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Paisible orage

Chapitre 0. Le style des blues.
Episode x. Paisible orage.

☽.ϟ.☾

Je voyage pas souvent, mais quand je le fais, c'est pour découvrir de grands endroits. Vous savez, genre, les places qui ont marqué l'histoire de notre monde et tout.

C'est faux.

Après avoir eu les visites de toutes les entreprises : peintre, plaquiste, maçon, couvreur, j'ai enfin pu passer ma boutique du « close» à « open» et j'en étais pas peu fière. Des babioles en tout genre, des petits objets souvenirs de Manshon et des cartes au trésor enfantine. J'avais quelques acheteurs mais c'était franchement pas folichon. Si je puis me permettre une telle expression pour qualifier ce désastre économique.

Alors quand j'ai fais mes comptes, j'ai vu qui'il me restait assez d'argent pour me payer un voyage sur l'une des quatre blue et je vous le donne en mille, la moins dangereuse et la plus gnangnan : East Blue. Mais j'ai pas voulu juger parce je sais que chaque blue à ses îles et ses particularités, et j'avais repéré qu'à l'est, il y avait la fameuse capitale : Logue Town.

Je vais pas vous mentir, j'en avais déjà entendu parler, mais très rapidement. La seule chose dont j'étais vraiment certaine, c'est qu'il y avait pas mal de pirate là-bas, prêts à embarquer sur Grand Line. Et je me suis toujours dis que ceux qui avaient l'audace de naviguer dans ces eaux devaient avoir pas mal d'objets à négocier au fond de leur cale. J'excluais toute possibilité de fous en quête du pouvoir pour ne pas me démoraliser. Ben ouais, j'étais plutôt intéressée par les personnes sensées.

ϟ.ϟ.ϟ

Logue Town. Neuf heures du matin déjà et mon pas est lourd. Il fait gris et vu les nuages qui se pointent à l'horizon... va pas tarder à pleuvoir. Léger coup de vent, petit frisson. Merde, me faut vite un truc chaud.

« Un café mocha. S'il vous plait. »

L'établissement est mignon. Des murs rose pale et jaune moutarde, beaucoup de plantes vertes et quelques vielles photos encadrées. Du bois clair, partout, pour le comptoir, les tables, les planches accrochées au mur sur lesquelles reposent bougies et autres fantaisies décoratives. Il y a même des poufs assez... cozy.

L'endroit me fait du charme, mais pas de doute pour moi, ce sera à emporter. Bye à la jolie rousse du bar.

La boisson est toute chaude quand je sors de la boutique. Et j'avance dans les petites ruelles authentiques de la capitale, souffle sur le café, lève les yeux pour observer l'architecture, baisse la tête pour scruter du coin de l’œil tous les passants. Autre pays, autre culture, mais ici tout semble cosmopolite. J'aime.

Je prends ma première gorgée en suivant les panneaux métalliques qui indiquent la direction du port. Le liquide brûle mes lèvres, mais c'est délicatement qu'il mène son bout de chemin. Je sens un spams. Que ça fait du bien de boire chaud.

Et toujours ces mêmes nuages qui me gâchent la journée. Mais quand je vois les bons côtés, je me dis que pour cette raison tous les bateaux seront amarrés. Et je jetterai bien un coup d’œil pour m'inspirer de leurs modèles. Vous savez j'ai de grand projet. Mais faudrait bien commencer par acheter un bateau.


Dernière édition par Mary Grace le Dim 5 Mai 2019 - 12:08, édité 1 fois
    "Pourquoi qu’elle fait le guet la ribaude ? Hmmmmmh" 

    "M’est d’avis qu’elle est de mèche avec eux lieutenant. Foi de Vester. Elle est pas du coin, suffit de voir ses frusques, elle a la gueule typique de l’étrangère puis elle a l'oeil qui traîne... regardez-voir lieutenant"

    Longue vue, j’ajuste la lorgnette et la mise au point sur le brin de jeune demoiselle qui zieute avec insistance les navires qui mouillent dans la rade. Teint hâlée, quelques schtars sur le visage, pas une première pêche mais un beau flanc de minette tout de même, le genre beauté sauvage qui crache et qui lève le coude comme un homme dans ce monde de brutasses.  

    "Elle est pas nette je vous le dis. C’est pt’et une rabatteuse pour les pontes ? Ou est-ce qu’elle vient chercher la marchandise ?" 

    " Elle cherche peut être qu’un navire pour mettre les voiles et repartir dans sa contrée ?"

    "Ou pt’et bien qu’elle fait des signaux."

    "HMMMMMH "

    Je rumine à voix haute pour me donner une contenance et l'injonction suffit à ce qu'ils ferment tous leur claque-merde pour que je cogite en paix.

    La jeunette est un clou dans la botte dont on se serait bien passer. Trois mois qu'on a mis sur écoute Hong Kong Suki, trois mois que l’on dresse les allées et venues de ces hommes, trois mois qu’on planche sur toutes les parties prenantes de toute cette contrebande d’opium joliment ficelé, trois mois qu’on réunit des preuves pour tous les faire tomber dans le coup de filet général qu’on s’apprête à donner sous une quinzaine, trois mois qu’on retrace tous les liens unissant donneurs d’ordres à responsabilités et les petites mains qui charbonnent, qu’on affine nos présomptions et que le tableau d’ensemble commence à s’éclaircir.

    Trois mois peut-être réduits à néant.

    "Je vais aller prendre la température. Continuez à suivre tout de très près si il y a une couille dans le pâté, vous rappliquez fissa, discrètement et on avise." 

    Dix minutes plus tard, je débarque avec la botte qui claque sur le parvis du port, main en visière sur le front pour repérer la jolie proie. Je plisse les yeux vers le lointain et finit par la reconnaître, toujours à battre le pavé près de la jetée et reluquer les bricks amarrés aux bittes du ponton de pierre. Mieux vaudrait que ce soit qu’un incident de parcours et qu’elle cherche véritablement à mettre les voiles. A moins qu’elle ne fasse office de mule pour le compte de Hong Kong Suki. L’homme est très astucieux et a suffisamment de cartes en main pour détourner les soupçons qui pèsent sur ce petit trafic réalisé en sous-main, quitte à devoir sacrifier un pion pour en sauver un autre.  Est-ce que cette femme sait seulement dans quoi elle s’engage ? Je m’en vais la cueillir pour lui donner en donner un avant goût…

    SSSSCHBAM

    Un éclair fissure le ciel plombé et vient s’écraser dans la lande à quelques kilomètres de là, déchaînant des pluies diluviennes qui s’abattent avec fracas sur toute la capitale. Les marchands s’affairent à protéger leurs étales, les badauds gagnent le premier porche venu lorsque d’autres prennent la poudre d’escampette et regagnent la ville.  Dans le chaos, des courses effrénés qui s’engagent pêle-mêle , je suis de l'oeil la petiote qui se carapate presto vers les auvents des entrepôts avant qu'une meute de braillards, de geignards aient l’idée saugrenue de venir se ficher pile sous l’imposte de la capitainerie dont je sors et de me barrer le passage.

    "Bougre de dieu, VOUS ALLEZ VOUS BARRER OUI ?! OFFICIER DE MARINE J’AI DIT !" que j’éructe à péter les tympans de ces gougnafiers.

    Et la gonzesse,elle, je l’ai plus sur le radar.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t21618-le-service-actif-de-carte
    • https://www.onepiece-requiem.net/t21596-carter-casse-la-baraque#232571
    ☽.ϟ.☾


    Ce genre de blague. Trempée de la tête au pied j'ai cavalé jusqu'à l'abris le plus proche. Le porche d'une maison bien bâtie. Rapidement, un spasme et le froid qui m'envahit. Et je me suis sentie toute faible, prête à me dire que j'allais sûrement tomber malade. Et alors que quelques gouttes s'échappaient du plafond sous lequel je squattais, l'apocalypse se déversait sur les ruelles maintenant vide de la capitale. Accroupis à reprendre mon souffle, j'en ai profité pour m'attacher les cheveux en attendant que ça se calme.

    « Putain quel temps de merde. »

    Même pas dix minutes et j'avais besoin d'une autre boisson chaude.

    Quand le soleil a pointé le bout de son nez deux minutes plus tard, j'ai détalé comme un lapin pour trouver un truc à me mettre sous la dent et quelques fringues de rechange. Tout se collait à ma peau et je détestais cette sensation, insupportable.

    J'ai pas cherché à comprendre quand j'ai aperçu une petite robe dessinée sur un panneau en bois, remuant de droite à gauche au gré du vent. La cloche a quelque peu réveillé la vendeuse quand je suis entrée, assoupie près de la caisse en beau milieu de mâtiné. J'ai zoné entre les rayons, mais y'avait pas vraiment de choix, faut dire que j'étais tombée dans une boutique de vieux. J'ai soupiré en retournant quelques articles, déplaçant quelques cintres, à la recherche de ma taille et d'un prix raisonnable. Le seul pantalon de l'établissement était en velours, noir, et pour ce qui est des hauts : presque que de la dentelle. Pas du tout mon style. Alors je me suis rabattue sur un petit pull en laine blanc, avant de filer en cabine d'essayage.

    J'ai pris le soin de choisir celle à fenêtre.  

    « Tout se passe bien mademoiselle ?

    - Ça va, ça va...
    »

    On pouvait même plus être tranquille en essayant ses fringues.

    J'ai esquissé un petit sourire quand je me suis vue en tenue. Ça changeait de la chemise cowboy et du pantalon en cuir. C'était... plus féminin. J'ai zieuté les étiquettes et additionné le prix de l'ensemble. Je me suis étouffée en voyant la suite de zéro. 98 000 Berrys le tout, ça piquait fort.

    « Il y a un souci ?

    - Non, juste.. juste une petite poussière.
    »

    J'ai levé les yeux. La fenêtre n'était pas bien grande. Rectangulaire, ça allait être short pour se faufiler. Mais je n'avais certainement pas envie de claquer tous mon frics dans trois bouts de tissus cousus. C'était un argument motivant.

    « Excusez-moi, le pantalon est un peu serré, pourrais-je avoir la taille au-dessus ? »

    Serviable, la vieille dame s'est empressée d'aller me chercher la taille correspondante. Et ni une, ni deux, je suis montée sur le petit tabouret de cabine, une main sur le rebord de la fenêtre, j'ai posé mon pied sur l'un des portes cintre et je me suis propulsée. C'était serré.

    A plat ventre entre la cabine et l'extérieur, j'ai stoppé tout mouvement en entendant deux gars discuter.

    « [...] Ouais, mes mecs déchargent cette après-midi et on vend ce soir. Donc t'as intérêt à être à l'heure si t'en veux.

    - Vingt-trois heures à la caravelle, c'est ça ?

    - Ouais. Et cette fois-ci oublie pas tes berrys. »

    Oreille piquée.

    Les deux magouilleurs ont détalé aussi vite que des lapins. Et je me suis laissée tomber sur le sol. Fesses contre le béton, j'ai lâché un petit cri de douleur et une larme a coulé. Je me suis levée péniblement, une tâche de boue sur un côté de ma cuisse.

    En sortant de la ruelle, j'ai fais une petite prière, m'excusant d'avoir volé et abusé de la gentillesse de cette dame. Mais de toute manière, je savais karma me frapperait à nouveau, la mamie serait vengée. Et merde, je marchais comme si j'avais toujours été handicapée, tomber sur les fesses ça amortit pas toujours tout. Et maladroitement j'ai bousculé un homme grand. Une cigarette dans le bec et un coquard sous l’œil gauche. ,

    « Je suis désolée.. »

    Petit sourire gêné, j'ai continué ma route vers le port. Une caravelle et un horaire. C'est que moi aussi je voulais me joindre à la fête.