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Mission : [L'île aux esclaves/ Evénement] Unchained


Azerios
Djaymily
Calvin Souther



J'aime ta façon de danser, le Boy
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Azerios et Djaymily avaient été pris dans une violente tempête, et ce n'est qu'au terme de plusieurs heures de manœuvres acharnées qu'ils parvinrent à accoster sur une large côte rocheuse. Ils étaient tous deux épuisés, et leur petite embarcation n'avait pas été épargnée. Le rookie fit un tour d'horizon, la coque n'était pas trop touchée, mais le mat de l'unique voile était fêlé et la barre avait prit un coup. Il leur fallait du matériel pour réparer tout ça et quitter ce qui ne ressemblait en rien à une île hospitalière. En examinant les environs, rien de particulier aux premiers abords, c'était un miracle qu'ils aient pu accoster à proximité de cette côte tant elle semblait dangereuse de part les innombrables roches tranchantes qui sortaient des flots. Plus loin, ils pouvaient apercevoir une petite ville, c'est là-bas qu'ils se rendraient pour se procurer le nécessaire à la réparation du navire, ils se mirent donc tous deux en route.


Restons prudents boss, qui sait ou est-ce qu'on a encore atterrit...


A mesure qu'ils avançaient, il passaient à proximité de grands champs parcourus d'esclaves et c'est seulement à une petite poignée de kilomètres de leur destination qu'ils furent accueillit par cinq hommes à cheval. C'étaient des gaillards robustes, leur tenue vestimentaire n'était pas sans rappeler celle des hommes d'Hat Island, chacun portant notamment un chapeau. Même si ils étaient armés et un tantinet menaçants, Djaymily et Azerios gardèrent leur sang froid, ne dégainant pas leurs armes. Après tout, ils n'étaient pas là en fauteur de trouble, souhaitant simplement poursuivre leur route.


Hé là jeunes gens ! Vous v'nez de la côte ?


C'est exact, mon amie est moi-même avons accosté ici par erreur... Nous sommes à la recherche de matériel pour réparer notre navire et reprendre notre route, ni plus ni moins.

Les hommes se regardèrent l'air suspicieux, puis au terme de quelques secondes de silence, quatre d'entre eux reprirent leur route, repartant au galop. Le cinquième s’apprêtait à faire de même.

Vous trouverez la Nouvelle Rea non loin d'ici. Vous feriez mieux d'pas trop traîner dans l'exploitation.


Il se hâta de rejoindre ses compères. La Nouvelle Réa, c'est bien ce qu'il pensait, ils avaient donc accosté sur la tristement célèbre île aux esclaves. Retour à West Blue, décidément il fallait de toute urgence trouver un navigateur. Les deux compagnons se dirigèrent donc vers la petite ville et l'atteignirent après une marche rapide.

La rue principale était pleine de vie, un bonne quantité d'esclaves s'affairant à manipuler des marchandises, sans doute pour les acheminer vers les blues, sous bonne garde bien entendu. Ils étaient encadrés par ceux que l'on appelait les "contremaitres". Des gardiens en provenance directe de Saint Uréa, qui avaient pour tâche principale de surveiller les exploitations et de punir les esclaves récalcitrants : ils veillaient au grains quoi. L'île aux esclaves était connue pour être le coin le plus rentable des blues, d'immenses terres fertiles ou la moindre parcelle était exploité par toujours plus d'esclaves. Une production gargantuesque de nourriture, céréales et autres denrées qui étaient ensuite exportés et vendus dans le monde entier. Pour exploiter tout ça, d'innombrables esclaves venus de tous horizons, mais d’œuvre gratuite pour augmenter le rendement. La marine était elle aussi présente sur l'île, mais leur mission se cantonnait principalement à garder les côtes, ce qui rendait la chose d'autant plus étrange, quand on savait qu'ils avaient pu accoster sans croiser le moindre soldat.

Cherchant un stand auquel ils pourraient acheter du bois, un contremaître, intrigué, s'approcha d'Azerios pour l'interpeller. L'homme continua sa route, ignorant ce dernier, ce qui l'agaça. Il finit par dégainer son fouet, le claquant en l'air, ce qui interrompit les deux compagnons de route, qui se tournèrent vers lui. Il n'était qu'a quelques mètres d'eux, un homme maigrichon, qui ne semblait pas réellement sur de lui, parlant d'une voix tremblotante, ou peut être était-ce l’œuvre de la surconsommation d'alcool.



Hé ! J'ai dit déclinez vot' identité, vous zêtes sourds ?!


Je le descends ?

La jeune fille était prête à dégainer, et nul doute que le pauvre homme n'aurait pas eu le loisir de réagir. Mais ils n'étaient pas la pour s'attirer des ennuis, Azerios sourit et fit non de la tête.

J'ai un mauvais pressentiment... Retourne au bateau et attends mon retour, ce serait dommage qu'on se fasse voler. Je m'occupe du matos...


Tu es sur ? Moi j'ai le pressentiment que tu vas t'attirer des ennuis...


Le jeune homme lui offrit un sourire rassurant et hocha la tête. Après un instant d’hésitation elle hocha la tête a son tour et rebroussa chemin pour regagner la côte. Lorsqu'elle ne fut plus visible, son compagnon se tourna pour reprendre sa route en silence espérant avoir fait le bon choix en continuant tout seul.

L'homme qui les avait précédemment interpellé, visiblement excédé de ne pas être pris au sérieux utilisa alors son fouet et l’abattit avec force dans le dos du pirate. Il faut dire que les contremaîtres n'avaient probablement pas l'habitude qu'on leur tourne le dos avec indifférence. Le fouet claqua, projetant violemment sa cible dans la poussière. Quelle plaie, la douleur était vive et c'est surtout le fait d'avoir été attaqué de dos sans raison qui faisait monter la pression chez le jeune garçon qui resta silencieux. Il se releva d'un bond et fit face a son assaillant qui le défiait du regard. Ce dernier eut un sourire moqueur et probablement parcourut par un regain d'assurance, donna un second coup de fouet.

Cette fois-ci le rookie attrapa fermement le fouet et d'un geste rapide le tira vers lui, faisant trébucher l'homme dans sa direction. Il profita de la chute pour lui donner un coup de genoux dans la mâchoire, ce qui eut pour effet de sonner son adversaire, le projetant dans la poussière sous les yeux des esclaves, visiblement choqués par ce qu'il venait de se produire.

Trois autres contremaîtres se ruèrent alors sur le jeune homme, sans doute pour le maîtriser, mais par chance ils étaient lents. Azerios n'eut pas de mal à neutraliser le premier, qui munit d'une matraque, donna un coup maladroit. Saisissant son avant bras, le rookie le tordit avec force, se saisit de la matraque et lui assena un coup sur le côté gauche du visage. Le gardien hurla de douleur en s’écroulant, rapidement il s'occupa des deux autres. Le premier lui donna un mauvais coup au visage, mais il contre attaqua aussitôt d'un coup de coude dans le thorax lui coupant le souffle. Esquivant le coup du troisième, il en profitant pour le balayer et lui faire mordre la poussière toujours sous le regard interdit des esclaves. D'autres gardiens se hâtaient alors dans sa direction. Lui qui n'était pas venu avec de mauvaises intentions allait sans nul doute se retrouver dans une situation délicate. Il fallait temporiser, ameuter la marine était tout sauf judicieux.

Soudain un coup de feu retentit et les gardiens se figèrent. C'était un homme costaud, grassouillet même, sur un cheval. Probablement un autre contremaître, portant des vêtements tissés dans une étoffe luxueuse de couleur prune, sans doute occupait il une plus haute fonction dans cette étrange hiérarchie d'exploitants d'esclaves.



Ça suffit comme ça. Tu vas venir avec moi mauvaise graine.


Qui était cet homme et que lui voulait-il ? Il était désormais encerclé par une dizaine de contremaîtres, tous armés, sa seule option était alors d’obtempérer. Le rookie hocha finalement la tête et fut invité à monter à cheval et à suivre le mystérieux intervenant. Il s’exécuta sans résister, escorté par d'autres gardiens à cheval et sortant de la ville en direction de champs. Le grassouillet ralentit pour se mettre à son niveau et le jaugea du regard avec un air dédaigneux.


J'aime ta façon de danser, le Boy.


Ils continuèrent à chevaucher en silence pendant une trentaine de minutes à travers d'innombrables champs d'exploitation pour arriver devant une gigantesque propriété. A l'entrée une grande pancarte de bois peinte "Souther Land" donnait sur un long chemin de graviers blancs. Au bout de ce chemin se dessinait un grand bâtiment fait de bois blanc décoré avec style, sans doute par un talentueux ébéniste. Les lieux devaient appartenir à un riche exploitant, qui s'avèrera être plus tard l'employeur de cette joyeuse escorte.

Mission : [L'île aux esclaves/ Evénement] Unchained Candie10
    La demeure était vaste, et semblait très bien gardée, pour chaque esclave il y avait un contremaître. Le grassouillet l'invita à le suivre, empruntant un large escalier de bois blanc jusqu'au premier étage, passant devant d'innombrables domestiques. La pièce dans laquelle ils entrèrent étaient toute aussi spacieuse et lumineuse que le reste de la maison. Plusieurs sofas en velours bleue, autour d'une petite table finement taillée dans un bois sombre. Les murs étaient ornés de magnifiques tableaux, et un énorme lustre de cristal trônait au milieu du plafond. Au fond se trouvait une cheminée de marbre devant laquelle était assit un homme sur un divan dans les tons de bleu. Cet homme était de dos, en train de lire un journal tout en fumant une cigarette, un verre posé sur une petite table à proximité. Azerios ne savait toujours pas ce qu'il pouvait bien faire ici, il devinait cependant que les hommes qu'il avait cogné devaient être les employés de son hôte. Le grassouillet, se raclant la gorge, s'annonça alors.


    Monsieur Souther, pardonnez-moi. J'ai peut être trouvé une solution à votre... Contretemps.


    Quelques secondes d'un silence de plomb plus tard, l'homme qui semblait être le maitre de maison posa son journal sur la table et tourna alors lentement sa tête pour regarder son valet. C'était un homme propre sur lui, soigneusement coiffé, une petit barbiche ainsi qu'une moustache, le regard perçant. Il dévisagea quelques instants le jeune pirate puis sourit. Il se leva alors, le visage devenant totalement inexpressif, ne le lâchant pas du regard, et fit quelques pas dans leur direction. Après quelques secondes de silence supplémentaires, il prit une grande bouffée de tabac, et recrachant un petit nuage de fumée, son expression changeant du tout au tout et un large sourire satisfait apparut.


    Arthur... Mais qui est donc ce pauvre diable que tu m’emmène ?


    Monsieur Souther, je suis tombé sur ce garçon, il se pourrait bien...


    Je ne suis qu'un modeste voyageur arrivé ici par erreur. Je ne cherche pas les ennuis Monsieur Souther.

    Calvin Souther ne quitta pas Azerios des yeux, affichant encore et toujours un sourire satisfait. Comme pour chasser une mouche, d'un geste de la main, il congédia son valet qui sortit sans un mot. Portant son verre à la bouche, il le but lentement, gorgée après gorgée et le posa sur la petite table entre les divans, ses yeux clairs toujours rivés sur son nouvel invité.

    Veuillez pardonner Arthur. Il oublie parfois ou est sa place. Soyez le bienvenu aux Lodges Printanières. Je suis Calvin Souther, homme d'affaire à mes heures perdues, j'ai pour habitude de saisir chaque opportunité qui se présente voyez-vous.. Diantre mais ou ai-je la tête ! Puis-je vous proposer un gouteux rafraichissement ?!

    Azerios déclina poliment dans un murmure, plus vite il aurait terminé cette conversation sans grand intérêt, plus vite il retournerait en quête de matériel. Mais son hôte avait visiblement d'autres projets en tête. Il s'assit sur l'un des divans et fit signe à son invité de s'asseoir. Le jeune homme ne se fit pas prier et s’essaya à son tour.

    On m'a rapporté, un peu avant votre arrivée, que vous aviez été a l'origine de quelques agitations en ville ? Deux de mes hommes à l'infirmerie. Une bien sale histoire...


    Comme je vous l'ai dit, je ne cherche pas les ennuis. Je n'ai fait que répondre à une agression gratuite.


    On m'a également rapporté que vous étiez plutôt vif mon cher ami. Quel est votre nom ? Et d’où venez-vous ? Vous savez quoi Azerios de South Blue ? Vous piquez ma curiosité ! Dites moi tout.


    Azerios. Je suis originaire de South Blue. Je ne suis qu'un charpentier, il n'y a pas grand chose de plus a savoir.


    Et ou avez-vous appris a cogner Azerios de South Blue ? Vous semblez avoir de bien bons réflexes pour un charpentier. Formation militaire ?

    Calvin tira une longue inspiration sur sa cigarette, fixant le jeune homme droit dans les yeux. Une étrange étincelle luisait dans ce regard, une étincelle a faire froid dans le dos. C'était un regard de dément, et en cet instant il était bien difficile de deviner quelles étaient ses intentions, mais le jeune homme resta impassible et lui sourit.

    Disons que j'ai eu droit a mon service militaire. Pour le reste mon père m'a comme qui dirait coaché pendant quelques temps. C'est grâce à lui que j'ai acquis ces... Notions au combat.


    Votre père ? Vous m'en direz tant. On a tous besoin d'une figure paternelle j'imagine, après tout c'est mon père qui m'a légué tout ça. Écoutez, j'aime à penser que croiser votre route ne relève pas du hasard. Je souhaiterais vous soumettre une proposition.


    L'homme fit un geste vers l'entrée de la pièce et un serviteur entra, avec un plateau de rafraichissements. Il leur servit un verre de scotch chacun puis prit congés sans un mot. Souther semblait étonnement surexcité, l'expression de son visage avait profondément changé, c'était un personnage haut en couleur. Il écrasa sa cigarette nerveusement dans un épais cendrier de marbre blanc, puis saisit son verre. Le rookie fit de même histoire de ne pas paraître impoli, sans pour autant avoir envie de le vider. Les deux hommes se regardaient droit dans les yeux, Azerios avait un mauvais pressentiment concernant son hôte. En effet il avait l'intuition qu'à tout moment les choses pouvaient dégénérer et déjà il regrettait d'avoir laissé Djaimily en retrait.


    Vous aimez la lutte Azerios de South Blue ? Quelle question, tout le monde aime la lutte ! Je suis moi même un grand amateur de lutte vous savez, après tout ça fait partit de mon business.
    Il prit une longue gorgée puis poursuivit, ne quittant toujours pas des yeux son invité.
    Voyez-vous, un tournois est prévu sous deux jours et je me suis récemment retrouvé dans l'embarras... Un infâme farceur à jugé amusant de me dérober certains de mes... Loyaux sujets. Parmi eux se trouvaient mes lutteurs dont Smoothie Jack...
    Il prit une nouvelle gorgée avant de continuer son monologue.
    Qui est Smoothie Jack ? Drôle de question mais néanmoins des plus pertinentes. Il s'agissait hélas de mon champion. Aucun Boy ne pouvait égaler Smoothie Jack, non aucun...


    Le jeune pirate ne devinait que trop bien ou Calvin voulait en venir et la tournure des évènements ne l'enchantait guère. Il se racontait des histoires bien sordides concernant les tournois de lutte de la Nouvelle Réa. Les notables de l'île aux esclaves réunissaient des esclaves entrainés sur le tas, dans une arène et les forçaient à se battre jusqu’à ce que mort s'ensuive. Non pas qu'il se sentait concerné par un sujet tel que l'esclavagisme, mais de là à descendre dans une arène pour abattre de pauvres types pour le plaisir de riches et puants esclavagistes il y avait un faussé.
    Toutefois il paraissait difficile de se soustraire à cette situation, Calvin Souther n'était surement pas de ceux qui se voyaient refuser une faveur. Il avait cogné des contremaîtres ce qui constituait un délit en soit, et en fonction de sa réponse, il aurait vite fait de se retrouver enchainé à son tour. Un choix se présentait au jeune rookie, et il allait devoir agir avec jugeote pour s'en tirer.



    Ce Smoothie Jack porté disparu, j'en déduis que vous auriez éventuellement besoin de quelqu'un qui sait cogner...


    Précisément. A moins que vous ayez dans votre manche un Boy expert en lutte, je souhaiterais vous proposer un contrat. Contrat en bonne et due forme cela va sans dire.

    Il claqua des doigts et un autre serviteur entra dans la pièce, cette fois ci avec des papiers, et un stylo a plume argentée. Comme ses prédécesseurs, lui aussi prit rapidement congés une fois les objets remis à son maître. Souther se mit alors a griffonner en fredonnant un air pendant quelques instants, sans doute étaient-ce les termes de du dit contrat. Il allait un peu vite en besogne, mais était malheureusement en position de force. Il lui serait surement aisé de faire arrêter son invité sous prétexte qu'il s'était attaqué a ses hommes et même si ce dernier réussissait à s'en tirer, il aurait certainement la marine aux trousses en plus des contremaitres.

    Soyez mon lutteur vendredi Azerios de South Blue. Je vous propose un contrat, à durée déterminée bien entendu. Descendez dans l'arène pour moi, et si vous êtes le dernier debout mon ami... Alors vous serez généreusement récompensé.


    Cette idée ne plaisait pas spécialement au jeune homme et il s'en serait bien passé, mais il n'était pas en position de refuser. Puis il fallait voir le seul bon côté de la chose, car après tout Souther lui avait précisé qu'il serait grassement rétribué en cas de succès. La raison lui disait d'accepter, et de se faire la malle à la première occasion, seulement Djaymily et lui ne pourraient jamais quitter le récif avec leur embarcation dans un tel état. L'appât du gain était lui aussi bien présent et pesait lourd dans la balance. Le jeune homme bu d'une traite son verre, il s'agissait d'une liqueur, forte, aux arômes de fruit rouge, puis il tendit la main pour s'emparer du contrat et du stylo en hochant la tête. Calvin eut un large sourire en lui tendant le tout, portant son verre à la bouche il afficha alors une étrange grimace moqueuse.

    Mission : [L'île aux esclaves/ Evénement] Unchained Calvin10


    A la bonne heure ! L'affaire est donc entendue. J'ai hâte de voir la tête d'Oswald Growpsou quand il réalisera que malgré mon infortune, son lutteur aura de la concurrence. Je sens que l'on va bien s'amuser cher ami.


    Azerios fut invité a rester, logé dans l'immense propriété de Calvin Souther, dorloté par ses domestiques. Il n'avait pas à se plaindre, même si il n'était pas en accord avec l'esclavagisme, il fallait reconnaître que son hôte avait le sens de l'hospitalité. Il eut une pensée pour Djaymily, espérant qu'elle était toujours au navire, et qu'elle ne s'était pas attiré des ennuis. Plus vite il en aurait finit ici et plus vite il serait libre de s'occuper des réparations pour reprendre la mer.
      Une nouvelle lettre de mon petit frère affecté dans la marine scientifique.
      Une nouvelle lettre de mon petit frère adressée à mon nom uniquement.
      Une nouvelle lettre de mon petit frère qui sera la dernière avant que je ne change.
      Une nouvelle lettre de mon petit frère pleine de reproches et de vérités crues.
      Une nouvelle lettre de mon petit frère que j’aurais préféré ne jamais recevoir.
      Une nouvelle lettre de mon petit frère que je range dans un coin de ma mallette.



      Au loin, l’île apparait. L’île aux esclaves, si verte, « le grenier de West Blue » comme elle est surnommée et connue. Tout comme Poiscaille est réputée pour sa pêche et le marché qui en découle, celle-ci ne devrait pas y faire exception. Tant qu’il y a de la ressource, de la matière première, il y aura toujours possibilité de tirer son épingle du jeu et de faire fructifier ses intérêts. D’une manière ou d’une autre, il y aura toujours des acheteurs voir, encore plus intéressant, des pigeons. La ville, Nouvelle Réa, se dessine. Première impression ? Moche, délabrée, certainement boueuse aux allures de taudis tenant par miracle. Le port et le dock, s’il est possible de les appeler comme cela comparé à celui de Poiscaille, est ridicule. Petit à petit, les silhouettes grandissent, s’animent et s’agitent dans un tumulte incessant. Le brouhaha des uns couvre celui des autres. Les passants se bousculent, s’emmêlent et disparaissent dans une danse plaisante. Le sourire au coin des lèvres, je reconnais les cris et les appels, le son des cloches et les paquets qui s’échangent. Le navire accoste, une odeur d’alcool, de sueur et d’algues imprègnent mes narines… une nouvelle criée s’offre à moi.


      Un bar, miteux, pauvre d’esprit dans son décor. Les verres collent aux tables comme les mouches aux fenêtres. L’ambiance y est lourde de fumée, mêlée aux vapeurs d’alcools et rires gras. L’assemblée semble s’être donnée le mot. L’uniforme sociable en place, j’ai l’impression de dénoter dans mes habits de tous les jours. Les costumes se mélangent aux bleus de travail et tâches de sueurs dans le dos. J’ai envie de prendre l’air, m’aérer les poumons, m’aérer l’esprit de cette atmosphère suffocante. Hagard, accoudé au comptoir du bar, un éclat de voix attire mon attention. Un éclat, non. Un silence dans la gamme des discutions. Une altération de ton, une descente dans les octaves des voix. L’harmonie générale brisée m’intrigue, titille mon sens des affaires. Les renversements de mélodies s’effectuent dans les silences… Je change d’échelle et d’acoustique, délaisse le comptoir pour déambuler, doucement, vers les toilettes…

      ??? : … c’est l’occasion de se faire de l’argent.
      ??? : Déconne pas Arthur, tes plans foireux j’les connais.
      Arthur :  Je te le jure, ce n’est pas des conneries. Le vieux Souther a engagé un pro’. Il a maîtrisé plusieurs de mes gars sans soucis : Derrick, Jones et Michel.
      ??? : Et t’es sûr qu’il va combattre ?
      Arthur :  Sûr et certain, j’étais là quand le vieux a conclu l’accord.
      ??? : Il s’appelle comment le nouveau poulain du vieux Souther ?
      Arthur : Asereja… Azereje… Azero… Aze… Azerios, ouais c’est ça, Azerios… Mon avis qu’il ne s’agit surement pas de son véritable nom…
      * Discuter d’un coup juteux au milieu d’autant de monde… Bande d’amateurs.*


      Le lendemain matin, la même île, la même ville, au détour d’une ruelle :

      ??? : Souther ? Tout le monde le connait pourquoi ? T’es pas du coin toi.
      William : En effet. Je dois le rencontrer mais ignore où il habite. Pourriez-vous m’indiquer le chemin s’il vous plaît?
      ??? : Mouais, alors tu prends cette rue et tu continues tout droit. Tu suis les champs de coton et tu tomberas sur une intersection avec une énorme pierre. Là à droite et ensuite, toujours tout droit.
      William : Et, que pouvez-vous me dire sur ce Monsieur Souther ?
      ??? : Sur Calvin ?
      William : Calvin ? Laissez-moi supposer qu’il s’agisse de son prénom.
      ??? : Exact. Calvin Souther, fils de John Souther et petit-fils de Daniel Souther, propriétaires et marchands d’esclaves de pères en fils depuis plusieurs générations. De ce que je sais, la famille est aussi vieille que la ville elle-même.

      *Tu veux pas non plus m’dessiner son arbre généalogique pendant qu’on y est ? P’tain mais c’est quoi cette ville d’bouseux ?*

      William : Intéressant, un homme important des environs je présume ?
      ??? : Tout à fait. Un type honnête, intraitable en affaires et envers ses biens.  
      William : Merci bien. En vous souhaitant une bonne journée
      ??? : De même étranger.

      L’homme soulève son chapeau. J’hoche la tête pour lui rendre la pareille et me dirige vers le domaine indiqué.

      *C’est pas trop tôt. Au moins j’ai mes infos…*


      Quelques heures plus tard, sous un soleil de plomb :

      La pierre dépassée, je laisse mes pieds m’entrainer. Les yeux vaguant sur le paysage, je continue à élaborer mon plan. J’imagine les mots, les tournures de phrases, les possibles réponses et feintes. L’art de la langue est aussi complexe que celle des poings. Les parades, les feintes, les contres ne sont qu’une simple valse des mots pour arriver à la touche finale. Il faut se mettre à la place de son interlocuteur. Comprendre sa mécanique. L’allécher. Lui titiller l’égo dans le sens du poil. Et, si possible, à faire germer notre idée, sans l’imposer, comme étant la sienne. A partir de là, plus besoin de forcer par la contrainte ou d’intimider par la menace, il suffit de tendre les bras et récolter la moisson.

      Un bruit de sabots me sort de mes pensées. Plusieurs hommes se dirigent dans ma direction. Je reconnais le Arthur langue-pendue du bar. Et, tandis que la masse informe d’hennissements se précipite à ma rencontre, j’époussette mon veston.


      *Mon p’tit William, c’est l’moment où jamais… A vos marques, prêt ?, Action ! *

      Arthur :  Qui êtes-v..
      William : Aah ! Bonjour messieurs. Puis-je vous demander une faveur ? Celle de me conduire à votre patron, monsieur Souther. Il fait une chaleur à mourir !
      Arthur : Que… Qui êtes-vous et que voulez-vous à Monsieur Souther ?!... Ne m’obligez pas à répéter !
      William : Excusez-moi, le soleil me fait manquer à mes obligations. Je me présente Monsieur White. Je suis ici pour affaires. Dis-je en m’inclinant légèrement.
      Arthur : Quels genres ces affaires ?
      William : Mon bon ami… Je ne serais pas un bon commerçant si je racontais mes affaires à tout le monde, non ?
      Arthur :
      William : La concurrence ne se trouve qu’à quelques milles. Vous ne voudriez pas faire manquer une belle occasion à votre patron, n’est-ce pas ?
      Arthur : … Montez, nous irons plus vite monsieur…
      William : White, William White.


      Les sabots soulèvent un nuage de poussières sur notre passage. Des hommes et des femmes soulèvent leur tête et tournent leur regard à notre arrivée. Après un temps de galop, une vaste demeure aux pierres blanches se découpe au fond d’une allée bordée d’arbres. Les équidés laissés à l’entrée, la porte en bois massif s’ouvre sur un vestibule de marbre. Un lustre aux milles reflets découpe la lumière passant par les larges fenêtres.

      *P’tain, c’est cossu ici. Ca ? 150.000B, Ce meuble… Humm, facilement le double. Pfiouuu, j’avais pas vu ça. Si j’étais voleur, je sais ce que j’prendrais. *

      Mon guide m’invite à le suivre ce que j’accepte par un grand sourire et me laisse entrainer jusqu’en haut d’un escalier de bois blanc. Il toque, un silence, il réitère la manœuvre, une voix l’invite à entrer, il s’exécute tandis que j’emboite son pas.
      Coup d’œil rapide, même luxe, un homme d’à peu près mon âge est assis dans fauteuil en velours bleu roi, un autre, plus vieux, est dans un divan de même acabit, un cigare à la main.


      *C’est lui… Bon… Tu flanches pas, tu gardes la même attitude sûre de toi.  *

      Arthur : Désolé de vous déranger Monsieur Souther, cet homme voudrait…
      *Mais ferme là toi ! *

      William : Merci Arthur, je vais me présenter. Dis-je tout en le dépassant et m’avançant vers le maître de maison auquel je tends une main ferme.
      Arthur : Co-Comment connaissez-vous mon…
      *T’es jamais arrivé aussi loin… On lâche pas*
      William : White, William White, homme d’affaire désireux de réussir comme vous l’avez fait. Sa main attrape la mienne et la serre. Leger duel. As-tu mal ? Est-ce que je le distingue dans tes yeux ? Aux commissure des lèvres ? Dans les deux cas rien, excepté un sourire placide rompu aux jeux des impressions.
      Souther : Bien, laissez-nous.
      Arthur : D’a- Bien entendu monsieur.
      William : Monsieur Souther, si je peux me permettre, ma proposition concerne votre invité ici présent. A son style vestimentaire, j’ose affirmer qu’il ne s’agit pas d’un esclave. De plus, il ne semble pas originaire de votre charmante île. Si mes sources sont exactes, je peux oser affirmer que vous vous appelez Azerios, n’est-ce pas ?
      *Et un point pour William White*

      Un Arthur bouche bée et déconcerté referme la porte, nous laissant tous les trois seuls dans la pièce chargée de décorations.

      Souther : Mr White, je peux vous appeler William ? J’acquiesce de la tête. Tout d’abord, comment connaissez-vous les prénoms de mon homme de main et de mon invité ? Ensuite, quel bon vent vous amène ? Mon temps est précieux, j’espère pour vous que vous ne me le faîtes pas perdre...
      William : Monsieur Souther, Calvin, un homme d’affaire doit connaître les personnes qu’il rencontre… Avoir des sources sûres en d’autres termes. Un mauvais renseignement et une bonne affaire se transforme en pertes sèches.
      On m’a dit le plus grand bien de vous ainsi que de votre honnêteté en affaires… Je viens donc avec une proposition osée qui devrait attiser votre curiosité.

      Souther : Alors osez.

      *T’presses pas. T’as l’temps, l’assistance est pour toi. Raclement d’gorge tranquille, tcheck. On pose la mallette doucement, tcheck. On regarde l’ensemble de la pièce tranquillement, tcheck. Les yeux dans les yeux et la voix n’doit pas trembler…*

      William : Mon idée est simple. Notre ami, ici présent, est d’une constitution robuste et sait utiliser ses poings. Mon petit doigt m’a dit qu’il avait déjà fait ses preuves. Le combat prochain sera source, si je ne m’abuse encore une fois, de paris. Je vous propose donc, par ma présence, de faire courir une rumeur. Une rumeur simple mais néanmoins efficace : celle d’un combat truqué. Truqué dans le sens où votre combattant se couchera au troisième round.
      Tout le monde misera en sa défaveur, la côte augmentant, vos bénéfices aussi.
      Calvin, avant que vous ne me répondiez, laissez-moi vous présenter la seconde partie du projet.
      Tandis que tout le monde pense miser sur le bon cheval – pardonnez-moi le vocabulaire utilisé Monsieur Azerios – je pourrais, à l’aide de mots et billets, que je n’ai pas, d’où ma présence ici, réussir à corrompre l’adversaire pour que ce soit justement lui, à l’insu de tous, vous me suivez, qui se couchera au troisième round…



      Les avantages pour vous ? Une rentabilité plus forte. Une perte de confiance du public envers votre opposant – bon pour le long terme – et, si on vous accuse, une totale absence de preuves envers vous. Après tout, je ne suis qu'un étranger. Pourquoi feriez-vous affaires avec nous ?


      *L’moment crucial, te loupes pas.*

      Mes avantages ? Cela serait mensonge de les cacher et une forme… d’insulte. Oui, une insulte à votre intelligence des affaires. Il suffit de vous regarder, et autour de nous, pour le comprendre.
      Mes avantages sont simples, ou plutôt, devrai-je dire, mon avantage : une part des bénéfices. De plus, je m’engage à vous rembourser la somme avancée au truchement du combat si vous souhaitez faire affaire…

      Alors, Monsieur Souther, excusez-moi, Calvin, que pensez-vous de ce projet commun ?
      ...


      *Tranquille. On reste droit, serein, le sourire aux lèvres… P’tain faut qu’il morde… Aller… mords à l’hameçon mon vieux… Aller !*
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      La première nuit passé au sein de cette immense propriété fut douce et paisible. Après un somptueux diner, le jeune homme avait été conduit dans une immense suite ou il séjournerait jusqu'au combat. Il fut réveillé par les rayons du soleil qui brulaient lentement son visage, la matinée devait déjà être avancée. Voilà des semaines qu'il n'avait pas eu droit à une vraie bonne nuit de sommeil, dans un lit confortable, quel bonheur. Il s'empressa de se lever, fit un brin de toilette et tomba nez à nez avec un domestique en sortant de sa chambre, un jeune homme maigrelet.


      Bien le bonjour Monsieur. Que puis-je faire pour vous ?

      Le pirate surpris, ne répondit pas tout de suite, se contentant de le regarder. Il faut dire que ce n'était pas dans ses habitudes de séjourner dans un établissement offrant tant de confort et de services.

      Bien aimable de proposer, mais je n'ai besoin de rien... Je vous remercie.

      Après un sourire gêné, il s'avança dans le long couloir, bien décidé à retrouver Souther. Ils avaient discuté de bien des choses la veille au soir, bercés par les innombrables verres de liqueur consommée. Outch, la liqueur avait laissé sa marque et le jeune homme ressentait une vive douleur au creux même de son crane. Sans doute le désagrément lui passera se dit-il. Outre l'étalage généalogique de sa noble lignée, son hôte lui avait longuement parlé de ses lutteurs, notamment de son regretté disparu champion Smoothie Jack. Mais il n'était cependant pas plus avancé concernant le tournois, ignorant de quoi il s'agirait. Il arriva rapidement au niveau du bureau ou ils avaient conversé la veille au soir, et voyant que la porte était grande ouverte, il entra.

      Calvin Souther était assit, sur un divan à la teinte bleue roi, fumant un cigare. Ce dernier lui adressa alors un large sourire, presque charmeur et l'invita à le rejoindre, ce qu'il fit. S'asseyant sur un fauteuil dans les mêmes tons de couleur que le divan, Azerios se vit proposer un rafraichissement, il demanda simplement un café salé au domestique présent dans un coin de la pièce, qui sortit à pas de velours.



      Salutations matinales mon cher ami. La nuit à été bonne ? Quelle question, la réponse est évidente ! Dormir dans une soie d'une telle qualité... Vous sentez-vous d'attaque ?

      Bonjour Calvin, je vous remercie à nouveau pour votre hospitalité. Je me sens d'attaque oui, d'ailleurs à ce propos...

      Il s'interrompit, le domestique était revenu, posa une tasse en porcelaine sur une petite table et lui servit un long café. Saisissant une salière, il en déversa son contenu dans la boisson fumante jusqu’à ce que le rookie lui dise d'arrêter. Le domestique inclina la tête et disparu en refermant la porte derrière lui. Le jeune homme prit une bonne gorgée de l'immonde concoction et reprit alors.

      Vous m'avez expliqué ce qui avait fait la richesse de votre noble famille, et j'avoue être intrigué par ces tournois... Vous disiez hier qu'ils étaient fréquents, en quoi consistent ils réellement ?

      Vous êtes curieux hein ? C'est tout naturel ! Je comprends votre engouement, et soyez assuré que vous ne trouverez pas meilleurs lutteurs que les nôtres sur tout West Blue. Il s'agit de tournois mensuels, chaque exploitant est représenté par un cogneur.

      Je vois. Une fois dans l'arène, j'imagine que chacun doit défendre son steak ?

      C'est assurément cela ! Rien de plus simple, c'est au dernier debout que reviendra la gloire. Vous auriez du voir cette incroyable lueur dans les yeux de Smoothie Jack, l'émotion de rendre fier son bon maître...


      Souther prit une intense bouchée de fumée, il regardait par la fenêtre au dessus de l’épaule du rookie, semblant soudain perdu dans ses pensées. L'émotion de rendre fier son "bon maître" ? Le pauvre homme n'avait surtout pas d'autres choix et était certainement forcé à se battre pour son salut. Ainsi donc, il s'agissait d'une mêlée générale. Quelqu'un toqua alors à la porte une première fois, captant l'attention du penseur qui tourna la tête vers la porte sans dire un mot. On toqua une seconde fois, et il invita donc le(s) visiteur(s) à entrer. L'ingrate silhouette d'Arthur était accompagné d'un jeune homme, une chevelure blonde, d'âge proche de celui d'Azerios. Le serviteur commença à se confondre en excuse mais fut rapidement interrompu par le nouvel arrivant. Il se présenta, William White, un homme désireux de réussir comme Calvin. Belle entrée en matière, rester concis tout en flattant son égo.

      *Habile...*

      Et il n'en fallait pas plus pour capter l'attention de Souther, qui congédia Arthur d'un geste, tout en fixant le nouvel arrivant, les yeux pétillants. L'homme avait un plan en rapport avec le tournois à venir, qu'il détailla alors devant un auditoire silencieux et captivé. Faire en sorte de truquer le combat de manière subtile, en corrompant le favoris pour qu'il se couche, et coupler le tout avec une rumeur qui leur permettrait d'augmenter la cote du poulain de Souther. Tout ceci pourrait effectivement augmenter de façon considérablement les éventuels gains empochés. Calvin fixait l'homme de son regard perçant, dans un silence froid, continuant à fumer son cigare. Au terme de quelques secondes d'un silence gêné, l'expression de son visage finit par faire miroir à celle de William et il répondit avec son habituel ton charmant.


      Monsieur White, William. Vous permettez que je vous appelle William naturellement ? Je vois en votre proposition une certaine opportunité. Le favoris est un sacré morceau de viande. Il appartient à Oswald Growpsou un notable de l'île... Il est dans les épices figurez-vous... Je n’apprécie guère cet homme du reste...


      Calvin semblait légèrement hésitant, et c'était bien la première fois que le jeune homme pouvait déceler une pointe de doute émanant de lui. La proposition de William était pourtant tout ce qu'il y a de plus honnête, augmenter les rendements sans prendre aucun risque en cas de découverte du stratagème. De plus le combat, truqué, tournerait facilement à l'avantage du rookie qui n'aurait sans doute pas à se donner beaucoup de mal. Il ne fallait surtout pas laisser passer telle occasion.


      Si je peux me permettre, Monsieur Souther, je suis assez réceptif à la proposition de notre ami ici présent. Comment refuser d'augmenter les profits tout en se payant le luxe de ne pas être inquiété ?

      Calvin prit une autre bouffée de fumée, se leva et fit quelques pas en direction de la fenêtre regardant à l’extérieur en silence. Il finit par se tourner et fixa de nouveau William en expirant la fumée avec un sourire.

      Vous savez quoi William ? J’apprécie votre manière d'amener les choses. Non pas que je n'ai pas pleinement confiance en vos compétences Azerios, mais les chances de succès s'en verraient nettement augmentées.

      Oh je ne le prends pas personnellement, après tout je vous ai dit que j'étais d'attaque...

      Cela va sans dire !

      Dans un rire nerveux, il se rassit dans le divan et invita William à se joindre à eux, le regard dément.

      Hé bien étrangers, vous avez tous deux eu ma curiosité, desormais sachez que vous avez mon attention. Alfredo ! Sers-donc à notre Blondin marchand ce qu'il lui plaira ! Et soyez vous aussi mon invité d'ailleurs, j'insiste.


      Le deal était vraisemblablement passé, Calvin Souther ne dirait jamais non à une proposition susceptible de l'enrichir, la recherche du profit était inscrite dans ses gênes depuis des générations. Le marchand avait mené sa barque avec brio, endormant son interlocuteur avec l'aide de la flatterie, mais surtout dans la proposition d'un plan minutieusement réfléchi, qui leur permettrait à tous les trois de s'en mettre plein les poches.

        Souther : Monsieur White, William. Vous permettez que je vous appelle William naturellement ? Je vois en votre proposition une certaine opportunité. Le favoris est un sacré morceau de viande. Il appartient à Oswald Growpsou un notable de l'île... Il est dans les épices figurez-vous... Je n’apprécie guère cet homme du reste...
        *Ça je m’en serais douté. Aller hoche la tête comme si tu comprenais la situation*
        Azerios : Si je peux me permettre, Monsieur Souther, je suis assez réceptif à la proposition de notre ami ici présent. Comment refuser d'augmenter les profits tout en se payant le luxe de ne pas être inquiété ?
        William : Je vois que vos muscles ne sont pas votre seul atout. Vous avez parfaitement cerné le tableau.
        *Je sais que t’es intéressé vieil escroc. Aboule ta décision.*
        Souther : Vous savez quoi William ? J’apprécie votre manière d'amener les choses. Non pas que je n'ai pas pleinement confiance en vos compétences Azerios, mais les chances de succès s'en verraient nettement augmentées.
        William : Chances de succès et de profits !
        Azerios : Oh je ne le prends pas personnellement, après tout je vous ai dit que j'étais d'attaque...
        Souther : Cela va sans dire !
        Souther : Hé bien étrangers, vous avez tous deux eu ma curiosité, désormais sachez que vous avez mon attention. Alfredo ! Sers-donc à notre Blondin marchand ce qu'il lui plaira ! Et soyez-vous aussi mon invité d'ailleurs, j'insiste.
        William : Calvin, vous m’envoyez aux anges. Un simple whisky ne serait pas de refus. Dis-je tout en me levant. J’accepte votre invitation avec honneur et vous remercie.Tout en lui serrant la main. Azerios, notre entreprise repose grandement sur vos talents de pugilat. Permettez-moi de lever mon verre et trinquer avec vous à notre bonne fortune.


        Calvin occupa la matinée en discutions sans grands intérêts sur le monde civilisé jusqu’aux droits, des biens et hommes, associés tout en passant par les loisirs et anecdotes de tout un chacun. Autant vous dire que ce fut long, agaçant et fatiguant de maintenir ce sourire des bonnes apparences. Suite à un déjeuné des plus somptueux, mets de choix, viandes d’exceptions et vin de qualité, nous partîmes en vadrouille digestive sur ces terres. Là, il prit plaisir à raconter nombreuses histoires familiale. J’écoutais d’une oreille semi-attentive bercé par la chaleur et les chants provenant des cultures proches.


        Le soleil se couche à travers les volets de la chambre dans laquelle un Alfredo maigrelet m’a conduit plus tôt. C’est une belle suite décorée sans superflue comparé au reste de la demeure. J’ajuste ma tenue, me refroque comme il faut pour être tout à fait présentable. Pour finir, je récupère la liasse de 20.000B, avancée par Calvin, et récupère ma mallette poussée plus tôt sous le lit (vieille habitude). Notre homme doit bientôt avoir fini sa journée de « travail », il est donc grand temps de se mettre en route.
        Sortant de la chambre, je tourne à droite et longe le couloir pour enfin arriver au hall principal. Un majordome noir endimanché me propose son aide. La proposition déclinée avec politesse, je me retrouve à l’extérieur. La fin du jour dépose sur l’île une fraicheur appréciable.


        William : Tiens ! Monsieur Azerios. J’allais justement me rendre auprès de la propriété de notre cher Oswald Growpsou. Souhaitez-vous m’accompagner pour avoir un aperçu de l’homme à abattre ? Un large sourire imprime mon visage.


        William : Azerios, Que pensez-vous de notre ami Souther ?
        Azerios : J’en sais trop rien. Sacré personnage… Il m’a l’air prêt à tout pour s’enrichir, mais ça vous avez dû le sentir vous aussi.
        William : Comme tout riche propriétaire, j’imagine. Si je peux me permettre, d’où venez-vous et que faîtes-vous donc sur cette petite île ?
        Azerios :  South Blue, je suis originaire de South Blue. Il se trouve que moi aussi je suis à la recherche du profit… Par contre si je suis sûr cette île c’est bien malgré moi. On a échoué ici suite à une tempête. Je peux te retourner la question.
        William : La recherche du profit et bastonneur… Vous m’avez tout l’air de… Bon, jouons franc-jeu. Je n'ai pas l'habitude de tenir ce rôle aussi longtemps, ça m'fatigue... J’suis d’Poiscaille, une île de West Blue, pas loin d’ici. Enchanté, véritablement cette  fois-ci. J’veux me faire de la thune, toi aussi, j’espère que t’iras rien balancé à Calvin.
        Azerios : Trêve de futilité, tu as raison. On recherche la même chose, sois tranquille je me fiche de Calvin, j’ai été au mauvais endroit au mauvais moment… Si il y a moyen de se faire un peu de thune j’en suis.
        William : Ta mentalité me plaît. La suite est simple, il accepte l’argent pour se coucher sinon, on le menace de mort… Attends, comment ça « on a échoué » ?
        Azerios : Rien de plus simple effectivement. Je ne voyage pas seul. Djaymily est comme qui dirait… Mon ange gardien. Elle est sur la côte à surveiller le navire.
        William : Cet… Ange gardien… Peut être un atout de taille. Tiens, on arrive chez notre ami. Tu suis le lead, tu fais les gros bras et tout devrait bien se passer. En scène !


        La maison, le taudis, disons plutôt les quelques planches faisant office d’abri se découpe à la bordure d’un champ. Quelques autres habitations, si l’on peut dire, parsème le paysage à quelques pas de celle visée.

        TOC TOC TOC – la porte s’entrouvre :
        ??? :  C’pourquoi ?
        William : Bien le bonsoir. Est-ce bien la demeure de Mr.Connor ?
        ??? : Na’, c’côté lo
        William : Merci bien, désolé du dérangement.

        TOC TOC TOC
        William : Mr. Connor, nous avons à vous parler ! Vos intérêts en seraient grandement récompensés vous savez…
        Mr.Connor : Quoi ?! Qu’est-ce qu’vous m’voulez ?
        William : Pouvez-vous nous laisser entrer mon ami et moi ? Ce que j’ai à vous dire…Je baisse d’un ton … Feriez mieux de rester entre nous.

        L’homme nous laisse entrer. L’intérieur, aussi vétuste que l’extérieur, est triste à observer. L’ensemble est une immense pièce coupée en deux par un simple rideau. Les meubles, qu’on compte sur les doigts d’une main, sont  dans un état déplorable. Les portes ne tiennent qu’à une écharde, le bois, rongé par le temps et l’humidité, imprègne la pièce de son odeur.
        Seule pointe de joie dans cet océan de misère : une simple photo, le cadre est abimé autant que le verre est fêlé. On y devine, les yeux plissés, notre pauvre bougre ainsi qu’une femme, ni belle ni moche, simple, cheveux raides, et une silhouette enfantine brisée par les fragments de verres.


        William : Bien belle famille que vous avez là. Le mastodonte me jette un regard noir. Sur la défensive et pourtant près à attaquer, reflexe inné ou habitude ancrée ? Il jette un regard à Azerios. Une chance qu’il soit là.
        Mr.Connor : J’t’écoute.
        William : Mr.Connor. Je ne me présenterai pas. Mon nom n’a que peu d’importance. Mon ami, ici présent, sera votre adversaire lors du prochain tournoi. Non, ne dîtes rien et écoutez. Je me penche et ouvre la sacoche pour en ressortir l’argent que je pose sur la table. Je vais être franc. Voici 10.000 Berrys, de quoi vous mettre à l’abri pendant un moment. Je ne suis pas magicien et pourtant… Pourtant je peux décupler cette somme…  Ça veut dire que je peux la multiplier par 10 Mr. Connor, pour un montant total de 100.000 Berrys. De quoi vous acheter de nombreuses choses ou… Je laisse planer un ange afin de capter son envie, son attention étant déjà acquise. OU ! Plusieurs billets pour partir d’ici. Il parait que l’Archipel Vert vous accueillerez à bras ouverts.
        Mr.Connor : Et… Qu’est c’que j’dois faire ? C’pas gratuit j’magine…
        William : Ce que vous devez faire ? C’est très simple Mr. Connor. Très simple croyez-moi. Pour empocher cette somme, vous devez vous coucher lors du prochain tournoi. Il se renfrogne, je pose une voix glaciale. Couchez-vous ou nous vous retrouverons pour vous faire disparaître. Vous… Vous eet… Je tourne la tête vers la photo…


        Dernière édition par William White le Mar 20 Avr 2021 - 14:55, édité 5 fois
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        On ne pouvait pas être plus clair, William avait été tout ce qu'il y a de plus cash dans sa proposition. Cette menace à peine déguisée avait eu pour effet d’énerver notre bonhomme qui fronça les sourcils. Il lança un regard en direction de la photo de famille, et le rookie de South Blue fit de même, il avait en horreur ce genre de situation, mais il allait devoir jouer son rôle de "méchant flic".


        Jolie petite famille Monsieur Connor. Et comment s'appelle votre femme ?

        S..Sarah... V'zetes en train d'menacer ma famille là ?!


        Il frappa de ses deux énormes mains sur la table et d'un bond, il se leva, craignant de toute évidence pour ses gens. William ne broncha pas, mais Azerios se leva du même aplomb et s'interposa entre la brute et le marchand. Ce Connor était massif, surement faisait il au moins le double de son poids. En combat à mort dans l'arène, difficile de dire qui aurait l'avantage, surtout si la chose se faisait à mains nues, il semblait rompu à l'exercice. Une véritable aubaine que ce William White soit arrivé avec un plan qui lui permettrait peut être de ne pas avoir à affronter ce colosse. Le pirate avait posé sa main sur le manche de son Shunkashuto, il n'avait aucune envie d'en faire usage ici et maintenant, mais si la situation venait à dégénérer, il n'aurait pas vraiment d'autre choix. L'homme ne lâchait pas le négociant du regard, et à tout moment il semblait disposé à bondir sur la petite table de bois pour tenter de le tuer.


        Ce n'est pas une menace. Nous voulions vous faire une proposition intéressante. Vous voudriez vous battre à mort et risquer d'y laisser la vie ? Et au nom de quoi ? De ces enfoirés d'esclavagistes ?

        Theu ! Dans l'arène j'te mets en bouillie ! Msieur Growpsou s'ra fier de moi ça pour sur !

        Écoutez monsieur Connor, je vais être clair. Peut être que je vous tuerai dans l'arène... Peut être que vous me mettrez en bouillie... Je n'en sais rien. Ce que je sais, par contre, c'est que j'aurai quelqu'un posté dans l'assistance, prêt à vous faire sauter la cervelle à mon signal.

        Que... D'la triche ?!

        Oh elle n’hésitera pas. Je n'aurai qu'un signal à donner, et le contenu de votre grande caboche sera étalé dans la poussière en un instant. Qu'adviendra-t-il de Sarah ? Qu'adviendra-t-il de votre enfant ?

        VOUS MENACEZ MA FAMILLE !


        Le colosse attrapa alors Azerios par le col, dans un geste hésitant. Surement était il partagé entre la peur, voire la colère à l'idée qu'il arrive quelque chose à sa famille et le fait de toucher un homme libre, qui serait sans doute puni de mort. Le pirate ne dégaina pas, gardant son calme, il se contenta de le regarder dans les yeux et de soupirer, avant de poursuivre d'une voix calme.


        C'est la première option. La seconde option, comme mon associé ici présent vous l'a présentée, vous permettra d'empocher une coquette somme. Pensez à ce que vous pourrez faire avec cet argent... Est-ce que ce ne serait pas préférable, au lieu de vous battre, et de souffrir pour le plaisir de votre maître ?


        Le doute semblait germer dans son esprit, il eut un moment de réflexion et finit par lâcher le col de son interlocuteur. Ce dernier soulagé, lâcha lentement le manche de son sabre et fit quelques pas en direction du petit cadre. Il s'en saisit et après avoir regardé la photo un court instant, un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de cinq ans se trouvait entre ses parents, tous trois souriaient gaiement. Comment pouvait on sourire dans une telle vie, c'était vraiment un mystère. Il reposa soigneusement le cadre et revint aux  côtés de son acolyte. L'esclave avait tout à y gagner, il ne souffrirait pas, et si il se montrait suffisamment malin, pourrait peut être s’échapper de cette maudite île avec sa petite famille. Il s'assit alors à son tour et acquiesça d'un hochement de tête timide.


        Je.. C'est d'accord.

        C'est la bonne décision Monsieur Connor. Sarah et le petit ont besoin de vous. On se voit demain dans ce cas Les deux hommes se levèrent, saluèrent poliment et sortirent lentement du taudis, Azerios jeta un dernier regard au lutteur. Votre famille à besoin de vous.


        Les deux hommes s'éloignèrent en silence, marchant le long d'immenses champs pleins de travailleurs, au rythme des chants de ces pauvres damnés.

        Une chance que ce Connor n'ait pas attaqué, le tuer ici et maintenant leur aurait très certainement attiré bien des ennuis. Après quelques minutes de marche, le jeune homme s'arrêta net, il fallait aller prévenir Djaymily, dans le cas ou le lutteur de Monsieur Growpsou changerait d'avis, sa présence et son intervention seraient surement requises. L'issue d'une mêlée générale avec de tels golgoths était plus qu'incertaine, il fallait donc mettre un maximum de chance de son côté pour son salut.



        Je crois qu'on s'en est pas trop mal tiré. C'est ici que nos chemins se séparent, je vais aller prévenir Djaymily, si la situation dégénère et qu'on doit prendre la tangente, elle nous sera indispensable.


        J'suis du même avis oui. J'imagine qu'on se voit plus tard ?

        Je serai chez Souther d'ici deux bonnes heures oui. A plus tard William.

        A plus tard Azerios.


        Les deux hommes se séparèrent, le récif n'était qu'a quelques kilomètres d'ici. Il avait hâte de voir la tête de Djaymily quand il lui raconterait toute l'histoire. Encore et toujours cette étrange faculté à s'attirer les ennuis, le jeune homme s'éloigna, un sourire amusé aux lèvres.
          Tandis que la nuit avance, je regarde Azerios s’en aller de son côté. Son dos s’éloigne, pas après pas, sur un simple chemin de poussière et graviers. Instinctivement, je note la direction prise par mon acolyte dans un coin de ma mémoire. Si la situation venait à dégénérer, je saurais où me diriger. Cette pensée me fait frissonner et je la chasse de ma mémoire tout en tournant les talons. La première partie du plan dessine un avant-goût prometteur des bénéfices à venir, ne noircissons pas le tableau par de mauvaises pensées.

          J’avance à grands pas vers le port. Le vent souffle et ondule sur les champs autour de moi. Le étoiles poinçonnent le ciel sombre de leur vie tandis que la lune se déshabille derrière un nuage. Si je n’étais pas plongé dans mes réflexions, je pourrais me laisser bercé par cette atmosphère douce et profiter. Je pourrais me croire coincé entre deux océans ; l’un vert tendant ses palmes pour m’effleurer tandis que l’autre, d’un noir de jais, ne souhaitant que s’éloigner de moi. Cette peinture, offerte à mes yeux, m’ait invisible tandis que je songe à mes futures actions.    

          Les rumeurs… Vaste sujet. Je me remémore un article lu à Ohara. Comment se propagent-elles ? Comment surgissent-elles et fonctionnent-elles ? Certains détails de la chronique m’échappent, le résultat d’expériences mis en place, les causes et effets amenant les justifications mais, l’essentiel dont je vais avoir besoin est là.


          *Petit  1 - Son origine reste inconnue. Petite 2– Elles jouent sur l’affecte (peur, angoisses, envies,...). Petit 3 - … Petit 3… Merde Will’, rappelle-toi… Petit 3 – Les rumeurs… Non… Ca y est ! Petit 3 -  La confidence ! Un faux sentiment d’être le destinataire préférence de cette information, devenir membre d’un groupe connaissant « la vérité ». Et enfin, petit 4 – … Ah ! Bah merde, j’l’ai oublié celui-là. Tant pis, ça suffira amplement.*

          William : Si je résume, il me faut : Estimais-je à mi-voix et comptant sur mes doigts :
          1 – Une origine floue, donc, au moins, deux points de départ de feu.
          2 – Jouer sur l’envie du gain en ajoutant multitudes de détails.
          3 – Poser la carte de la confidence.
          Eh bien, comme on dit, à la bataille Poiscaille !



          Toc-Toc-Toc

          Toc-Toc-Toc

          William : Aller putain…
          ...
          BOM-BOM-BOM


          La visière s’entrouvre légèrement. La pénombre de la rue ne me laisse entrevoir qu’une paire d’yeux furibond et un nez crochu.

          ??? : Qu’est-ce qu’t’as ? C’fermé.

          Je regarde des deux côtés de la sombre ruelle et me rapproche d’un pas. Je peux presque sentir son haleine de début de sommeil et mauvais lavages de dents. Je lui susurre :

          William : E..Ecoutez, je dois faire un pari à tout prix.
          ??? : Qu’est-ce qu’t’as pas compris ? C’fermé j’t’ai dit lo !
          William : E..Ecoutez, j’viens d’entendre une conversation que je n’aurais pas dû sur le combat prochain. Il faut qu’je fasse mon paris ce soir. Ab-so-lu-ment.
          ??? : C’peut pas attendre d’main ?
          William : Laissez-moi entrer et j’vous dirais ce que j’sais.


          L’homme semble réfléchir quelques secondes puis se décide. La lorgnette se referme sèchement dans un bruit de loquet rouillé. La porte entrouverte, l’homme m’invite à entrer d’un geste rapide de la main. Les murs sont miteux et la moquette au sol d’un vert délavé et sale. J’avance. Le fin couloir se termine sur une salle de bonne proportion. Quelques tables, surplombées par de petites lampes, sont alignées à distance régulière jusqu’à un tableau d’école recouvrant tout le mur du fond. Sur ce dernier, des noms, des lieux (certainement), avec des dates et des sommes. Il est aussi possible d’y deviner des côtes de jeu. Absorbé par mes observations, j’en ai presque oublié mon interlocuteur qui, la seconde d’après, me colle contre l’architecture, une lame sous la gorge.

          ??? : Qu’est-c’qu’tu veux à c’t’heure-là et t’es qui ?
          William : J-j-j-je m’ap-appelle Blake, Jack Blake. E-e-et comme je vous ai dit, je suis là pour un pari.
          ??? : D’où t’viens ?
          William : Des champs… Si vous pouviez enlever…
          ??? : J’dis d’où t’viens ?!!
          William : … South Blue ! South Blue !
          ??? : T’fais quoi par chez nous ? On aime pas trop les types dans t’genre par chez nous…
          William : Je- Oh mon dieu- Je ne faisais que passer quand j’ai entendu que le paris prochain était truqué ! S’il vous plait, me tuez pas !
          ??? : Qu’est-ce qu’tu racontes comme bobinetterie lo. L’match truqué ? Quel match ?
          William : Entre Souther et Growpsou. L’étranger. J’l’ai entendu parler avec un ami à lui. Il doit s’coucher au troisième round… Oh mon dieu, j’espère qu’ils ne m’ont pas vu.


          L’homme relâche son étreinte, recule de quelques pas et juge.

          William : J’ai 10.000 Berrys dans ma sacoche ! Re-regardez.
          ??? : Et pourquoi tu m’dis tout ça là ?
          William : Vous- vous aviez un couteau sous ma gorge… Je paris, je récupère mon fric et j’me tire d’ici ! J’retourne sur South Blue illico.
          ??? : …
          William : J’vous en supplie… J’vous dis la vérité... C’est une aubaine, pour moi comme pour vous...


          Le regard de l’homme, lorsque je sors les billets, change petit à petit de la suspicion à l’avidité en passant par la tentation. Puis, me fait signe de le suivre.

          ...

          *Plus que le bar maintenant…*

          ...

          De l’extérieur, je peux sentir la même ambiance, la même atmosphère lourde et pataude qu’à mon arrivée. J’en regrette presque de devoir y remettre les pieds. Mais, pour la bonne cause, je peux faire un petit effort avant le réconfort.

          *Les cheveux légèrement ébouriffés, c’est parfait.*

          Objectif, le comptoir. Certains m’observent lorsque je passe à côté d’eux avec de grands sourires, les autres ne font, par habitude, aucun cas de mon passage.

          William : Tavernier ! Un double whisky pur ! Cette nuit se fête !

          L’homme, costaud et à la moustache saillante m’apporte le breuvage. Après l’avoir récupéré, je me tourne vers la salle et opte pour les options possibles. Plusieurs groupes discutent, d’autres, seuls, sirotent leur verre dans un calme absolu, plongés dans leur mémoire. Ces derniers ? Pas intéressant. Les groupes ? A la limite mais pas certain que cela va vraiment prendre. Ce sont des amis, des connaissances de beuverie, ils peuvent me la mettre à l’envers et ne jamais en parler à qui que ce…

          *J’ai trouvé mes colporteurs…*

          William : Messieurs les joueurs… Bonsoir ! Je peux me joindre à vous ?
          ??? : Héhéhé, bah bien sûr l’ami. Entre donc !
          ??? : Quel est ton nom ?
          William : Tony. C’combien la mise ?
          ??? : 500 la petite, 1.000 la grosse blinde.
          William : Oh merde ! J’pas assez les gars ! Vous m’avancez ?
          ??? : Ahahah, tu rêves…
          ??? : T’as montre a pas l’air trop mal c’la dit… Aller, 4.000 pour la montre et tu rentres dans l’jeu.


          Je pose l’accessoire sur la table, les jetons s’empilent devant moi. Çà m’bute de la mettre en gage mais bon, je pourrais aisément en racheter une si tout se déroule comme prévu. Les cartes sont distribuées, première main, je suis dealer, pas besoin de miser, un 2 de cœur et 5 de pique, je me couche. Quelques manches tournent, je mise un peu, perd, mise autant, gagne. Je ne suis ni en tête ni dans le bas du classement. Un tour complet se termine, quelques rires gras, quelques injures savamment placées fusent au-dessus des jetons qui s’échangent au rythme des mains qui se tendent et se rétractent. Je passe le paquet, nouveau jeu, ma main :  7 et 8 de trèfle, petite blinde. J’équilibre à la grosse blinde. Les cartes tombent, presque une couleur. Le valet, le 9 et le foutu 7 de carreaux…

          ??? : Tcheck.
          ??? : J’relance de 200.
          ??? : J’me couche
          William : J’en suis.
          ??? : Pareil, héhé.


          *Aller, un trèfle ou un 10. Un trèfle ou un 10. Un trèfle ou un… Merde ! le 9 de cœur. Bon, c’est pas folichon mais, au moins, j’ai deux paires...*

          ??? : Tcheck.
          ??? : Tcheck.
          William : J’ajoute 200.
          ??? : Ohoho, les gars, j’crois bien qu’on a un joueur. Tu m’plais bien Tony. J’égalise et rajoute 100.


          *Ah le tarba !*

          William : 100. On en est à combien là ? 1.500…
          Je tapote la table de mes doigts dans un bruit de roulement de tambour. Et si on montait à 2.000 ?
          ??? : Tu vas perdre ta montre l’ami ! Je suis. Envoie la dernière carte Joe.
          Joe : Et la dernière carte est… OHOH ! Un as de pique ! On retourne ses cartes. Tony ?
          William : 7 et 8, putain de couleur loupée, j’ai double pair au 9. Et toi Ed’ ?
          Ed’ : C’est con pour toi l’ami…


          Il retourne tranquillement sa première carte. Un 8 de cœur, merde… Un large sourire troué apparaît en dessous de son nez gonflé par les années de labeur et d’alcool. Ses doigts boudinés caressent la carte avant de la retourner : un 10. Putain… La suite. Je l’ai pas vu venir celle-là.

          *Quel chance de cocu ! J’espère que ta femme prend son pied mon salaud…*

          William : Oh merde !
          Ed’ : AHAHAH J’suis en veine c’soir. Alors Tony ? Bientôt l’tapis !


          *Bon, moi qui pensais devoir perdre exprès… Au moins je n’aurais pas à me fatiguer pour que l’occasion s’présente.*

          William : J’vais me refaire tu vas voir. Par contre, Je me penche et sors le gage du pari, pris quelques heures plus tôt, que je pose sur la table et fait glisser tout doucement. je vous propose ça.
          ??? : Qu’est-c’que tu veux qu’on foute de c’ticket ? C’pour quoi ?
          William : Ecoutez les gars. J’m'amuse bien et j’aime pas perdre… Je...
          Coup d’œil autour de moi. Je sais de source sûre que le prochain combat est truqué. Vous avez dû entendre parler du prochain combat. Ed hoche la tête positivement, les autres poussent une moue interrogative. A en voir les visages, doivent pas réfléchir souvent. J’ai entendu de source sûre qu’il devait s’coucher…
          Ed’ : Et pourquoi qu’on t’croirait ?
          William : Aussi vrai qu’j’m’appelle Tony, tu penses vraiment que j’aurais mis 10.000B si je n’étais pas sûr de moi ?...

          Silence jugeant, réflexion intense de leur cerveau grillé par le soleil et le mauvais scotch. Faut que je rajoute du piquant…
          Ecoutez les gars. Je voulais acheter quelques esclaves à Growpsou. Tellement radin de ses sous qu’il me demandait le quadruple du prix réel, bref. Je repars bredouille et pendant que je traverse ses plantations d’épices – très agréable odeur d’ailleurs, parfait pour une ballade – j’entends des voix. J’me rapproche et là je vois un mecton énorme, bras plus gros que mon corps, la tête rasée et la mâchoire aussi carrée qu’un parpaing.
          ??? : Ca c’est l’Connor, pour sûr que j’dis pas d’conneries. Y’en a pas deux comme lui.
          William : Connor ?
          Ed’ : Ouep, c’est l’lutteur d’Growpsou.
          William : Alors tout s’explique. J’en étais où déjà ?
          Joe : T’as entendu l’Connor.  
          William : Merci Joe. Ouaip, j’me rapproche et j’l’entends discuter avec un femme… Sarah si j’me souviens bien.
          ??? : C’est sa femme ça.
          William : Bref ! J’l’entends dire qu’ils vont se faire un peu de pognon, son adversaire n’a pas envie de s’en prendre plein la gueule, qu’ils vont danser un peu et après il va s’coucher.
          ??? : Connor va s’coucher ?
          William : Mais non !

          *putain mais quel abruti lui*
          C’est l’autre, l’adversaire de Connor qui va s’coucher. Il aurait donné de l’argent à Connor pour qu’il joue l’jeu. Tout ça parce qu’il s’en fout de gagner et qu’il veut juste se barrer de cette île vite fait bien fait sans avoir d’emmerdes.
          Silence dans l’assistance.
          Alors… On joue ?


          Sur le chemin du retour, je rumine. Il ne me reste plus que quelques piécettes en poche. Débile sur les bords mais ils savent jouer. J’ai même pas essayé de perdre et pourtant j’me suis fit plumer… Ça me fout les boules. Et en prime, j’sais même pas quelle heure il est. Bon, le soleil se lève alors il doit être, à une estimation près, 6h - 7h du matin. Ma part du contrat rempli, j’vais aller me coucher moi.

          L’esprit embrumé, je me laisse déambuler lorsqu’au loin j’aperçois plusieurs silhouettes. Elles se rapprochent de moi et moi d’elles. Petites dans l’horizon, elles le restent aussi à proximité. Deux enfants, surement frères, sac à dos sur l’épaule, discutent, jouent et se chamaillent gentiment en direction de l’école. Je les dépasse en les regardant vaguement, ils me saluent. Après plusieurs mètres, je mets les mains dans les poches et sens le contact froid du métal contre mes phalanges. Je me stop.


          William : Hey ! Les gamins ! Ça vous dit de gagner une pièce ou deux ?
          *Trois foyers de rumeurs valent mieux que deux…*

          Ils s’arrêtent, se retournent. L’un des deux porte ses mains à la bouche :

          Gamin 1 : Faut qu’on fasse quoi m’sieur ? Je me rapproche tranquillement en levant deux pièces bien haut.
          William : C’est simple. Vous dîtes à vos copains que le match de demain soir est truqué. C’est le gars de Growpsou qui va gagner. Je tends les pièces vers leurs mains et me ravise au dernier moment. Pas un mot sur moi, d’accord ?
          Gamin 2 :  Bien sûr m’sieur !
          William : Vous devez faire quoi ? Répétez pour voir..
          Gamin 1 : On dit à nos amis que le combat est truqué.
          William : Et ?
          Gamin 2 : Et on dit pas que c’est vous.
          William : C’est ça, je n’existe pas… J’imagine que vos parents ou votre maîtresse vous interdit de mentir ?
          Gamin 2 : Ouais m’sieur. Ils disent que c’est pêché.
          William : Et bah moi, je vous autorise à le faire. Si on vous demande comment vous savez ça, vous mentez, vous dîtes n’importe quoi mais motus et bouche cousue, d’accord ?
          Gamin 1 : Promis.
          Je regarde le deuxième, les yeux froncés.
          Gamin 2 : Promis, oui.
          William : Bons gars, vous irez loin. Tenez.


          Le sourire aux lèvres, une fortune colossale dans les mains, ils repartent en courant. Il ne devait pas y avoir plus de 100 Berrys. Le rapport à l’argent… Quelques pièces et on était heureux enfant. Maintenant, il nous faut des dizaines, des centaines de milliers. Le pactole comme on dit.
          Et, tandis que je retourne à la demeure de mon mécène temporaire, je me replonge dans mon enfance.
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          Une bien belle journée se profilait, le soleil était très haut dans le ciel et l’accablante chaleur était déjà omniprésente. Mais parlons d'autre chose que de la pluie et du beau temps, c'était une bien belle journée, car elle promettait d'être enrichissante. Azerios s'était levé aux aurores, il ne pouvait s’empêcher d'être nerveux en pensant à ce qui allait se produire, il retrouva Djaymily en dehors de la propriété pour répéter le plan avec elle. En cas de pépin elle devrait intervenir rapidement pour extirper le rookie et son récent allié monsieur White. Et en parlant du marchand, il ne l’avait pas vu depuis son retour la veille au matin, il était allé se coucher après avoir traîné à la nouvelle Réa où il avait posé les bases de son plan.


          Ouais c'est pigé, s’il n'obtempère pas je te dégagerai un échappatoire, te bile pas pour ça...

          Je ne m'en fais pas... Ne tire qu'en cas d'extrême urgence, et Djay ? Si tu le peux, essaie de ne pas abattre ce Connor...

          Je ne te savais pas sentimental... Elle prit un air grave un instant, mais son air malicieux refit rapidement surface Je plaisante bien sur ! Il en sera fait selon tes ordres boss.


          A ces mots les deux compagnons échangèrent un sourire moqueur et se séparèrent en silence. La jeune tireuse serait postée non loin de l'arène, sur un toit prédéfinit a l'avance et attendrait patiemment en veillant à ce que les choses se déroulent comme prévu, ce qui sous-entendrait que William ait réussit la seconde partie de son plan. C'était un plan bien pensé et le jeune rookie se félicitait d'avoir croisé la route d'un type de son acabit. Il rentra à la propriété, coupant à travers les innombrables plantations, afin de retrouver Souther et de se mettre en route vers l'arène. Son hôte l'accueillit avec un large sourire, il était déjà assit dans un somptueuse charrette tirée par deux chevaux noirs. Une carriole finement ouvragée, là encore sans doute le fruit du travail d'un ébéniste hors-pair, Calvin portait un haut de forme et fumait sa pipe. Lui et ses gens étaient prêts à se mettre en route, une escorte constituée de quelques contremaîtres à cheval. Le jeune homme reconnu d'ailleurs l'un d'entre eux, il s'agissait de l'homme qui avait lancé les hostilités à la Nouvelle Réa, et à voir la manière dont il le fixait, il n'avait de toute évidence toujours pas digéré l'issue de leur première entrevue.


          Ah vous voilà cher ami ! Je vous en prie, montez-donc Azerios. Quelle belle journée n'est-ce pas ? Je commençais à craindre que la peur n'ait eu raison de vous !

          Un combat à mort en mêlée face à un colosse qui fait deux fois ma taille ? Du gâteau monsieur Souther... Je profitais de cette belle journée et contemplais simplement votre domaine.

          Magnifique domaine n'est-ce pas ? Beaucoup tueraient pour acquérir un lopin de terre dans les environs. Et fichtre, ils ont bien raison, nous sommes assit sur une vraie mine d'or !

          Une vraie mine d'or en effet...


          Azerios grimpa aux côtés de Calvin, et la joyeuse troupe se mit en route. Regardant autour de lui, il ne vit toujours aucune trace de William. Il ne lui avait que brièvement parlé depuis leur visite chez Connor, et espérait sincèrement que tout se déroulerait sans accroc. Perdu dans ses pensés, le jeune homme observait avec attention tous ces pauvres gens, au travail dans les champs, cette misère était réellement triste, la motivation des révolutionnaires était évidente lorsque l'on se trouvait sur une telle île. Après une bonne demie heure de trajets, ils arrivèrent à la Nouvelle Réa, retrouvant la même effervescence qu'au premier jour. Marchands, esclaves et contremaîtres s'affairaient ici et là dans un tourbillon de vie. Une forte odeur, presque enivrante de houblon brulé planait dans l'air, mêlée par moment a d'autres parfums légèrement moins plaisants, notamment la sueur et la poudre noire.


          ---


          Ils arrivèrent aux abords de l'arène qui allait, à l’insu de beaucoup de spectateur, être le théâtre d'une mascarade préparée avec soin, et ce fut avec un soulagement difficile à cacher qu'Azerios aperçu William, non loin. Il hocha discrètement la tête en passant devant lui, ce dernier lui rendit le geste, est ce que ça voulait dire qu'il avait réussit ? Avait il fait courir la rumeur ? Difficile à dire, et il ne pouvait décemment pas aller lui parler, il ne fallait pas que quelqu'un puisse faire le lien entre eux. Quand à Calvin, il ne lui prêta pas la moindre attention. Sans doute craignait il encore de pouvoir être associé aux deux complices, et à raison, être mêlé à un match à mort truqué pourrait grandement entacher sa réputation. Un homme grassouillet, vêtu d'une tunique de bonne facture couleur fuchsia clairsemée de dorures s'approcha, lançant un regard dédaigneux en direction du jeune homme puis interpella Souther, un sourire narquois aux lèvres.



          C'était donc vrai ce que j'ai entendu au Country Club ! Smoothie Jack ne fera pas partie de ce tournois ? Quel dommage Calvin.

          Calvin Souther tira une longue bouffée de tabac par le biais de sa pipe, expira un nuage de fumée et afficha son plus beau sourire charmeur en direction de son interlocuteur.

          Ah ce vieux brigand d'Oswald ! J'ai aperçu Connor en arrivant, un sacré morceau comme dans mes souvenirs. Smoothie Jack est... Momentanément indisponible, mais Azerios ici présent est un lutteur chevronné, vous ne serez pas déçu.

          Un lutteur chevronné, voyez-vous cela. Et ou l'avez vous dégoté ce gus ? Growpsou fit quelques pas en direction du pirate, le fixant avec le même air dédaigneux et méprisant que précédemment. J'ai entendu parlé de toi le boy. Il se raconte qu'tu sais cogner hein. Connor ne fera qu'une bouchée de toi. Après ces mots, il s'éloigna.

          Alors nous auront droit à un beau spectacle mon très cher ami.Quand Oswald Growpsou fut hors de portée, l'attitude mielleuse et charmeuse de Calvin s'estompa, et il se transforma. Une lueur de démence dans les yeux et un sourire sadique il poursuivit à voix basse de manière nerveuse. Massacrez son lutteur Azerios, massacrez tous les lutteurs en mon nom. Vous serez dument récompensé.


          L'arène était spacieuse, de forme arrondie, entièrement encadrée de gradins de bois sur lesquels des notables étaient assis. A l'écart, les lutteurs se préparaient au combat, en plus de Connor, ils étaient au nombre de six. Mais le géant mis à part, les autres n'avaient pas l'air terrible. Relevant la tête, le jeune homme remarqua Djaymily, qui étaient en place sur le toit comme prévu tel un ange gardien. Calvin lui offrit un sermon sur la force d'esprit, sur les valeurs de sa famille blablabla et un tas d'autres choses sans grand intérêt. Quand il eut finit, il donna un tape d'encouragement sur son épaule, et gagna les tribunes. Le rookie s'approcha alors du reste des lutteurs, la tension était palpable. Il ne pouvait en rester qu'un, les sept autres sortiraient de l'arène, sur une civière dans le meilleur des cas, entre quatre planches à défaut. Connor ne lui prêtait aucune attention, pas même un regard. Peut être avait il changé d'avis, peut être Azerios allait il devoir lutter pour sa survie. C'était une vraie force de la nature, grand, robuste, l'air impitoyable. L'affronter à la régulière ne serait sans doute pas chose aisée, et déjà il regrettait d'être ici.


          *Ok on y est... J'espère que t'as géré ta partie William, sinon j'vais morfler grave...*


          Il s'assit alors, parmi les esclaves et vêtu de la même manière qu'eux et sans arme. Le principe du tournois était très simple, une mêlée générale, chacun pour sa pomme et dieu pour tous. Ce genre d'évènement était réputé pour la violence inouïe de ses affrontements, les lutteurs achevant leurs adversaires avec tout et n'importe quoi, un marteau, un bout de bois, un clou... Il risquait à tout moment de se faire tuer, ce qui mettrait un terme à son voyage de manière prématurée. Nerveux comme jamais et dans le doute absolu, il resta là à fixer le sol, espérant que le plan se déroulerait sans encombre et attendant que retentisse la cloche, qui sonnerait le début du massacre.
            Nouvelle journée, LA journée, celle à ne pas manquer, celle pour laquelle nous nous sommes préparés. Le plan s’est déroulé, pour le moment, comme sur des roulettes. Il faut dire que le moment crucial n’est pas encore arrivé. La poudre disposée sur le chemin, seule l’étincelle donnera le feu d’artifice. Sera-t-il de la bonne couleur ? Rien n’est encore assuré alors ne mettons pas l’esclave avant le champs (proverbe du coin).

            Réveillé aux aurores, je me suis laissé porté par la douce odeur du café et du pain chaud. Après avoir passé une bonne heure dans la salle de bain, une baignoire à pieds et produits de soin à disposition, autant dire que j’en ai profité, je me dirige vers le salon. Là, j’y retrouve notre hôte en plein petit-déjeuner. Légère surprise sur son visage, des politesses échangées, quelques questions sur le déroulement de nos affaires et nous nous quittons après avoir l’autorisation de lui emprunter un chapeau. Plus précisément, une gavroche, que je récupère auprès d’un majordome, de couleur marron clair s’alliant parfaitement avec mon veston.

            Le chemin de la ville se déroule doucement sous mes pieds. Les cheveux noués en chignon et le tout caché sous mon couvre-chef., je sifflote une mélodie de mon enfance. Un chant de marins sensé éloigné le mauvais œil, raviver les cœurs en attendant la fin de la tempête. Chacun se raccroche à ce qu’il peut pour faire passer le mauvais temps et les orages…


            *Tiens ?*

            Au loin, une carriole bancale se rapproche de moi. Mine de rien je continue ma route et me décale au bord du fossé pour la laisser passer. Étrangement, elle s’arrête. Un homme, filiforme, vêtu d’un salopette en jean et d’un chapeau de paille (le cliché), mastique un brin d’herbe sèche. D’une voix riche d’illettrisme il me demande où que je vais. Je réponds la Nouvelle Réa. Une aubaine pour moi, lui aussi. D’un grand sourire il m’invite à monter. J’accepte volontiers et nous reprenons notre chemin cahin-caha sur son véhicule des plus vétuste. Est-ce que les roues sont droites au moins ? J’ai l’impression de me taper le cul sur le bois à chaque trot du cheval. En le regardant de plus près, l’homme n’est pas très épais et son habit limé par endroits. Le premier temps du voyage se fait en silence sous la mélodie du vent, le gazouillis des oiseaux et l’enthousiasme du soleil.

            Puis, il ouvre la bouche, me pose quelques questions retenues, par politesse, jusqu’à ce que la curiosité soit plus forte. J’y réponds à mi-vérité, changeant certains points par cohérence et méfiance. Les rayons du soleil semblent l’avoir contaminés de leur allégresse. Il ne s’arrête plus, trop heureux des plans qui se dessinent devant lui. Ces derniers temps ont été difficiles pour lui et sa famille surtout depuis l’arrivée des jumeaux. L’échéance de son emprunt, pour sa petite ferme, arrive à grandes enjambées et, tristement, les rendements ne sont pas au rendez-vous. Le taux d’intérêt trop grand, le manque de pluie embêtant, les aléas d’une vie en sommes. Mais ! Il va se refaire et il le sait. Tout ira pour le mieux à la fin de la journée. Il le sait et le sent au fond de lui. Plus par politesse et conversation qu’intérêt, je lui demande la raison de cette exaltation. Ses yeux, ivres de joie, plongent dans les miens tandis qu’il me raconte la raison. Et, tandis que je regarde dans le vague la ville apparaître à l’horizon, le mien s'obscurcit.


            -Vous devriez faire attention aux rumeurs… Certaines ne sont pas bonnes à suivre vous savez…

            Il s’arrête aux abords de la nouvelle Réa, là où je lui ai demandé de me déposer, me salue, me remercie pour mon conseil mais préfère suivre son instinct, sa dernière chance envoyée par sa bonne étoile. D’un sourire triste je le remercie et, pendant qu’il s’éloigne en direction de l’arène, enfonce la gavroche sur mon front avant de suivre ses traces dans la poussière.


            L’arène, enfin, grande mais peu élégante. Si j’étais passé à côté dans une autre occasion je l’aurais certainement confondue avec un enclos à bestiaux. C’est pour dire. Le sol, à cause du dock, est imbibé d’eau. La poussière ambiante et le manque de fond engrangé par la collectivité – logique, seuls les propriétaires terriens possèdent l’argent – rendent le tout quelque peu boueux.

            Autour de moi, les parieurs sont légion, se galvanisent les uns les autres, se gaussent en se tapant fort les épaules. Le chapeau bien enfoncé, je me faufile, la tête baissée, à travers la foule. J’évite les groupes, reste en retrait et me fond dans le paysage comme une ombre au tableau. Petit à petit, le nombre de visiteurs augmente de façon non-négligeable et, à tout moment, je pourrais tomber sur l’une de mes victimes : le bookmaker ou bien les joueurs de poker. Je redouble de vigilance tandis que je m’approche du tableau. Tableau mis en place et changé régulièrement par une petite main du tenancier. A distance convenable, j’observe la cote quelques minutes. Celle d’Azerios, du challenger comme ils l’appellent, ne cesse d’augmenter. C’est une bonne chose.

            Comment fonctionne une cote ? Rien de plus simple. La cote est un indice de probabilité. Plus ce dernier est élevé plus l’évènement à peu de chance de se voir réaliser. Ici, il est question de la victoire des différents combattants. Pour savoir de combien seront les gains si le pari est remporté il suffit d’un calcul simple : la Mise x la Cote = les Gains. Dans notre cas, la cote d’Azerios culmine bien loin au-dessus de toutes les autres dans les 20. Les autres opposants varient entre 7 et 15 tandis que celle du mastodonte de Growpsou s’approche du 5. Autant dire que le jeu sent bon et que la rumeur a fait son petit parcours de chemin.

            La confiance n’excluant pas le contrôle et ce dernier étant réalisé, pour mon plus grand plaisir, je décide de m’éloigner alors qu’une voix, celle de Joe ou bien d’Ed’, parvient à mes oreilles. Autant ne pas se faire remarquer et rester loin des yeux. Me dirigeant vers les gradins, j’aperçois les lutteurs en train de se préparer. Je pose mon regard sur notre pauvre hère. Celui-ci, se sentant observé, finit par me capter. Je place délicatement mon index sur mes lèvres cachant à moitié un sourire placide. Il détourne les yeux et moi les pieds avant de reprendre ma route pour trouver un coin tranquille. Il ne faudra pas longtemps avant que mes comparses n’arrivent. Seul Azerios me fait un signe de tête auquel je réponds par réflexe.


            *Merde !*

            Quelle connerie. Si jamais quelqu’un nous avait vu ? Coup d’œil rapide, tout à l’air normal. Par précaution, je change de position. En regardant les bâtiments autour, je distingue une silhouette de chat sur un toit brulant : l’ange gardien d’Azerios certainement… Est-ce qu’ils sont ensembles ? Je lui demanderai s’il a toujours toutes ses dents après le combat. Calvin dans un coin, je décide de me mettre plus ou moins à son opposé afin que les regards sur lui ne finissent pas sur moi.

            GLING-GLING-GLING-GLING


            *Attention toute le monde, la mascarade va commencer !*
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            Une voix le sortit soudainement de ses pensées, une voix qui porte. Il s'agissait une grand homme, maigrichon, vêtu d'en ensemble sombre combiné avec une longue veste d'un rouge tape à l’œil. Sur son crane trônait un haut de forme noir, et il portait une épaisse moustache. Dans sa main droite un bâton qu'il brandissait au dessus de sa tête, captant l'attention de toute l'assemblée en bon orateur qu'il était.


            Mesdames, Messieurs ! Je vous souhaite la bienvenue ! La compagnie des Kand n'est pas peu fière de vous présenteeer... Son quarante neuvième tournois de lutte ! Approchez ! Ne soyez pas timide, ils ne mordent pas. Enfin... Ils ne VOUS mordront pas !


            Azerios ne se sentait vraiment pas à sa place dans cette fosse boueuse, parmi ces pauvres damnés, a n'attendre autre chose que la mort. Un drôle d'odeur chatouilla ses narines, le lutteur qui se trouvait à coté de lui, rongé par la peur, était en train d'uriner sur place. Mais dans quel merdier s'était il encore fourré... Il s'interrogeait, le jeu en valait il la chandelle ? Trop tard pour reculer dans tous les cas, et puis pour sa bonne conscience, ce n'est pas comme si il avait réellement eu le choix.

            L'homme continua un instant de galvaniser la foule avant de donner le signal fatidique aux contremaitres. Ces derniers ouvrirent alors l'épaisse porte de l'arène, laissant entre les bêtes sous un torrent d'applaudissements et de hurlements. Certains étaient plus hésitants que d'autres, et tous se répartirent en cercle, leur regard convergeait vers le centre.


            A la fin, il n'en restera qu'un ! Battez-vous miséreux ! Battez-vous pour votre salut !

            Ces mots embrasèrent la foule et l'homme pointa alors son bâton en face de lui. De l'autre côté de l'arène, un vieillard se tenait aux abords d'une petite cloche en bronze, la mascarade allait enfin commencer.

            >> GLING-GLING-GLING-GLING <<


            Les dés étaient jetés, au tintement de cloche les lutteurs se transformèrent alors, leurs visages déformés par un mélange efficace de peur et de rage. Le rookie n'eut pas le temps de faire grand chose que son visage fut heurté violemment par un coup de poing, ce qui eut pour effet de le projeter dans la boue. Se redressant rapidement, il en identifia l'origine, c'était le lutteur qui s'était précédemment pissé dessus. Mais pas question de se laisser faire, il se releva d'un bond et lui rendit son coup dans un élan. Son poing s'écrasa avec fracas sur le nez de son assaillant, qui prit de douleur, recula brusquement avant de glisser à son tour dans la boue. Les conditions n'étaient vraiment pas optimales, le sol était boueux, humide, tantôt on s'embourbait, tantôt on glissait. Mais pas le temps de lambiner, un autre lutteur, qui avait saisit une barre de fer, l’abattit avec force. Esquivant de justesse le premier coup, il ne parvint cependant pas à esquiver le suivant. La barre frappa sa clavicule gauche, ce qui déclencha une douleur extrêmement vive. Il s'agissait de cette même clavicule qui avait été touché lors de sa virée sur Hat Island, et cette blessure n'était de toute évidence pas totalement guérie. Il tomba de nouveau dans la boue avec fracas.


            *Allé on se relève... Bordel debout !*

            On dirait bien que Bobby Manson n'était pas à la hauteur du challenge !


            Se ressaisissant, il tourna la tête en direction de Connor. Et quel spectacle, c'était un véritable monstre, recouvert de boue, qui venait de briser la nuque d'un des lutteurs et avait jeté le corps sans vie comme si il s'agissait d'un vulgaire sac de patates. La foule était en délire, tout ce qu'ils réclamaient c'était du sang, et ils allaient en avoir pour leur argent. L'homme à la barre de fer revint à la charge, et Azerios saisit une poignée de glaise, avant de la lancer avec force dans son visage. L'homme se stoppa net, lâcha son arme de fortune et porta rapidement ses mains au visage et son adversaire en profita pour ramasser la barre de fer. Il donna un coup rapide dans le bas ventre du lutteur, qui plia, et surenchérit avec un second coup cette fois ci sur son crane. L'homme s'écroula dans la gadoue le visage déformé par la souffrance.


            Aie ! Même si il a la réputation d'avoir le crane solide, ça doit faire un mal de chien ! Rupert Scandow a l'air lui aussi dans de beaux draps !


            La foule continuait d'hurler, chacun encourageait son favoris et les paris battaient leur plein. Ce Rupert Scandow devait être la malheureuse nouvelle victime de Connor, qui venait de se voir arracher la pomme d’Adam à main nue. A la vue de cette boucherie, le pirate eut un léger frisson, et si ce géant avait changé d'avis ? Et si finalement, il ne comptait pas se coucher ? Le doute commençait à l'envahir, et il fut ramené à la raison par un coup dans le dos. Un autre lutteur s'était précipité sur lui et tous deux tombèrent, s'embourbant mutuellement dans de vaines tentatives pour prendre le dessus. L'homme était plus lourd, mais l'argile rendant les choses glissantes, Azerios réussit a se dégager et a rouler sur le côté. Son assaillant l'attaqua alors avec un surin, surement envoyé dans l'arène par la foule.


            Attention ! Qui s'y frotte, s'y pique ! On dirait bien que l'étranger est en difficulté !


            En difficulté ? Et c'est peu dire, l'homme était rapide, et donnait un multitude de coups d'estoc pour tenter de planter son arme de fortune et sceller le sort du pirate. Il fit mouche a deux reprises, entaillant le ventre du rookie. Mais par chance la boue semblait l'engourdir et l'handicaper dans ses manœuvres a tel point qu'il finit par ralentir la cadence, ce qui permis a un autre lutteur de lui éclater le crane par derrière à l'aide d'un marteau. Coup de bol morbide, Azerios en profita pour attraper le surin en vol, s'élançant vers l'homme au marteau pour tenter de lui infliger une piqure mortelle. Mais tout ne se passa pas comme prévu, il glissa maladroitement et finit le nez dans la gadoue, encore une fois.


            *Et merde...*


            Il ferma alors les yeux, s'attendant à recevoir un coup de marteau salvateur, mais rien ne se produisit. Basculant sur le côté, il remarqua que l'assaillant à la masse avait aussi glissé et se trouvait a quelques mètres. Il cherchait quelque chose de ses mains, de manière frénétique et Azerios devina qu'il s'agissait a coup sur de son arme. Il saisit l'opportunité, se jetant sur lui avec le surin et lui plantant dans les côtes. L'homme hurla de douleur et lui assena un coup de coude dans la mâchoire. Retournant la situation suite à cette contre attaque, il empoigna la gorge du pirate de ses deux larges mains, mais ce dernier ne lui offrit aucune chance, il lui planta le surin dans l’œil puis lui trancha la gorge avec force. Non content d'être recouvert de boue, il était désormais couvert de sang. Jetant un œil dans les gradins en direction de Calvin, il remarqua que l'expression de démence était de retour sur son visage de charmeur, il semblait plus que satisfait par le sordide spectacle. 

            Retrouvant ses esprits tant bien que mal, exténué de lutter en étant totalement embourbé, il regarda autour de lui, il ne restait que Connor. Il était en train de fracasser le crane d'un autre lutteur, à coup de poing. Un spectacle vraiment horrible, sa victime s'écroula sans vie, et il se tourna vers son dernier adversaire, couvert de sang de boue, le regard assassin. Après tout il ne pouvait en rester qu'un.



            Nous avons notre finale ! Le suspens est à son comble ! Faites du bruit pour le favoriiiis j'ai nomméééé... L'indestructible CONNOR !


            Son assistance hurla de plus belle, surexcitée à la vue de tout ce sang. Les entailles saignaient et provoquaient chez le rookie une douleur inouïe. Connor se rua alors sans crier gare et il enfonça son adversaire d'un coup d'épaule. Ce dernier bascula en arrière contre un mur, et se prit aussitôt un puissant coup de poing dans le thorax, coupant net toute possibilité de respirer. En un instant, il venait de se faire souffler par cette force de la nature, comme si il ne représentait aucun danger. Il fut saisit par le col de sa tunique de lin, et projeté dans la mare de sang et de boue. Connor leva les bras, triomphant, acclamé par la foule. Growpsou se mit a rire, regardant son comparse avec un air triomphant.


            Connor est inarrêtable ! Légendaire ! Il est... Ah attendez, notre étranger en re-demande !


            Azerios se releva, quelque peu sonné, manquant de souffle, ses plaies sanguinolaient de plus belle et il n'eut pas le temps de réagir. Connor se rua sur lui et dans un enchainement de coups de poing le fit plier pour l'étaler de nouveau dans la boue. Là encore Connor leva les bras en l'air, l'air triomphant. Mais le rookie, dans un dernier effort réussit à ramasser un marteau non loin et profitant de la célébration, il frappa la cuisse, ce qui eut pour effet de déséquilibrer le colosse. Profitant de ce déséquilibre, il lui donna un coup d'épaule pour le mettre à terre. Le coup, bien mal calculé, provoqua une douleur encore plus prononcée dans sa clavicule endolorie. Mais il ne comptait pas s'arrêter là et poursuivit son élan, profitant de la position de son adversaire, il fondit sur lui pour en remettre une couche, mais ce dernier le balaya et il tomba a côté, perdant des mains son arme. Se relevant en boitant à moitié, il écrasa alors le haut du torse de son pied, coupant de nouveau la respiration du rookie qui se débattait en vain.


            Qu'est ce que tu attends Connor ! Finis le !


            Alors c'était ça sa destiné ? Finir étouffé par un esclave, dans ce mélange infecte de boue, de sang et d'urine. Il n'y avait absolument aucune chance pour qu'il puisse se libérer de cette étreinte, pour lui les carottes étaient bel et bien cuites. Djaymily n'allait probablement pas tarder à intervenir, et les choses allaient vite dégénérer. Connor fixait son maître, l'air satisfait, ce dernier ne tenait plus en place, sommant son homme de finir le boulot, à côté d'un Souther qui regardait la scène en silence. Mais l'impensable se produit alors.

            Sentant que le géant relâchait un peu, Azerios saisit sa chance. D'un geste hasardeux il frappa la cheville de son adversaire pour se dégager. Était il en train de respecter sa part du marché ou avait il eut un moment de faiblesse ? Le jeune homme ne se paya pas le luxe de répondre à cette question. Ramassant une barre de fer à la volée, il frappa d'un coup sec dans la tempe de son adversaire. L'homme, semblant désorienté se figea un instant, ce qui fut suffisant pour le coup de grâce. Dans une succession de coups de poings au visage, il finit par avoir raison, non sans mal, de "l'inarrêtable" Connor qui s'écroula finalement.

            Les réactions dans les gradins semblaient mitigées, mais les hurlements et applaudissements ne tardèrent pas à revenir. Tous étaient ravis d'avoir assisté à ce massacre gratuit, le jeune homme était écœuré par ce qu'il voyait.



            Suspens jusqu'au bout ! Et contre toute attente ! L'étranger reeemporte le match !


            *Achevez-moi bordel...*


            Jetant un dernier regard en direction des gradins, il aperçu Souther hurler de joie à côté d'un Growpsou abasourdi par l'issue du combat et s'écroula alors à son tour dans un vertige, blessé et épuisé. Le combat était bel et bien terminé.
              Le match est terminé. Bien trop violent à mon goût. Dès morts s'échappe un sang vermeille identique au rouge sanglant d'un coucher de soleil. Si l'argent n'a pas d'odeur, il a aujourd'hui une couleur.

              La boule au ventre je reste assis. Les quidams s'animent, reprennent vie après le coup de massue final. Les contestations arrivent rapidement. Certains invectivent la malchance, d'autres se précipitent à la table de paris pour crier au scandale. Le dernier genre, rare, unique même, reste sans broncher des larmes coulant le longs de ses joues poussièreuses. Je reconnais l'homme à la charette, ses espoirs réduits à néant en offrandes au Profit. Je l'avais pourtant prévenu de se méfier.

              On dit que l'argent gagné au jeu est deux fois plus précieux que l'argent gagné en travaillant mais, qu'en est-il de l'argent perdu ? Est-il deux fois plus douloureux ? Dans tous les cas, sa faillite fait mon bonheur. Il ne peut y avoir de gagnants sans perdants. Aujourd'hui, ce pauvre gars en aura fait les frais. Demain, peut être que ce sera moi.
              Comme aimait dire mon frère, lorsqu'il me forçait à regarder une de ses expériences : "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Qu'il s'agisse de physique, mathématique ou de commerce, cette maxime est bien réelle. Dans notre cas, je la modifierai toutefois quelque peu : "rien ne se perd, rien ne se crée, tout change de main".

              Certes, je n'ai été qu'un pion dans cette fructueuse entreprise, un cavalier sans doute, tout comme notre ami dans l'arène mais, à nous deux, nous avons truqué le jeu. Une paire d'As dans la manche du roi, rien de plus.
              En parlant du roi, celui-ci me regarde, tandis que je me lève, et m'adresse un sourire angélique entre deux phrases à l'attention de son ennemi. Tandis que je repars de mon côté, je ne cesse de me répéter :


              *Je ne veux pas être un produit de mon environnement, je veux que mon environnement soit mon produit à moi. Je ne veux pas être un produit de mon environnement, je veux que mon environnement soit mon produit à moi.

              ...

              Nous sommes tous réunis. Souther profitant d'un cigare hors de prix acheté sur le retour. Azerios dort dans un des canapés du salon après avoir été pansé par le médecin personnel de notre propriétaire. Quant à moi, je suis jambes croisées avec un bourbon à la main. Personne ne parle. Le silence, minutes après minutes, pèse. Nous le savons tous les deux, il va falloir parler du prix...

              - Mon cher William. Félicitation pour votre entreprise et je suis ravi d'avoir pu me joindre à vous.
              - Sans votre entreprise et influence cette... Entreprise n'aurait pas été possible.
              -En effet, en effet... Que diriez-vous d'un million de Berrys ? L'investissement mis en jeu est pour moi. Cadeau de la maison si je puis dire.
              - Un million chacun ?
              - Un million à vous partager, bien évidemment.
              - Calvin, ne soyez pas trop gourmand envers nous...
              Ses yeux se plissent.
              - Un million chacun, soit. Mais c'est le maximum que je puisse faire.
              - Monsieur Souther, ne me prenez pas pour plus idiot que je ne suis.
              - Je n'ai jamais rien dit de tel Monsieur White.
              - Vous le dîtes néanmoins à travers vos propositions.
              - Comment cela ? Dîtes moi donc le fond de votre pensée dans ce cas...
              - Bien. Laissez moi commencer par votre domaine qui avoisine les quoi... Disons 50 hectares...
              - 57 exactement.
              Dit-il en me coupant la parole
              - 57 donc. Votre domaine, arrondissons le calcul, représente 7 hectares. Il vous reste donc 50 hectares de production agricole. Cela représente une sacrée somme engendrée annuellement, surtout avec une main d'oeuvre quasi-gratuite...
              Vous êtes un homme d'affaires éclairé, vous investissez, revendez avec plus values. Vous devez aussi prêter de l'argent, avec intérêts, pour "aider" vos concitoyens à se lancer...
              Lors de notre rencontre vous nous avez fièrement exposé votre attachement familiale ainsi que leur importance ici. J'en déduis que vous avez pris la tête de votre domaine avec un coffre déjà garni.
              L'expansion de votre nom, pour ne pas dire bourse, vous est dû en grande partie cela va sans dire...
              Quant à notre affaire, vous avez dû miser 3 millions, estimation basse, sur notre cher dormeur. 1 million par tête en résumé. Assez pour gagner gros, assez pour ne pas en souffrir en cas d'échec. La cote du match était de 20, ce qui nous fait une jolie somme finale de 60 millions de Berrys, au bas mot...
              Avec notre... Comment pourrais-je l'appeler ?...  Avec notre hold-up, votre fortune s'élève actuellement à près de 100 millions, si ce n'est plus ce qui me semble tout à fait plausible.

              - Ma fortune ne regarde que moi... Je vous trouve bien enhardis monsieur White.
              - Tout comme vous, monsieur Souther, je n'aime pas être pris pour un pigeon...
              -Que proposez vous alors ?!
              - Un simple calcul, 50/50. 50 pour vous, 50 pour nous et les frais d'investissement restent à votre charge, comme vous l'avez gentiment proposé.
              Je serais ravi de continuer à affairer avec vous, cela va sans dire. Cependant, si la paye est meilleure en d'autres lieux... Cela serait néanmoins regrettable.

              - Vous m'aviez promis de rembourser mes investissements.
              - Cochon qui s'en dédis, chien qui tope sans tenir. Je vous avez promis de vous rembourser l'investissement. Je vous propose donc, une information pour ce même montant.
              -Je ne suis pas intéressé, je préfère être remboursé.
              - Cette information vous permettrez d'agrandir votre domaine pour une poignée de pain...
              -Comment cela ?
              -Calvin, serrez moi la main sur notre premier accord et discutons de ce point...
              ... A la bonne heure ! Connaissez-vous un fermier avec des jumeaux ?...


              Je le vis sourire avec avidité tandis que je me rappellerai à jamais de toujours discuter le prix avant de signer.

              ...

              Que dire ? Azerios ne se réveille que le lendemain matin. La matinée, placée sous le signe du calme, s'enchaîne sur un déjeuner tranquille. Une fois la viande rognée jusqu'à l'os et les digestifs imbibés, je fis mes valises et me poste sous le porche. Quelques secondes plus tard, Azerios me rejoins et, gentiment, m'invite à le suivre jusqu'à son navire ainsi que son ange gardien, par la même occasion. Proposition que j'accepte avec plaisir. N'ayant pas de but immédiat, ni de destination précise en tête, rien ne retiens mon attention ici ou ailleurs.
              Ma malette bien en main, nous entamons notre court voyage.


              -Messieurs !...

              Je jette un coup d'oeil en arrière et aperçois notre hôte à son balcon, frais comme un gardon, cigare fumant à la main et un verre posé sur le rebord.

              -...Revenez quand vous le voudrez... Nos affaires ne font que commencer !

              - Monsieur Souther ! Ce fut un plaisir de travailler avec vous... Au plaisir qu'une nouvelle occasion s'offre à nous !
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