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La journaliste, le chasseur de primes et le cadavre.

L’hôtel du presque bord de mer, était décevant en tous points. S’élevant au milieu de maisons bien plus basses dans une rue sombre et salle, l’édifice était tout aussi délabré que ses voisines si ce n’est que, chez lui, on pouvait percevoir quelques réminiscences d’un passé faste et prospère qui, s’il avait vraiment eu lieu, était depuis longtemps révolus. La bâtisse s’élevait sur cinq étages qui se superposaient en quinconce, donnant à la structure un aspect d’inquiétante instabilité. La façade, recouverte par certains endroits d’un crépi rose pale, était régulièrement fissurée ajoutant encore au délabrement général. Tout ici semblait sur le point de redevenir poussière jusque aux bancs et pots de fleurs placés dans la rue qui ne devaient pas avoir été utilisés depuis longtemps. Au centre de la façade, un ensemble de lettres bien trop imposantes épelé "H^te  d  bord de me ". Probablement le nom de l’hôtel qui, cela dit en passant, était lui aussi bien décevant. En effet, depuis la bâtisse située dans les faubourgs malfamés de Logue Town il était peu probable, si ce n’est impossible, que qui que ce soit aperçoive la mer qui se trouvait à l’exact opposé de la ville.

Anita quitta des yeux cet horrible bâtiment qu’elle fixait depuis bien longtemps déjà et reporta son attention sur une feuille froissée qu’elle tenait dans les mains. Plusieurs fois elle réitéra l’opération et, une fois qu’elle fut absolument certaine que l’adresse indiquée sur la feuille correspondait bien à celle qui se trouvait devant elle, rangea le papier dans la petite sacoche rose qu’elle portait toujours en bandoulière. Si les parents d’Anita n’avaient jamais roulé sur l’or, la jeune fille se dit à elle-même qu’ils auraient pu choisir un bien meilleur lieu de villégiature que ce lugubre hôtel dont personne n’avait dut passer la porte depuis longtemps. D’ailleurs, le nombre de fenêtres aux volets fermés indiquait clairement que peu de clients étaient passés outre la première impression que donnait la bâtisse. Mais Anita était de nature optimiste et se dit que l’intérieur du bâtiment devait être bien plus accueillant et mieux entretenue. Maladroitement, la jeune journaliste rattacha ses cheveux roux derrière sa tête, ajusta sa tenue rose décorée, par ses soins, de nombreuses broderies à l’effigie d'animaux tous aussi mignons les uns que les autres et entra.

La déception d’Anita ne fit que croître une fois entrée. L’intérieur du hall était sombre, étroit, froid, humide et encombré de centaines de vieux bibelots. Ici encore tout semblait sur le point de s’écrouler et, à plusieurs endroits, la tapisserie verte foncée laissée suinter de grandes taches d’humidité. Et si tout ce que l’on pouvait voir de la pièce était horrifiant, il était fort possible que ce qu’on ne voyait pas l’était encore plus. En effet, malgré le temps ensoleillé de ce début d’après-midi, la pièce était plongée dans le noir le plus complet.

Alors que ses yeux s’habituaient encore à l’obscurité du lieu, Anita perçue une respiration régulière et inquiétante juste devant elle. En se concentrant un peu, elle aperçut une vieille femme assise derrière un comptoir dont elle dépassait à peine et qui la fixait intensément. Un instant déconcertée, Anita s’avança vers ce qui semblait être la réceptionniste et la gratifia d’un timide bonjour. Contre toute attente, la vieille femme poussa un cri dont on ne l’aurait jamais cru capable, ouvrant de grands yeux affolées et bondit de quelques mètres sur le haut tabouret qui lui permettait de compenser sa toute petite taille.

-QUI EST LÀ ?! Cria-t-elle d’une voix enrouée et paniquée.

Alors qu’Anita, que la surprise de son interlocutrice avait elle aussi effrayée, reculait de quelques pas, elle se rendit compte que ce n’est pas elle que la vieille femme fixait. Elle ne devait, en fait, pas l’avoir vue et balayait actuellement la pièce du regard.

-Excusez-moi, madame, mon nom est Anita Cuarón et je-

-QUI EST LÀ ?! Repris la vieille femme encore plus fort.

Visiblement, la réceptionniste de l’hôtel du presque bord de mer était aussi sourde qu’elle était aveugle. C’est donc en élevant la voix qu’Anita repris. Elle lui expliqua qu’elle venait rendre visite à ses parents qui devaient être arrivés à l’hôtel dans la matinée. Il fallut encore quelques instants à la vieille femme pour retrouver son calme. Et c'est seulement après s'être platement excusée, sans jamais avoir réussie à poser les yeux sur Anita, qu'elle entreprit de chercher le nom des parents de la jeune femme dans un vieux livre jaunis posé face à elle. Elle indiqua à son interlocutrice la chambre ou elle devait se rendre : la chambre 314.

Anita entrepris donc de traverser l’hôtel dépérissant, parcourant de longs couloirs sombres et étroits et grimpant de branlants escaliers de bois vermoulu. Tout en s’avançant dans les ténèbres de la bâtisse elle se répétait à elle-même le numéro de la chambre de ses parents pour ne pas l’oublier. 314, 314, 314, 314, 314… Malgré les premières déceptions de la journée, la jeune journaliste était toute excitée à l’idée de retrouver ses parents. Cela faisait maintenant quatre ans qu’elle s’était installée à Logue Town pour suivre des études de journaliste et n’avait pas revu ses parents depuis qu’elle avait été engagée dans le journal de sa tante, le Logue Town Post Journal. Elle qui pourtant était si proche d’eux. Augustino et Isabella Cuarón avaient donc décidé, à l’occasion des 22 ans passés de deux semaines de leur fille, de venir lui rendre visite. Un voyage coûteux et long pour une famille modeste qu’Anita saurait apprécier. Et puis, après les récents événements qui l’avaient amené à saboter sa première enquête et sa carrière de journaliste en péchant par excès de curiosité, Anita avait bien besoin d’un peu de réconfort. Depuis un mois maintenant, la jeune femme en été réduite à faire le café et trier le courrier de la rédaction, ne recevant en retour que des regards méprisants ou narquois. Sa présence au journal était en ce moment tellement accessoire que Paola Cuarón, sa patronne, lui avait donné ses jours de congés sans hésiter un seul instant. Mais, de nature optimiste, Anita savait qu’elle allait finir par remonter la pente et atteindre son rêve d’être la plus grande journaliste au monde.

Cela faisait maintenant quelques minutes que la jeune femme déambulait dans l’hôtel, perdue dans ses pensées. Soudain, elle s’arrêta, toujours entourée par le même papier peint vert sombre. Alors qu’elle se lamentait sur sa situation, elle avait complètement oublié le numéro de la chambre ou l’attendaient ses parents. Rassemblant ses souvenirs Anita réussit à se remémorer le premier chiffre : un 3, cela devait être un 3… Et puis il y avait un 4 quelque part… Ou alors un 5… Non, définitivement un 4… 324 ! Ça devait être ça ! 324 ! Toute contente, Anita parcourut les quelques mètres qui séparaient la chambre 314, devant laquelle elle s’était arrêtée, et la chambre 324 et, par quelques coups dynamiques sur la porte, annonça sa présence.

-PAPA, MAMA, ALEJANDRO ! SOY AQUI !

Personne ne lui répondit. Anita ne s’en formalisa pas. Après la traversée effectuée la veille, sa famille devait être épuisée et dormait probablement à poings fermés. Avec entrain, la jeune femme poussa la porte.

Comme tout le reste de l’hôtel, la chambre 324 était plongée dans le noir. Les rideaux avaient été tirés et aucune source de lumière n’aidait à apercevoir quoi que ce soit. Mais contrairement au reste de l’hôtel, la chambre 324 puait. Elle sentait si fort qu’Anita en eut la nausée.

-PAPA ?

Inquiète, Anita s’avança doucement dans la pénombre quand soudain son pied buta contre un obstacle moue. Doucement, elle baissa les yeux, redoutant le pire. Maintenant que ses yeux s’étaient à peu près habitués à l’obscurité elle discerna sans mal l’obstacle qu’elle venait de rencontrer. Étendu sur le sol, baignant dans une mare de sang, un cadavre reposé ici. Anita ne put s’empêcher de crier. C’est bien la première fois qu’elle voyait un cadavre. Tout du moins un cadavre qui n’était pas installé confortablement dans un cercueil capitonné comme celui de son abuela à qui elle avait dû dire au revoir alors qu'elle n'avait que six ans. Un véritable souvenir traumatique. Anita recula de quelques pas sans détourner le regard du corps allongé face à elle qu’elle ne pouvait quitter des yeux. D’un coup, Anita entendit un bruit : un gémissement... Ou plutôt un ronflement. Balayant enfin la pièce du regard elle en identifia très vite la provenance. Quelqu’un était là, allongé sur le lit et il venait de se réveiller. Aucun doutes, Anita allait se trouver nez à nez avec un meurtrier.
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t21968-presentation-anita-cuaron