« Alors c’est ça la fameuse Rokade ?! »
Depuis leur évasion, Jack n’avait qu’une seule idée en tête, de pouvoir rejoindre le plus rapidement possible Rokade pour voir de ses propres yeux si sa réputation n’était pas usurpée. Mais il était bien le seul à trépigner d’impatience, car le reste des fugitifs avaient les yeux rivés sur l’océan. Intimement persuadés que la marine allait envoyer une flotte entière à leur trousse.
Mais les jours passaient et toujours pas la moindre trace d’un bâtiment de guerre à l’horizon. Pour éviter de se faire torpiller par des pirates dans les eaux de Rokade, l’un des contrebandiers a eu la brillante idée de retirer tous les signes extérieurs d’appartenance à la Marine sur le rafiot. Même si quelqu’un d’un minimum attentif arriverait à reconnaitre sans le moindre souci sa provenance.
On lui conseilla vivement de se débarrasser au plus vite de cette embarcation une fois sur Rokade. Le risque était trop grand pour voyager sereinement. Il aurait de toute façon que l’embarras du choix dans l’avenir pour trouver chaussure à son pied.
Plus le navire se rapprocher des eaux tumultueuses de l’ile aux pirates, plus le temps devenait instable. Terminer le ciel bleu et son soleil rayonnant, place aux bourrasques de vent et aux averses glaciales. Mais ce n’était pas tout, d’immenses récifs immergés se dessinés à l’horizon, cet endroit devait être un véritable cimetière pour les marins imprudents.
« Il fait toujours ce temps de chien ici ? »
« Ouais, c’est un des charmes du coin ! Un temps de merde pour une ile de merde. »
Skellington n’avait jamais touché la barre d’un navire de sa vie, et ce n’était pas l’endroit idéal pour faire des débuts. Remettant ainsi son sort à l’un de ses comparses, il scrutait avec la plus grande attention les dangers qui ont parsemé leur route. Admiratif des talents du timonier, il nota dans un coin de sa tête de tout faire pour le recruter dès que l’occasion se présenterait.
« Tu te débrouilles foutrement bien à la barre. »
« C’est juste une question d’habitude, je parcours South Blue depuis bientôt quinze ans. Rokade est un passage obligé pour les gens de notre métier, alors à force on connait l’endroit par cœur. Mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise. Je connais d’excellents capitaines qui se sont fait avoir par un excès de confiance dans le coin. Sans parler des saloperies qui trainent dans l’eau.. »
« Les saloperies ? De quoi tu parles ? »
« Bah ouais, monstres marins en tout genre, il faut juste croiser les doigts de ne pas tomber dessus, c’est juste une question de hasard pour moi. »
« Rassurant tout ça… »
Jack était sous pression, son domaine c’était la terre ferme et la bagarre. Il prenait un plaisir primaire à se battre contre tout et n’importe quoi, mais dans le cas présent il n’était maitre de rien. Il n’avait d’autres choix que de confier sa vie entre les mains d’autrui, et ce n’était pas dans ses habitudes. La dernière heure de navigation avant d’enfin pouvoir jeter l’ancre fut plus éprouvante psychologiquement pour lui que tout ce qu’il avait pu faire pour réussir à s’extirper des griffes de la marine.
Une fois l’ancre jetée et le bateau amarrés à quais, il relâcha toute la pression accumulée.
« Félicitons pour nous avoir amenés ici en un seul morceau ! »
« Juste retour des choses mec. »
Skellington regarda tout autour de lui pour se faire une première idée de l’endroit. Un nombre impressionnant de navires de toutes tailles et de tous types étaient amarrés ici. Il n’avait jamais vu autant de pavillons noirs flottés dans toute sa vie, l’endroit mérite amplement sa réputation de l’ile aux pirates. Même le croiseur dans lequel il avait été maintenu en captivité semblait ne pas faire le poids.
Un vaisseau se démarquait des autres cependant, il était d’une taille hors norme, de mémoire Jack n’avait jamais vu pareille embarcation. Il s’agissait d’un galion à trois mâts surpassant aisément par son gabarit tout le reste, et un immense pavillon rouge flottait sur le mât principal.
« Qu’est-ce que c’est ce truc ? »
« Ah, j’ai tendance à vite oublier que tu n’es pas du coin ! C’est le navire d’Hannibal ! Capitaine des Fils des Everglades. »
« Comment a-t-il fait pour se payer un navire pareil ? Comment se fait-il surtout que la Marine ne l’a pas envoyé par le fond, il ne doit pas passer inaperçus avec un truc pareil ! »
« Bof, pas difficile, quand tu es le pirate le plus redouté de South blues et un vétéran du Grand Line. Ce type est un véritable monstre, au sens propre comme au sens figuré ! Un conseil, comme tu sembles être une tête brulée, tiens-toi très loin de lui et de ses hommes. »
« Message parfaitement reçu, je ne suis pas non plus suicidaire ! Enfin j’essaye de faire de mon mieux dans ce domaine. »
Skellington n’arrivait pas à décrocher son regard du galion, voilà à quoi il aspirait maintenant. Pouvoir posséder un navire de ce gabarit devait lui assurer une puissance hors du commun.
« Mais qu’est ce qu’il fout ici, je veux dire avec une machine de guerre pareille, c’est sur le Grand Line qu’il faut naviguer ! »
« Si on n’en croit les rumeurs, même un type de sa trempe n’a pas réussi à faire son trou sur le Grand Line. Cela en dit long ! »
« Nous avons plusieurs choses à faire nous aussi ici Jack, je ne sais pas c’est quoi tes projets. Mais si jamais tu désires encore faire un bout de chemin ensemble. Tu auras moyen de nous retrouver dans un endroit où nous avons nos habitudes, la taverne se nomme « Le repère du Capitaine Kid », tu n’auras aucun mal à la trouver. »
Ainsi chacun allait vaquer à se occupations, seul le dernier survivant de l’équipage de Loukoum décida de suivre Jack. Il voulait lui aussi savoir si son ex-capitaine se trouvait sur cette ile au nom de ses camarades tués par la Marine.
« S’il s’agit réellement d’une célébrité locale, nous n’allons pas tarder à avoir le fin mot de cette histoire. »
Empruntant l’allée principale, l’ambiance générale et les visages sévères lui rappelait grandement son ile natale, Las Camp. Cette atmosphère familière lui rappela nombre de souvenirs et un début de nostalgie s’empara de lui. Son compagnon de fortune s’avérait être un excellent guide, connaissant parfaitement le coin et surtout les habitudes de Loukoum. Ils pénétrèrent dans une première taverne, son ancien capitaine était venu plusieurs fois ici pour faire affaire. L’établissement était aussi sordide qu’insalubre qui pouvait venir ici de son plein gré avec l’intention de consommer ? Mais parmi les rares courageux, aucun ne ressemblait de près ou de loin à Loukoum. Pendant que Joe questionnait le tavernier à ce sujet, Jack observait la décoration, notamment la multitude d’avis de recherches, pour la plupart devenu totalement illisibles.
« Une coutume veut qu’à Rokade, les tavernes affichent uniquement les avis de recherches concernant leurs clients. Cela permet d’avoir une idée de qui fréquente l’établissement. »
Et au vu des primes affichées ici, le petit gros avait tout à fait sa place dans ce lieu.
« Je suppose que cela n’a rien donné ?! »
« Non ! Mais j’ai encore deux ou trois adresses en tête. »
Fixant une dernière fois le mur, Jack se retourna et quitta les lieux pas mécontents de retrouver l’air pur et frais du monde extérieur.
Mais à peine avait-il franchi la porte, qu’une soudaine agitation attira toute son attention. L’avenue qui était quelques minutes auparavant bondée de monde était en train de se vider à toute vitesse.
« Il se passe quoi ?! »
« Vous, cela fait un moment que vous n’êtes pas venu ici ! C’est juste Hannibal qui se balade, mais faites gaffe ! Il est d’une humeur massacrante depuis son retour ici ! Encore la semaine dernière, un petit rookie primé à 3 millions en à fait les frais. Le pauvre pour une histoire à la con, il s’est retrouvé ouvert comme une huitre. »
« Charmant… Et pourquoi il est de mauvaise humeur votre Hannibal ?! »
« Tu débarques d’où ?! Ce n’est un secret pour personne, la marine lui colle au cul depuis plusieurs mois déjà ! Il a du quitter son repère dans les Everglades à cause d’un pirate, Blackburn, une flèche celui-là aussi ! Du coup, lui qui coulait des jours heureux dans son secteur 10, bah il se retrouve ici avec le Vice-Amiral Sierra en personne sur le dos. Donc en plus d’avoir perdu son bizness dans l’histoire, il est coincé sur ce caillou. »
L’équipage des Fils des Everglades passa devant Jack, à leur tête, le fameux Hannibal, dit le Rouge. Physiquement, il était encore plus monstrueux que Skellington, sans parler de sa tête du fou furieux en puissance. Il a coché toutes les cases possibles pour le rôle du pire pirate de South Blue. Le jeune pirate n’était pas du genre à facilement se montrer impressionné, mais pour le coup il devait l’admettre. Le Rouge dégagait une aura d’une violence sans commune mesure. Il croisa, par le plus hasard, le regard d’Hannibal, une sueur froide lui coula le long de la nuque. L’interaction ne dura qu’une fraction de seconde, mais d’une rare intensité. Le capitaine continuant sa route comme si de rien n’était. À ses côtés, se tenait un vieillard squelettique, qui était bien plus petit que lui, mais celui-ci aussi dégager une aura mêlant violence et cruauté.
« C’est qui celui-là ? »
En donnant un coup de menton dans la direction du vieux
« Le serpent, le bras droit d’Hannibal. Si son capitaine à le titre du plus redoutable pirate de South Blue, lui a surement le titre du pire tortionnaire de tout South Blue. »
Derrière les deux spécimens de foire se massait une cinquantaine d’hommes et de femmes armés jusqu’aux dents. Tous avaient la mine sombre et le regard noir, comme s’il s’agissait d’un critère de recrutent, pour rejoindre son équipage.
« Il a une véritable armée avec lui ! »
« Et encore tu as le double sur son galion ! Pas étonnant que ce mec possède une prime de 40 000 000 de Berrys ! Bon, j’ai à faire moi ! »
« 40 ?... c’est dément ! »
Le reste de la journée fut une succession d’échecs pour les deux pirates à la recherche de Loukoum. Personne n’avait vu le petit gros depuis des mois par ici, d’après la rumeur il était devenu femme de ménage sur le navire d’Hannibal le rouge. Toutefois, cela permit à Jack d’avoir quelques repart bien précieux, ou cas où il devait se retrouver seul ici. Comme il fallait s’y attendre, la plupart des gens ici étaient des marginaux et des bons à rien, vivants de petits trafics et de larcins en tout genre. Au début il s’attendait à croiser une multitude d’équipages plus redoutables les uns que les autres, mais il déchanta rapidement. Au cours de sa recherche, il croisa quelques bons clients, toutefois, certains possèdent des primes jusqu’à 10 millions.
Cependant, rien de comparable avec Hannibal, le monstre de South Blue l’avait marqué, voilà vers quoi il devait visé s’il voulait parcourir le Grand Line. Toutefois, une interrogation restait en suspend, comment un type comme lui, avait-il fait pour se retrouver en difficulté sur le Grand Line au point faire demi-tour ?
Voyant que la journée touchait à sa fin, et concluant que Loukoum avait surement péri dans l’assaut de la marine, Jack se résigna à rejoindre le groupe de contrebandier. Comme convenu, trouver l’endroit fut un jeu d’enfant pour les deux pirates. L’établissement semblait en effet tenir une solide réputation sur l’ile. Joe avait bien entendu parlé de ce lieu, mais ce n’était pas dans les moyens de son ancien patron de pouvoir emmener son équipage là-bas.
L’immense taverne se composait de deux niveaux, il suffisait de voir la devanture pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’un lieu commun. La façade dénote avec le reste des constructions présentes aux alentours. Devant l’entrée se tenaient plusieurs vigiles se tenant adossés au mur de leurs énormes bras croisés en attendant certainement un peu d’action. Un petit détail et pas des moindres, intrigua Jack, ils portaient tous un arsenal avec eux. Les rixes ne devaient pas être uniquement à base de bourre-pif et de chaise fracassée dans le dos.
Jack se présenta tout naturellement devant l’entrée pensant bêtement que n’importe qui pouvait venir dans cet endroit. Une énorme main le stoppa alors qu’il s’apprêtait à pousser la porte.
« Je ne t’ai jamais vu dans le coin, t’es qui ?! »
« Jack R. Skellington, je viens juste d’arriver sur South Blue. »
« hum.. Jamais entendu parler. Qu’importe, je préfère prévenir, pas de grabuge ici, sinon c’est la fin de l’aventure. »
Pour appuyer ses dires, il exhiba la crosse de son arme devant les deux clients avant de retirer son bras qui barrait la route.
« J’espère que le message est bien reçu, sur ce, messieurs, bon amusement. »
« Bien évidemment ! »
