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Montrer les dents (Partie I)

MONTRER LES DENTS (Partie 1)



I. C’est l’heure de la bagarre



             C’était une journée bien pluvieuse, pour une fois. Le navire sur lequel Farros était embarqué venait d’arriver à Logue Town. La ville, ayant longtemps été la capitale officieuse d’East Blue, était plutôt moderne. Le père du jeune homme lui avait raconté que c’était ici qu’avait autrefois été exécuté le légendaire Gold Roger, celui qui avait été le roi des pirates. Farros raffolait de ce genre d’histoires, même si celle-ci avait une fin plutôt morose.

Farros déambulait dans les rues pavées de la ville, trempé jusqu’aux reins. Le jeune homme s’était rendu sur l’île pour une raison simple : il avait besoin d’argent, et un lieu touristique comme celui-là regorgeait forcément de restaurants à la recherche de cuistots en herbe. La nuit allait tomber, il allait falloir trouver un endroit où dormir.

En s’enfonçant un peu plus entre les grands immeubles qui arboraient la ville, Farros parvint à trouver une auberge qui, bien qu’elle n’eût pas fière allure, devait faire l’affaire pour la nuit. Il entra, faisant grincer la porte d’entrée en bois. Il faisait très chaud, à l’intérieur : la chaleur humaine se combinait à celle d’un foyer en pierre devant lequel se trouvait une table de jeux de cartes. Le barman semblait avoir du mal à suivre la cadence. La clientèle correspondait à l’endroit : les ivrognes semblaient apprécier le lieu, où l’alcool et le lit n’étaient pas chers.

Farros s’approcha du barman, qui semblait aussi être le tenancier de l’auberge et l’interpella :

- Bonsoir ! Vous avez une chambre de libre ?

- Pour sûr, pour sûr. Z’avez de quoi payer ?

- Ouaif… En parlant de payer, vous cherchez pas à embaucher quelqu’un qui sache cuisiner par hasard ?

- Ah non, désolé ! On sert que d’la picole, par ici. Mais si vous cherchez à vous faire de l’argent… Vous pouvez toujours participer aux combats qui vont bientôt commencer. Seulement, faut être discret, voyez c’que j’veux dire…

- Oh… Ouaif… Allez, inscrivez-moi. J’ai besoin d’argent, ça vaut le coup d’essayer.

- Les règles sont simples : pas d’armes, le premier à mettre KO l’adversaire a gagné. Et on évite de faire des morts, si possible. Ça te va ? Lui demanda-t-il, cessant de le vouvoyer.

- Ça me va, fais-moi signe quand c’est à mon tour. Répondit Farros en le tutoyant, se calquant sur l’attitude du barman.

Le tenancier était un homme menu, chauve et arborant une moustache peu soignée. Farros déposa ce qui pouvait servir d’arme dans un casier prévu à cet effet, comme les règles le stipulaient. Le reste était autorisé. Il avait bien le profil du genre de type à organiser des combats illégaux. Farros patienta au bar en attendant que le spectacle commence en sirotant une bière. Il aurait bien pris un verre d’eau, mais ils avaient pas l’air de connaître, dans le coin.

Le tenancier:

Le premier combat commença. Deux hommes montèrent sur la scène improvisée qui avait été installée au milieu de la salle. Elle était formée d’un plancher en bois et de cordes rouges qui délimitaient le ring. Le tout était assez usé, mais semblait tenir en place. Les deux combattants qui allaient inaugurer les combats avaient un physique assez classique, ce n’était pas des montagnes de muscles. Ils semblaient avoir un petit coup dans le nez.

Les deux ivrognes se faisaient face, attendant le moment opportun pour frapper, déblatérant tout un flot d’insultes au passage. « Je parie sur celui-ci ! » criait-on çà et là. Les hommes enchaînaient des coups approximatifs qui arrivaient à destination une fois sur deux.

Le combat se finit lorsque l’un des deux amateurs de gnôle mit à terre l’autre par un coup de tête. Il leva les bras, triomphant. Il attrapa une bouteille pour se remettre sur pieds avant le prochain combat. Lorsqu’on demanda qui était volontaire pour se battre, Farros bondit sur la scène sans même attendre qu’on l’y invite. Le jeune homme aimait se battre, il voyait ces démonstrations de force comme un jeu, et il aimait jouer.

L’homme posa ses yeux opaques sur Farros. « Qu’est-ce qu’il veut, le gamin ? », lança-t-il en crachant par terre. « Moi j’parie sur Billy ! » pouvait-on entendre parmi la foule des spectateurs. L’homme à qui Farros faisait face portait des vêtements sales, le pantalon tenant grâce à une paire de bretelles en cuir. Sur sa tête se trouvait une casquette raccommodée par quelques bouts de tissus. Son visage quant à lui était buriné par l’alcool, et affublé d’une barbe mal rasée.

Le dénommé Billy:

Le tenancier annonça le nouveau combat lancé. Le dénommé Billy se lança immédiatement sur Farros, tentant un direct dans la face du jeune homme. Celui-ci esquiva le coup sans problème. Les mouvements de l’ivrogne étaient lents et confus mais imprévisibles. En plus de ça, il encaissait bien. Il parvint à assener un coup violent sur la figure du jeune homme. Farros essuya le sang qui lui coulait du nez par le revers de sa main.

Farros appliqua les enseignements qu’il avait reçu des chiens de Shell Town : montrer les dents, rester en mouvement et frapper fort. Il s’équipa alors de son plus beau sourire canin. Il n’avait pas l’habitude de se battre à mains nues, mais il s’y faisait sans trop de soucis. Il frappa son adversaire d’un coup puissant sur le haut du crâne, parvenant à l’étourdir. Il enchaîna par un coup de pied dans le ventre, coupant le souffle à Billy qui avait déjà du mal à se remettre du coup précédent. Celui-ci se tint aux cordes qui entouraient la scène pour éviter de tomber.

Après quelques secondes, il fonça sur Farros dans un hurlement de rage. Pivotant sur le côté, le jeune homme au nez fin se contenta de tendre la jambe, faisant un croche-patte au combattant titubant. Celui-ci s’étala sur le sol planché, face contre terre. Farros s’assit sur le dos de Billy, en tailleur, et s’adressa au tenancier : « Alors, j’ai gagné ? ».

« Alors ? Quelqu’un veut-il tenter sa chance contre le jeune homme ? Je vous rappelle qu’il faut gagner trois combats de suite pour gagner le pactole ! Allons, venez tenter votre chance ! Et n’oubliez pas de parier sur votre favori ! » lança le tenancier.

« Laissez-moi monter ! » dit un homme d’âge mur, essayant de se frayer un chemin vers la scène. Farros avait du mal à distinguer le visage de l’homme, mais celui-ci était sans aucun doute aussi imbibé que les autres. « Ah, très bien ! Un volontaire ! » cria le tenancier qui s’improvisait animateur. « Dépêche-toi, le vioc ! » hurla l’un des ivrognes.

Farros eut du mal à en croire ses yeux lorsqu’il leva le regard vers son prochain adversaire.

« C… Capitaine ? ».
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II. Des retrouvailles imprévues



                 « Eh ben ça alors ! Le Cabot ! Mais qu’est-ce que tu fais là moussaillon ? Et cette sale habitude de m’appeler capitaine, tu la lâcheras jamais ! » s’écria le vieil homme en prenant Farros dans ses bras. Farros était ravi de revoir ce visage familier :

- Doucement Campscotch ! Vous serrez un peu fort, herf herf ! Lui-dit Farros.

- Hop là pardon ! C’est que ça fait longtemps qu’on s’est pas vu tous les deux. Deux ans, c’est ça ? Il s’en est passé des choses depuis…

Outre la jambe de bois qu’il avait depuis sa rencontre avec un monstre marin, le capitaine avait pris un sacré coup de vieux pendant ces deux dernières années. Il avait pris du poids, surtout. Et il semblait avoir passé beaucoup de ses soirées dans des endroits comme celui-ci, comme en témoignaient ses joues rougies par l’ivresse. Son air joyeux ne l’avait pas quitté, cependant ses yeux humides reflétaient une certaine tristesse :

- J’suis désolé, p’tit gars, mais j’ai vraiment besoin de cet argent. Je vais essayer d’y aller doucement.

- Boarf, vous inquiétez pas capitaine… Je suis plus solide que vous semblez le penser…

- Fais attention, gamin. Tu recommences à m’appeler capitaine…

Le capitaine Campscotch:

Pendant les quelques secondes qui précédèrent le combat, Farros se remémora à quel point le capitaine avait été généreux avec lui en l’embarquant sur son navire de pêche qui quittait Shell Town. Qui sait, sans lui il ne serait peut-être jamais parti de son île natale ? Le jeune homme hésita même à perdre le combat volontairement pour lui laisser l’argent. Non, ç’aurait été lui manquer de respect. Il verrait bien une fois qu’il aurait la somme en poche ce qu’il allait en faire.

Le tenancier annonça le début du combat. Le vieux capitaine s’approcha de Farros, lui expliquant qu’il ne fallait pas se sentir mal de perdre face à quelqu’un d’aussi expérimenté que lui : « … Tu sais, tout est une question de… ». Il n’eut pas le temps de finir. Farros venait de lui flanquer une droite qu’il avait peut-être mal jaugée. Une dent s’envola loin de la bouche du bon vieux capitaine qui gisait à présent à terre. Farros se précipita auprès de son vieil ami :

- Arf… Campscotch ! Ça va ?

- T’en fais pas pour moi gamin… T’as un sacré direct pour un jeunot dans ton genre…

Le capitaine se remit malgré tout assez vite du coup porté par Farros et alla rejoindre le public. « T’as intérêt à gagner le prochain match, le Cabot ! Je te soutiens matelot ! » hurla-t-il depuis la foule. Des cris de protestation étaient jetés par les ivrognes qui avaient trouvé le combat trop court.

Farros eut à peine le temps de se remettre de ses émotions qu’un nouvel individu monta sur scène. Ce serait son ultime adversaire. S’il gagnait, il empocherait la récompense. Il s’agissait d’un homme très grand et large. Il était silencieux, et n’avait pas l’air saoul contrairement aux adversaires que Farros avait pu affronter jusque-là. Il ne dégageait aucune effluve d’alcool. Celui-ci avait l’air d’être clairement un niveau au-dessus. Le jeune homme eut un déclic quand il réalisa que le tenancier n’avait même pas eu à donner son aval pour que le colosse monte sur le ring. La raison était simple : c’était sa dernière chance de ne pas avoir à remettre la somme à celui qui gagnerait trois combats d’affilé.

Le colosse:

Le combat commença. Le colosse se badigeonna entièrement le corps d’un liquide avant d’en ranger la bouteille dans sa poche. « Sans doute pour se rafraîchir… » pensa le jeune homme.  Farros se demandait comment il pourrait mettre à terre une masse pareille. Il ne suffirait pas de lui foncer dessus et de lui cogner la tête cette fois. Il fît le tour de la scène, restant à une distance raisonnable de l’imposant personnage. Celui-ci n’avait toujours pas dit mot.

Il tenta de frapper dans les jambes de son adversaire pour lui faire perdre l’équilibre. Pas moyen. Il était bien trop lourd et résistant. Son adversaire avait forcément un point faible, il devait juste le trouver. En l’observant de plus près, le jeune homme pu constater que son corps entier était enduit d’huile. Et vu l’odeur, il ne s’agissait pas d’huile d’olive. Il est vrai que son coup avait eu tendance à glisser sur le corps de l’adversaire, amortissant sa puissance. « Original, comme technique. », pensa Farros. Une idée parcourut l’esprit de Farros : ça allait être compliqué, mais ça se tentait. « Arf… Faut d’abord que je m’assure d’une chose… » se dit Farros.

Le jeune homme fit mine de préparer un coup de poing, fonçant sur le colosse. L’adversaire se positionna bien sur ses appuis, écartant les jambes : il s’apprêtait à stopper le coup de Farros. Une fois à portée des énormes mains de son adversaire, Farros glissa entre les jambes de ce dernier. Il recommença la manœuvre plusieurs fois, ridiculisant le colosse. Il avait réussi à l’avoir de cette façon à quatre reprises.

Le colosse voyait rouge. Il en était maintenant certain : bien que très puissant, son adversaire était un benêt. Farros fît le tour de son adversaire, qui se mouvait décidément très lentement. Il attrapa le bas du chandail de celui-ci et, d’un bond, le passa sur sa tête. Pour une fois, il s’était inspiré des enfants qui l’embêtaient quand il était petit garçon plutôt que de ses amis canidés. Il devait faire vite, à présent. Il lâcha le vêtement, veillant à retomber sur ses pattes. Il tourna des talons et fît face au colosse qui essayait de se débarrasser de son masque de tissu, aveuglé.

Farros fouilla les poches de son adversaire et attrapa la bouteille d’huile qu’il avait utilisé au début du combat. Il en renversa le contenu devant les pieds de son adversaire. « Eh ben ? Tu veux plus te battre ? » le provoqua Farros. Dans un élan de rage, sans même prendre la peine d’ôter ce qui lui cachait le visage, le colosse fonça sur Farros, se guidant au son de sa voix.

Comme prévu, l’immense masse s’étala par terre de tout son poids, glissant sur la flaque huileuse. « Arf… Ça doit faire mal. » pensa Farros. Complètement sonné, le colosse ne parvint plus à se relever.

Farros sauta hors de la scène, sous les acclamations de Campscotch et des autres amateurs de gnôle. Il se dirigea vers le tenancier qui, grommelant, lui fila une enveloppe. Il compta rapidement son contenu : il devait y’en avoir pour au moins 50 000 Berrys. C’était une somme correcte. Pas incroyable, cela dit.

Après avoir récupéré ses affaires, il s’approcha du bon vieux Campscotch, lui balançant une bouteille de bière qu’il venait d’acheter. Les deux amis trinquèrent. Farros s’adressa au capitaine :

- Alors, Campscotch ? Pourquoi est-ce que t’avais besoin de ces Berrys ?

- Oh, j’ai pas envie de t’embêter avec cette histoire gamin…

- Arf, vas-y, j’te dis.

- Bah… C’est-à-dire que j’ai une sorte de… « dette » envers quelqu’un. Tu vois ?

- Va falloir être plus clair, capitaine.

- Une raclure du nom de Lokiri Gootey… Un pirate de la pire espèce… Il a pour habitude de voler les biens qui comptent aux yeux des gens pour leur échanger contre un service pécunier… Le salaud a pris mon bateau, nous foutant moi et mon équipage au chômage. Et le salaud réclame pas moins de 10 millions de Berrys.

- Arf ! 10 millions ! Faut en gagner des combats pour réunir cette somme !

- Je sais bien que c’est un cas désespéré… D’autant plus que je dépense toutes mes économies en picole… J’ai même pensé à vendre ma jambe en bois… Dit-il en sirotant sa bière.

Le pauvre personnage faisait peine à voir… Farros fît signe à Campscotch de s’arrêter. Il voyait que le tenancier s’adressait au colosse à qui Farros avait dû faire face. Le jeune homme se leva et s’approcha, se frayant un chemin dans la foule de fêtards. Il parvint à se rapprocher assez pour les entendre :

- Imbécile ! Comment tu as fait pour perdre contre un gamin ridicule ? Il doit pas faire un huitième de ton poids ! Lança le tenancier moustachu.

- Mais… Je… Essaya de se défendre le colosse d’une voix à la fois grave, triste et naïve.

- Y’a pas de mais ! Le patron va être furieux… Tu sais ce qu’il risque d’arriver à ta sœur si je lui apprends la nouvelle, hein Moglo ?

- Non ! Pas Mogla !!

- Tu vas avoir intérêt à te tenir à carreau et à gagner tous tes prochains combats si tu veux pas qu’il lui arrive quelque chose.

- Promis ! Lui répondit le dénommé Moglo, les larmes aux yeux.

- Bien. Allez, bouge avant que je te botte le cul.

Le petit moustachu abusait clairement de sa position de force sur le colosse. Pourtant, ce dernier aurait eu vite fait de se débarrasser de l’ingrat petit barman d’un claquement de doigt, selon Farros. Le jeune homme était troublé parce qu’il venait d’entendre. La sœur de ce « Moglo » serait prisonnière ? S’agissait-il d’une sorte d’esclave ? Farros n’eut pas le temps de se questionner plus longtemps sur le sujet. Il fût coupé par l’entrée fracassante de deux individus, de blanc et de bleu vêtus :

« Plus un geste monsieur ! Sur ordre de la marine, nous vous arrêtons pour organisation de combats illégaux ! » lança le premier.

« Un petit séjour en prison ne vous fera pas de mal ! Et bien sûr, nous veillerons à la fermeture de votre établissement ! » renchérit le second.

Le tenancier leva les bras, crachant par terre.
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III. Un ennemi commun



                  La totalité des ivrognes s’était arrêtée de boire, fixant les agents de la marine de leurs yeux jaunis par l’alcool. Farros profita de l’incrédulité générale pour faire signe au dénommé Moglo de s’approcher. Il s’exécuta, les yeux écarquillés :

- Je crois que tu devrais te faire discret, herf herf, dit le jeune homme.

- Pourquoi ? Demanda le colosse, ahuri.

- La marine, elle va certainement chercher à arrêter tous les complices du petit moustachu.

- Oh.

Farros l’incita à le suivre, se dirigeant vers le capitaine Campscotch. « Bon, va falloir qu’on se tire d’ici » fit-il aux deux bonshommes. Ça tombait bien : les deux soldats firent évacuer l’établissement, mettant l’intégralité des clients à la rue.

Les trois hommes aux silhouettes bien différentes marchèrent côte à côte dans les rues pavées de Logue Town, leurs ombres projetées sur les murs des hauts immeubles qui les entouraient par la lumière des lampadaires. Farros regarda en arrière : ils étaient assez éloignés des deux soldats. Il s’adressa à Moglo :

- Explique-nous, pourquoi est-ce que tu traînes avec des types comme ça ?

- Pourquoi tu demandes ? Demanda le colosse, suspicieux.

- J’ai entendu votre discussion, à tous les deux. Ta sœur, elle est prisonnière c’est ça ?

- Pourquoi tu demandes ? Répéta-t-il, fronçant les sourcils.

- Arf, j’ai envie de t’aider ! Ça a vraiment l’air d’être des sales types, ceux pour qui tu bosses.

- Mogla… Le capitaine la garde en prison… Il dit qu’il hésitera pas à la tuer si je suis pas sage.

- Le capitaine, hein ? C’est qui, ce type ?

- C’est Lokiri… C’est un pirate, il…

- Ce salopard de Gootey ! J’y crois pas ! Il fait vraiment chier le monde entier celui-là ! S’exclama Campscotch.

- C’est un copain à vous ?

- On peut dire ça, oui, ironisa Campscotch.

- Attends, attends ! Moglo, ce type-là, tu sais où il se cache ?

- Un petit îlot pas loin d’ici. On y est en même pas un jour en bateau. Je le sais parce que j’ai souvent fait le chemin, ça oui.

- Dis, Moglo… On a quelques comptes à régler avec ce type. Ça te dirait de nous filer un coup de main ? Plus on sera, mieux ce sera, surtout si on doit libérer ta sœur en plus du reste.

- Pour de vrai ?

- Ouaif, bien sûr ! Mais venez, on va pas rester dehors toute la nuit. On va trouver une autre auberge, puis on parlera de tout ça.

Les trois hommes marchèrent un moment alors qu’il recommençait à pleuvoir. Ils finirent par trouver une autre taverne, plus miteuse encore que la précédente, si c’était possible. Au moins, elle était moins bondée. Ils allaient pouvoir discuter discrètement.

Ils commandèrent des boissons pour la forme et s’installèrent dans un coin de la salle où personne ne les entendrait. Moglo s’installa péniblement dans un fauteuil deux fois trop petit pour lui. Farros entama la discussion :

- Alors tu sais comment t’y rendre ? Sur l’îlot où se cache Lokiri ?

- Oui, répondit le colosse. Un des hommes du capitaine Lokiri vient toujours chercher les sous qu’on reçoit grâce aux combats.

- Où a lieu la transaction ? C’est le tenancier qui s’y rendait personnellement ?

- Oui, il allait au port une fois par semaine. Il m’emmenait avec pour être sûr que je fasse pas de bêtises. On devait y aller demain à midi.

- C’est parfait, s’écria Campscotch. On va pouvoir casser la gueule à l’enflure qui viendra récupérer le pactole.

- Arf… Non, capitaine, réfléchissez… (décidemment, il avait du mal à le tutoyer). Si on arrive à le suivre discrètement sur le bateau, il nous mènera tout droit à leur repère. Le problème, c’est une fois dans leur base… J’ai bien peur qu’on soit pas assez de trois pour venir à bout de tout un équipage de pirates si on se fait repérer.

- S’il faut, je suis certain que mes hommes sont prêts à se battre pour récupérer notre navire. Ils sont dans le même pétrin que moi, après tout. Si t’avais vu leur visage quand on s’est séparés… On aura vite fait de les retrouver en faisant le tour des bistrots de Logue Town !

- Mmmhh… Pourquoi pas… Mais bon, c’est pas des pirates tes gars. Je sais pas s’ils tiendront longtemps face à des types sous les ordres d’un pirate cruel. Ils sont combien, à peu près, à rester au repère avec Lokiri ?

- Oh… vingt, trente ? Peut-être plus… Beaucoup de petits pas costauds mais aussi des dangereux, ça oui.

- Arf… Des dangereux ? Qui en particulier ?

- Bah, les plus méchants, c’est le capitaine Lokiri et son frère Hortis… Ils sont tout le temps ensemble. Lokiri est méchant, mais Hortis c’est une grosse brute. Il adore tuer. Il a même dit que si j’étais pas sage il tuerait Mogla, après l’avoir…

- Ne t’inquiète pas, Moglo. On va la sauver, ouaif ! T’es partant ?

- Oui ! Fît le gros benêt, essuyant les larmes qui commençaient à parcourir son visage.

- Bon. Je crois que j’ai une idée, dit Farros. On va combiner discrétion et attaque surprise. D’abord, on va se reposer un peu, histoire de reprendre des forces. Demain matin, aux premières lueurs du soleil, capitaine, vous irez chercher vos hommes. Et évitez de vous saouler, si possible. Moi, je suivrai Moglo jusqu’au port. Voilà le plan…


Dernière édition par Farros le Sam 30 Mar 2019 - 11:41, édité 1 fois
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IV. Un direct vers le repère des pirates



                  La nuit passa en un éclair. Même Farros, qui avait d’habitude le sommeil si lourd, était tout agité à l’idée de la journée qui les attendait. La lumière du soleil commençait à pointer le bout de son nez mais, bien sûr, il pleuvait toujours. Le capitaine Campscotch était déjà parti à la recherche de ses camarades, comme prévu.

Farros toqua à la porte de la chambre de Moglo. Le colosse ouvrit la porte, se frottant les yeux. Avant de sortir de l’immeuble, le jeune homme l’interrogea :

- Tu penses que le petit moustachu t’a balancé à la marine ?

- Oh ça non ! Il a trop peur de se faire couper la tête par le capitaine Lokiri !

Tant mieux, ça allait leur éviter la lourde tâche d’essayer de faire passer inaperçu une montagne de plus de deux mètres. Farros lui expliqua le plan une dernière fois afin de s’assurer que tout irait comme sur des roulettes. Après avoir insisté sur quelques détails, ils prirent la direction du port. Le jeune homme suivait le colosse avec quelques mètres de distance afin de rester plus ou moins discret.

Après une vingtaine de minutes de marche, ils arrivèrent au port. La marine était plus que présente à Logue Town. C’était à se demander comment le tenancier ne s’était encore jamais fait attraper jusque-là. Le monde affluait moins que d’habitude à cause du temps, mais les navires marchands étaient malgré tout nombreux.

Sur le chemin, Farros se rendit compte de l’aura dont transpirait cet endroit. Il s’agissait ni plus ni moins de l’île qui avait vu mourir le légendaire Gold Roger, le roi des pirates. Son père lui avait raconté tant d’histoires à son propos. Et dire qu’aujourd’hui, il allait s’attaquer à un repère de pirates. Il s’interrogea alors. Roger avait-il été un homme bon, ou simplement une crapule de la pire espèce comme le capitaine Lokiri ? Le jeune homme fût coupé dans ses pensées lorsqu’il vit Moglo s’arrêter auprès d’un homme.

L’homme était un rouquin au teint pâle, assez petit et bien en chair, le nez rougi par le froid. Il arborait un haut chapeau noir dont la partie supérieure était entourée d’une espèce de drap blanc.

L'envoyé de Lokiri:

Le pauvre Moglo avait l’air angoissé, mais le rouquin ne semblait pas suspicieux. Vu la situation, on pouvait comprendre l’angoisse du colosse. Farros devina que le grand benêt était en train de lui expliquer que le tenancier s’était fait prendre par la marine. Le contact, dans un mouvement de rage, se fît mal au pied en donnant un coup dans un tonneau.

Farros observa le bateau à côté duquel était posté l’individu. C’était sûrement sur celui-là qu’il était arrivé et qu’il allait repartir. Un détail l’intéressait particulièrement : y’avait-il quelqu’un d’autre sur le navire ?

Comme prévu, Moglo mit un maximum de temps à résumer la situation au pirate. Cela devait laisser à Farros l’occasion de monter à bord du bateau incognito en reconnaissance. Il attrapa l’échelle en corde qui flanquait le bâtiment.

Prenant garde à faire le moins de bruit possible, Farros s’infiltra, faisant le tour de l’embarcation. Il jeta un bref coup d’œil dans les cales : rien à signaler. Il en alla de même pour le reste du navire. Farros allait entrer dans la cabine du capitaine lorsqu’il entendit une voix. Il se planqua contre le mur, tendant l’oreille :

- Raaahh, qu’est-ce que j’donnerais pas pour une bonne bouteille de rhum. Mais l’autre bouffon de Saarlo refuse qu’on quitte le navire. « On a pas le temps ! » qu’il m’a dit. Pourtant ça va encore lui prendre des heures de compter tous les billets.

- Me parle pas de boire, faut que j’aille aux chiottes ! Lui répondit une autre voix.

- Eh bah pourquoi t’y vas pas, trouduc ?

- T’es marrant toi ! Ça pue la mort là-dedans. Sérieux, on pouvait pas venir sur le navire du capitaine Lokiri, plutôt que sur ce rafiot poisseux ?

Sur ce point, Farros devait bien donner raison au pirate. Une effluve pestilentielle de poisson pourri semblait ne jamais quitter l’endroit. Le jeune homme bloqua soudainement sa respiration lorsqu’il sentit une odeur de transpiration s’approcher.

- Et puis merde, j’y vais quand même !

- C’est ça, va chier un coup ! Moi j’vais faire une sieste dans le lit de Saarlo. Pas un mot hein !

L’homme passa à côté de Farros, sans remarquer sa présence. Le jeune homme attendit un moment que celui-ci s’éloigne avant de se faufiler dans la cabine. Il s’approcha de celui qui dormait à présent comme une souche. Il se positionna près de lui et, d’un coup sec, lui asséna sa poêle sur le crâne. « Ouch. » pensa Farros. Il allait mettre un moment à se réveiller après un coup pareil.

Il le bâillonna en vitesse, lui attachant les jambes et les bras. Ca ne manquait pas de cordes, sur un bateau pirate. Il jeta un œil par la fenêtre, constatant que Moglo et le sous-fifre de Lokiri étaient toujours en train de parler sur le port. Il se hâta de se diriger vers les toilettes, qu’il avait aperçu plus tôt en faisant le tour du rafiot.

En s’approchant de la porte, il constata, vu le bruit et l’odeur, que le pirate n’avait pas fini son affaire. « Arf… Ce s’rait cocasse que la mission foire à cause d’un type qui veut pas sortir des toilettes... » pensa Farros. Le jeune homme entendit le rustre tirer la chasse. Il se prépara, faisant face à la porte. Il attendit un peu que celui-ci ouvre la porte et, d’un puissant coup de pied, fit aussitôt revenir la porte dans la face du pirate, le mettant KO. Il lui réserva le même sort qu’à son camarade, l’enroulant dans la corde.

Il jeta à nouveau un œil à Moglo et son supérieur. Malheur ! Ce dernier semblait faire signe au colosse de se diriger vers le bateau ! Farros croisa le regard de Moglo, emprunt de peur. Il lui fit signe que le moment n’était pas encore venu. Dans un moment de panique, le colosse se jeta par terre, mimant de tomber maladroitement. « Pas mal. » se dit Farros.

Le jeune homme aurait le temps de planquer les deux pirates assommés d’ici à ce que le type réussisse à faire se lever le mastodonte. Il traîna leurs corps tant bien que mal dans la cale du navire, veillant à ce que ceux-ci ne reprennent pas conscience. A priori, leur sieste devrait durer un moment.

Il les glissa difficilement dans une grosse caisse en bois dans la cale, qu’il referma après leur avoir bien resserré les liens. La boîte contenait au plus quelques sacs de farine, rien que l’homme aux cheveux roux risque de venir chercher pendant le trajet.
Tout à coup, Farros entendit des pas lourds au-dessus de lui. Ce devait être Moglo et l’inconnu. Il sortit discrètement de la cale, jetant un œil à ce qui l’entourait. Les deux hommes étaient dans la cabine. En prenant en compte l’angle de vue, le jeune homme ne devrait pas se faire repérer en sortant.

Il regarda rapidement par-dessus bord. Il espérait que Campscotch et ses gars arriveraient à temps. Il avait un peu peur que ceux-ci ne sachent pas se faire discrets. « Allez, Moglo ! Tiens bon… Plus que quelques minutes à le distraire ! » s’inquiéta Farros. Il s’approcha de la cabine et entendit une bribe de la conversation qui avait lieu à l’intérieur :

« J’y crois po ! S’énervait le rouquin en roulant les R. Ces deux imbéciles ont quand même désobéi ! Ils sont de nouveau allés se saouler dans la taverne du coin ! Cette fois c’est trop, on a po le temps de les attendre. On va partir sans eux ! Ils auront qu’à s’expliquer avec Lokiri ces crétins ! ».

Une petite voix l’interpella : « Psst, moussaillon ! On peut embarquer ? ». Farros guida tout l’équipage de pêcheurs à l’intérieur de la cale. C’était vraisemblablement l’endroit où ils avaient le moins de chance de se faire prendre. Le groupe était composé d’un peu plus de trente personnes d’âge plutôt mûr ainsi que d’une poignée de jeunes. Farros leur fît signe de bien rester silencieux.

Il sentit un tremblement. Le bateau quittait le port. C’est pendant les prochaines heures que tout allait se jouer. S’ils se faisaient chopper, le plan de Farros risquait de tomber à l’eau et ils risquaient de devoir foncer dans le tas une fois au repère des pirates. Et ça, c’était loin d’être gagné d’avance.
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