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Les Faussaires


Koneashima

- Tu peux me rendre service ? Demande-leur d'arrêter de nous casser les oreilles.
- Allez, les filles, on fait un break. Piouf, toi t'y connais rien en violon.
- Si si, j'y ai déjà été enfermé, tu te souviens ?
- Et c'est quoi l'rapport avec l'instrument d'musique ?
- Des homonymes. A chaque fois que j'entends un air de violon, je pense à cette cellule exiguë de cinquante centimètres de côté. Quand tu te retrouveras prisonnier de ça pendant une semaine, contraint de rester constamment debout, nous en reparlons. De violon.
- Jijijiji ! Allons, qu'est-ce que tu racontes mec ? J'ai entendu que t'es v'nu pecho un étrangleur sur Logue ? Ça parle d'toi dans la presse.
- Alors, tu sais tout. Je n'ai rien de plus à ajouter.
- C'est s'rieux d'deal ? Tu veux vraiment continuer dans c'te voie ?
- La criminologie ? C'est ce que j'ai toujours voulu faire.
- Mais t'es un criminel toi aussi !
- Je me cache en plein jour et je chasse les autres criminels. Ça me plait.
- Jijiji ! A la tienne vieux frère !
- A la tienne !

Ils trinquent et boivent de tout leur saoul. Dans le salon, des spots multicolores tamisent l'ambiance festive et une musique de fond fait déhancher un troupeau de filles sur la piste de danse. La boite de nuit privée est décorée aux couleurs vertes de la Triade des Quatre Bambous dont l'emblème blasonne les tapisseries murales. Rien n'a changé depuis la dernière fois que Loth a quitté cet endroit deux ans plus tôt. Les individus par contre ont fait leur rotation, beaucoup sont morts, d'autres ont pris du galon et gèrent des activités annexes de la Triade. En face de lui, Jerry Hargreaves, grand, brun avec une barbichette. A l'instar de Loth, Jerry fut sbire du Gila. Il achevait sa formation quand débuta celle du moine en 1622. Aujourd'hui, le "Bouc" comme on le surnomme est un des mafieux les plus puissants de la mer de l'Est. « Comment se portent les affaires ? » s'enquiert Loth. Pour toute réponse, il a droit à un haussement d'épaule désinvolte. Ils festoient encore pendant des heures avant que son ainé ne lui fasse signe de le suivre. Ils empruntent une trappe et descendent en ce lieu où Loth lui-même en interrogea plus d'un avec les méthodes habituelles de la mafia. Noyade, électrocution, brûlures, amputation... Dans la première pièce repose un homme attaché à une chaise, un torchon sanguinolent sur la tête.

- Les doigts méthodiquement écrasés, en voilà du travail propre, commente Loth. Elle est donc là.
- En vacance en fait. Elle m'file juste un coup d'main.
- Drôle de vacances. Les gens choisissent d'aller bronzer ou faire du ski à la montagne. Elle, de torturer à mort un gars ou deux.
- A chacun son kiff. Tout'façon, elle est pas vraiment là. Elle passait juste faire coucou c'matin et elle a fait l'job.
- Je vois. Et qui était ce pauvre bougre ?
- Un certain Mackay. Il travaille pour le Shield.
- Oh. Je vois. Il a parlé ?
- Pose pas d'question stupide, tout l'monde finit par parler. Mais malheur pou'moi il n'savait pas c'que j'voulais. Sa traque nous a pris six mois mais on n'a pas pu capturer toute son équipe. C'sont d'vrais caméléons doublés d'anguilles tell'ment ils t'glissent dans la main quand t'essaies d'les pecho. Bref, on savait que l'Shield opérait à Logue. C'qui signifie qu'il y a une imprimerie secrète quelque part sur l'ile.
- Et tu voulais connaitre son emplacement.
- Mais lui sait rien. Ses gars et lui font que récupérer l'fric dans un endroit différent à chaque fois et l'convoyer ailleurs. Vu comment il a souffert, j'suis sûr qu'il a craché tout c'qu'il savait.
- C'est à dire pas grand chose ?
- Il m'a parlé du nouveau papier couché sur l'quel ils frappent les Berry, quelque chose appelé Hybride. Puis il a balancé l'blaze d'un d'leur contact là-bas. Une meuf qui taffe pour leur fournir des couvertures. Lola Hopkins.
- Tu ne lui as pas encore mis la main dessus ?
- Nan, c'est chaud. Tous les agents du Shield doivent être sur l'pied d'guerre là. Puis qui dit Shield dit Cipher Pol pas loin. D'après lui, la Lola organise juste leurs couvertures.
- Il a peut-être cherché à la protéger dans la mort. Puis, de toute façon, que recherches-tu en visant l'imprimerie ?
- Bah du papier couché standard, au début. Maint'nant, j'veux cet Hybride.
- Le nerf de la guerre en somme. Je pensais que nous avions solutionné ce problème de rupture de stock avec Ned ?
- Ned est mort, mec.
- Quoi ?! Comment ?
- Pneumonie, y a deux mois.
- Oh l'imbécile ! Il fumait comme un pompier malgré ses poumons en mauvais état. Il n'a écouté personne, têtu comme la mule qu'il était. Tu te rappelles ? Il disait toujours "mourir de ça ou mourir d'autre chose..."
- Bah, il est mort d'ça. Et m'a laissé dans la panade jusqu'au cou. Plus personne a son doigté, ses apprentis n'fabriquent du papier merdique. Donc, on est rev'nu à l'ancien système. Chourer l'papier à la source en attendant d'trouver un autre imprimeur aussi génial qu'ce bon vieux Ed.
- Tu aurais dû me le dire, nous aurions porté un toast à sa mémoire.
- Il m'a laissé dans la merde, j'te dis ! On n'a plus rien imprimé d'puis sa mort. On arrive pas à voler du papier ! C'est grave chaud sur ma gueule, frère. Si rien n'sort avant la fin du mois, j'donne pas cher d'mon cul. L'grand patron est pas du genre tendre, tu sais.
- Ouh là.
- J'ai entendu des bruits d'couloirs, ça parle d'jà d'me remplacer.
- Deux mois d'impression perdue... Ça fait quoi, trois cents millions ? C'est beaucoup d'argent, les requins qui veulent ta place commencent à s'exciter.
- C'est ça. Et y a un nom qui r'vient l'plus souvent.
- Qui ?
- Loth Reich.
- Hahahaha ! s'esclaffe-t-il à gorge déployée, ce qui ne lui arrive que rarement. Sérieusement ? Ils ne me connaissent pas assez, c'est tout. Donc quoi, tu m'as amené dans cette cave humide pour m'y trucider histoire de protéger ta place, Jerry ?
- Dis pas d'connerie. Frère un jour, frère toujours.
- Fais attention. Les cimetières sont remplis de gens ayant fait confiance à leurs frères.
- Sans doute pac'qu'ils les avaient mal choisis.
- Héhé.
- Si j'te montre ça, si j'te dis ça, c'est pac'que j'veux que tu rempiles.
- J'ai travaillé pour toi durant tout 1625, c'en est assez. J'ai mes propres desseins, sur North Blue.
- J'sais. C'sera juste ponctuel. J'dois imprimer trois cent millions avant la fin du mois où j'suis un homme mort. Et d'puis que t'es parti, 'fin, d'puis que Penny et toi vous avez dégagé, j'ai que des bras cassés comme collaborateurs. Allez, c'est une faveur. Y a une imprimerie à Logue et s'lon l'macchabée, un CP les patronne. Lui doit savoir mais j'ai aucun moyen de l'faire sortir, j'sais même pas à quoi il ressemble. Toi, t'as toujours eu la vista pour trouver les choses cachées. Si tu m'aides pas, tu signes l'arrêt d'mort d'ton frère.
- Arrête avec ce chantage.
- C'que l'heure est grave. On fait appliquer l'tarif consultant, ça t'va ? J'ai besoin d'imprimer 300 briques dont tu touch'ras 10% en vrai billets si tu réussis la mission. En plus, j'vais gérer tous les frais annexes. T'as quartier libre et mes hommes dispo pour t'aider. Allez, m'courbe pas !
- Bof, je suis également en vacances, figure-toi. Mais tant qu'à nous amuser...
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- Salut toi.
- Quoi d'neuf sur East ?
- J'ai un extra avec la Triade. Ils ont un problème de stock en ce moment, tu ne connaitrais pas quelqu'un, qui connait quelqu'un, qui a entendu parler d'une usine de frappe de Berry à Logue ?
- Nope, jamais entendu parler d'un tel truc. On frappe du blé à Logue ? Zarbi comme endroit, avec tous ces pirates qui vont et viennent.
- C'est peut-être parce que c'est inattendu que ça en fait une bonne cachette. Alors, pas de contact dans le milieu de l'imprimerie locale ?
- Nan, désolé. J'ai du Marine ripou, des gratte-papiers, un faussaire et un contrebandier d'alcool. Plus quelque tenants d'casino et...
- Un faussaire ? Faux billets ?
- Ouais, mais rien à voir avec la Triade. C'est une 'tite frappe, Armando Alejandro, un gars qui s'est lancé dans l'métier y a pas longtemps. J'ai un contact qui lui a refourgué une presse.
- Et il fait ça seul ?
- Nan, il a fondé son groupe, les Fiston Boys, qu'ils s'blazent. J'donne pas cher d'leur cul si la Triade sait qu'ilsfont des affaires sur leur territoire, haha ! A moins qu'ils soient déjà cannés en fait.
- Bon, je crois avoir une sorte de plan.
- Super. J'gagne quoi moi ?
- Je gagne 10%, je devrais pouvoir en arranger 3% pour toi avec Jerry.  
- TROIS ? Dis donc, c'pas parce que j'suis dev'nu ton informateur attitré que tu dois abuser hein ? Cinq, c'est mon dernier mot.
- Tu n'as pas d'dernier mot, Dena. File-moi les contacts.
- De qui ? T'as encore rien dit, juste que t'as un plan.
- Écoute bien alors.

[...]

Deux jours plus tard...
Logue Town


- Non ! Non ! J'ai dit non ! C'EST PAS CA QUI S'EST PASSÉ !
- Baisse d'un ton Caporal ! Tu l'as tuée !
- Oui, oui ! J'l'ai fait ! Mais pas pour ces raisons ! C'est des bullshits !
- Moi je dis que c'est tes accusations, les conneries ! Une tentative minable et lâche de discréditer un sous-officier respectable !
- Un ripou, j'vous dis ! Elle était une vendue ! Putain, c'est un cauch'mar !
- Ça ne fait que commencer crois-moi ! Quand la cour martiale en aura fini avec toi, tu seras une épave ! On va te montrer comment on traite les traitres à leur propre rang !
- JE SUIS PAS UN TRAITRE !

Vociférés, ces mots tombent dans l'oreille d'un sourd. L'inspecteur Orel Leeroy sort de la salle d'interrogatoire et claque violemment la porte derrière lui. Dans la pièce, le suspect passe de la rage à la crise de larmes. Une comédie pour l'intraitable Leeroy à qui on ne la fait plus depuis trente ans qu'il trempe dans ce métier. Ce type est coupable, d'ailleurs il ne le nie pas. Juste qu'il se protège derrière le devoir alors qu'il vient de commettre l'infamie. Il jure puis détourne son regard de la vitre sans tain et remarque que deux personnes se tiennent là, à observer le suspect également. Personne ne l'a informé de leurs présences, aussi est-il surpris.

- Reich ! Je pensais que vous aviez mis les voiles !
- J'étais à mis chemin de North Blue quand j'ai été rappelé. Je ne vous présente pas le Maitre Krishner.
- Krishner, salue-t-il d'un vague signe de la tête qui restranscrit toute l'antipathie qu'il ressent pour elle.
- Inspecteur. Vous n'avez pas le droit de parler à mon client sans ma présence.
- Il n'a pas invoqué son droit à avoir un avocat.
- Maintenant, il l'invoque et ne dira plus rien.
- Peuh, j'ai déjà un dossier en béton. Dans trois jours, il passera en comparution immédiate pour meurtre et diffamation. Il est bon pour pendre au bout d'une corde !
- Pas si on prouve ses allégations que vous n'avez même pas pris la peine de vérifier !
- De la diffamation moi j'appelle ça ! C'est pour ça que vous êtes là Reich ? Vous me décevez après le bon travail qu'on a fait ensemble.
- La déception est réciproque Inspecteur, répond Loth avec un sourire froid. Je croyais que vous cherchiez toujours la vérité. Moi, elle seule m'intéresse et j'aborde toujours une enquête en archivant mes a priori. Là, vous êtes déjà convaincu que ce jeune homme est coupable, vous allez le livrer à la potence sans vraiment chercher l'antithèse ?
- Y a pas d'antithèse ! Il entache juste la réputation d'un excellent sous-off' !
- J'espère que vous avez raison, moi je reprendrais l'enquête depuis le début. Je suis engagé par la défense en tant que contre-expert, j'ai dois avoir accès aux scellés.
- Faites donc.
- Je dois voir la scène du crime et l'appartement de la victime dans la journée. J'aimerais que vous veniez avec moi.
- Pourquoi faire ?
- Comme dit, seule la vérité m'importe. C'est ensemble que nous avons démasqué l'étrangleur des quartiers sud. J'aimerais, qu'encore une fois, nous fassions du bon boulot ensemble, Inspecteur. Je ne suis pas là pour me battre avec vous.

[...]

- Z'êtes qui vous ?
- Bonjour Caporal Dean Vardy. Je suis Aline Krishner, avocate du collectif "Y en a marre". Nous défendons les opprimés contre l'injustice du système judiciaire. Nous avons entendu parler de votre histoire et nous nous portons volontaire pour défendre votre cas.
- J'... j'ai rien demandé... balbutie le Caporal. Un jeune homme d'à peine trente ans, coiffé comme un punk avec deux piercings sur les lèvres.  
- C'est l'intérêt du collectif. Vous avez des droits.
- Je sais ! Je fais appliquer la loi.
- Faisiez, Caporal. Aujourd'hui vous êtes entre quatre murs, livrés aux affaires internes convaincues de votre culpabilité. Ils ne vous ont même pas délégué un avocat. Bref, nous ne vous demandons rien, juste de nous laisser vous défendre. Nous sommes une organisation à but communautaire. Bien, ce monsieur c'est...
- Loth Reich le détective.
- Il est là pour prouver votre innocence et...
- Non, Maitre. Pour trouver la vérité, je vous l'ai déjà dit. Si je découvre que son histoire, c'est du pipeau, vous ne pourrez rien pour lui.
- Bien sûr. Découvrir la vérité pour étayer sa défense. Au collectif, nous sommes convaincus de son innocence. L'Inspecteur Leeroy a bâti sa carrière sur des centaines d'autres démolies par des enquêtes bâclées et expédiées. Il ne détruira pas celle du Caporal !
- On dirait que je suis le seul objectif dans cette affaire. M'enfin, trêves de bavardages. Racontez-moi tout, de A à Z, Caporal, sans omettre de détails. Qu'est-ce qui s'est passé par cette nuit venteuse d'hier ?
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La veille, le vent s'était levé sur Logue Town. Il souffla par rafales et déplaça de gros cumulonimbus au-dessus de la ville. Il était à peine dix-sept heures qu'il faisait déjà nuit noire. Comme à l'accoutumé, la section 16 commandée par la Sergente Lola Hopkins veillait sur les jetées A1 à G1 du port de Logue. Emmitouflé dans son imperméable, le caporal de première classe Dean Vardy faisait sa ronde entre les conteneurs quand il entendit des voix discrètes. Deux personnes parlaient à messe basse et c'était un exploit de les avoir perçues par ce vent mugissant. Après plusieurs minutes de recherche, il finit par en localiser la source. Deux encapuchonnées, face à face, dans le couloir formé par les empilements de conteneurs. Vardy se tassa dans l'ombre et écouta attentivement. Il reçut le choc de sa vie en reconnaissant l'une des voix comme celle de sa supérieure. L'autre lui était inconnu. Ils parlaient d'argent et d'une organisation appelée les Fistons Boys. Ils parlaient de beaucoup d'argent, de faux billets en fait se rendit compte le Marine troublé. Il entendit également parler d'"hybride" sans savoir ce que c'était. Le déni l'assaillait. Sa cheffesse était le symbole même de la droiture, comment pouvait-elle ? Ou alors était-ce une infiltration ? Était-elle sous couverture ? Que faire ?

Lui n'était qu'un caporal formé aux procédures douanières et s'il s'était déjà battu de sa vie, c'était uniquement contre quelques commerçants voulant frauder. Le crime organisé était encore une légende pour lui. Vardy tremblait comme une feuille sous cet orage, conscient qu'il jouait là sa vie. Pourquoi rester et en entendre davantage ? Était-ce la curiosité ou la peur qui le clouait sur place ? Lui-même n'en savait rien. Et comme il était indécis, le destin choisit pour lui. Un éclair monstrueux zébra alors le ciel du septentrion au levant, illuminant la zone d'une intense lumière. L'ombre du planqué se décalqua sur les boites métalliques et sa position, grillée par les criminelles. Le caporal s'enfuit pour sa vie, hurlant de peur. Il trébucha, tomba sur le sol mouillé par la pluie qui commençait à tomber. Précipitamment, il chercha son semi-automatique de service. « B-bouge p-pas ou j'tire ! » bégaya-t-il à ses chasseurs. Il tremblait, était moins que rien ; eux, avaient l'assurance du déjà-vu. Ils avaient vu la mort dans les yeux, en avait exécuté plus d'un, de gens trop curieux. C'est d'ailleurs ce que dit sa cheffesse en sortant un long couteau à évider. Elle lui promettait de le hacher si fin qu'il faudrait un microscope pour identifier ses morceaux épars.

- C-c'est là que j'ai tiré. Ma main est partie seule. J-j'ai juste... tiré. Elle s'est effondrée, puis j'ai dirigé l'arme vers le second. J'ai beuglé comme jamais dans ma vie, j'crois que c'est ça qu'on appelle la rage de vivre, non ? J'ai tiré mais il avait déjà sauté de côté. J'ai tiré encore et encore, j'ai vidé mon barillet et j'ai continué à appuyer dessus comme un fou jusqu'à ce que les gars de notre section rappliquent. La suite, vous savez.
- Accusé de meurtre aggravé et de diffamation. L'accusation prétend que vous tentez de maquiller un crime passionnel.
- NON !
- Assis, je ne cherche que la vérité, dit Loth en faisant les cent pas dans la petite salle d'interrogatoire. Vos camarades prétendent que vous aviez eu une relation avec votre sergente, d'autres qu'elle vous a envoyé balader sur les roses, raison pour laquelle vous vous seriez vengé.
- Non, non ! Y avait rien entre moi et Lola !
- Lola ? C'est dans vos procédures d'appeler votre supérieure par son prénom ?
- Nous sommes de votre côté, caporal mais pour ça, vous devez nous faire confiance et tout nous dire !
- Crachez le morceau, vous êtes un très mauvais menteur.
- Bon... ouais, elle m'a envoyé chier y a trois mois... marmonne-t-il, tête baissée. Mais j'avais pas de raison de la tuer !
- Si. La passion.
- Hey ! Vous n'êtes pas là pour porter des accusations !
- Je ne fais rien de tel. J’émets des hypothèses de travail. Pour peu qu'il soit possessif et obsédé par elle, il avait une raison de la tuer. Maintenant dites-moi, l'homme avec lequel elle discutait... enfin, c'était un homme non ?
- Ouais, mais j'ai pas vu son visage, il a jamais baissé sa capuche et il a filé. Il était assez grand, fin aussi mais rien qui sortait de l'ordinaire. J'l'ai déjà dit à l'autre connard d'inspecteur là ! Mais pourquoi il va pas fouiller chez Lola ? Il doit y avoir des preuves de la vérité !
- Il l'a fait, ils n'ont rien trouvé.
- ils veulent rien trouver ouais ! Il me sait déjà pendu ! clame-t-il au bord de la rupture de nerf. Je suis fichu, fichu, fichu !
- Ne perdez jamais espoir, caporal, vous vaincrons le système ! Le détective Reich va prouver vos dire ! N'est-ce-pas ? demande-t-elle avec véhémence, comme si elle met Loth au défi de dire le contraire.

Et pourtant, le Moine est on ne peut plus d'accord avec le caporal. Il a déjà la corde au cou.

[...]

- Je compte sept orifices d'entrée. Plus celle qui s'est logée dans le sternum de la sergente, ça fait huit balles. Cinq conteneurs touchés. La sergente se trouvait ici, donc l'homme mystérieux ici. Vardy fait feu une fois, l'homme l'évite en sautant à sa droite. Vardy le poursuit de son révolver et réitère le tir. Trois frénétiquement, il rate encore. L'homme s'enfuit dans cette direction, et évite de justesse deux autres tirs. Puis il bifurque dans cet angle droit où une dernière balle le rate. Là, il s'évanouit entre les allées.
- Ou bien, il aurait aussi pu tirer de manière sciemment désordonnée pour étayer sa théorie.
- Possible aussi.
- Franchement, vous perdez votre temps Reich, j'en suis convaincu.
- Vous étiez aussi convaincu que l'étrangleur était un homme soit disant qu'une femme ne pouvait pas avoir la force nécessaire pour étrangler à la chaine trois hommes bien portant.
- C'est pas le même cas !
- Si. Parlez-moi de la sergente. Les faits, s'il vous plait.
- Lola Hopkins, trente-deux ans, sergente depuis cinq ans. A rempilé dans les rangs, il  y a huit ans.
- Elle s'est engagée à vingt-quatre ans ? Assez tard, qu'est-ce qu'elle faisait avant ?
- Elle était quartier-maître dans la marine marchande, dans la compagnie Vaersk.
- Le plus gros armateur d'East Blue. Son dossier mentionne pourquoi elle a quitté ?
- Harcèlement.
- Sexuel ?
- C'est pas dit.
- Si c'est uniquement pour ça, elle aurait dû abandonner le métier. La Marine mondiale est plus un monde d'homme et de machisme que les marines marchandes.
- Hey ! N'importe quoi ! Nous avons une Amirale et une Amirale en chef !
- Ce qui ne vous a pas empêché de croire une femme trop faible pour étrangler. Où est l'erreur ?

[...]

Quittant la scène de crime délavée par la pluie de la veille, ils se rendent au domicile de la défunte que veillent deux agents en faction. C'est un appartement dans le centre-ville de Logue, au deuxième étage d'un immeuble d'habitation. Une chambre, un salon. Coquet, féminin, comme son occupante, une belle femme en somme avec ses cheveux châtains coupés court et son long nez filin. Muni de gants, Loth fouille sous la supervision de l'inspecteur qui a déjà passé les lieux au peigne fin. Il regarde le moine travailler avec une appréhension dissimulée, craignant sans doute qu'il ne lui refasse le coup de leur précédente enquête où Loth dénicha en quelques secondes une planque qu'il a mis des jours à chercher. Le binoclard n'est pas comme les autres, sa mémoire eidétique est des plus faramineuses et son sens du détail, à nul autre pareil. En tout cas, il se plait à le croire. Rien de probant après un quart d'heure de fouille dans le salon et dans la chambre à coucher au grand contentement revanchard de l'officier. Pas plus de succès dans les toilettes ou la petite cuisine. Rien en somme.

- Vous voyez ? C'était une femme sans souci, empreinte de devoir, qui ne vivait pas au-dessus de ses moyens. Rien à voir donc avec la trafiquante dépeinte par ce criminel de Vardy ! Et puis les Fistons Boys quoi ! Personne n'a jamais entendu parler de ce groupe, que ce soit en matière de faux monnayage ou de drogues ou je ne sais quoi. C'est de la fiction qu'il nous a servi !
- Il y a beaucoup de livres sur la navigation et la mer, constate Loth en s'approchant de la bibliothèque.
- Bah, elle était passionnée par la mer. C'est pour ça qu'elle est venue chez nous après avoir quitté les autres là.
- Mais elle n'était pas en flotte, juste en caserne.
- Elle ne décide pas de son affectation.
- Soit. Oh tiens, l'encyclopédie complète du Guide du Marin de Christophe Colombier. Je l'ai dévoré quand j'avais six ans. Huit volume de milles pages chacun.
- Et ? rétorque-t-il, agacé.
- Rien, je vais lire.
- Pardon ?
- Cette bibliothèque est passionnante. Vous savez ce qu'on dit ? Si vous voulez cacher un truc à des gens, il faut le cacher dans des bouquins. Ou mieux, un sujet que la plupart des gens trouveront barbants. Comme l'océanographie.
- Mouais, moi je vais me prendre un café. Je suis dehors, quand vous aurez fini de perdre votre temps.
- Ce n'est pas la peine, tout ce que nous cherchions est là, juste devant nous. Cette collection est la preuve que la sergente avait des moyens bien supérieurs à ceux que lui allouaient ses revenus.
- Développez ?
- Trouvez un expert, un historien de l’art ou de l’imprimerie de préférence et faites-lui faire une expertise des volumes de l'encyclopédie. Je ne l'ai pas remarquée immédiatement parce que je pensais que c'était la version réécrite, déclare Loth en tournant les pages du premier volume avec une telle délicatesse qu'on dirait qu'elles sont faites d'entrailles en décomposition. Mais là c’est… Gantez-vos main et touchez la page.
- C'est pas du papier.
- En effet, c'est du parchemin. De la peau de veau probablement, travaillée, amincie, polie et blanchie. Du travail d'orfèvre.
- Mais non... Tous les autres volumes sont comme ça ! Mais qui utilise encore de la peau de bête pour écrire ?
- Personne, sauf dans les sociétés vraiment primitives. Le Guide du Marin a été écrit il y a quatre cent ans. C'est une édition originale, Inspecteur.
- Quoi, vous voulez dire ces bouquins datent d'aussi longtemps ?
- Le parchemin se conserve plus durablement que le papyrus ou le papier.
- Attendez, attendez. En quoi ça prouve que la sergente Hopkins vivait au-dessus de ses moyens ?
- Votre expert vous le confirmera. Moi je suis un peu touche à tout, mais je ne pense pas me tromper en disant que chaque volume original doit valoir dans les vingt-cinq millions de Berry.
- Non !
- L’encyclopédie intégrale, nous en avons pour deux cents, facile.
- Elle a... peut-être des héritages ? Peut-être que... on lui a offert ? bafouille-t-il en suant abondamment tout à coup.
- Qui ? Un amoureux fou ? Elle n'a aucune famille et personne n'est venu réclamer son corps. C'était une solitaire endurcie et pour moi, investir dans sa passion est le meilleur moyen de blanchir de l’argent mal acquis. Ce que le commun des mortels prend pour des bouquins sans importance est en fait un trésor. La question que nous devons nous poser maintenant c'est "où a-t-elle trouvé tout cet argent" et bien sûr... "quand libérerons-nous Dean Vardy" ?
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Orel Leeroy demeure circonspect et continue de discuter quant à la solidité des preuves. Un moment après, il fait venir séance tenante le directeur du musée de Logue Town pour une première expertise visuelle. La réaction de ce dernier, proche de la jouissance professionnelle, l'exaspère au plus haut point. Le vieil homme tout ridée au nez surmonté de lunettes en demi-lunes s'extasie devant la trouvaille et jure ses grands dieux qu'il a rarement vu des parchemins-livres de cette période aussi bien préservés. « Oui oui... L'histoire du livre est une fantastique aventure chers messieurs. Des peintures rupestres aux papyrus qui se sont plus tard transformés en volumen. Oui oui... C'est à partir de ces longs rouleaux en papyrus enroulés autour de deux axes verticaux en bois que débute cette formidable aventure. C'est au moyen-âge qu'apparaissent les premières formes de ce qui deviendra nos livres contemporains. Le codex. Des pages reliés par un fil pour les faire tenir ensemble. Oui oui, le codex... Ces volumes datent de la fin de la glorieuse histoire du codex, oui oui... Juste avant la révolution de l'imprimerie. Ce n'est du veau sieur Reich mais du daim, cousu avec des boyaux de cochons... Magnifique... Oui oui... Faudrait faire des recherches mais je n'ai encore jamais vu de tels pigments pour les couleurs, le jaune semble presque luminescent. Sans doute que oui... Ça peut donner l'origine du scriptorium qui les a fabriqués... » Il aurait pu continuer comme ça tout seul pendant des heures si Leeroy n'y a pas mis le holà.

- Donc ce sont vraiment des originaux ? Ces livres datent de quatre cent ans ? redemande-t-il de manière appuyée.
- Vu les techniques utilisées, c'est plus récent. Dans les trois cent soixante-cinq ans.
- Soit trente ans après la première parution. Me suis un peu fourvoyé.
- Vous avez bien estimé la valeur par contre. Je peux les emmener faire une recherche sur les pigments ? demande le vieux, des étoiles dans les yeux.
- Non, ce sont des pièces à conviction. S'il y a des analyses à faire, on vous contactera. Merci professeur.
- Du coup, vous pouvez soit continuer dans le déni, soit explorer cette nouvelle piste. Quoiqu'il en soit, je vais en avertir Krishner et si vous ne libérez pas Vardy au vu de ces nouvelles informations, soyez sûr que le collectif fera un tapage médiatique pas possible.
- Non, personne ne va libérer Vardy, déclare une voix sèche depuis l’entrebâillement.
- Vous êtes ?
- Appelez-moi Gutenberg. Je suis du Cipher Pol Number Two, division lutte contre la criminalité en col blanc. Mes références sont auprès du Contre-amiral Ackbar.
- Et vous nous voulez quoi ?
- Que vous poursuiviez la procédure judiciaire contre Vardy.
- Pas bizarre du tout. Qu'est-ce que le Ciper Pol en a à faire d'une affaire interne de crime supposément passionnel ?
- Beaucoup de choses, dont très peu que vous comprendriez Reich et aucune qui vous concerne.
- Ben voyons. Je suis à peu près certain que je saurais m'y défendre, expliquez toujours et tant que ça a trait avec mon client, ça me concerne.
- Ne vous mêlez pas de ça. Je peux avoir ces livres ?
- Hors de question, ce sont des pièces à conviction...
- Oh non, pas de ça !

Loth réagit à l'instinct au moment même où l'étranger grassouillet aux cheveux roux amorce un mouvement hyper vif pour s'emparer des volumes. Du Soru que contre Loth avec sa propre détente provenant de l'art martial de la Grue. D'un coup de pied, il détourne la main tendue du Cipher Pol puis de l'autre, le gifle. Le retourné acrobatique finit sur la face endurcie de l’agent secret qui ne bronche pas. Au contraire, son index dressé bouge vivement vers le cœur du moine. Leeroy empoigne son poignet et stoppe net l'attaque, ce dont profite Loth pour lui décocher un mémorable uppercut galvanisé avec toute la force que lui confère le Retour à la Vie. Le Tekkai ne lui est d'aucune utilité, il vole, s'écrase contre le plafond puis rebondit à l'extérieur de l'appartement avant de dégringoler dans les escaliers jusqu'au premier étage. La presse s'est attroupée depuis leur venue et s'y donne à cœur joie pour mitrailler de flashs cette bagarre.

[...]

- Jamais vu ça ! Insensé ! Ridicule ! Comment... possible ?

La suite se déroule dans le bureau du Contre-amiral Leonce Ackbar totalement hors de lui par le comportement des uns et des autres. Tellement en colère qu'il n'arrive pas à articuler normalement. En face, Loth, Leeroy et Guntenberg la mâchoire ensanglantée ressemblent à des enfants attrapés en flagrant délit de bêtise. Peu importe qui a raison pour l'amiral, aucun professionnel ne devrait se conduire ainsi et salir l'honneur du drapeau qu'il sert. Il enfonce presque dans leurs yeux, l'article qui est sorti une heure après leur rixe qui titre "Pugilat sur une scène de crime ! Mais où est donc le respect ?!". Suivi d'un autre article qui affiche "Détenu malgré des preuves contraires ? Pourquoi Orel Leeroy veut-il la pendaison du Caporal Vardy ?". Sur un autre, on peut lire "Sergente Lola Hopkins : Vie, voile et vérité." Et étrangement, tous retranscrivent dans le moindre détail l'état actuel de l'enquête, avec la découverte des parchemins et l'implication de leurs prix exorbitants. La seule question qui revient au final est qui est cet homme dégringolant dans l'escalier et quel est son rapport avec la défunte ?

- Mais qu'est-ce que vous avez fumé ?!
- C'est la faute de ce civil ! rage Guntenberg, ses yeux jetant des éclairs à Loth.
- C'est vous qui vous êtes immiscé dans notre enquête et avez voulu vous emparer d'une pièce à conviction, ducon ! Et de quel droit hein ? réplique orel Leeroy.
- SILENCE ! Ça vous va d'être la risée de Logue Town ? De soi-disant pro' qui se battent comme des enfants dans une cour de récré ? Maintenant vous allez me nettoyer cette merde et plus vite que ça !    
- A vos ordres, monsieur.
- Où en est l'enquête ? C'est quoi cette histoire de 200 millions en livres ?
- La fuite doit venir du directeur du musée. Malencontreusement sans doute, il est tellement excité par cette découverte qu'il en aura parlé à ses assistants et ainsi de suite. Bref, Hopkins avait ces livres très anciens chez elle et ça prouve indubitablement qu'elle avait des ressources financières insoupçonnées. La théorie de l'héritage de l'inspecteur ne tient pas, pas plus que celle de l'amant super aisé.
- C'était pas une criminelle ! C'était un de mes agents ! tempête le CP.
- QUOI ?
- J'en dirai pas plus tant que ce civil sera là.  
- Ce civil a un nom. Et c'est inutile de m'en dire plus. Lola Hopkins était un agent du Shield, c'est ça ? Oh, faites pas ces yeux écarquillés, je suis juste un idiot fini d'après vous non ? ironise-t-il.  
- Un agent du Shield ? C'est quoi le Shield ?
- Sans vouloir vous offenser, si un idiot comme moi le sait, je ne donne pas cher de votre cerveau... Le Shield est une organisation semi-gouvernementale spécialisée dans le transport de la monnaie fiduciaire. Des usines de frappes aux banques et autres distributeurs agréés. Ce sont de véritables caméléons, des as improbables du déguisement qui misent sur la discrétion absolue plutôt que sur l'armada pour les escorter. Vous pourriez acheter des abats de porc à un porcher sans savoir qu'il transporte des milliards. C'est ça le Shield.
- Comment tu...
- Je suis un limier, mon travail est de savoir des choses. Avant le commun des mortels.  
- Attendez, minute ! baragouine lentement Leeroy comme éclairé tout à coup. Il y a huit jours, le bateau d'un négociant en fruit a été attaqué juste après avoir levé l'ancre du quai C1, zone sous le commandement de la sergente. Un homme a été enlevé après les échanges de tirs selon les témoins mais le reste de l'équipage a filé sans demander son reste. Sans porter plainte.
- C'était une équipe Shield.
- Maintenant déballez leur tout, le secret n'a plus de sens, Gunt', ordonne l'amiral, posément.
- Bon, ouais, c'est mon équipe. Je suis leur agent de liaison. Ils ont appliqué la procédure c'est tout. Mettre le maximum de distance entre les assaillants et l'argent.
- En abandonnant les leurs ?
- C'est la procédure je dis ! Tous ont signé, sachant ça. On a recherché l'agent Mackay après sans succès.
- C'est pas bizarre ? Qui étaient les assaillants ? Et ils en voulaient au personnel ou à l'argent convoyé ?
- On pense que c'est une action de la branche Faux-monnayage de la Triade des Quatre Bambous.
- Les Quatre Bambous hein... La pire organisation du crime de cette mer.
- Ils sont spécialisés dans la contrefaçon en général, des médicaments aux machines.
- Mais le faux-monnayage est l'une des branches qui rapporte le plus. Elle est dirigée par Jerry Hargreaves, primé à 40 millions de Berry. Bref, on pense qu'ils voulaient kidnapper l'équipage pour l'interroger et savoir où se trouve l'imprimerie fiduciaire à Logue.
- Pardon ? Y a une imprimerie de Berry dans cette ville ?
- Je ne confirmerai pas, pas plus que je ne démentirai ça.
- Bien sûr, il y a plusieurs établissements financiers à Logue. Cette équipe Shield aurait juste pu venir livrer les billets. Mais du coup, qu'est-ce qui vous fait penser qu'ils en avaient après des informations sur une éventuelle imprimerie ? Plutôt précise comme supposition. Carrément chirurgicale.
- Parce qu'il y a un deux mois, on a lancé l'opération Dust au cours de laquelle on a réussi à empoisonner et à éliminer Ned Poppers. C'était l'imprimeur en chef de la Triade et bon dieu qu'il était sacrément doué ! Ses billets avaient une pureté de 90%. Le meilleur que quiconque ait jamais vu sur les Blues. Pour vous donner une idée, la concurrence la plus cotée arrive à peine à 60% de ressemblance. Bon, on avait une fenêtre de tir limitée, c'était l'une des rares fois où il était vulnérable ; grâce à une serveuse, on a glissé un cigare empoisonné dans sa cartouche. Du coup, c'est la merde depuis dans l'organisation. Ned fabriquait le papier, l'encre, il faisait tout. Maintenant, ils sont aux abois, à la recherche de papier peut-être, d'encre, ou d'expert en filigrane.
- Et la sergente dans tout ça ?
- C'était ce qu'on appelle dans le jargon, une illusionniste. Elle préparait les couvertures, elle modifiait les carnets de bord du port. Le même bateau pouvait revenir chaque semaine que dans les registres, il n'y en aurait aucune trace. C'est tout ce qu'elle faisait.
- Et c'est tellement bien payé que ça justifie la valeur des bouquins ?
- Non. J'ignore d'où ça vient, avoue-t-il avec dépit.
- Mais bon sang de merde, je pensais que vous vouliez faire de la rétention de preuves pour cacher une couverture mais en fait c'était quoi ? Une tentative de destruction de preuves ? D'obstruction à une enquête judiciaire ?! s'indigne Leeroy.
- Lieutenant-colonel, on s'éloigne pas du sujet ! intervient Ackbar et pendant un moment, Loth se demande à qui il s'adresse avant de se souvenir qu'inspecteur général n'est pas un grade en soit mais plus une spécialisation des Lt-col.

Ainsi donc Ned avait été assassiné, médite Loth surpris. Sa pneumonie n'en n'était pas une. Il n'y a pas d'espion dans la triade, juste que Ned fut à découvert pendant un laps de temps et les tueurs du CP ne l'ont pas raté. Quoiqu'il en soit, Loth se note de cuisiner un peu mieux Gutenberg pour en savoir plus. Pour ce qui est de Lola Hopkins, le débat se tourne sur sa réelle loyauté maintenant qu'une partie de sa vie a été peinte. Leeroy oriente la conversation sur les dires de Vardy auxquels il accorde maintenant de l'importance. L'effarement de l'inspecteur et du Contre-amiral est absolu quand le CP avoue connaitre les Fistons Boys dont a parlé le caporal. « Sans déconner ? Vous étiez prêt à laisser un homme mourir à la potence juste parce que vous étiez dans le déni ?! » beugle l'amiral homme-poisson. Accusation à laquelle, Gutenberg réplique que rien ne l'oblige à faire le boulot des enquêteurs interne et que comme tout le monde, il a pris ça pour des élucubrations d'un détraqué sexuel. « Du coup, ces Fistons, c'est qui ? »

- Des faussaires aussi. On a repéré leur produit il y a neuf mois, mais c'est vraiment du très bas de gamme.
- Et ils auraient pu avoir un lien avec la sergente ?
- J'y crois toujours pas.
- Ça suffit le déni ! Les preuves sont là ! Nettoyez votre merde !
- Moi je me demande si nous nous posons les bonnes questions. D'abord il convient de se demander comment la Triade a su pour le Shield, le bateau, l'emplacement et ce jour précis. On parle de gens qui sont plus discrets que des agents secrets.
- Vous insinuez quoi ?
- Que la sergente a vendu ses camarades. C'est pour moi la seule réponse convenable. Si vous en avez une autre, je suis preneur.
- Il... il peut se passer beaucoup de choses qui peuvent trahir un Shield. La Triade est constamment en alerte, ils ont pu repérer leurs mouvements !
- Ou Hopkins était en affaire avec eux et après les avoir vendus, elle a eu d'autres clients, les Fistons. Le caporal aura surpris un marchandage et la suite on la connait.
- Il dit avoir entendu les mots "faux billets, Fistons Boys, hybride". Quel sens aurait le mot hybride dans cette conversation ?
- L'Hybride c'est le nouveau de substrat fiduciaire employé par les imprimeries, répond-il après un moment de silence.
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Le papier Hybride est une pépite de l'imprimerie selon Gutenberg. Un papier en polymère sous forme d’une nouvelle combinaison faite d'un film polyester protecteur entourant huit cœurs en fibres de coton. Ce qui assure une sécurité et une longévité sans nulle autre pareille. De plus, il intègre tous les éléments de sécurité courants, depuis les filigranes de forme losange, les films et fils de sécurité jusqu’aux éléments lisibles par machine uniquement. Une couche imprimable innovante assure sur les deux faces une impression d’excellente qualité et une parfaite adhérence de l’encre. Le toucher typique des billets de banque et les caractéristiques tactiles uniques de l’impression taille-douce sont intégralement conservés. Des attributs qui peuvent paraître du ponéglyphe pour les profanes mais pour Loth, c'est vraiment la manifestation d'une technologie extrêmement pointue. Et ce dernier paramètre scelle complètement le "sort" ou la vision que tous ont de la défunte sergente. Des aveux même de l'agent secret, elle n'avait aucun moyen d'en connaitre l'existence. Ce qui signifie que quelqu'un de plus haut placé la renseigne mais sur ce point, il demeure intraitable.

- Non ! Comme vous le dites, c'est ma merde, je vais la nettoyer ! Il est hors de question que des non accrédités aillent fouiner là-dedans. C'est de la sécurité monétaire mondiale qu'on parle !
- Ouais, parce que vous l'assurez très bien la sécurité de notre argent... M'enfin, moi j'ai atteint mon but donc ma contribution s'arrête là. Vardy doit être libéré.
- Bien sûr, mais c'est pas fini. Y a les Fistons qui trainent. Ou vous voulez vous en occuper tout seul aussi, Gutenberg ?
- Ces minables sont le dernier de mes soucis !
- Nous, non. On peut pas laisser des faussaires infiltrer nos systèmes. Reich, vous avez de l'expérience dans le démantèlement de réseaux financiers. Vous avez mis au jour le système de blanchiment d'argent de Los Zeta à West Blue.
- Ceux-là purifiaient leur argent sale, ils ne fabriquaient pas de faux billets.
- Comment feriez-vous, si on vous confiait la mission d'en finir avec les Fistons ?
- Euh... Déjà nous savons à peu près ce qu'ils désirent, ou du moins, ce que Hopkins proposait de leur vendre. Du papier Hybride. Donc ce serait facile de les appâter avec. De combien l'obtention de ce papier augmenterait-elle la qualité de leurs faux billets ?
- Là ils font que de la merde, à peine du 30%, ils pourraient carrément doubler leur qualité.
- Donc, forcément, ils vont se jeter dans un tel piège.
- Pas sûr. La prudence prime sur le profit dans ce milieu-là. Mais ça peut marcher ouais, s'ils sont convaincus qu'il n'y a aucune enquête annexe.
- Donc la mort de Hopkins doit être attribuée à un meurtre passionnel c'est ça ?
- Rien qui ait un lien avec le crime. Elle doit être lavée dans la presse et le caporal inculpé voir condamné.
- Du bluff à grande échelle. J'aime l'idée. Il faudra convaincre Vardy qu'il joue le jeu. Son avocate aussi. Il recevra une médaille à la fin.
- Je le leur transmettrai. Mais nous n'avons pas de papier Hybride et il faudrait au moins des échantillons quand viendra le moment d'un premier contact avec l'organisation.
- Alors ? finit par crier le Contre-amiral alors que le silence perdurait en attente de la réponse de l'agent secret.  
- Que je vous fournisse de l'Hybride ? Mais non, oubliez cette idée ! C'est un matériau ultra secret !
- Si secret que ça se négociait entre des conteneurs dans un port !
- J'ai dit que j'allais enquêter et trouver la fuite !
- En attendant, on aura besoin des échantillons. C'est pas une demande ! Ou j'appelle directement votre directeur pour lui en toucher deux mots en n'oubliant pas la manière très professionnelle dont vous gérez vos équipes ici !
- D'accord, ça va. Vous aurez vos échantillons...
- Ça c'est ce que j'appelle de la coopération inter-agences ! Maintenant, Lt-col, Reich, bougez-vous pour accélérer les préparatifs. On fabrique des preuves, on parle à la presse, on leur bourre le crane que c'est un meurtre passionnel. Les livres, elle les a empruntés au musée sans les rendre, juste un malentendu. Et vous me ramenez le directeur du musée que je lui parle d'homme à homme-poisson ! Puis, vous mettez tous nos indics sur le coup, le bruit doit circuler qu'un ripou a du papier à vendre.
- Vous vous rendez compte que ça peut attirer la Triade aussi ?
- Bah on espère bien non ? On fera d'une pierre, plusieurs coups. Allez me préparer ça !

[...]

- Yo, L', ça se passe ?
- Non, ça ne va pas. Le scénario m'échappe. Envoie-moi l'artillerie lourde.
- Compris. Je t'envoie la totale.
- Sinon, notre ami commun n'est pas mort de ça. Il est mort par ça.
- Sans dec' ? Putain, j'aurais jamais deviné ! Y a des vers, tu penses ?
- Non, mais tu ferais mieux de déparasiter, histoire d'être sûr.
- Je m'occupe du nettoyage de printemps.

[...]

- Haha ! Oh putain t'as pas changé chéri ! Hahaa !  
- Ça suffit.
- Non mais depuis South Blue, tes plans trop compliqués craignaient déjà. J'ai pas pensé que ça irait de mal en pi.  
- Il suffit de...
- Contrôler le scénario, ouais. Mais tu sais qui disait ça ? Notre grand professeur, le Gila ! Et lui en a dans la caboche et l’expérience pour ça ! Toi t'es juste un apprenti sorcier !  
- Et comment suis-je censé devenir un vrai sorcier si je m'entraine pas ?
- Touché.  
- Mon plan était simple, avec une ossature malléable pour parer aux imprévus. C'est notre stade actuel, donc contrôlons les imprévus.
- Laisse-moi comprendre tout ce que t'as fait jusqu'à présent. T'as payé un marin ripou que tu as connu grâce à Dena' pour qu'il assassine cette Lola dont le nom a été lâché par le mec que j'ai torturé. Puis, le ripou a inventé une histoire sur la base des autres confessions du torturé. Pendant ce temps, t'es allé placer chez elle des bouquins qui valent deux cent millions ?! T'es malade ou quoi ?!
- Ce sont des vrais faux. J'ai une amie, Cathy Sanchez qui est archéologue et vit chez les Wambas, une tribu très primitive des profondeurs inexplorées de la jungle de Jaden, ici sur East. Ils n'ont quasiment pas évolué depuis quatre cent ans, leur méthode de converser l'écriture aussi. Ce sont leurs scribes qui m'ont recopié l’encyclopédie y a deux ans. Ensuite ils ont été vieillis artificiellement. C'est juste des attrapes nigauds très bien faits. J'ai arrondi quelques fins de moi en escroquant de riches collectionneurs avec.
- Haha ! Bon soit, donc, tu te pointes pour enquêter après avoir alerté le collectif sur son cas avec un appel anonyme. Tu t'arranges pour trouver tes propres bouquins, ils sont convaincus que la meuf est pas clean et un CP se ramène ?  
- Ça c'est la stratégie que le Gila nomme "taper sur la ruche pour faire sortir les abeilles". C'était ça mon but depuis le début. L'agent du Cipher Pol nommé Gutenberg. C'est lui qui sait où se trouve l'imprimerie, lui qu'on doit trouver. Je savais qu'en m'en prenant à la crédibilité de son agent, ou en menaçant de faire paraitre l'histoire dans la presse, il sortirait de l'ombre. Ce qu'il a fait vu qu'il surveillait l'enquête de très près. Malheureusement, y a eu une complication, ils veulent piéger les Fistons.
- Mais pourquoi tu as fait parler des Fistons à ton ripou ?  
- Je pensais que ça donnerait plus de crédibilité et un peu en prévision de ce genre de situation. Si j'avais fait dire qu'elle conversait avec la Triade par exemple, c'est elle qu'ils auraient voulu piéger et ils ne désespèrent pas à cette idée. Bref, je n'ai plus le temps pour faire ce que j'avais prévu à ce stade, c'est à dire suivre Gutenberg comme son ombre. A toi de le pister.
- Fastoche.  
- En ce moment, il doit chercher la prétendue fuite dans l'organigramme, donc il est possible qu'il se rendre dans l'imprimerie. On doit d'abord identifier l'imprimerie avec certitude puis si possible identifier l'imprimeur.
- Ça c'était pas dans les vœux de Jerry.  
- Non, parce qu'il ne savait pas que c'est ici qu'a été développé le papier Hybride, ce qu'a implicitement avoué Gutenberg. Ils nous ont assassiné Ned, il est temps de leur rendre la pareille en leur volant un cerveau.
- Et du papier.  

Loth sourit et sait son opération entre de bonnes mains. Penny était de la même "promotion" que lui, tous deux ont commencé à travailler pour le Gila en 1622 puis quand ils ont été libérés de leurs obligations, sont venus faire un "long stage pratique" chez leur ainé Jerry. Début 1626, Loth est parti rouler sa bosse sur North Blue tandis que Penny a préféré rester et se faire une carrière dans la Triade. Aujourd'hui, elle est la vice dirigeante de la très porteuse branche de Grand Luxe de l'organisation. Bijoux, sacs, vêtements de grandes marques, rien n'échappe à leurs contrefaçons toutes aussi vraies que nature. Le Moine ne regrette pourtant pas, il sait qu'il aurait sans doute été à la tête d'une branche s'il y avait perduré. Mais travailler pour quelqu'un et tracer sa carrière dessus n'est pas dans ses aspirations. Il veut fonder son propre empire et c'est déjà en route avec le démantèlement inéluctable d'Ashura sur North Blue. Après cette opération, il rejoindra son océan de tutelle pour leur porter le coup de grâce. A chacun son bonhomme de chemin.

[...]

Le plan concocté par l'amiral a pris plusieurs jours à mordre. Le lendemain de leur entretien, Vardy est inculpé et tout un tapage médiatique organisé pour expliquer l'affaire. Le surlendemain, il est présenté à une cour martiale qui le juge pendant dix heures avant de reporter la séance. La sergente est lavée et repeinte dans l'opinion publique qui se passionne pour cette affaire. Parallèlement, les indics répandent la rumeur d'un gars qui aurait accès à un certain stock d'un nouveau genre de papier. Pour accélérer le mouvement puissance mille, Loth escargophone Dena' qui transmet directement l'information à son lien avec les Fistons. Un jour après, le premier contact est établi dans un bar plutôt huppé de Logue où l'agent sous couverture de la 87e est alpagué par une femme. La discussion enregistrée fait écho aux prévisions de Loth à savoir qu'ils ont grandement besoin de papier de qualité supérieure. Tout va tellement bien sur ce front-là que Loth est frustré de ne pas voir son propre plan marcher. Voilà quatre jours que Penny prend Gutenberg en filature sans rien apprendre de nouveau.

- Tu es sûre que tu en t'es pas faite repérer et qu'il te désinforme ?
- Tu sais que je suis meilleure en filature que toi ? Je l'ai marqué, précise-t-elle en montrant sa main auréolée d'une puissance lueur rosée sentant le bonbon.

Penny possède le pouvoir du fruit du chewing-gum qui lui permet de créer une pâte aux propriétés élastiques mais également adhésives. Un pouvoir très utile qu'ils ont utilisé de diverses manières pendant des années. En laissant juste une boule pâte par terre pour qu'une cible marche dessus, elle peut la pister à l'odeur en restant bien au-delà du champ visuel. En détail, Loth lit ses annotations méticuleuses propres à tous ceux qui ont été à l'école du Gila. Gutenberg n'a pas un autre boulot de façade, il vit à Logue pour la liaison avec le Shield et la surveillance des transferts de fonds, alors comment fait-il ? Il veut enquêter sur la fuite, comment faire ça sans aller dans l'imprimerie ? Mais la réponse est si simple que Loth en ricane. Après le Shield, il ne devrait plus se demander comment font les gens pour se camoufler en plein jour. De tous les lieux marqués là, un d'entre eux dissimule leur imprimerie alors Loth se met à chercher ce qui revient le plus souvent.  

- Il est végétarien.
- Ouais mais il ne mange jamais dans le même restaurant deux jours de suite. Rien n'est constant dans son emploi du temps, j'ai vérifié.  
- Ça c'est la formation qui veut ça. Mais il y a forcément un schéma et je percerais son secret !

Calme plat pendant deux jours où Loth ne fait aucune avancée notable dans la localisation de l'imprimerie. Concernant le piège tendu aux Fistons, un contact s'est renoué entre leur ambassadrice et le marine. Elle en veut de quoi produire cent millions en faux. Le marine mine la surprise, tergiverse avant d'assurer qu'il pourrait en trouver. Difficilement mais il se débrouillera. Tout le monde attendait cette commande qui va permettre de faire un bond en avant et de préparer la phase finale du piège. Pour Loth, c'est une aubaine inespérée de découvrir enfin le secret de Gutenberg. Les divers restaurants végétariens où il déjeune sont le seul point commun notable dans son agenda journalier. Penny et son équipe sont allés vérifier la présence de sous-sols dans chacun d'entre eux, sans succès. En fait, ils ont vérifié dans chaque bâtiment où s'est une fois rendu l'agent espérant y trouver des traces même infimes d'une activité suspecte, en vain. En désespoir de cause, Jerry vient à voter la solution du kidnapping. Extrême s'il en est mais à l'heure actuelle, ils ne sont que trois avec Leeroy et Ackbar à connaitre sa véritable identité, aussi le Moine refuse-t-il toute précarisation de sa position, cette action pouvant entrainer des soupçons à son égard.

- Bon sang mais ! Quand on a dit réflexion autour d'un déjeuner, je pensais pas à un festin de roi ! s'exclame le Contre-amiral devant la table garnie de victuailles semblant plus succulentes les unes que les autres.  
- Nous sommes à la veille d'une opération importante alors, j'ai tenu à marquer ça. En fait, c'est une habitude pour moi, dès que je m'apprête à faire quelque chose de crucial, je fais un festin avant.
- C'est quoi comme tradition ?
- C'est plus de la superstition. J'ai été aspirant Moine Servite et dans cet ordre, nous mendions voyez-vous. Une telle profusion de nourriture est le plus grand des péchés dans cette doctrine et pourtant, c'est conseillé avant d'entreprendre une action d'envergure. On appelle ça le Grand Don. Une sorte de sacrifice.
- La plupart des religions font le carême en guise de sacrifice et vous vous empiffrez ? Le monde est vaste, héhé !
- Ils mendient toute l'année, donc c'est tout le temps le ramadan. Allez asseyez-vous, je vous prie. Je n'ai aucune idée de vos habitudes alimentaires donc c'est buffet à volonté. Pardonnez la question, Contre-amiral mais j'ai lu que les hommes-poissons n'étaient pas végétariens à l'instar des sirènes. Est-ce vrai ?
- Habituellement oui. Mais moi je le suis. Donc, je vais me diriger vers le buffet végétarien ! Miam, des compositions diverses de thali ! Reich !
- J'ai pris un peu de tout. Le thali est un repas que j'apprécie beaucoup mais aujourd'hui, je me sens d'humeur carnassière. Ne vous en déplaise. Je vais prendre du gigot et des tripes accompagnés de tubercules. Et vous, Leeroy ?
- Du cochon de lait avec des champignons sautés à l'ail.
- Ce sera un thali awadhi pour moi ! Oh, vous êtes végétariens aussi, Guten' ?
- Oui. Je vais prendre ce thali bengali qui m'a l'air bien succulent.
- C'est bardé de crustacés !
- Moitié végétarien on va dire. Allons nous empiffrer de ce menu si gracieusement offert !
- Moitié végétarien ? pense Loth, piqué par la curiosité. C'est... c'est du pescétarisme !
- A la notre et que devant nous, le crime trépasse ! toaste l'inspecteur.

Le reste du déjeuner se déroule dans la bonne humeur, comme quoi, les animosités sont vite oubliées autour de la bonne chère. Les anecdotes vont et viennent, les expériences se partagent, les mets sont engloutis et le vin coule. Pendant un long moment de bonheur, ce sont juste des hommes prenant l'un des meilleurs repas de leur vie. Puis l'appel du travail reprend le dessus quand les serveuses débarrassent pour apporter les desserts. Cent millions, calcule Gutenberg, ça fait un demi-rouleau de papier Hybride, cinquante kilos de masse. Pour lui, il faut continuer à bluffer, il pourra leur en fournir jusqu'à cinq kilos d'Hybride mais le reste devra être du papier normal, en espérant que les Fistons ne vérifient pas jusqu'au bout, le plan étant de les piéger tout simplement. Tout le monde agrée et le repas se termine dans la bonne cohésion. Rendez est pris pour le lendemain au soir.
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- Péscé quoi ?!  
- Le pescétarisme ou encore le pesco-végétarisme est une variante du végétarisme qui consiste à se priver de consommer de la viande. Par contre la consommation de poissons, de crustacés ou encore de mollusque aquatique est autorisée.  
- Ça ressemble à de la triche.  
- C'est la pièce qu'il nous manquait je pense.  
- En quoi ? Qu'est-ce que ça change qu'il mange du poisson ou pas ?  
- Je n'en sais rien mais mon flair de limier me dit que c'est la piste à suivre. Demain, arpente tous les restaus végétariens qu'il fréquente et demande un plat de poissons voir.  
- Comment de faux billets on est passé à régime alimentaire ?  
- Si je savais... Je vais me coucher.

[...]
 
Il était convenu que la transaction se déroule au crépuscule, près de la jetée S3, une zone dévastée par l'explosion d'un navire cargo quelques mois plus tôt. Aujourd'hui, l'endroit est un nid de rebuts en tout genre. Dès la veille, des marines se sont mêlés aux clochards et aux bandits du coin pour préparer le terrain. Le plan était simple, leur tomber dessus avec le plus grand nombre de telle manière que toute réaction violente soit instantanément annihilée. Tout était fin prêt mais sous les coups de neuf-heures, la panique vient à cancériser à vitesse grand V le camp des justiciers. La raison à un appel de la négociatrice qui avance radicalement l'heure de l'échange. « Baie des marchands, quai 8, nef avec figure de proue une madone, dans trente minutes ou on se dit adieu. » a-t-elle lancé avant de raccrocher. En soit ce n'est pas étonnant, se dit Loth, c'est une tactique courante dans le milieu pour prendre toute préparation au dépourvu. Mais Dena' a fait de son mieux pour rassurer son intermédiaire sur la sureté de la transaction, tellement qu'il était prévu qu'Armando Alejandro, le boss des Fistons Boys y participe. Aussi, le moine n'avait pas un instant présumé de ce cafouillage.

- La Baie des marchands ! Les enfoirés ! rugit Ackbar.
- Je suppose qu'elle est remplie de marchands ?
- Quatre-vingt pour cent des importations de la ville transitent par cette baie, précise Leeroy.
- C'est une tactique lâche et abjecte pour inclure des innocents dans l'équation et engendrer des dommages collatéraux.
- Qu'est-ce qu'on fait monsieur ? Plus de dix mille personnes y pullulent constamment. C'est le plus gros marché d'East Blue en fait. Si on veut les appréhender, ça va finir mal.
- Ça sera le cas. Mais pour eux. Ils ont oublié deux choses : c'est une baie et nous, on est spécialisé dans l'art de piéger du forban. Mobilisez l'escouade Flipper. Je commande l'assaut.

Quand le Contre-amiral débarque, tous savent que ça risque de déménager, alors tout le monde veut participer à la mission pour voir cette force de la nature au travail. Mais seuls quelques élus entrainés auront cette chance, due à l'approche tactique adoptée par l'homme-poisson. A l'heure H, le Marine apparait dans la foule tumultueuse de la Baie. Loth ne souvient pas avoir jamais vu autant d'humains rassemblés en un seul endroit. C'est de l'épaule contre épaule, on se fraye un passage à la force de ses muscles au risque de se faire entrainer par le mouvement de marée de la foule. Il comprend mieux les appréhensions de l'amiral, cet endroit un cauchemar stratégique, il suffirait d'une pétarade pour déclencher une bousculade monstre et déplorer des centaines de victimes. Mais l'atmosphère est tellement saturée de divers boucans, des criées des vendeurs de poissons aux hennissements des géants King Bulls que le moine vient à douter que quelque chose puisse ébranler cette cacophonie. Le Marine aidé d'un compère pour porter la marchandise de cinquante kilos emballée dans un carton arrive au quai 8 où une nef de grande taille est ancrée. Belle bête, joli bateau, se dit le Moine depuis son poste d'observation surélevé dans le phare de la baie. Ils se font passer pour des marchands d'épices à en juger par les sacs de produits poudreux multicolores exposés sur le pont.

Dans ses jumelles, Loth reconnait Alejandro à son mono-sourcil et à ses favoris qui poussent drue sur ses joues. Le papier est monté sur le pont puis la négociatrice et un autre s'empressent de le vérifier sans cure de l'environnement que veillent d'autres chiens de gardes. De toute façon, tout le monde est tellement occupé avec ses propres opérations que la situation de son voisin ne l'intéresse guère. La tension ne se lit pas sur le visage du marine, il est rompu aux infiltrations et aux bluffs. Les faussaires ne vérifient pas chaque page et ne vont pas au-delà des cinq premiers kilos de papier autrement ils auraient trouvé du papier couché tout à fait ordinaire. Aucune main n'est serrée, on leur remet juste des sacs semblant contenir de l'épice puis les hommes s'en vont sans se retourner. Tous les observateurs soufflent, ce qui aurait pu mal se passer est derrière. Maintenant, il suffit de laisser faire Ackbar. Un quart d'heure après la nef à la madone a levé l'ancre et se fraye un chemin dans l'embouteillage de la baie vers la sortie. Deux immenses statues de part et d'autre de l’anse en matérialisent l'entrée. Et le décompte débute.

Un.

Deux.

Trois !

Juste au moment la figure de proue atteint la ligne invisible signalant l'orée de la baie, une immense grille métallisée émerge de la mer, éperonne et détruit la madone avant de continuer son ascension. Poussé par le vent, la nef s'écrase contre cette barrière qui emprisonne toute la baie. De chaque côté, des bateaux et sûrement, l’incompréhension. Nul autre n'a subi de dommage et pour cause, l'aiguilleur marin qui officie au phare a régulé l'entrée dans la baie de telle sorte à laisser le passage libre à la nef. Peu importe qu'ils aient changé de plan à l'improviste, tant qu'ils ont continué à jouer à Logue, sur un terrain qu'ils ne maitrisent pas, réduite était leur chance de contrôler le scénario. Dans la même seconde, Ackbar fuse tel un geyser et atterrit avec fracas sur le plancher du navire qui explose à l'impact.

De la mer jaillissent également les cinquante Marines de l'escouade Flipper, du nom de cette division de la Sous-Marine où a été créée l'Air-Heure, une plante permettant de dilater ses poumons et donc d'emmagasiner assez d'air pour passer une heure sous l'eau. Les apparitions quasi fantomatiques de ses humains émergeant de l'eau sans combinaison aucune, juste équipé de ventouse pour l'escalade déstabilisent pendant quelques secondes les Fiston Boys. Puis le réflexe reprend le dessus, les armes sortent, les fusils se braquent mais ils sont déjà faits. Tels des oiseaux en cage. D'un simple revers de paume, le Contre-amiral balaie nettoie le pont d'une technique du Karaté Aquatique. Armando Alejandro voltige et s'écrase avec un écœurant bruit de cassure sur la barrière qui les piège. Vous voici arrivés au crépuscule de votre vie, Fistons Boys, médite le Moine Hérétique.

[...]

- Donc ils sont cuits ?  
- Comme un œuf dans le désert d'Alabasta.  
- Ils me feraient presque de la peine. Mais c'était la mort qui les attendaient s'ils continuaient à fabriquer sur notre territoire alors, comparativement, la prison est meilleure.  
- Sinon, tu as mangé végétarien ce midi ?  
- Ouaip, et j'ai trouvé notre point commun. Aucun de cinq restaus ne propose des fruits de mer ! Ils sont tous cent pour cent végétariens.  
- Ah bon ?  
- Maaaais ! Il y a Krabbos, ce restaurant à l'angle de la dixième rue et Erikson qui est spécialisé dans les plateaux de fruits de mer. J'ai été, ils font un homard exquis ! Ils ont une relation exclusive avec nos cinq restaus où mange Gutenberg et leur livrent des fruits de mer. Donc étant dans un restau végétarien, si tu choisis un menu de poisson par exemple pour accompagner ton plat, ça se commande depuis Krabbos, ça se livre dans les cuisines et est directement ajouté au plat. Si bien que de l'extérieur, tu penses que ça a été préparé là.  
- Un genre de sous-traitance quoi.
- Avec notre comptable, on a fouiné un peu à la chambre de commerce de la ville et apparemment, ces restaurants sont la propriété de sociétés qui n'ont pas leur siège sur l'ile. Il pense que ce sont des sociétés écrans, trop bien agencées, qu'on peut pas remonter aux propriétaires. Ça appartient à une entreprise, qui appartient à une entreprise, ainsi de suite.  
- Il y a une holding de façade au sommet, quoi. Ma main à couper qu'elles appartiennent toute au Cipher Pol 2.  
- Je pense aussi. Si Gutenberg veut ajouter du poisson à son menu, il aurait pu aller à Krabbos lui-même mais il évite l'endroit et préfère se faire indirectement servir dans les restaurants. En fait, c'est tout un réseau mis en place pour couvrir l'imprimerie. Ça m'étonnerait pas que quelque uns des serveurs des restaus végétariens soient du Shield et lui filent des rapports en douce avec le menu.  
- Du coup, l’imprimerie doit se situer sous Krabbos ?  
- Je pense bien. J'ai vu deux gros générateurs dehors. Officiellement, ça doit être pour alimenter leurs congélateurs et fours. Mais je pense qu'ils envoient du jus au sous-sol pour faire tourner les planches à billets.  
- Très bien, c'est parfait. Nous nous approchons de notre but. Mais avant, il faut partir. Enfin moi je pars. Laissons le vent souffler entre les événements. Rendez-vous dans une semaine.  

L'opération est dévoilée à la presse et le caporal Dean Vardy blanchi. Il reçoit deux médailles en récompense de son abnégation et de son sens du devoir. Loth s'en rit intérieurement si bien qu'il a envie de leur offrir du thé et de leur raconter une belle histoire. Celle d'un marine corrompu jouant la comédie à leur nez et barbe. L'appui de Loth Reich à l'opération a été mentionné puis après une petite séance photo avec Ackbar, Leeroy et Vardy, il quitte Logue Town. Vardy sera payé par Jerry. Quant à lui, sa rémunération dépendra du succès de l'opération à venir. En attendant, il rejoint Koneashima où se trouve le QG de la Branche faux-monnayage, pour préparer le casse de l'année.

[...]

Demeurée à Logue, Penny et son équipe se démènent pendant une semaine et se relayent pour surveiller Krabbos à trois cent soixante degré, sous toutes les coutures. L'objectif premier est d'abord de repérer l'entrée de l'imprimerie. Et pour se faire, ils procèdent à un simple pointage du personnel du restaurant. Tous les employés sont photographiés depuis l'immeuble d'en face et répertoriés. Malgré les rotations, ils comptent un manager, dix serveurs à temps plein, cinq cuisiniers, quatre marmitons, deux femmes de ménage et un vigile. Vingt-trois personnes pour un établissement moyen au final. C'est encore plus suspect quand ils font des rondes d'observation à l'intérieur en allant commander un repas. Seuls trois des serveurs sont réellement actifs et visibles, une femme de ménage sur deux. Quant aux autres, le fait que leurs fonctions les prédestinent à être au "back office" ne fait que conforter Penny dans sa trouvaille. Ils sont au bon endroit, il y a du personnel superflu.

Pour définitivement le confirmer, ils doivent résoudre la question de l'approvisionnement et du convoyage. Si le papier Hybride est fabriqué dans les locaux même de l'imprimerie comme le soupçonne Loth alors, ils doivent forcément recevoir des matières premières. Et dans la même veine, les millions imprimés doivent bien être évacués. Leur troisième jour de planque répond à leur question. Krabbos reçoit des provisions étiquetées fruits de mers, surgelés, coquillages voire même sauce... emballés dans de gros cartons. C'est ça le point d'entrée pour leurs intrants. Quant à la monnaie fiduciaire, ils passent deux jours de plus sans savoir de quelle manière elle est exfiltrée jusqu'à ce qu'ils assistent à une scène anodine entre le vigile et un clochard qui vient farfouiller dans la benne à ordure du Krabbos. La réaction un tantinet violente du gardien qui éjecte quasiment le démuni sur la rue lui promettant de lui faire des misères s'il revenait fouiner leur met la puce à l'oreille. Ils remarquent alors qu'il chasse aussi les chiens et les chats de gouttière qui s'approchent des ordures. Chaque matin, une équipe d'éboueurs en charrette tractée par des chevaux vient ramasser les gros sacs noirs contenant les détritus...

- J'adore ces gens du Shield, ils ont une classe folle !  
 
La dernière étape avant la finalisation du plan reste l'identification des présumés employés de l'imprimerie, surtout les gens qui n'apparaissent pas habituellement au Front office du Krabbos. L'équipe se disperse à la fermeture du restaurant pour les prendre en filature et rassembler le maximum d'information sur eux si bien qu'à la fin de la semaine, ils sont tous identifiés et fichés. La minutie et le professionnalisme différencient les organisations criminelles à la pointe comme la Triade des parvenus comme les Fistons Boys. Au final, vient à ironiser Loth de retour -déguisé- à Logue Town, le seul point qui les différencient du Cipher Pol ou du Shield, c'est la barrière de la loi. Cette imprimerie est si bien dissimulée qu'elle aurait pu être criminelle. Cette fois-ci, Jerry lui-même participe à l'opération. Le fait que les imprimeurs ne travaillent pas de nuit leur facilitera grandement la tâche. Le casse de l'année peut commencer.

- Bon, faut qu'on soit tous en place à minuit pile. On a trois cibles principales. Moi je commande l'équipe A et on va se faire l'agent du Cipher Pol Gutenberg. Il change tout le temps de domicile, mais ce soir, il dort à l’hôtel Bornsmouth. C'est lui qu'a commandité le meurtre de Ned, on va le venger !
- Je dirigerai l'équipe B. Notre cible, l'imprimerie.  
- A moi, l'équipe C. On vise Allen Crow, cuisinier en chef du Krabbos. En fait, on l'a identifié comme un papetier professionnel et un chimiste hautement diplômé de l'Académie de Bliss. On doit le capturer super vivant, sans aucune blessure. Il doit nous livrer le secret de l'Hybride ? Capish ?!  
- Allez, bonne chance ! Go go go !
  • https://www.onepiece-requiem.net/t12978-fiche-technique-de-loth
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10961-loth-reich-le-marchand-heretique

- Talpidae !  

Les bras du Moine Hérétique tournent, de plus en plus vite au point qu'un tourbillon tranchant se forme autour de ses membres. Maintenu, le mouvement rotatif perpétue le tourbillon qui peut s'en aller en grandissant si la rotation prend de l'ampleur. Il s'accroupit et touche le sol de ses mains tourbillonnantes. Les lames d'air déchiquètent aisément le pavé et s'y enfoncent comme une lame chauffée dans du beurre. C'est le Style martial de la Taupe relevant du Karaté Aérien à haut niveau. Ironique qu'un truc qualifié d'"aérien" permette de se déplacer sous terre à l'instar d'un fouisseur. Les mains en foreuses, Loth creuse un long trou vertical juste en face de la porte du Krabbos. La nuit est noire, la rue déserte. Il se jette dans la fosse assez grade pour l'accueillir puis réitère la technique, à l'horizontal cette fois-ci, perpendiculairement au premier trou. Il avance à tâtons, à plat ventre, s'arrêtant de temps à autre pour déblayer les gravats. Dix minutes plus tard, la galerie débouche dans les cuisines du restaurant. L'approche fut à l'aveuglette malgré la distance estimée avec précision par les reconnaissances de Penny.

Ils émergent de l'orifice, cagoulés et enveloppés dans leurs combinaisons noires qui ne laisse pas voir un centimètre de peau identifiable. Après une brève recherche, il découvre l'entrée de l'imprimerie dissimulée derrière un four qu'ils décalent pour emprunter les escaliers, muni de leurs bâtons fluorescents. Aucune torche électrique, aucun flash dial ne figure dans le manuel d'opération de la Triade, trop repérable de loin. L'escalier en colimaçon débouche sur une porte rouge cuivrée dotée d'un système d'ouverture à code relié à une alarme. Encore une fois, Loth s'improvise taupe et permet à son équipe de six hommes de passer sous la porte. « Ouais, on est vach'ment là où faut être ! » marmonne un des hommes à la vue de la machinerie qui les accueille. Presses, sécheurs thermique, graveur mécanique à cylindre hélio, table de dessins, concepteurs matricielles, il y a de tout. Des bijoux à la pointe de la dernière technologie papetière en d'imprimerie, tout cela, sans aucun dégagement de fumée ou de produits toxiques.

S'arrachant à la contemplation de la chaine de production, il cherche et trouve l’entrepôt où sont stockés les précieux papiers dont ils ont tant besoin. Ils se procurent également de l'encre avant de tout évacuer par la porte dont le système d'alarme a été facilement court-circuité une fois à l'intérieur. Hisser plus de trois cent kilos par un escalier tortueux aurait pu être une entreprise compliquée s'il n'y avait pas dans l'équipe deux colosses d'hommes-poissons requin marteau, tout en puissance de muscles. En sortant, ils placent des charges explosives un peu partout avant de hisser la bannière aux Quatre Bambous sur l'immeuble d'en face. Ils sauront qui est venu les visiter. Vingt minutes plus tard, ils sont à bord de leur caravelle en haute mer. Les différentes missions sont des succès. Outre le papier rapporté, le papetier Allen Crow est solidement attaché et bâillonné au bastingage. Gutenberg n'a pas eu droit au même traitement de faveur, sévèrement passé à tabac, il est froidement exécuté par Jerry Hargeaves qui a décoré sa chambre d'hôtel avec les armoiries de la Triade et une photo de Ned. En bouquet final, les explosifs sont déclenchés. Un "bang" précède une grosse boule de feu qui s'élève soudain dans le ciel de Logue Town. Tous recevront le message.  

[...]

- Bon, c'était sympa mais d'autres impératifs m'appellent.  
- J'ai réglé Déna. Mais Vardy, t'es sûr qu'il va tenir sa langue ?
- Non.  
- Alors on va s'en occuper.
- Le nettoyer, plutôt. Qu'il démissionne et entreprenne un long voyage. Que sa disparition ne soulève aucune question.  
- Je saurais le persuader d'écrire sa lettre de démission.  
- Tiens ta mallette. Tu as bien mérité ta part. Grâce à toi, j'ai le papetier et les papiers. Si North Blue ne marche pas, tu sais où revenir.
- Si tu ne te fais pas plomber avant.  
- Tu sais ce que disais le Gila.
- Mourir de balles est plus gratifiant que mourir de vieillesse.
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