Un petit sushi des sables

Tatiana n’avait pas pris la peine de compter le temps qu’elle était à Alabasta, mais elle appréciait plutôt le climat et les gens ne faisaient pas particulièrement chier. La jeune femme était donc tranquille pour un moment, avant de devoir se préparer pour la suite de son voyage solitaire. Bien qu’elle avait entendu pas mal de choses depuis son arrivée, elle constatait bien vite qu’il y avait eu un sacré bordel. Mais elle préférait évitée d’avoir l’air de s’y intéresser, disons que la curiosité était un vilain défaut et elle avait ses propres problèmes à régler. Chose bien compliquée. Dans tous les cas, la demoiselle se contentait tout simplement de se balader, volant de temps en temps la bourse d’un passant, histoire de remplir ses propres poches. Elle survivait comme elle le pouvait, sans même se préoccuper de ce qu’il se passait autour d’elle. Tout du moins, pour certains cas.

Tia’ baillait aux corneilles, alors qu’elle marchait dans les rues, sentant clairement son estomac lui réclamer de la bouffe dans de petits gargouillis significatifs. Elle en avait oublié la dernière fois qu’elle avait réellement manger quelque chose qui lui donnait envie, tiens… Jusqu’à ce que son regard finisse sur un stand de sushi, tenu par un… Gamin ? Enfant ? Adolescent ? Elle n’en savait rien, certaines personnes faisaient bien plus jeune qu’ils ne l’étaient en réalité. Dans tous les cas, ce n’était pas réellement important, la seule chose qu’elle voyait c’était la bouffe. Bien qu’avec cette chaleur, faire des sushi, cela semblait curieux pour la demoiselle. Enfin, elle s’approcha tranquillement, observant la bouffe proposée, sans réellement jeter un regard à l’adolescent. “C’est combien ?” La demoiselle continua d'observer la nourriture avant que son regard finisse par se poser sur le visage du plus jeune, soupirant légèrement.

C’est à ce moment là qu’elle en venait à se demander comment cela se faisait-il qu’un gamin vendait de la nourriture sans être accompagné d’une personne responsable. Dans un sens, tout le monde tentait de survivre comme il le pouvait. Mais tout de même, Tia’ trouvait cela révoltant de voir des enfants devoir s’en sortir seuls.

“J'en prendrais six.” Faisons vivre les petits commerces, c'était toujours important. La jeune femme se contentera de l'observer dans un premier temps, avant de l'entendre lui poser des questions sur ces activités… Qui n'était clairement pas très légal. Tatiana soupira légèrement, alors qu'elle croisa les bras sous sa poitrine, haussant un sourcil en observant le gamin qu'elle avait en face d'elle. N'était-il pas censé, uniquement, se concentrer sur la commande qu'elle venait de faire? “Ce n'est pas très commercial que de constater les activités de ces clients, jeune homme.”

Et s'il était tombé sur quelqu'un de bien plus méchant que ce qu'elle était, hein ? Il aurait fini avec quelques ennuis, Tia' en était certaine. Mais bon, malgré ça, il restait un gamin à ses yeux. Elle soupira légèrement, avant de pencher la tête sur le côté, plissant un peu le regard. Il n'y avait qu'un voleur pour pouvoir remarquer ce genre de choses. “Disons qu'il faut bien survivre et je n'ai pas vraiment l'envie que de me poser quelque part pour vendre du poisson.” Même si sa situation restait assez complexe, Tatiana aspirait à de plus grandes choses. Peut-être qu'un jour, elle aurait le plaisir de pouvoir voyager sur les mers avec des compagnons dignes de confiance.

Elle avait beau parcourir le monde par ses propres moyens, Tia' se sentait terriblement seule et n'allait pas pouvoir rester toute seule indéfiniment. Mais elle n'avait pas envie de s'engager quelque part sur un coup de tête. Les problèmes pouvaient arriver très rapidement et elle ne pouvait se permettre que de finir avec des personnes qui la mettraient à l'envers. “Et dans ton cas, alors ? Depuis quand un ancien voleur décide de vendre des Sushis ? Il n'y a que des voleurs pour constater ce genre d'activité.”

La vie était faite d’embûche de différente façon et chacun finissait avec sa propre expérience en faisant ses propres choix afin de survivre dans un monde particulièrement dangereux. Tatiana écoutait ce gamin, sans sourciller, tout en mangeant les sushi qu’il lui présentait, se rendant bien vite compte qu’il n’avait pas dû avoir une vie facile. Comme les choses étaient si bien faites, l’un comme l’autre, leur vie n’avait pas été remplie de bonheur et de bonne chose. Tia ne se plaignait jamais de son passé, déjà parce qu’elle n’avait personne pour le faire -et ce n’était pas plus mal- mais aussi parce qu’elle désirait plus que tout de garder certaines choses secrètes. Elle ne connaissait personne de réellement digne de confiance pour qu’elle puisse partager son expérience et son passé, en espérant qu’on ne lui mettrait pas un couteau dans le dos.

Mais parfois, la solitude devenait beaucoup trop pesante pour Tatiana, elle aimerait pouvoir vivre une vie normale, s'entourer de bonnes personnes, avoir des amis de confiance et pouvoir profiter de cette liberté sans se soucier des dangers, tout simplement parce qu’elle se serait entourée. C’était beau de rêver, beaucoup trop beau pour sa situation. “La solitude… Ne te pèse pas trop parfois?” Pourquoi, diable, posait-elle ce genre de questions à un gamin, bordel ? Tia’ allait devoir faire attention, que son secret ne soit pas révêler, parce qu’elle avait bien remarquer que ce gamin n’était pas totalement idiot, il semblait même perticulièrement intelligent.

La jeune femme ne put s’empêcher de soupirer face à la question de ce gosse, se massant un peu la nuque, alors qu’elle termina tout de même ces sushi, après avoir pris la sauce sucré. C’était bien connu -pour ceux qui la connaissait que trop bien, qu’elle aimait tout particulièrement tout ce qui était sucré-. Elle nia doucement de la tête, avant de sourire un peu. “Non. Je n’ai pas toujours fait ça, mais comme je l’ai dit, je n’ai pas vraiment le choix. C’est peut-être dangereux, mais au final, le résultat sera le même.” Qu’elle se fasse prendre où non, Tia finira de toute façon avec la corde au cou. Même lui se vengerait de sa fuite et de tout le bordel qu’elle aura engendrée en ayant réussi à partir. “Je préfère vivre comme ça et être libre de faire ce que je veux, plutôt qu’enfermer entre quatre murs. Et je doute que tu veuilles vendre des sushi toute ta vie également.” Ne serait-ce pas trop ennuyant à force?

Ce petit posait beaucoup trop de questions. Tatiana le regarda doucement, alors qu’elle dégustait ces sushis. Autant dire, ils étaient pas mal, il fallait bien l’avoué et forcément qu’elle en profitait pour prendre son temps, ainsi que de réfléchir à une réponse qui éviterait qu’on se doute un peu trop de quels genre de problèmes elle pouvait avoir. Une ancienne esclave qui désirait être libre, pour de bon, c’était pas quelque chose qu’on voyait souvent. Disons qu’ils étaient, soit très discrets, soit ils n'avaient pas pu sortir de leur “prison”. Elle suivra le regard de Tim’, souriant doucement à la vue de l’océan. Ouais, navigué, avec une bande de pirate, digne et respectueux envers l’équipage, sur qui on pouvait réellement compter. C’était ça qu’elle voulait, pouvoir aller sur les océans et avoir confiance en ces compagnons. “Je pense… que ce sera possible. Disons que je pars du principe que si on est bien entouré, on n'aura plus jamais besoin de se retourner. Parce qu’ils seront là pour surveiller nos arrières.”

Ce serait tellement bien, si Tatiana pouvait trouver des gens sur qui elle pouvait réellement compter. Pour ça, il faudrait déjà qu’elle passe outre le fait d’avoir peur de se faire trahir et qu’on l’envoie à nouveau chez son “maître”. Ce serait fort problématique. Ce type était beaucoup trop dangereux, quand bien même elle espérait avoir réussi à l’éliminer. Mais, elle avait le sentiment que ce n’était pas le cas, bizarrement. Un léger soupire s’échappa de ces lèvres, alors qu’elle posa les yeux sur le gamin. “Tout ce que je veux, c’est de pouvoir être libre de faire ce que je veux et s’il faut être un pirate pour l’obtenir, je le ferai.” Ils ne sont pas tous mauvais, après tout. Son père adoptif, en était un, par le passé et il était l’homme le plus gentil qu’elle avait connu. L’unique personne qui a sacrifié sa vie pour la sienne, malheureusement.

Tatiana regarda le garçon, souriant doucement, avant de rire un peu sous ces mots. Elle savait que trop bien que c’était un risque à prendre, que certains n’étaient pas de bonnes personnes, mais elle savait aussi que c’était un peu partout comme ça. Que ce soit des pirates, des mafieux, des Marines, finalement, à ses yeux, il y avait des salauds partout où elle passait et cela ne changeait rien à ce qu’elle désirait. Tia’, c’était un peu comme son père adoptif, la piraterie lui permettait d’être libre et de voyager comme elle le désirait. Elle voulait savoir ce que c’était que de partir sur les mers, accompagner de compagnons dignes de ce nom, en qui elle pouvait avoir confiance, sans devoir quoi que ce soit à qui que ce soit.  “Comme tu dis, il y a de mauvaises personnes partout, peu importe pour qui ils “bossent”.”

La jeune femme baissa les yeux sur le dernier petit sushi qu’il lui offrait, un petit sourire aux lèvres. Ce petit gars était mignon quand il s’y mettait. Elle le remerciera et mangera le sushi sans même se poser plus de questions que ça. “Merci. C’était vraiment délicieux, ça faisait longtemps que je n’avais pas mangée de sushi~” Tellement longtemps, que la dame à la chevelure arc-en-ciel aurait pu oublier quel goût ça avait. Elle rit doucement face à sa demande, alors qu’elle nia de la tête doucement. “Cela aurait été avec plaisir, mais je vais devoir y aller. J’évite de trop traînée dans la même ville trop longtemps.”

Parce que c’était dangereux, c’est ce qu’elle se disait à chaque fois. Tia’ fuyait quelqu’un et autant dire que plus loin elle pouvait aller, au mieux ce serait pour elle. Aussi agréable soit la compagnie de Tim, l’esclave n’avait pas non plus envie de mêler un jeune comme lui à ses propres problèmes. “Ce fut un plaisir d’avoir pu discuter avec toi. Prends soin de toi, surtout.” Et voilà qu’elle remettra sa capuche de sa longue veste sur sa tête, pour partir, après avoir déposer deux petites pièces sur le comptoir du gamin, un petit extra pour avoir aidé Tia’ a pouvoir se détendre. Ce n’était pas tous les jours que ce genre de choses lui arrivait, autant dire que c’était agréable et que cela la poussait à continuer à croire qu’il y avait encore de bonnes personnes en ce monde.