Et le ciel s'apaisera
I.
Plaine, ma plaine.
Les préparatifs de l'attaque étaient un défi logistique sans précédent. Il fallait acheminer tout le matériel nécessaire à la dernière étape avant la libération de Vindex. Les divisions étaient à nouveau en effectif plein, tandis que les stocks d'armes étaient au plus haut niveau. Nul ne se doutait de la violence des combats qui allaient avoir lieu dans la capitale vindexoise.I.
Plaine, ma plaine.
Les hommes étaient nerveux, et même si leurs officiers tentaient de leur remonter le moral, tous savaient qu'ils avaient un risque d'y laisser leur peau. Ils avaient tous écrit à leur famille et se reposaient. Ce court répit était le bienvenue dans les troupes. Les combats à Ypres avaient été dévastateurs. Au total, les pertes avoisinaient les cinq mille morts, sans compter le nombre de blessés. Six mois s'étaient écoulés depuis le début de la guerre et les membres de l'état-major souhaitaient y mettre un terme définitif au bout du septième.
Mountbatten parcourait les berges, l'air nonchalant. Il regardait l'autre côté de la rive pendant qu'il faisait sa petite balade. Il n'y avait que des ruines. L'artillerie avait pilonné les premières lignes de défense de la ville pour rendre l'assaut amphibie plus facile. Des unités étaient postées en permanence sur la rive, armes en main. Ils avaient pour mission d'éliminer toute menace qui viendrait perturber le travail des ingénieurs de la Brigade Scientifique. Ainsi, les vindexois ne pouvaient pas répliquer et étaient condamnés à se barricader jusqu'à l'offensive des forces gouvernementales.
Les jours passaient et l'opération était sur le point d'être prête. Les barques de débarquement étaient prêtes, chaque soldat avait reçu un équipement complet. Il ne manquait plus que le feu vert. Une dernière réunion avec les officiers de toutes les divisions fut alors organisée, signe que l'invasion était imminente.
Le désormais commandant d'élite fit route vers la grande tente où étaient prises les décisions d'ordre stratégique. A ses côtés se trouvaient les deux autres commandants d'élite qui dirigeaient un bataillon. La mine grave, ils marchaient dans le camp principal, dévisagés par les soldats. Leur présence combinée indiquait clairement le début de la fin pour les renégats.
Alors, ils entrèrent dans la vaste tente. Au milieu, une grande table en bois avec une carte annotée à de nombreux endroits. Autour, la plupart des officiers étaient déjà là, notamment les commandants de division. Les plus puissants combattants de la Marine sur Vindex étaient réunis. D'autres suivirent, jusqu'à ce qu'ils furent au complet. La réunion pouvait commencer.
Une atmosphère profondément sérieuse s'installa d'office de par la nature de ce rassemblement d'officiers. La solennité du moment envahissait tout le monde, de telle manière qu'ils se retrouvaient figés dans leurs mouvements. Ils restaient de marbre, tandis que les plus hauts gradés commençaient le briefing.
C'était le premier de Mount en tant que commandant d'élite. C'était une autre paire de manche que celles auxquelles il avait pu assister en tant que lieutenant d'élite. Les plans de bataille étaient coordonnés à l'échelle stratégique, contrairement aux autres réunions qui coordonnaient uniquement la tactique à aborder. Cette infime différence changeait tout le point de vue qu'il fallait prendre.
De nouvelles questions étaient abordées, comme le positionnement de divisions entières, ou la planification des lignes de ravitaillement. L'ajout de ces nouveaux sujets entraînait inévitablement un allongement de la durée. Le Marijoan put sans difficulté se rendre compte qu'une fonction d'officier supérieur incombait aussi des tâches de gestion, en plus des affaires de combats. Des soldats puissants ne valaient rien s'ils étaient mal positionnés et en manque de vivres, ainsi que de munitions. Il avait pu le comprendre brièvement durant les précédents mois, mais il se rendait compte pleinement à ce moment-là que la Marine n'était pas seulement une gigantesque armée, mais aussi un monstre de logistique et d'organisation.
Les discussions allaient bon train. Chacun essayait d'apporter sa pierre à l'édifice. Néanmoins, certaines propositions étaient refusées sans trop de ménagements. Il fallait faire vite, et la moindre chose inutile était écartée du plan. Le Fantôme participait aussi, mais beaucoup moins que ses collègues. Il avait encore beaucoup à apprendre.
Après plusieurs heures de planification et d'arrangements, le plan était prêt. Le début de l'opération était prévu le surlendemain, à l'aube. Ils sortirent de la tente, exténués. Cependant, ce n'était pas fini. Quelques heures plus tard, les officiers supérieurs devaient assister et guider les réunions en compagnies des officiers subalternes. C'était une sorte de marathon intellectuel, car il ne fallait pas omettre les détails importants, ou dire des informations erronées.
Il avait donc bien mérité son repos. Ce soir-là, il s'était mis à l'écart de ses hommes. Il regardait l'horizon, pensif. Le soleil descendait vers Ypres, pour parcourir le reste du globe, jusqu'à revenir de l'autre côté pour marquer le début d'une nouvelle journée. Mélancolique, il se demandait vainement si on devait compter chaque jour qui passait comme un jour de plus ou un jour de moins. Il repensait souvent à Ratzkill et à Louise. Sa vie en était chamboulée à jamais. Il se sentait plus seul chaque jour qui passait.
Il balaya ces pensées d'un revers de la main. Il fallait se reposer et s'amuser tant qu'il le pouvait, avant d'affronter une nouvelle fois les flammes de l'enfer. Revêtant un sourire de façade, il rejoignit ses hommes, tous en cercle autour d'un feu de camp. Ils se racontaient des histoires, riaient et buvaient. Certains montraient des images de leur famille, avec fierté. C'était un moment convivial comme un autre, à l'exception près du cadre. Alors, ils essayaient d'oublier. L'alcool aidait bien, c'est sûr. Quelques instruments furent distribués et des soldats commencèrent à jouer de la musique. Ils entamèrent un chant bien connu dans les rangs, tant il avait été chanté pour motiver les troupes avant le combat.
- Musique:
L'harmonica menait le rythme, avec une sorte de guitare. Les militaires délaissèrent leurs discussions pour fredonner en rythme. Le clairon régimentaire rejoignit les autres instruments, accompagné de cymbales. C'était un chant rempli de testostérone, qui redonnait vite le moral aux hommes.
La soirée se finit dans une relative ivresse, chacun retournant à ses baraquements pour piquer un somme. Le lendemain allait être bien différent de ce moment-là : ils allaient s'entraîner pour préparer l'assaut. Les irresponsables qui avaient trop bu n'avaient qu'à bien se tenir.
Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 18:46, édité 1 fois