Deux navires perçaient la brume qui couvrait les flots calmes de West Blue. Les deux bâtiments évoluaient entre écueils et récifs, habilement guidés par le navigateur des Poudres Rouges. Dante orientait la barre du Vestan d'une main de maître. Il avait parcouru les courants marins de cette région des années durant. William se tenait en retrait, adossé au bastingage. L'équipage de nuit n'était qu'à quelques minutes de passer le flambeau à leurs camarades. Les bras croisés, fixant les embruns qui masquaient toute chose au delà d'une cinquantaine de mètres, le jeune artilleur remuait les derniers événements dans son esprit. Il s'était improvisé capitaine d'un équipage pirate en mal de meneur. Il avait mené bataille avec eux et avait encore risqué sa vie. A cette pensée, une douleur vint le lancer dans les côtes. Il avait commencé à cicatriser mais la coupure n'était pas totalement refermée. Il ne grimaça pas, serrant les dents. Il avait apprit de celui qui manœuvrait leur embarcation qu'ils avaient débouchés tout droit sur les mers de l'ouest. Le jeune homme n'avait jamais navigué sur ces mers et n'avait aucune envie de fouler les terres qu'elles pouvaient receler. Il avait des objectifs précis en tête : remettre le Vestan en état avec l'argent qu'il avait volé dans la Flaque ; compléter les effectifs de son équipage ; mettre la main sur une carte de Grand Line.
"Dans tes pensées, Ferraille ?"
Le vieil homme n'avait pas détourné son regard de la route qu'il suivait. Il sentait simplement l'atmosphère qui régnait sur le château comme sur le pont. William se détacha du bastingage et s'approcha de son allié. Il n'osait pas encore considérer qui que ce soit comme un camarade dans l'équipage. C'était le moyen le plus sûr de terminer avec un coutelas entre les omoplates.
"Je réfléchis simplement à la suite. On sera bientôt arrivé, Dante?"
La question sonnait à moitié comme une affirmation. Le jeune homme pressentait que le moment s'approchait en jugeant de la posture du flibustier. Il avait relâché l'emprise ferme de ses mains pour se montrer plus coulant sur la barre. Les récifs s'écartaient d'ailleurs et le fond de l'océan semblait plus proche de la surface.
"Ça ne va pas tarder, non."
"Il me faudra une barque quand nous arriverons. Et une carte des environs."
Un hochement de tête contenta le jeune homme. Il commença alors à descende les escaliers qui le séparaient du pont, où les marins manœuvraient tranquillement. Ils le saluèrent alors qu'il passait au milieu d'eux et il leur rendit les politesses. Il tenait à s'en faire des alliés, mais il restait réservé. Il ne voulait pas exposer de faiblesses à des hommes qu'il aspirait à diriger sur les mers. Il entra dans sa cabine et s'approcha du lit où dormait sa compagne. Sariah entrouvrit les yeux en entendant la porte qui se refermait derrière le jeune artilleur. William put apercevoir, avec la lumière qui se diffusait lentement dans la cabine, de légère larmes dans les yeux de la jeune femme. Il se rapprocha doucement et s'assit à côté d'elle. Le silence régna pendant quelques minutes avant que la flibustière ne le brise.
"J'ai rêvé d'elle..."
Il lui caressa légèrement les cheveux mais garda le silence. Il se sentait toujours aussi coupable de la mort de l'enfant de sa partenaire. Mais il gardait ses lamentations pour lui, ne voulant pas accabler la jeune femme dans son malheur. Elle se frotta les yeux et se redressa en l'embrassant sur la joue. Dehors, les matelots de jour s'activaient alors qu'ils reprenaient leurs postes.
"On va bientôt arriver?"
"Ça ne devrait pas tarder. Dès qu'on sera là-bas, on aura le temps de se poser et réfléchir à la suite."
Elle souleva le haut du jeune homme pour inspecter ses blessures. Le médecin de bord avait fait de son mieux pour rafistoler les coupures, hématomes et contusions qui couvraient le corps du jeune artilleur. Mais Sariah ne pouvait s'empêcher de contrôler leur guérison.
"Comment tu te sens, aujourd'hui?"
"Honnêtement? Comme un bout de ferraille."
Ils sourirent d'un même élan. La jeune femme, comme saisie d'une énergie nouvelle, l'embrassa et sauta hors de son lit, enfilant ses vêtements aussi vite qu'il était possible de le faire. Elle lança un sourire vers le jeune homme et sortit de la cabine sans piper mot. William put l'entendre donner quelques ordres de l'autre côté de la mince porte de bois.
"Tubbs, monte dans le voilage et rafistole-moi ce que tu peux avant qu'on arrive!"
Durant les quelques jours qui avaient passé depuis la bataille contre la Marine, elle s'était rapidement intégrée et avait su prendre place parmi les officiers de bord. Si certains émettaient encore des réserves quand au jeune homme, elle semblait déjà faire l'unanimité. William ne put s'empêcher de ricaner et s'approcha des placards qui encadraient la cuisine sommaire de sa loge. Il en tira une bouteille de rhum et s'envoya une bonne lampée pour atténuer la douleur qui lui enserrait les côtes. Grimaçant un peu, il s'aventura à son tour sur le pont. Le soleil avait commencé à dégager les volutes qui cachaient la vue jusque là. Il s'aventura sur le pont, observant les hommes qui s'attelaient à leur tâches respectives. Ils l'accueillirent avec respect mais n'osaient pas plaisanter avec leur "capitaine" comme ils le faisaient entre eux. Peut être ce temps viendrait-il? Le jeune homme ne s'en préoccupait pas. Une voix familière l'interpella depuis le pont du navire volé à la Marine.
"Capitaine?"
Higgins se tenait contre le bastingage de l'autre navire. William s'approcha sans tarder. Cet homme était le second tout désigné pour succéder à leur ancien capitaine. Mais les circonstances en avaient voulu autrement et il avait préféré céder sa place au jeune homme. Il arborait un air qui jonglait entre l'anxiété et l'agacement.
"Qu'est-ce qu'il se passe Higgins?"
Le forban baissa le ton de sa voix pour éviter d'être entendu par des oreilles indiscrètes. Mais il garda un ton assez élevé pour traverser l'espace qui séparait les deux navires.
"Il faudra que je vous parle de nos nouvelles recrues quand on aura posé le pied à terre."
William acquiesça et les deux hommes se tournèrent vers l'île qui apparaissait déjà devant les deux bâtiments. Le jeune artilleur esquissa un sourire satisfait en direction de Dante. Ce dernier restait concentré sur son travail, guidant paisiblement le Vestan vers sa destination.
"Dans tes pensées, Ferraille ?"
Le vieil homme n'avait pas détourné son regard de la route qu'il suivait. Il sentait simplement l'atmosphère qui régnait sur le château comme sur le pont. William se détacha du bastingage et s'approcha de son allié. Il n'osait pas encore considérer qui que ce soit comme un camarade dans l'équipage. C'était le moyen le plus sûr de terminer avec un coutelas entre les omoplates.
"Je réfléchis simplement à la suite. On sera bientôt arrivé, Dante?"
La question sonnait à moitié comme une affirmation. Le jeune homme pressentait que le moment s'approchait en jugeant de la posture du flibustier. Il avait relâché l'emprise ferme de ses mains pour se montrer plus coulant sur la barre. Les récifs s'écartaient d'ailleurs et le fond de l'océan semblait plus proche de la surface.
"Ça ne va pas tarder, non."
"Il me faudra une barque quand nous arriverons. Et une carte des environs."
Un hochement de tête contenta le jeune homme. Il commença alors à descende les escaliers qui le séparaient du pont, où les marins manœuvraient tranquillement. Ils le saluèrent alors qu'il passait au milieu d'eux et il leur rendit les politesses. Il tenait à s'en faire des alliés, mais il restait réservé. Il ne voulait pas exposer de faiblesses à des hommes qu'il aspirait à diriger sur les mers. Il entra dans sa cabine et s'approcha du lit où dormait sa compagne. Sariah entrouvrit les yeux en entendant la porte qui se refermait derrière le jeune artilleur. William put apercevoir, avec la lumière qui se diffusait lentement dans la cabine, de légère larmes dans les yeux de la jeune femme. Il se rapprocha doucement et s'assit à côté d'elle. Le silence régna pendant quelques minutes avant que la flibustière ne le brise.
"J'ai rêvé d'elle..."
Il lui caressa légèrement les cheveux mais garda le silence. Il se sentait toujours aussi coupable de la mort de l'enfant de sa partenaire. Mais il gardait ses lamentations pour lui, ne voulant pas accabler la jeune femme dans son malheur. Elle se frotta les yeux et se redressa en l'embrassant sur la joue. Dehors, les matelots de jour s'activaient alors qu'ils reprenaient leurs postes.
"On va bientôt arriver?"
"Ça ne devrait pas tarder. Dès qu'on sera là-bas, on aura le temps de se poser et réfléchir à la suite."
Elle souleva le haut du jeune homme pour inspecter ses blessures. Le médecin de bord avait fait de son mieux pour rafistoler les coupures, hématomes et contusions qui couvraient le corps du jeune artilleur. Mais Sariah ne pouvait s'empêcher de contrôler leur guérison.
"Comment tu te sens, aujourd'hui?"
"Honnêtement? Comme un bout de ferraille."
Ils sourirent d'un même élan. La jeune femme, comme saisie d'une énergie nouvelle, l'embrassa et sauta hors de son lit, enfilant ses vêtements aussi vite qu'il était possible de le faire. Elle lança un sourire vers le jeune homme et sortit de la cabine sans piper mot. William put l'entendre donner quelques ordres de l'autre côté de la mince porte de bois.
"Tubbs, monte dans le voilage et rafistole-moi ce que tu peux avant qu'on arrive!"
Durant les quelques jours qui avaient passé depuis la bataille contre la Marine, elle s'était rapidement intégrée et avait su prendre place parmi les officiers de bord. Si certains émettaient encore des réserves quand au jeune homme, elle semblait déjà faire l'unanimité. William ne put s'empêcher de ricaner et s'approcha des placards qui encadraient la cuisine sommaire de sa loge. Il en tira une bouteille de rhum et s'envoya une bonne lampée pour atténuer la douleur qui lui enserrait les côtes. Grimaçant un peu, il s'aventura à son tour sur le pont. Le soleil avait commencé à dégager les volutes qui cachaient la vue jusque là. Il s'aventura sur le pont, observant les hommes qui s'attelaient à leur tâches respectives. Ils l'accueillirent avec respect mais n'osaient pas plaisanter avec leur "capitaine" comme ils le faisaient entre eux. Peut être ce temps viendrait-il? Le jeune homme ne s'en préoccupait pas. Une voix familière l'interpella depuis le pont du navire volé à la Marine.
"Capitaine?"
Higgins se tenait contre le bastingage de l'autre navire. William s'approcha sans tarder. Cet homme était le second tout désigné pour succéder à leur ancien capitaine. Mais les circonstances en avaient voulu autrement et il avait préféré céder sa place au jeune homme. Il arborait un air qui jonglait entre l'anxiété et l'agacement.
"Qu'est-ce qu'il se passe Higgins?"
Le forban baissa le ton de sa voix pour éviter d'être entendu par des oreilles indiscrètes. Mais il garda un ton assez élevé pour traverser l'espace qui séparait les deux navires.
"Il faudra que je vous parle de nos nouvelles recrues quand on aura posé le pied à terre."
William acquiesça et les deux hommes se tournèrent vers l'île qui apparaissait déjà devant les deux bâtiments. Le jeune artilleur esquissa un sourire satisfait en direction de Dante. Ce dernier restait concentré sur son travail, guidant paisiblement le Vestan vers sa destination.
Dernière édition par William Burgh le Lun 1 Avr 2019 - 1:00, édité 2 fois