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Et le ciel s'apaisera

Et le ciel s'apaisera

I.

Plaine, ma plaine.
Les préparatifs de l'attaque étaient un défi logistique sans précédent. Il fallait acheminer tout le matériel nécessaire à la dernière étape avant la libération de Vindex. Les divisions étaient à nouveau en effectif plein, tandis que les stocks d'armes étaient au plus haut niveau. Nul ne se doutait de la violence des combats qui allaient avoir lieu dans la capitale vindexoise.

Les hommes étaient nerveux, et même si leurs officiers tentaient de leur remonter le moral, tous savaient qu'ils avaient un risque d'y laisser leur peau. Ils avaient tous écrit à leur famille et se reposaient. Ce court répit était le bienvenue dans les troupes. Les combats à Ypres avaient été dévastateurs. Au total, les pertes avoisinaient les cinq mille morts, sans compter le nombre de blessés. Six mois s'étaient écoulés depuis le début de la guerre et les membres de l'état-major souhaitaient y mettre un terme définitif au bout du septième.

Mountbatten parcourait les berges, l'air nonchalant. Il regardait l'autre côté de la rive pendant qu'il faisait sa petite balade. Il n'y avait que des ruines. L'artillerie avait pilonné les premières lignes de défense de la ville pour rendre l'assaut amphibie plus facile. Des unités étaient postées en permanence sur la rive, armes en main. Ils avaient pour mission d'éliminer toute menace qui viendrait perturber le travail des ingénieurs de la Brigade Scientifique. Ainsi, les vindexois ne pouvaient pas répliquer et étaient condamnés à se barricader jusqu'à l'offensive des forces gouvernementales.

Les jours passaient et l'opération était sur le point d'être prête. Les barques de débarquement étaient prêtes, chaque soldat avait reçu un équipement complet. Il ne manquait plus que le feu vert. Une dernière réunion avec les officiers de toutes les divisions fut alors organisée, signe que l'invasion était imminente.

Le désormais commandant d'élite fit route vers la grande tente où étaient prises les décisions d'ordre stratégique. A ses côtés se trouvaient les deux autres commandants d'élite qui dirigeaient un bataillon. La mine grave, ils marchaient dans le camp principal, dévisagés par les soldats. Leur présence combinée indiquait clairement le début de la fin pour les renégats.

Alors, ils entrèrent dans la vaste tente. Au milieu, une grande table en bois avec une carte annotée à de nombreux endroits. Autour, la plupart des officiers étaient déjà là, notamment les commandants de division. Les plus puissants combattants de la Marine sur Vindex étaient réunis. D'autres suivirent, jusqu'à ce qu'ils furent au complet. La réunion pouvait commencer.

Une atmosphère profondément sérieuse s'installa d'office de par la nature de ce rassemblement d'officiers. La solennité du moment envahissait tout le monde, de telle manière qu'ils se retrouvaient figés dans leurs mouvements. Ils restaient de marbre, tandis que les plus hauts gradés commençaient le briefing.

C'était le premier de Mount en tant que commandant d'élite. C'était une autre paire de manche que celles auxquelles il avait pu assister en tant que lieutenant d'élite. Les plans de bataille étaient coordonnés à l'échelle stratégique, contrairement aux autres réunions qui coordonnaient uniquement la tactique à aborder. Cette infime différence changeait tout le point de vue qu'il fallait prendre.

De nouvelles questions étaient abordées, comme le positionnement de divisions entières, ou la planification des lignes de ravitaillement. L'ajout de ces nouveaux sujets entraînait inévitablement un allongement de la durée. Le Marijoan put sans difficulté se rendre compte qu'une fonction d'officier supérieur incombait aussi des tâches de gestion, en plus des affaires de combats. Des soldats puissants ne valaient rien s'ils étaient mal positionnés et en manque de vivres, ainsi que de munitions. Il avait pu le comprendre brièvement durant les précédents mois, mais il se rendait compte pleinement à ce moment-là que la Marine n'était pas seulement une gigantesque armée, mais aussi un monstre de logistique et d'organisation.

Les discussions allaient bon train. Chacun essayait d'apporter sa pierre à l'édifice. Néanmoins, certaines propositions étaient refusées sans trop de ménagements. Il fallait faire vite, et la moindre chose inutile était écartée du plan. Le Fantôme participait aussi, mais beaucoup moins que ses collègues. Il avait encore beaucoup à apprendre.

Après plusieurs heures de planification et d'arrangements, le plan était prêt. Le début de l'opération était prévu le surlendemain, à l'aube. Ils sortirent de la tente, exténués. Cependant, ce n'était pas fini. Quelques heures plus tard, les officiers supérieurs devaient assister et guider les réunions en compagnies des officiers subalternes. C'était une sorte de marathon intellectuel, car il ne fallait pas omettre les détails importants, ou dire des informations erronées.

Il avait donc bien mérité son repos. Ce soir-là, il s'était mis à l'écart de ses hommes. Il regardait l'horizon, pensif. Le soleil descendait vers Ypres, pour parcourir le reste du globe, jusqu'à revenir de l'autre côté pour marquer le début d'une nouvelle journée. Mélancolique, il se demandait vainement si on devait compter chaque jour qui passait comme un jour de plus ou un jour de moins. Il repensait souvent à Ratzkill et à Louise. Sa vie en était chamboulée à jamais. Il se sentait plus seul chaque jour qui passait.

Il balaya ces pensées d'un revers de la main. Il fallait se reposer et s'amuser tant qu'il le pouvait, avant d'affronter une nouvelle fois les flammes de l'enfer. Revêtant un sourire de façade, il rejoignit ses hommes, tous en cercle autour d'un feu de camp. Ils se racontaient des histoires, riaient et buvaient. Certains montraient des images de leur famille, avec fierté. C'était un moment convivial comme un autre, à l'exception près du cadre. Alors, ils essayaient d'oublier. L'alcool aidait bien, c'est sûr. Quelques instruments furent distribués et des soldats commencèrent à jouer de la musique. Ils entamèrent un chant bien connu dans les rangs, tant il avait été chanté pour motiver les troupes avant le combat.

Musique:

L'harmonica menait le rythme, avec une sorte de guitare. Les militaires délaissèrent leurs discussions pour fredonner en rythme. Le clairon régimentaire rejoignit les autres instruments, accompagné de cymbales. C'était un chant rempli de testostérone, qui redonnait vite le moral aux hommes.

La soirée se finit dans une relative ivresse, chacun retournant à ses baraquements pour piquer un somme. Le lendemain allait être bien différent de ce moment-là : ils allaient s'entraîner pour préparer l'assaut. Les irresponsables qui avaient trop bu n'avaient qu'à bien se tenir.


Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 18:46, édité 1 fois
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Et le ciel s'apaisera

II.

D-DAY.
Une bonne journée avait été nécessaire aux derniers préparatifs. Les répétitions et les cours théoriques s’enchaînaient, tandis que le plan de bataille était vu et revu pour le perfectionner. La nuit allait être courte pour les hommes. Le soir arriva relativement vite, et ils partirent dans les bras de Morphée, pleins d’appréhension et de doutes.

BOUM BOUM BOUM BOUM.

Les premières salves de l'artillerie résonnèrent dès l'aube. Il n'était que cinq heures du matin ; mais déjà les obus tombaient. Dans le même temps, l'infanterie se leva et se prépara à attaquer pour l'heure suivante. Les canons crachèrent leur dévastation sur les faubourgs de la ville, de manière à ne laisser qu'une couche de ruine. Les défenseurs vindexois s'y étaient attendus et avaient creusé de nombreuses fortifications et des abris sous-terrains pour passer le barrage en lieu sûr. Malheureusement, certains civils n'avaient pas écouté les ordres pourtant clairs de l'état-major, qui était d'évacuer lesdits faubourgs. Le sang se répandait doucement sur les pierres des bâtiments. Ils avaient tout simplement été écrasés sous les tonnes de matériaux qui constituaient à présent leurs tombeaux.

Triste fin pour ceux qui ne voulaient que la liberté.

L'assaut fut lancé. Les marins poussèrent les barques pour qu'elles aillent sur le fleuve, et embarquèrent lorsqu'elles étaient bien lancées. Ces embarcations avaient été renforcées à grand coup de plaques de métal léger, tout juste épais pour arrêter les petits calibres. Ces protections cintraient le bateau, qui n'avait alors que deux points d'entrée et de sortie : l'avant et l'arrière. Un emplacement de mitrailleuse avait été prévu au centre, pour protéger le petit navire pendant sa traversée. Ces drôles d'engins fonctionnaient avec un moteur et une hélice, ce qui rendait le tout très compact et parfait pour ce genre d'opérations.

C'était ainsi des centaines de barques s'engagèrent simultanément dans le Cataracte. Les mitrailleuses offraient un tir de suppression très efficace et qui forçait l'ennemi à rester à couvert. De cette manière, la résistance adverse en était grandement réduite, malgré les dispositions qu'ils avaient prises. Le fleuve était très large ; de près d'un kilomètre avec un fort courant. C'était aussi un défi pour les barreurs, qui essayaient tant bien que mal d'amener leur embarcation vers la rive d'en face.

La lueur faible du soleil contrastait avec la vivacité des tirs. On assistait à une grande asymétrie ; les moyens de la Marine étaient nettement supérieurs à ceux de l'armée vindexoise ; mais nul ne doute qu'ils allaient se défendre ardemment. L'issue de la guerre n'était plus une surprise, et cette scène confirmait bien cette vision.

Enfin, les bateaux accostèrent et les hommes débarquèrent. L'avant s'abaissa lorsque le fond toucha le banc de sable, et les soldats coururent sur la plage pour atteindre les premières ruines, afin de se mettre à couvert et s'organiser. Certains, à l'instar de Mount, avaient aussi débarqué dans les premiers jours de la guerre. Il avait été envoyé à Eminar, où il avait combattu les renégats dans la jungle dangereuse de la région. Cela lui rappelait des souvenirs, comme à d"autres personnes, malgré leur faible nombre. Les modalités étaient différentes, mais le principe restait le même. De plus, les ingénieurs de la Brigade Scientifique avaient bien mieux préparé l'opération, et les dirigeants de la campagne de Vindex étaient dorénavant plus rodés à cet exercice.

Ses bottes foulaient pour la première fois la rive d'Aldebaran. Au-delà des bâtiments effondrés, on pouvait apercevoir ceux qui étaient encore debout. Cette cité était une merveille sur de nombreux plans, et elle allait souffrir du fléau de la guerre. Les vindexois ne tardèrent pas à pointer le bout de leur nez ; les survivants répliquèrent à partir du moment où les marins étaient à leur portée. Ils étaient lourdement armés et infligèrent des pertes conséquentes à la Marine. D'ultimes tirs de barrage furent lancés pour faciliter l'avancée des troupes et l'établissement d'une solide tête de pont. Bientôt, les marins atteignirent les premiers immeubles qui bordaient la plage. Les sous-officiers et officiers subalternes tentaient de faire l'appel et de situer leurs unités par rapport aux autres, pour suivre au mieux le plan de bataille.

Les communications den-den permettaient une coordination accrues des militaires, et les opérateurs restés de l'autre côté s'efforçaient d'orienter chaque bataillon, en rappelant les objectifs de chacun. La Marine commença à avancer dans les décombres, éradiquant systématiquement les quelques vindexois qui osaient encore brandir les armes. Les prisonniers n'étaient pas nombreux ; la plupart des ennemis étaient profondément endoctrinés par les discours révolutionnaires et leur nationalisme qui tendait vers le fanatisme.

La progression se faisait maison par maison ; c'était un travail long et qui demandait une vigilance de tous les instants, sans quoi chaque soldat pouvait se prendre une balle. Les révolutionnaires, qui combattaient de manière beaucoup moins conventionnelle que les militaires vindexois, utilisaient des mines artisanales qu'ils avaient disséminés un peu partout. Les meilleurs tireurs étaient envoyés en solitaire au front, avec comme seules armes un fusil de précision et des grenades. Ils constituaient une des grandes peurs des marins, qui pouvaient se prendre une balle entre les deux yeux sans même voir le tireur.

Ainsi, la conquête des faubourgs dura plusieurs jours. Le rêve d'une offensive éclair qui avait émergé dans les esprits de nombreux soldats s'effacèrent très vite. Eux qui pensaient devoir affronter un adversaire à bout, fatigué et prêt à capituler... ils déchantèrent très rapidement. Les combats étaient tous aussi durs que dans les autres secteurs ; en particulier à Ypres, si ce n'est plus.

Un des grands problèmes était aussi la question des civils. Ils affluaient en nombre vers les lignes gouvernementales. Seulement, des révolutionnaires se cachaient parmi eux et donnaient alors des informations aux leurs une fois derrière les lignes de la Marine. Certains passaient à l'action et harcelaient les envahisseurs, en tuant également le personnel non-combattant. Cela nourrissait la haine féroce qu'avaient les soldats envers les membres de la révolution, bien plus vicieux et sournois que les militaires de l'armée vindexoise.

Des déserteurs se cachaient aussi parmi eux, ce qui compliquait le travail des agents du Cipher Pol, qui étaient chargés de l'identification des civils. Enfin, le plus gros problème était la gestion globale de toute cette population. Il fallait les alimenter, les faire dormir et les faire travailler à la reconstruction de leur pays, comme les habitants des secteurs occupés.

Les longues colonnes de marins qui allaient au front croisaient régulièrement d'autres colonnes, mais de civils, qui allaient vers des camps spécialisés pour eux. Ils avaient presque tous perdu un mari, un fils ou un père dans cette guerre. Ils avaient faim, ils étaient sales et exténués. Ils leur en voulaient aussi, mais ils savaient pertinemment que ces jeunes-là n'y étaient pas vraiment pour grand-chose.

Les marins qui étaient envoyés au front ne savaient pas vraiment quoi penser. Mais au moins, la guerre était finie pour eux.


Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 18:57, édité 1 fois
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Et le ciel s'apaisera

III.

Le roi et le général.
La merveilleuse ville d'Aldebaran, qui rayonnait au niveau mondial par ses avancées technologiques et sa puissance, était tombée bien bas. Les troupes de la Marine arrivèrent au niveau des banlieues au huitième jour. Le plus gros de la capitale avait été pris ; il fallait à présent finir cette longue guerre.

Un nouveau plan avait été mis en place : l'opération Hallow. Elle consistait en la mise en avant des officiers les plus puissants pour effectuer une percée profonde et rapide. Étant donné que la taille du front était très réduite, c'était enfin possible. Ainsi, les soldats suivraient derrière pour nettoyer les dernières poches de résistance ; tandis que leurs supérieurs s'occuperaient des plus grandes menaces. Parmi les quatre divisions déployées, il y avait de nombreuses personnes expérimentées et capables de s'occuper de compagnies entières de manière totalement autonome. C'était sur elles que s'appuyait à présent l'ultime offensive de la Marine.

Après la distribution des ordres, une réorganisation complète des unités survint pour mieux correspondre aux derniers changements. La zone qui restait à conquérir représentait une dizaine de kilomètres carré, avec des endroits plus ou moins dangereux.

L'opération Hallow fut déclenchée au petit matin du neuvième jour.

Les hommes les plus terrifiants de la Marine avançaient seuls sur les artères principales de la ville, réduisant à l'état de poussière les fous qui osaient lever leurs armes contre eux. Ce changement de tactique prit au dépourvu les vindexois, qui envoyèrent par erreur de simples soldats se heurter à des combattants bien plus puissants qu'eux.

Mountbatten avançait lui aussi, seul, dans l'avenue de Bruyne, du nom d'un célèbre scientifique natif de l'île. Des deux côtés de la rue, de grands bâtiments dédiés à la science et à la recherche le surplombaient. Partiellement détruits pour certains, complètement pour d'autres. C'était une catastrophe. L'architecture aldebaroise reflétait la subtilité et le savoir-faire vindexois. De nombreuses vitres laissaient rentrer la lumière dans des immeubles dévastés. Elles étaient pour la plupart éclatées par les souffles d'explosion qui ébranlaient la ville depuis moins de deux semaines. Les grandes avenues pavées étaient bordées par d’innombrables boutiques avec des façades magnifiques. La cité était prospère et rayonnante.

A présent, les rues étaient désertes, les boutiques pillées, les bâtiments dévastés et démolis. Les grandes avenues qui accueillaient autrefois tout le gratin de Vindex étaient parsemées de débris, de matériel militaire laissé à l'abandon et de cadavres. Le Marijoan marchait tranquillement, sans pour autant relâcher sa garde. Ses hommes progressaient des centaines de mètres derrière lui, ce qui le rassurait grandement.

Soudain, un trinôme de révolutionnaires sortirent d'un magasin à l'abandon et ouvrirent le feu avec une mitrailleuse lourde.

Le Fantôme se retourna et dévié les balles qui fonçaient sur lui à l'aide de ses lames. Il commençait à comprendre de plus en plus son nouveau pouvoir : le Mantra. Il marchait lentement vers ses adversaires, dans un grand calme. Ceux-ci commençaient à paniquer devant l'inefficacité de leur plan et décidèrent de le laisser tomber. Ils chargèrent, sabres en main, vers Mount. Avant même qu'ils soient à portée, ils furent tranchés par des lames d'air.

Il rangea ses épées et continua sa progression.

Il n'y avait pas vraiment de difficulté tant la différence de puissance était grande. Les agents de la Révolution tombaient les uns après les autres, aux côtés des militaires de l'armée vindexoise. Lorsque le soleil atteignit son zénith, les forces du Gouvernement Mondial avaient déjà avancé dans le centre-ville. Cette méthode marchait parfaitement bien, si bien que certains optimistes pensaient que la guerre allait se finir le soir-même.

Une fine pluie tombait sur Aldebaran ce jour-là. Certains officiers firent la jonction avec d'autres, constituant de puissantes équipes qui terrassaient tout sur leur passage. Les révoltés essayaient plusieurs techniques pour leur barrer la route ; la plus répandue était de camoufler un petit canon dans les ruines et d'attendre que leur cible soit proche. Mais c'était encore une fois chose perdue. Beaucoup possédaient le Haki de l'observation, et esquivaient ou déviaient l'obus en conséquence. Les servants n'avaient alors plus aucune chance.

Pendant ce temps-là, dans le palais royal, l'atmosphère était bien plus calme. Le généralissime Nelson D. Theid et le roi Malzahar regardaient la cheminée d'un petit salon richement décoré du palais. Des dorures d'or recouvraient les nombreuses boiseries de la pièce. Le feu consumait tranquillement les bûches de bois. Les rayons du soleil pénétraient difficilement à travers les rideaux rouges foncés qui tapissaient les grandes fenêtres de la bâtisse. Ils prenaient un verre de whisky. Le silence fut perturbée par Nelson, qui reposa son verre, sans lâcher les braises du regard.

- Alors, c'est la fin.

Le monarque leva les yeux vers son chef d'état-major. Il arborait une expression lassée et dure sur son visage. Il acceptait amèrement la défaite, contrairement à son interlocuteur.

- Ne dit-on pas que toutes les bonnes choses ont une fin ?

- Qu'entendez-vous par là ?

- Ahah. Vous n'avez jamais su lire entre les lignes. Ça vous a joué des tours avec les Révolutionnaires. Dit-il, avec une pointe de mépris.

- Pardon ?

- Enfin... C'est trop tard. La Marine avance profondément en ville. J'imagine qu'ils seront aux abords du palais au crépuscule, si ce n'est avant.

- Dans ce cas... nous n'avons plus qu'à rédiger notre capitulation. Ça évitera des morts inutiles. Le peuple vindexois a déjà assez souffert. Nous devons nous atteler à la reconstruction de notre pays sans perdre de temps.

- Vous pouvez écrire ce que vous voulez, vous savez très bien qu'on la refusera.

- On ? Mais pour qui vous prenez-vous ?! Je vous rappelle tout de même que je suis le roi de Vindex. Je n'ai que faire de votre avis.

- Votre titre n'a plus de valeur, mon Roi. Mes hommes refuseront de se rendre. On se battra jusqu'au bout.

- Vous savez très bien que ça n'a plus aucun sens. Évitons ces pertes inutiles. Je vous pensais plus intelligent que cela.

Nelson se leva de son fauteuil en direction de la sortie. L'air pensif, il s'arrêta pour répliquer, le dos tourné à son souverain.

- Peu de gens se souviendront de notre sacrifice à Vindex, jusqu'au jour où le Gouvernement Mondial tombera à son tour. A ce moment-là, notre honneur sera retrouvé.

- Si vous faites ça pour la gloire Nelson... Sach-

Le généralissime commença à ricaner.

- Vous êtes bien bête, mon Roi. L'honneur d'un peuple vaut bien le sacrifice de quelques vies supplémentaires. De toute façon, au point où on en est...

Il sortit de la salle sans plus de parole, laissant Malzahar seul et perdu dans ses pensées. Il regrettait beaucoup de choses. Cela ne faisait qu'un an qu'il était sur le trône, et déjà avait-il précipité son royaume vers le plus grand désastre qu'il ait connu. Pendant qu'il se perdait dans ses pensées, il fut pris de vertiges. Sa vue se troubla et s'effondra sur le sol.

Puis, il comprit.

Theid était prêt à tout pour l'empêcher de capituler. Mais ça, il l'avait découvert trop tard.


Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 19:10, édité 1 fois
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Et le ciel s'apaisera

IV.

L'affrontement des titans.
Musique:

La pluie s'accélérait. Des colonnes de fumée s'élevaient dans les airs, tandis que les explosions devenaient de plus en plus audibles. Progressivement, la ville était en train d'être conquise. Les lignes de défense avaient été aménagé à la hâte, en total désordre. Quelques sacs de sable disposés dans les angles, avec une arme lourde sur trépied : voilà ce qui constituait le dernier rempart de Vindex contre la Marine.

Évidemment, c'était inefficace. Conformément à l'opération Hallow, les officiers les plus puissants étaient parvenus à supprimer le gros des troupes, laissant les simples soldats finir le travail. Ils finirent par encercler le palais royal, en attente d'une reddition. La majorité d'entre eux s'étaient positionnés face à la résidence du roi, armes prêtes à être dégainées.

Kimblee se détacha de la ligne pour crier à l'intention des occupants de la résidence royale un « rendez-vous ! » incisif, démontrant clairement qu'ils étaient prêts à se battre s'il le fallait. Plusieurs dizaines de mètres séparaient les marins de l'entrée. Les colonnes de pierre soutenaient le premier balcon, sur lequel apparut le généralissime.

A son apparition, chaque militaire posa sa main sur son fourreau ou son fusil, attentif au moindre geste suspect du commandant suprême des forces vindexoise. Il était habillé avec sa tenue de cérémonie, toute grise. Ses épaulettes, son col et ses manches étaient dorées ; tandis qu'il arborait avec fierté ses médailles. Ses poils blancs prouvaient son âge vénérable ; néanmoins, il ne fallait pas croire qu'il était faible. C'était le combattant le plus fort de toute son armée. Les rumeurs courraient bon train sur lui ; mais personne ne doutait sur sa capacité à abattre ses ennemis.

Il se présenta du haut de son balcon, prenant ainsi de haut les hommes en contrebas. Baissant les yeux, il avait un air hautain et détestable.

- Ainsi, vous êtes venus jusqu'ici, marines. J'ai le plaisir de vous annoncer que nous ne nous rendrons pas.

La grande porte s'ouvrit lorsqu'il eut finit de prononcer sa phrase. Les plus hauts gradés de Vindex sortirent du palais. Parmi eux, les plus connus étaient George Zuvatin, alias le tigre de la jungle, qui avait été défait le premier à Eminar. Un aristocrate pragmatique qui avait su utiliser à son avantage le milieu dans lequel ses troupes avaient combattu. Malheureusement, la Marine avait été trop forte pour lui.

Le second était Alexandros Zhukov, ex-commandant des forces baroises à Ypres. C'était l'homme qui avait infligé le plus de pertes au Gouvernement Mondial et bénéficiait à ce titre d'un grand prestige, malgré sa défaite. Un personnage haut en couleur, surnommé le rat de campagne. En dépit de sa personnalité hors du commun, c'était un supérieur dur avec ses subordonnés. Cela avait sûrement joué dans ses succès militaires.

A ses côtés, le fennec du désert restait de marbre. Véritable théoricien de la guerre mécanisée, il avait utilisé avec brio le matériel moderne qu'il avait reçu, notamment ces fameux tanks. Ce roux, qui avait été souvent moqué, avait gravi les échelons un à un et était un épéiste talentueux. Sa solide rage de vaincre composait une réelle difficulté au combat.

Ivan Vatutin était sans doute l'homme le plus intellectuellement capable. Il avait su se propulser en haut de l'échelle hiérarchique vindexoise, passant du fils de mineur au commandant en chef dans le secteur de Mekiel. Peut-être que sa réussite l'avait amené à se reposer sur ses lauriers ; ce qui pourraient expliquer sa défaite dans les plaines arctiques du nord du pays.

Enfin, le révolutionnaire qui avait été la principale cause de l'insurrection de Vindex se tenait en retrait. Jagd P. Kraft, as de la révolution. A la fois tueur froid et stratège réfléchi, il avait de nombreuses qualités qui avaient conduit à la sortie du royaume des états fédérés par le Gouvernement Mondial. C'était aussi celui qui avait exécuté, sous les yeux d'un Mountbatten relativement impuissant, son meilleur ami, Ratzkill. Par cette action, le commandant d'élite savait qui allait-il attaquer en premier.

- Alors, bonne bataille messieurs.

Sur ces mots, le généralissime tourna ses talons pour rentrer dans le palais royal, laissant les généraux et autres officiers supérieurs tenir tête face aux marins. Seconde après seconde, chacun se mit en ligne pour se préparer à l'affrontement terrible qui allait suivre.

La contre-amirale Nishi Kanjiro, cheffe de la soixante-dix-neuvième division, s'avança la première. L'instant d'après, les deux camps se ruèrent l'un sur l'autre. C'était un formidable spectacle ; mais qui annonçait aussi une tuerie dont la violence allait surpasser tout ce qui avait été vu sur Vindex jusqu'alors. La grande place du palais royal, délabrée et sombre, devint très vite le théâtre d'un affrontement de titan.

Musique:

De chaque côté, une trentaine de guerriers chargeaient, armes en main. Les quelques tireurs se mirent en position et commençaient déjà à lâcher des salves meurtrières. Une fois que les sabreurs étaient à hauteur de leurs ennemis, les épées s'entrechoquèrent dans un violent vacarme. Chacun usa de ses techniques les plus puissantes et imprévisibles pour prendre l'avantage. Le cadre assez désordonné du combat rendait un duel quasi impossible. Chacun tirait sur le premier vindexois qui venait sur sa ligne de mire, ou frappait les personnes les plus proches. Les lames d'air et les balles virevoltaient dans tous les sens, et les esquiver tout en combattant au corps à corps était réellement compliqué.

Sans surprise, le Marijoan fonça sur le meurtrier de son ami. Jagd s'attendait à cette réaction et avait anticipé. Il comptait jouer sur l'aveuglement et la rage de son adversaire pour l’abattre facilement et s'occuper des autres. Il se prépara à parer avec Yakikatsu, une des cinquante lames supérieures. Il ne maniait qu'un seul sabre, contrairement à son opposant, qui en maniait deux ; sans compter ses lames fantômes. Alors qu'il attendait sereinement le choc, le Fantôme prit l'initiative et effectua plusieurs sorus pour atterrir derrière lui. Il remarqua son déplacement et esquiva l'attaque du marin à l'aide de son propre soru.

Les deux savaient utiliser cette technique du Rokushiki et possédaient le Mantra. Cependant, ils n'étaient pas non plus à forces égales. Le Marijoan possédait également le geppou et le tekkai ; tandis que le révolutionnaire maîtrisait pleinement le Haki de l'observation. Mais ils ne se rendirent pas tout de suite compte de ces différences. Ils avaient seulement compris le premier point de par la durée du combat. Ils avaient conscience de la puissance de l'autre, et avaient besoin de jauger ses capacités avant de s'investir entièrement dans ce duel.

Encore fallait-il que c'en fut un.

Un commodore de la Marine vint décharger son pistolet sur Kraft, qui bougea aussitôt. Il s'approcha furtivement du pistolero pour l'exécuter ; mais Mount apparut avant qu'il puisse faire quoi que ce soit. La lame de l'as vint heurter les deux lames du commandant d'élite. Lors du choc, ils se regardèrent droit dans les yeux pour mieux analyser leur ennemi.

Quelque chose frappa l'Invisible dans le regard de l'agitateur révolutionnaire : ils étaient froids, comme son aura entière. Il ne connaissait pas la peur ; peut-être parce qu'il l'avait apprivoisé, à force de la côtoyer trop souvent. La cause de la Révolution l'avait envahi, au point que son être semblait s'être détachée de son corps. C'était un tueur, esclave de la cause qu'il soutenait.


Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 19:23, édité 1 fois
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Et le ciel s'apaisera

V.

Chiens de guerre.
Ils se repoussèrent violemment, avant de se foncer dessus pour entamer une mêlée. Les lames se touchèrent brutalement, et ils redoublaient d'énergie pour prendre l'avantage sur l'autre. La puissance des coups était telle, que de multiples ondes de choc sortaient de part et d'autre. Elles étaient assez faibles, mais effrayaient les combattants aux alentours, qui se plaçaient alors plus loin. Ne parvenant pas à battre son adversaire, Jagd essaya autre chose.

- Kami no tanken !

Il bondit quelques mètres en arrière et lança son Meitou en l'air. C'était une occasion inespérée pour le marin, qui chargea d'emblée. A ce moment-là, le révolutionnaire sauta et rattrapa son sabre, dont la pointe était à présent vers le bas, pour le prendre avec la prise inverse, de sorte que la lame suive son bras. D'un geste vif, il la précipita à la gorge de son opposant, qui fut surpris par ce retournement de situation.

Cependant, il garda son sang-froid et esquiva en utilisant son nouveau pouvoir : le Mantra. Parer était en effet impossible, ses armes étant trop éloignée de celle de Kraft. Il effectua plusieurs sorus pour se placer à bonne distance de son adversaire, de manière à regagner l'initiative.

- Hakai no tatsumaki !

Grâce à des sorus exécutés à la perfection et une mise sous invisibilité immédiate, son ennemi ne put le voir venir. Il se contenta de placer son épée de sorte qu'elle le protège, attendant l'attaque du Marijoan. Il finit par sentir un coup sur son Yakikatsu, qu'il put parer sans problème. C'est là qu'il devint suspicieux. Mount savait faire des coups plus puissants ; pourquoi celui-là était si mou ?

Puis il comprit, quand il fut emporté par une tornade.

La technique utilisée comptait plus sur l'effet secondaire que sur la puissance du coup. Ainsi déstabilisé, il se retrouvait projeté en l'air, sans aucun contrôle sur la direction que prenait son corps. Pour marquer le coup, le commandant sortit son fusil de précision et tira avec une munition spéciale : une Gōmon no yōku. La balle perdit son enveloppe métallique au bout de quelques mètres et dévoila un petit filet, qui eut le mérite de gêner sa cible.

Bien sûr, ce n'était pas suffisant et il lança plusieurs salves d'Ame-kō, des cartouches remplies de shrapnels, qui blessèrent l'agitateur à plusieurs endroits de manière plus ou moins profonde. Lorsqu'il toucha enfin le sol, il fut réceptionné par trois Hakai no nami, des lames d'air en X qu'il esquiva au dernier moment avec des sorus plus timides qu'au début. Il était essoufflé et touché à plusieurs endroits.

Mais il n'avait pas dit son dernier mot.

Tout autour d'eux, c'était le chaos complet. Certains pans de bâtiments s'étaient écroulés sous la force des attaques, rendant le terrain plus difficile et plus apocalyptique. Partout, la poussière et la poudre à canon formaient un étrange brouillard qui rendait la vision plus trouble, presque cauchemardesque. Tout le monde se battait ; et déjà les premières victimes tombaient, affalées sur la pierre et ensanglantées.

Le ciel presque orageux donnait une dimension à la fois épique et tragique à cette ultime bataille. Les vindexois livraient sans aucun doute un baroud d'honneur. C'était encore de la souffrance inutile. Ils faisaient plus ça plus pour l'honneur que pour autre chose. La guerre était perdue, plus personne ne se faisait d'illusion. C'était précisément parce qu'il se savaient condamnés qu'ils livraient tout ce qu'ils avaient dans la lutte acharnée qui les opposait à la Marine.

Les minutes passaient sans que cet enfer se finisse. Le nombre de gladiateurs encore en lice se réduisait considérablement. Dans cette arène, tous les coups étaient permis. Personne ne se retenait de frapper dans le dos de son adversaire, ni même de l'achever à terre. Ce n'avait jamais été un conflit propre, pourquoi commencer maintenant ? Ces hommes et femmes avaient le visage fatigué, couvert de crasse et de gouttes de sang. Certains étaient blessés, à des degrés différents. A l’instar de cet Hauptmann vindexois, qui avait perdu son bras gauche, mais qui continuait de manier le sabre avec son autre membre.

Jagd n'arrivait pas à bout du commandant d'élite. Il l'avait sous-estimé, pensant qu'il allait être brouillé par sa rage. Que nenni. Ils étaient tous les deux de nature réfléchie et calme. Ainsi, ils étaient agressifs sans trop prendre de risque ; prudents sans laisser l'adversaire prendre l'avantage. C'était un duel équilibré et qui, de ce fait, durait en longueur.

Les attaques s’enchaînaient, sans que l'un des deux prenne l'avantage. Chaque choc était dévastateur et produisait une petite onde de choc. Les lames d'air de chacun, si elles étaient esquivées, fonçaient sur les bâtiments de la place, détruisant un peu plus le paysage.

- Saihyō-sen !

Mountbatten croisa ses bras au-dessus de sa tête et abaissa ses armes vers son ennemi. Il plaça son sabre horizontalement, pour contrer sa technique. Encore une fois, il tint bon. De son œil bleu clair, le gris guettait l'état de son adversaire. Au cours du combat, ils s'étaient mutuellement touchés à plusieurs reprises. Grâce à une de ses techniques, il avait une grande plaie qui s'étendait à sa gauche sur toute la longueur du torse, et qui finissait sa route vers le nombril. Son uniforme était déchiré, empreint de son sang.

Ils se repoussèrent et se firent face une fois de plus. Essoufflés et blessés, ils haletaient comme des chiens.

Des chiens de guerre.


Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 19:31, édité 1 fois
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Et le ciel s'apaisera

VI.

Un roi sur un champ de bataille.
Les minutes passèrent encore et encore. C'était long, très long. Une sorte de duel au sommet. A ce moment-là, seules les personnes les plus fortes subsistaient encore. Ils devaient être une douzaine tout au plus, à continuer de se battre. Les cadavres jonchaient le sol une fois de plus. Qu'importe leurs galons, ils étaient tous égaux face à la mort.

Le révolutionnaire faiblissait tout comme lui ; mais il devenait de moins en moins attentif et prenait des risques de plus en plus grands. Le Fantôme essayait tant bien que mal de garder un certain équilibre dans ses actions, pour éviter toute erreur fatale. Voyant que Jagd était au bord de l'épuisement total, il voulut mettre un terme définitif à ce combat. Il allait sortir sa botte secrète, qu'il utilisait fréquemment pour finir ses duels. Néanmoins, c'était complètement énergivore comme technique, d'où le fait qu'il l'utilise que lorsque son adversaire est mal en point.

- Kami no ken !

A l'aide de geppous très rapides, il fonça dans les airs pour se placer au-dessus de sa cible ; puis se dirigea tout droit sur lui avec d'autres geppous, sabres en avant. L'énergie cinétique ainsi accumulée était énorme ; et combinée aux muscles du marine le choc était logiquement surpuissant. Il fendit l'air pour arriver sur l'agitateur, désemparé face à la rapidité de l'attaque. Il brandit maladroitement Yakikatsu pour se protéger ; mais c'était vain. Son retard à se mettre en position fit virevolter sa lame, jusqu'à ce qu'elle se plante dans le sol. Les deux lames du Marijoan transpercèrent brutalement le torse de Jagd, atteignant son cœur.

Il mourut sur le coup.

Le commandant d'élite resta sur son ennemi quelques instants, ce dernier étant affalé sur le sol. Il n'arrivait pas à retirer ses épées. Il avait vengé son ami ; mais il savait que cela n'allait pas le lui ramener. Tous ces moments passés avec lui, au combat, comme au repos. Kraft lui avait pris tout ça. Son regard se posait sur celui qu'il venait d'abattre. Il sentait comme une satisfaction malsaine et un dégoût de lui-même. Il jubilait, sans pour autant être content de son acte. Il s'en voulait même. Son esprit se contredisait, ne sachant pas réellement quoi penser.

Il se balança sur le côté et s'allongea, à bout de souffle. Il regarda le ciel gris. Il pleuviotait toujours. Les gouttes d'eau venaient embrasser ses joues et couler le long de son cou. C'était désagréable comme sensation, mais il ne fit rien pour l'arrêter. Il était exténué et perdu dans ses pensées.

Pendant ce temps-là, les derniers survivants finissaient leurs ennemis. La fatigue était palpable ; mais les officiers de la Marine finirent par l'emporter. Ils devaient être encore une dizaine sur pied. Parmi eux, les commandants d'élite de la quarante-huitième et les contre-amiraux. Les plus faibles n'avaient en général pas survécu à la bataille.

Les ruines jonchaient la place à cause des multiples tirs et des lames d'air qui avaient endommagés les bâtiments entourant le palais royal. D'énormes blocs de pierre s'étaient détachés. Les vainqueurs essayaient de récupérer, à leur manière. Certains s'allongeaient, comme le Fantôme. D'autres restaient debout, la tête en l'air. A ce stade-là, personne ne comptait les pertes, comme c'était l'usage après de telles batailles. Ils n'avaient même plus l'énergie d'essayer de soigner ceux qui étaient proches du trépas.

Ils restèrent là de nombreuses secondes. De précieuses secondes.

Soudainement, la grande porte s'ouvrit à nouveau, et le généralissime apparut. Neslon D. Theid, le commandant des troupes de Vindex tout entier, avança sur le pallier avec la ferme intention de tuer tous ces envahisseurs. Ses yeux espiègles perçaient la vue des rescapés. Ils se mobilisèrent d'urgence, brandissant leurs armes pour une ultime confrontation avec l'ennemi vindexois. Malgré tout, ils savaient que la fin était proche. Leur adversaire avait la réputation d'être un monstre de puissance ; et eux étaient mal en point. Certains étaient gravement blessés, ce qui les empêchait de mettre à profit toute leur force.

Les marins encore en vie et qui étaient trop mal en point pour continuer le combat se relevèrent quand même, devant cette situation si critique. Une bonne dizaine d'officiers se levèrent ainsi, titubant pour faire face au généralissime. Qu'importe la perte de leur œil, de leur bras ou de leur main, ils ne comptaient pas mourir maintenant, pas après tout ce qu'ils avaient enduré.

Ces hommes et femmes scrutèrent les moindres actions du militaire, à présent seul face à eux sur le champ de bataille. Il dévala les marches du parvis et marcha sur la place, dépassant les nombreux cadavres et débris causés par le combat. Ses médailles faisaient un bruit métallique à chaque pas. Plus il se rapprochait, plus ses opposants se mettaient en garde.

A juste titre.

Il s'arrêta net dans sa marche, et activa son Haki des rois. Une sorte d'onde traversa la place de part et d'autre. La seconde suivante, les plus faibles tombèrent directement ; les autres mirent un genou à terre devant sa puissance. Certains ne comprirent pas immédiatement ce qui venait de se passer ; mais prirent conscience ultérieurement du danger qu'ils encouraient à présent. Les marins n'avaient plus aucune chance s'ils combattaient individuellement, comme en duel ; ils devaient se coordonner pour abattre le grand stratège. C'était bien plus qu'un impératif ; c'était une question de vie ou de mort.

Il ne leur permit pas de reprendre leurs esprits ; il fonça sur les premiers ennemis qu'ils lui faisaient face. Face à lui, deux commodores et le commandant d'élite Fand, le troisième commandant de la quarante-huitième. Ils se tinrent prêt ; tandis que ceux derrière s'avancèrent pour leur prêter de l'aide. Un des marins de la régulière tira plusieurs salves avec son arme automatique ; il les esquiva toutes. Lui aussi maîtrisait le Mantra.

Les deux autres prirent l'initiative, suivi d'autres officiers. Ils chargèrent aussi, sabres prêts à s'abaisser sur le général. Lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur, il activa son Tekkai. Les lames furent immédiatement immobilisées. Leurs porteurs furent surpris et prirent conscience de leur pleine vulnérabilité.

Vulnérabilité qu'il exploita aussitôt.

Il lança ses indexs vers leur ventre ; et sa maîtrise du Sigan lui permit de transpercer à une vitesse folle leur abdomen. Ils crachèrent du sang une première fois. Il recommença et envoya une multitude de Sigan vers leur ventre, les déchiquetant comme le ferait une mitrailleuse. Leurs yeux sortaient de leurs orbites ; ils ne pouvaient rien faire. Le vindexois les repoussa violemment avec ses poings.

Ils étaient tous les deux décédés, suite à l'attaque dévastatrice de Theid.


Dernière édition par Mountbatten le Sam 13 Oct 2018 - 19:38, édité 1 fois
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Et le ciel s'apaisera

VII.

L'autre côté.
La situation était critique. Le général s'avança, les marins reculèrent, par peur et lâcheté. Même les hauts-gradés les plus puissants tremblaient devant cet amas de force. Plusieurs dizaines d'hommes talentueux étaient déjà tombés, face à des ennemis bien plus faibles. Lorsqu'ils combattaient, ils avaient toujours cette ombre de la mort sur eux. Une sorte de glaive, qui pourrait s'abattre à tout moment, sans crier gare.

Kimblee réveilla les consciences. Il urgea ses hommes et exalta la ferveur des marins. Mais que valaient vraiment ses mots devant la situation ? Les plus sceptiques n'étaient pas aussi enthousiastes que les autres. Les plus réalistes voyaient ce vain encouragement comme un ultime moment de détente. Une tentative de rester dans le confort de son uniforme sans se mouiller.

Mais parfois, la rage de vivre permet de dépasser des limites.

Le cliquetis des décorations du vindexois se rapprochait dangereusement. Il était temps d'agir. Décider d'y aller le premier est toujours une décision difficile et lourde de conséquence. Cette fois-ci, ce fut le chef de la quarante-huitième qui s'y colla. Il s'avança sereinement vers Nelson, avec son chapeau blanc et sa veste tachée de rouge. Les autres le suivirent et reprirent leur sang froid. Avoir un leader est indispensable dans ce genre de cas.

Alors, les échanges de coups commencèrent avec un niveau d'intensité encore inédit. Les lames d'airs et balles fusèrent sur le généralissime, qui les esquiva toutes, avant de se retrouver face à un bon petit groupe de marins, bien décidés à le mettre hors d'état de nuire. Parmi ces hommes se trouvait Mountbatten. Shinsei et Maelstorm étaient en position, et il fonça aux côtés de ses compagnons pour frapper Theid. Il plaça ses deux sabres en arrière tout en chargeant son adversaire, et s'apprêta à les rabattre vers l'avant quand il fut percuté par un coup de poing brutal à la tête. Il fut propulsé plusieurs mètres plus loin et perdit connaissance. La dernière chose qu'il vit était ses alliés en train de lutter contre le général.

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Il entendit des entrechoquements au loin. Le son était flou, désordonné et vague. Le Marijoan ouvrit les yeux. La pluie avait cessé. Sa vision redevint normale, son ouïe devint plus claire et il put entendre distinctement les sonorités qui lui parvenaient. Il sentit quelque chose couler sur son visage. C'était du sang.

Il saignait et avait froid. Conscient de son échec, il pensa inévitablement que c'était la fin. Qu'il allait passer de l'autre côté. La peur étouffait sa fierté de soldat. Son œil resta fixé sur les nuages. Il se souvenait des acclamations, de son visage souriant dans la lumière des parades militaires. Des cloches, des fleurs qui avaient marqué le défilé de fin d'étude à l'Ecole de la Marine de Marijoa, dont il avait été l'un des élèves. Il avait été formé à la violence. Maintenant, il payait le prix des vices de l'homme. Il se pensait promis à une fin glorieuse. Il n'en était rien. Mount dérivait lentement dans le sommeil, car il avait perdu la force de se battre. Il avait tellement perdu dans cette guerre, dans cette vie qu'il avait décidée de mener. Au final, que laissait-il de lui ? Quelle était sa postérité ? Il s'interrogeait et ne pouvait se résigner face à la vérité.

Il ne s'était jamais pensé arrogant. Pourtant, il comprit là qu'il voulait changer les choses, laisser une trace durable de son passage dans le monde. Il voulait vivre une vie pleinement accomplie, sans regret. Son sacrifice semblait inutile à ses yeux, causé par une bête sous-évaluation des forces vindexoises présentes au palais royal. Causé par un Quartier Général trop éloigné des réalités, bien assis dans leurs fauteuils, loin de la crasse et des douleurs du champ de bataille.

Son amertume était grande, tout comme sa rage. Pourtant, il n'avait plus la foi de se battre. Le combat qu'il voulait mener paraissait trop grand, impossible pour un simple mortel comme lui. Il voulait changer les choses, changer l'ordre mondial pour instaurer une paix durable. Peut-être aussi pour satisfaire sa soif de gloire qu'il avait trop longtemps enfoui en lui.

Au loin, la bataille semblait être à son crépuscule. Le Fantôme ne pouvait distinguer que trois ou quatre combattants, pas plus. Les coups semblaient de plus en plus faibles. Il ne savait pas combien de temps était passé depuis qu'il était inconscient. Il en avait marre de penser. Il voulait seulement en finir. C'était une vision très égoïste, mais qu'importe. Il en avait déjà beaucoup fait, il était à bout de souffle. Ses yeux se fermèrent lentement. Il était sur le point de passer dans l'autre côté.

Brusquement, il les rouvrit et se redressa. Non, il ne pouvait pas faire ça, penser si égoïstement. Ne serait-ce que pour sa famille. Ne serait-ce que pour ses parents, Matilda et Severus, ou encore ses chers frères, Breadge et Michael. Ces personnes qu'il chérissait tant de pouvait pas le voir abandonner de la sorte. Il fallait qu'il continue la lutte, au moins pour eux.

Il se releva progressivement, en faisant état de ses blessures. Le coup du vindexois l'avait atteint à la tête, c'est pourquoi il avait perdu connaissance pendant quelques temps. Quelques gouttes de sang s'étaient solidifiées sur son visage. Malgré tout, il avait lâché ses sabres ainsi que son fusil, et il se retrouvait à présent sans arme. Il avait toutefois ses lames secrètes, mais il les trouvait peu adaptées à son style de combat. Non lui de lui gisait Jagd P. Kraft, le révolutionnaire qu'il avait tué plus tôt. Il se dirigea vers lui et pris son sabre, Yakikatsu.

- T'en auras plus besoin de toute façon, chien de révo.

Il se retourna et partit rejoindre le combat. Les deux seules personnes encore debout étaient Kimblee et Aska Ugaki, la contre-amirale de la quatre-vingt-unième. Ils étaient mal en point, tout comme leur opposant, le chef des forces armées de Vindex. Il était touché à plusieurs endroits, et vêtements étaient ouverts à de nombreux endroits. Les hostilités avaient été violentes, mais apparemment pas assez pour le faire tomber.

Il chargea sur Theid. Les deux marins furent d'abord surpris de le voir, puis se recentrèrent. L'arrivée d'un nouvel élément était plus que la bienvenue. Le vieux général grimaça. Il décida de prendre l'initiative et de contre-attaquer, en dépit de sa fatigue. Le Marijoan brandit son épée et frappa de toute sa force le vindexois, qui avait mis son poing pour parer le choc. Mais la détermination de Mountbatten était grande, et il avait eu le temps de se reposer et avait par conséquent plus de force à ce moment précis. Cette simple variable permet de changer radicalement le rapport de force, et ce fut Nelson qui faiblit le premier, prenant le coup de plein fouet. Il recula de quelques pas, et la contre-amirale ne tarda pas à lui asséner un violent coup. Cependant elle fut touchée par un Sigan, et elle dut reculer. Fujimi continua l'effort en enchaînant de rapides coups dans le ventre du général. Les occasions de l'atteindre étaient rares, alors autant en profiter le plus possible. Il se retira, vidé de son énergie.

Le généralissime tituba en arrière quelques instants, avant de s'effondrer.
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Et le ciel s'apaisera

VIII.

Bilan mitigé.
Nelson D. Theid, l'homme qui avait régné d'une main de fer sur Vindex dans l'ombre du Roi Malzahar, était tombé. La suite de la bataille au sommet n'avait rien de surprenant. Les dernières troupes loyalistes avaient été acculées dans la capitale et furent anéanties sous les coups des quatre divisions de la Marine, en supériorité numérique et morale. La fin de la guerre avait rien d'épique. Elle était même plutôt pathétique. Au final le bilan était très lourd, pour un territoire rongé par la dévastation.

La capitale était en ruine. Au début de l'invasion, l'objectif était néanmoins de prendre le pays rapidement avec le moins de destructions possibles, pour conserver le bijou économique que constituait précédemment Vindex. Cet objectif avait été raillé de la liste des priorités devant le but politique et stratégique qu'était la défaite de la Révolution sur la fin de la quatrième voie, et par extension, celle de ses idées.

Malgré le bilan mitigé de la campagne, les tacticiens et stratèges du Quartier Général s'étaient réjouis de la chute d'Aldebaran. Là-bas, le champagne coulait à flot, tandis que chacun se félicitait pour ses actions. Dans la ville-même qui avait vu la bataille se jouer, les soldats enterraient leurs morts et pansaient leurs blessures. La reconstruction de l'île allait être lente et fastidieuse, en témoigne l'état catastrophique de la capitale.

Les survivants furent secourus par leurs subordonnés. La Brigade Scientifique, plus spécifiquement sa composante médicale, était absolument débordée par le flot de blessés. Néanmoins, plus le grade était haut, plus la prise en charge était rapide. Un ancien hôpital partiellement détruit fut utilisé comme centre médical. Certaines pièces s'étaient en partie écroulées, mais les lits étaient malgré tout utilisés. Les couloirs étaient remplis de brancards, le personnel affluait dans tous les sens.

Les médecins en chefs supervisaient leurs services respectifs dans leurs blouses blanches si tachées de sang. Dans leur grand calme olympien, il leur fallait décider vite l'amputation d'un membre, l'anesthésie ou non d'un patient en fonction des stocks, ou encore la mise en attente d'un soldat au lieu d'un autre. Des choix à prendre dans l'urgence, qui pouvaient faire basculer la vie de nombreuses personnes. Les médecins ne pouvaient pas s'attarder sur la qualité de leur travail tant le nombre de blessés était grand. Les vindexois, eux, étaient pris en derniers. Ceux qui étaient dans leur corps médical exerçaient sous la surveillance de marins, et avaient des produits en faible quantité. Trop faible pour pouvoir tous les sauver. C'était un chaos sans nom. La luminosité était basse à cause du manque de Den-Den et de rayons du soleil, bloqués par l'amas nuageux qui survolait la ville. La pluie s'était remise à battre à un bon rythme, rendant les sauvetages encore plus délicats.

Ceux qui avaient eu la chance de ne pas être sévèrement blessés se constituaient alors en prisonniers. Plusieurs camps avaient été dressés à la va-vite. Les vaincus attendaient leur sentence, debout. Le silence était complet. Personne ne voulait parler, ni même commenter ce qui venait de se passer. Une déroute en quelques heures seulement. Ils avaient honte, et en même temps leurs esprits se repassaient les nombreuses scènes de violence qu'ils avaient vécu récemment. La densité et la férocité des affrontements, ou encore les nombreux abandons de camarades sur le champ de bataille. Mais plus que tout, ils avaient peur. Certains d'entre eux faisaient partie des corps francs révolutionnaires ; ils savaient très bien ce qui allait se passer pour eux. Beaucoup étaient morts au combat, se battant jusqu'au bout car il n'y avait aucune rédemption possible pour eux. Ceux qui avaient eut le malheur de se faire prendre vivant attendaient dans la tourmente.

Les rues grouillaient de soldats. De plus en plus de personnel combattant arrivait depuis l'autre rive pour aider à l'organisation. De temps en temps, des tireurs isolés semaient encore la terreur sur de petits groupes de marins. Aucune reddition générale n'avait été rendue. La ville devait être ratissée mètre par mètre pour s'assurer, à court terme, de sa relative sécurité. A long terme, la fracture était énorme.

Les civils, grands oubliés de la guerre, avaient fuit comme ils pouvaient. Ils avaient été accueillis pendant le siège par la Marine. Bien sûr, ils étaient systématiquement fouillés et leur identité était vérifiée par le CipherPol. Mais au moins, ils étaient en sécurité. Ceux qui n'avaient pas pu fuir pour diverses raisons avaient dû subir de plein fouet l'assaut. Le brouillard causé par la poudre à canon et la fumée des ruines avaient entraîné de nombreuses erreurs de la part des deux camps, qui avaient souvent tiré à la vue de civils, si ces derniers n'étaient pas aisément reconnaissables. Certains avaient aussi pris des balles perdues. Au final, beaucoup s'étaient réfugiés dans leur maison, attendant la fin des hostilités pour sortir.

Les jours passaient et le calme revenait progressivement. Les secteurs déjà occupés recommençaient à prendre un cours normal, tandis qu'Aldebaran commençait sa reconstruction. Un gouvernement militaire fut mis en place jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. Cependant, cette solution n'était pas du ressort des personnes présentes à Vindex, mais bien des instances supérieures de Marijoa. Certaines rumeurs disaient qu'une Vénérable Étoile viendrait en personne pour remettre les choses en place sur l'île. Seul le temps pouvait prédire si elle était juste.

Dans tous les cas, la vie reprenait. Les prisonniers de guerre étaient utilisés pour enterrer les morts et déblayer les décombres. La présence de la Marine fut renforcée par l'envoi d'une division de réserve. Les marins agissaient alors comme une sorte de police, assurant la sécurité et protégeant les voies stratégiques des potentiels rebelles. Ces derniers étaient appelés terroristes par le Gouvernement Mondial ; d'autres les appelaient résistants. Tout dépendait du point de vue.
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