ce genre de poésie de comptoir déblatérée par toutes sortes d'hommes et plus particulièrement les parvenus. Et George Templeton, propriétaire de Templeton Construction, une entreprise de BTP, en était un parfait exemple. Autrefois simple pécore, les événements de 1625 avaient fait de lui l'un des hommes les plus riches de l'île. Vu l'état de Goa, son business ne risquait pas de couler avant plusieurs générations. Ce dernier commençait visiblement à être irrité par le comportement de son interlocutrice face à sa verve qu'il croyait légendaire. Il s’avança vers Kara, qui chercha immédiatement à se décaler contre le mur. George lui coupa sa retraite en plaquant sa main contre le mur à hauteur de sa tête. Il s'approcha d'elle pour lui parler à l'oreille. L'odeur de l'eau de Cologne mélangé à la naphtaline était presque insupportable pour la jeune femme, qui rendit presque son petit déjeuner. Le ton employé se fit plus direct, moins mielleux :
« Vous avez réfléchi à ma proposition ? Je croyais que le plus important pour vous, c'était votre famille. J'ai le pouvoir de les sauver Miss Vale. Si vous devenez mienne, tous vos soucis disparaîtront. Héhé, je m'occuperez bien de vous. » fit-il en se léchant les babines alors que ses sous-fifres reprenaient son rire de pervers en cœur. Il conclut en agrippant une mèche de ses longs cheveux bleus :
« Le temps presse. Il faut faire un choix. Espérez que je ne jette pas mon dévolu sur une autre femme d’ici la. »
Le vieil homme resta planté à quelques centimètres de Kara pendant ce qui lui parut une éternité. Il semblait retenir un profond désir, se contentant de sentir ses cheveux et sa nuque. Beurrkkk. La jeune femme se retint encore de lui dégueuler dessus. Lorsque ce dernier en eu assez du manque de réaction de sa proie, il claqua des doigts et lui et sa clique prirent la tangente. Kara lâcha un soupir de soulagement avant de s'étirer à la manière d'un chat, comme pour conjurer le mauvais sort et passer à autre chose. Elle reprit sa route comme si de rien n'était. Les belles femmes attiraient les pervers comme la merde attirait les mouches. L'analogie est peu flatteuse mais le principe reste valide... Le pire dans tout ça était que finalement le vieux bougre avait raison. La meilleure solution était peut être de se marier avec lui. A défaut d'être la meilleure, c'était la plus facile...
Il fallut à Kara une petite heure pour se rendre à la ville basse à un train de sénateur. Elle n'était pas pressée et, à sa façon d'observer les alentours, semblait même chercher quelque chose ou quelqu'un. Elle était aux aguets dans son style caractéristique tout en décontraction, adossée à un mur les bras croisés. Elle se trouvait non loin de l'arche de fortune séparant le centre-ville de la ville basse. Après une bonne quinzaine de minutes, l'antiquaire vit passer une bande d'enfants qui jouaient au ballon. Il s'agissait de gamins des rues, orphelins pour la plupart. Les dommages collatéraux d'une guerre. Kara observa une vieille dame leur donner une miche de pain et même quelques berrys. De l'argent gâché pour se sentir mieux ? La jeune femme les envoya paître lorsqu'ils vinrent vers elle pour quémander. Genre elle avait une tête à leur donner de la thune...
Et pourtant, lorsqu'un gamin bien crasseux sortit d'une ruelle, Kara s'approcha et s’agenouilla même pour être à sa hauteur. La jeune femme lui caressa sa petite tête blonde et lui tendit même une bourse, à la surprise des rares observateurs présents à cette heure très matinale. Tout le monde dans ce coin du centre-ville connaissait sa réputation de femme vénale... Elle profita de la petite diversion pour lui susurrer quelques mots discrètement, avant de pénétrer dans la ville basse :
« Service habituel. La moitié maintenant, l'autre moitié quand je reviens. »
Dernière édition par Kara Vale le Mar 6 Sep 2016 - 17:59, édité 5 fois (Raison : Ortho +++)