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Une question d'honneur

"Si je connais Inu Town ? Ouais mon gars ! J'ai courtisé une jeunette là bas, faut dire qu'à l'époque j'avais de la gueule dans mon habit d'amiral de la marine ! Elle nous a accueilli avec une bière, un vrai nectar ! Ils sont super gentil dans le coin, j'ai le souvenir que j'avais pu échangé mon vieux fusil contre une épée toute neuve ! Ce sont des vrais commerçant dans le coin, ils aiment bien les étrangers !"

Pourquoi j'avais posé cette question à Abraham ? D'ailleurs, je soulignais que lorsqu'on était parti d'Avalon, il se disait ancien pirate. Et là, il était sois disant amiral de la marine. Ce diable de vieux à la mémoire qui s'échappe. Peut être remarque que marine et pirate c'est la même chose ? Si j'en crois la capitaine du navire, les marines sont une sorte de police de la mer rabat joie qui appliquent leurs lois autour d'eux. Quel autoritarisme ! En plus ils ne se basent même pas sur un livre saint pour faire ce qui est juste ... Quelle hérésie !

Le vieux marin avait un côté énervant avec ses anecdotes interminables, mais il était d'une gentillesse et d'une serviabilité qui force le respect. Tandis que je l'écoutais déblatéré, je voyais la silhouette élancée de Séléna s'avancer vers le rebord du navire. Les cheveux au vent, on aurait dit le décor idéal pour un tableau. Souriant en coin à cette idée, je la rejoignais, posant mes coudes sur le rebord du navire et admirant la vue. Qui aurait cru que la mer était aussi vaste ? On m'avait dit à Avalon que la mer était quasiment infini et j'étais sceptique. Mais en voyant la quantité d'eau autour de moi, je ne pouvais qu'admettre cette réalité. Je brisais le silence avec Séléna tandis qu'Abraham et Mathieu avait de long débat animé.

"Nous arrivons à Inu Town, et ensuite ? L'épée se trouve ici ?"

"Pour l'épée je ne sais pas, mais son précédent acquéreur oui, sans nul doute. Ce n'est pas vraiment l'île principale qui nous intéresse mais une plus petite. Elle se nomme Patland. Dis moi, vu que tu n'as jamais entendu parlé de la marine, tu ne sais rien non plus des révolutionnaires et du gouvernement mondial ?"

"Il y a une gouvernement mondial ? Non, je ne connais rien de tout cela."

"Hum, alors pour faire simple. Disons qu'il y a une sorte d'empire très étendu, qui a énormément de ville sous son contrôle nommé gouvernement mondial. En échange de leur obéissance, leur sécurité est assuré par la marine qui sont sous leurs ordres. Et de l'autre côté, y a ceux qui s'insurgent de cette domination et souhaitent que les peuples disposent d'eux même. Ce sont les révolutionaires. C'est extrêmement simplifié mais en gros c'est ça."

"Si tu me racontes cela, c'est qu'on va aller dans une ville sous la domination de l'un des deux."

"C'est ça, disons que la révolution a fait des siennes dans le coin et que désormais ils ont pris le contrôle de l'île. Au moins si on te pose des questions, tu ne paraitras pas ignare. On doit aller à la taverne retrouvé Olaf. C'est un ancien vendeur du marché noir qui a été démantelé par les révolutionnaires, c'est une personne qui a beaucoup perdu de berries avec cette guerre et qui est en sale posture. On pourra toujours le faire chanter pour obtenir ce que l'on souhaite. Il a aussi quelque chose qui m'appartient donc je compte bien le récupérer."

"Le chantage ne fait pas partie de mes principes, mais là où je te rejoins c'est qu'il faut avoir une petite discussion avec lui."

Nous avons amarré sur cette île que l'on nomme Patland et j'ai posé un pied au sol. D'aussi loin que je me souvienne, cela faisait des lustres qu'aucun chevalier de l'ordre n'avait mis le pied sur une autre île qu'Avalon. Je me rendais compte que je faisais un peu tâche au port, mes trois mètres de haut me faisait me sentir immensément grand par rapport aux ouvriers du coin. Ma carrure et mon armure me faisait passer pour un mastodonte et je peinais à me frayer un passage dans certaines ruelles de Patland. Avec mon bouclier dans le dos et mon épée à la ceinture, j'attirais le regard de nombreux passants qui me lançaient des regards méfiants. J'interrogeais Séléna devant moi.

"Pourquoi les gens me regardent bizarrement ici ? Ils n'ont jamais vu de chevalier ?"

"Disons que c'est un temps révolu, il n'y a plus vraiment personne qui s'habille comme ça de nos jours. Appart vous bien sûr. Et puis ça vous donne un côté "marine" qui n'est pas bien vu. T'éloignes pas de moi et tout se passera bien"

"Ne t'inquiètes pas, c'est la première fois que je met les pieds ici, je compte pas te perdre de vue."

Elle pouffa de rire, ça devait être amusant pour elle cette situation. Moi, j'étais aux aguets en permanence. Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder derrière moi, sur les côtés et de garder une main près de la garde de mon épée. En temps normal, j'étais moins stressé que cela, mais là tout était nouveau. Je voyais en tout cas que l'aumonier semblait avancer avec aisance, se faufilant plus discrétement que moi dans la foule. Je n'eus pas le temps de m'attarder sur la rue que nous entrions dans une batisse assez grande : la taverne. Là où nos tavernes à Avalon était très calme et bon enfant, ici c'était un dépôtoire d'alcolique. Je dus en enjamber un qui s'était effondré à cause de la boisson. Quelle hérésie, toute cette débauche et cette absence de bienséance dans un seul lieu. Cela me rendait mal à l'aise, mais allez, tiens bon Lancelot. Autres îles, autres moeurs, il faut rester ouvert à de nouvelles pratiques. Le tavernier nous dévisage puis il semble reconnaitre Séléna.

"Mais c'est la petite Séléna ! Comment vas tu ? Cela fait un moment qu'on t'a plus vu ! Tu étais en mission ?"

"Bonjour Warren, cela faisait un moment effectivement. Tu es toujours aussi en forme ! Hélas non, je suis venu voir Olaf, tu l'as pas vu par hasard ?"

"Ce minable contrebandier ? Qu'est ce qui te prend de faire affaire avec lui ?"


"C'est compliqué, mais disons qu'Olaf détient quelque chose qui m'appartient, et je compte bien le récupérer."

"Je vois, et lui c'est qui le géant ?"

"Ah ça, c'est Lancelot, il vient d'Avalon, Olaf a aussi quelque chose qui lui appartient."

"Salutations Warren, ravi de faire ta connaissance. Que la paix t'accompagne."

"Ahah, ravi aussi Lancelot. C'est pas courant de voir un habitant d'Avalon partir loin de son île. On croyait que vous viviez en autarcie."

"C'est plus compliqué que cela, disons que nous vivons simplement, en faisant voeux de pauvreté et en pratiquant notre religion entre nous. Nous ne sommes pas si hermétique aux autres, du moins pour mon cas."

"Fort bien fort bien, Olaf s'est installé dans la pièce habituelle. Pas de grabuge d'accord ?"

"C'est promis, merci Warren. A plus tard."


Le vieil aubergiste nous fit un signe de tête tandis que nous entrions dans la fameuse "salle habituelle". Quand on se dirigeait vers la cave, il y avait une porte sur le côté qui donnait sur une deuxième partie de la taverne où l'ambiance était plus sérieuse. Des gens autour d'une table en train de jouer aux cartes, et d'autres personnes en train de discuter tranquillement de l'autre. Au milieu, un homme d'une cinquantaine d'année qui semblait traiter avec une femme du même âge. Séléna me fit signe, le cinquantenaire, c'était Olaf. Alors que l'on s'approche, ce dernier dévisage Séléna et ajoute.

"Tiens, t'es là toi ? Je croyais que tu avais pris des vacances sur un autre blue."

"Ah ce cher Olaf, toujours le mot pour rire."

Elle s'approcha comme pour lui faire la bise et c'est alors que je vis sa lame de couteau au niveau de son entrejambe. Une blessure à cet endroit n'était vraiment pas une bonne idée, ce serait la mort assurée pour le contrebandier. Elle attrapa ensuite l'homme par les cheveux qui se mit à trembler. Cette femme était vicelarde, c'est toujours avec une certaine compassion que l'on regarde ce genre de spectacle nous autres les hommes. Elle ajoute d'une voix calme mais déterminée.

"Lors de la dernière mission, tu as pris quelque chose qui était à moi, et je reviens le chercher, avec les intérêts bien entendu. Et quant à mon ami ici présent, tu as également quelque chose qui lui appartient."

"Non, je le jure ! Je ne l'ai jamais vu auparavant ! Je ne lui ai rien volé."

"Il parait que c'est vous qui avez l'épée de Roland."

"Oui, c'est vrai, mais je l'ai acquise honnêtement lors d'une vente des plus honnêtes."


"Et mon log-pose, tu l'as revendu tête de noeud ?"

"Euh non, ça je l'ai encore, et c'était une mégarde de ma part, je ne me rappelais plus que je l'avais encore ... "

"MENSONGE !"

"Séléna, s'il te plait, recule, je crois que ce cher Olaf a compris la leçon. Il va te rendre ton log machintruc, je me trompe ?"

"Non ! Je lui rendrais promis ... Pour l'épée par contre, je l'ai acquise honnêtement et je ne souhaite pas m'en séparer comme ça ..."

"Je crois que nous arrivons à une impasse..."

"Il y a peut être un moyen ... J'ai une vente à haut risque demain soir, assurez ma protection et je vous rendrais dès le lendemain votre log pose et votre épée, vous avez ma parole."

"La parole d'un contrebandier opportuniste qui traite avec les marines puis avec les révolutionnaires quand ça l'arrange."

"Je suis peut être pas un homme d'honneur, mais je suis un marchand de principe, rien ne rompt un accord commercial ! Assurez ma protection et vous repartirez tous les deux avec ce que vous êtes venu chercher, deal ?"

"Je suis tenté d'accepter, Séléna, on peut bien faire les choses à l'amiable comme on l'a promis au tavernier ? Peux tu patienter une journée avant de récupérer ton ... objet ?"

J'avais déjà oublié le nom de l'objet. C'est compliqué d'avoir autant d'information à retenir. Séléna pestait et rangeait son arme. Elle ordonna à deux de ses sbires de suivre le marchand partout et que s'il essayait de s'enfuir, ils avaient l'autorisation de le tuer. J'étais contre ces méthodes, mais il me fallait absolument récupérer la relique pour mettre fin à mon exil sur Avalon. Il était convenu que nous nous retrouverions ici demain dans l'après midi. S'il demande notre aide, il y a de forte chance que ce ne soit pas aussi tranquille qu'il le prétend, mais peu importe. Le fait est que demain soir, l'épée de roland sera entre mes mains, par tous les moyens possibles.
    Après avoir dormi tranquillement sur le bateau pour économiser une chambre à la taverne, Séléna et moi avions décidé de faire un tour dans Patland. Elle voulait me montrer l'évolution des choses depuis que la ville avait changé de main. Alors que l'on arrivait sur la rue principale, elle m'expliquait qu'avant il y avait une allée dans la rue principale où se trouvait les marchands d'esclaves. Le principe même d'esclave me révolta. Il s'agissait de personne à qui l'on avait dérobé le bien le plus précieux qui soit : leur liberté. Un cadeau d'autant plus précieux que c'est notre liberté qui nous permet de pouvoir jouir de notre libre arbitre. Une personne qui est asservi au point d'en oublier son libre arbitre et sa liberté, cela me faisait bondir hors de moi.

    Alors que nous passions dans une ruelle plus commerçante, je remarquais des bestioles étranges qui semblaient me regarder et me dévisager. Alors d'après la vagabonde, cela se nomme escargophone de surveillance, et apparemment il y aurait des escargophones permettant de communiquer sur des longues distances. Tout cela faisait un peu beaucoup pour moi, et nous avons décidé de prendre un repas sur le pouce avant de rejoindre Abraham et l'aumônier. Ils avaient relayés les deux sbires de Séléna pour surveiller Olaf. Les deux comparses semblaient s'être rapprochés considérablement depuis le début du voyage. Nous arrivions à leurs niveaux quand j'entendis leurs propos.

    "Quand j'étais dans le nouveau monde, notre bateau a été attaqué par une horde de bestioles sorti tout droit de la géhène !"

    "Il y aurait donc un passage vers les enfers dans le nouveau monde ? Que Dieu nous vienne en aide ... A quoi ressemblait ils ces démons ?"

    "Oh ça mon gars,c'était assez étrange à voir ! Ils étaient mi-homme, mi-ours, mi-porc !"

    "Cela fait beaucoup de moitié Abraham ..."

    Séléna et sa répartie habituelle,il est vrai qu'il serait étrange de voir trois moitié en une seule personne. Le vieil homme semblait bien content qu'on soit là, il avait sans doute une multitude d'histoire loufoque à nous raconter. Mais pour l'heure, on devait voir avec Olaf ce qui était prévu au plan. N'étant pas un habitué de ce genre de transaction, je laissais donc le soin à la belle d'entamer la discussion avec le contrebandier.

    " Bon Olaf, si y a quelque chose que l'on devrait savoir sur la transaction, c'est le moment où jamais."

    "Tu as toujours tendance à voir le négatif Séléna, pourquoi est ce que cela se passerait mal ? Je suis un honnête marchand qui va vendre une marchandise honnête à des personnes honnêtes."

    "Cela fait beaucoup trop d'honnête dans une même phrase, mais pourquoi est ce que tu as besoin de nous pour ta protection si c'était si honnête que ça ?"

    "Hé bien à vrai dire, ce n'est pas tant d'eux que j'ai peur, mais des personnes qui pourraient intervenir sur notre transaction. Vous serez juste là pour vous assurez que personne n'intervienne."

    "C'est louche ton plan, que dois tu vendre et à qui ?"

    "Si je te le disais, tu n'aurais plus envie de m'aider, et je crois que vous voulez tous les deux récupérez vos objets ? Fais moi confiance, il n'y a pas d'entourloupe."

    Je connaissais très peu Olaf, mais du peu que j'ai vu, il n'a pas l'air d'être une personne à qui l'on peut faire confiance. Pour une poignée de berries je suis sûr que j'arriverais à en faire ce que je souhaite, mais là n'était pas le but. Pour l'instant, j'allais devoir faire confiance à Séléna pour flairer les embrouilles. Elle était beaucoup pus digne de confiance selon moi que le contrebandier. Alors que l'on patientait tranquillement, un "balabalabala" se fit entendre, Olaf sortait de sa poche un escargot comme celui du magasin mais qui semblait beaucoup plus énergique. Une discussion des plus étranges se déroula devant nous.

    "Allo, Liros ? Tu as réussi à accoster ?"

    "Négatif Olaf, ils m'ont repéré j'ai du prendre le large. Tu penses que tu pourrais m'apporter le matériel en mer directement ?"


    "Bien sûr, pas de problème. J'ai justement un équipage sous la main. Par contre, cela ne sera pas gratuit."

    "Evidemment, nous ajouterons un petit supplément à la note. Nous apprécions ton travail. Je dois couper, terminé."


    Olaf tout guilleret s'apprêtait à annoncer la nouvelle à la jeune femme quand il fût interrompu net. Un coup de pied dans les valseuses d'une violence extrême le coupa net dans son élan. Cette dernière avait tout entendu et secoué maintenant le contrebandier comme un sac à patate. Elle n'aimait visiblement pas être prise pour un taxi des mers, encore plus si elle devait transporter une marchandise potentiellement illégale sur son bateau. Le contrebandier se confondit en excuse, à moitié en pleurant de douleur. Je les séparais gentiment avant d'ajouter d'un ton calme pour apaiser la situation.

    "Séléna, si on avait pas pu livrer la marchandise aujourd'hui, nous aurions peut être attendu des semaines avant qu'ils puissent faire sa transaction. Là, on a l'occasion de tout boucler d'ici quelques heures et de récupérer chacun notre dû."

    La scélérate pesta un bon coup et relâcha son emprise sur le marchand sans gène. Bien, il n'y avait plus qu'à récupérer les sacs à côté du marchand et à les transporter sur le navire de Séléna. Ils étaient assez lourd donc j'ai confié mon bouclier à Abraham et j'ai porté le sac comme un meunier transporte sa farine. L'avantage avec ma carrure, c'est que je peux porter des choses assez lourde. Je n'imaginais même pas comment Olaf avait pu transporter tout ce matériel avec son corps de lâche. Au vu du bruit que cela causait et du poids, je pouvais deviner qu'il y avait des objets en métal dans ce sac. Peu importe, ce que je voyais, c'est que le chemin entre moi et l'épée de Roland diminuait à vue de d'oeil. Bientôt, la relique retournera à Avalon.

    Nous sommes montés à bord du navire de Séléna avec le matériel. Celle-ci donnait les ordres à son équipage avec un énervement bien visible. Et nous ne nous éternisions pas au port. Nous devions être vigilant d'après le contrebandier sur les menaces extérieures à la transaction donc je restais alerte. La capitaine par contre était vraiment en train de se stresser dans son coin. Je décidais de la rejoindre et de lui parler pour la rassurer, elle qui semblait en proie à la panique.

    "Ne t'en fais pas Séléna, je serais là pour veiller à ce qu'il ne t'arrive rien."

    "Ce n'est pas ça Lancelot, c'est juste que ... à l'escargophone, il a mentionné un Liros, et ce nom là je l'ai déjà entendu quelque part. Je ne me souviens plus où. Que quelqu'un fasse appelle au service d'Olaf dans Patland je veux bien le comprendre qu'il y ait encore des objets difficiles d'accès, mais là, c'est de l'exportation et je ne vois pas ce que pourrait avoir Olaf qui puisse demander autant de précaution."

    "Je ne peux pas te dire, il y a de ça deux jours j'ignorais tout de Patland et d'Olaf, je fais confiance à ton instinct après, tu n'aurais pas accepté de le suivre si cela était trop dangereux pour nous."

    "C'est vrai, je me fais peut être des films mais ..."

    Séléna se figea net et devint blanche comme un linge. Son regard posé à l'avant sur le navire que nous devions rejoindre. Je regardais attentivement ce dernier pour tenter de comprendre ce qui pouvait tant causer l'effroi auprès de la femme forte qui faisait office de capitaine. C'était un bateau tout à fait ordinaire, bien qu'assez grand, et il y avait flottant sur le mat un pavillon rouge suivi d'un arc de cercle gris. Je ne savais pas trop de qui il s'agissait donc je questionnais la belle à ce sujet.

    "Tu es sûre que ça va ? Tu connais ce navire ?"

    "Non ... le navire non ... par contre cet emblème ..."


    "Le drapeau ? Tu m'as dis que les pirates avaient un drapeau noir avec une tête de mort habituellement."


    "Pire que des pirates Lancelot ... Olaf ne pouvait pas faire sa transaction à Patland pour une bonne raison. Ce ne sont pas n'importe qui ces partenaires commerciaux. Ce sont des esclavagistes ..."
      Olaf ne perdait pas de temps, et une fois arrivé au niveau du bateau, il embarqua à bord de ce dernier par l'échelle. Je m'apprêtais à le suivre quand je me retournais pour voir que la belle vagabonde n'était pas enclin à me suivre. Je ne sais pas ce que signifie ce logo pour elle, mais elle semblait en avoir peur, ou est ce de la haine ? Je ne sais pas. Mathieu pris le sac et je le laissais partir devant tandis que la jeune femme semblait perdu dans ses pensées. Je mis une main sur son épaule qui la fit sursauter. Ce n'était pas mon but donc je tendais ensuite les mains en signe d'apaisement.

      "Tu es sûre que ça va ?"

      "Non, oui enfin ... c'est juste que ce symbole me rappelle des choses et que j'aurais préféré ne plus avoir à faire avec eux."

      "Je comprend tout à fait, maintenant, loin de moi l'idée de sympathiser avec ces idéaux, mais je suis venu pour récupérer la relique de mon peuple. Quant à toi, tu as un log pose à aller chercher tu te souviens ?"

      "Oui, tu as raison, je suis juste derrière toi, je vais juste m'assurer qu'Abraham ne fasse pas n'importe quoi avec le bateau pendant notre absence."

      J'acquiesçais et je me mis en route, elle semblait encore troublée. J'espère vraiment que tout va bien pour elle. Alors que je montais à bord, je me retrouvais entouré de marins à l'air patibulaires. Il y avait parmi eux des balafrés et des borgnes, preuves qu'ils ont participé à d'innombrables batailles. En tout cas, ils ne m'inspiraient pas confiance. Je rejoignais donc Olaf qui semblait discutait avec un homme dégarni et squelettique. On aurait dit qu'un rat anorexique c'était transformé en humain. Un regard de fouine, des dents dégarnis et un ricanement qui n'est pas sans rappeler le bruit des souris. Mais peu importe, l'essentiel c'est qu'il semblait content de la marchandise que lui a livré Olaf.

      "Ah Olaf, quel plaisir de te voir ! Je vois que tu m'as apporté ma commande ! Lord Galeel sera content !"

      "Liros ! Mon vieil ami ! Toujours autant la forme à ce que je vois ! Oui Lord Galeel sera content du résultat tu peux me croire ! Cela a été un jeu d'enfant de m'en procurer avec ces satanés révolutionnaires et leurs manies !"

      "M'en parle pas, rien que de me dire que j'ai pu éviter d'accoster sur leur île de merde je suis heureux ! Montre moi donc ce que tu as pour moi !"

      L'aumonier posa le sac au pied du dénommé Liros et fit quelques pas en arrière. Le rat-esclavagiste l'ouvrit sans tarder et sorti du sac un cercle métallique semblable à celui qu'ils avaient pour emblème. Je ne comprenais pas exactement ce dont il s'agissait, et je restais d'un calme olympien en continuant de regarder à droite et à gauche pour surveiller qu'aucun navire ne vienne vers nous. Il me semble que j'ai été recruté pour ça non ? Et puis j'avouais que plus vite on serait parti d'ici, mieux ça serait pour moi. C'est alors que j'entendis le reste de la conversation.

      "Et le dispositif explosif, il fonctionne encore ?"

      "Oui, je m'en suis assuré sur chacun des colliers, j'espère que Lord Galeel prendra bien en compte que je me suis donné pour sa cause ! Il n'y a personne sur cet mer qui fabrique et répare aussi bien des colliers explosifs pour esclave haha !"


      A ces mots, mon sang ne fit qu'un tour. C'était donc ça ces cercles de métal ? Des colliers avec des dispositifs explosifs à l'intérieur ? J'ai visiblement dû être un peu trop expressif sur mon visage car l'aumonier est venu me mettre une main sur mon épaule en me fixant. Je lisais bien dans son regard qu'il me sommait de rester tranquille jusqu'à ce que l'on récupère l'épée de Roland, mais il m'était tellement difficile d'imaginer des hommes et des femmes, réduits au respect par des oeuvres métalliques aussi immorales. J'avais mis ma main sur ma garde sans m'en rendre compte et l'aumonier la dégagea discrètement. Je reprenais mon calme, il fallait que je reste maître de mes émotions et ne pas laisser ces derniers me submergeait.

      Puis, il y eut un mouvement au niveau de l'entrée de la calle et un homme accompagné d'une vingtaine de personne, hommes, femmes et même enfants. Tous étaient enchainés, et le pirate de devant semblait les contraindre à avancer. Il y en eut une qui me marqua aussitôt. Elle semblait assez jeune, à peine majeur sans doute, et elle était recouverte de bleus et d'entailles comme si elle avait livrer un des combats les plus durs de sa vie. Elle n'avait plus qu'un œil ouvert, l'autre étant fermé à cause d'un mauvais coup qu'elle avait du prendre sans doute. Mais ce qui était encore plus étonnant, c'est le bas de son corps. A la place de jambes et de pieds, elle avait une queue de poisson ! Comment est ce possible ? Quelle est donc cette diablerie. Je n'eus pas le temps de m'interroger plus que le dénommé Liros repris la parole.

      "Ah mes chers invités de marque ! Mes petites marchandises à moi ! J'espère que le voyage n'a pas été trop difficile dans la calle du bateau. Ces chaines sont si lourdes ! Fort heureusement, papa a pensé à tout ! On va vous retirer vos chaines et vous mettre ces jolis colliers qui s'assureront de votre obéissance."

      "Va au diable !" lui répondit la sirène

      "Tiens tiens, elle est encore vaillante celle là ! Cela tombe bien, j'avais justement besoin de les essayer en condition réelle !"

      Attends, il va quand même pas faire ce que je crois qu'il va faire ? Il s'approche, le collier à la main, prêt à affubler la demoiselle d'un collier qu'il pourra faire exploser ? Hors de question que cela arrive ! La main sur ma garde, je m'élançais pour m'interposer. Deux pirates se sont mis sur ma route et je les gratifias d'un coup horizontal au niveau du torse. Le coup n'était pas mortel, mais assez dissuasif pour les faire reculer. S'ils veulent tenter un combat rapproché contre moi, je suis leur homme mais pour le moment, je me devais de la jouer stratégique. Bondissant en avant grâce à ma sainte percée, je me retrouvais entre la sirène et l'esclavagiste. Mon épée était posée sur son épaule, proche de sa carotide. La rapidité d'exécution et le fait qu'il ne s'y attendait pas le laissèrent scotcher sur place. Il savait qu'au moindre mouvement suspect je lui trancherais la gorge.

      " "Béni sois les briseurs de chaines, et maudits soits ceux qui s'approprient la vie des autres. Abreuvez vos épées de leurs sangs, car le libre-arbitre est un cadeau de l'éternel" Verset 9-11. Pour qui te prends tu pour oser prendre la liberté de ces gens là ?"

      "Le business, c'est le business. Si tu fais dans le sentimental tu ne perceras jamais dans ce milieu ! Sois raisonnable, si tu me tues, tu ne repartiras pas d'ici vivant. Tu as beau être fort, tu ne fais pas le poids face à un équipage complet !"

      Alors que je réfléchissais, une ombre familière vint se glisser derrière moi. Cette ombre, je l'ai reconnu, c'est Séléna. Elle était en train de s'activer à l'arrière. Elle venait de mettre K.O le geôlier des esclaves d'un coup de pied bien placé dans le menton. Son bond a été prodigieux. Une fois qu'elle eut la chaine en main, le dénommé Liros sorti une dague de sa ceinture et tenta de me poignarder. Un mouvement salvateur me permis de le faire rebondir sur mon armure de plates avant de lui mettre un violent coup de tête dans le visage le laissant sonné sur place. Zut, s'il n'y a plus de leader avec qui parlementer, les autres allaient sans doute faire n'importe quoi. Séléna fût plus réactive que moi.

      "Gagne du temps et prépare toi à monter à bord !"

      Des instructions claires et faciles à suivre. Bien ! Faisons ainsi, je m'en remet encore une fois à toi Sélèna ! Je me met en opposition entre elle et les esclavagistes et je commence à me défaire de quelques ennemies. Je vois un petit passage entouré de tonneau qui peut faire office de goulot d'étranglement. Ils sont plus nombreux mais par là, ils sont obligés de passer un par un. Cela me laisse le temps de m'appliquer dans mes combats. Nous n'avons pas l'avantage du nombre, mais le combat rapproché c'est ma grande recette. Je suis né pour me battre que voulez vous ? A la différence cependant, c'est que cette fois je n'ôtais pas de vie. Ces gens, bien que dénués de sentiments ont encore une vie devant eux pour faire acte de rédemption. Si je les tue maintenant, ils iront en enfer sans autre forme de procès. Ma miséricorde me sommait d'en épargner le plus possible et de seulement les incapaciter. Au début, je faisais cela de façon très propre, mais au fur et à mesure, je ne maîtrisais plus vraiment mes zones d'impacts, devant parfois trancher dans le tas pour me libérer. Puis, j'entendis la voix de Séléna qui m'appelait !

      "Lancelot, saute maintenant !"

      Alors que je finissais de donner un coup ascendant à mon adversaire, je me dirigeais vers le bord du navire. Je mis un pied au niveau de la rembarde quand soudain, un bruit important et un souffle tout aussi puissant vint me propulser. Je ne sais pas combien de mètre j'ai parcouru dans les airs, mais je sais que j'ai percuté l'eau violemment. Mon armure me fit aussitôt coulait. Je me débattais dans tous les sens, tentant de remonter à la surface, mais il était impossible à l'heure actuelle de me repérer. N'ayant pas pu appréhender ce concours d'apnée improvisé, je ne tardais pas à manque d'oxygène. Une silhouette passa à côté de moi, et puis soudain ce fût le trou noir. Je venais de perdre connaissance sous l'eau. Serais ce ma dernière heure ? Puisse l'éternel m'accueillir à la porte du paradis. AMEN.
        J'ouvrais les yeux, mais je voyais encore un peu flou. Merde je suis encore sous l'eau ? Non, je ne sens pas l'eau sur mes vêtements. D'ailleurs où sont mes vêtements ? J'étais allongé sur un lit beaucoup trop petit pour moi. J'avais le corps sur le lit et les bras et jambes en étoiles de mer qui dépassait de ce dernier. Je regardais au dessus de moi, du bois, et un feu à côté de moi. Suspendu à un cordage de fortune, il y avait mon équipement au grand complet qui semblait être sec depuis quelques temps. Je me redressais et me massais doucement les tempes pour essayer de me remémorer ce qui s'était passé. Je me souvenais d'un bateau, d'une explosion, de Séléna qui m'avait appeler et ... merde Séléna. Je me levais d'un bond, ignorant la douleur fulgurante qui me touchait au niveau des côtes. Je m'apprêtais à partir quand soudain une voix familière m'interpella.

        "Ah ben p'tit gars enfin t'es réveillé ! T'es une vrai marmotte ma parole !"

        "Abraham ? Où est Séléna ?"

        "Elle se repose pour le moment, ça faisait 2 jours qu'elle te veillait non-stop. J'ai pris le relais. Mais t'inquiètes pas pour elle. Dis moi plutôt comment tu te sens."

        "Je ... Je ne sais pas, c'est plutôt embrûmé tout ça, je n'ai pas trop compris ce qu'il s'est passé sur ce bateau. Mais au niveau du corps ça va."

        "Oh le bateau c'est rien, ne t'en fais pas. C'est moi qui ait accroché plusieurs barils de poudres à l'avant du bateau pour faire une belle diversion. T'as était extraordinaire là haut, à vrai dire je m'attendais pas à ce que tu arrives à tenir autant d'homme à toi seul."

        "En réalité, l'armure y est pour beaucoup, elle a encaisser pas mal de choc des épées adverses. Et la stratégie m'a permis de ne pas crouler sous le nombre. S'ils avaient pris la peine de me contourner, je n'aurais sans doute pas tenu aussi longtemps. J'ai eu de la chance c'est tout !"

        "T'es trop modeste, en tout cas c'est pas tous les jours que trois personnes se jettent à la mer pour te ramener."

        "Trois ? Qui ?"

        "Ben déjà Séléna, dès qu'elle a vu ton vol planée, elle a sauté pour aller te chercher avant que tu tombes tout au fond dans ton tas de ferraille. Ton ami Mathieu a sauté lui aussi, mais il était dans son armure lui aussi donc il a coulé comme une encre. C'est pour ça qu'Annabelle a sauté pour aller vous chercher tous les deux."

        "Euh, qui est Annabelle ?"


        "C'est la sirène qui était à bord du navire, pendant que tu combattais les sbires de Liros, Séléna a délivré les prisonniers. Et crois moi, j'ai beau l'avoir vu d'innombrables fois, mais une sirène à pleine vitesse sous l'eau, c'est plus rapide qu'un tir de pistolet. Elle a ramené tout le monde sur le bateau en moins de temps qu'il en faut pour le dire."

        J'assimilais tout ça, Séléna avait plongé pour venir me chercher ? Cela me rassurait un peu, j'avais l'impression d'être celui que l'on laissait derrière et qui doit se débrouiller dans les situations critiques. L'aumonier était venu à mon secours, n'écoutant que son courage. Dommage qu'il n'ait pas pris le temps de retirer son armure avant de venir me chercher, il a failli y rester lui aussi. Quant à la sirène, je ne pouvais que saluer son courage. Je m'apprêtais à me rhabiller quand la porte de la cabine s'est ouverte sans douceur. Dans l'encadrure de la porte, je pouvais distinguais une autre silhouette familière : Séléna. Marchant d'un pas vif, elle se retrouva vite à proximité de moi et elle se jeta littéralement sur moi pour m'étreindre. C'est bien la première fois que je trouve une étreinte aussi agréable d'ailleurs.

        "Lancelot ! Tu m'as fichue une de ces frousses ! Ne recommences pas d'accord !"


        "Pour avoir ce genre de remerciement, je suis prêt à recommencer dans l'heure."

        On se regardait interdit avant d'éclater de rire. Même le vieux Abraham se poilait dans son coin en sculptant un truc avec son couteau et un bout de bois. J'étais heureux que tout le monde soit sain et sauf. Alors que je me redressais doucement, je me fis craquer la nuque encore endolori avant de me rapprocher de mes affaires pendant que Séléna demandait à Abraham d'aller chercher un médecin pour m'ausculter et vérifier que tout allait bien. Je pétais le feu, et si ce n'est un léger mal de tête dû à un réveil un peu brutal, je me sentais d'attaque pour retourner à l'assaut. C'est alors que la capitaine du navire repris la parole de sa voix calme et minaudante.

        "A propos de l'épée de Roland ..."

        "Ne t'en fais pas, cela n'est pas bien grave. L'essentiel c'est que tout le monde soit sain et sauf."

        "Tu ne m'as pas compris, j'ai laissé Karyc et Hector sur Patland et je leur ai demandé de retourner la maison d'Olaf de fond en comble. Il y avait bel et bien l'épée de roland ainsi que mon log pose. Donc on a pas fait tout cela en vain."

        "Parfait ! Je vais bientôt l'avoir entre les mains dans ce cas. Maintenant que tout cela est derrière nous. Si tu m'expliquais un peu dans quoi je me suis fourré ?"

        Je faisais bien entendu allusion à tous ces événements qui me sont tombés sur le visage : Sa proposition pour me montrer où était l'épée, son côté magnanime avec Olaf qui l'avait empêché de lui soutirer tous ces objets par la force, sa défiance vis à vis de lui au point d'envoyer ses hommes retourner sa maison. Non, il y avait quelque chose qui clochait. J'en aurais mis ma main à couper. Et surtout, pourquoi est elle aller me chercher à moi au lieu d'un autre ? Il y avait anguille sous roche et je tenais vraiment à avoir le fin mot de l'histoire. Elle hésita un petit moment avant d'ajouter d'un air calme mais beaucoup moins minaudant.

        "Je te dois au moins ça pour ce que tu as fais pour nous. Annabelle et moi sommes des amis de longues dates. Nous avons servi toutes les deux en temps qu'esclave sur West blue, une île tristement célèbre sous le nom de "L'île aux esclaves". Il y a deux ans, l'armée révolutionnaire à réussi à libérer beaucoup d'entre nous, dont Annabelle et moi. Nous avons pris peur et nous nous sommes cachés longtemps. Mais certains hommes comme ce Lord Galeel et Liros sont toujours à notre poursuite."

        "C'est pour cela que tu n'es pas montée sur le bateau avec moi, tu avais peur d'être reconnu ..."

        "Oui. Lorsqu'elle a était enlevé par les esclavagistes, j'ai souhaité avoir l'appuie de la révolution pour m'aider à la délivrer, mais ils étaient trop occupés à droite et à gauche pour me donner un coup de main. Ils m'ont cependant rencardé sur les agissements d'un dénommé Olaf qui fricotait avec eux. J'ai fais en sorte qu'il ait quelque chose qui m'appartienne pour justifier mon intérêt pour lui. J'ai également appris qu'il avait prévu de livrer des choses aux esclavagistes et que ça serait peut être ma chance de retrouver Annabelle. Il ne nous manquait plus qu'un homme assez costaud pour tenir à distance les hommes de Liros. On a assisté à la bataille face à Arenthi et on a vu à quel point tu avais des principes. Ce que tu as fais pour libérer tes frères, c'est de l'héroïsme."

        "Il n'y a rien d'héroique là dedans, j'ai juste fais le nécessaire pour qu'ils ne mettent pas la main sur le reste des reliques ..."

        "Le fait est que tu as vraiment l'âme d'un chevalier, je savais que tu ne nous laisserais pas tomber pendant le combat. Je tiens encore à te remercier."

        "Fais en sorte que l'épée rentre avec moi à Avalon, et nous serons quitte ne t'en fais pas."


        "Tu ... tu ne voudrais pas rester avec nous ? On compte rejoindre la révolution et aller aider ce qui en ont vraiment besoin ..."

        Il y eut un gros silence dans la pièce. Rejoindre la révolution ? Allez sauver les esclaves de maître tyrannique ? Participer à mille et une bataille ? Cela me plaisait à dire vrai. Cela s'inscrivait même dans ma vision de la religion, où il faut laisser aux gens le soin de choisir leur avenir, de détenir leur libre arbitre. Mais je m'étais engagé, j'avais autrefois juré de protéger toutes nos saintes reliques jusqu'à mon dernier souffle. Je ne pouvais pas rejoindre la révolution et laisser ces trésors derrière moi. Il me faut donc décliner l'offre, à contrecœur, mais le devoir passe avant tout.

        "Ta proposition me flatte, mais je ne peux pas accepter, j'ai juré de ramener cette relique. Je reprendrais la mer sans nulle doute par la suite. Mais pour l'heure, j'ai encore pas mal de chose à faire à Avalon avant de pouvoir vous rejoindre. Avoir participé à sauver tout ce monde me comble de joie. Je dois cependant me modérer et rentrer mettre la relique en sécurité."

        Séléna me regardait d'un air sceptique, elle espérait vraiment que je reste à ses côtés pour sillonner la mer sous les couleurs de la révolution. Mais je ne pouvais pas me le permettre au vue de ma situation. Elle le savait, l'honneur avant tout. Même si ça me fend le cœur, je vais devoir la laisser pour rentrer à Avalon. Elle était triste, cela se sentait même si elle essayait de le camoufler au mieux. Elle essayait de demeurer fière en toute circonstance, ce qui pour moi était une preuve de force. Je ne me faisais cependant pas de soucis pour elle. Il y avait fort à parier qu'elle saurait se débrouiller toute seule. Je m'avançais vers elle, posant mes mains sur ses épaules et ajoutant.

        "Ta place est auprès de la révolution, ma place est auprès de l'Eternel et de ses reliques. Tu seras la bienvenue à Avalon autant de fois qu'il te plaira, sache le."

        La renégate essuya ses larmes naissantes d'un revers de main discret et s'affubla d'un sourire des plus faux avant de se diriger vers la porte. Je lui avais fais de la peine, cela m'attristais au plus haut point. Si je n'étais lié d'aucun serment, je ne serais peut être même pas rentrer à Avalon et je l'aurais suivi. Mais je n'ai que mon âme pour seule décisionnaire. Il était temps de rentrer à la maison. Je ne sais pas comment je vais être accueilli par mes pairs, ni comment ils vont accueillir cette nouvelle relique. J'ai parcourru les mers et découvert la façon de vivre des étrangers. Cela m'a beaucoup appris appris, mais il y a une chose que je regretterai sans doute longtemps : Séléna, je ne t'oublierais pas de ci-tôt