Les esclaves sont mignons quand ils dorment
Dans l'épisode précédent, je fondais le Fun Club, un troupeau de moutons carnivores sous l'égide d'un très gentil berger.
Dans l'épisode précédent, je fondais le Fun Club, un troupeau de moutons carnivores sous l'égide d'un très gentil berger.
J'ai l'étrange capacité de pouvoir lécher les âmes.
Autant dire que depuis mon arrivée sur Dead End, j'ai posé ma langue sur une plâtrée impressionnante d'âmes. Un panel vraiment varié qui fait voir du pays. Des torturés, des innocents, des tristounets, des sympas, des fous, des sanguinaires. Il y avait de tout, je me suis régalé. Le point commun entre toutes ces âmes ?
Je l'appelle le "Fun".
Un état de transcendance dans lequel on tombe lorsqu'on réalise que nos vies sont aussi précieuses que des amas de poussière au-dessus d'une étagère. Et qu'au prochain nettoyage de printemps, tout ce que l'on aime, tout ce qu'on hait, tous les monstres sous le lit, tous les papys bienveillants perchés dans le ciel, tout sera dispersé par les poils d'une balayette, dans une ultime chatouille.
Quand on a réalisé ça, on se sent acteurs d'une énorme blague un peu vulgaire à base de pipis et de prouts. Cette blague, c'est TA VIE.
Le néant te fait peur ? Tant mieux. C'est par ce frisson que tout commence.
Le Fun Club te propose de t'accompagner à la recherche de ce Fun. Au programme : exploration de tes limites, combats amicaux à mort, déconstruction maniaque mais minutieuse de ta personnalité, etc, etc, le tout dans une symbiose délicieuse avec les autres Clubistes. Le Fun Club n'est pas une secte, n'est pas un gang, n'est pas une famille non plus. C'est un organisme vivant, dont tous les petits organes chauds palpitent à l'unisson. C'est une pieuvre, et ses gourmands tentacules étreindront l'univers dans un câlin chaleureux. Une bestiole vraiment sympa.
Le Fun Club a 7 règles. Je vais pas les citer encore et encore eh oh, tu iras te renseigner.
La base de la base :
La Douleur est l'ascenseur vers le bonheur. Il nous propulse au dernier étage !
Le Fun Club est mon bébé, je lui voue un amour inconditionnel. Je l'ai vu naître, grandir, mûrir. Ses premiers pas, ses premiers mots. Il est si mignon. Adorable. Et si précoce !
Il est la grande oeuvre de mon existence de zombie. Hésitez pas à passer vous délecter de sa noble ultraviolence, festins à volonté à travers Grand Line !
Et puis sinon, il y a Karla, Karla Marx.
Elle et moi sommes unis par les liens sacrés du mariage. Notre alliance, on la porte sur nos fronts, une énorme cicatrice qui suppure encore du sang de temps à autres. Elle me hait à la folie. Mais elle adore le Fun Club. C'est lui son véritable amant !
Ma Bible, eh bien ce sont les yeux de Karla. J'y retrouve toutes les vérités du monde, soigneusement compilées. La souffrance d'une vie misérable et une volonté inébranlable de vengeance. Si elle avait devant elle un bouton capable de faire exploser la planète, elle hésiterait longuement mais tôt ou tard ferait tomber son poing dessus.
Karla, tu es magnifique. Je suis amoureux de toi. Je suis amoureux de chaque membre du Fun Club. Chacune de ces âmes que j'ai soigneusement moissonné, sans les abîmer, juste en les sublimant un petit peu. Leur beauté me berce le coeur. En leur compagnie, je me sens léger et invincible. Je traverse un océan d'immondices sur un canot de velours. Quand mes responsabilités de gladiateur m'arrachent à mes amis, un silence pesant s'installe en moi. Je ne ressens plus rien.
Et alors il n'y a qu'une bonne rasade de douleur qui soit capable de me ramener dans mon corps. Oh oui oui, plein de saine douleur. Quand j'en trouve, j'en fous partout !
Aujourd'hui je vais aller me battre dans l'arène en compagnie de Karla, un passionné combat à mort, sous les rires gorgés de joie du fidèle public. Ce sera notre premier baiser !