Shimotsuki
Les habitants de ce petit coin de paradis sont heureux de vivre dans un village protégé non seulement par la marine, mais aussi par les plus grands bretteurs de la région. Les plus grands sabreurs d’East Blue viennent de Shimotsuki, enfin presque toute, disons la majorité. Les civils sont donc hyper protégés des menaces extérieures, Shimotsuki serait-elle l’île la plus sécurisée de la région ? Mais qu’en est-il de Shell Town, cette île militaire ? Et de Logue Town avec la fameuse 102e division menée par le colonel d’élite Jakku Kattar ? Sans oublier la petite dernière, Orange Town et sa fameuse division conduit par le colonel Shoga ? C’est un débat sans fin dans les cours de récréation. Mais dans les faits, Shimotsuki reste dans le top 5 des îles les plus sécurisées d’East Blue. Cette île a connu des générations de sabreurs, certains plus talentueux que d’autres… Nous n’oublierons jamais Roronoa Zoro qui jusqu’à aujourd’hui reste le sabreur le plus émérite de l’île, bien qu’il fut un pirate. Le plus amusant concernant le fameux Zoro, c’est que sa réputation sur l’île est mitigée. Je m’explique, la majorité des habitants n’aiment pas le pirate, mais ils aiment le sabreur… Vous comprenez pourquoi les avis sont partagés ? Le personnage n’est pas aimé, mais son talent est adoré. Une sorte de paradoxe, surtout dans l’esprit de la division Katana qui supervise la protection de l’île.
Après vous avoir présenté brièvement l’île, intéressons-nous à l’histoire d’aujourd’hui. Une jeune femme revient dans le Dojo de son maître après plus de vingt ans d’absence, ce qui est long. La femme ne savait plus qui vers se tourner, tous ses amis sont morts, tout ce qu’elle a construit depuis ses vingt dernières années a été réduit en cendres. Elle s’est donc tournée vers la seule personne qui ne l’a jamais abandonné. Son maître est accroupi en face de son élève, il lui sert gentiment une tasse de thé en affichant comme à son habitude un grand sourire apaisant. L’élève est, elle aussi, accroupie, mais contrairement à son mentor, elle ne le regarde pas dans les yeux. Elle a trop honte de ce qu’elle a fait pour croiser son regard. Une petite table en bois sépare les deux épéistes, le maître sert le thé à son apprentie.
— Tu prends toujours un sucre dans ton thé ?
La femme affiche un air abattu.
— Oui…
Dit-elle en esquivant le regard. Le mentor lui donne sa tasse, ensuite, il se sert sa propre tasse de thé vert sans sucre.
— Ne te brûle pas, c’est chaud.
Son maître boit sa tasse petit à petit, il déguste son breuvage. Son élève serre son pantalon au niveau de ses cuisses, tout en serrant les dents. Le maître termine sa tasse, il la pose délicatement sur la table.
— Bellator, te revoir me fait plaisir. Dis-moi, comment vas-tu ?
— Nodo-sama, j’ai quelques soucis.
— Bella, avant que tu n'exposes tes problèmes, je voudrais connaître la raison qui t’a poussé à venir à la rencontre de ton maître. Qui es-tu venu voir ? Le maître ou le samouraï ?
Bellator sait qu’elle ne doit pas mentir à son « père ».
— Je suis venu voir le samouraï pour qu’il me rende plus forte.
Nodo ne juge pas son élève.
— Expose tes problèmes. J’aimerais savoir qui est la personne qui te fait peur au point de venir voir un samouraï pour qu’il puisse t’entraîner, toi, l’une des plus talentueuses de mes élèves.
Elle prend son courage à deux mains, et plonge son regard dans celui du samouraï.
— Après mon départ du Dojo, il y a de cela vingt ans, la même nuit où je vous ai volé l’un de vos Meitou appartenant à votre collection, je me suis mis en quête d’argent. Je suis devenu une chasseuse de primes, mon seul plaisir était de trancher ma proie, je me fichais du sort de mon adversaire, ce qui pouvait lui arriver m’était bien égal, seul le pouvoir comptait. Victime de ma réputation, j’ai rassemblé les meilleurs épéistes de la région, et nous avons formé un groupuscule du nom de « la confrérie Blade Brothers ». Nous n’étions que de simples chasseurs de têtes, puis nous nous sommes rendu compte que de travailler dans la légalité ne rapportait pas suffisamment d’argent, nous avons donc pris la voie du mercenariat. Nous travaillions pour une organisation encore plus grande que les « Blade Brothers », cet ordre est plus redoutable que nous ne le serons jamais. Ma soif de pouvoir était devenue insatiable, l’orgueil m’aveuglait, je pensais que mes hommes étaient les plus forts de la région, nulle n’aurait pu se mettre en travers de notre chemin, la gloire nous tendait les bras. Mais un jour, sans que l’on comprenne pourquoi, un type a surgi de nulle part, un parfait inconnu. Il a assassiné un par un tous mes amis, lui et son bras droit ont exterminé notre groupe. En apprenant la perte de Barbaric, mon fidèle bras droit, je suis tombée de haut. J’ai fui, j’ai eu peur que ces tueurs me retrouvent et me tuent à mon tour. Je ne suis plus que la dernière représentante de la confrérie « Blade Brothers », et je suis seule, toute seule… Maître, si nous avions uni nos forces, si nous avions pris au sérieux cette menace, ces deux hommes seraient six pieds sous terre à l’heure qu’il est. Je ne me sens pas de taille à lutter, ils deviennent plus forts chaque jour, tandis que je m’affaiblis à petit feu. Maître, je vous en conjure, si votre entraînement ne suffisait pas à me rendre plus forte, vengez ma mort.
Dit-elle en s’inclinant face contre terre devant Nodo-sama.
— Pauvre Bella, toi qui avais toutes les chances de réussir. Tu aurais pu suivre l’exemple de ton frère Shoga, et devenir un haut gradé de la marine. Ou tu aurais pu choisir la voie de ton frère Ken, ouvrir un Dojo. Parmi tes frères et sœurs de cœur, tu es la seule qui ait choisi la voie de l’ombre. Je ne te jugerai pas, mais sache que mon cœur de père a saigné plus d’une fois en lisant tes exploits dans les journaux. Tu es mon enfant, et peu importe qu’on ait le même sang ou non, je t’aime comme ma fille. Tu récoltes ce que tu as semé, tu as semé la mort, et aujourd’hui, c’est la mort qui tape à ta porte.
Bellator s’emporte.
— J’en étais sûr ! Il n’y a que Shoga et Ken qui comptent pour vous, je suis un rebut, un déchet à vos yeux parce que je n’ai pas suivi votre voie ! Jamais je n’aurais pu devenir une marine comme vous l’avez été dans votre jeunesse, et jamais, je n’aurai pu reprendre ce Dojo ou n’importe lequel, d’ailleurs ! Vous n’êtes qu’un vieux fou, vous laisseriez votre fille se faire assassiner sans rien dire ?! Si c’était Shoga ou Ken, ce serait différent, vous donneriez votre vie pour eux, et sans hésiter !
La criminelle est bouche bée, elle n’en revient pas, ce qu’elle voit dépasse tout ce qu’elle avait pu imaginer. Des larmes coulent sur le visage de Nodo, ce qui laisse sans voix Bellator, son Senseï n’a jamais pleuré devant elle, ni aucun de ses « fils » et « filles ».
— J’ai mal pour toi, ma chérie. Toute cette haine, toute cette rancœur que tu nourris envers moi est la preuve que je suis responsable de ce que tu es aujourd’hui. Si j’avais su déceler cette souffrance en toi bien avant que tu ne partes, nous n’aurions pas souffert autant durant deux décennies.
Nodo se lève, puis il s’approche de sa fille, et l’étreint avec amour, elle se débat tout en pleurant et en hurlant.
— Lâche-moi, lâche-moi, tu n’es pas mon père ! Tu ne m’aimes pas, alors va-t’en, et laisse-moi mourir comme le déchet que je suis !
Nodo se lève, lâchant sa fille au passage. Il s’approche d’un mur sur lequel sont entreposées diverses armes blanches. Puis, il décroche un Tantô. Il s’approche de trois pas de son élève, ensuite il se met à genoux. D’un coup sec, il se poignarde le ventre, le sang gicle sur le plancher. Bellator n’en revient pas, il est en train de ce Seppuku.
— Bellator, chair de ma chair, sang de mon sang… Crois-tu encore que je ne t’aime pas autant que tes frères et sœurs ? Si c’est le cas, je m'ôterai la vie pour expier mes fautes envers toi. Ma mort ne sera qu’une faible consolation comparée aux souffrances que tu as endurées, je n’ai pas le droit de me plaindre, ma douleur n’est rien comparé à la tienne.
Dit-il en affichant un grand sourire chaleureux.
— Attends, ne faites pas ça ! Je… je vous crois… si vous êtes prêt à aller jusqu’au bout pour me prouver ton amour, je vous crois !
Dit-elle en pleurant. Nodo est tellement heureux qu’il ne peut s’empêcher de pleurer de joie.
— Ah, mon enfant. Je suis heureux que tu aies pu me pardonner.
Nodo se relève malgré sa plaie ouverte, c’est une force de la nature. Ses deux mains sont placées au niveau du ventre, pour empêcher toute fuite. Bellator se précipite sur Nodo, et elle l’aide. Le vieux maître est conduit à l’infirmerie dans son Dojo. Le médecin et ses assistantes qui ont l’habitude de soigner ce genre de blessure, surtout à cause des duels et des entraînements, s’occupent du patron du Dojo. Avant d’être endormi pour faciliter l’opération, le maître donne un conseil à sa fille.
— Chérie, ne te sous-estime pas. Tu es doué, très doué… Lorsque ses hommes viendront pour te chercher, tu les vaincras, et j’espère que tu choisiras une voie qui te correspond le mieux.
L’opération peut commencer. Bellator sort du Dojo, elle a retrouvé son assurance, sa détermination, elle veut faire payer à Hunter ce qu’il a fait. Elle sait très bien que sa position de fuyarde est déjà connue par les chasseurs de primes des environs, et pour preuve, à peine s’était-elle éloignée du Dojo, que quatre chasseurs de primes se dressent devant elle.
Dernière édition par Hunter le Lun 5 Déc 2022 - 12:26, édité 1 fois