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[Quète] La piste continue

Robina se réveilla au lendemain de sa soirée mouvementée. Elle avait commencé à poursuivre la piste du primé qu’elle cherchait, Lee Agaa. Dans la première moitié de cette nuit qui fut agitée, elle avait fait deux rencontres. La première Virok, le premier membre de la Confédération, le gang qui avait à sa tête l’homme que la cuisinière recherchait. La seconde avait été amicale, Rey Bolgarski, elle ne savait pas encore quoi penser de lui. Il l’avait aidé et lui avait même sauvé la vie durant la fin de cette obscure nuitée. Mais sa façon de faire ne rentrait pas dans l’état d’esprit du coq qui comprenait bien son point de vue cependant, elle ne l’approuvait pas.

Virok, un homme au crâne rasé et portant un manteau de fourrure blanc, leur avait donné des informations sur son supérieur, Wolfer Binaro, c’était lui qui récupérait les gains qu’il lui remettait. Il leur avait aussi fourni le lieu de leur rencontre. Un établissement du nom de « Goéland Rieur », une auberge du côté du port. Néanmoins, absolument rien concernant la cible des deux personnes. Ils avaient ainsi décidé de poursuivre cette nuit en allant quérir son supérieur.

Durant la seconde partie de l’obscurité, qui s’était installée sur Cocoyashi, ils avaient fait équipe pour trouver et rencontrer le supérieur hiérarchique du proxénète. Il leur avait fallu attendre longtemps au point de rendez-vous avant de voir une personne entrer dans l’établissement qu’ils avaient investi. Grâce à un habile subterfuge, Rey avait dupé l’homme en costume gris et donné Robina comme si elle était une femme aux mœurs légères. Un court combat ainsi qu’une course-poursuite s’en était suivis. Alors que la cuisinière était en train d’interroger l’homme blessé par Rey plus tôt dans la chambre, il avait sorti un poignard de la doublure de son costume pour égorger l’apprentie chasseuse de primes.

C’est à ce moment-là que Rey intervint en sautant sur Wolfer Binaro, lui brisant la colonne vertébrale au passage. Robina se souvint qu’elle n’avait même pas remercié le révolutionnaire de lui avoir sauver la vie. Elle réparerait cela dès aujourd’hui. Et maintenant elle se remémora aussi qu’elle se trouvait maintenant plus riche d’une bourse de berries soutirée par le jeune homme qui accompagnait maintenant la cuisinière et qui lui avait donné avant qu’ils ne retournent à leur logement.

Elle était maintenant en train de regarder la sacoche qui était tombée au sol durant le sommeil de la demoiselle. Elle soupesa la gibecière, mais il ne semblait rien y avoir dedans, cependant quand elle l’ouvrit elle put voir son erreur. Plusieurs billets se trouvaient pliés en quatre dans le fond. De quoi se payer plusieurs semaines dans l’établissement que la néophyte chasseuse de primes occupait. Elle ne voulait pas s’en servir, mais les mots de Rey lui revinrent à l’esprit et il avait raison sur un point, si elle voulait survivre durant sa traque elle allait devoir utiliser cet argent.

Elle se leva enfin de son lit après avoir vagabondé dans son esprit. Pas de batailles contre les draps aujourd’hui, elle s’était effondrée sur le lit et endormi presque dans l’instant avec la fatigue qu’elle avait accumulé durant la journée. Elle se remémora l’affiche pour le recrutement au sein des chasseurs de primes. Sur l’instant, elle avait voulu la jeter, devenir chasseur de primes n’était pas dans ses objectifs.

Elle avait lu ce qu’il y avait d’écrit sur celui-ci. Encore un coup du sort, après toutes les maladresses qui lui étaient arrivées ce jour-ci, elle n’avait plus de patience. Mais elle réfléchie un instant, elle voulait faire le tour du monde et garder sa liberté. Or, devenir pirate était hors de question, cela briserait le cœur de sa mère et son père la renierait à coup sûr.

S’engager dans la marine alors pour se mettre à l’abri des difficultés financières alors ? Impossible, elle n’aurait aucune liberté mise à part obéir aux ordres qu’on lui donnerait. Certes, elle aurait gagné en marge de manœuvre en grimpant les échelons de la hiérarchie. Mais il aurait fallu des mois, des années pour arriver à ce résultat et elle ne voulait pas perdre de temps.

Travailler pour le gouvernement mondial alors ? Elle n’aurait eu qu’à passer un coup de fil à sa mère pour que cela soit possible. Mais elle s’était refusé cette option, elle voulait faire ses preuves par elle-même et appeler à la première accroche ne lui disait rien. Elle préférerait donner des nouvelles seulement pour en donner de bonnes quand elle aurait réalisé quelque chose. De plus, travailler pour le gouvernement mondial ne voulait pas forcément dire qu’elle pourrait vadrouiller au gré de ses envies et des nouvelles saveurs qu’elle recherchait.

Il ne lui restait que trois options à cet instant. Trouver un travail de cuisinière dans la ville, ce qui allait être difficile vu que toute les portes s’étaient refermées devant elle. La misogynie avait encore lieu et pignon sur rue sur l’île, il semblerait. Elle n’avait pas croisé une seule femme dans les laboratoires où elle s’était rendue. La deuxième option était de combattre le gouvernement en rejoignant la révolution, elle avait rayé cette option aussi vite qu’elle était venue.

Il ne lui restait donc que la dernière option, devenir une chasseuse de primes, c’est la mort dans l’âme et avec une pointe d’excitation qu’elle avait commencé ses recherches. Elle savait que les chasseurs de primes n’étaient pas dans le cœur de ses parents. Ils étaient rudes, brutaux et ne se souciaient que d’une seule chose, la prime qu’ils traquaient, elle s’était promis de ne pas devenir comme cela si elle en devenait une.

La voilà maintenant dans sa chambre contente de sa soirée, elle n’était pas partie avec autant d’enthousiasme qu’elle avait espéré. Mais elle avait adoré les bouffées d’adrénaline qui l’avait parcouru durant toute la nuit jusqu’à se reposer dans sa chambre. Vu qu’elle venait de retrouver une santé financière et qu’elle pouvait souffler un peu elle se permit de prendre une douche dans sa chambre, un supplément, encore. Elle s’était résolue à devoir utiliser l’argent de Binaro, alors autant en profiter un peu en se permettant de ne pas sentir la mort.

Une fois lavée, deux passages avaient été nécessaires pour enlever toute la crasse, elle se changea pour mettre une longue jupe verte ainsi qu’une chemise blanche. Elle descendit alors les marches, l’esprit rafraîchi par la douche et de l’énergie à revendre en pensant à ce qui l’attendait aujourd’hui, encore de l’action et peut être même retrouver Lee Agaa.

La salle était presque vide, il ne restait que quelques clients qui bavardaient devant un verre ou en prenant leurs petits-déjeuners, ce que Robina venait de commander. Il était plus de dix heures, ce qui expliquait l’absence des clients. Le membre du personnel en cuisine dut refaire une tournée de café pour la nouvelle et c’est avec une grimace qu’il déposa son bol ainsi que les tartines devant la cliente. Vu l’état de ses nouvelles finances, elle se permit de payer le supplément de quelques berries pour avoir droit au beurre pour ses toasts.

En avalant une conversation, les élections prochaines, le maire de Cocoyashi se présentait bien sûr pour un nouveau mandat. Mais l’arrivée d’une native de la ville du nom de Vinara remettait en cause sa nomination, en effet, elle s’était inscrite en temps que concurrente. Elle représentait un vent de fraîcheur sur l’île, certains approuvaient et d’autres non, la majorité. La conversation était animée sur les chances de victoire des deux postulants et la possibilité d’élections. Le maire en charge partait favori. Il avait l’appui de ses pairs, celui des notables et des riches commerçants. Un fait parlait en sa faveur auprès de ses électeurs potentiels : il avait toujours vécu à Cocoyashi. Contrairement à Vinara, dont les gens ne savaient que peu de chose. La jeune femme Mandarina était jeune, bien jeune pour prétendre non seulement gérer les affaires de la ville, mais plus encore prendre le siège de Maire.

Peu intéresser par ces histoires de votes et de batailles politiques, Robina se leva et paya ce qu’elle venait de prendre en plus, sa douche ainsi que le beurre et c’est avec un clin d’œil de la part de la tenancière qu’elle sortit de l’établissement et se dirigea vers la place du marché. Vingt minutes plus tard, elle arrivait à destination. La place des Mandarines, en plein centre. L’esplanade tirait son nom du fruit phare cultivé dans la région. Elle était rehaussée en son centre par une fontaine en marbre cernée d’un carré de fiers roses en buisson aux larges fleurs jaunes, rouge et orange. Les promeneurs des deux sexes s’attardaient sur les terrasses des auberges, profitant de la chaleur du soleil. Tandis que les étales vantaient la fraîcheur de leurs produits, leurs parfums, les saveurs et différents critères.

Après avoir localisé le « Hibou Rouge » elle se dirigea vers son entrée et vit Rey Bolgarski accoudé au comptoir en train de la regarder arriver. Elle le rejoignit et le salua d’un hochement de tête. Elle se tourna vers lui alors un peu penaude.

Tu sais, j’ai oublié de te le dire hier soir, mais je te remercie de m’avoir sauvé. Je sais que j’aurais dû le faire avant mais avec toutes ses émotions ça m’est sorti de la tête désolée.

Un sourire s’afficha sur le visage du jeune homme à qui elle parlait.

Pas de problèmes. Tu m’en dois une, on va dire. Pour ta peine, c’est toi qui paies la première tournée.

Avec un sourire sur le visage, elle se tourna vers le barman derrière son bar.
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La cuisinière allait commander à boire pour Rey et elle-même quand elle fut interrompue.

Toi, là, la petite aux cheveux bleus, cracha une voix mauvaise dans le dos de l’équipe. Oui, c’est à toi que je parle !

La coq se retourna en prenant son temps, elle n’avait pas envie de se battre alors qu’elle s’était réveillée il y a à peine une heure, et s’accouda au bar. Deux guerriers venaient d’entrer dans l’établissement et se dressaient en face d’elle. Une hachette à la ceinture, décidément, elle en avait vu beaucoup en deux jours. Tous deux vêtus de fourrure blanche, ils étaient à peu près de la même stature que Rey. Un blond et un barbu aux cheveux d’un roux flamboyant.

Tu croyais pouvoir t’attaquer aux nôtres et t’en tirer sans en payer les conséquences ?

Les conversations s’éteignirent comme la lueur d’une bougie que l’on venait de souffler. Les deux personnes semblaient avoir suivi Robina depuis un moment et ne semblaient pas avoir peur de se faire arrêter dans le bar. Le combattant blond semblait de ne pas pouvoir totalement tenir sur ses jambes, peut-être, avait-il trop bu ? L’autre se tenait légèrement en retrait, de profil, ramassé sur lui-même.

Robina ne répondit rien. Avec des gestes lents, elle entreprit d’enlever son bras du comptoir.

Alors, tu n’as rien à dire ? Tu as trop peur pour parler, peut-être ?

Où sont les autres ?

Robina avait posté cette question calmement pour ne pas faire monter les octaves et calmer la situation quelque temps. L’ambiance dans l’établissement s’était alourdie, plus personne ne soufflait mot et chacun des clients attendaient de voir ce qui allait arriver.

Quels autres ?

Le blond avait rétorqué cette question avec un regard fou, ses yeux passaient du duo à la salle du commerce à grande vitesse. C’est après que son regard se soit calmé légèrement et refixé sur ses deux homologues que Robina lui répondit.

Et bien, les autres de votre bande ! Je sais que nous ne sommes que deux, mais je me sens légèrement déçu de ne pas être pris au sérieux et toi Rey ?

Rey ricana avant de continuer la tirade de la cuisinière.

Vous savez qu’il y a là de quoi se sentir insulté ? Deux merdeux dans votre genre, c’est tout ce que votre Confédération peut lancer contre nous ? Voilà qui n’est vraiment pas flatteur.

Les deux brigands ne s’attendaient pas à une telle réponse. Ulcéré, le blondinet avança la main sur le manche de sa hachette, glissée dans la ceinture à sa hanche gauche.

Essaye de sortir ton arme. Si tu le fais, je te l’enfonce dans la gorge.

La menace du révolutionnaire avait été lancée sur un ton glacial. Le membre des Affiliés eut un sursaut de recul, sa main revint le long de son corps, mais il ne baissa pas le regard pour autant.

Alors, vous vous décidez ?

Rey avait craché sa dernière phrase tout en dévoilant ses dents sur un sourire carnassier. Il étira ses épaules et fit jouer son cou pour les assouplir. Les autres hésitaient. Le jeune homme étrécit son regard et ajouta d’une voix très douce.

Maintenant, tirez-vous… Ou je vous tue.

Ce qu’arborait le faciès farouche du révolutionnaire ressemblait à un sourire, mais n’en était pas réellement un. Les yeux soudain fuyants, les deux Affiliés tournèrent les talons et quittèrent la taverne, écartant sèchement les rares personnes à se dresser sur leur trajet.

Putain ! Gloussa un client accoudé à l’autre bout du comptoir. Ceux-là, y sont pas prêts de revenir !

Mais Robina ne prêta aucune attention au buveur. Elle savait que les deux spadassins allaient revenir encore plus furieux. Elle n’avait pas envie de se battre, elle venait de se lever, elle ne voulait pas déjà devoir affronter quelqu’un. Est-ce que c’était cela la vie de chasseur de primes, des ennuis avec les criminels chaque jour sans interruptions ? Une douzaine de secondes plus tard, les battants de bois claquaient et les deux guerriers jaillissaient dans la pièce, hachettes à la main. Les deux bandits s’arrêtent net en constatant que le couple n’avait pas bougé de sa position initiale, s’attendant à un mouvement ou une attaque surprise.

Oui, on est toujours là.

L’homme aux cheveux blonds, le plus proche de la porte, commit une première erreur. Celle de s’attaquer à Rey. La seconde, lever son arme pour frapper. Un rictus aux lèvres, le révolutionnaire dévia en se contentant de pousser la main armée de son adversaire vers le bas. Il empoigna le poignet du guerrier au passage. D’un mouvement fluide, il dégaina un de ses deux katanas et trancha net la tête de l’arme. Il la récupéra alors qu’elle venait de sauter dans les airs et l’enfonça dans la bouche grande ouverte de l’homme blond.

La salle resta interdite, choquée par la violence de son geste, et la vitesse à laquelle l’action s’était passée. Le compagnon, quant à lui n’avait rien remarqué, pris dans son combat avec Robina. Il faisait de grands mouvements pour la frapper et laissait de nombreuses ouvertures. Elle aurait pu en finir après quelques échanges, mais elle ne s’était jamais vraiment battue contre quelqu’un pour sa survie. Elle avait fait des entraînements, des simulations et à chaque fois ça s’était arrêté à quelques échanges sans finir réellement le combat. Le seul affrontement qu’elle avait prise au sérieux contre un véritable adversaire avait été la veille contre Wolfer Binaro et elle n’avait pas eu le temps de réfléchir tant la situation avait été difficile. Maintenant, elle devait faire un choix, gagner ou perdre, ce qui signifierait sa mort. Ce qu’elle ne pouvait pas accepter.

Après un coup remontant pour frapper au niveau de son menton et que le bras du brigand roux était haut, elle passa à l’action. Elle accueillit l’homme d’un violent coup de coude en plein front. Du tranchant de la main, elle lui fit lâcher son arme. Le roux regarda la hachette glisser sur le sol avec surprise avant de recevoir une autre frappe du coude, projeté cette fois de bas en haut, elle le frappa sur le côté de la mâchoire. Le roux n’y voyait plus rien, foudroyé par la douleur, la bouche douloureuse et les oreilles sonnantes. Robina se baissa sur elle-même pour prendre plus de puissance et se redressa brusquement.

La paume de sa main ouverte alla cogner sèchement sous le menton du rouquin. Celui-ci décolla pour retomber sur le dos, à moitié sonné, à plus d’un mètre. Elle se dirigea vers le brigand, mais il détala à toute vitesse sans demander son reste. La Sanderrienne regarda à droite et à gauche, mais les consommateurs prenaient grand soin de ne pas regarder dans la direction du groupe. Aucun ne paraissait d’ailleurs s’émouvoir du sort de celui qui avait été abattu. Ce fut le signal du départ pour les deux coéquipiers. Après que Rey ait donné un petit billet de sa poche pour faire disparaître le cadavre. Rien de très inhabituel pour le tenancier. Il accepta et fit emporter le corps derrière le bâtiment. Les berries assureraient son silence auprès de la marine.

Alors que Robina et le révolutionnaire sortaient tous les deux de l’auberge, le jeune homme sembla reconnaître quelqu’un et partit vers un couple avec qui il engagea la discussion. Après un petit moment, il fit un signe à la cuisinière pour qu’elle les rejoigne.
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Robina se retrouva à rejoindre les deux jeunes gens avec qui Rey discutait. La jeune femme était plus petite encore que la cuisinière. Des cheveux long et bouclés blonds avec un fin sourire sur son visage. Ses yeux d’un vert profond la regardèrent avec une lueur de malice et d’amusement, elle semblait apprécier la jeune demoiselle ou peut-être se moquait-elle ?

Le deuxième intervenant est un homme de haute stature. Il devait bien faire trente centimètres de plus que la coq, elle fut un peu impressionnée, mais tenta de le cacher en gardant son regard fixé sur la jeune aristocrate en face d’elle. Il regardait la foule avec attention, semblant monter la garde, un garde du corps ? Il avait un corps sculpté avec ses muscles noueux et saillants. Il semblait en être plutôt fier et tentait de séduire la gente féminine qui l’entourait d’un simple regard ainsi que d’un sourire.

C’est sur cette première impression que Robina rencontra le groupe de révolutionnaires. L’aristocrate arborait une robe de soie rouge bordeaux avec plusieurs dentelles de couleurs orange et des souliers en daim. Son sourire s’élargit tandis que la cuisinière se rapprochait.

Madame, je suis Vinara, descendante de la famille Mandarina. Mon père travaillait à la mairie de Cocoyashi autrefois. Je vous remercie d’aider Rey Bolgarski à traquer et détruire ce fléau qu’est la prostitution dans cette belle ville qu’est la mienne.

Eh bien, madame tout le plaisir est pour moi. Même si je trouve les méthodes de Rey quelque peu discutable selon moi.

Hmmmm… Si ça ne vous gène pas, pouvons-nous en discuter plus en détail à mon domicile ? Cela peut-être un sujet épineux, vous semblez ne point goûter les méthodes de mon deuxième garde du corps et je vous propose d’en discuter un peu plus calmement chez moi. Cela, vous convient-il ?

Et bien… Pourquoi pas, mais je ne voudrais pas m’imposer.

Oh, vous ne vous imposez en aucun cas. C’est une proposition de ma part, vous n’abusez en aucune façon de la situation. Nous étions sur le marché pour rencontrer un peu la population et les futurs électeurs, nous pouvons donc rentrer sans aucun problème à ma résidence.

Le voyage vers l’habitation des Mandarina se fit dans le calme, tout le monde semblait plongé dans ses pensées. Il se trouvait à moins d’un quart d’heure du centre-ville, au nord-est. Les lourdes portes de la maison s’ouvrirent après que l’homme avec une banane sur la tête l’ait ouvert. La résidence consistait en un bâtiment de trois étages, au bois roux patiné, à l’aspect massif, avec quelques balcons chargés de vigne vierge odorante.

Arrivé au vestibule orné d’une fontaine, un serviteur vint se présenter pour récupérer le manteau de Rey ainsi que la veste de Remy. En face de celui-ci, se trouvait un grand escalier central à rampe en fer forgé et large de trois mètres. À droite des marches se trouvait une immense pièce aux murs couverts de livres. À gauche, une salle a mangé décorée avec un lustre étincelant. Quelques serviteurs des deux sexes en livrée rouge et orange passaient de pièce en pièce.

La maîtresse de maison guida Robina d’un côté de l’escalier pour emprunter un long couloir décoré de peinture des membres de sa famille. Au bout du couloir, se trouvait une porte à double battant où l’aristocrate ouvrit la porte. Une antichambre aux murs couverts de rayonnages en pin. Vinara invita les trois personnes qui la suivait à entrer dans son bureau. Juste avant de franchir le seuil, Remy déclina l’offre et se plaça devant la porte.

Étant la dernière à rentrer la cuisinière referma la porte derrière elle. En fait de bureau, la pièce se révélait être un jardin d’hiver décoré de fougères vertes ou rousses, de ficus, de massifs de lavande et de plantes grimpantes aux petites fleurs orangées. Un bureau de chêne massif, encombré de plusieurs piles de documents, trônait devant une verrière qui ouvrait sur le jardin extérieur. L’apprentie chasseuse de primes put voir les arbustes de rosiers en fleur avec de nombreuses fleurs éclosent. L’espace vert était bien entretenu et un jardinier était en train de tailler les différentes plantes qui y étaient.

Votre venue représente une distraction inespérée. Je viens à peine de rentrer à Cocoyashi et de prendre la direction de la maison. Vous n’imaginez pas le nombre d’informations que je dois digérer. Sans compter que j’ai l’intention de devenir la maire de la ville. Heureusement, l’atmosphère paisible de la serre m’aide à me concentrer, si je pouvais, je m’installerais dehors ! Mais je vous en prie, madame, mettez-vous à l’aise.

La jeune demoiselle lui présenta un canapé ainsi qu’un fauteuil entouré de ficus et de fougères, dans un coin, au centre duquel reposait une table basse en verre. La cuisinière s’assit sur celui-ci, tandis que pendant ce temps Vinara allait elle-même chercher sur un guéridon un plateau contenant une carafe ainsi que des verres. Elle ne faisait pas de manières et ne s’encombrait pas de serviteurs pour la servir au moindre de ses désirs.

Rey s’était laissé tomber sur le canapé, il allait déposer ses bottes sur la table, histoire d’être vraiment à l’aise, au moment où Mandarina se retourna et le cingla de son regard de jade. Le valet de la révolution se reprit au dernier moment. Revu auprès d’eux, Vinara, posa le plateau et leur servit un verre de liqueur, avant de s’asseoir à son tour dans le fauteuil.

Si vous êtes ici, c’est pour traiter du cas du comportement de mon garde du corps sur le terrain, donc. Puis-je savoir ce qui vous gêne ?

Avec un regard pour Rey du coin de l’œil, Robina soupira et se lança.

Je suis désolé de vous le dire comme ça, mais votre garde du corps est bien trop violent selon moi. J’avais fini d’interroger un des membres d’un groupe quand il l’a tué pour nettoyer la ville selon ses dires. Je ne sais pas si vous êtes d’accord avec ce comportement, mais il va falloir qu’il évolue s’il veut faire équipe avec moi. Surtout, que je ne suis toujours pas sûre de vouloir le faire.

Je vois… Messire Bolgarski a un comportement trop violent pour vous. Je vais donc lui demander de revoir ses méthodes et de ne pas tuer chacune des personnes qui le croiseront ou qui pourraient vous donnez des informations. Est-ce bien compris monsieur Bolgarski ?

Rey grogna son assentiment avec de croiser les bras.

Mais, mademoiselle, je suis désolée, mais je ne vous ai pas demandé votre nom. Puis-je le connaître ?

En effet, je m’appelle Robina, Robina Erwolf.

Eh bien, mademoiselle Erwolf, je suis enchantée de vous connaître. Mais puis-je savoir pourquoi vous traquez vous aussi une organisation criminelle de proxénètes ? Je trouve cela un peu étrange pour une femme de votre gabarit, si je puis me permettre. Moi-même, j’ai envoyé messire Bolgarski pour régler la situation, à des fins politique, je dois l’avouer, mais aussi, car je me soucie de la sécurité de mes concitoyens.

La coq serra la main que Vinara avait tendue pour lui dire bonjour et lui répondit. Elle se sentait à l’aise ici, un cadre calme et cette demoiselle ne lui faisait pas sentir de gêne, alors elle répondit avec sincérité.

Je ne cherchais pas exactement à détruire la Confédération, en fait, je recherche un homme nommé Lee Agaa qui est, il semblerait, des informations que j’ai pu recueillir cette nuit, l’homme à la tête de cette organisation. De plus, je suis à sa poursuite, car je veux faire mes preuves auprès du bureau des chasseurs de primes de Cocoyashi. Ils m’ont assuré me fournir une licence de chasseur de primes si je faisais mes preuves.

Je comprends maintenant votre situation. Vu que vous faites équipe avec un de mes hommes, je ne peux pas vous refuser mon appui, c’est pourquoi…

Elle se releva de son fauteuil sur ces mots et tandis qu’elle rédigeait une note, la cuisinière sirota sa liqueur. L’aristocrate apposa son sceau sur le document, le cacheta et revint auprès de son invitée ainsi que de son garde du corps.

Tenez, voici un document disant que je vous mandate, vous apprentie chasseuse de primes pour arrêter Lee Agaa et à enquêter pour mon compte. Ainsi, vous ne devriez pas avoir de problèmes avec la marine et si, toutefois, il vous arrivait des problèmes, je vous appuierai au mieux de mes capacités. Cela, vous convient-il ?

Robina ne savait pas quoi dire. Elle ne s’attendait pas à avoir un quelconque soutien de la part de la patronne de son coéquipier. De plus, elle n’était pas venue pour cela et c’était une surprise, bien que bien venu.

Et bien, je ne sais pas quoi vous dire à part merci.

Oh, mais il n’y a pas de problème. Je vous laisse même garder votre indépendance, je pense que cela sera pour le mieux. Je ne vous servirais que de passe-droit, néanmoins, je voudrais vous poser une condition. Cette affaire m’intéresse, comme vous le savez avec mon envoi de messire Bolgarski. Alors je désire que vous me teniez au courant des progrès de votre enquête sur ce Lee Agaa. Je ne vous demande pas de tout me divulguer cela va de soi, mais au moins de me livrer les grandes lignes. Je vous donne ma caution, soit, mais je ne veux pas engager le nom de ma famille ainsi que les résultats des élections à l’aveuglette.

Soit, Robina trouvait la demande justifiée et elle se trouvait reconnaissante par rapport à la demoiselle. Je viendrais vous faire un compte-rendu tous les deux ou trois jours.

Alors la chose est réglée ! Sachez que je suis plus facile à joindre le matin, l’après-midi, je vais être occupée en ville. Et si vous voulez venir en soirée, aucun problème, je déteste les mondanités et je sors peu. En vérité, je serai ravi de dîner en votre compagnie.

Nous verrons bien. Et vous, parlez-moi donc un peu de vous, Vinara.

Je suis la dernière des Mandarina, mes parents sont morts durant mon adolescence et j’ai été envoyé pour faire mes études à Marie-Joie. J’y ai passé ces cinq dernières années là-bas. Je n’étais qu’une simple étudiante parmi les autres. J’ai obtenu mon diplôme il y a quelques mois, je suis rentrée en ville ce pour quoi, mon père me destinait, devenir Maire de la ville et diriger au mieux de ses intérêts. Je suis célibataire, et, hormis une passion pour l’économie et les mathématiques, je n’ai aucun vice, même caché.

Alors que Robina venait de finir son verre de liqueur, elle ajouta.

Si j’ai bien compris la situation à Cocoyashi, votre arrivée tombe mal pour votre concurrent, le maire de la ville en poste. Après tout, lui aussi postule.

Le Maire est venu me voir, justement, hier. Il m’a souhaité bonne chance, je n’ai vu en lui qu’un homme courtois, agréable et prêt à se lancer dans une saine compétition, néanmoins, je ne me fais pas d’illusions. Je reste sur mes gardes et c’est pourquoi Remy me suit partout. À présent, je me vois dans le regret de vous laisser, j’ai malheureusement du travail à faire.

Et bien, alors je vous souhaite un bon courage et une bonne journée.

Un page conduisit Rey et Robina à l’extérieur. Ils devaient maintenant continuer les recherches sur la Confédération.


Dernière édition par Robina Erwolf le Mar 9 Oct 2018 - 17:57, édité 1 fois
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Les recherches les menèrent dans un autre quartier de la ville de Cocoyashi. Ici, les gens ne regardaient que peu les autres, ils s’occupaient principalement de leurs affaires. Les regards se fixaient à peine une seconde pour aussitôt quitter les deux coéquipiers. Des sans domicile fixe tentait bien de leur demander quelques pièces, mais la bourse de Robina était vide quant à Rey, il faisait fuir la plupart des personnes qui tentaient de l’approcher d’un simple regard. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que le moindre de leurs mouvements étaient scrutés par un regard qui lui ne sillait pas.

Un jeune garçon passait de cadre de porte, en coin de bâtisses, essayant de se faire le plus petit possible pour ne pas se faire remarquer par le couple. Il ne dénotait pas dans cet environnement, une houppelande marronne, pleine de déchets que les gens avaient jeté, il ne l’avait pas lavé depuis des années selon l’odeur qu’elle dégageait. Il avait tout vu la nuit dernière quand Rey avait exécuté Virok, le proxénète du quartier sud-est de la ville. S’ils poussaient les investigations plus loin, il devait en informer immédiatement les affiliés et ainsi recevoir sa récompense.

De ce qu’il pouvait constater pour le moment, les deux personnes qu’il suivait ne semblaient pas vraiment en pleine enquête, mais en train de faire du repérage. Devait-il en informer la Confédération ? Il se dit que non, il ne devait pas déranger ces hommes pour ce simple fait. Ils ne lui pardonneraient pas. Leurs affaires avec l’autre gang de Cocoyashi, les Berries, les accaparaient bien assez pour ne pas en rajouter d’autres. Et celle que posait les deux personnes à faire la justice en s’attaquant à eux était une épine dans leurs flans dont ils devaient se débarrasser au plus vite.

Cependant, après avoir rapporté ce qui s’était passé la nuit dernière, le jeune homme avait été pris dans l’organisation, tout les jeunes rêvaient de faire parti des leurs ou des Berries. En effet, cela apportait un groupe, un clan, une famille, un lieu où dormir quand on était un orphelin, l’idée de faire partie d’un tout plus grand. Le brassard en fourrure blanche qu’on lui avait donné prouvait son appartenance au groupe.

Ce dont il ne se doutait pas, c’est qu’il avait été découvert. Son petit manège ainsi que le brassard passé à son bras droit le désignaient comme un membre des affiliés. Rey avait désigné le jeune homme à sa partenaire et quelques secondes plus tard elle avait pu se rendre compte de la situation. Ils se tenaient donc au milieu de la rue avec un problème. Mais après un moment de discussion entre eux, ils décidèrent de ne rien faire, si le garçon ne bougeait, et vu qu’il ne représentait aucune menace pour eux, ils feraient comme s’il n’existait pas. Robina ne voulait pas avoir à frapper un pauvre jeune homme endoctriné par un groupe qui l’avait peut-être forcé. Quant à Rey, il se forçait à ne pas le tuer ici et maintenant, ainsi qu’à réfréner ses envies de justice.

Ils continuèrent ainsi leurs investigations, comme si rien de rien n’était. Le satellite qui rôdait autour d’eux ne bougeait que pour les garder dans son champ de vision. Il ne semblait pas vouloir engager un combat, contre eux. Ils ne trouvaient pas de pistes non plus sur les Confédérés ainsi que l’organisation. Ils auraient voulu récupérer des informations de l’adolescent qui les filait, mai de ce qu’ils avaient pu en déduire, il était au plus bas de l’échelle, sans réelles informations importantes en somme. Il ne leur servait à rien.

C’est sur cette conclusion que la cloche de midi sonna. Ils quittèrent le quartier pauvre et crasseux, pour se retrouver plus près du centre. Les traits de Rey affichaient toujours un air intimidant et c’est ce qui avait empêché la plupart des détrousseurs du milieu de ne pas s’approcher d’eux, une cible trop difficile. C’est à ce moment que l’humeur changeante du révolutionnaire se manifesta.

J’ai faim et quand j’ai faim, je ne peux plus réfléchir !

À cette heure ? Midi vient à peine de sonner, il nous reste du travail !

Oui, mais on a passé notre temps à arpenter la ville et à poser des questions pour notre enquête. Maintenant, j’ai faim !

Tu es un véritable estomac.

Robina avait soufflé ces derniers mots avec un demi-sourire. Elle découvrait enfin une facette de son coéquipier qui lui plaisait. Le hasard de leur marche les avait conduits à deux pas d’une taverne, « Le Mandarine Myope ». Ni meilleur, ni pire qu’un autre, l’établissement comprenait une grande salle avec tables, chaises et comptoir, et un escalier montant sur quelques chambres en enfilades. Le même modèle que l’auberge dans laquelle dormait notre cuisinière. L’habituelle foule bigarrée de buveurs s’y occupait à s’hydrater la gorge.

Les deux coéquipiers prirent une table dans un coin, dos au mur. Un pichet de bière plus tard et un plat de poisson frit plus tard, le jeune homme entreprit de s’allumer une cigarette. Robina l’avait regardé manger avec distraction tout en songeant à son enquête pour retrouver celui qu’elle cherchait. Elle commença à discuter de ce qu’ils avaient trouvé ce matin, ou plutôt de ce qu’ils n’avaient pas trouvé.

Mais le valet de la révolution n’eut pas le loisir de converser plus longtemps avec sa coéquipière. Son regard errant sur la salle croisa celui du tavernier, un homme fluet aux cheveux filasses et graisseux. La vitesse avec laquelle ce dernier détourna la tête tout en se mettant à frotter frénétiquement le comptoir réveilla son instinct. Cependant, le révolutionnaire fit comme s’il n’avait rien remarqué. Tout en surveillant l’homme du coin de l’œil, il examina le reste de la salle. Peu à peu, elle se vidait. En plus de la leur, il ne restait que quatre autres tables d’occupées, chacune par un groupe d’hommes aux allures bourrus. Hachettes, poignards ou un sabre pendaient à leurs hanches. Au comptoir, trois individus du même acabit. Rey se rendit compte que ces hommes ne trempaient qu’à peine les lèvres dans leurs verres. Pour sa part, la cuisinière face à lui était toujours en train de réfléchir à leur enquête.

Rob’, tu sais ce que ça veut dire être dans la gueule du loup ?

Euh oui, pourquoi ?

Tu comprends ou pas ?

Euh, non…

Crétine, tu es aveugle ou quoi ? Regarde ces hommes attablés en face de nous.

La coq releva la tête et se mit à étudier la situation. À présent, la clientèle ne faisait plus aucun effort pour cacher son hostilité. Les deux enquêteurs se trouvaient dans une configuration défavorable, dos au mur, certes, mais coincés, à l’opposé de l’escalier, et bien trop loin de la sortie.

Des Affiliés ? Alors, ils nous ont trouvés avant que se soit le contraire.

Rey hocha la tête, ôta son manteau qu’il plia consciencieusement sur une chaise.

Je ne sais pas si l’aubergiste est complice, mais il est au courant, c’est sûr. Tu as vu comme il est nerveux ?

Oui, on dirait qu’il a envie de s’enfuir le plus loin possible. Donc on va devoir se battre ?

Pas le choix, je vais dégager le passage jusqu’aux escaliers.

Le révolutionnaire s’étira longuement.

Dis, tu n’oublies pas quelque chose ?

Robina avait ajouté sa dernière phrase en désignant la cigarette du jeune homme encore fumante.

Je déteste gâcher mes cigarettes. Ça y est, je suis en rogne, tant pis pour eux !

La mascarade était terminée. Les Confédérés s’étaient levés et se massaient au centre de la pièce. L’un d’eux se chargea de barricader la porte avec une grosse barre de bois. Le tenancier se tenait derrière son comptoir, hésitant.

Prête, Robina ? On y va !

Et Rey se leva, empoigna la table en chêne qu’il souleva avant de charger la masse des Affiliés en hurlant. Il avait utilisé son pouvoir pour augmenter son poids au maximum, trois cents kilogrammes arrivaient en courant sur ses adversaires. Un couteau dans la main gauche, la cuisinière tentait de couvrir l’avancée. Percutés par le bélier improvisé, leurs premiers adversaires furent projetés de tous côtés, bousculant le reste de leurs comparses. Rey poussait droit devant lui et personne ne semblait pouvoir entraver sa course. La Sanderrienne suivait en lardant de coup ceux qui passaient à portée de sa lame.

Vint le moment où Rey atteignit le bas des escaliers, abandonnant la table devenue inutile. Ils avaient leur but sans déplorer de blessure. La suite logique consistait à prendre position en haut des marches et à tenir l’accès au premier étage, le temps de voir venir. Mais le valet de la révolution rejeta cette logique. Au lieu de suivre sa camarade, il se retourna pour toiser les confédérés en train de se regrouper.

Qu’est-ce que tu fais ?

Robina avait crié en constatant que son coéquipier ne l’avait pas suivi sur le palier de l’étage, après l’avoir laissé passer quelques instants plus tôt. Ce dernier ne semblait pas l’entendre. Rey, avec l’adrénaline coulant dans ses veines ne pensait plus qu’à une seule chose, combattre, sans se soucier ni du nombre ni de la nature de ses adversaires. Avec un geste lent, il dégagea ses deux sabres de leurs fourreaux, une note métallique sonna dans l’air pendant un instant. Les Affiliés le regardaient, impressionnés par l’assurance qu’il dégageait à ce moment précis. En retrait, le tavernier déglutit péniblement. Le révolutionnaire fondit sur eux.

Transformé en une tornade destructrice, il frappa de ses deux armes, tournant sur lui-même, les bras écartés, lames sifflantes. Il assénait des diagonales, revers et fouettés avec la même prodigalité et les affiliés tombaient les uns après les autres. Les cris de souffrance ou d’agonie se succédaient. Robina avait bondi dans l’escalier pour prendre les Confédérés à revers, mais il n’y avait plus grand-chose à faire. La cuisinière frappa de la paume à l’arrière du crâne de l’un des adversaires qui tentait de tuer Rey. Elle passa à un autre qui tentait de ficher sa hachette sur le dessus du crâne du révolutionnaire en lui assénant une manchette en oblique à la base du cou. L’affrontement se termina sur ceci.

Le seul survivant, le tavernier, qui n’avait pas montré la moindre envie d’en découdre. Le petit homme s’efforçait désespérément de débloquer la porte, mais ses mains tremblotantes ne parvenaient pas à déloger la barre de bois. Arrivée à son niveau, Robina put voir que son coéquipier venait de retrouver son calme. Elle proposa à son camarade, couvert de sang, d’aller se nettoyer. Pendant ce temps, la cuisinière revint vers le tavernier.

Écoute-moi bien, toi, tu vas aller voir ton patron, Lee Agaa, et lui dire que s’il continue de nous envoyer ses hommes, ils finiront tous comme ça ! Tu as retenu le message ? Et surtout parle-lui bien de ce qui s’est passé ici. Maintenant, dégage !

L’homme bredouilla son accord. La coq débloqua la porte et le tenancier s’esquiva sans demander son reste. Rey avait jeté la veste en cuir qu’il portait, maculée d’hémoglobine, et, passa derrière le comptoir pour se laver les mains et le visage. Une fois propre, il remit son manteau noir directement par-dessus sa chemise et les deux quittèrent ces lieux transformés en boucherie. Il avait été convenu tacitement qu’ils rentreraient à la maison de Mandarina. Robina ne put s’empêcher de dévisager son camarade, sans cacher une certaine incertitude. Au bout d’un moment, elle n’y tient plus et parla.

Qu’est-ce qui t’a pris de charger tout ces mecs à toi tout seul ?! On aurait pu tenir le haut des escaliers !

Le révolutionnaire la toisa sans dire un mot, il ne ralentit même pas l’allure. La coq marqua une pause pendant un moment avant de reprendre.

Bon, d’accord, tu les as vaincus, mais tout de même, ça n’excuse pas pour autant une telle inconscience !

Rey s’arrêta net.

Je suis un guerrier, comme ce que je pensais de toi, et on ne se connaît pas, tu es plutôt mal placé pour me faire la morale.

Écoute, là, tu dépasses les limites. Tu es cruel, comme avec ce Virok, la nuit dernière, ou avec ces hommes que tu viens d’abattre. Tu étais peut-être même su le point d’abattre ce pauvre aubergiste qui ne présentait aucun danger. Alors, non, j’avoue ne pas aimer ton comportement.

Dis, j’espère que tu n’attends pas d’excuses, parce que si c’est le cas, ma petite, tu vas être rudement déçu ! Et si c’est pour me donner des leçons, mieux vaut que tu la fermes !

J’adore ton souci du dialogue.

Va chier !

La cuisinière secoua la tête, mais garda le silence. Elle préférait en discuter avec Vinara quand ils seraient arrivés.


Dernière édition par Robina Erwolf le Mer 24 Oct 2018 - 16:06, édité 1 fois
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La cuisinière ne s’attendait pas à revenir aussi vite dans la maison de la candidate à la mairie de Cocoyashi. Certes, le retour s’était fait lentement, les deux traînaient les pieds, chacun cherchant ses mots pour réengager la conversation. Mais il n’y avait pas de réelle camaraderie entre le révolutionnaire et l’apprentie chasseuse de primes. La situation durait maintenant depuis une heure, aucun des deux ne voulait finir sur cette dispute, ils ne voulaient pas réellement que la patronne de Rey tranche sur la situation.

Après ce cinéma qui dura encore, dix minutes de plus, la coq fit un signe au révolutionnaire pour qu’ils s’installent dans un parc, à l’abri des oreilles indiscrètes. Le jeune homme qui les avait suivis le matin même n’était plus en vue. Ils se détendirent un instant à regarder les personnes des deux sexes vaquer à leurs occupations. Encore dix minutes passèrent et le clocher de la ville sonnait déjà les deux heures de l’après-midi.

Ils se tournèrent l’un vers l’autre au même moment, la situation était légèrement comique au vu de la situation et un sourire se fit sur leurs visages. Robina était loin d’avoir excusé les agissements de son homologue masculin, cependant elle était prête à écouter sa justification. Et ses excuses. Elle fit donc un geste pour lancer la discussion et laisser le temps à son interlocuteur de trouver ses mots.

Vas-y je t’écoute !


Eh bien, tout d’abord, je voulais te dire que je suis désolé. Je sais que j’aurai dû garder mon calme, ce que je n’ai pas fait et je m’en excuse.

À ces mots, la cuisinière se repositionna sur le banc sur lequel tous les deux étaient assis et lui fit un signe de la main pour qu’il continue.

Je veux t’expliquer mon point de vue, pour que tu comprennes, pourquoi je les ai tués et pourquoi il y aura sûrement dans le futur des personnes qui mourront à cause de moi.

Parce que tu prévois déjà de tuer d’autres personnes ?

Elle avait presque crié sa phrase et s’était levée sur le coup de l’émotion.

Calme-toi, tu vas nous faire avoir des ennuis. Non, je ne prévois pas de tuer d’autres personnes, mais sait-on jamais ? Avant de t’énerver encore une fois laisse moi finir s’il te plaît.

Il souffla et prit une inspiration. Il prit un petit moment pour réorganiser ses pensées, il devait réfléchir à ce qu’il pouvait et n’avait pas le droit de lui dire. Il inspira une seconde fois avant de se lancer.

Je suis originaire de l’île de Givralia qui se trouve sur Grand Line. Mes parents y sont nés, même si ma mère ne m’a pas donné naissance là-bas. J’ai vécu pendant neuf ans sans me soucier du reste du monde jusqu’à être vendu par ma propre famille à un marchand d’esclaves pour travailler quelques semaines plus tard dans une mine de charbon. J’ai réussi à survivre pendant huit ans dans cet enfer avant que je n’arrive à m’échapper.

Il était en train de faire une pause dans son récit ou il avait fini ? Robina se posait la question, mais elle devait rebondir sur ce qu’il venait de lui confier.

Et tu m’as fait le coup de me faire passer pour une esclave hier soir ? Tu as osé faire ça alors que tu connais la vérité sur la situation des esclaves ?

Oui, je suis désolé à propos de ça aussi.

Tes excuses arrivent trop tard !

Et sur ces dires, la demoiselle qui avait été le dindon de la farce la veille, en se faisant louer par le révolutionnaire en tant que fille de joie. Elle n'avait pas oublié cet évènement de la nuit passée et elle avait attendu le bon moment pour rendre la monnaie de sa pièce à son coéquipier, il était maintenant temps. Elle donna une claque retentissante sur la joue gauche de son interlocuteur masculin. Elle venait de se faire mal à la paume, elle avait frappé plus fort qu’elle ne l’avait voulu, mais au moins il se rappellerait de ne plus lui faire ce coup-là. Elle secoua la main pour atténuer la douleur avec une grimace sur le visage.

Quant au valet de la révolution, il voyait maintenant trente-six chandelles. La baffe l’avait touché au niveau de la mâchoire et son cerveau n’arrivait toujours pas à se remettre. Les personnes qui avaient vu l’action pensèrent à une dispute de couple et certains rirent de voir l’homme du couple se prendre un tel coup. Il se secoua la tête pour se remettre du choc et disperser le brouillard qui venait de se poser sur son esprit.

Maintenant, on est quitte. Si tu veux te racheter, tu peux me payer un verre, voir deux si tu veux faire des excuses en bonne et due forme.

Robina se leva et attendit que Rey se lève à son tour pour repartir. Après un moment, ils trouvèrent un établissement pour boire un verre ensemble, les excuses étaient passées, enfin pas tout à fait, la cuisinière avait toujours en horreur la façon de faire du révolutionnaire et avait toujours bien l’intention de mettre à plat leurs situations avec la patronne du valet de la révolution. Le temps passa vite, ils ne s’enivrèrent pas, mais le fait qu’ils ne se firent pas attaquer alors qu’ils étaient dans une taverne, était déjà un grand changement.

Il fut assez vite le moment de rentrer et après avoir payé leurs consommations, ils sortirent en direction de la Maison Mandarina. Les deux enquêteurs passèrent de nouveau les mêmes portes que plus tôt dans la matinée. Un serviteur s’empressa d’aller prévenir la maîtresse de maison de leur arrivée. Ils attendirent dans le vestibule. Un page vint les chercher et ils reprirent le même chemin que le matin même. Le page ouvrit, annonça les visiteurs et se retira. L’antichambre contenait toujours les rayonnages ainsi que Remy, l’homme à la musculature développée. Il lui sourit, comme ça, naturellement.

Nous venons discuter avec Vinara. Nous pouvons rentrer ?

Euh… Oui, bien sûr.

La porte du bureau était déjà ouverte et Vinara dînait sur une grande table recouverte de lin blanc qui avait été dressée devant la terrasse. Elle invita les deux arrivants ainsi que Remy à partager son repas. Mais Rey déclina la proposition, prétextant qu’il n’avait pas faim pour s’esquiver et éviter la tension dans la pièce.
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Remy se frotta les mains en contemplant le plat de charcuteries à peine sorties des cuisines. Interceptant, son regard, Vinara ria de bonne grâce et sonna un page pour demande un autre assortiment de charcuterie, de quiches, de fromages, trois miches de pain et un plat de galettes au miel.

Deux plats de galettes !

Le banané avait tonné la phrase en direction du page, prêt à justifier sa réputation de véritable gouffre à nourriture. Robina s’assit en face de l’aristocrate tandis que Remy s’installa du côté ouvert de la terrasse, à la diagonale des deux demoiselles. Quelques assiettes plus tard, occupé à vider son infusion de thé à la mandarine, Robina entra dans le cœur du sujet, et le problème qui l’amenait jusqu’ici, alors qu’elle aurait pu ne revenir que deux jours plus tard, au plus tôt.

Je suis venue pour vous parler de Rey, je suis désolée, mais ça ne va pas être possible. Je ne vais pas pouvoir travailler avec lui, ses méthodes sont beaucoup trop brutales pour moi.

La cuisinière n’avait pas repensé à ce qui s’était passé après le repas de midi, elle avait évité de le faire toute la journée. La nausée lui venait à chaque fois. Son visage perdit ses couleurs alors qu’elle devait se souvenir de ce qu’il s’était passé à ce moment-là.

Et que s’est-il passé en aussi peu de temps pour que vous reveniez ? Et que mon garde du corps évite cette conversation ? Je ne suis pas sotte vous savez, j’ai bien vu son visage, ainsi que son expression, quelque chose s'est passé, j’aimerais comprendre quoi.

La jeune demoiselle avait pris une voix douce et calme. Elle voulait que la coq se confie à elle.

Je… Il… Il a massacré des hommes. Je me rappelle toute la scène comme si j’y étais, c’était, il y a seulement quelques heures, après que nous avons mangé dans une auberge, la « Mandarine Myope », des Affiliés nous ont tendus une embuscade. Nous étions arrivés au niveau des escaliers, pour les tenir et ainsi s’occuper peu à peu d’eux. Mais Rey en a décidé autrement, il est plongé dans le groupe de Confédérés. Il y allait y avoir des morts, je le savais, j’y étais préparé, mais ce qu’il a fait était un carnage. Une boucherie, c’est le mot. Aucun d’entre eux n’avait la moindre chance. Il allait même tuer le tavernier si je ne l’avais pas retenu, en tout cas, c’est ce que je pense.

Je vois, la situation est épineuse en effet. Et vous êtes sûre que c’était bien des membres du gang de Lee Agaa ?

Oui, tout à fait sûr, ils sont venus pour nous tuer et non pour discuter, je peux vous l’assurer.

Alors le problème est résolu, des truands qui sont tués dans une auberge ne fera pas beaucoup de bruit cependant, j’enverrais Rey au bureau de la Marine pour montrer patte blanche et expliquer la situation dès demain. Quant à vous, je vous libère du poids qu’est devenu de faire équipe avec mon deuxième garde du corps. Je comprends votre réaction face à ce massacre comme vous me le dites, mais la situation aurait eu la même conclusion, que vous soyez restés en haut des marches ou qu’il se soit jeté dans la mêlée.

Je le sais bien, mais…

Au souvenir des corps qui avaient parsemé le sol de l’auberge où ils avaient mangé, un haut-le-cœur souleva l’estomac de notre apprentie chasseuse de primes. Alors, elle se leva en courant vers la porte en entendant la voix de Vinara lui indiquant les toilettes les plus proches. La deuxième porte à droite. Elle déversa le contenu de son estomac dans les toilettes, un évier se trouvait près de l’entrée et elle se rinça la bouche. Son visage était livide, ses traits creusés, on aurait dit une revenante. Elle s’essuya la bouche après s’être gargarisée et retourna dans le bureau, salle à manger.

Vous allez bien ?

Oui, oui. C’est juste en repensant à la scène que j’ai eu une nausée.

Et bien, nous devons remplir cet estomac de nouveau vide, Remy va chercher un plateau de fromages pour notre invitée et une miche de pain.

Remy n’en fit rien, il était tout occupé à veiller sur la sécurité de son employeuse. Cependant un page quelque temps, plus tard, déposa un plateau avec plusieurs fromages disposés sur celui-ci ainsi que du pain croustillant pour redonner un peu d’énergie à la Sanderrienne. Elle picora quelques morceaux en faisant un résumé à Vinara de leurs démarches de la journée. Cette dernière lui posa de nombreuses questions sur les conditions de vie dans les rues, le moral des habitants ainsi que l’état des lieux. Robina relata aussi complètement que possible, ce qu’elle avait appris là-bas. Elle évita un seul sujet de discussion, la taverne du déjeuner. L’aristocrate intégra ses réponses avec la plus grande attention. La concurrente du Maire avait une certaine étoffe.

Le sujet s’orienta sur les élections et le poste de Maire. Un débat public devait être organisé la semaine prochaine, opposant la jeune aristocrate à l’homme en fonction. Vinara avoua n’avoir aucune idée de son futur discours, ainsi que le fait qu’elle avait du retard sur son rival, notamment en termes d’organisation. Fort du soutien de la Belmer Corp et de celle de ses amis fortunés, l’actuel régisseur de la ville dépensait sans compter pour s’attirer les faveurs de la foule, la chose était connue de tous. Il distribuait des repas chauds et quelques berries, il ne parlait que de la grandeur de Cocoyashi, de ses possibilités d’expansion.

L’aristocrate avait un réel projet sur lequel asseoir sa campagne, mais qui selon elle manquait encore de matière pour être crédible. Elle connaissait bien la ville malgré son éloignement, elle avait étudié pendant tellement longtemps pour entrer dans l’administration et prendre le poste de Maire dans sa ville natale qu’elle avait étudié chacun de ses aspects. Elle n’ignorait rien des politiques ou économiques de la ville. Mais ce qui manquait à la demoiselle, c’était la simple connaissance des concitoyens, des électeurs elle voulait les voir, leur parler, les jauger.

Comment décider du destin d’une ville, si l’on ignore les besoins véritables, les soucis de chacun de ses habitants. Comment, prospérer si l’on laisse derrière soi des malheureux, préférer le profit de certains plutôt que le profit de tous ? La demoiselle s’exprimait avec passion, son regard habité d’une force sincère. Tout en engouffrant ses dernières galettes au miel, Remy l’écoutait d’un air distrait tandis qu’il jetait un regard à l’extérieur.

Remy ne participait pas à la conversation. Il était là pour veiller sur Vinara, et pour tout engloutir, à le voir manger pour quatre. Son regard partait se poser sur le parc et ces caches potentielles, entre deux bouchées.

Vous parlez des malheureux, Vinara, mais que connaissez-vous d’eux ? Avez-vous été visiter les quartiers pauvres de la cité ?

Elle se voulait engageante et voulait continuer cette conversation encore un moment pour se changer les idées.

Vous savez, Robina, tous les gens qui cherchent le pouvoir ne sont pas forcément coupés de la réalité. Oui, j’en ai l’objectif, en effet. Je vous le répète, se sont les gens qui m’intéressent. Dans ce sens, j’ai programmé des visites à travers toute la ville, en commençant justement par les quartiers défavorisés. J’espère avoir rencontré au moins une partit de chacune des couches sociales de Cocoyashi avant la fin de la semaine.

Irez-vous voir les grandes entreprises et autres guildes de la ville, pour demander leur appui ?

Non, je n’irai pas voir les personnes fortunées, du moins pas à moins d’y être obligé. Je ne demande nul appui, je n’offre aucune alliance. C’est au peuple que je veux m’adresser, et pas pour les séduire, mais pour les convaincre, du bien-fondé de mon projet pour la ville !

Et votre programme, sur quoi repose-t-il ?

Sur le développement économique, mais je ne suis pas du genre à promettre ce que je ne peux tenir, aussi, je n’en dirais pas plus aujourd’hui. Je vous l’ai dit, il me manque la matière. Remy, tout va bien ?

Le garde du corps fit un signe de la tête pour indiquer que oui avant de finir sa dernière galette au miel et s’en retourner à son poste de vigile. Il sortit de table pour se poster sur la terrasse et s’occuper pleinement de son travail. Vinara tourna de nouveau la tête vers son interlocutrice.

Bien, assez parler de politique, j’aurais maintenant une ou deux faveurs à vous demander, si vous me le permettez ?

Allez-y, si je peux le faire, je ne dirais pas non.

Eh bien, si vous le pouvez, j’aimerais que vous alliez vous aussi vous présenter à la Marine demain dans la journée, pour expliquer ce qui s’est réellement passé. Je sais que Rey n’est pas un enfant de chœur, loin de là, mais il n’a rien fait de mal en soit, c’est la façon qui est dérangeante. Vous accédez à ma requête ?

Oui, j’en avais bien l’intention de toute façon, je ne suis pas une meurtrière et je ne veux en aucun cas avoir de problèmes avec la marine.

Bien, cette question-ci est réglée. Quant à mon autre demande, en fait, c’est un peu plus personnel. Je vous présente la situation, un contremaître de la Belmer Corp, Riocavi Zonno, a disparu depuis environ une semaine. J’aimerais donc que vous me rendiez service en menant l’enquête, tout d’abord en interrogeant sa femme et pourquoi pas poursuivre dans le verger où il travaillait, cela vous convient-il ?

Robina se sentait redevable de ce que l’aristocrate avait déjà fait pour elle, c’est pourquoi naturellement elle accepta de bon cœur. Elle fut invitée à rester pour passer la nuit, mais elle déclina pour rentrer chez elle. Elle ne voulait pas s’imposer, ni abuser de l’hospitalité de Vinara. C’est alors que onze heures sonnait qu’elle rentra dans sa chambre pour se mettre au lit et dormir du sommeil du juste.
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Robina se réveilla avec les premières lueurs du jour. Elle avait oublié de ferme les volets avant de se coucher. C’est en se battant de nouveau pour sortir de son lit, alors qu’elle était aveuglée par la lumière du jour qu’elle bailla. Elle s’étira longuement avant de se cacher avec sa couette pour se recoucher, elle voulait un peu procrastiner ce matin. Elle avait eu son compte d’émotions pour le moment. Elle tournait et cherchait un moyen de retrouver le sommeil. Mais l’activité en dessous, dans la salle commune de l’auberge ainsi que la lumière l’en empêchait. C’est la mort dans l’âme qu’elle se décida à sortir de dessous son bouclier qu’étaient devenus ses draps.

Elle ferma les volets, bien décider à continuer de dormir, elle avait bien le droit à un peu de paix ? S'emmitoufler dans ses draps et cache sa tête sous son oreiller pour amoindrir les bruits de la salle commune. Alors qu'elle bataillait pour trouver le sommeil, elle tourna, et plusieurs minutes plus tard, s’agaça que la situation ne change pas. C'est avec rage que les draps volèrent. Elle se leva et se diriger vers les douches. Elle devait se rendre présentable pour se rendre vers le bureau de la Marine.

Le bâtiment se trouvait au même emplacement que lorsqu'elle était arrivée sur l’île il y a quelques jours. Elle fut escortée jusqu’à un bureau, l’officier général chargé de faire respecter la sécurité à Cocoyashi. Des mains à la fois souple et vigoureuses, de larges épaules, une coiffure comme s’il venait de se lever. Du reste, la tenue habituelle du marine, un grand manteau blanc était accrochés sur le support proche de la porte. Une chemise verte et argent avec un pantalon noir et terminé par des bottes luisantes. Il avait une taille fine ainsi que des jambes puissantes.

L’officier la reçut au troisième étage, dans un vaste bureau aux meubles de teck. Derrière lui, une carte de ville, annotée de plusieurs papiers que la cuisinière n’arrivait pas à lire tellement l’écriture était petite. Des épingles parsemaient la carte aussi pour montrer des points importants selon le colonel de la Marine. À droite du bureau, un chevalet portant le sabre en possession de Rico dans son fourreau, longue, fine, effilée. Une immense pile de documents en désordre se trouvait sur le côté gauche du bureau avec un encrier et plusieurs plumes.

Les yeux de Castellanos examinèrent Erwolf avec froideur. Il avait les traits creusés par la fatigue, les cheveux noirs, coiffés en arrière, sans résultat tant on pouvait trouver d’épis. Une légère barbe de trois jours commençait à pousser sur son visage autour de sa bouche fine.

Qui êtes-vous et que venez-vous faire dans mon bureau ? J’ai entendu dire que vous étiez là concernant le massacre dans l’auberge de la « Mandarine Myope », donc je vous écoute.

Je m’appelle Robina Erwolf, cuisinière et apprentie chasseuse de primes. Je suis à Cocoyashi pour débusquer Lee Agaa, je suis mandatée pour ceci, vous pouvez vérifier par vous-même.

Bien, et pourquoi chercher cet homme en particulier, c’est tout de même un gros morceau pour une femme de votre… Stature.

Je suis allée au bureau des chasseurs de primes de Cocoyashi et ils m’ont dit que si je faisais mes preuves en leur remettant Lee Agaa, ils m’offriraient ma licence pour que je puisse officiellement faire partie des leurs.

Avez-vous progressé dans vos investigations ?

Pas encore, mis à part des attaques des Affiliés qui sont sous les ordres de Lee Agaa.

Les Affiliés ? Qu’est-ce que c’est ?

C’est l’organisation de proxénétisme que commande l’homme, que je recherche, depuis l’ombre. Je n’ai pas encore d’informations le concernant, mais je m’attends sous peu à des résultats.

Bien, mais revenons-en à notre affaire. Hier, d’autres personnes, que vous dites être des Affiliés, ont également connus une mort brutale. Une quinzaine. Dans l’auberge nommée précédemment, la « Mandarine Myope ». Des témoins ont donné votre description. Selon leurs dires, vous étiez sur les lieux.

En effet.

Vous avez une explication à me fournir ?

Oui, j’en ai une. Nous étions, avec mon coéquipier, venu prendre un repas dans l’établissement. Quand, après un moment, les membres de la Confédération, l’autre nom qu’ils donnent à leur organisation, nous ont attaqués. Nous avons donc dû nous défendre, et même si le spectacle n’a pas été beau à voir, je suis sûr que vous comprenez la situation dans laquelle nous étions.

Oui, je la comprends. Si vos dires sont vrais, alors je ne peux pas vous en tenir rigueur, cependant, je vous préviens Erwolf, désormais, je vous ai à l’œil. Quant aux Affiliés, ou la Confédération, comme vous voulez, vous voulez mon opinion ? Qu’un criminel se fasse étriper peu m’en chaud. C’est toujours ça de gagner pour la tranquillité des honnêtes gens. Mais attention à ce que vous faites. Mettre des bâtons dans les roues les Affiliés, disons que si vous le faites, je pourrais ne pas intervenir. Mais si un innocent est ne serait-ce que bousculer et que vous vous trouvez dans les parages, je vous mets dans la plus sordide de mes cellules. Le message est passé ?

Oui. Le message est bien passé. Je peux partir maintenant ?

Oui, allez-y. Non, attendez une minute ! Votre coéquipier, il s’appelle comment ?

Rey Bolgarski, monsieur.

Bien, c’est une personne que je dois recevoir plus tard dans la matinée. Maintenant, fichez le camp de mon bureau !


Robina sortit dans la cour et se dirigea vers la ville. Elle devait maintenant mener ses pas vers la famille Zonno. Elle se fit indiquer la route par un habitant de la ville et trouva la rue sans difficultés.
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Elle arriva en vue du carré où résidait le couple Zonno lorsqu’elle ralentit l’allure pour se demander.

Je la joue comment, dans cette situation ? Je peux la jouer en douceur au début et voir comment ça tourne. Au cas où je pourrais lui mettre la pression.

Non, impossible que je maltraite quelqu’un, une femme de surcroît, qui a perdu son mari. J’ai des limites. De toute façon si elle est coupable de la disparition de son mari, je serais vite fixée.


Elle arriva devant la maison. Elle longea le jardinet et frappa à la porte. La femme de Riocavi Zonno avait la cinquantaine, les cheveux auburn rassemblés en un chignon mêlé de fils gris. Le teint jaunâtre, les rides qui creusaient ses traits n’étaient pas le fait de l’âge, mais celui de l’inquiétude. Un châle lapis couvrait ses épaules graciles.

Dame Zonno ?

C’est moi, Mirale Zonno.

Elle regardait l’arrivante sans vraiment la voir.

Vous n’avez rien à craindre de moi. Je cherche votre mari, en fait.

A quel titre ?

Sa voie se fit voiler, elle repensait à son mari qui lui manquait et son cœur se serra.

Eh bien, je suis mandaté par la candidate à la mairie, Vinara Mandarina. Elle se sent concernée par la disparition de votre mari. Et c’est pour vous aider que je suis là, je ne vous veux aucun mal, mais plutôt vous aidez dans cette affaire.

Je ne savais pas. Mais entrez. Un peu de thé, peut-être ?

Avec grand plaisir, madame.

Elle la conduisit dans le salon. Un intérieur propre et clair, bien tenu, quoiqu’encombré de nombreux bibelots. La maîtresse de maison semblait être du genre à faire le ménage elle-même. Robina n’était pas omnisciente, mais elle avait pu constater le chagrin de la pauvre femme. Elle n’avait rien d’une criminelle et n’éprouva ni le besoin, ni l’envie de jouer la méchante avec dame Zonno.

Mirale Zonno disparut dans la cuisine. Elle revint quelques minutes plus tard, avec un plateau chargé d’une théière fumante, d’une assiette de sablés au miel et de deux tasses en porcelaine et leurs soucoupes. La cuisinière s’empressa de la décharger de son fardeau qu’elle posa sur la table basse du salon. Mirale se rassit, les mains posées sur les genoux.

Voudriez-vous répondre à quelques-unes de mes questions ?

Si vous voulez.

Dans quelles circonstances votre mari a-t-il disparu ?

Il y a dix, jours, mon Riocavi n’est pas rentré de son travail, c’est tout ce que je peux vous dire. La Marine a lancé des recherches, on a fouillé les vergers. Aucune trace de lui.

Le thé était prêt à être servi, mais aucune des deux ne semblait désireuse d’en boire.

Avez-vous une explication à sa disparition ?

Cette question sembla redonner des forces à la maîtresse de maison. Son regard s’éclaircit et le ton de sa voix retrouva une certaine assurance quand elle répondit.

Si vous voulez savoir ce que j’en pense, je vais être claire : mon mari n’est pas parti de son plein gré. Il n’avait aucune raison pour cela. Riocavi est un homme bon, tout dévoué à sa femme et à son travail. Nous étions très heureux en ménage. Mariés depuis vingt-cinq ans, et croyez-le ou non, nous nous aimions comme au premier jour. Il lui est arrivé quelque chose, je le sens !

Robina n’avait aucune raison de ne pas la croire. Après tout, elle avait déjà entendu dire que les couples qui vivaient ensemble depuis longtemps savaient ce genre de chose. Peut-être était-ce le cas ici ?

Je le revois lorsqu’il m’a demandé ma main. Engoncé dans son costume… Qu’il était nigaud !

Une larme roula au coin de son œil, elle l’essuya d’un geste distrait, le regard fixé sur un passé heureux. Puis elle sursauta et le ton de sa voix se modifia une nouvelle fois.

Mais qui êtes-vous exactement ? Je ne vous ai toujours pas demandé qui vous étiez !

Dame Zonno, comme je vous l’ai dit plus tôt, je travaille pour la candidate à la mairie, Vinara Mandarina. Mon rôle est de retrouver votre mari en menant une enquête extérieure à celle de la Marine. Je pense que votre mari a découvert peut-être quelque chose d’inhabituel. Dans quelles circonstances, je l’ignore… Peut-être dans le cadre de son travail. Cette découverte est liée à sa disparition, c’est la thèse que j’ai pour le moment. Je ne veux aucun mal à votre époux, madame, je vous l’assure. Collaborez avec moi et je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour retrouver votre mari et vous le ramener.

Mirale la considéra un léger instant avec soin et lui répondit.

Je veux bien vous faire confiance. Mais je ne sais rien qui pourrait vous servir. Je ne peux que maintenir mes déclarations, sa disparition n’a rien de normal. J’ai déjà tout raconté à la Marine.

Parlez-moi de votre mari, avait-il des ennemis, voir des jaloux ?

Non, pas du tout. Riocavi est au contraire respecté de tous ses collègues des vergers de la Belmer Corp. Il a monté les échelons un à un, sans jamais se créer d’ennuis avec qui que se soit.

Est-ce qu’il boit ?

Pas plus que de raison, un verre de vin au dîner, rien de plus.

Est-ce qu’il joue aux jeux d’argent ou s'adonne-t-il aux drogues ?

L’épouse Zonno secoua encore une fois de la tête dans la négation.

Non, aucun des vices que vous décrivez, et je peux vous rajouter qu’il n’a pas de maîtresse non plus. Croyez-moi, après plus de vingt ans de vie commune, je connais mon mari sur le bout des doigts. Jamais il n’a su me cacher quoi que ce soit.

Et sinon a-t-il une passion quelconque ?

Les vergers. Ils le fascinent. Même son temps libre, Riocavi le passe à parcourir ce qu’il appelle son royaume.

Avant sa disparition, votre mari était-il inquiet, peut-être même nerveux ?

Je n’ai rien remarqué de précis. Il travaillait plus tard que d’habitude, c’est tout. Si quelque chose l’avait titillé, je pense que je l’aurai su.

Madame, merci de m’avoir répondu, je pense qu’il est temps maintenant que je prenne congé.

La maîtresse de maison raccompagna Robina à la porte. Alors que la cuisinière allait sortir, dame Zonno se raccrocha à son bras.

Dites, vous ne m'avez pas menti, n'est-ce pas ? Vous allez vraiment faire quelque chose pour retrouver mon Riocavi ?

Je vous donne ma parole que je vais tout faire pour le retrouver. Dès que j’ai de nouveaux indices, je vous contacte.

Robina ne pouvait pas faire mieux. En plus de ce maigre soutien, elle avait laissé sur la table du salon la bourse de berries qu’elle avait récupérer avec la mort du Confédéré Wolfer Binaro.

Alors, tenez, prenez ce trousseau de clé. Riocavi avait gardé ce double. Ces clés vous permettront d’accéder à toutes les zones des vergers. Certaines serres ainsi que certaines portions qui sont fermées pour le grand public. Il suffit de regarder le numéro gravé sur une porte puis de trouver le passe correspondant. Vous pourrez en avoir l’utilité.

Robina empocha le cercle de clés qu’elle rangea à son poignet, faute de poches.

Merci, j’en ferai bon usage.


Je prierai pour vous… Et pour que vous retrouviez mon mari.

Elle rabattit la porte doucement.

Les vergers de la Belmer Corp, il va falloir que j’y fasse un tour pour interroger les collègues de Zonno. Il y a un rapport avec les vergers puisqu’il passait tout son temps là-bas. Pour le moment, autant aller au plus évident.

Robina marcha en silence jusqu’à s’installer sur la terrasse de l'auberge, dans laquelle elle dormait, pour prendre son repas. Il était déjà midi passé depuis un moment et son estomac commençait à crier famine.
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L’exploitation fruitière dirigée par la Belmer Corp était située juste à la sortie de la ville. On y accédait par la route, situé au sud-ouest de Cocoyashi. Robina s’y rendit d’un bon pas, après quelques précautions pour vérifier si elle n’était pas suivie par les Affiliés. Le sauf-conduit confié par Vinara se révéla efficace. La Sanderrienne fut admise de l’autre côté des hautes grilles qui protégeaient le périmètre, des visites étaient conduites par certains guides, mais c’était un autre secteur qui n’intéressait pas notre enquêtrice. On la conduisit jusqu’à un poste de garde où on la fit attendre.

Un roulement de chariots faisait des allers-retours entre le verger et les entrepôts, où était stocké les agrumes de l’entreprise. Des chariots, renforcés de fer, barrés de rambardes sur trois côtés, de bancs, de casiers et de solides chevaux permettant le déplacement de charges lourdes. Les chariots montaient et descendaient les pentes, se croisant à intervalles réguliers. La zone de transit était gardée par une dizaine de gardes mercenaires employés par la compagnie. Deux quais jouxtaient le hangar, un pour l’embarquement et un autre pour le déchargement.

Le responsable de la sécurité se présenta quelques secondes après l’arrivée de l’apprentie chasseuse de primes. Vigilant, il l’était sans conteste. Un solide homme au regard d’aigle, au poil gris, qui n’aurait pas fait tache en pleine bataille avec sa carrure de spadassin. Le sauf-conduit de la candidate à la mairie suffit néanmoins à s’assurer de sa collaboration. Il était au courant que le père de la demoiselle qui se présentait pour le poste à la mairie était native de l’île. Et que son père avait fait partie du staff de l’ancien maire, il y a de nombreuses années.

Après avoir minutieusement vérifié l’authenticité du document, le responsable, Kasra Zacfors, déclara d’emblée que la disparition de Riocavi Zonno était une sale affaire. Depuis l’ouverture des vergers, c’était bien le premier cas de ce genre. Il avait tout fait pour élucider le mystère, mais les recherches effectuées par ses services n’avaient rien donné. Il existait toutefois des centaines d’hectares de terrains et Zacfors déplorait de ne pas disposer d’un personnel suffisant pour en explorer la totalité.

Robina à ses côtés, le responsable de la sécurité entama la visite. Ils s’engouffrèrent sur la route avec de profonds sillons. Passé le haut de la colline, ils débouchèrent sur une grande clairière aménagée pour servir de point de rassemblement pour les travailleurs. De plus petits chariots attendant d’être utilisé, ranger près de l’écurie. Des tables, des bancs, ainsi que des baraquements qui servaient à ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux pour dormir.

Quatre routes partaient de la clairière. Kasra Zacfors mena Robina vers celui de gauche, qui menait directement au secteur ouest, la zone dont Zonno avait la responsabilité jusqu’à sa disparition. La Sanderrienne parcourut des routes, des clairières, des routes pavés ainsi que des vergers de différents agrumes. C’était le premier verger qu’elle visitait. Les routes étaient bien entretenues, nettoyées, suffisamment larges pour permettre la circulation à double sens des chariots nécessaires à l’acheminement des mandarines, ou bien des branches élaguées. Au cours de leur marche, Zacfors précisa que les vergers étaient découpés en quatre parties, nord, sud, est, ouest. Regroupant chacune pas moins d’une centaine de vergers, cinquante exploités et l’autre moitié du secteur était en jachère pour ne pas fatiguer les plantes.

Chaque agrume était cueilli à maturité. Les citrons, oranges ou autres fruits étaient ensuite convoyés dans un centre de traitement où ils étaient lavés, séparés par taille, et poids. Puis mis en caisse, ainsi que répertorier sur un registre de production. Les caisses finissaient dans la salle de dépôt, protégées par les mercenaires. Depuis leurs locations, il n’y avait plus aucun vol à déplorer, révélé Zacfors. Le chef de la sécurité ne la quittait pas des yeux, mais mena la coq où elle le voulait, sans rien tenter pour entraver son enquête, sans rien esquiver. Zacfors lui proposa même de voir le casier de Zonno, où il rangeait ses affaires. Mais comme il l’avait annoncé, Robina ne trouva rien d’intéressant. Les vêtements de travail du disparu ne contenaient rien de nature à l’éclairer sur son destin, aucun carnet secret ou dessin révélateur.

Au cours de sa visite, Robina croisa une bonne quantité d’arboriculteurs. Des hommes massifs, parfois barbus ou imberbes, la peau bronzée par la lumière du soleil. Elle n’apprit rien d’intéressant de ce côté-là non plus, hormis la confirmation que Riocavi Zonno aimait l’exploitation comme l’on chérit une femme. Il la couvait d’attention, la parcourait d’un bout à l’autre, en explorait les moindres recoins. Il vérifiait régulièrement son pouls, comme un médicastre le ferait d’une patiente révérée.

La cuisinière avait parlé au plus de gens possible, sans la moindre discrétion. Les mineurs allaient parler entre eux, diffuser la rumeur d’une enquête commanditée par l’aristocrate Mandarina pour lever le voile sur la disparition de Zonno. Tel était l’effet recherché. La Sanderrienne put d’ailleurs constater que les arboriculteurs étaient favorables à son investigation. Elle espérait que l’un d’entre eux vienne vers elle pour lui donner une information qui ferait bouger les choses.

Zonno était un homme jugé un peu illuminé, mais respecté pour son intégrité et sa rigueur professionnelle. Ceux qui travaillaient sous ses ordres le faisaient dans les meilleures conditions et bénéficiaient des meilleures primes.

Ce fait pourrait provoquer des jalousies dans le rang des équipes opposées, non ?

Le contremaître avec lequel elle s’entretenait, corpulent, roux et aussi hirsute qu’un ours, lui répondit que la chose serait étonnante. Les arboriculteurs étaient très soudés entre eux, ils s’entraidaient sans hésiter, car les conditions de travail étaient éprouvantes et les salaires faibles en rapport du nombre d’heures effectués. Pour faire vivre sa famille, un arboriculteur devait souvent faire sa part d’heures supplémentaires. En vérité, ceux qui gagnaient les meilleures primes n’hésitaient pas à partager avec les plus démunis. Non, le contremaître ne voyait vraiment pas lequel d’entre eux aurait pu vouloir du mal à Riocavi Zonno.

Une chose était curieuse tout de même, releva l’homme : que le remplaçant de Zonno soit Cofra Voldobar. Ce dernier n’avait aucune expérience dans les vergers, ce n’était qu’un bureaucrate mâtiné de politicien. Sous des dehors de rêveurs, Riocavi Zonno était un meneur d’hommes qui ne prenait jamais la vie de ses subordonnés à la légère. Voldobar n’avait aucune aptitude à diriger. Il ne songeait qu’aux quotas à respecter, sans se soucier de la fatigue accumulée par ceux qui travaillaient sous ses ordres. Les arboriculteurs priaient pour le retour de Zonno. Cofra Voldobar avait dû bénéficier d’un sacré piston pour se retrouver avec de telles responsabilités, selon le contremaître.

La visite s’acheva sur ce dernier échange. Après l’avoir reconduit au dock de chargement et de stockage, Zacfors souhaita bonne chance à la Sanderrienne pour son enquête. Aucune preuve pour renforcer ses soupçons, pourtant, elle était de plus en plus persuadée que la disparition de Zonno cachait quelque chose de précis. Qui n’avait rien à voir avec un accident et que ce quelque chose avait sans doute un rapport avec les vergers. Les collègues du disparu avaient aisément appuyé les dires de son épouse. Il ne buvait pas, ne se droguait pas, Zonno était heureux en mariage et sa seule passion était bien le monde des agrumes.

Elle songea ensuite aux propos du contremaître. Elle n’avait jamais vu Cofra Voldobar. Elle ne pouvait pas être d’accord avec l’opinion de l’employé de la Belmer Corp. Elle devait maintenant creuser cette piste qui méritait d’être suivie. Elle retourna à sa chambre, car la journée était déjà presque finie, elle prit son dîner avant de s’emmitoufler dans ses draps et de s’endormir comme une marmotte.
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La Sanderrienne fut réveillée au petit matin par la tenancière de l’établissement dans lequel elle logeait. Elle venait d’ouvrir les volets pour faire entrer la lumière dans la pièce tandis qu’elle garda les portes de la fenêtre ouvert en grand pour aérer la pièce. Elle se retourna vers la cuisinière qui ouvrait un œil tout en restant cacher sous sa couette pour ne pas avoir froid avec le vent extérieur empreint d’iode. La propriétaire se dirigea vers le seuil de la porte avant de s’arrêter près du lit.

Petite, je t’avais prévenu, ça fait une semaine, maintenant, tu pars sinon, c’est moi qui te fais sortir. Et tu vas pas apprécier. À moins que tu as de quoi payer une deuxième semaine de location ?

Robina n’avait plus un sou en poche, elle avait donné ses économies à la femme de Riocavi Zonno. Elle fit non de la tête en sortant celle-ci de sous les draps, comme une tortue. Elle n’avait qu’une seule envie, c’était d’assommer la femme en face d’elle pour l’avoir réveillé d’une telle façon. Mais elle était dans son tort et était partie pour endurer la scène suivante sans piper mot.

Alors, ton départ se fait dans une heure, je t’offre le petit-déjeuner de ce matin, mais pour le reste tu devras te débrouiller. Aller, sors de ce lit, t’as pas tout ton temps ! Et encore désolé que ça se passe comme ça, mais il faut me comprendre, j’ai une affaire à faire tourner et les squatteurs je les dégage très vite. Aller, maintenant fais tes bagages !

Elle sortit sur ces mots avant de claquer la porte de la chambre, qui avait encore la fenêtre grande ouverte cela dit en passant. Le claquement réveilla la dernière chose qui somnolait encore dans l’esprit de l’apprentie chasseuse de primes, l’ouïe. Elle avait entendu tout ce que l’imposante barmaid avait dit, mais les mots commençaient seulement à se faire un chemin dans son cerveau engourdi. Elle fit son paquetage avec toutes ses affaires de cuisine. Elle vérifia chaque endroit deux fois pour ne rien oublier. Fin prête, elle descendit les marches. Elle avala son petit-déjeuner en quatrième vitesse et s’en alla.

Encore désolé, petite, mais j'ai pas le choix si je veux faire tourner ma boutique. Si tu trouves de quoi payer, je serai heureuse de te revoir. Ça me change des marins qui font du bordel.

Elle n’avait pas pensé à garder un peu d’argent de la bourse de Binaro pour payer une nouvelle semaine dans sa chambre. Cependant le mal était déjà fait, elle ne pouvait pas revenir chez la petite dame pour lui demander de lui rendre une partie de ce qu’elle lui avait donné. Néanmoins, elle s’entendait bien selon elle avec la préposée à la mairie, peut-être pourrait-elle lui demander asile et dormir dans un lit chaud ce soir ? Mais elle mit cette idée de côté pour le moment, elle devait tout d’abord s’occuper de ce Cofra Voldobar.

Elle se fit donner la direction du siège de la Belmer Corp pour rencontrer l’homme dont elle avait entendu tant de mal, mais il ne pouvait pas être aussi horrible qu’on lui avait dépeint ? Un immense bâtiment en pierre, voulu imposant, l’édifice se trouvait sur tout un côté de la place des Orangers, en plein centre-ville. Fier de ses quatre étages, de son granit blanc et rugueux, le siège de la Belmer Corp était le second bâtiment phare de la ville après la Mairie.

La cuisinière passa les larges portes, grandes ouvertes, et gagna la réception, décorée de fresque vantant les mérites touristiques de la ville et ceux des produits de l’entreprise. Le bureau d’accueil était tenu par une jolie fille au nez retroussé, qui lui annonça que le remplaçant de Zonno, Cofra Voldobar, allait arriver d’ici peu si elle se donnait la peine d’attendre cinq à dix minutes. En effet, cela ne surprit pas notre Sanderrienne, il était à peine neuf heures, la réception était ouverte, mais tout le monde n’était pas encore arrivé.

Plusieurs minutes passèrent. Des dizaines d’employés avec leurs valises et leurs manteaux firent leur entrer dans le bâtiment pour se rendre à leurs bureaux. Ils ignorèrent toute la jeune femme assise dans un fauteuil en velours rouge. Alors que neuf heure quinze approchait, la coq n’y tint plus et se représenta dans la guichetière. Après de plates excuses pour l’avoir oublié et n’avoir pas prévenu Voldobar, elle donne des directives à Robina pour trouver ce qu’elle cherchait.

Elle arriva devant une porte sur laquelle était marquée « Bureau des Vergers- Maître du secteur ouest ». L’apprentie chasseuse de primes toqua à la porte, une voix revêche la pria d’entrer. L’individu avait une physionomie pincée. Un bureaucrate dans toute sa splendeur caricaturée. Les traits sans aucune forme de signes distinctifs, le front plat, les joues creuses et le regard dédaigneux. Le corps, bâti en forme de poire, enfilait un costume de velours vert. Un petit écriteau annonçait son nom sur le bureau dont il avait pris la direction, il y a peu de temps.

Bonjour, je viens vous voir messire Voldobar, la réceptionniste m’a indiqué…

Oui, vous êtes bien devant moi, vous avez trouvé. C’est à quel sujet ?

L’homme l’avait coupé avec dédain. Une pointe de sarcasme dans la voix. L’énervement monta un peu dans l’esprit de la cuisinière, mais elle allait devoir faire avec ce paramètre, fort désagréable. Elle décida de lui répondre à moitié.

Une affaire personnelle. Je viens vous voir pour parler de Messire Zonno.

Il est porté manquant. J’ai été nommé à sa place par mesure transitoire.

Vous savez ce qui a pu lui arriver ?

Non, je n’ai rien à vous dire.

Alors qu’il faisait encore frais à l’extérieur comme à l’intérieur de l’édifice, Cofra passa son doigt dans son col, comme s’il avait chaud. Cachait-il quelque chose à la demoiselle venant de Sanderr ? Elle ne voulait pas le rudoyer alors qu’il était innocent, mais elle voulait des réponses à ses questions, et elle ne partirait pas avant de les avoir. Alors qu’elle était dans ses pensées, le maître du secteur ouest, des vergers de la Belmer Corp, reprit.

Que voulez-vous ? Je vous ai dit tout ce que je savais.

Vous mentez. Je sais que vous cachez des choses sur la disparition de Zonno.

Je vous répète que je ne…

La Sanderrienne combla l’écart qui les séparait en quelques pas et se rapprocha.

Écoutez, vous me dites ce que vous savez sur Zonno et je vous laisse tranquille. Vous n’avez pas l’air du genre à résister à quelques baffes pour vous délier la langue.

La paume de la main gauche de Robina se leva haut dans les airs avant de plonger et de s’arrêter à quelques centimètres de la joue de Voldobar. Avec un mouvement de recul, il voulut échapper à la gifle qui n’arriva pas. Il buta néanmoins sur son bureau pendant sa retraite et se stoppa coincer par son bureau sur lequel il s’appuyait avec son bas-dos.

Je vais parler, mais s’il vous plaît ne me frappez pas. Pitié !

En réponse à sa supplique, la cuisinière fit deux pas en arrière et baissa sa main de levée. Elle invita alors, à continuer, l’individu en face d’elle.

Peu de temps avant sa disparition, Zonno est rentré d’une de ses nombreuses visites d’exploration. Il était soucieux. J’étais son adjoint et il m’a confié qu’il avait découvert quelque chose d’étrange dans les parcelles en jachères du secteur. Il a refusé de me dire quoi. Voilà tout ce que je sais !

Les yeux fuyants et la sueur perlant à grosses gouttes sur le visage de l’interlocuteur de l’interrogatrice lui indiquèrent qu’il semblait encore éviter le sujet principal. Il ne lui disait pas tout.

Vous ne me dites pas tout monsieur Voldobar. Vais-je devoir me montrer violente et vous mettre une baffe ?

Non ! Tout, mais pas le visage. Mon si beau visage…

Beau n’aurait pas été les termes qu’aurait utilisé Robina pour le décrire, mais soit. Si cela pouvait lui permettre de faire avancer son enquête, elle prenait.

À qui rendez-vous des comptes ?

Je ne peux rien dire de plus, si je parle, il va me faire tuer !

Et si tu ne parles pas, je vais devoir te faire parler, et ton joli visage sera travaillé comme du cuir à la fin de notre conversation. Alors parle si tu ne veux pas finir avec le visage rouge écrevisse !

Lee Agaa, c’est lui qui me paye ! Il m’a fait obtenir la succession de Zonno, en me payant pour soudoyer mes supérieurs.

Intéressant. Continue.

Lee Agaa me paie, pour que je lui rapporte ce que se passe en ville. Quand Zonno est venu me parler de sa découverte, j’ai dû l’en informer. C’est tout.

Et comment fais-tu pour le joindre ton chef ? Où je peux le trouver ?

Je ne sais pas. C’est un homme très méfiant, c’est très souvent lui qui me contacte. Si je dois le voir pour une urgence, je dois me trouver à mon bureau le soir à minuit pour qu’il me rencontre et ne pas se faire voir de la Marine. Je dois aussi laisser ma lumière allumée pour qu’il le sache.

Et où est Zonno ?

Je l’ignore, entre les mains de Lee Agaa, je pense. Je ne vois pas comment il aurait pu lui échapper.

Et qu’avait découvert Zonno dans les vergers ?

Je n’en ai aucune idée, non, c’est vrai ! Je vais vous montrer où c’était !

Voldobar alla jusqu’à une petite bibliothèque en bois sombre sur le côté gauche de la pièce. Il se mit à la fouiller, projetant des rouleaux à travers la pièce à force stress. Il tendit enfin la main pour prendre une carte de l’exploitation agricole qu’il déroula devant les yeux de Robina sur le bureau.

C’est ici, cette zone, là à l’ouest du secteur sept. Mais où exactement, je ne sais pas, il ne m’a pas dit grand-chose. Ça doit représenter une dizaine d’hectares dans un secteur où à part Zonno, personne n’a été fourrer son nez vu que là-bas, c’est en jachère.

Eh bien, merci mon cher monsieur. Qu’est ce que je vais faire de vous maintenant ?

J’ai coopéré, n’est-ce pas ? Vous pouvez me laisser tranquille maintenant, non ? Vous pouvez compter sur mon silence, je ne dirais absolument rien, ni à la Marine, ni à Lee Agaa. Je vous en conjure partez. Pitié !

Son regard se fit plein d’espoir pour ne pas se faire questionner plus longtemps par la femme en face de lui. Elle qui ne l’avait pourtant pas touché.

Bien, je vous laisse tranquille, mais quitter la ville et vite ! Sinon la Marine pourrait avoir vent de ce que vous avez fait à votre collègue.

Tout ce que vous voudrez, je rentre chez moi pour faire mes bagages et ne pas revenir.

La Sanderrienne hocha de la tête à l’attention de Cofra qui sortit à grande vitesse. Elle se retrouvait maintenant avec un point de rendez-vous avec l’homme qu’elle avait tant chercher. Lee Agaa.
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