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Fragile anarchie

Le jour suivant, la ville était en feu.

A leur retour des catacombes, la maison d'Edouard s'était progressivement transformée en Quartier Général du Gouvernement Mondial. Occupée à l'escargophone avec son supérieur, Annabella effectuait désormais un rapport plus détaillé de la situation en temps réel. Près d'une heure après leur arrivée, les premières sirènes avaient commencé à retentir tandis que, dans la rue, les passants s'activaient vers les lieux publics situés en hauteur. La cheffe d'équipe était alors restée tenir la baraque avec l'agent du CP6 tandis qu'Angelica était partie à la pêche aux informations.

Il ne fallut pas plus de dix minutes pour la voir revenir en trombes, hors d'haleine, provoquant chez ses compères une angoisse soudaine lorsqu'elle défonça presque la porte d'entrée pour surgir dans le salon. L'homme qui se préparait alors un thé avait sursauté et s'était brûlé la main. Mais ça n'avait aucune importance désormais, pour quiconque.

- Ca a commencé ! Le parlement est en feu !!

Et en effet, depuis quasiment n'importe quelle fenêtre du bâtiment il était désormais possible de voir la fumée noire s'élever au loin. L'odeur de brûlé vint même bientôt chatouiller les narines des agents.

- Ce sont eux, aucun doute. Ils n'ont pas attendu longtemps... Nous devons savoir quand les autres partis vont se mettre en action, il est encore possible d'empêcher tout cela.

La jeune femme avait passé un bon moment à contacter les différentes personnes capables de lutter contre le coup d'état. Il était malheureusement trop tard pour les maigres forces armées du pays qui devaient sûrement tout juste découvrir l'attaque. Mais pas pour la Marine et le Cipher Pol 9 qui avaient prévu un débarquement sous quelques jours seulement.

Il était, pour le moment, inutile de compter sur une contre-offensive pour calmer les ardeurs révolutionnaires. Au contraire, si le Gouvernement voulait reprendre du poil de la bête, il devait jouer sur le même terrain que Mandrake : la manipulation de masse.

Anna exposa alors la façon avec laquelle elle avait, quelques mois plus tôt, réinstauré un régime fédéraliste à Lone Down grâce à une foule de stratagèmes politiques. Et le plus efficace demeurait l'assassinat, car lorsqu'un meurtre avait lieu il fallait systématiquement un fautif.

- Mais... qui pourrait faire l'affaire ?

- Si l'on s'attaque directement à la Princesse, on risque de la faire passer en martyre. Idem pour chacun des chefs de partis.

- Évidemment... Mais vous ne regardez pas là où il faut, cherchez une alliance fragile.
Quelque chose qui est susceptible de partir en cacahuète.


Ce qui était évident pour la cheffe d'équipe, passée fine maîtresse dans l'art de faire dégénérer indirectement les plans de ses adversaires, ne l'était évidemment pas pour ses deux collègues. Toutefois, à force de réflexions, ces derniers parvinrent à suivre son raisonnement. Ce fût, comme l'attendait la rousse, Angelica qui eut l'éclair de génie en premier.

- On peut toujours empêcher l'union des Syndicalistes et des Insurgés, c'est ça ? Mais... comment ?

- En effet, ça ne va pas être aisé. On risque de marcher sur un fil en tentant cela, néanmoins il est toujours possible de faire courir des rumeurs et voir comment cela évolue ? Et puis, on a la chance d'avoir une personne capable de transmettre facilement le message aux concernés... sourit Anna de façon machiavélique tout en se tournant vers Bier.

L'homme leva un sourcil mais n'osa pas la contredire. Il venait de voir la lueur qui brillait dans ses yeux. Ce n'était pas pour rien que cette folle était au CP9, ça non. Et il n'allait pas tarder à le découvrir.

***

La première explosion retentit le lendemain à l'heure de midi, frappant la métropole d'une nouvelle source de lumière en plus du Parlement toujours en proie aux flammes.

D'après les échos ouïs par Anna, tous les hommes politiques qui ne s'étaient pas enfuis vers Arcadia les jours précédents et avaient préféré continuer à tenir bon la barre du pays avaient été sauvagement exécutés. Pas par Mandrake, celui-ci n'avait pas encore dévoilé sa présence officiellement, mais par les Dissidents qui s'étaient révoltés et leur chef avide de vengeance : un certain Paul Saint-Grégoire.

Cependant la réponse du camp opposé aux révolutionnaires ne s'était pas faite attendre elle non plus. Celle-ci s'était façonnée en deux temps : tout d'abord par l'explosion de trois charges explosives ayant frappé le centre-ville dans la journée suivies de la propagation d'une rumeur voulant que les responsables fussent... les Campagnards.

Annabella elle-même était alors partie sonder les esprits infectés par le virus qu'elle avait relâché plus tôt avec l'aide de Bier. Les bombes qu'ils avaient chacun placées avaient explosé dans des endroits stratégiques, symboles de la fierté métropolitaine : le Parc Hatème en avait particulièrement fait les frais ainsi que les Tours Échelles. Parmi les centaines de victimes figuraient d'ailleurs des femmes et des enfants, de quoi alimenter la rage des pères de famille prêts à prendre les armes. Et qui disait rage disait peu ou pas de recul par rapport aux ragots se propageant comme la peste à l'issue du triple-attentat : que derrière tout cela se cachait l'ennemi de toujours, les Insurgés, groupe allié aux mêmes révolutionnaires qui avaient mis le feu au Parlement.

La révolution avait embrasé l'allumette en faisant acte de violence la première et Annabella, elle, en avait profité pour tout enflammer par la suite, de sorte à freiner la rébellion avant que les renforts n'arrivassent.

Désormais la ville était définitivement en proie à la panique dans chacune de ses rues ; les habitants avaient rapidement compris que cette série d'explosions et de meurtres n'était que le début d'une guerre civile en train d'éclore. Et ils fuyaient désormais, en exode vers la Campagne, ils fuyaient loin de tout cela. Et dans le lot, beaucoup ne se rendaient pas vers la périphérie de la ville avec des intentions particulièrement bienveillantes.

Alors que la cheffe d'équipe contemplait son œuvre sur le pas de sa porte, un homme d'âge mûr, probablement un ouvrier, la frôla dans sa course, le visage rougi, armé jusqu'aux dents.

- J'savais qu'ça arriverait un jour. Ces salopards d'Campagnards, vont voir c'qu'y vont voir ! gueulait-t-il, le regard fiévreux, tout en se précipitant continuellement à la charge.

Et il était loin d'être le seul. C'était comme si une vieille cicatrice venait de se rouvrir. Tout s'enchaînait désormais à une vitesse phénoménale et le Syndicat n'avait même pas eu le temps de réagir. Bientôt une ligne de front fut démarquée à l'extérieur de la ville tandis que les premiers échanges de tirs avaient lieu. Poussés dans leurs retranchements et mus par la peur, les Campagnards avaient fini par faire le jeu du Cipher Pol.

Dans la soirée, un message de Louise Barnaud fut alors promptement communiqué sur la Place des Gens Zelizei où se réunirent plusieurs milliers de manifestants pacifistes et Syndicalistes, à l'écoute de leur idole.

Présente sur place elle-aussi, telle une ombre de la mort, Annabella observait l'ouvrière et la vigueur de son discours depuis l'un des immeubles donnant sur le square. L'index posé sur la gâchette d'un fusil de précision, elle attendait ainsi le moment propice pour réaliser sa "tentative" d'assassinat qu'elle comptait bien échouer volontairement. Au bout d'une dizaine de minutes de discours, la terroriste passa finalement à l'acte.

Bam !

La balle de son arme à feu, réalisée avec les moyens du bord grâce à ses compétences en armurerie, déchira l'air et se ficha volontairement dans le pupitre de la représentante qui ne put s'empêcher de glapir derrière son escargomicrophone. La surprise causée créa alors, dans les secondes qui suivirent, un vent de panique et un déplacement de foule qui laissèrent impuissants les organisateurs du discours. Piétinées, étouffées, nombre de victimes trouvèrent la mort en l'espace de seulement quelques minutes à cause du chaos engendré. Sous le regard satisfait de la meurtrière qui contempla son travail brièvement avant de disparaître instantanément.

La guerre était déclarée et la révolution ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même désormais.

Le Syndicat venant donc de prouver son impuissance face à un tel déferlement de violence, il n'avait plus le choix : il devait montrer sa vraie nature et s'armer pour la guerre. Par dépit, les Insurgés suivirent le jour d'après, bâtissant des tranchées autour de la ville pour contenir l'offensive des Citadins. La voix des Dissidents, prônant un retour à la normale et une union entre les deux régions, n'eut aucun effet : après tout ils avaient été les premiers à avoir fait couler le sang d'innocents.

Trois jours furent ainsi gagnés grâce aux stratagèmes de la rousse, dont les cheveux avaient progressivement repris leur couleur naturelle en l'absence de teinture régulière.

Trois jours nécessaires pour rétablir la soi-disant "vérité" grâce à un ultime communiqué sage et exemplaire du poète respecté de tous, Gabroche, à la suite duquel les combats perdirent légèrement en intensité entre les Campagnards et les Citadins.

Enfin, trois jours permettant aux forces du Gouvernement Mondial de débarquer dans les terres pour assister la faible police du pays, plus inutile que jamais. Un débarquement qui se fit malgré la mise en garde des révolutionnaires qui, conformément au plan, menacèrent d'assassiner la famille royale prise en otage en réponse à l'approche Marine.

Et comme l'avait prévu Anna, rien ne se passa pour répondre à une telle provocation. Rien sinon l'apparition soudaine de milliers de soldats en tuniques grises dans les rues de la ville, surgissant en flot continus des catacombes comme tant de petites fourmis commandées par leur Reine au visage toujours dissimulé. Et à son roi : Jonas Mandrake.

Alors, pour le massacre à venir, il n'était désormais plus question de couverture.
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Mandrake n'allait pas tarder à apprendre ce qu'il en coûtait de s'attaquer au CP9. Et devrait bientôt s'y confronter... dans sa presque totalité.

Car O'Murphy n'avait définitivement pas fait les choses à moitié et, dans les renforts venus reprendre l'île des griffes révolutionnaires, avait compris l'ensemble des agents de terrains disponibles ou en mission de moindre importance. En plus du Contre-Amiral dépêché et de sa flotte de trois cuirassés, il fallait donc compter la présence d'une trentaine d'assassins professionnels formant l'escadron d'élite le plus efficace lorsqu'il s'agissait de faire couler le sang.

Ils avaient alors débarqué sur la côte en éclaireurs le matin précédant l'assaut, montant un camp de fortune, sans véritable plan sinon celui d'attendre les directives d'Annabella. Lorsque celle-ci avait finalement dévoilé la présence des révolutionnaires dans les rues de la ville, sortis de leur tanière secrète, le sang de certain n'avait fait qu'un tour et Larson s'était empressé de calmer leurs ardeurs. Difficilement.

Remis de sa dernière défaite, l'homme n'escomptait pas perdre bêtement des hommes comme ça avait été le cas à Kanokuni mais devait maintenant se heurter à l'arrogance de ses propres subalternes.

- Agent Levi, essayez de ne pas tout faire capoter cette fois-ci, s'il-vous-plaît. demanda le vieillard alors que le concerné se préparait à aviser une infiltration sans tenir compte de ses avertissements. Il s'agissait d'un jeune homme à la tignasse brune et au regard incroyablement reptilien, dont les traits semblaient légèrement rappeler ceux de sa sœur : Lydia B. Levi. Qui se tenait sagement à ses côtés, par ailleurs.

- Dois-je vous rappeler systématiquement que nous sommes égaux ? Je suis passé chef d'équipe, vous savez. Je peux commander mes hommes et vous n'avez pas à me donner des ordres,
vieux lâche.


- Mais cette fois-ci vous ne commanderez rien du tout. coupa sèchement le chef d'équipe dans la protestation de son congénère. C'est à l'agente Sweetsong de donner les directives, il s'agit de sa mission.

- C'était aussi celle de Noxe. rappela discrètement une jeune femme à l'allure Wanokunienne, tapie dans un coin de la tente, le visage masqué par un gigantesque éventail. Je ne me suis pas déplacée jusqu'ici pour Annabella, mais pour venger la mort de notre supérieur à tous comme O'Murphy l'a dit dans son message.

Il était définitivement difficile de concentrer autant d'agents en un seul endroit sans avoir à faire à leurs égos démesurés. Le vieil agent regrettait déjà sa première phrase, comprenant qu'il serait difficile de rectifier le tir. Il essaya néanmoins :

- En effet, mais ce n'est pas en nous dispersant que nous vengerons quoi que ce soit...

- Depuis quand est-ce que c'est au Couard de nous faire la morale ? intervint soudain le puiné des Pong dont il était désormais de notoriété publique que son esprit avait été empoisonné par les mots sulfureux de son chef d'équipe.

Wang était particulièrement instable depuis la mort de son frère à Arcadia et Larson craignait désormais qu'il ne tentât quelque chose contre l'albinos qui s'était vue obligée de mettre à mort l'aîné dans l'intérêt de sa mission. Au fond, elle n'y était pour rien et avait beaucoup souffert de ce sacrifice, il le savait. Tous le savaient.

- Si nous ne nous organisons pas, alors nous courrons droit vers la défaite. Et je ne veux pas voir des hommes mourir pour rien aujourd'hui. Ni demain.

Ce à quoi Jamâl répondit par un rire sardonique avec un air de défi :

- Les soldats c'est fait pour crever non ? Et puis j'ai aucun compte à rendre à l'autre gourdasse !

Ca y était, le point de rupture, la situation ne pouvait que déraper désormais. Alors après une dizaine de minutes supplémentaires de débats houleux sur la question de l'autorité de l'agent Sweetsong, il fût décidé de constituer deux groupes : un commandé par l'agent Levi et un autre par le "Couard". Ce-dernier était considérablement moins conséquent, évidemment. La majorité des agents s'était finalement rangée du côté du reptile.

- Faites comme vous le sentez vieillard, mais nous nous partons à la chasse aux révolutionnaires. A ce qu'il paraît il y aurait de belles têtes en ville. Surtout ne vous imaginez pas mettre la main sur Mandrake, c'est ma proie siffla le jeune homme sur le départ en laissant apparaître un sourire composé de dents de crocodile.

Tapant du poing contre la table qui avait été installée au centre du pavillon, Larson essayait ardemment de se maîtriser pour ne pas perdre patience. Nombre de sbires avaient déjà quitté l'auvent ou lui tournaient désormais le dos, y compris son interlocuteur.

- Vous êtes un idiot, Levi. Vous vous imaginez qu'il ne s'attendent pas à ce genre de stratégie ? Qu'une personne telle que Jonas Mandrake n'aurait pas prévu un plan A, B, C et D pour parer toutes vos tentatives ? Faites preuve de bon sens et attendez le signal comme Sweetsong nous l'a demandé.

- J'emmerde Sweetsong. conclut brutalement le chef d'équipe en dardant un majeur en direction du pauvre homme avant de se mettre en marche avec sa clique. Allez adios le schnock ! Vous en faites pas, je suppose qu'on chantera les mérites de votre couardise un jour...

- Petit con...

***

- Il y en a partout ! Ils se sont probablement rassemblés, peut-être qu’ils ont cherché les absents. Peut-être qu'ils savent pour moi… Non, je ne veux pas mouri-

*SBLAF* fit la gifle qui vola instantanément pour faire sortir une énième fois le CP6 de sa torpeur. A force, Anna commençait à apprécier le geste et les réactions puériles du trouillard qu’ils devaient se trimballer.

Capuches sur la tête, les trois silhouettes longeaient les murs pour se rendre jusqu’en centre-ville où l’agente était supposée donner le signal.  Jusqu’ici ils avaient eu la chance de ne pas être interpelés une seule fois grâce à la cohue provoquée par l’intervention soudaine des hommes armés qui cherchaient à convaincre les quelques civils encore présents dans les rues de leur bonne foi. Il y avait d’ores et déjà eu plusieurs échanges de coups de feu et ça n’était pas près de se terminer : ils allaient l’avoir leur révolution, mais probablement pas de manière aussi propre qu’ils l’avaient espéré.

- A droite. A gauche. Tout droit.

Le mantra de l’agente était particulièrement efficace. Lorsqu’il n’y avait qu’un homme sur leur chemin et qu’il s’agissait d’un soldat, celle-ci préférait ne pas prendre de risque et l’assassiner froidement avant même qu’ils ne fussent dans son champ de vision. Elle espérait juste ne pas tomber sur Jimmy.

A plusieurs reprises, les trois ombres durent quitter le plancher des vaches pour se déplacer sur les toitures et dans les gouttières, à la manière de véritables assassins. Elles constituaient la menace venue du ciel, occasionnant pour Angelica une opportunité de montrer ses aptitudes en sautant du rebord d’un balcon pour atterrir sur un pauvre homme en contrebas et le poignarder sauvagement.

C’était la première fois qu’Annabella voyait sa subalterne faire preuve de violence et elle fût étonnée du professionnalisme de cette dernière. Sans une tache sur ses habits, la jeune femme s’était empressée de nettoyer son poignard avec un visage neutre avant de rejoindre ses compagnons.

Ultimement, le groupe passa devant le parlement toujours rougi par les gigantesques flammes pourléchant les murs et consommant chaque parcelle de l’édifice. L’incroyable brasier semblait simplement ne jamais pouvoir s’arrêter, constituant un gigantesque champ de ruines s’étendant sur plusieurs pâtés de maisons. Certaines habitations proches de l’édifice avaient elles aussi pâti de l’incendie et avaient été désertées depuis plusieurs jours.

La fumée et le feu constituaient désormais une barrière que les trois agents devaient irrémédiablement traverser.

- C’est de l’autre côté, c’est ça ? vérifia la cheffe d’équipe, incertaine. Ce à quoi Angelica lui répondit avec un regard de merlan frit et Edouard avec des yeux apeurés, mais dans un hochement de tête affirmatif. Bon alors pas le choix… écartez-vous.

Laissant ses compagnons s’espacer un peu, l’albinos s’avança alors en direction de la clôture bordant le territoire enflammé et joignit ses deux poignets, poings vers l’avant. Angelica reconnut aussitôt le mouvement :

- C’est le…

- Rokuogan !!

L’onde de choc partit et dévasta instantanément une partie de l’aile du bâtiment leur faisant face, écartant les flammes pour leur fournir un chemin temporairement dégagé. Annabella se précipita alors la première vers le raccourci nouvellement créé, bientôt suivie de ses deux comparses qui ne se firent pas prier pour avancer.

A terme, le groupe arriva enfin à destination, à quelques rues de là, en plein cœur de la ville. Devant eux se dressait un ensemble de bâtiments à l'apparence typiquement Parissoise. Anna se serait davantage attendue à un symbolique château fort, mais non : l’architecture choisie par les Parissois était définitivement dénuée de fortifications.

- C’est ça le château ?

- Oui. affirmèrent de concert Browneye et Bier.

- Bon, eh bien il est temps de faire passer le signa-

*BROOOMMM*

Interrompue par l’explosion au loin, la cheffe d’équipe se retourna pour finalement voir l’une des gigantesques portes de la ville en proie aux flammes. Grâce à son Empathie, elle discerna alors de nombreuses silhouettes se déplaçant à une vitesse vertigineuse et faisant de nombreux morts dans les rangs révolutionnaires… et parmi les civils ayant eu le malheur de se trouver là. C’était le CP9, elle en était sûr.

- Ils n’ont pas attendu le signal, les idiots… grommela-t-elle, furibonde, plus blanche que d’habitude. Ses phalanges craquèrent automatiquement sous la pression de ses poings.

Immobile pendant de longues secondes, elle suscita finalement l’interrogation de sa compagne qui la tira de ses songes :

- Qu’est-ce que l’on fait maintenant ?

- On lance le signal quand même.

Alors Anna frappa soudainement le sol avec son poing recouvert d’une étrange peau sombre, générant une onde de choc dévastatrice qui se propagea jusque dans les tréfonds de la terre.

Et ce fut l’apocalypse.
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Le champignon de fumée et de poussière semblait s’être élevé jusqu’aux nuages, côtoyant la voute céleste tout en se dispersant lentement.

Là où se jadis se tenait le palais de la famille royale, un gigantesque cratère venait de prendre forme. L’attaque de l’agente y avait certes été pour quelque chose, mais c’était davantage la fragilité du sol liée à la présence de la Cour des Mille Arcs qui avait eu raison de l’édifice et de ses entourages. Sur plusieurs centaines de mètres autour des jardins royaux, des bâtiments proches avaient eux aussi été avalés par la bouche tellurique. Il n’en restait désormais que des miettes et de la poussière.

- Mais… vous êtes malade ! Le roi, la reine… geignit l’agent du CP6, éberlué par le désastre qui venait juste de se produire sous son nez et durant lequel il avait failli perdre la vie.

- Déjà morts, tués par les révolutionnaires. A moins que leur fille ne profite de l’incident pour s’indigner et faire tomber le masque. Dans les deux cas, nous sommes gagnants.

Des sacrifices, toujours des sacrifices. C’était le lot quotidien du CP9 et Annabella avait déjà assez donné d’elle-même pour ne plus être touchée par la mort d’innocents. Qu’ils fussent issus de la simple plèbe ou bien d’une dynastie antique. Elle s’en fichait, les vies avaient toutes la même valeur dans son plan : celle de servir les intérêts du Gouvernement Mondial. Et au vu de la description faite par Browneye quelques temps auparavant, cela faisait bien longtemps que le roi de Parisse ne rentrait plus dans cette catégorie.

Au moins, dans sa chute, avait-il emporté tous les cancrelats vivant dans les fondations de sa maison. Le comble étant qu’il ne fut même pas au courant de leur présence quand sa fille, elle, leur donnait à manger et à boire pour mieux les commander ensuite.

- Et maintenant, que fait-on ?

- Vous deux, tâchez de retrouver la princesse. Elle ne devrait pas être très loin, peut-être va-t-elle se déplacer jusqu’ici pour constater les dommages et verser ses chaudes larmes devant les curieux. expliqua l’albinos tout en désignant du menton les premiers individus massés autour du cratère, horrifiés. Qu’elle soit sentimentale ou non, l’occasion est trop belle pour ne pas la saisir. La possibilité d’unir Parisse sous le même drapeau…

La manipulation semblait évidente pour l’experte, elle l’était en revanche moins pour ses deux collègues qui avaient simplement compris l’importance de retrouver le Leader révolutionnaire pour le liquider. Ce fut ainsi que le groupe se sépara finalement, chacun allant de son côté avec des objectifs différents. Annabella faisait confiance à Angelica et devinait en elle une force tapie bien que moins certaine des capacités offensives de ses pouvoirs démoniaques. Elle n’accordait en revanche aucun crédit envers Edouard qui, tôt ou tard, finirait par déserter le champ de bataille, elle le savait.

Confiante, la blonde se propulsa alors vivement en direction de la précédente explosion pour retrouver ses confrères pris entre le marteau… et la faucille.
***

Il refusait d’admettre sa défaite, mais devait bien se rendre à l’évidence : son infiltration avait lamentablement échoué. Par chance, l’explosion avait fait peu de morts mais avait été suffisante pour rameuter les trois-quarts des forces révolutionnaires présentes dans la périphérie de la ville. Rapidement, des centaines d’hommes s’étaient donc massés autour de la vingtaine d’agents, acculés. La porte, complètement carbonisée et toujours en proie aux flammes, ne leur permettait malheureusement pas de reculer, rapporta prestement Pong. Et bientôt ce fut un bon millier de canons qui furent levés dans leur direction, sans qu’aucun tir n’eut lieu.

Une grossière erreur car cela laissait l’occasion au jeune homme de se donner en spectacle devant ses ennemis… et ainsi faire diversion tandis que sa sœur et l’agent Tetsuo contournaient les lignes adverses dans la plus grande discrétion.

- De toute façon nous ne sommes pas ici pour reculer. Chacun d’entre vous vaut un millier de ces hommes, ne me dites pas que ça vous fait peur, si ? C’est ça le CP9 ? Une petite détonation et pouf, plus personne ?!

Première étape : montrer que c’était lui le chef et ainsi concentrer la plupart des canons vers sa position. Ensuite faire croire à une débandade de l’escouade suite au piège dans lequel ils étaient tombés : si les révolutionnaires pouvaient les sous-estimer c’était tant mieux. Ils s’étaient déjà condamnés en leur laissant une chance de vivre, de toute manière. Ce qui voulait dire que l’homme aux commandes ici n’était probablement pas la proie recherchée par le crocodile, mais un avorton incapable de prendre les bonnes décisions. Il le chercha ainsi du regard avant de le trouver, exaspéré par le blabla de l’agent. Par excès de zèle, le gusse tenta même de débuter les négociations :

- Abdiquez, vous êtes encerclés.

Seulement, l’instant d’après, le même homme gisait à terre, le front perforé par un projectile invisible venu de l’index de son opposant. Tetsuo et Lydia étaient fin prêtes, le timing était parfait. Juste le temps de briller…

- Plutôt crever. cracha donc le chef d’équipe avec un sourire maléfique sur le visage.

Au même moment, deux lames d’air vinrent alors frapper les forces révolutionnaires dans leur dos et les obliger à rompre les rangs. Les fusils baissés permirent aux agents de briser leur Tekkai pour fondre sur l’ennemi à la vitesse de l’éclair et commencer le carnage. A malin, malin et demi. Qui avait dit que l’on avait besoin de Sweetsong et de son signal à la noix ? Qui ? Il n’était pas là pour protester, le lâche. Et tant mieux.

Mi-homme, mi-crocodile, Jamâl faisait désormais un carnage dans les lignes ennemies, répandant sang et lambeaux de chair tous azimuts. Tout semblait alors bien se passer et le groupe évoluait lentement, dévastant sur son passage les myriades de soldats désarçonnés par la vitesse des agents d’élite… jusqu’à ce que ceux-ci ne dussent s’attaquer au plat de résistance.

La première rue, nettoyée, débouchait sur une avenue amenant à terme vers le quartier de l’hôpital. Par définition, il s’agissait du quartier appartenant aux Syndicalistes qui s’étaient préparés à une telle percée. L’avant-garde n’avait été que de la chair à canon pour laisser le temps, à l’arrière, de peaufiner le piège.

Et celui-ci s’illustrait à la fois par la présence d’un mur de sac de sable et d’une drôle de machine possédant un grand nombre de canons… qui aussitôt déchargea sur les agents une salve de balles lourdes et destructrices. Le rayon formé par le déplacement de la tourelle coupa net dans la foule, transperçant et éclatant des corps au contact de ses projectiles.

Jamâl B. Levi venait de faire sa rencontre avec l’une des dernières armes mises au point par la révolution : la mitrailleuse lourde.

***

Bondissant de toit en toit et d’immeuble en immeuble à une vitesse folle, Anna se déplaçait vivement vers le champ de bataille au sud de la ville et commençait à reconnaître les bruits distinctifs de fusils déchargeant leur fiel.  Du haut des plus grandes bâtisses, elle pouvait voir la masse d’hommes armés encadrer le secteur et bloquer les issues, monter des barricades et installer des charges explosives. Certaines rues étaient volontairement laissées désertes, d’autres étaient bloquées par des centaines d’individus. Il y avait au total plusieurs bons milliers d’homme armés jusqu’aux dents.

Finalement, elle parvint à rejoindre la place de la porte, non loin du boulevard Jean-Mishe et de l’intersection avec l’avenue de l’Hôpital. Cette-dernière abondait en révolutionnaires, massés derrière une tranchée improvisée sur laquelle avait été posée une machine similaire à la sulfateuse qu’Anna avait déjà eu l’occasion de manipuler à Lone Down. Celle-ci tirait des salves de balles dans la direction opposée où, elle le voyait maintenant, luttaient nombre d’agents qu’elle pouvait facilement identifier. Le plus visible de tous étant sûrement ce cancre de Levi qui avait probablement refusé de se plier à sa direction. Et désormais les hommes tombaient, lentement mais sûrement, les uns après les autres en essayant de combattre la menace d’en face tout en évitant les projectiles venus de derrière.

Comme il fallait agir rapidement, Anna décida donc d'apparaître au grand jour. Dans une chute fanfaronne impeccablement maîtrisée, d’un poing brutalement écrasé sur la surface lisse de l’air à quelques centimètres du sol, elle fit alors se soulever le sol et les fondations des bâtiments alentours devant la ligne de démarcation rebelle.

Nombre d'ennemis furent spontanément pris au piège sous les gravats ; l’arme fut détruite et la voie fut instantanément libérée grâce à la destruction des quelques habitations voisines.

Alors la jeune femme sauta à terre pour rejoindre ses hommes et prendre le commandement pour enfin les mener à bon port : quelque part au-delà des lignes ennemies se trouvait la cible à abattre, celui qui était derrière tout cela et qui, tant qu’il lui restait un souffle d’air dans les poumons, risquait de les mener à leur perte. Car d’un moment à l’autre les forces du Contre-Amiral Eko et le reste des hommes sous la houlette de Larson étaient supposées venir s'occuper du gros des forces ennemies, maintenant que le signal avait été donné.

Ça n'était donc qu'une question de temps avant que la vapeur ne se renversât enfin.

Cependant tout ne se passa pas exactement comme la cheffe d’équipe l’avait prévu. Et ce fut d’un cheveu qu’elle frôla la mort en esquivant une lame d'air issue de son propre camp, avant de voir fondre sur elle une silhouette rosâtre, enragée et prêtre à en découdre.

- SWEETSONG !! TU VAS PAYER POUR CE QUE TU AS FAIT A MON FRERE !!


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 23 Juil 2017 - 9:06, édité 1 fois
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- Bande de crétins…

Et encore le vieillard pesait ses mots. A ses côtés, le Contre-Amiral écoutait patiemment le rapport d’un éclaireur mentionnant l’explosion et l’incendie qui avaient dévasté la porte sud par laquelle ils étaient censés passer.

- Pas le choix, M. Larson, nous allons prendre l’entrée ouest.

En effet, pas le choix. L’agent grinça toutefois des dents avant de jeter un regard approbateur à son confrère, puis indiquer la marche à suivre aux quelques hommes qui avaient décidé de le suivre. En somme : pas grand monde et clairement pas la crème de la crème. Mais il devait faire avec. Avec cette poignée, il était censé rallier sa jeune apprentie… dont la propagation d’une violente secousse venait de trahir sa présence de l’autre côté de l’épaisse muraille.

Certes celle-ci n’était pas infranchissable, même bien moins gardée que celle de Kanokuni, cependant il était nécessaire de ne pas s’éparpiller plus que davantage. Et à raison car la porte ouest n’était pas non plus la moins défendue… et bénéficiait principalement d’un appui militaire d’un autre groupuscule révolutionnaire local : les Insurgés.

Par chance et grâce à l’appui non négligeable des surhommes du CP9, ainsi que le manque d’expérience de l’ennemi en batailles rangées, la Marine parvint facilement à prendre des positions clés mal défendues permettant notamment de passer le portail… mais pour combien de temps ? Car déjà l’armée du Gouvernement Mondiale était menacée par une prise en tenaille adverse, avec d’un côté les Campagnards poussant les soldats vers l’intérieur de la ville... et de l’autre les Métropolitains cherchant à les repousser. Le rapport étant d’un contre trois, à savoir mille marins et soldats du royaume pour trois mille rebelles, Larson ne pouvait pas prendre le risque de vaquer à d’autres préoccupations…

Et puis soudain, des bruits de bataille se firent entendre de l’autre côté du front Syndicaliste. Commandés par des officiers et soldats royaux, une partie du peuple avait finalement décidé de se soulever contre celui qu’il croyait être l’oppresseur, rééquilibrant ainsi les forces en vigueur. Cette mobilisation venait de naître suite à la disparition du palais royale, mise à tort sur le dos des révolutionnaires. Une certaine perte pour le Conseil des Nations mais un avantage considérable pour le combat et la suite des opérations.

- Décidément, cette gamine… sourit le chef d’équipe tout en analysant rapidement la situation, avant de faire un signe de main à ses hommes occupés à se battre autour de lui. On revient au plan initial, direction la porte sud ! Contre-Amiral.

Un preste salut avant de rompre les rangs et le voilà déjà évanoui dans la nature. Sautant et virevoltant dans les airs, la dizaine d’agents se propulsait à une vitesse faramineuse au-dessus des rues de la ville, évitant soigneusement les endroits bondés de révolutionnaires ou de civils cherchant toujours à fuir.

Mais tandis que beaucoup se précipitaient, tardivement, vers les rares portes encore « sécurisées », d’autres, curieusement, empruntaient un autre chemin et se rendaient tout droit vers le centre de la ville… à l’endroit où avait été déclenché le signal. Le déplacement n’était pas anodin et comme l’instinct de Larson lui intimait d’essayer de comprendre ce qui motivait un tel regroupement, il décida alors de faire un bref détour…

Et découvrit, surpris, deux agents encerclés par une centaine de révolutionnaires et directement menacés par le sabre d’un homme en armure.

***

Comme Annabella l’avait prévu, la princesse s’était belle et bien déplacée jusqu’au cratère fumant. Sous le coup de l’émotion probablement, celle-ci avait alors commis l’erreur de ne pas s’entourer d’assez de gardes et avait laissé une brèche incommensurable dans sa propre sécurité. Mais contrairement aux prévisions de l’agente, la jeune femme ne semblait pas décidée à dévoiler sa véritable identité. Sous son masque, elle pleurait, mais ses mots demeuraient forts devant la foule de badauds inconscients, rassemblés devant le site mortuaire de la famille royale.

Ce fut avec une voix grave et profonde, endeuillée, que le Leader s’adressa donc à l’auditoire, toujours plus conséquent, grossi de deux nouvelles personnes sorties d’une sombre ruelle que personne n’aurait eu l’idée d’identifier comme fauteurs de trouble jusqu’alors. Ils regardaient et attendaient leur tour pour agir, sagement.

Si la princesse ne semblait pas vouloir se dévoiler, Angelica comptait bien s’en charger. Et elle pouvait le faire en se faisant passer pour une simple civile.

- Voyez ! Voyez ce que le Gouvernement Mondial nous apporte. N’avez-vous toujours pas compris leur manipulation sordide, leurs actes de bouchers inhumains. Croyez-vous vraiment que la révolution est derrière une telle monstruosité ?! Non…

- Qui d’autre sinon vous ?! Vous avez menacé de tuer le roi et la reine si jamais la Marine posait pied sur l’île. Ne nous dites pas que ce n’est pas ce qui vient d’arriver ?! tonna une voix dans le publique qui s’avéra rapidement être celle de l’agent du CP9. A force de traîner avec l’agent Sweetsong, celle-ci commençait à connaître les combines du jeu d’acteur mais n’y parvenait définitivement pas aussi bien. C’était toutefois assez correct pour amadouer la foule en colère qui avait actuellement besoin de preuves pour trouver un fautif.

Et si la princesse continuait sur ce terrain, elle allait perdre. Il ne lui restait pas beaucoup de solutions.

- Je comprends que vous soyez attristés et confus, cependant nous n’avions jamais prévu de mettre nos menaces à exécution. Notre but était de limiter les morts…

- Ca a bien fonctionné visiblement ! répondit du tac au tac la jeune brune, bientôt reprise par des « ouais » tonitruants venant de ses voisins perplexes. Elle gagnait en influence avec ses répliques et ne comptait pas s’arrêter de sitôt. Si le visage du Leader était visible, il indiquerait un mélange d’angoisse et d’énervement, mais sa voix demeurait chargée de tristesse.

- Vous vous en prenez aux mauvaises personnes ! Nous n’agissons que dans le bien du pays, je peux vous le certifier !

Ca y était, l’instant fatidique, le moment où il s’agissait de tourner un discours creux en quelques chose de plus sonnant. Il ne suffisait que d’une seule petite pichenette…

- Et comment ? Comment pouvons-nous vous faire confiance après tout ce qu’il s’est passé ! Vous n’êtes qu’un assassin masqué à la tête d’une bande de meurtrier, votre parole ne vaut rien !

Aux côtés de la princesse, un soldat s’offusqua et menaça de sortir l’épée de son fourreau pour faire taire celle qui, désormais, s’était déplacée au premier rang avec son compère. Son visage inconnu de tous était un véritable point fort et lui donnait des airs d’innocence incarnée. Comme on aurait pu l’escompter d’une princesse, celle-ci fit signe à son homme de main de s’arrêter pour enfin abdiquer.

- Pas de ça ici, pas maintenant… Très bien, vous voulez savoir pourquoi ma parole compte ? Pourquoi je n’ai pas assassiné le roi et la reine, des êtres qui m’étaient particulièrement chers ? Cette dernière phrase venait d’être prononcée d’une voix plus aigue, plus féminine. Dans un clic, la jeune femme en armure retira alors le casque qui lui mangeait le visage et laissa apparaître des traits fins, royaux, encadrés par des cheveux longs et fins. Voilà ! Vous me connaissez, tous, croyez-vous que je sois capable de tuer mes propres parents ? M’accusez-vous de cela, pensez-vous que je vous ai un jour voulu du mal alors que je n’ai fait que me battre pour vous en secret ?

La révélation fit un choc dans le public, qui après une vague de surprise et de bouches grandes ouvertes, laissa planer un long silence chargé d’une forme de culpabilité. Cependant…

Au même moment Angelica monta sur l’estrade, composée d’un pilier de pierre couché sur le sol, et joua son rôle jusqu’au bout.

- Menteuse ! Menteuse, mes parents sont morts lors de l’attentat du Parc Hatème par votre faute ! Et que dire du parlement qui brûle encore ? Et maintenant vous essayez de nous faire croire que vous n’êtes pas derrière ce dernier acte terroriste ?!

La confusion régnait désormais sur la place, au bord du cratère. Beaucoup attendaient une réponse, mais la seule que put donner la princesse fut un mélange de mépris et de soupçon.

- Qui êtes-vous ? Vous n’êtes pas d’ici. Puis soudain, elle comprit et s’exclama, pour son plus grand malheur : Gardes, emparez-vous d’elle !

Offrant l’opportunité à son ennemie de sortir sa dague et agir par légitime défense en poignardant le révolutionnaire, la princesse s’était piégée elle-même. Le peuple désapprouvait sa méthode, tandis que les hommes se succédaient pour combattre la jeune fille qui leur avait tenu tête.

- Laissez-la tranquille ! Assassins ! Menteurs !

Le peuple était désormais en furie. Alors, conformément au plan, ce fut au tour de Bier de monter sur l’estrade pour prêter main forte à l’oratrice prise au piège. Tous deux faisaient preuve de modération dans leur force… du moins jusqu’à ce que d’autres suivissent l’élan pour bientôt paralyser la descendante Girac, dépassée par les événements. Chaque pas qu’elle fit fut alors un pas qui la rapprocha de son funeste destin.

Tout d’abord, elle bâtit en retraite avec sa poignée d’homme encore en vie et libres de se mouvoir. Puis elle essaya de couper par la rue la plus proche… et se retrouva soudainement nez à nez avec son accusatrice de tantôt.

- Où allez-vous comme cela, princesse ?

Seulement vingt gardes. Ils avaient beau être entrainés, ils ne purent pas faire grand-chose contre l’alliance du Soru et du Shigan, laissant comme seule survivante l’héritière. Isolée, celle-ci révéla alors sa véritable personnalité, perdant son air inquiet et effarouché pour dévoiler un calme olympien devant son agresseur.

- Le CP9, je m’en doutais !

- Pas de chance, vous vous êtes attaqués au mauvais agent. conclut la brune tout en relâchant un torrent de petites flammes bleues qui vinrent rapidement « bloquer » l’issue donnant sur la grande place et la visibilité du combat par la même occaion. Vous ne pouvez plus reculer désormais.

- Qui a dit que j’allais reculer ? sourit alors machiavéliquement Bernadette tout en défouraillant une lame fine et longue attachée à sa ceinture qu’elle porta devant elle dans un pur style d’escrime à la rapière. Vous allez bientôt regretter d’avoir cru que je n’étais bonne qu’à jouer à la poupée comme toutes les petites princesses. On ne devient pas Leader de la révolution du jour au lendemain.

- Rien à foutre ! intervint ultimement l’agente, d’une politesse influencée par sa supérieure, tout en s’effaçant dans un Soru pour tenter de prendre son adversaire à revers…

…mais celui-ci semblait déjà avoir anticipé son mouvement et esquiva volontairement d’un cheveu l’attaque de l’index. Alors Browneye comprit que le combat serait long et fastidieux.

Car la princesse maîtrisait parfaitement le Haki de l’Observation.
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Si le premier coup fut esquivé de justesse, le second fut largement paré grâce à l’utilisation consciencieuse du Haki de l’Empathie au moment adéquat.

Annabella n’avait pas eu besoin de voir le visage de son opposant pour savoir de qui il s’agissait. Outre l’accent, elle se doutait que tôt ou tard elle devrait faire face à cette situation.

- Maintenant, hein ?

Elle ne pouvait pas se permettre d’ouvrir des négociations ou de faire preuve de diplomatie, simplement s’attrister de la coïncidence des événements. Par malheur, il avait fallu qu’elle dût faire face au frère de l’agent qu’elle avait été contrainte de sacrifier à Arcadia, ici, maintenant. Alors que l’ennemi était écrasé et que la situation tournait à leur avantage. Un gain de temps perdu, un véritable gâchis. C’était davantage cela qui lui vrillait les nerfs, à vrai dire.

- Shigan !

La voix de l’asiatique semblait meubler l’arrière-plan. Anna s’y attardait de temps à autre, espérant un revirement de situation, avant de se concentrer à nouveau sur son esquive, sur ses parades. Wang savait aussi se servir du Haki de l’Empathie… dans une moindre mesure. Cependant le duo des deux Hakis rendait la cheffe d’équipe quasiment invulnérable à ses multiples tentatives pour la mettre à terre. Une attaque qui aurait ainsi normalement dû la transpercer de part en part fut brutalement stoppée par une expansion soudaine du revêtement brun qu’elle pouvait de mieux en mieux contrôler.

Par chance, le combat n’eut pas à durer plus longtemps : surpris, l’agent Pong eut le malheur de laisser une ouverture à son adversaire après un long enchaînement de techniques d’art martial. Bientôt ce fut donc son bras gauche qui se retrouva immobilisé dans une poigne d’acier… avant d’être brutalement retourné pour obliger l’homme à se plier en deux. Dans une supplique, celui-ci mordit le sol, rouge de rage, immobilisé sous la croupe de son adversaire.

- ‘spèce de…

- Tu comptes nous faire perdre encore beaucoup de temps ? Car ton frère est mort, tu comptes prendre le risque de tous nous faire crever ? C’est comme cela qu’on t’a appris à raisonner ? le sermonna la blonde, les sourcils froncés et le visage placide au possible. Alors son regard se déplaça lentement vers son alter-ego, toujours sous sa forme hybride, contemplant avec un regard avide de sang et de brutalité le combat qui se déroulait devant ses yeux. La discipline fait partie des vertus qu’un chef d’équipe se doit d’enseigner à ses subalternes, tu ne crois pas Levi ?

- Aucun compte à t’rendre, Sweetsong.

- Bien sûr que non, tu préfères agir impulsivement et détruire l’héritage de Noxe. C’est ça ? Tu t’en fous bien, toi, du prix des sacrifices. C’est peut-être pas au CP9 qu’on devrait te mettre, mais en taule.

Grinçant des dents, le reptile laissa simplement apparaître une langue rappeuse avec laquelle il pourlécha nerveusement ses lèvres.

Après quelques secondes, le jumeau Pong cessa enfin de lutter et retomba lourdement sur le sol, blême. Il était grand temps de mettre un terme à toutes ces âneries et reprendre la mission en main. Anna se pencha alors jusqu’à l’oreille de son prisonnier pour venir lui chuchoter :

- Lorsque j’ai vu Chang, son destin était déjà scellé. Il s’était résolu depuis longtemps, le voile de la mort planait sur son visage. Mais lorsqu’il m’a reconnue… il a souri. Et c’est en souriant que ton frère est mort. Nous sommes une famille, alors ne nous oblige pas à perdre d’autres frères aujourd’hui. Je ne le tolérerai pas.

Pendant de longues secondes, l’homme conserva un regard inexpressif. Puis soudain une larme coula le long de sa joue pour laisser apparaître la tristesse masquée par la rage. Une faiblesse que l’espion cherchait probablement à masquer et qui menaçait désormais d’être percée à jour contre son gré. Raison pour laquelle Anna l’assomma donc sans préavis avant de finalement se redresser face à ses hommes.

Derrière les décombres de la route, des voix commençaient à se faire entendre : les révolutionnaires devaient probablement se réorganiser à l’heure qu’il était. Voyant que Jamâl conservait le silence et que personne ne semblait vouloir bouger, l’albinos haussa alors la voix :

- Qu’est-ce que vous attendez plantés comme des piquets, le déluge ?

- Et on est supposés aller où, selon toi ?

- N’importe où, mais pas ici. Les rues alentours sont totalement sous le contrôle de la révolution mais leur objectif est simplement de nous ralentir. Par chance, j’ai ouvert la voie pour nous éviter à avoir à escalader les immeubles et être à portée de tir.

Portant par réflexe sa main en visière au-dessus de ses yeux, la cheffe d’équipe chercha alors avec son Haki les tireurs d’élites prêts à faire feu à la moindre silhouette cherchant à passer par-delà les immeubles. Elle en avait déjà liquidés plusieurs en venant, mais elle était seule alors et le risque était trop grand désormais. Disséminés sur les toits, ceux-ci attendaient patiemment leur heure.

Sans laisser davantage de temps aux questions existentielles, la jeune femme ouvrit alors la marche vers la rue parallèle, désormais accessible grâce aux maisons mitoyennes écroulées sur elles-mêmes qui, jadis, bloquaient le chemin. Dans sa course, elle jeta un bref coup d’œil derrière elle et distingua les silhouettes sur ses talons avec, comme premier venu, Jamâl B. Levi.

Il ne leur restait plus qu’à rejoindre les autres désormais. Et retrouver les responsables de cet immense bordel. Qui devaient sûrement se trouver, loin, loin d’ici. A un endroit stratégique où les assaillants étaient en difficulté.

Et à cet instant précis, un escargophone se mit à sonner.

***

- Shigan.

Voilà plusieurs minutes que les deux jeunes femmes lutaient au coude à coude sans qu’aucune progression n’eut lieu d’un côté ou de l’autre. Multipliant les techniques de Rokushiki, Angelica s’était essoufflée en même temps que son adversaire, contraint à esquiver, parer et contre-attaquer inefficacement. Enchaînant offensive et défensive à des moments clés du combat, les deux combattantes faisaient preuve d’une adresse sans égal mais aussi d’une prise de risque quasiment nulle.

A mesure que le combat s’était intensifié et allongé, la fatigue avait gagné du terrain pour finalement rendre l’opportunité d’un coup unique porté au bon endroit et au bon moment comme étant un coup décisif. Désormais les deux jeunes femmes économisaient leurs forces en priant pour que chaque coup fût le dernier.

- Tu te défends pas mal, pour une princesse.

- Venant d’un rat de bibliothèque…

Ladite princesse tenta une nouvelle estoque avec sa rapière mais échoua. La contre-attaque qui suivit résultat de la même manière.

- Il va falloir que cela s’arrête à un moment.

- Lorsque je t’aurai pourfendue de part en part, probablement. grogna la dirigeante tout en esquivant une nouvelle offensive.

L’agente avait eu beau s’entraîner toute sa vie pour ce genre de duels et avoir lu un grand nombre de livres sur l’escrime et la lutte, elle n’en demeurait pas moins dépassée par l’utilisation intensive du Mantra de son adversaire. Il n’y avait décidément aucun moyen pour elle de l’atteindre sans se faire transpercer.

Et puis elle eut finalement le déclic.

Alors que l’autre souriait bêtement suite à sa dernière réplique, Angelica tenta une attaque qui, elle en était sûre, mettrait son adversaire dans une position défavorable. Si l’Empathie permettait effectivement de voir le futur proche, elle ne prenait pas en compte un facteur clé : la résignation.

Ce fut chose faite lorsque la stratège en herbe se déplaça brusquement en direction de l’arme de son adversaire et s’y empala volontairement, provoquant chez l’autre une lueur d’incompréhension dans le regard. Et puis elle comprit. La lame avait évité de peu un organe vital, mais ne constituait plus un bouclier suffisant pour éloigner Angelica. Le temps de relâcher la pression sur le pommeau et d’éviter une attaque prévue au dernier moment, la princesse ne put esquiver le crochet du droit porté au niveau de son thorax. Une attaque que la soupirante tenait de sa supérieure.

- Jugon !

Déchirant un peu plus sa plaie sous l’effort, la brunette continua son mouvement malgré tout, écrasant davantage son ennemie violemment contorsionnée par la puissance de l'attaque. Propulsée contre un mur, la princesse dévoila alors une gerbe de sang à la commissure de sa bouche qui ne tarda pas à constituer un long filet dégoulinant sur son menton.

Écroulée sur le sol, Bernadette Girac tenait toujours entre ses mains la moitié de sa rapière, tandis que l’autre extrémité gisait entre les doigts écorchés de l’agente qui venait juste de la retirer de son flanc. Gémissante, Angelica s’approcha alors lentement du corps inconscient de son adversaire pour finalement pointer la lame sur son sternum.

- Finissons-en… grogna-t-elle donc tout en armant son bras, prête à pourfendre sa victime.

Quand soudain surgit une ombre grise, incroyablement rapide, passée au travers du mur de feux follets, qui percuta violemment l’assassine et l’envoya à son tour rejoindre les pavés. Le regard trouble, la littéraire mit plusieurs secondes avant de se redresser pour voir son agresseur.

Penché au-dessus de sa protégée, l’homme en armure semblait alors s’assurer de la présence de son pouls. Moyennement rassuré, celui-ci bifurqua alors son regard vers la meurtrière qui le dévisageait désormais. Son apparence trahissait son identité et provoqua des sueurs froides chez la jeune Browneye : pour cause, il s’agissait de Paul St. Gregoire, le chef des Dissidents et le frère présumé de la princesse.

- Vous êtes morts.

A ces mots, un second corps apparut à travers le mur de flammes, fragilisé par l’état de sa créatrice, qui ne tarda pas à disparaître. Il s’agissait d’Edouard. Bien que difficilement reconnaissable, celui-ci respirait encore et ponctuait le silence de petits râles de douleur.

Puis bientôt apparurent plusieurs dizaines… plusieurs centaines d’hommes qui dessinèrent un périmètre autour des deux agents du Cipher Pol, braquant sur eux leurs armes à feu, attendant le signal de leur commandant pour tirer. Il ouvrit alors la bouche.

Et fut interrompu presque aussitôt par une lame d’air d’une puissance incroyable libérée depuis le ciel qui rompit la formation des Dissidents et en envoya une dizaine au tapis. Alors tous les regards se braquèrent vers les toitures. Seulement pour voir apparaître une dizaine d’hommes et de femmes, alignés derrière leur chef.

C'était celui que tout le monde appelait « le Couard » à cause de son humanité transcendante et le seul qu’Annabella acceptait véritablement d’écouter.

Le valeureux James Larson.
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Le soleil disparaissait progressivement à l’horizon, faisant apparaître dans le prisme de ses rayons d’étranges lueurs boréales inhabituelles. La fumée s’élevait toujours en plus grande quantité, produisant des arcs-en-ciel ternes et tristes.

La Marine perdait.

C’était désormais certain pour le Contre-Amiral et ses hommes, ainsi que leurs alliés. Au cœur de la bataille, les révolutionnaires avaient progressivement reculé pour amener l’assaillant au bord de la Saigne et le prendre à revers. Acculés contre le fleuve, les soldats se faisaient désormais abattre par des tireurs embusqués sur l’autre rive, obligés de lutter sur deux flancs et en bien mauvaise posture.

- Commodore, vous avez pu envoyer un signal de détresse aux agents du CP9 ? demanda le Titan tout en sabrant aux côtés de ses hommes, repoussé dans ses derniers retranchements.

- Non mon Amiral ! Les communications semblent brouillées. J’espère qu’ils comprendront…

- J’espère aussi, je pense que nous allons devoir faire un baroud d’honneur si ça continue. Il est hors de question que je meurs d’une balle dans le dos.

- Attendons encore un peu, la situation n’est pas encore catastrophique…

Mais au moment même où l’officier finit sa phrase, le visage de son supérieur se paralysa.

Ce-dernier venait de remarquer la présence d’un homme dans la multitude de tuniques grises, d’un général révolutionnaire. Il ne les avait pas honorés de sa présence jusqu’ici mais venait tout simplement de se découvrir. La cible du CP9, l’homme à abattre, Jonas Mandrake. Serrant les dents, Eko brandit alors son sabre avec davantage de fermeté et, d’un regard entendu avec son subalterne, balança violemment son arme de gauche à droite pour créer des lames d’air assez conséquentes pour balayer l’ennemi et se frayer un chemin jusqu’à son adversaire.

L’homme à la peau grise l’acueilla alors d’un sourire terrifiant. Puis il porta sa main droite à sa ceinture pour défourailler son épée et se mettre en posture adéquate.

A partir de ce moment, le destin du Contre-Amiral Eko, surnommé « Le Titan » en raison de sa force prodigieuse et de sa carrière fantastique, fut définitivement scellé.

***

Tiraillée par la douleur, Angelica rampa difficilement jusqu’à un mur pour s’occuper de ses blessures. Dans son état, elle ne pouvait être d’aucune aide pour le chef d’équipe et ses adjudants qui repoussaient le groupe de Dissidents venus sauver la princesse. Après plusieurs minutes passées à contempler le combat, elle venait soudainement de se rappeler que son adversaire de tantôt était encore envie… et que celle-ci avait prestement disparu peu après l’arrivée de son prince charmant. La brune se maudissait désormais de ne pas avoir agi avec plus de célérité quand le moment y était opportun : elle avait lamentablement failli à sa mission.

L’homme en armure tenait désormais tête au Couard, faisant preuve d’une force hors du commun et d’un Haki de l’Armement incroyablement maîtrisé, meilleur encore que celui d’Annabella. A tel point que les plaques de fer grises recouvrant le corps du bonhomme devenaient des armes pratiquement insurmontables lorsqu’il les enduisait de sa Couleur.

En parallèle, Larson était lui aussi un combattant redoutable et véloce. A plusieurs reprises son Rokushiki avait manqué de percer l’armure de son opposant avant de se heurter au Haki. Haki contre Haki, les attaques provoquaient bien souvent des ondes de choc sensationnelles qui venaient secouer la tignasse ébouriffée du petit brin de jeune femme.

Bandée de partout, elle pouvait désormais à peine marcher pour rejoindre son compagnon et analyser son état, en priant de ne pas être percutée par une lame d’air en chemin. Elle finit toutefois par l’atteindre et le traîner contre la façade d’un immeuble de la rue qui était désormais devenue un incroyable champ de bataille. Edouard avait visiblement écopé d’un grand nombre de contusions et d’entailles en retenant les hommes de St. Gregoire. Comme convenu, il avait fait son travail en créant une diversion le temps que la jeune femme fît sa besogne. Sa respiration était maintenant saccadée en raison du grand nombre de coups qu’il avait visiblement réceptionné au niveau du torse, mais ses jours n’étaient toutefois pas en danger. Continuant de veiller sur leur état de santé à tous les deux et à recouvrir des forces, Angelica s’attarda à nouveau sur le duel entre le Dissident et le chef d’équipe.

A présent Larson semblait avoir l’ascendant du fait d’un coup soigneusement porté au niveau de l’omoplate gauche de son adversaire, venant le gêner dans ses mouvements à cause de la cabosse créée sur le métal de l’armure. Encore plus lent qu’avant, l’homme peinait définitivement à suivre la vitesse du vieil homme et ne faisait plus que parer et contrer les assauts de ce-dernier. Puis il y eut un revirement de situation brutale lorsque, au retour d’une tentative d’uppercut de la part du CP9, celui-ci écopa d’un coup de poing ravageur au niveau de la tempe.

Balayé sur plusieurs pieds puis encastré dans un mur de brique, le Couard eut alors du mal à se rétablir et laissa une opportunité colossale au jeune homme de lui administrer un enchaînement de coups au niveau de l’abdomen. Jusqu’à ce qu’une paume noirâtre ne vint bloquer une énième attaque et tordre le bras du révolutionnaire, uniquement protégé par le Haki de l’armement jusqu’au coude.

La torsion du métal créa alors un crissement strident avant que la chair et l’os de l’assaillant ne fussent broyés dans un hurlement de douleur et que le bras ne retombât mollement le long du corps du Dissident, signant sa défaite et son arrêt de mort. Incapable de se concentrer, tiraillé par la souffrance de son membre écrasé et de ses nerfs déchirés, St. Gregoire ne put parer la triple-perforation thoracique qui suivit, venant bientôt faire couler un liquide rougeâtre hors des trous percés dans l’armure au niveau du cœur. Immobile pendant de longues secondes, le regard trouble, le chevalier tenta malgré tout d’avancer en direction du chef d’équipe, le bras gauche levé, menaçant, dans un dernier espoir. Puis se stoppa net sur son parcours, avant de chuter définitivement sur le côté, raide mort. Les révolutionnaires encore en vie décidèrent alors de fuir suite à la défaite de leur supérieur.

Au même moment, un soldat de la Marine à bout de souffle apparut à l’angle de la rue, traversa la foule de badauds qui s’étaient déplacés pour être spectateurs des affrontements et délivra un mot à une jeune agente blonde en costume rouge qui le transmit automatiquement au vainqueur du combat.

Sévèrement mutilé par les nombreux coups reçus dans le ventre, James Larson ne put camoufler totalement la douleur sur son visage lorsqu’il s’avança finalement en direction d’Angelica avant de lui tendre le message et un escargophone de poche d’apparence peu commune. D’après les connaissances poussées de l’agente, il s’agissait d’un dendenmushi noir réputé intraçable et dont les signaux ne pouvaient pas être brouillés.

Le courrier, lui, renseignait de la situation de la Marine, encerclée par l’ennemi aux abords du fleuve et était signé de la main du Commodore. Il mentionnait notamment la présence de Jonas Mandrake et les conséquences de son combat contre le Contre-Amiral : ce-dernier avait perdu la vie en essayant de repousser le seigneur de guerre.

Alors, le souffle court, le vieillard finit par révéler ses desseins à grande peine :

- Appelle… Sweetsong…

***

Le lion était finalement sorti de sa tanière pour apparaître au grand jour et, bien évidemment, avait choisi de le faire au moment le plus opportun. Une telle stratégie aurait pu être prévue et contrée si les agents avaient eu, de leur côté, un esprit aussi intelligent et malin que celui de Mandrake. Raccrochant l’escargophone, l’agente n’avait pas tardé à mettre son escouade au courant et quasiment occasionner un filet de bave à Levi. Il ne faisait aucun doute que ce-dernier allait essayer de se frotter au général révolutionnaire s’il en avait l’occasion, même si l’annonce de la mort du Contre-Amiral avait légèrement refroidi ses ardeurs.

Ce n’était pas n’importe quel blanc-bec qui pouvait avoir la peau du favori de Freeman.

Esquivant donc les nombreux pièges et les traquenards tendus par les forces révolutionnaires en train de se replier, elles aussi, vers la bataille principale à l’ouest du centre-ville, Annabella redoubla d’efforts dans sa destruction massive et instantanée d’habitations, créant une rue là où auparavant se dressaient des bâtiments. Dans ce genre de situation les pouvoirs du fruit des séismes pouvaient effectivement s’avérer pratiques même si une bonne partie des agents entourant la jeune femme pouvait provoquer des dégâts similaires en un peu plus de temps donné. Bien évidemment, les destructions apportaient avec elles leur quota de civils disparus, mais la situation était désormais urgente et il n’était plus possible de faire du cas par cas.

Dix minutes après leur départ près de la porte sud, le petit groupe était finalement arrivé non-loin du centre-ville où régnait une profonde agitation. Nombre de civils qui n’avaient pas encore quitté la ville s’étaient visiblement regroupés pour prendre les armes contre la princesse qui les avait menés en bateau. D’aucuns scandaient sa responsabilité dans les attentats, à croire que le plan avait fonctionné comme prévu malgré la survie de la jeune femme et sa disparition.

Finalement, le GM n’avait donc pas trouvé que des opposants puisque des défenseurs de la paix mondiale avaient fini par se dresser pour mener les citadins volontaires jusqu’à la bataille. Bien évidemment, ceux-ci ne firent pas de cas de la présence du CP9 dont les agents, vêtus en civil, traversèrent la foule sans difficulté aucune.

Du moins jusqu’à ce qu’une main accrochât l’épaule de l’albinos pour la forcer à se retourner. Alors son cœur sembla soudainement sombrer au fond de sa poitrine en découvrant le regard à la fois inquiet et noyé dans l’incompréhension de celui avec qui elle partageait encore sa couche il y avait quelques semaines.

Devant elle se tenait le Leader de la Vox Dystopia, ou de ce qu’il en restait. Ce fut alors qu’elle remarqua, infiltrés eux-aussi parmi les manifestants, d’autres révolutionnaires sans uniformes mais bel et bien équipés d’armes à feu et de sabres. Reconnaissables à leurs intentions meurtrières, les dizaines d’hommes n’étaient probablement pas là pour simplement calmer la foule, mais probablement la disperser en faisant usage de la violence. Dans le meilleur des cas

Le clivage était désormais plus marqué que jamais tandis que Parissois luttaient contre Parissois simplement à cause d’idéaux différents.

Et puis soudain un premier coup de feu retentit. Bientôt suivi d’une centaine d’autres, provoquant un capharnaüm instantané et une débandade complète parmi les opposants à la révolution. Certains fuirent, d’autres ripostèrent, mais une curieuse bulle semblait englober les deux personnages qui se dévisageaient désormais. Et Richards qui ne comprenait toujours pas eut soudain un déclic, tandis que ses yeux s’inondèrent d’une profonde tristesse.

- Tu es l’une d’entre eux…

- Je suis désolée Jim. conclut l’agente tout en se débarrassant de l’emprise du Leader pour sortir l’une de ses lames et tenter de le poignarder. Trop tard.

L’homme avait déjà reculé et était désormais hors de portée, braquant sur la blonde une arme à feu chargée et prête à tirer. La balle aurait fait mouche si la seconde d’après elle n’était pas venue s’écraser contre une peau faite d’écailles aussi dures que l’acier.

- Fait chier pour Mandrake. T’as intérêt de pas l’rater, Sweetsong.

Tétanisée, la cheffe d’équipe semblait comme perdue dans ses pensées et mit un long moment à percuter les raisons des paroles prononcées par son collègue. Celui-ci riposta alors suite à l’attaque pour obliger le révolutionnaire désormais fou de rage et de chagrin à reculer.

- T’attends quoi, le déluge !? File, on te rejoint dès qu’on en aura fini ici. Tu seras plus utile là-bas… avec tes pouvoirs.

Elle avait du mal à y croire. Levi, qu’elle croyait incapable d’œuvrer dans l’intérêt de la mission, lui proposait désormais de couvrir ses arrières pour lui permettre d’atteindre le général ennemi. Finalement tirée de sa catharsis, Anna jeta un dernier regard à celui qui lui vouait une haine sans pareille avant de filer à l’anglaise dans un Soru d’une rapidité inégalable.

Et qui grâce à sa vitesse effaça presque instantanément les larmes qui s’échappaient de ses yeux.

Cinq minutes plus tard, la cheffe d’équipe se tenait devant le front ennemi qui réduisait quasiment à néant les forces de la Marine en face, diminuées à plus d’une centaine de soldats désormais. Ce fût à ce moment-là que la ville commença à être victime d’un séisme de magnitude neuf sur l’échelle de Newgate ; l’un des plus forts enregistrés dans le Nouveau Monde depuis des décennies.

Depuis la disparition de l’empereur pirate Barbe Blanche, pour être plus précis.

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Comme de juste, avec la mort du contre-amiral les marines étaient en déroute. Acculés contre la Saigne par l'armée révolutionnaire, canardés par les snipers positionnés de l'autre côté du fleuve, les renforts du GM arrivaient au bout du chemin. Ajoutant à leur désespoir, Mandrake était en première ligne pour en finir avec eux, ignorant les légères blessures qu'il avait récolté dans son combat contre le Titan. Rien de grave, tout au plus une côte cassée par ce mastar de l'amirauté. Le Libérateur n'avait même pas saigné, et il ignorait la douleur en découpant les soldats en déroute qui se mettaient à fuir dès qu'ils le voyaient.

 - Allez les gars ! s'écria-t-il en se retournant vers ses hommes. Il faut en finir avec ces chiens du gouvernement, on a des alliés à soutenir !

D'ordinaire les mots d'encouragements et autres formes de mièvreries de cet acabit n'étaient pas la tasse de thé du général. Au milieu du front cependant il faisait une exception, après tout le moral était une arme de guerre comme une autre, et considérant les nombreuses batailles qui allaient suivre, il était nécessaire de galvaniser ses troupes. Les marines ne tiendraient pas beaucoup plus longtemps à présent, et cette victoire les garderait motiver pour prendre le contrôle de l'île. Ou du moins c'était son principal souci du moment.

Soudain le monde sembla exploser. Un bruit de craquement assourdissant raisonna dans l'air, et une fraction de seconde plus tard la terre fut traversée d'une puissante secousse. Le sol trembla et se déchira avec une horrible brutalité, et c'est dans un tonnerre de hurlements que l'enfer se déchaîna sur le front. Parisse n'avait jamais été construite dans l'optique de résister à des séismes, et elle en paya durement le prix. Aux quatre coins de la ville des bâtiments s'écroulèrent sous leur propre poids, et ceux qui par miracle parvinrent à résister aux secousses n'en ressortirent pas indemne. Des milliers de vitres explosèrent tandis que les vociférations du métal tordu raisonnaient à travers la cité, déchirant les tympans des combattants. Les bouches d'égout sautaient de leur socle alors que les canalisations du quartier rendaient l'âme. De tous les côtés, les tuyauteries et machineries qui faisaient la fierté des parissois se déchirèrent, explosant dans des jets de vapeur qui ajoutèrent encore au capharnaüm ambiant.

Au milieu de ce désastre, Mandrake tint son équilibre et résista aux secousses. Un air horrifié sur le visage, il observa la Saigne sortir de son lit et se répandre sur le champ de bataille. Aussi bien les forces de la Marine en déroute que les snipers révolutionnaires les canardant depuis l'autre rive, tout ce qui se trouvait sur les quais du fleuve fût emporté par l'eau. Avec une vitesse terrifiante, le torrent fit rapidement cas de la centaine de marines qui jusque-là résistait encore aux révolutionnaires, et s'approcha dangereusement des forces de l'Atout. En une fraction de seconde, ce dernier dégaina son sabre et projeta son haki de l'Armement sur la lame. Trop vite pour que ce soit visible à l’œil nu, Mandrake trancha par quatre fois le sol en face de lui, traçant une ligne horizontale sur le chemin de la déferlante. Son attaque déchiqueta les pavés et laboura profondément le terrain, creusant un large sillon sur plus d'une centaine de mètres. Emportant avec elle les dépouilles des marines, la Saigne vint se fracasser dans le canal improvisé qu'avait créé le Libérateur.

Reculant de trois pas en observant le résultat de sa besogne, il évita quelques éclaboussures et grimaça devant l'amas de corps noyés qui eut tôt fait de remplir la tranchée. Dégoûté, le fier révolutionnaire se retourna vers ses hommes, et ne put que constater l'étendue des dégâts. Son cœur marqua un battement, ses poumons se vidèrent de leur air, et il maudit le GM qui était assurément responsable de ce désastre.

Parisse n'a jamais été sujette à des séismes, qu'est-ce que c'est ces conneries ? s'indigna Mandrake. Ils ont inventé une nouvelle arme, un générateur de séisme ?

Si ses soldats avaient échappé à la vague déferlante, ils avaient en revanche subi le séisme de plein fouet. Entre les bâtiments qui s'étaient écroulés sur eux, les jets de vapeur brûlants qui quadrillaient à présent le terrain, et les immenses lézardes dans le sol, énormément de partisan de la Cause avaient perdu la vie, en une fraction de seconde. Entourés qu'ils étaient par les habitations, peu d'entre eux étaient ressortis indemne de cette hécatombe. Résultat direct de la violence de cette catastrophe, les nombreux blessés que déploraient les révolutionnaires étaient hors combat pour la plupart. Aucun ne se relèverait dans un futur proche, et il y avait de grande chance qu'ils n'y parviennent plus jamais, mutilés à vies par des brûlures ou des éboulements. Entre les marines du contre-amiral défunt, morts emportés par la Saigne, les révolutionnaires surpris à l'épicentre du séisme, et les nombreux civils aux quatre coins de la ville, le bilan en vie humaine de cette secousse était catastrophique, et ce pour tous les camps.

 - Bande de montres, grogna l'Atout en cherchant ses officiers du regard.

Tout avait été calculé pour que cette opération se passe en douceur, sans problème et avec le moins de pertes possible. Initialement tout s'était bien passé, et puis les attentats étaient arrivés. En quelques jours, tous les espoirs des révolutionnaires de faire un putsch pacifique avaient volé en éclat. Une partie de la population s'était retournée contre eux, croyant qu'ils étaient à l'origine des explosions, et naturellement cette rumeur s'était répandue comme une traînée de poudre, trop rapidement pour qu'ils puissent plaider leur cause. Amère, Mandrake redoubla de haine à l'encontre des services secrets ennemis. Ce genre d'opérations de sabotage, de calomnie et de disruption était la marque du Cipher Pol, l'organisme le plus abject du Gouvernement Mondial. Ils avaient préféré mettre le pays à feu et à sang que le livrer aux révolutionnaires.

 - Affectez une partie de nos hommes valides aux traitements des blessés, ordonna-t-il à un Cavalier, et envoyez le reste au combat.

L'homme acquiesça et partit suivre les ordres de la légende révolutionnaire qui les guidait. Au fur et à mesure des secondes, de plus en plus d'officiers se regroupaient autour de Mandrake, attendant la suite du programme.

 - La Cours des Milles Arcs s'est prise un palais sur le museau, rappela l'un d'eux après quelques secondes. Où est-ce qu'on est censé envoyer nos blessés ?

 - Contactez nos alliés, répondit immédiatement le Libérateur. Malgré la mort de PSG ils continueront à nous soutenir, demandez un abri. Où en est le front ?

 - La Marine est décimée, l'informa un autre Cavalier, mais on reçoit toujours des rapports d'attaques d'agents du Cipher Pol. Jim est justement en train de combattre un... un homme-lézard ? Et il y a toujours des groupuscules de civils qui nous empêchent de prendre le contrôle de la ville.

 - Monsieur McDonald, appela le membre du Conseil du DRAGON, allez-prêtez main-forte à Jimmy, ordonna-t-il quand l'intéressé se fut manifesté.

Hochant la tête, l'un des Cavaliers quitta le rang et emporta plusieurs hommes avec lui, en direction de l'As de la Révolution occupé à combattre les CPs tant haïs.

 - Sécurisez toutes les allées, continua ensuite Mandrake. Nous avons déjà une moitié de Parisse sous notre contrôle, empêchez l'ennemi de percer nos lignes, et saisissez-vous de la ville.

Avant que ses hommes ne puissent acquiescer, un éclair blanc sembla soudain foudroyer une demi-douzaine d'entre eux. Trop vite pour qu'ils puissent réagir, les Cavaliers de la Révolution se firent transpercer le crâne et moururent instantanément sous les assauts d'un nouvel arrivant. Si l'Atout n'avait pas été là pour jouer du sabre et couper court à cette attaque, ils auraient assurément tous perdu la vie.

Évitant de justesse de perdre un œil face à ce mystérieux  - et terriblement létal - assaillant, le Libérateur parvint à l'éjecter en arrière, et à se dresser entre lui et ses hommes. Surpris, il découvrit une femme à l'étrange chevelure blanche et aux yeux rouges. Ayant reconnu le Shigan du Cihpher Pol, Mandrake foudroya la guerrière du regard.

 - Je vous couvre messieurs, lâcha-t-il en recouvrant sa lame de haki. Saisissez la ville, répéta-t-il une dernière fois, et prenez garde à la réplique, c'est un ordre.

Il avait enfin devant ses yeux l'un des responsables de cette boucherie, de ce gâchis monumental de potentiel et de vie. Le seigneur de guerre en fit le serment : elle ne repartirait pas d'ici en vie.


Hasta la victoria siempre.
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Lentement, ses doigts se desserrèrent pour cesser de comprimer le vide tandis que les étranges fissures bleues qui couraient autour des phalanges de l’agente disparaissaient mystérieusement. Ramenant son poing, jadis brandi au-dessus de sa tête, au niveau de sa poitrine, la jeune femme constata alors le cataclysme qu’elle venait de déclencher et la pagaille qui en résultait à présent.

La ville était littéralement sens dessus dessous.

Du haut de son perchoir, à savoir les ruines du bâtiment sur lequel elle se tenait plus tôt, elle pouvait aisément discerner les immeubles détruits et les habitations renversées. Même la Saigne avait quitté son lit pour venir violemment inonder les quais. Dans l’œil du cyclone, Annabella n’avait quasiment rien ressenti des effets violents du séisme qui venait de frapper Parisse et se sentait désormais étrangère à ce nouveau paysage qui semblait s’être animé en un simple battement de paupière.

Elle n’en avait rien vu, du massacre et de la destruction, des secondes où la terre elle-même semblait avoir pris vie pour abattre son implacable courroux. Ses yeux s’étaient fermés, automatiquement. Mais ceux de ses victimes étaient restés bel et bien ouverts. Parmi eux, quelques-uns auraient pu jurer avoir distingué une silhouette à l’hypocentre de la secousse. Ils l’auraient fait, s’ils n’avaient pas été balayés par l’onde sismique au même moment.

Par malheur, la Marine avait elle aussi pâti de l’attaque. Beaucoup d’hommes s’étaient vu emportés par le fleuve, noyés dans un enchaînement de lames de fonds et écrasés par la pression hydraulique. Piégés en même temps que leurs ennemis, les soldats en trop petit nombre avaient constitué un énième sacrifice dans l’intérêt de la mission. Un espoir demeurait pourtant, pour les plus résistants d’entre eux : l’étendue de l’Empathie de l’albinos lui permettait de remarquer la présence de survivants échoués sur la rive opposée, potentiellement adversaires comme alliés. Bien que légèrement rassurée à cette idée, Annabella conservait le regard braqué vers l’élément central de sa mission.

De tous, c’étaient les civils qui avaient le plus souffert, sans qu’elle eut pour autant une once de considération à leur égard. Depuis le début, le peuple Parissois n’était qu’un dommage collatéral dans l’opposition à la révolution… sinon des marionnettes faciles à manipuler.

Très peu d’hommes étaient parvenus à rester debout durant l’attaque. Encore moins parmi ceux-ci n’avaient pas bougé d’un pouce. Parmi eux se trouvait, au centre de la mer de blessés qui cahotait encore à cause des multiples répliques, un homme reconnaissable entre mille. Un homme à la peau d’acier et au regard enflammé, dont l’aura dégageait un désir de meurtre exacerbée. Son véritable ennemi juré, sa cible.

- Pas d’échappatoire cette fois-ci… murmura la jeune femme, davantage pour elle-même que pour son adversaire qui semblait chercher du regard l’origine du chaos soudain.

Alors elle s’élança instantanément dans les airs, provoquant dans sa lancée une nouvelle onde de choc liée à l’utilisation du Jishin Kenpou. Telle une ombre à la crinière blanche, l’agente termina sa course dans les rangs ennemis pour les poignards, les cisailler et les perforer tour à tour. Un par un, dix par dix, tous ceux ayant eu le malheur de se trouver entre Mandrake et elle se virent instantanément exécutés, la plupart du temps sans avoir le temps de parer, esquiver ou riposter. Certains s’avérèrent assez fort pour résister aux assauts fulgurants de l’agente, mais ils étaient rares. Lames dégainées, tournoyant sur elle-même, la blonde s’agitait furieusement dans la masse telle la main de la Faucheuse en action.

Exécutant les survivants, achevant les blessés, elle ne cessa d’avancer qu’au moment où elle fut interrompue par une contre-attaque brutale au niveau du thorax qui vint lui couper le souffle et l’expédier à plusieurs toises de sa position. Haletante, elle releva la tête dans un demi-sourire pour apprécier la présence de l’homme à la peau sombre.

D’un simple coup de fourreau renforcé par l’Armement, ce-dernier l’avait repoussée sans feindre le moindre effort ; heureusement, elle avait aussi eu le réflexe d’esquiver la lame prestement défouraillée qui avait manqué de lui emporter l’œil gauche de peu.

Le regard dissimulé dans l’ombre de ses épais cheveux rouges, le révolutionnaire se rapprocha alors d’Anna pour tonner d’une voix grave et déchirée par la haine :

- Peu importe comment, je sais que tu es là responsable de tout ceci.

Aussitôt, plusieurs rangées de canons vinrent se dresser pour encercler l’assassine. Au vu des mouvements alentours, l’Atout avait donné l’ordre à ses hommes de vider l’endroit mais quelques irréductibles persistaient à rester. Certains tremblaient de peur, d’autres de fureur mais tous étaient régis par leurs émotions ; beaucoup avaient du mal à conserver le doigt sur la détente sans la presser et l’agente le sentit. D’un regard circulaire, elle jaugea le groupement d’hommes toujours plus nombreux autour d’elle, toujours plus à cran. Toujours plus à deux doigts d’appuyer et…

- Bouh.

...les provoqua pour aussitôt provoquer une avalanche de tirs de fusils.

Au bout d’une minute la canonnade cessa, permettant à la fumée de se dissiper lentement pour dévoiler la silhouette intacte de l’agente. Tandis que tout autour d’elle des corps commençaient à chuter, heurtés par les projectiles tirés par leurs propres frères. Excédé, l’Atout défourailla un wakizashi de qualité honorable, sans fioriture, pour mieux faire comprendre à ses hommes que c’était entre l’albinos et lui seul.

- Idiots ! Vous pensez vraiment qu’elle se serait présentée de la sorte si les balles avaient une chance de l’atteindre ? Le mantra… commença le Dragon avant de retourner sa lame pour la lancer à une vitesse improbable vers le visage de son adversaire, seulement pour voir celle-ci l’esquiver au cheveu près. …est plus efficace que n’importe quelle armure.

La leçon semblait amère. Même dans le Nouveau Monde le Haki demeurait une compétence uniquement accessible aux véritables combattants, loin d’être à la portée de n’importe quel troufion. Les vulgaires soldats restaient les mêmes, que ce fût de ce côté-là de Red Line ou de l’autre. Anna, elle, ne prêtait attention qu’à l’élite, dédaignant les moucherons qui continuaient à la menacer avec leurs mousquets.

Et l’élite, à cet exact moment, n’était nul autre que Jonas Mandrake, qui déjà portait une main vers le fourreau de son katana pour en sortir une seconde lame qu’il pointa face à lui en signe de défi.

- Quand j’en aurai fini avec toi, je te ferai connaître la douleur que tu as infligée à ce pays et à ses habitants.

La jeune femme esquissa un bref sourire en retour avant d’afficher une mine des plus sérieuses, poignards portés au niveau de sa poitrine dans une position semi-offensive. La tension entre les deux belligérants culmina pendant de longues secondes durant lesquelles les rebelles retinrent leur souffle… jusqu’à ce que l’assaut fût donné.

D’un bond, l’albinos s’était précipitée vers son adversaire, profitant de son incalculable vitesse pour aussitôt le harceler de coups de tous les côtés. Assez rapide pour créer des images résiduelles à chaque attaque, elle se confronta toutefois rapidement à l’armure naturelle du seigneur de guerre : les rares coups qu’elle parvint à porter sur la peau sombre furent docilement renvoyés grâce à la présence du Durcissement sur tout le corps de l’ennemi.

Il était désormais évident que l’usage de dagues simples ou même du Rokushiki ne serait pas suffisant pour provoquer le moindre heurt à l’Atout. Grâce à ses précédents entraînement, l’agente était parvenue à maîtriser en grande partie son Haki de l’Armement elle aussi et ne tarda pas à enduire ses lames de l’étrange couleur symptomatique du fluide. Pris de cours, Mandrake parvint alors de justesse à parer une énième attaque visant son épaule droite laissée à découvert et repoussa brutalement la jeune femme qui termina sa course parmi ses hommes de main, spectateurs jusque-là.

Ceux-ci n’attendirent pas leur tour pour agir : certains se saisirent de l’agente, d’autres cherchèrent à la transpercer avec leurs sabres et leurs baïonnettes. S’en résulta une vingtaine de morts transpercés par un terrible enchaînement de Shigan.

- Restez en-dehors de cela, c’est un ordre !

Dans l’hypothèse où la première consigne n’avait pas été entendue de tous, celle-ci fut prononcée avec tellement de vigueur et de force qu’Annabella eut l’impression d’entendre ses oreilles siffler. Bientôt, les derniers hommes qui s’étaient résolus à rester auprès de leur supérieur quittèrent les ruines alentours pour vaquer à d’autres occupations.

- Je n’irais pas trop loin, si j’étais eux… sourit sardoniquement la jeune femme, devinant la présence de ses coéquipiers non loin.

Aussitôt, une détonation retentit dans l’avenue adjacente.

Le groupe de Larson venait de rejoindre la bataille où désormais les révolutionnaires, désorganisés et désarçonnés, n’étaient plus en position de force.

- La roue a tourné et tes petits protégés meurent désormais. Ecoute les cris qui précèdent leurs trépas, ça sera bientôt ton tour « Libérateur ».

Les mâchoires serrées, l’homme à la peau grise resserra davantage l’étreinte de ses doigts sur la poignée de son sabre, amenant ce-dernier à prendre la même teinte obscure que celle qui envahissait désormais une bonne partie de son corps.

Et cette fois-ci, ce fut lui qui s’élança férocement vers l’agente.

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Le bruit d'une sulfateuse déchirant soudain l'air dans l'avenue adjacente, un mince sourire traversa la figure impassible de Mandrake. Au pas de course, ce dernier intensifia un peu plus le haki parcourant ses lames, qui furent soudain entourée d'étranges volutes d'énergie sombre aux reflets violets. Manifestement, menés par les Cavaliers et les Valets de la Révolution, les soldats de sa fière armée n'avaient pas dis leurs derniers mots.

Ayant pleine confiance en ses hommes, il se jeta à corps perdu contre la tueuse, qui arrêta ses coups de sabre en interposant ses dagues. Démarrant lentement, l'Atout effectua quelques modestes passe-d'armes, testant les défense de son adversaire sans trop de convictions. L'agente contra admirablement tous ses assauts, anticipant ses feintes et parvenant même à le mettre sur la défensive à une ou deux reprises. Son sourire laissant doucement place à une mine déterminée, le Libérateur passa à la vitesse supérieure. Il était temps de donner à son adversaire un aperçu de ce qui faisait de lui l'un des meilleurs guerriers de la Révolution, ainsi que du monde. Un éclair de confusion traversa le regard de son adversaire quand elle décela le subtil changement dans le rythme des attaques de l'Atout. Au fur et à mesure de leurs échanges, sa cadence ne cessait d'augmenter, tant et si bien qu'au bout d'une minute de combat acharné, l'agente fut forcée de reculer.

S'étant mise hors de portée de quelques pas en arrière, l'albinos eut tout le loisir d'observer le curieux manège auquel se livrait Mandrake. Dès lors qu'elle avait battu en retraite, l'homme avait immédiatement oublié toute idée de passe d'arme ou d'échange à l'épée, et se contentait maintenant d'envoyer des coups dans le vide à une vitesse toujours plus élevée. Peu à peu, ses bras semblèrent disparaître et laissèrent place à une brume désordonnée d'acier et d'aura violacée. Trop vite pour que ses mouvements soient visibles à l’œil nu, il attaquait dans tous les angles ou directions possibles et imaginables, sans se soucier de savoir s'il touchait ou non son adversaire. Les membres resserrés près du corps, il enchaînait des frappes aussi brèves qu'effrénées, tranchant à la vitesse du son tout ce qui se trouvait à un mètre en face de lui. Ceci fait, il se mit soudain à marcher en direction de sa proie.

Pensant initialement être capable d'encaisser la cadence de l'Atout, l'agente eut droit à un brusque retour à la réalité en se faisant happer dans le rayon d'action de son adversaire. Ce dernier attaquait soudain à un rythme purement insoutenable, et le haki de l'Observation de la tueuse ne l'aidait en rien à prévoir les trajectoires de la déflagration ininterrompue qui était sur le point de la déchiqueter. Instantanément dépassée, elle décida simplement de se mettre hors de portée et disparut dans un Soru bref et efficace.

Laissé pour compte, l'Atout eut tout le loisir d'augmenter encore un peu plus son rythme démesuré, et intégra un dernier mouvement au ballet ininterrompu que suivaient ses bras. Entre ses coups d'épées, il se mit à planter ses lames dans le sol et, profitant de l'élan que lui octroyait sa technique, s'en servit pour se projeter en avant. Sans le moindre signe annonciateur, le sol sembla exploser devant le révolutionnaire qui partit soudain comme un boulet de canon. En cet instant, un observateur extérieur n'aurait aperçu de lui qu'une forme floue, surfant sur une vague de débris soulevée par son déchaînement excessif.

Aussi étrange que pouvait être son nouveau mode de déplacement, il n'en restait pas moins rudement efficace. Il rattrapa immédiatement l'albinos - que pas un instant il n'avait perdue de vue - et menaça à nouveau de la tronçonner. En temps normal, sa vitesse n'était pas son point fort, mais comme beaucoup avant elle, sa proie avait commis l'erreur de le laisser démarrer sa technique. Désormais, rien ne pourrait plus l'arrêter, et il continuerait de la poursuivre inlassablement, déchiquetant tout sur son passage jusqu'à ce qu'elle tombe morte à ses pieds.

Ni une ni deux, l'agente disparut dans une volée de poussière une fraction de seconde avant qu'il ne parvienne à l'atteindre. Réapparaissant une quarantaine de mètres plus loin, elle voulut profiter de ce court répit pour mettre en place sa prochaine manœuvre d'attaque... et déchanta en comprenant qu'elle n'en aurait pas la possibilité. Entendant Mandrake arriver plus qu'elle ne l'aperçu - le vacarme qu'il provoquait en avançant était tout bonnement assourdissant - elle ne perdit pas une seconde pour s'écarter de son chemin. Abandonnant l'idée de le distancer, elle choisit cette fois d'effectuer un Soru sur le côté, comptant sur le fait de sortir du champ de vision de l'Atout pour obtenir un peu de répit. Ce dernier brisa instantanément ses espoirs en effectuant un brusque virage à cent quatre-vingts degrés, bifurquant sans perdre une once de vitesse.

 - Kamisori ! s'écria immédiatement la tueuse en observant avec horreur le révolutionnaire fondre sur elle.

Pénétrant par une fenêtre brisée du premier étage, elle zigzagua entre les couloir d'un bâtiment délabré et ressortit expertement au sommet de l'immeuble, sans frôler un mur. Cependant, malgré toute son agilité et sa dextérité, elle ne pouvait tout simplement pas échapper à la férocité et la puissance pure de la technique de Mandrake. Sans se démonter ou perdre la cadence, ce dernier se mua en une véritable foreuse, la poursuivant à l'intérieur du bâtiment et déchiquetant tout sur son passage à mesure qu'il escaladait le perchoir de sa proie. Désespérée, l'albinos prit la seule issue qui lui restait et bondit dans les airs. Familier des techniques du Cipher Pol, le Libérateur ne l'entendait cependant pas de cet oreille. Juste avant qu'elle ne parvienne à bondir dans les airs, il arriva au sommet de l'immeuble et profita de tout l'élan qu'il avait emmagasiné pour créer une gigantesque lame de vent, ponctuant la fin de son déplacement d'une pirouette tourbillonnante.

La pression de l'air explosa aux oreilles de l'agente et fit trembler sa mâchoire à mesure que l'attaque de Mandrake l'approchait. En désespoir de cause, elle répliqua avec une lame d'air de son crû, combinant un rankyaku avec le pouvoir de son fruit du démon. Avec un peu de chance, l'attaque de l'Atout l'empêcherait de découvrir le pot au rose au sujet des capacités sismiques de l'albinos. L'onde de choc de cette dernière rencontra la lame d'air du Libérateur et provoqua une redoutable explosion. Soufflée par la vague d'air tranchante, la proie du révolutionnaire perdit ses repères et commença à chuter. Complètement désarçonnée, elle ne parvint à se rétablir qu'une fraction de seconde avant d'atterrir au sol, se réceptionnant lourdement sur deux jambes écorchées par les lames d'air.

Un temps confuse, elle ne manqua pas de noter le bruit caractéristique de la technique de Mandrake résonnait à nouveau dans l'air. Naturellement, l'Atout était déjà sur elle, dévalant l'immeuble avec la grâce d'un rouleau-compresseur, et cette fois-ci elle ne put rien faire pour lui échapper.

L'homme ne stoppa pas sa course en la frôlant, continuant son chemin après lui avoir tailladé une hanche. Porté par l'élan de la Révolution, le Libérateur bifurqua à nouveau et effectua un nouveau passage sur la tueuse momentanément immobilisée. Une fois de plus, leur échange fut bref, sa proie parvenant à parer un bon nombre de coups de sabre, mais finissant immanquablement par être touchée. L'Atout continua ses allers-retours sur la position de son adversaire, soulevant dans son sillage un nuage de débris et de poussières qui brouillaient la vision de l'agente. Il changeait d'angle et de direction à chaque fois, l'attaquant tantôt de face, tantôt sur le côté ou par la voie des airs, tournoyant autour d'elle à la manière d'un typhon. Elle se retrouva bientôt avec de multiples entailles sur chaque partie de son corps. Excédée, ce fut ce moment que choisit sa proie pour révéler au Libérateur l'étendue de ses pouvoirs.

Obnubilé par la prochaine manière dont il allait la taillader, Mandrake ne remarqua qu'au dernier moment l'étrange lumière bleue entourant les dagues de l'albinos. Une fraction de seconde avant qu'il ne profite de son attention détournée pour la taillader, elle planta ses lames dans le sol, et l'énergie qu'elle manipulait sembla se déverser dans le sol. Le sol qui jusque-là avait été tailladé et déchiqueté par l'Atout sembla littéralement exploser, provoquant une redoutable onde de choc qui le coupa net dans sa technique. Projeté par l'impact, il traversa deux pâtés de maisons et termina sa course contre la façade d'un immeuble. Sonné, il retomba lourdement au sol avec une deuxième et une troisième côte en miettes, ainsi qu'un filet de sang perlant au coin de ses lèvres.

À moitié inconscient, il ne dût qu'a sa longue expérience des batailles de sentir l'arrivée de son ennemie, avide de représailles. Il parvint par pur réflexe à arrêter les lames de la tueuse, mais le temps qu'il réalise qu'elle avait de nouveau enduit ses armes de cette énergie bleue, il était déjà trop tard. Un sourire féroce plaqué sur le visage, elle fit exploser son pouvoir à bout portant sur le Libérateur.

L'un des sabres de Mandrake lui échappa des mains. Soufflée par la déflagration, la lame vint se perdre dans les débris de l'immeuble  qui avait explosé sous l'assaut de l'agente, derrière le révolutionnaire. Les yeux emplis d'incompréhension, il mit un certains temps à comprendre ce qui se passait, laissé miraculeusement intact alors que les pouvoirs de l'albinos démolissaient tout ce qui se trouvait autour de lui. Déchiqueté par l'énergie bleutée, le manteau de l'Atout s'effilocha et se fit emporter comme tous les débris soulevés par l'attaque de l'assassin, lequel abandonna enfin son sourire carnassier. Goûtant à son tour à l'incompréhension, son adversaire découvrit le torse de Mandrake, et tiqua sur les veines noires et apparentes qu'elle distingua sous sa peau.

Ayant enfin retrouvé ses esprits, l'Atout remercia silencieusement son corps nervé au granit marin, appréciant la détresse et la confusion qu'il décelait à présent dans les yeux de la tueuse.

Le GM a mis la main sur le fruit des séismes ? réalisa le révolutionnaire, le souffle coupé. J'ai survécu à une attaque de Barbe Blanche ?!

Ni une ni deux, il profita de la confusion de l'agente. Abrutie par la surprise de le voir réchapper intact de son attaque dévastatrice, cette dernière avait baissé sa garde. Brusquement rappelée à la réalité par un puissant coup de sabre, elle se dégagea immédiatement de lui avec un Kamisori réflexe. Notant la traînée rouge goûtant de son arme, le général torse nu eut sa confirmation : il avait bel et bien tranché son adversaire de part en part, lui laissant probablement une longue estafilade sur le torse.

Ajustant sa tenue et déchirant les derniers lambeaux de son manteau qui s'accrochait encore à sa ceinture, il regarda ensuite de tous les côtés, et comprit qu'il avait perdu son adversaire de vue.

 - Si tu ne quittes pas le champ de bataille immédiatement, s'écria Mandrake après quelques secondes d'accalmie, cette entaille te sera fatale, tu vas te vider de ton sang ! Je t'ordonne d'abandonner le combat, assassin ! continua-t-il dans le vide.


Hasta la victoria siempre.
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Par chance, elle ne saignait pas. Ou quasiment pas. La blessure était certes profonde et certains organes avaient été touchés, toutefois l’alimentation sanguine avait été diminuée, dans les zones heurtées, grâce à la technologie incroyable qui lui servait désormais de cœur.

Et ce-dernier semblait battre la chamade. Autant qu’il en était possible pour une machine de simuler des pulsations cardiaques.

- Du granit marin… grinça l’agente, agenouillée le dos contre un mur dans une autre de ces gigantesques bâtisses bien trop grandes et bien trop démolies. De fait, il n’en restait désormais plus que la base tandis que le sommet s’était écroulé à proximité des fondations, créant une seconde tour à l’allure encore plus scabreuse.

Pourtant la décomposition de l’immobilier n’était rien comparée à celle du visage de la jeune femme, excédée par sa découverte. Elle n’en était pas certaine, pas plus qu’elle ne pensait qu’il fût possible de procéder à de telles greffes. Mais si elle possédait bien des membres mécaniques, il était probable de pouvoir injecter du Kairouseki dans un organisme vivant. Après tout, elle vivait dans un monde de fou. De plus, ces théories corroboraient aux faits déjà observés par ses prédécesseurs. Et beaucoup n’avaient pas eu la chance de survivre à un combat contre l’Atout, dans le passé.

La fière et grande cheffe d’équipe du CP9 déchantait désormais. Elle connaissait les propriétés de la roche du Gouvernement Mondial et savait que le contact avec un simple caillou de celle-ci pouvait lui être fatal. Instinctivement, elle maudissait la faiblesse de ses pouvoirs qui, pourtant, dans d’autres occasions pouvaient se révéler tout bonnement effroyables.

Par chance, cette courte retraite lui laissait désormais le temps de calmer ses esprits pour réfléchir à une stratégie viable pour la suite du combat.

Jonas Mandrake n’était pas rapide à la base mais pouvait le devenir grâce à ses armes, comme il en avait fait la démonstration. Son Haki était de loin supérieur à celui de l’agente, encore incertain et fragile sur de nombreux points. Enfin, ce-dernier connaissait désormais la faiblesse de son opposante et n’hésiterait pas une seconde à l’utiliser. Un combat à distance serait alors préférable mais obligerait la jeune femme à parier sur l’endurance de son adversaire qui n’était plus à prouver. Elle y perdrait probablement.

Il n’y avait donc plus qu’une seule solution. Et c’était l’escrime.

Anna n’était pas une bretteuse. Elle n’en avait jamais été une et n’en serait jamais une. Clair de Lune avait pendant longtemps été un poids davantage qu’une véritable arme mortelle, elle s’en était servie pour rendre justice mais avait été pratiquement battue par Mei Yang.

En revanche, elle savait jouer du couteau avec une dextérité à toute épreuve. Ses armes lui procuraient certes moins d’allonge mais étaient plus légères et plus rapides à manier que le katana et le wakizashi de son adversaire.

Après un court instant de réflexion qui lui parut donc durer une dizaine de minutes, elle se résolut à sortir de sa cachette, le ventre toujours tailladé par une longue estafilade, pour tomber lourdement sur le sol en le fracassant, à quelques pieds de son ennemi.

- Est-ce le courage ou la bêtise qui t’a poussée à revenir vers moi ?

- La loyauté. répondit simplement l’albinos tout en ramenant Demi, tenu à l’horizontale comme une dague, à quelques pouces devant ses yeux.

La mine blafarde, le sourire disparu mais l’œil toujours pétillant, le révolutionnaire ne répondit pas. Il semblait désormais impatient d’en découdre, voyant que les combats dans les rues parallèles et les différentes intersections s’intensifiaient. Que la jeune femme, même si elle perdait, gagnait considérablement du temps en se défendant face à lui.

A nouveau, le Libérateur envisagea donc de se mouvoir le premier. Mais fût pris de cours par un Soru des plus rapides. Une technique dont la vitesse semblait non plus basée sur le rokushiki simple, mais sur l’utilisation du fruit des séismes comme une sorte de propulseur.

Annabella venait tout simplement d’imiter son précédent arcane en se servant non pas de ses lames pour avancer plus vite, mais de ses pieds et de l’onde de choc qui venait de la propulser à la manière d’un boulet de canon… et de lui faire parcourir en un temps record la distance qui séparait les deux belligérants. A temps, Jonas réussit à parer les deux dagues du plat de ses sabres, avant de comprendre soudainement qu’il n’était pas la cible de l’assaut.

Avec la pression du choc, le wakizashi se fissura simplement, dans un tintement qui ne lui parvint aux oreilles que plus tard. Tout allait plus vite que la musique, même les éclats des armes. D’une fragilité désormais incertaine, le sabre constituait un point faible qu’il conviendrait rapidement de remplacer. Et par chance, les épées abandonnées ne manquaient pas sur un champ de bataille.

Si seulement la jeune femme lui laissait l’opportunité d’en saisir une.

Soru. Coup de poignard. Soru. Coup de poignard. Les lames d’Annabella, systématiquement enduites de la curieuse lueur bleutée, apportaient avec elles des déferlantes de vibrations qui faisaient trembler la colonne vertébrale de son adversaire et l’enfonçaient toujours un peu plus dans le sol. Il reculait, ne s’en rendait peut-être pas compte, mais s’éloignait définitivement du seul plan d’eau que l’agente avait pris grand soin d’identifier. La Saigne constituait, de fait, une autre source de faiblesse qu’elle comptait bien tarir en s’en éloignant progressivement.

En plus de cela, les parades constantes de la Force l’obligeaient à abimer un peu plus ses lames sans lui laisser l’opportunité d'en récupérer de nouvelles. Jusqu’à ce que finalement l’une des deux cédât, dans un tintement sonore répréhensible, laissant enfin une ouverture à l’agente pour contre-attaquer.

La lueur bleutée laissa alors place à cette curieuse carapace noire s’étendant sur l’acier. Acier de Quart qui termina sa route dans l’épaule gauche du révolutionnaire. Épaule gauche qui demeura inerte, à contrario de la droite qui avait levé à temps un bras dont la main en forme de pince était venue saisir celle de l’assaillante. Déjà il souriait de sa prise décisive.

Sans savoir qu'il était tombé sur la mauvaise pioche.

***

Jimmy guerroyait avec rage et passion. Ses coups étaient véloces mais mal dosés et il le savait. Ses passes d’armes étaient dangereuses et lui permettant quasiment à chaque coup d’entrevoir une contre-attaque de la gueule du crocodile.

Celui-ci semblait rire à chaque échange, mais le révolutionnaire n’arrivait pas à savoir si le sourire était réel ou bien était due à la grande rangée de dents apparentes de l’hybride. Ce qui ne faisait qu’intensifier sa colère et lui permettre de redoubler de violence dans ses attaques.

Mais ça n’était pas la bonne stratégie.

Depuis près de quinze minutes que les deux hommes s’affrontaient, l’As avait progressivement vu la fatigue signifier les conséquences du surmenage. Il la repoussait tant bien que mal, puisant dans ses réserves en espérant atteindre l’agent du Cipher Pol, mais n’y parvenait tout simplement pas. Réitérant systématiquement les mêmes techniques, ce-dernier  s’amusait véritablement de la situation en économisant ses forces car la victoire semblait assurée. Esquivant les coups d’épée la plupart du temps, le crocodile contre-attaquait rarement, préférant laisser les tentatives de son adversaire se rompre sur sa peau d’acier et sur son Tekkai.

Jimmy était foutu et il le savait. Mais il ne pouvait vivre en se disant qu’il devait sa vie à l’action d’un agent du Cipher Pol. Pire encore, il venait de réaliser la duperie et les manipulations dont avait fait preuve la prétendue pirate, Eleanor Bonny. Tout semblait s’éclairer dans son esprit qui, lui, ne souffrait nullement de la douleur des muscles et des crampes les ulcérant progressivement.

- Tu vas crever saloperie ?!!

Un énième coup d’épée, oblique, porté de haut en bas et encore une fois dans le vide. Le combat était définitivement unilatéral. Pourtant, le Leader savait qu’il aurait eu sa chance si ses attaques n’étaient pas le fruit de ses émotions. Il voulait se venger, tout simplement. Et comme on le disait si bien : la vengeance était un plat qui se mangeait froid. Et le corps du révolutionnaire était rouge pivoine à cause de la chaleur créée par la combustion de l’énergie.

En un instant, un bras fut alors happé lors de l’échange. Comme emporté, déchiré, soigneusement arraché par les dents taillées en pointes du chef d’équipe qui lui faisait face et semblait d’autant plus se gausser désormais. Le bras qui tenait l’épée, le bras qu’il connaissait si bien. Son bras. Désolidarisé de son tronc puis jeté au loin comme un vulgaire déchet.

C’était terminé. Eleanor avait gagné, Eleanor gagnait à chaque fois. C’était ce qu’il imaginait, il ne la connaissait pas. Mais elle avait vaincu McKlayn et l’aurait vaincu lui. Il lui en voulait pour l’avoir berné, c’était certain, mais lui reprochait davantage de l’avoir berné pour le compte du Gouvernement Mondial.

On pouvait mentir à Jimmy, mais seulement si la cause était juste. Et celle-ci ne l’était pas, il ne l’accepterait pas. Jamais. Allongé sur le sol, Richards était désormais aussi vulnérable que le jour où il était né. Au-dessus de lui, une silhouette menaçante planait désormais.

- Tu m’as fait perdre mon temps, déchet. rugit alors le reptile. Mais j’suis d’humeur généreuse alors j’vais t’offrir une mort rapide.

Ouvrant à nouveau sa gueule monstrueuse garnie de crocs acérés, le crocodile envisagea brutalement de broyer le crâne du révolutionnaire, déjà préparé à son funeste destin. Quand deux mains le saisirent soudainement par-dessous les épaules et le tirèrent hors du guêpier… en partie. Car le monstre était trop rapide pour laisser sa proie lui échapper indemne.

Alors ses mâchoires se refermèrent sur sa jambe droite. Lui écrasèrent les muscles et les os. Et laissèrent un lambeau de chair en guise de souvenir à celui qui, désormais inconscient, venait d’être secouru par l’un de ses précieux amis.

Pour Malbouffe et Jim, la survie dépendait désormais de la rapidité de leur retraite.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 13 Aoû 2017 - 22:12, édité 2 fois
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C'était totalement aberrant.

Un éclair d'incompréhension avait traversé les yeux de Mandrake en constatant l'inefficacité de sa manœuvre. L'agente était une utilisatrice de fruit de démon, il n'y avait pas le moindre doute possible avec la moitié de Parisse réduite à l'état de décombres. Comment donc se faisait-il qu'elle ne soit paralysée de la tête aux pieds en cet instant, entravée par l'emprise du granit marin qui parcourait les veines de l'Atout ?

Estomaqué par ce résultat inattendu, il faillit presque baisser sa garde et la laisser filer. Heureusement, trop occupée à fouiller son épaule gauche, la tueuse ne semblait pas avoir pour projet immédiat de prendre ses distances. Son haki affluant dans la main qui empoignait son adversaire, le Libérateur augmenta la pression exercée par son membre, immédiatement récompensé par un craquement métallique et un grésillement d’électricité.

Alors... les techniques du Rokushiki, le fruit du séisme, deux meitous, et des améliorations cybernétiques, résuma Mandrake. C'est quoi la suite, des balles en Dyna Stone ?

Pas étonnant que le Kairōseki n'ait pas eu d'effet, en réalité il ne lui avait jamais mis la main dessus. Le combat n'était donc pas terminé comme il l'avait initialement pensé, un fait légèrement contrariant si l'on considérait sa lassitude grandissante. Il avait déjà trois côtes cassées et des hématomes éparpillés sur tout le corps, sans compter l'autre folle furieuse qui continuait de charcuter son épaule malgré les fissures apparues sur sa main de cyborg. Excédé, le révolutionnaire puisa dans sa haine et sa douleur pour resserrer sa poigne. Elle avait voulu faire la maligne avec ses tactiques de guérilla, et après avoir pris la confiance elle s'était imprudemment jetée dans ses bras. Plein d'une froide colère, il était bien décidé à punir cette arrogance.

Réalisant trop tard que sa prothèse allait céder, l'assassin voulut se désengager et reprendre ses distances. Un puissant craquement retentit dans l'air, et elle repartit avec un brusque Soru dans un sillage de débris métallique et d'arcs électriques. Ignorant quant à lui le sang qui commençait à recouvrir son bras gauche, l'Atout changea de main le moignon cybernétique qu'il avait récolté avant de décrocher le meitou planté dans son épaule. Quelqu'un avait réduit l'un de ses sabres en morceaux... il était bien décidé à profiter de cette nouvelle arme, si gentiment offerte sur un plateau. Jetant son deuxième sabre, fragilisé par les vibrations du fruit des séismes, il ne garda que l'arme de son adversaire. Le regard empli de détermination, il se décida à passer aux choses sérieuses. Il était temps de mettre le paquet.

Terminant son mouvement ultra-rapide, la CP réapparut à une vingtaine de mètres du Libérateur, et se retrouva nez à nez avec son membre perdu, gracieusement rendu à son propriétaire. Le moignon robotique la percuta en plein visage et l'envoya bouler au sol dans un nuage de poussière. Sonnée, elle roula sur le dos dans un grognement, perdant quelques secondes le temps de comprendre ce qui s'était passé. Puis elle réalisa qu'elle n'avait pas ce luxe face à Mandrake.

Le révolutionnaire était déjà sur elle, tendant une main avide vers la gorge de la jeune femme à terre. Une fraction de seconde avant que les doigts du Libérateur ne se referment sur son coup gracile, l'agente combina une fois de plus son Soru avec ses pouvoirs sismiques, provoquant une onde de choc qui la fit partir comme un boulet de canon. Ratant de peu son objectif, la main de l'Atout se referma sur la jambe droite de la tueuse, qui se révéla à son tour être un membre artificiel. La force de sa poigne combinée à l'accélération de son adversaire fit rapidement cas de la prothèse, qui se sectionna au niveau du genou dans une explosion d'étincelles.  

Sa course déviée par les machinations du général adverse, l'agente atterrit lourdement contre la façade d'un bâtiment, explosant un mur dans une pluie de décombres. Pendant un court instant elle sembla se faire ensevelir, avant qu'ne puissante onde de choc ne dégage immédiatement les débris dans un large rayon autour de la tueuse. Mal en point, elle eut quelques difficultés à se rétablir.

 - Est-ce qu'il y a quoi que ce soit d'humain chez toi ? l'apostropha soudain son adversaire au loin, d'une manière inattendue, presque triste.

Peinant à trouver son équilibre avec tout son côté droit qui avait pris les voiles, l'albinos parvint à se remettre debout. La poussière soulevée par son atterrissage brutal subsistant toujours dans l'air, elle se reposa sur son haki de l'Observation et darda deux prunelles rougeoyantes en direction de l'ennemi. Ressentant la présence de ce dernier plus qu'elle ne le vit, une vague de frayeur s'empara lentement des traits angéliques de l'assassin. Le maître des armées révolutionnaires avait fait quelque chose, elle le sentait. En cet instant, l'instinct le plus primaire de la tueuse la suppliait d'abandonner le combat et fuir ce qui se trouvait de l'autre côté du voile, ce par tous les moyens. Quel que soit ce qui était arrivé, l'aura que dégageait Mandrake ne laissait pas place au doute : il sortait le grand jeu.

Inconscient de l'émoi de son adversaire, le Libérateur jeta avec dédain le moignon de jambe crépitant qu'il tenait en main. S'amusant à jongler avec le Meitou subtilisé à son adversaire, il ignora les signaux de douleur envoyés par son bras gauche qui s'engourdissait un peu plus à chaque seconde qui passait. Il n'était pas habitué aux coupes-papier, privilégiant habituellement les sabres d'une longueur au moins décente, mais celui-ci ferait l'affaire le temps qu'il récupère l'autre lame de l'agente, qu'elle avait un peu plus longue et épaisse.

 - Combien de membres vais-je encore devoir t'arracher avant de tomber sur ton véritable corps ? continua-t-il à la provoquer, pressé de reprendre le combat alors qu'il observait le nuage de poussière d'un œil critique.

Celle-ci finit bientôt par se disperser, dévoilant la nouvelle apparence du Libérateur à l'agente, et confirmant ses craintes quant à ce qu'elle avait ressenti jusque-là. Mandrake avait changé. L'homme semblait s'être transformé en un véritable avatar du conflit, une personnification de la Guerre elle-même. Sa natte avait disparu, remplacée par une longue crinière rouge qui s'agitait au rythme du vent, surplombant un corps saturé de haki. L'Armement recouvrait à présent son épiderme pratiquement dans sa totalité, lui conférant un air plus que menaçant. Il semblait avoir pris un peu de volume, et l'énergie noire se mêlait maintenant aux tracés de ses veines pour former des motifs alambiqués. À la manière de tatouages, l'Atout était à présent recouvert de symboles tribaux, de symboles guerriers.

La dague de l'ennemi bien en main, il leva cette dernière et défia l'albinos d'approcher, sans faire cas du sang qui gouttait de son épaule gauche.

 - Viens récupérer ton jouet, la provoqua-t-il avec férocité.


Hasta la victoria siempre.
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Claudicante,  Angelica progressait lentement dans la mêlée. Elle avait à peine eu le temps de se rétablir avant le séisme et peinait désormais à combattre les adversaires qui se jetaient sur elle pratiquement à corps perdu tout en refusant toutefois toute forme d’aide ou de babysitting de la part du chef d’équipe.

Avec une fougue phénoménale, le vieux Larson fendait la meute ennemie pour atteindre l’avenue principale, celle des Quais, qui bordait la Saigne et où  Annabella et la Force de la révolution livraient bataille depuis plusieurs minutes dans un festival de débris et de ruines gravitant autour d’eux. De loin, la scène semblait totalement fantasmagorique et n’illustrait qu’un épais nuage de poussière où venaient parfois se promener les lueurs éclatantes des lames tenues par les deux personnages. Mais ça, c’était loin par-delà les groupements épars d’hommes armés qui luttaient fermement contre les agents du CP9, toujours plus nombreux et toujours plus efficaces.

Le précédent séisme causé par l’albinos avait drastiquement réduit les forces révolutionnaires valides : beaucoup d’hommes étaient blessés, certains grièvement, et se battaient avec des handicaps considérables contre les sbires de Larson qui étaient loin d’avoir épuisé leurs forces. Malgré l’abondance de têtes dressées dans le flot de plus en plus divisé et discontinu de soldats ennemis, les surhommes semblaient danser avec grâce tout en usant et abusant des techniques de Rokushiki.

Mais parfois ils rencontraient aussi des éléments difficiles, tenaces et revanchards qui leur bloquaient la route et les repoussaient même. Des officiers révolutionnaires ou bien de simples patriotes zélés pour la plupart qui sortaient notamment du troupeau. En sous-nombre eux-aussi.

Beaucoup avaient péri durant le cataclysme, d’autres avaient fui en apprenant la mort de PSG ou, plus récemment, la défaite de l’ancien Leader d’Arcadia. Au sein même des « Dissidents » il était désormais possible de trouver des dissidents à leur propre cause, des hommes qui s’étaient remis en question et refusaient désormais de porter plus loin le conflit armé. Les plus fidèles, quant à eux, comptaient sur la victoire de l’Atout ; les plus téméraires comptaient lutter jusqu’à leur dernier souffle. Parfois à armes égales grâce à des capacités anormales qui leur permettaient d’occuper, de bloquer ou même de repousser les assauts adverses. Mais toujours difficilement.

Difficilement car James Larson était là.  Il était ici, là et là-bas. Il semblait être partout où l’un de ses subalternes livrait bataille et risquait d’être en difficulté.

Il parait les coups fatals et pourfendait les bourreaux pour délivrer ses coéquipiers des griffes menaçantes de leurs antagonistes, se battant non plus pour la cause du Gouvernement Mondial, ni pour l’intérêt de la mission, mais plutôt pour protéger les quelques bonnes âmes qui avaient décidé de le suivre en dépit de l’acte séparatiste de Jamâl B. Levi.

Et cela, Angelica le respectait, cherchant constamment à rallier son flanc pour l’aider dans sa tâche sans même prêter attention à ses arrières. Ni à une main épaisse et couverte d’écailles brunes qui s’était brusquement posée sur son épaule pour l’écarter hors de la « route », ou plutôt ce qu’il en restait.

- T’fous quoi, la naine ? Reste pas dans mon chemin.

Surprise, sans le moindre réflexe défensif, elle n’eut pour toute réaction qu’un sursaut stupide et une mine béate en dénotant la présence du reptile surgi de nulle part.  Sous sa forme hybride, Jamâl était plus grand, plus fort, plus féroce. Des trois chefs d’équipe, il était celui qu’elle appréciait le moins. Son corps couvert d’hémoglobine et ses crocs souillés par la chair fraiche reflétaient parfaitement sa personnalité sanguinaire : c’était comme si ses pouvoirs n’avaient fait que donner forme à ce qu’il était véritablement à l’intérieur. Un crocodile.

- Pas étonnant qu’on t’ait fichue dans les basques de l’albinos. Vous êtes toutes les deux aussi potiches… gronda sèchement l’animal. Bien qu’il fût de dos, l’agente se doutait de la présence d’un sourire sur ses babines rugueuses, tandis que le poison lui montait amèrement aux lèvres. J’aurais dû m’occuper de Mandrake moi-même. Voilà ce qu’il se passe lorsque l’on écoute les ordres.

Angelica ouvrit la bouche par réflexe mais ne trouva rien à répondre. Et quand bien même, le reptile ne semblait pas intéressé à l’idée d’entendre une réponse éventuelle. Griffes et crocs sortis tels des myriades de poignards acérés, il contribuait plus que tout autre à la propagation du charnier à ciel ouvert dans les rues Parissoises. Dans son sillon, la chair et le sang volaient comme tant de confettis monstrueusement glauques.

Soudainement rattrapée par la douleur de ses os brisés, de ses nerfs à fleur de peau et de ses plaies ouvertes, Angelica parvint timidement à s’éloigner du champ de bataille, non sans observer la présence de nouvelles silhouettes et ombres venues de l’avenue desservant jadis le sud de la ville. Outre quelques pertes, le CP9 était désormais au complet et luttait ardemment contre les hommes armés. Si le conflit avait été un tant soit peu réaliste, jamais une vingtaine d’hommes n’aurait pu tenir tête un millier d’âmes. Mais l’expérience des batailles, les techniques d’assassinat et la maîtrise de la capacité offensive ultime du Cipher Pol faisaient de chaque agent une arme destructrice valant son pesant de sabres, de fusils, de canons et de corps rattachés à ces-derniers.

Les projectiles n’étaient d’aucune utilité face au Kami-E porté à sa quintessence. Les sabres rencontraient presque systématiquement un tekkai des plus solides. Les canons demeuraient définitivement inefficaces face à quelques dizaines d’hommes éparpillés. Devant les yeux de l’agente se déroulait un spectacle rare, unique.

Malgré son inutilité qui la rongeait jusqu’au sang, elle faisait malgré tout partie d’une armée. Une armée d’une trentaine d’hommes et de femmes dont la puissance de feu n’avait que peu de chose à envier à un Buster Call.

C’était ça, le CP9.

Finalement décidée à laisser sa douleur de côté, la jeune femme se risqua à rejoindre le combat pour prêter main forte à ses camarades. Elle rencontra des regards adverses aux expressions aussi diversifiées que le nombre de pays qui peuplaient Grand Line : certains reflétaient de la peur, d’autres de l’amertume et de la haine, d’autres enfin simplement un sentiment d’abandon. Dans la plupart des cas elle devait livrer des combats assez unilatéraux malgré son état de santé, mais il lui arrivait de plus en plus souvent de tomber sur des démissionnaires et des renégats qui n’hésitaient pas une seconde de plus à rendre les armes et décamper.

Ceux-là, elle les tuait aussi.

Puis ses blessures eurent enfin raison d’elle et de son « invincibilité ». Impossible de lutter davantage. Vulnérable, à portée de l’ennemi, Angelica ne dut son salut qu’à la présence d’un autre agent à proximité qui vint lui prêter main forte avant d’occasionner un repli vers un bâtiment en ruines. Il s’agissait d’une belle jeune femme à la peau blanche et maquillée, aux cheveux bruns accrochés en chignon et aux vêtements orientaux ; elle n’avait clairement jamais eu le plaisir de la rencontrer jusqu’alors. Après tout, elle était relativement nouvelle dans les rangs du Bureau.

Réfugiées dans le hall de ce qui semblait précédemment être un hôtel, les deux jeunes femmes dardaient des regards observateurs à travers une fenêtre dont le verre n’avait pas survécu aux intempéries. Contrainte à être assise sur un banc en pierre improvisé, jadis une colonnade rectangulaire, l’agente Browneye profita de la contemplation de sa collègue pour tenter de se relever mais fut aussitôt rabrouée d’un ton sec.

- Si tu t’imagines que je vais te laisser filer comme ça, tu te fiches le doigt dans l’œil. On a déjà perdu beaucoup des nôtres aujourd’hui à cause de cette satanée mission. Et ce sans compter Noxe.

- Alors que suis-je censée faire ? Observer ?

- Te reposer, reprendre des forces. Il y a un moment pour se battre et il y a un moment pour récupérer. Toi, tu récupères. répondit la geisha tout en fouillant dans ses apparats amples et souples pour dénicher une petite trousse d’acuponcture aussi remplie d’objets médicinaux variés.

- Et en attendant je ne suis d’aucune aide…

- Laisse-moi déjà te rabibocher. Puis ton moment viendra.

Toujours sur la défensive, Angelica soutint le regard de la doctoresse plusieurs longues secondes avant de finalement abdiquer et laisser cette dernière l’ausculter. A cause de sa faiblesse, c’étaient désormais deux éléments qui manquaient à l’appel ; toutefois celle qui se présenta par la suite sous le nom de Tetsuo affirma avec détermination qu’elle n’en aurait pas pour longtemps. Et en effet, les nombreuses manœuvres, certaines douloureuses et d’autres non, furent réalisées avec une vitesse et une habileté sans pareil.

Angelica pouvait à nouveau se déplacer sans être bloquée dans ses mouvements par de brusques spasmes de douleur. Ce qu’elle fit pour rejoindre les vestiges de la porte qu’elles avaient toutes deux empruntées pour se réfugier temporairement.

Et découvrir qu’en l’espace de quelques minutes d’inattention seulement, le champ de bataille avait prodigieusement reculé vers l’autre rive où la majorité des révolutionnaires s’étaient repliés derrière des barricades, rapidement façonnées avec les débris dénichés çà et là, à l’extrémité nord de chacun des ponts survolant la Saigne.

Seuls quelques groupes d’irréductibles essayaient de tenir bon au sud, repliés dans les ruines de bâtiments détruits occasionnant un bon couvert. Pour cela, ce n’était qu’une question de temps.

Restait alors Mandrake, « le Dernier Debout »… face à une Annabella Sweetsong en mauvaise posture.
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La douleur, une chose terrifiante capable du meilleur comme du pire. Bien souvent elle agit comme le vecteur sensoriel qui permet de faire savoir à sa victime que sa santé est danger. Parfois elle est purement émotionnelle.
 
Et parfois elle nous protège, nous rappelle que nous sommes encore en vie.

 
Le soleil était haut dans le ciel tandis que les cris d’enfants résonnaient aux oreilles de l’étrange petite fille aux cheveux violets, isolée de tous. Elle disait entendre des voix dans sa tête, elle faisait constamment des bêtises. Les autres enfants ne l’aimaient pas car c’était là le choix de leurs parents. Leurs parents ne l’aimaient pas car c’était là aussi le choix de ses parents, à elle. Ils n’en avaient que faire de son malheur, elle n’existait tout simplement pas.
 
L’expérience avait tourné au désastre, le cobaye avait muté et ne présentait plus aucune utilité pour la scientifique qui l'avait créé. Sinon de prouver que le médicament était dangereux. Dans un sens, la fillette avait déjà sauvé bien plus de vies que quiconque ici, sans même le savoir. Elle était l’une de ces héroïnes ignorées de tous, l’un de ces soldats en première ligne qui se font exploser par les tirs d’artillerie ; elle était de la chair à canon. Mais son esprit d’enfant, inoffensif, loin d’être inquiété par ce curieux régime à base de pilules multicolores, la gardait encore loin de tout cela. Elle était pure, vierge de tout soupçon. Et ses cheveux resplendissaient d’une belle couleur pourpre sombre, dansant sous les rayons du soleil tandis qu’elle s’amusait, elle. Elle s’amusait seule, elle n’avait besoin de personne.
 
Car ses parents n’avaient pas besoin d’elle. Car personne ne l’appréciait et que, dans son malheur, elle trouvait bien un peu de bonheur à l’époque. Celui d’être naïve.
 
Puis la douleur redevint soutenable et le paysage retrouva ses couleurs ocres et grises, ses parfums de sang et de brûlé, ses bruits de fusils qui se déchargaient dans le vide contre des ennemis invisibles, trop rapides pour être touchés.
 
Comme si on lui avait arraché une seconde fois la jambe droite, la pauvre femme était tiraillée par les spasmes de souffrance que lancinait son moignon à nouveau à découvert, à nouveau sanguinolent et broyé. L’articulation mécanique avait totalement disparu, greffes comprises ; il ne s’agissait pas de quelque chose qu’elle pouvait facilement réparer. Ses mâchoires solidement crispées et son visage au bord des larmes lui donnaient soudainement un air de poupon, tandis que son menton sombrait lentement vers le sommet de son torse. Que ses cheveux volages, ébouriffés par le vent, venaient camoufler ses prunelles éclaircies par la rage et la détresse humaine.
 
La peur de perdre, peut-être. Il ne lui restait plus que cela désormais.
 
Dans ce genre de situation, n’importe qui aurait été vulnérable. N’importe qui se serait lamenté sur sa perte ou aurait cherché à fuir. Même l’Atout de la révolution, dans toute sa splendeur, n’aurait pas pu continuer à bomber le torse et affirmer avec une certitude inébranlable :
 
- Je vais. t’éclater. la gueule.
 
Non, même Jonas Mandrake n’aurait pas pu le faire. Mais Anna était habituée à la douleur et à la peur. Son existence n’était qu’effroi, solitude et souffrance, elle n’avait jamais eu à compter sur quiconque. Naturellement, elle s’était présentée seule face à l’armée révolutionnaire. Naturellement, elle affrontait le membre du DRAGON seul.
 
Naturellement, elle comptait toujours le vaincre.
 
Spectaculairement, elle parvint alors à se redresser. Unijambiste mais monstrueuse, les vêtements souillés par son propre sang, la peau aussi pâle que ses cheveux d’ivoire : la cheffe d’équipe tenait davantage du spectre avide de vengeance que de l’être vivant. Mais elle n’était pas passée de l’autre côté, pas encore.
 
Les derniers vestiges de sa jambe métallique pendaient au-dessus du vide, dans un équilibre défiant toute logique. L’agente se maintenait droite comme si elle se tenait sur deux piliers fermement ancrés dans le sol, au point que le révolutionnaire sceptique se demanda si elle parviendrait un jour à esquisser le moindre geste.
 
Une présomption de faiblesse qui lui coûta cher.
 
Tout d’abord, il y eut un simple tremblement de terre. Comme une réplique du précédent séisme, comme une simple vague située à la base de l’échelle de Newgate. Puis un second, plus intense. Et un nouveau, à une fréquence plus rapprochée, plus violent encore. Suivant une évolution exponentielle, la puissance déployée par la haine viscérale de la cheffe d’équipe ne cessa d’augmenter tandis que celle-ci restait immobile. Au point de finalement développer un rayon d’action imperceptible autour d’elle, une sorte de bulle, où les débris semblaient soulevés au-dessus du sol par la simple force des vibrations parfaitement constantes.
 
Hérissée au-dessus de son crâne, la crinière immaculée de l’albinos laissait entrevoir un visage sombre, mu par un idéal de violence et de cruauté sans défauts. Mu par le simple désir de faire du mal, de détruire. De détruire une personne en particulier.
 
Les ondes propagées semblèrent alors se concentrer en un point et un seul. Une petite lueur bleutée de la taille d’une luciole lévitant dans un calme olympien devant le regard fixe du fantôme qui recula son unique bras valide dans un élan basique. Que Mandrake reconnut comme une éventuelle menace et chercha à contourner par instinct.
 
Car les ondes sismiques finissaient inéluctablement par le toucher lorsqu’elles n’étaient plus concentrées dans ces étranges lumières et ces bris d’air, lorsque les lames de l’agente n’en étaient plus imbibées pour renforcer ses coups. Certes le Kairouseki pouvait tenir bon face à ce genre d’apocalypse… mais il était avant tout humain et avait de bonnes raisons de se méfier.
 
Moins d’une seconde plus tard, la luciole bleue se brisait sous la pression du poing assombri par le Haki de la jeune femme. Moins d’une seconde plus tard, un puissant rayon de vibrations dévastait la zone où se trouvait précédemment le révolutionnaire, parvenant toutefois à la toucher et à le projeter au loin sans le briser comme la roche et le paysage qui se trouvait devant la zone de l’impact. Moins d’une seconde plus tard, c’était toute une partie de la rue et des bâtiments qui la longeaient sur son flanc gauche jusqu’aux quais qui s’étaient tout bonnement « envolés ».
 
Puis qui retombèrent dans un fracas assourdissant, occasionnant une pluie de briques, de terre et de bois. Un profond sillon marquait à présent un nouveau chemin dans l’avenue.
 
Balloté comme une feuille de papier au gré du vent, Mandrake avait fini sa chute dans la toiture d’une maisonnette. Légèrement sonné, il eut un millième de seconde pour réagir et éviter une nouvelle attaque portée par la silhouette au-dessus de lui. Flottant dans les airs grâce à son Geppou sismique, la jeune femme réitéra son attaque phénoménale occasionnant cette fois-ci la disparition des maisons adjacentes et la création d’un profond puits dans le sol.
 
Définitivement, l’allonge du poignard du Libérateur n’était d’aucune utilité face à ce genre d’attaques. Il était désormais vulnérable et son unique chance était de toucher le démon qui ne cessait de le harceler d’attaques dévastatrices. Bientôt le combat se mua alors en une curieuse course poursuite où, cette fois-ci, Mandrake n’était plus le chasseur mais la proie, bondissant pour éviter les griffes titanesques de la jeune femme qui fendait l’air à chaque pas.
 
Contraint de courir en direction du sud, le roux fut rapidement amené à remarquer la présence de civils d’ores et déjà occupés à fuir à une vitesse… humaine. Certains s’affairaient encore à récupérer le fruit de toute une vie dans leurs habitations ravagées, d’autres tenaient leurs enfants qui pleuraient à chaudes larmes dans leurs bras. Comprenant que la présence d’âmes innocentes ne constituerait pas un frein à la soif de sang de l’agente du CP9, Jonas dût se résigner et affronter son destin.
 
Cessant de courir et d’esquiver les assauts ennemis, il décida soudainement de volontairement prendre la prochaine attaque de plein fouet pour restreindre la zone de leur duel titanesque. Il ne put s’empêcher de s’en vouloir presque aussitôt, lorsque la vague sismique le toucha et, au lieu de le faire voler à nouveau, le cloua brutalement dans le sol sous une pression anormalement élevée.

L’homme à la peau brune sentit alors ses os se rompre quasiment au même moment où ceux-ci produisirent un bruit des plus désagréables. Son bras droit avait le plus pâti, puisque c’était derrière celui-ci qu’il avait dissimulé prestement sa tête. Cependant sa colonne vertébrale n’était pas en reste de douleur. Et la douleur soudaine ne put l’empêcher de pousser un hurlement rauque au cœur de la tempête, qui ne cessa qu’une fois l’onde dissipée. 

Toujours debout, l'homme baignait désormais jusqu'au nombril dans un tas de décombres qui s'étaient accumulés autour de lui et l'avaient faussement emprisonné. Tout en se libérant lentement de l'emprise des gravats, Jonas reconnut alors la technique utilisée par son adversaire, dont l’unique poing tendu dans sa direction venait de lui décharger une bonne partie de la capacité ultime du Rokushiki. Il se rendit soudainement compte que si l’agente avait eu ses deux bras, le Rokuogan qu’il venait d’encaisser l’aurait tout simplement tué sur le coup, au lieu de le laisser simplement amoché dans un état peu enviable à celui de son adversaire.
 
- J’aurais du t’arracher les deux bras… se risqua le Libérateur tout en brandissant la lame qu’il avait réussi à conserver malgré la douleur. Il espérait encore croire qu’il possédait l’ascendant mais c’était bien loin d’être le cas désormais : son bras droit était en miettes et le gauche, poignardé au niveau de l’épaule, souffrait de faiblesse et de tremblements incontrôlables. Restaient ses jambes dont les rotules avaient pas mal encaissé pour le maintenir debout.
 
De son côté, Annabella tanguait dangereusement, l’équilibre salement perturbé par la puissante consommation d’énergie dont elle payait désormais le prix. Le regard embrumé par la douleur et la fatigue, la jeune femme se sentait au bord de l’évanouissement et luttait pour ne pas tomber. Un seul coup et il en était fini d’elle. Un seul toucher et son adversaire prenait définitivement la main grâce à son sang impur et démoniaque.
 
Répondant à l’invitation de son antagoniste en le désignant du bout de Demi, elle accepta de partager cette dernière danse qui déciderait, il en était certain, du vainqueur de ce duel de titans. Et certes Mandrake possédait encore tous ses membres pour se battre et tenait moins difficilement debout. Mais Anna, elle, n’était pas aussi sensible à l’idée de sacrifier les quelques malheureux civils qui n’avaient pas eu l’intelligence de fuir tant qu’il en était encore temps… et observaient désormais le combat avec des yeux terrifiés, dissimulés derrière les palissades fragiles de leurs maisons écroulées ou des véhicules abandonnés et renversés sur le bas-côté.
 
- Tu connais mon point faible Mandrake. Mais moi aussi je connais le tien. Et ce ne sont ni les veuves ni les orphelins qui manquent dans cette ville, désormais. estima finalement la blonde suite à son monstrueux raisonnement.
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- FUYEZ ! hurla Mandrake, comprenant une fraction de seconde trop tard les intentions de la tueuse.

Cette dernière bondit dans les airs et généra une lame d'air à l'aide de sa jambe restante. Un éclair de désespoir traversa les yeux du révolutionnaire, qui assista impuissant à la traversée de cette attaque implacable. Tranchant net l'un des étranges véhicules de métal qui faisaient la fierté de Parisse, le Rankyaku fit rapidement cas du couple qui s'abritait derrière.

Au milieu de la déferlante de cris de détresse qui s'ensuivit, la Force de la Révolution mobilisa sa volonté. Les tracés de haki qui parcouraient son corps - et qui avaient faibli suite aux attaques dévastatrices de l'agente - se raffermirent et se précisèrent alors qu'il expérimentait un regain d'énergie. Croisant rapidement le regard de son ennemie, il ignora la mine féroce qu'elle arborait et partit au pas de course en direction des civils, qui avaient commencé à prendre la fuite. Sachant pertinemment qu'il tombait dans le piège de la tueuse sans foi ni loi, il choisit tout simplement de ne pas s'en soucier. Les enseignements du Guide à l'esprit, il ne laisserait pas plus de civils pâtir de leur coup d'État désastreux.

Mandrake se dressa en rempart entre l'agente et ses proies sans défense, mais comprit rapidement qu'il n'allait pas avoir la vitesse suffisante pour tous les protéger. D'un rapide Geppou, l'albinos s'éleva dans les airs et projeta une nouvelle lame d'air qui survola l'Atout. Anticipant rapidement la trajectoire de l'attaque, il se saisit du Meitou volé et arma son bras. Une giclée de sang s'échappa de sa blessure à l'épaule tandis qu'il projetait un coup d'estoc, ne parvenant qu'à créer une misérable vague d'air compressé, bien loin de la puissance habituelle de ses techniques. Heureusement, il parvint de justesse à intercepter l'assaut adverse, leurs deux projectiles se rencontrant en plein vol, une fraction de seconde avant de découper une famille en pleine course. La lance d'air du révolutionnaire se vaporisa instantanément à ce contact, mais dévia tout de même la lame de vent meurtrière, qui se sépara en deux et vint exploser autour des civils en fuite.

Satisfait du résultat, Mandrake entendit à nouveau le bruit caractéristique des Sorus de la tueuse. Cette dernière apparut soudain à ses côtés, et taillada rapidement son torse avant de repartir, trop vite pour qu'il puisse réagir. Son haki était puissant, mais celui de son adversaire n'était pas en reste non plus et, secondé par son Meitou, elle parvint légèrement à percer son armure intégrale. Grognant de douleur, l'Atout manqua de trébucher et lâcha un juron en réalisant que l'agente était de nouveau sur le point d'assassiner une innocente victime. Impuissant à l'arrêter, il tenta de projeter une nouvelle lance d'air dans sa direction, avant de réaliser qu'il était tombé dans sa feinte. Oubliant sa proie éplorée, elle s'était fendue d'un Rankyaku surprise en direction de la Force de la Révolution, qui ne put rien faire pour l'éviter. Présentant son épaule droite en avant, il chargea purement et simplement la lame d'air, comptant sur toute la puissance de son Armement pour le protéger.

Son armure noire parvint effectivement à résister au pouvoir tranchant du Rankyaku, qui se dissipa autour de lui non sans soulever un nuage de poussière. Accusant néanmoins le choc, c'est un Mandrake désorienté qui se retrouva soudain à chercher son adversaire du regard, sans réaliser que cette dernière avait profité de sa fourberie pour se déplacer dans son dos. Ressentant dans ses os le changement de pression provoqué par la technique de l'agente, le révolutionnaire renforça instantanément le haki qui recouvrait son dos, et encaissa un nouveau Rankyaku. La lame d'air qui le percuta se scinda en deux parties, qui partirent chacune en direction d'un nouveau civil en fuite. Ayant à peine le temps de réagir, il généra une nouvelle attaque d'estoc volante - perdant une nouvelle giclée de sang au passage - et ne put sauver qu'un seul des deux fuyards. Atterré, il n'eut même pas le temps réaliser pleinement son échec que l'agente était déjà sur son dos, parvenant à percer son haki en enfonçant son Meitou de quelques centimètres dans son omoplate droit. Dans un rugissement de rage et d'exaspération, l'Atout se retourna dans un grand arc du bras, autant pour la chasser  que pour tenter d'attraper cette adversaire particulièrement nocive, qui de plus en plus lui faisait l'effet d'un frelon.

Ce manège se répéta à plusieurs reprises, la tueuse répandant misère et mort parmi les citoyens de Parisse, et Mandrake prenant des coups en tentant de les protéger. Finalement, avec son épaule tailladée et les nombreuses écorchures récoltées au cours de ces dernières minutes, l'Atout fut forcé de reconsidérer sa fierté de révolutionnaire. Il y avait une fine limite entre bonté et stupidité, et il avait déjà pris trop de coups en voulant protéger les quelques inconscients qui n'avaient pas eu le bon sens de fuir le champ de bataille. Pire, sachant que le le GM ne laisserait jamais en vie des témoins de sa cruauté, il ne leur rendrait pas service en mourant ici. Si lui et ses hommes n'étaient pas là pour offrir une protection à ces civils, les cruels membres des services secrets ennemis s'assureraient qu'ils ne puissent colporter les exactions du CP9, traquant et éliminant méthodiquement chacun d'entre eux, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'obstacles à la propagande du gouvernement. Il devait l'emporter coûte que coûte, et continuer sur ce chemin ne le conduirait qu'au désastre.

Dardant des yeux fiévreux sur l'agente en plein saccage, Mandrake ne laissa pas transparaître ce changement d'objectif, continuant à faire le singe pour le plaisir de son adversaire.

Une réserve de poudre sur un champ de bataille, c'est pas ça qui doit manquer non ? désespéra un instant le révolutionnaire, avant de tomber nez à nez avec un élément qui attira immédiatement son attention.

Fidèle à sa tactique de guérilla, la tueuse s'était éloignée de lui en direction d'une famille de parissois. Elle attendait patiemment qu'il s'approche et tombe à nouveau dans son piège, l'empêchant de tuer les civils mais récoltant de nouvelles taillades par la même occasion. Mandrake fit le seul choix possible... et abandonna les fuyards à leur sort, conscient que l'agente cesserait son massacre dès lors qu'elle n'en tirerait plus un avantage. Refusant de jouer le jeu de cette dernière, l'Atout s'agenouilla près d'un tas de décombres et dans un même mouvement, se saisit d'un tuyau tordu relié à une bonbonne de gaz, rescapée du séisme qui avait dévasté la ville. D'une pensée, il relâcha le haki qui parcourait son épaule tailladée, avant de serrer les dents. Sans perdre un instant, le fier révolutionnaire s'interdit de réfléchir ou pondérer ses actions plus en avant, et dirigea le faisceau bleuté et brûlant vers sa plaie. Tandis qu'une immonde odeur de chair brûlée emplissait ses narines, il retint un hurlement et chercha l'ennemie du regard, autant pour sa sécurité que pour détourner son attention de la douleur.

Elle était là, au loin, couverte de sang alors qu'elle fonçait dans sa direction à une vitesse terrifiante, partie au quart de tour à la seconde même où il s'était agenouillé, et qu'elle avait réalisé son changement de plan. Un sourire de dérision barra immédiatement le visage de Mandrake. Pour la première fois depuis de longues minutes, il reprenait l'ascendant sur son adversaire qui avait oublié toute prudence en l'attaquant de face. Une fois qu'il en eut fini avec, il se saisit de la bonbonne de gaz et la jeta sur la tueuse sans merci, autant pour la gêner que pour faire jouer son bras gauche. Ce faisant, il constata le résultat mitigé de sa cautérisation express : l'hémorragie avait cessé et il avait partiellement recouvré la vigueur de son membre, mais le tremblement incontrôlé qui le parcourait persistait néanmoins. Jouant le tout pour le tout, il bondit en arrière en apprêtant son prochain coup.

Jusque-là persuadée d'avoir privé le révolutionnaire de ses deux bras, l'agente se laissa surprendre par le projectile qui lui fonçait dessus alors même qu'elle était bloquée au milieu d'un Soru. Malgré son haki de l'Observation, elle ne parvint pas totalement à éviter le coup fourré adverse, qui explosa à deux mètres en face d'elle. D'ors et déjà privée d'une jambe, sa mobilité était sérieusement compromise et elle ne parvint pas à s'arrêter à temps, plongea tête la première dans la déflagration et en paya durement le prix. Ressortant fumante de l'autre côté, elle ne put rien faire quand, fort de son bras rafistolé, Mandrake en profita pour l'attaquer. L'assassin encaissa un souffle d'air comprimé qui lui déchiqueta l'épaule et acheva de totalement la déséquilibrer. Bien loin de ses pitoyables tentatives précédentes, qui parvenaient à peine à repousser les Rankyaku adverse, la technique de l'Atout n'avait plus rien à envier à l'Aubade Coup Droit du légendaire Brook, le musicien de l'équipage du Chapeau de paille.

Poussée par son élan, l'albinos dégringola au sol avant d'atterrir aux pieds de Mandrake, lequel arriva au terme de son saut en l'écrasant brutalement sous ses bottes. L'énergie bleutée du Gura Gura no Mi saturant sa main restante, la CP désorientée ne put contrôler ce qui à l'origine devait être le coup de grâce à l'ennemi, et ne put que décharger le tout dans le sol. Résistant à la déflagration, la Force de la Révolution lâcha le Meitou volé et campa sur ses positions, dominant l'adversaire de tout son poids en exploitant la résistance conférée par le Kairōseki. Dans un ultime effort et un hurlement de rage, il parvint à braver les secousses sismiques de la tueuse et à lui attraper la gorge, mettant effectivement un terme au déchaînement des pouvoirs du fruit.

Quelques secondes passèrent durant lesquelles Mandrake reprit son souffle, appréciant le silence du calme après la tempête. Son adversaire, paralysée par le granit marin, avait cessé de remuer et se contentait à présent de le foudroyer du regard. Ses tatouages de haki reprenant de la vigueur, le révolutionnaire se releva tout en la soulevant à bout de bras. Un air sévère sur le visage, de la fumée s'échappant autant de son membre calciné que de la peau et le visage ravagé de sa prise, il examina cette dernière. Totalement impuissante, elle n'avait même plus la force de lever les mains pour résister à sa poigne implacable.

 - Échec et mat, lâcha-t-il à la tueuse en raffermissant sa prise sur sa gorge, menaçant de lui briser la nuque d'un coup sec, tu vas répondre de tes crimes à présent.

Tout à sa victoire, l'Atout remarqua néanmoins une étrange lueur bleutée flottant au coin de son œil.


Hasta la victoria siempre.
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Elle n’avait pas spécialement d’attachement pour sa cheffe d’équipe. Pas plus qu’elle ne l’appréciait en tant que personne, elle n’avait envie d’être une nouvelle fois sous ses ordres. Pourtant, s’il y avait bien un sentiment qui demeurait aussi fort dans la lecture des récits et des rapports mentionnant les actes de l’albinos que dans la réalité, c’était sa force et sa témérité.

Une témérité qui lui avait finalement coûté bien cher, lorsqu’au prix de plusieurs Sorus extrêmement énergivores et de quelques révolutionnaires froidement assassinés en chemin, Angelica parvint à voir l’état de sa supérieure.

Froide, monstrueuse, celle-ci était dans un état pitoyable, délestée de ses deux membres, et parvenait toutefois à tenir tête à la Force de la révolution. Visiblement hors d’haleine, Annabella Sweetsong luttait ardemment contre son adversaire, ravageant un peu plus le paysage sur son passage ou se servant de la présence de civils pour l’obliger à se mettre à découvert. Cette dernière tactique, typique du manque de scrupules du Cipher Pol, s’était révélée efficace jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce que la jeune femme fût heurtée par une formidable explosion générée par un projectile hautement instable qui lui avait soufflé sa déflagration à la figure.

Et quelle figure.

Sortie du nuage de flammes, c’était une Annabella méconnaissable, à la peau du visage fondue et à la chair apparente et à vif qui avait continué de se dresser contre l’ennemi. Et qui avait malgré tout tenté de lui asséner une énième attaque. Avant de se faire avoir par une nouvelle stratégie du Seigneur de Guerre de la révolution. Parée puis bloquée contre le sol, ce fut finalement la pression d’une main sur son visage charcuté qui eut raison de ses dernières forces. Et ce fut aussi à ce moment-là qu’Angelica comprit le secret de l’Atout en voyant les effets de son étrange peau sombre dont les veines grises étaient incroyablement visibles. Elle en avait entendu parler, mais pensait qu’il ne s’agissait que de rumeurs.

Mais non, l’homme avait bien du Granit Marin dans les veines et en faisait usage sur l’utilisatrice du fruit des séismes. Choquée, paralysée, immobile, son combat semblait perdu. Elle allait mourir.

- NON !

Le cri sembla sortir inconsciemment de la bouche de la jeune femme, tandis que des étranges flammèches venaient pourlécher les contours de sa silhouette pour finalement l’enflammer de la tête aux pieds. En l’espace d’un instant, elle devint magnifiquement visible parmi les décombres, brillant de mille feux au milieu du champ de bataille et éclairant les visages surpris et hébétés des soldats et agents livrant férocement bataille.

Et le moment d’après, elle fonçait sur Jonas Mandrake. D’une rapidité et d’une souplesse exceptionnelle, sa main était venue chercher le poignard tombé au sol pour profiter de la surprise du Libérateur et lui enfoncer prestement la lame dans le mollet gauche. Pour l’obliger à lâcher prise, ce qu’il fit.

Telle une étoile filante éclatante, tantôt rouge, tantôt bleue, la subalterne saisit alors le corps inerte de sa supérieure pour le mettre en sûreté.  Dans son état, il n’était plus possible d’espérer véritablement une victoire contre le membre du DRAGON. Dans son état, elle pouvait à peine lever un doigt de son misérable membre meurtri par le feu. Dans son état, sa peau semblait avoir fusionné avec ses quelques vêtements restants, là où il ne s’agissait pas déjà d’un épiderme artificiel. Un œil borgne, probablement le seul encore humain, fixait sombrement la sauveuse tandis que l’autre exprimait une foule de sentiments.

De la honte, de la haine, du soulagement et de la peur. Mais aucune joie, aucune tristesse : cela elle ne semblait plus capable de pouvoir l’exprimer pour de vrai. Si Angelica n’avait pas vu les feintes émotionnelles de l’albinos auparavant, elle connaissait désormais la vérité : la cheffe d’équipe était morte depuis longtemps, bien longtemps, à l’intérieur.

- Laisse-moi… me battre… gémit cette dernière tandis que son assistante la reposait délicatement sur le sol, dans les décombres d’un immeuble pratiquement enseveli sous terre. La demande était stupide, invraisemblable, mais trahissait le réel désir d’en finir désormais  pour celle qui, autrefois, était d’une beauté si froide et si magnifique, mais aujourd'hui complètement décatie.

Agitant négativement son chef, Angelica sembla plonger sa protégée dans un profond désarroi dont n’émana par la suite qu’un profond et long silence. Qui fut progressivement meublé par les bruits de la bataille reprenait de plus belle puis par les hurlements d’un homme énervé, furieux. Qui était autant une menace qu’un cri d’encouragement pour ses hommes désormais acculés.

- Inutile de vous cacher, vous ne pourrez échapper à votre destin ! Le Cipher Pol ne remportera pas cette bataille ! Jamais, pas tant que je serai vivant ! Hasta la victoria siempre !

Puis, visiblement handicapé dans ses mouvements à cause de la blessure qui lui tenaillait la jambe, le révolutionnaire adopta une autre stratégie pour faire sortir les rats de leur tanière.

Depuis sa minuscule lucarne au ras du sol jonché de débris, Angelica pouvait à présent le voir balayer avec des lames d’air monstrueuses, provoquées par la manipulation d’un sabre probablement récupéré sur un soldat tombé au combat, les infrastructures sur son passage susceptibles d’accueillir les deux femmes.

Le temps était désormais compté et Angelica n’avait pas d’autre option que de fuir ou de se battre pour sauver la mise de sa supérieure, dont le maintien en vie était probablement plus important pour le Gouvernement Mondial que sa propre existence. Angelica n’était rien, Annabella était fort probablement l’agent le plus efficace et le plus dangereux du CP9, le pôle assassinat… et génocide.

Au bout de quelques secondes de profondes réflexions, la brunette rendit finalement sa décision sous l’œil opaque et blanc de sa commandante. Jonas Mandrake avait peut-être une force hors du commun, mais les Browneye possédaient une intelligence rare et tenace, les rendant capables de tenir tête aussi bien à des atouts révolutionnaires qu’à des empereurs pirates. La stratégie était la clé.

Malgré la fatigue, Angelica décida donc de lutter. Et se révéla au grand jour devant son adversaire. Pile dans son champ de vision. Professionnel dans ses méthodes, et harassé par l’enchaînement des combats, Mandrake commit une erreur de plus. Il se propulsa grâce à la force d’une lame d’air verticale dans la direction de la jeune femme aux pouvoirs rares et hors du commun.

- Palissade. murmura cette dernière tout en libérant de ses deux mains un torrent de flammes qui vint ausitôt constituer un haut mur de flammes, prenant de surprise l’assaillant qui, comme prévu, freina des quatre fers par précaution.

Et ne vit pas le prochain coup venir lorsque son adversaire traversa subitement la paroi enflammée pour tenter de l’assaillir à nouveau à coup de Quart au niveau des genoux. Rater, puis se replier. Sur ses gardes, le révolutionnaire conservait constamment une couche de Haki par-dessus sa peau qu’il était impossible de contourner. Par chance, le mental d’acier de l’agente Browneye lui permettait rapidement de déceler les rares points faibles de ses opposants. A condition de s’en rapprocher assez. Et donc de se séparer d’une nouvelle carte dans sa main.

Au lieu d’un mur, ce fut cette fois-ci un rayon de flammes qui vint manquer, volontairement, d’agresser le révolutionnaire qui, comme désiré, se déporta sur sa gauche. Mais para une nouvelle fois sans difficulté l’attaque de la subalterne. Non, définitivement, elle manquait de force et de rapidité… mais pas de perception. Et elle savait où viser désormais.

Alors elle opéra cette fois-ci une dernière tentative, misant le tout pour le tout. Si elle ne pouvait pas battre Mandrake, elle pouvait toutefois envisager de le blesser assez sévèrement pour l’obliger à sonner la retraite. C’était son objectif. Celui pour lequel elle s’enflamma à nouveau avec ses feux follets inoffensifs et se propulsa dans sa direction pour bombarder l’ennemi, dans sa course, de boules de feu. Que la Force révolutionnaire coupa et balaya aisément, le regard focus sur la silhouette éclatante qui fonçait dans sa direction et ne cessait de lui envoyer des projectiles.

Ou tout du moins, paraissait encore lui envoyer des projectiles.

Libérée de sa carapace de feux follets, Angelica avait plongé sous les flammes et les lames d’air pour finalement se retrouver nez à nez avec son adversaire. Celui-ci regardait encore le brasier ambulant lorsqu’une lueur d’acier vint danser dans les reflets des rares parties de son corps qu’il conservait à nu. La taillade fut brève, horizontale, nette, venant endommager brusquement les deux globes aux iris noirs comme la colère dans laquelle l’Atout ne tarda pas à se précipiter.

Spoiler:

Aveugle, Jonas Mandrake eut, malheureusement pour Angelica, le réflexe de chercher dans l’instant l’origine de sa cécité incroyablement douloureuse et mit la main sur son opposante qui sentit aussitôt ses forces la quitter.

Ca y était, elle était finie. Elle le savait. Mais le handicap infligé par sa lame était trop important pour que la Force de la révolution s’entêtât à continuer le combat. Non, elle avait accompli sa mission à merveille.

La poigne était d’acier sur son cou à découvert, frêle et fragile. Sa respiration coupée n’était rien en comparaison des bruits émanant de ses vertèbres brutalement comprimées. Jamais Angelica n’avait à ce point souffert, victime d’une pression n’allant que crescendo et menaçant de faire exploser sa tête comme un ballon de baudruche. Elle qui n’était plus qu’un légume désormais.

Elle n’espérait plus rien.

Pas même l’intervention finale de celle qu’elle pensait inapte à continuer le combat. Mais qui la sauva de justesse en faisant danser le sol comme s’il eut s’agit d’un drap aux ondulations infinies.

Soudainement libérée de l’étreinte de fer mais toujours à portée de l’ennemi, Angelica pouvait désormais voir du coin de l’œil la silhouette sombre, recouverte du Haki de l’armement de la tête au pied, de celle qui venait de la sauver à son tour.

Alimentant constamment les secousses qui déséquilibraient le révolutionnaire désormais aveugle et vulnérable, bien qu’encore aidé par son Durcissement intemporel, Annabella se rapprochait lentement, claudiquant grâce à un fusil à baïonnette tenu en guise de béquille par son unique bras, tandis que chaque nouveau pas venait marteler le sol d’une nouvelle réplique. Blessée, meurtrie, l’agente semblait toutefois plus forte que jamais, suscitant les regards inquiets de ses ennemis aussi bien que ceux de ses confrères qui avaient désormais cessé de se battre.

Si elle ne se maîtrisait pas, la jeune femme pouvait transformer la ville entière en un vaste terrain vague ou un gouffre aux profondeurs abyssales. C’était l’héritage des pouvoirs de Barbe Blanche. Mais la force déployée semblait raisonnée, délimitée au champ de bataille et déployée contre une seule et unique personne qui, progressivement, devait sentir de plus en plus les secousses remonter dans son échine.

Bien qu’aveugle, cette-dernière se désintéressa subitement de l’existence de celle qui lui avait pris la vue pour se tourner vers l’origine des nouveaux tremblements qui le déstabilisaient de plus en plus, l’obligeant à planter sa lame dans le sol pour tenir debout.

- C’est impossible… tu ne devrais même plus… pouvoir bouger ! hurla-t-il désespérément, luttant de plus en plus pour ne pas être balayé par la force des vibrations venant le heurter par vagues successives et toujours plus fortes.

Jusqu’à ce que l’épicentre des séismes n’arrivât enfin à sa portée. Qu’un incroyable courant d’air ne soufflât ses nattes rousses et ne l’obligea à resserrer sa prise. Et que des bruits de brisure ne pussent se faire entendre, tandis qu’Angelica contemplait l’ultime attaque de sa supérieure, avant que ses forces ne s’évanouissent définitivement.

Sous le poids du poing avec lequel Annabella Sweetsong venait de délivrer un incroyable souffle d’air, d’innombrables myriades de fissures lumineuses couraient désormais sur la paroi invisible qui la séparait de Jonas Mandrake. Elles s’étendirent alors sur plusieurs yards, tous azimuts, telles des veines bleutées zébrant l’air à la façon des capillaires sanguins.

Avant que les répercussions n’advinssent, pour le plus grand malheur du Libérateur, annoncées par la voix sèche et éraflée, comme mourante, de son antagoniste.

- Jishin... Kenpou...

...Jugon.
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Les pouvoirs du fruit du séisme s'annulaient au contact de la peau de Mandrake. D'une manière générale les utilisateurs de fruits ne faisaient pas le poids contre lui. Il était leur bête noire, le chasseur anti-démon de la Révolution... et pourtant il s'était laissé avoir.

Le vent soufflait fort autour de lui, tellement puissantes que ses larmes de sang venaient se perdre dans ses cheveux plutôt que dans son cou. Il avait beau avoir perdu la vue, il le sentait, c'était l'albinos qui l'attaquait avec son terrifiant pouvoir. L'air craquait autour de lui, se brisait dans un fracas assourdissant à mesure que les ondes du Gura Gura no Mi progressaient dans sa direction. Il n'était pas inquiet cependant, les pouvoirs du fruit s'annulaient à son contact, même le tonnerre. Il avait quasiment épuisé son haki, mais avec son corps nervé au granit marin, il était à l'abri. C'était le dernier assaut des agentes. La dernière fois qu'il les avait aperçu, elles étaient à l'article de la mort. Ils n'allaient pas pouvoir les capturer, mais au moins il pourrait s'échapper, réunir ses troupes, reprendre ses forces, apprendre le haki de l'Observation et revenir pour se saisir de Parisse. Il n'était pas inquiet, son calvaire l'avait rendu invulnérable aux pouvoirs du démon.

Le choc fut bref, et une fois de plus le calme succéda à la tempête. Privée à jamais de lumière, la Force de la Révolution goûtait pleinement au silence qui s'était installé sur le champ de bataille, à la sérénité qui suivait la réchappé d'un combat à mort. Il était las, fatigué et brisé, il lui fallait battre en retraite. Étrangement, le choc l'avait tout de même repoussé de quelques centimètres, alors qu'il n'aurait même dû le sentir, mais cette étrangeté n'allait pas le retenir. Il voulut faire un pas en arrière, mais n'en eut pas la force. Pire, un filet de sang filtra lentement au coin de sa lèvre. D'une main tremblante, il toucha sa poitrine et réalisa l'horrible vérité. Déjà plongé dans un océan de douleur, il n'avait pas senti la différence, mais il avait bel et bien un trou dans le torse.

 - Foutus CPs..., grogna Mandrake avant de tomber à genoux.

Invulnérable aux pouvoirs du fruit, mais pas à l'attaque originale, la technique du rokushiki dont l'efficacité avait été élevée à son paroxysme par cette femme, l'élite parmi l'élite. Et Mandrake avait épuisé son haki.

Crachant un flot de sang, les tracés sur son épiderme refluèrent définitivement. La Force de la Révolution bascula au sol, vaincue.


Hasta la victoria siempre.
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Pour Annabella, la victoire n’avait été que de courte durée avant qu’elle ne sombrât inconsciente à son tour.

Ce fut donc Angela qui fut témoin de la scène, lorsque Jonas Mandrake courba l’échine, vaincu, devant son opposante mutilée et amorphe. Elle n’était plus elle-même, plongée dans une sorte de transe, ce qu’Angelica reconnaissait comme une forme d’inconscient. C’était comme si sa supérieure s’était réfugiée à l’intérieur de son crâne pour fuir la douleur. Et malgré cela, elle avait gagné.

Lorsque le corps du mastodonte sombra et toucha le sol, celui-ci produisit le son caractéristique du cadavre s’écroulant de tout son long. Immobile, l’homme ne bougea pas d’un cil pendant plus d’une minute avant d’enfin daigner donner un signe de vie à travers une respiration saccadée et douloureuse liée à sa plaie béante au poumon. Malgré le trou de la taille d’un poing dans son torse, la Force de la révolution subsistait.

Puis c’était l’albinos qui s’était effondrée à son tour, soigneusement récupérée à la volée par les bras de sa subalterne qui avait recouvré juste assez de forces pour agir. Malgré les apparences, la cheffe était un véritable poids plume, aussi légère que fine et toutefois bien musclée sous ses formes féminines. Après une trentaine de secondes de repos, Angelica n’eut aucun mal à la porter par-dessus son épaule, lorsque James Larson apparut spontanément pour contempler la scène avec un regard sombre.

- Alala Sweetsong, dans quels beaux draps t’es-tu encore fourrée… soupira-t-il en voyant la silhouette consumée par les flammes avant d’attarder un œil curieux et contemplatif sur le révolutionnaire endormi.

- Ses blessures sont importantes… Il faut lui prodiguer des soins de toute urgence.

- Il nous faut regagner la côte au plus vite de toute manière, nous ne sommes pas assez nombreux pour continuer à repousser la révolution. Par chance, l’ennemi s’est retranchée de l’autre côté du canal mais pour combien de temps encore… ?

- Mais je ne sais pas si elle survivra au voyage dans son état… déplora la jeune femme, penaude sans pouvoir expliquer pourquoi. Peut-être était-ce une forme de fierté mêlée de détresse, de se trouver devant son héroïne désormais si proche de la mort. Ou encore un attachement inexplicable pour la pauvre femme, à l’apparence désormais si fragile et si désolée.

Au lieu de mots, ce fut une main épaisse et rassurante qui lui répondit en venant s’attarder lourdement sur son épaule pendant plusieurs secondes. Alors que progressivement les agents du Cipher Pol se repliaient en emportant le corps, sous les directives du reptile.

- Elle s’en remettra. Elle s’en remet toujours, crois-moi. Cette femme est immortelle.

Faussement convaincue, Angelica hocha fébrilement du chef avant de se relever, le corps hissé sur l’épaule comme s’il se fut agi d’un sac à patates. Mais avec douceur, toutefois.


Du coin de l’œil, elle contempla alors une dernière fois le centre-ville de Parisse avant de quitter cette maudite île qui venait de voir tant de souffrances propagées en aussi peu de temps.

L’endroit était dévasté, la plupart des immeubles réduits en poussière et en fumée ; la Saigne débordait toujours, emportant avec elle nombre de macchabées flottant à la dérive vers les nombreuses écluses de la capitale. De rares silhouettes progressaient au loin, véhiculant misérablement leurs ombres vaincues et abattues par la défaite de leur commandant. Plutôt que de se battre pour récupérer ce qu’ils pouvaient penser être sa dépouille, ils avaient choisi de fuir la queue entre les jambes. Quel choix avaient-ils désormais ?

Même Jonas Mandrake y était passé.

Révolutionnaires de l’Union, Dissidents, Syndicalistes ou encore Insurgés. Ils avaient été nombreux à participer à la bataille et encore plus à le regretter. Certains s’échappaient désormais vers le nord pour rejoindre la ville sécurisée par l’armée du Leader, d’autre vers le sud, laissant définitivement derrière eux les idéaux qui les avaient poussés à prendre des risques inutiles. Et transformer leur magnifique ville en chaos de cendres et de flammes.

Même si la Marine était en déroute et si le CP se repliait, la révolution ne demeurait pas une valeur sûre pour la reconstruction de Parisse. La victoire venait avec un prix, un tribut qu’ils avaient lourdement payé, mais la défaite était totale et ils ne régnaient désormais que sur des ruines fumantes.

Tournant finalement le dos au champ de bataille, Angelica leva les yeux vers les cieux gris et menaçants qui, à tout moment, risquaient d’éclater en un véritable déluge. Il était temps de partir d’ici. Le CP9 avait fait son travail, aussi discutable pouvait-il être dans ses méthodes. Mais le trophée, lui, était certain et convaincrait jusqu’au conseil des Cinq Etoiles de la bonne foi du Bureau, réduit de plusieurs têtes.

Ils avaient été une trentaine à débarquer quelques heures plus tôt, ils n’étaient désormais qu’un peu moins d’une dizaine à revenir : avec Angelica avaient seulement survécu les agents les plus éminents du CP9.

Larson, le Crocodile et sa sœur, l’agent W, l’agent Tetsuo et celle que l’on appelait, à juste titre, le Cœur d’Acier… hypothétiquement.

***

Le retour au navire se fit de manière délicate.

En effet, le Commodore qui avait survécu au ras-de-marée provoqué par l’albinos avait trouvé le chemin du retour vers son embarcation avec une poignée de ses hommes. Et il n’entendait désormais pas ramener la jeune femme, responsable de nombreuses pertes du côté de la Marine, à son bord. Ce fut toutefois une poigne saisissant sa veste salie par les eaux sales de la Saigne qui le rappela brusquement à l’ordre. Celle du vénérable chef d’équipe aux tempes grisonnantes.

- Ecoute-moi bien mon petit, tu ne m’as pas l’air de bien comprendre que la personne qui te pose problème est celle qui a vaincu Jonas Mandrake de ses propres mains. Veux-tu être l’officier qui a laissé derrière lui un héros du Gouvernement Mondial, aussi agent secret soit-il ?

- Je… euh… non mais…

- Dans chaque mission il y a des sacrifices, c’est terrible mon bonhomme, je sais, je connais la chanson. Mais je ne serai pas celui qui laissera un homme derrière lui et surtout pas elle. Alors maintenant tu nous laisse passer et tu ordonnes au reste de tes hommes de hisser les voiles ci-sec.

Qu’importât la hiérarchie, qu’importassent les différences d’échelons entre le Cipher Pol et la Marine, au moment où le vieux Larson prononça ces mots, il réussit à se faire comprendre non seulement de l’officier, mais aussi de sa centaine d’hommes encore à bord qui avait participé au spectacle et se remettait désormais en question. La plupart étant des réservistes, ceux-ci n’avaient pas eu à se battre et semblaient d’autant plus contents de prendre la tangente.

Ce fut donc avec un brancard récupéré par deux médecins principaux que le corps inerte de la blonde fut prestement tracté par-dessus le bastingage, sous les ordres du Commodore qui avait eu tôt fait de changer d’avis, en apparence.

Tandis que l’on remontait l’ancre, à la suite des derniers agents du Cipher Pols et Marines encore sur la berge, le Commodore eut une fois de plus l’occasion de perdre en crédibilité lorsque ses ordres de navigation furent soudainement bousculés par l’évocation d’une autre destination que Marie-Joie, où le repli semblait évident.

Dressé sur le pont, toujours dans son simple uniforme sombre, taché de sang et de boue, dans un état plus que misérable, James Larson semblait toutefois plus jeune et plus vigoureux que jamais, le regard animé d’une détermination nouvelle qui semblait étrangère à tous ses confrères du Cipher Pol. C’était comme s’il avait retrouvé une raison de se battre : celle de devoir sauver la vie de son apprentie qui s’était vaillamment défendue et avait remporté une victoire impossible. Une victoire contre laquelle lui-même s’était de nombreuses fois battu durant la dernière décennie, emportant au fil des défaites sa confiance, sa témérité et sa joie de vivre pour au lieu de cela le noyer dans un torrent d’alcool.

- Au diable Marie-Joie, les politiciens pourront attendre ! Direction la base de la Marine Scientifique : il nous faut de vrais médecins et le matériel qui va avec. tonna l’agent tout en continuant de fixer l’horizon, avant de finalement se retourner pour contempler les hommes de l’équipage, pour la plupart ahuris. Comprenant alors la nécessité de préciser la destination, James Larson conclut sobrement :

- Mettez les voiles vers Nursery et que ça saute.

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