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Une mission simple pour une personne simple

Me voici au CP4. Curieux hein ? Surtout pour une personne comme moi. Qui aurait cru qu'un ancien mafieux puisse un jour intégrer un des organes du Gouvernement Mondial ? Comme quoi, cette gigantesque machine a des failles... ou alors sait ce qu'il faut sacrifier pour défendre ses intérêts.
Au fond, ils auraient pu m'arrêter tout de suite. Je ne pouvais pas mentir à mes tests et ils savent ce que j'ai été., qu'est-ce que j'ai fait, ce que j'ai engendré. Même moi je ne pensais pas être accepté. Mais fuir la misère, c'était plus qu'important pour moi. C'était vital. Je déteste au plus haut point la pauvreté, la saleté et ce genre de choses dont seuls les pauvres et les ratés ont accès. Mais moi, je vaux bien plus que cela. J'en suis convaincu. En commençant les tests, je rêvais de luxe, de richesse, de gloire et de pouvoir.

Mes rêves de grandeur et de faste furent bien vite stoppés. Va falloir commencer en bas de l'échelle. Je m'en étais douté, mais je m'étais presque convaincu que ça ne se passerait pas comme ça. Peut-être qu'ils me trouveront différent ? Peut-être que j'aurai une qualité que les autres n'auront pas ? Voilà ce à quoi je pensais. Mais j'étais aveugle.

Quand on commence tout en bas de l'échelle, on est traité comme de la merde. Agent en formation, c'est l'équivalent du stagiaire, lui-même équivalent à la merde. Pas top niveau gloire. Il faut que je monte en grade.

Pendant mes tests, j'avais écouté. Mais pas tout, ça c'est pour ceux qui veulent faire du zèle. Moi, je n'en ai nullement besoin. J'ai été accepté de justesse, sans les compliments, tout ça tout ça. Mais au moins j'ai été accepté, comme les fayots. Une fois ces examens de pacotille passés, je pouvais passer aux choses sérieuses. Enfin dans une moindre mesure bien sûr.

J'avais reçu une table, une chaise, de quoi noter. Voilà les biens que l'on m'a accordés lorsque je me suis installé dans les bureaux du CP4. Le strict minimum. Aussi, j'espère ne pas faire de vieux os dans ce bâtiment qui ne m'inspirait guère. C'est aux bureaucrates et autres coordinateurs de faire la paperasse, ça je l'avais retenu. Pas aux agents, aussi bas gradés soient-ils. Mais bon, il faut un minimum.

"- Le nouveau, on t'a trouvé une mission. Va dans le bureau de ton référent." dit un homme bien habillé en passant devant ce qui me sert de bureau.

C'était un bureaucrate, pour sûr. Il n'a pas la carrure d'un homme de terrain. Ses mains n'étaient presque pas usées, preuve qu'il ne s'est peu battu dans sa vie. Voire jamais. Il porte un costard, rien de plus classique pour un lèche-bottes qui souhaite gravir les échelons.

Par référent, il entendait « le coordinateur qui est chargé de te donner des missions merdiques, des missions dont les agents expérimentés ne veulent pas et dont ils n'en ont rien à foutre ». Comme je l'ai dit, on traite les bleus comme de la merde, en tout cas au CP4. Faut dire aussi que travailler avec des hauts gradés ça leur a peut-être donné la grosse tête. C'est potentiellement différent dans d'autres Cipher Pol. Mais ça, j'en ai aucune foutue idée et ni l'envie de savoir.
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J'entre dans le bureau du coordinateur chargé de me baby-sitter. Il s'appelle Roger, la cinquantaine, surnommé le poids-lourd, car apparemment il est lourd. Très lourd à ce qu'on dit. Je ne le connais que peu pour juger. Mais par expérience personnelle, les réputations sont souvent proches de la réalité. Il ne lève pas la tête, plongé dans une tonne de papiers administratifs, choses que je déteste au plus haut point. J'ai l'impression que les procédures administratives ne font que ralentir ce qui doit être fait. Tu veux acheter une maison, t'a les moyens, le propriétaire a donné son consentement et paf, procédures administratives. Elles vont durer et durer... et en plus, elles sont relativement chiantes à faire. Bref, tout ça pour dire que je déteste ce qu'il fait. Mais je reste content qu'il soit là, car qui le ferait sinon ?

- Bonjour agent Wallman... Vous avez une vérification à la garnison de Kage Berg, m'voyez. Vous devrez regarder si le lieutenant-colonel Horse ne fait pas d'entorse au règlement dans la gestion de ses hommes, de sa garnison, de son matériel, m'voyez. Ça vous entraînera à connaître une garnison de la Marine...

- Quelle est ma couverture ?

- Celle-ci. "

Il se leva de sa chaise sur laquelle il doit être assis depuis plusieurs bonnes heures et pris un drap. Une couverture. La blague était visible de très loin.

- C'est ça votre couverture. Ahin. Ahin. Ahin. "

Son rire était bizarre, si bizarre qu'il en devient déstabilisant. Mais sur qui je suis tombé... Il y en a plein, des coordinateurs. Pleins. Et de tous, fallait que ça soit lui mon supérieur. Un vrai plaisir. Comme quoi, ce qui se disait à la machine à café était vrai. Un poids-lourd ce type. Il s'essuya une larme de rire et reprit ses esprits après un rire frénétique.

" - Trêve de plaisanteries. Vous serez un marin... qui s'appelle Alain Posteur, m'voyez. "

C'est limite si je n'avais pas envie de me faire un gros facepalm. Alain Posteur. Un nom pour une couverture. Grosse blague.

" - Ça vous plaît ? Trouvaille personnelle, m'voyez.

- J'aurai été étonné d'apprendre que vous vous soyez fait aider pour ça..." répondis-je, en marmonnant.

L'homme, qui est un peu sourd sur les bords - la cinquantaine doit être la responsable, tiens -, n'entendais pas. Son air se transforma au bout d'une éternité, passant d'un air fier, à un air suspicieux.

- Qu'est-ce que vous avez dit ?

- Non rien.

- D'accord.

- Mais du coup, plus sérieusement. Quelle est ma vraie couverture ?

- Je vous l'ai dit... écoutez un peu enfin, m'voyez.

- Donc c'est Alain Posteur... Grade ?

- Matelot de deuxième classe... plus c'est petit, mieux ça passe, m'voyez.

- Et pourquoi je suis envoyé là-bas ?

- Recrutement.

- D'accord, merci. Bonne journée. "

Je tourne les talons et sors de cette foutue pièce. Ce n'est pas comme si je devais lui sortir les vers du nez pour avoir de vraies réponses. À l'avenir, je devrai faire attention à ce qu'il me donne de vraies couvertures.
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Me voici. Alain Posteur, soldat de deuxième classe, fraîchement recruté. Après me faire voir obtenir une mission dont personne ne veut, j'ai dû affronter une traversée de quelques jours, pour rallier la garnison de Kage Berg, dans un bateau de transport basique, sans envergure. Comme toujours, mes rêves de luxe sont brisés. Quelle poisse.

J'arrive enfin au port, où je suis accueilli par quelques civils et un sergent qui doit s'occuper des nouvelles recrues. Une fois mes affaires ramassées et le ponton traversé, je me présente d'emblée au sergent, qui n'a pas l'air très méchant. Sûrement un bon gaillard, la bonne poire qui doit se dévouer pour gérer les nouveaux arrivants dans la base. Son grade est fièrement représenté sur son uniforme. Il doit être fier de servir la Justice. Mais bon... Si j'étais sergent, je ne serai pas fier de moi personnellement... Enfin chacun ses buts et puis de toute façon, il faut bien des sous-fifres.

"  - Bonjour !

- Bonjour à toi et bienvenue sur la magnifique île qu'est Kage Berg ! Tu dois être Alain Posteur !

- C'est ça.

- Enchanté ! Sergent René pour te servir ! Je suis chargé de te montrer ton nouvel endroit d'affectation et de t'aider à t'intégrer dans la quatrième division !

- J'en suis ravi. " dis-je, avec un brin d'ironie.

" - Bien ! L'enthousiasme est nécessaire pour se plaire dans un nouvel endroit ! Aller, suis-moi, on y va. "

Le trajet est heureusement court. Il faut dire que René est collant... très collant. Moi, je préfère prendre mes distances et ce, avec n'importe qui. Je suis un solitaire, je l'ai toujours été et ne cesserai jamais de l'être, car l'être offre pleins d'avantages. Après, je sais me faire des amis aussi ; seulement, je ne leur raconterai jamais des secrets qui pourraient être gênants pour ma personne.


Une fois arrivé, il me demande directement de le suivre pour me faire une petite visite guidée. J'aurai bien accepté si j'étais une vraie recrue, toutefois je ne suis pas là pour le plaisir de flâner. Je refuse son offre en essayant de ne pas le froisser. Chose perdue, car le type est, en plus d'être un pot-de-colle de première, un susceptible notoire.

- Non mais c'est gentil ton offre, hein. C'est juste que je préfère découvrir la base seul.

- Tu ne veux pas de moi... T'es méchant !

- Tout de suite les compli... euh, les grands mots ! "

Car oui, j'aime être traité de méchant. Pourquoi vous allez me dire ? Je suis censé défendre le Gouvernement Mondial, faire respecter la Justice absolue dans le monde, aider la veuve et l'orphelin... Ouais, mais non. Si je fais ce travail, c'est pour les honneurs qui viennent avec et non pas pour la beauté du geste. En fait, si j'aime tant me faire traiter de la sorte, c'est parce que je trouve qu'être méchant offre certains avantages. Je recherche toujours les avantages, même là où il n'y en a pas en apparence. Ici, c'est le fait de s'en foutre de ce que pensent réellement les autres. Par autres, j'entends les subordonnés et autres personnes non-importantes, ce type de gens inutiles là. Pour ce qui est des hauts-placés, des puissants, des riches... C'est une autre histoire. Je me préoccupe au plus haut point de leurs avis sur moi. Mais bon... ce n'est pas maintenant qu'il faut penser à ça.

" - Mais c'est vrai... je me propose, gentillement, comme ça... ET TOI, TU ME REMBALLES ? "  dit-il, en pleurnichant.

- C'est que je n'ai pas le temps ! " dis-je, sous l'énervement et l'agacement.

- Hein ? Qu'est-ce que tu veux faire ?

- Me... me reposer voyons.

- C'est vrai qu'un voyage aussi long, ça peut être fatiguant ! Je compatis. Alors, va, cours, cherche, découvre et repose toi en paix.

- D'ac... d'accord.


Un personnage... bizarre. Bizarre, mais attachant aussi. Il est si gentil... et naïf. Sa naïveté pourrait , d'ailleurs, bien le perdre. Il s'en va, sûrement en présumant avoir sélectionné la bonne solution.

Bon, passons à ce que je dois vraiment faire. Observer, chercher, conclure, voilà ce qui allait m'attendre ces prochaines heures. Oui, je m'exprime en heure, car je pense qu'une petite inspection ne doit prendre que cette durée, en tant cas si elle ne révèle rien de louche, auquel cas je devrais poursuivre mes investigations, encore et encore, jusqu'à trouver une faille et l'envoyer en taule.
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Le soleil brille haut dans le ciel, l'air est chaud et le vent calme. La journée idéale pour se balader dans une base. C'est sûr qu'avec une tempête, mon affaire aurait été un peu compliquée. La base est classique, construite selon le plan réglementaire des garnisons de la Marine des Blues, sans signe véritablement distinctif autre que le linge des soldats qui pend à certaines fenêtres des baraquements.

Le lieutenant est, peut-être, un peu laxiste sur ça, mais bon, rien de probant. Je continue ma tournée d'inspection en zieutant les moindres recoins de la base, parfois sous les yeux intrigués de marins qui voient un type rester de longues secondes sur un même détail et ce à plusieurs reprises. Pourtant, je m'en fiche royalement. J'ai une mission à remplir , que j'aimerai remplir le plus vite possible d'ailleurs pour avoir des missions plus intéressantes et juteuses.

Bon, la cour est nickel. Après... en y songeant... l'entretien de la cour n'est pas soumis à une réglementation. Elle doit être propre. Elle l'est, point. Je passe donc aux bâtiments logeant les soldats. Alors bien sûr, je ne ferai pas tous les dortoirs, car pour loger quatre mille soldats, doit y en avoir des chambrées.

Premier dortoir. J'entre, il y a quelques marins en train de dormir, d'autres en train de parler ou de jouer aux cartes. Sachant que je ne suis pas, a priori, attribué à cette chambre, cela paraît un peu ambigu. Je commence à passer au crible chaque lit, tente de trouver un quelconque relâchement. Mais non, tous les lits sont faits au carré. Je me retourne et me dirige vers la sortie, quand soudain un marin me bloque la route.


- Hep.

- Bonjour...

- T'es qui toi ?

- Matelot de deuxième classe Al... Posteur. "

Je me suis retenu de dire mon vrai faux nom de peur qu'ils se moquent de moi. Se faire moquer, ce n'est pas cool. Par contre, moquer, ça c'est une activité hilarante.

- Al Posteur donc. On t'a jamais vu ici et tu viens dans nos dortoirs zieuter ce qu'il y a dedans. Des explications ? "

Je remarque alors que tous les soldats présents dans la pièce -sauf ceux qui dorment bien sûr - se massent autour de moi.

- Je... Je cherchai un ami.

- Qui ?

Aller Gatz... Cherche un nom crédible ! Pas comme ceux de Roger par exemple.

- Euh... Will. Will Law.

- Oui l'eau ?

- Non. Will, plus loin, Law. "

Bordel, si on m'avait dit un jour que trouver un nom bidon c'était aussi difficile... Je rajoute dans ma tête " Créations de faux-noms " dans ma liste de défauts à améliorer.

- Ok. Il est pas là, alors tu sors.

- Calmez vous les mecs... J'y vais... Calme... "

Je sors, sentant les regards pesants des marins sur moi. Bon, je ne vais pas réitéré l'expérience. Bon après, je les comprends. Un inconnu rentre dans ta chambre, l'inspecte sans un mot, puis repart comme si de rien n'était. À mon avis, je l'aurai mal pris.
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La cour, c'est fait. Les dortoirs... c'est... disons fait. Il me reste donc plus qu'à voir toute la partie qui sert à défendre la base et la manière dont Horse se comporte vis-à-vis de ses hommes et comment s'organise-t-il.

À vrai dire, j'étais un peu lassé de faire cela. Cette garnison respirait la bonne garnison. Comment je le sais ? Mon instinct. Faut dire qu'il y a peu de chances qu'il fasse n'importe quoi. Du trafic ? Non, il ne peut pas. Y'a que des moutons ici, aucun commerçant, ou presque. De la maltraitance ? Tous les hommes que j'ai vu jusqu'ici m'ont l'air en parfait état au niveau mental. De l'abus de pouvoir ? Ça, on s'en fiche. Un peu de laxisme ? Peut-être, mais ça ne sert à rien de se tracasser pour ça.

Je devrais être en train d'enquêter sur un vice-amiral là, au lieu d'être à Kage Berg, dans le trou du cul du monde. Ça m'énerve tellement. Même si je veux bien faire mon boulot, on m'envoie là où il est inexistant. "La vie est une pute", c'est ma devise première. Je l'ai développée dès mon plus jeune âge, quand je jouais avec les os de mes camarades morts de faims.

Non là je déconne. Mais pas loin. Dans les quartiers pauvres de Manshon régnait la faim et la peur des Tempiesta. Alors forcément, les gamins, soit ils viraient chez les mafieux, soit ils ne viraient pas. Chez les Tempiesta, on avait de quoi nourrir nos familles et ceux qui n'y étaient pas... avaient peu de nourriture. De quoi survivre, mais du coup leurs revenus allaient seulement dans les denrées alimentaires. Alors forcément, de cette manière ces familles-là ne peuvent que rester pauvres.

Moi, j'ai été presque forcé à aller chez les Tempiesta pour nourrir ma famille. À vrai dire, les faits présentés de cette manière pourraient faire croire que c'était parce que j'étais gentil. Foutaise. Mes parents sacrifiaient leur nourriture pour moi. Comme quoi, j'ai l'impression que j'ai toujours été habitué à ce qu'on me serve. Et puis après ça, la famille Tempiesta a remplacé la mienne. Je passais de plus en plus de temps avec mes "collègues", au détriment du paternel et de ma madre.

Même qu'au bout d'un moment, je ne pris plus de nouvelles d'eux. J'étais à pleins temps chez eux,et chaque jour leur force d'attraction m'attirait de plus en plus. J'étais pris au piège. Dans un cycle infernal. Et puis je n'ai rien vu venir étant donné que j'étais comblé. Comblé avec toutes les richesses auxquelles j'avais accès, ainsi qu'au luxe que je côtoyais chaque jour. Faut dire que je suis accro à tout ce qui touche au faste, à l'argent visible et au superficiel. J'y peux rien, je suis comme ça. Cupide? Avare? Selon moi, pas vraiment. Aller à une grande réception organisée dans un beau château, c'est le pied pour moi, que ce château soit à moi, ou non.

Perdu dans mes pensées, j'en oubliais presque ma mission première. Je me précipite pour aller voir les quelques installations de défense mises en place. Rien de grandiose, le strict nécessaire. Quelques canons, des postes de tirs, des murs. Tout à l'air en ordre, en parfait état, prêts à fonctionner. Il ne manque plus qu'à inspecter le lieutenant-colonel.

Et justement, le voici qui arrive au niveau des installations de défenses. Il ne tarde pas à venir à ma hauteur. Il se balade dans sa propre base, peut-être avec un but au bout, un but qui ne m'est pas connu. Ou peut-être erre-t-il sans but autre que profiter du temps clément d'aujourd'hui.
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- Hiiiiiii, bonjour soldat.

- Bonjour chef.

Je le salue sans vraiment le faire, car je m'appuie sur une rambarde en fer et contemple l'horizon. Les paysages de Kage Berg s'offrent à moi. Il faut beau, le temps est magnifique - chose que j'apprécie au plus haut point -, et être calme me plaît dans ces moments-là.

Seulement, si je suis venu ici, ce n'est pas pour me la couler douce. Le lieutenant-colonel m'a parlé, mais je lui ai répondu avec une réponse normale, basique, sans possibilité qu'il me réponde. Une réponse simple, alors que j'aurai pu enchaîner avec une question.

Il s'éloigne, son masque de cheval toujours sur la tête. J'avoue que ce choix m'intrigue. Autant je porte un masque - bien que pour les missions sous couverture je l'enlève, laissant ma chevelure d'or caresser l'air s'engouffrant dans mon nez aquilin et dans ma grande bouche -, lui, il en porte un qui est... pour le moins anormal. Un masque de cheval, qui serait assez fou pour en porter ? Lui.eL pire c'est qu'il le fait sans gêne et devant ses hommes. Difficile de se faire respecter quand on passe pour un con, c'est mon avis. D'après ce que je viens de voir, j'en conclus donc que c'est soit un amoureux des chevaux... soit un fétichiste. À vérifier tout de même.

Je le rattrape en courant, mes pieds résonnants sur la surface dure du sol. Il m'entend et virevolte.

- Je peux t'aider, hiiiiiii ?

- Oui monsieur. Je suis nouveau dans la base et j'aimerai savoir comment ça s'organise, tout ça.

- Je ne peux que te rediriger vers le règlement intérieur de la base, hiiii.

- Où se trouve-t-il ?

- Il est placardé sur les murs normalement. Tu n'as qu'à galoper pour en trouver un, hiiii !

- Ça marche, merci.

Malgré son air de zoophile dérangé, il m'a l'air d'être un type sympa et un officier droit. Je vais donc lire son règlement intérieur et après ça, normalement j'aurai fait le tour. Faut dire que ce n'est qu'une petite vérification de rien du tout, pas de quoi en faire un plat.

Je reviens sur la cour pour longer les murs, en essayant d'être à l'ombre, le soleil m'ayant bien chauffé quelques minutes plus tôt. Alors... je scrute chaque mur et analyse leur surface apparente et ne tarde pas à trouver une petite fiche bien sympathique. Je me rapproche d'elle et commence à lire la multitude de règlements inscrits dessus.



Règlement intérieur

Adopté par le lieutenant-colonel Horse

1. En cas d'attaque

1.1 Se battre.
1.2 Défendre la base à tout prix.
1.3 S'encourager mutuellement à l'aide d'hennissements.

2. Entretien de la base

2.1 Quand on jete un papier, c'est dans la poubelle, pas dans la nature.
2.2 Ne pas marcher sur le gazon.
2.3 Ne pas laisser traîner ses affaires dans les lieux communs.

3. Relations

3.1 Respecter les autres.
3.2 Ne pas divulguer d'informations compromettantes sur la garnison aux civils.
3.3 Aimer les chevaux.

4. Effets personnels et présentations

4.1 Saluer son officier quand on le voit.
4.2 Avoir la tenue règlementaire (un masque de cheval est malgré tout accepté).



Et bah. Si la plupart des choses inscrites sur cette feuille de papier est commune à la majorité des bases de la Marine, le lieutenant-colonel a ajouté des trucs... qui lui correspondent plutôt bien. Je ris. Quel homme, quel fou. Il n'a peur de rien. M'enfin, rien d'irrégulier sur ce règlement.
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Rien. Rien d'irrégulier. Les règles sont scrupuleusement suivies par les soldats, la base est bien entretenue. Le lieutenant-colonel est normal avec ses hommes, sans esclavagisme ni surexploitation. Voilà les conclusions que je tire après avoir observé pendant de longues heures le lieutenant-colonel, la base, les habitants de cette dernière et le règlement.

Roger, j'espère que la prochaine fois tu me dégoteras une meilleure mission parce que là... C'est juste des formalités presque administratives. On aurait pu envoyer des moins gradés que... ah bah en fait... je suis tout en bas de l'échelle, c'est vrai. Mais ma monté en grade ne saurait tarder. Il me faut une mission où je puisse briller, une mission qui me plaise où je puisse exercer enfin mon métier de CP4. Je l'attends de pied ferme et je te le ferai savoir Roger.

En attendant une mission plus juteuse, il faut finir celle-ci. Maintenant que j'ai tout vérifié, je vais partir. Et je ne vais en aucun cas faire des adieux à René, ce pot-de-colle de première, le mec lourd qui s'accroche à toi telle une sangsue qui suce ton sang. Que d'heureuses images, n'est-ce pas. Alors voilà, il a beau être gentil, je n'en ai que faire d'un sergent de pacotille. Donc n'espère pas avoir trouvé en moi un ami, car tu n'as fait que trouver un homme qui t'es totalement indifférent.

Je traverse la cour sans le moindre accros, les soldats étant trop occupés à glander. De toute manière, ils ne connaissent pas tout le monde, alors qu'un type sorte ou non, ils s'en tapent. Je franchis la porte menant à l'extérieur, mes clics et mes clacs avec moi et je me retrouve prêt à retourner sur Marijoa après une mission qui ne fut pas des plus palpitante.


Un chemin de terre relie la garnison au port et je l'emprunte, espérant enfin quitter cette île de malheur. Kage Berg. C'est un trou paumé en plein milieu de West Blue. Voilà, on m'a emmené ici pour faire une mission insignifiante dans un endroit perdu en plein milieu d'un vaste océan. Roger, je m'en souviendrai une fois que je serai ton supérieur.

L'île est plaisante malgré tout. Il faut quand même savoir apprécier le moment présent, même s'il n'est pas fabuleux. Le temps étant clément, je profite du calme et de la multitude de beaux prés à proximité. Ici, tout n'est que pâtures, sur lesquelles des animaux vivent afin de servir leur propriétaire. Certains sont destinés à l'abattoir, d'autres à la tonte ou encore à la traite, afin de prélever le délicieux nectar appelé lait. Le paysage est plat, aucune irrégularité dans le terrain, si ce n'est quelques arbres et quelques fermes qui se battent en duel.

La randonnée dure une bonne demi-heure et j'arrive, à demi-exténué par la marche avec le sac à dos, au port. Un bateau est amarré, les marins sont à côté, les bars sont à proximité, tout est prêt pour le grand départ. N'empêche, mon supposé supérieur ne va pas être content de ma désertion. J'imagine déjà la scène : « Le matelot de deuxième classe Alain Posteur nous a trahis ! En même temps avec un nom pareil... Rah ! ». Je ricane. Quels imbéciles ces marines. Et dire que le CP les infiltre comme si leurs barrières administratives et leurs procédures étaient des passoires.

Je m'informe sur l'heure de départ du rafiot qui va me transporter jusqu'à la ville sainte. Deux heures de temps s'offrent devant moi et à mon grand bonheur se trouve de nombreuses brasseries dans le port. J'en connais un qui ne va pas être sobre à l'embarquement.

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Ah. Ça fait du bien de prendre du bon temps avec l'alcool. La bière et moi, une grande histoire d'amour. Mais depuis que j'ai décroché mon emploi, j'essaie de boire le moins possible. Je me vois mal bourré dans les bureaux du CP4. Renvoi assuré à mon humble avis. Et je ne préfère pas tester pour être honnête.

Afin de faire ma mission sans me soucier de tout ce qui est de la partie voyage, Roger, dans un élan de bonté sans précédents, m'a accordé les billets pour l'aller et le retour en bateau. Chic type. Enfin... non, c'est un peu vite parlé. Après tout le voyage ne coûte que dix mille Berrys, ce n'est pas une fortune non plus. Je me retourne et dis adieu à Kage Berg. J'espère de tout mon cœur que cet adieu en restera un.
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