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[Quête] Lorsque le Gouvernement s'oppose au Climat !

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Le soleil se lève sur Drum, les premiers rayons peinent à traverser les nuages épais qui déversent déjà leur neige sur le pays des cerisiers. Mais comme chaque jour, le CHU est en effervescence, cependant aujourd’hui … il y a une ambiance pesante.

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« Lise regarde. Les troupes de la Commodore sont déjà là, elle a placé ses pions partout. »

« Je vois. Elle a dû rester à Bighorn et déverser ses larbins un peu partout pour nous cerner au centre de l’ile … ici-même. »

Jyll et moi sommes à la fenêtre de ma luxueuse chambre de soin, toute rangée et prête à être quittée. Les corps de l’infirmier et du médecin que nous avons dû éliminer pour nous faire gagner du temps ne sont plus là, je les aient volontairement mit dans la salle de bain pour éviter que le jeune étudiant avec nous se réveille en panique. D’ailleurs, en parlant de lui, le jeune Marc de Merle ouvre les yeux. Après s’être fait assommée par mon arme climatique c’est avec un gros mal de crâne que ce dernier recouvre ses esprits.

« Oh … Elisabeth … »

« Quoi. »

« Oh ………. Aaah … Aaaaah …. »

« Non ! N’hurle plus, sinon je ne t’assomme pas, je te tue. »

J’attrape le menton du jeune homme en le menaçant de mon bâton foudroyant, ce dernier daigne alors se taire. Enfin. Jyll s’avance vers la porte, le monde grouille à l’extérieur, il va falloir se fondre dans la masse et réussir à quitter l’hôpital le plus discrètement possible. Soudainement, le visage de mon acolyte pâlit à vue d’œil.

« Lise. On n’a plus le temps ! La Marine est là ! Avec des infirmiers, ils vont indiquer notre chambre. »

« Viens, je vais nous faire disparaître. »

« Quoi .. que quoi ? Comment … comment allez-vous faire ? »

« Tu te tais toi. Et tu restes accroché à Jyll. »

Je fais alors tournoyer mon arme climatique derrière moi de manière à ce que des mini bulles nous entourent tous les trois. La pression atmosphérique globale de l’hôpital étant plutôt basse, mes mini bulles doivent contenir de la chaleur pour ainsi nous nimber derrière un mirage. Jyll récupère son sac à dos et réajuste sa cravate avant que le mirage le fasse disparaître. Marc de Merle se fait relever par mon acolyte qui lui couvre la bouche de sa main droite. Et en quelques secondes, nous voilà devenus invisibles. À cet instant même, la porte de la chambre dont Jyll a prit le soin de déverrouiller le verrou, s’ouvre lentement pour finalement laisser entrer deux membres de la Marine et une infirmière qui restent subjugués devant notre pseudo absence.

Une discussion s’entame alors entre eux, j’en profite pour guider Jyll vers l’extérieur, en marchant d’un pas léger sans claquer mes talons au sol pour ne pas nous faire repérer. Le brouhaha du couloir couvre avec chance nos mouvements. Et en l’espace de quelques secondes, nous voilà sortis de cette chambre. Malheureusement, nous devons nous faufiler entre la foule pour ne pas nous faire découvrir, sortant d’un mirage. En quelques minutes, déjà bien loin de notre chambre, le mirage se lève alors que je pousse Marc dans une pièce qui semble être un vestiaire pour les médecins. Deux d’entre eux sont d’ailleurs en train de se changer.


« Oh … mais sortez d’ici ! Cette zone est réservée au personnel. »

« Jyll, ne laissons aucune trace de notre passage. »

Sans faire de bruit plus que nécessaire je me glisse derrière l’un des médecins pour le griller sur place, Jyll assomme le second en prenant soin d’emporter Marc avec lui, qui récupère bien malgré lui, le corps de son supérieur assommé.

« Aucune trace j’ai dit. »

« Lise, ce sont des médecins. »

« Je sais. Et ce sont nos ennemis, cette nation est protégée par le Gouvernement, si nous laissons filer une personne qui nous a vu, c’est laisser une porte d’entrée aux problèmes. Nous n’en avons pas besoin. »

Ma phrase est dure, mais censée. Jyll le comprend mais ne souhaite pas faire cela, il bâillonne alors le soignant et l’enferme dans un casier … d’ici à ce que quelqu’un le retrouve, peut-être sera-t-il déjà mort. Je hoche positivement la tête avant de réajuster une mèche de cheveux pour finalement attacher mes longs cheveux argentés en queue de cheval haute. Les choses sérieuses ont déjà commencées.

« Aucune alerte n’a été donnée ? »

« Co…comment suis-je censé le savoir ? »

« Tu es étudiant en médecine, tu as forcément des signes qui ne trompent pas. Lorsqu’il y a une alerte dans un service médical, tu le sais, tu dois capter certaines habitudes ou façons de faire inhabituelles, mieux que nous en tout cas. »

« En effet … et … non … aucune alerte n’a été donnée. Mais .. j’aurais une question ! »

« Nous n’avons pas le temps, tu es notre otage alors tu te tais et tu avances. »

« Qui vous a mit dans l’état dans lequel vous étiez lorsque j’étais sur votre navire ? »

Un long silence s’installe. Je suis remise … complètement remise. Et je n’ai absolument pas envie de me remémorer la lourde défaite que j’ai subis par ce salaud du cipher pôle. Cet enfoiré, je le retrouverais et lui ferais payer tous les mots lourds de sens qu’il a pu tenir à mon égard.

« Un membre du Cipher Pole s’est attaqué à nous, à Little Garden. »

« Le Cipher Pole ? C’est une organisation gouvernementale ? Si elle vous a attaqué c’est forcément une bonne raison. Vous êtes des pirates ! Vous faites le mal autour de vous. »

« C’est un discours d’idiot. »

« Non ! Les pirates font peur aux honnêtes gens. Regardez le mal que vous faites à un pauvre royaume par votre simple présence. Vous êtes craints et vous faites régner la terreur. »

Ma colère commence à grimper en flèche, je lâche alors mon arme climatique pour faire volte-face et m’avancer vers Marc que j’attrape fermement au niveau du cou. Immédiatement, ce dernier se met à pleurer, lâchant tous les sanglots du monde et s’agitant pour que je le lâche. Je sens sa respiration entre mes doigts, je sens son pouls faiblir entre mes doigts. Et je sens cette haine qui monte en moi, ce pauvre gamin pourrait être mort depuis longtemps.

« À quoi est-ce que ça servirait d’expliquer ses rêves à un pauvre idiot dans ton genre ? »

Je relâche alors la pression sur le cou du jeune homme qui tombe à genou. Je retourne ramasser mon arme climatique tandis que Jyll observe la scène de loin, les bras croisés et le regard sévère. En temps normal je me serais laissé emporter par cette haine et aurait hurler mon rêve en clamant haut et fort être capable de l’atteindre. Mais maintenant quoi ? Je me suis faites salement laminer par un administrateur du cipher pole, comment oserais-je clamer haut et fort que je suis assez puissante pour m’opposer au gouvernement tout entier et que je pourrais dévoiler la vérité sur le siècle oublié.

« Lise est une pirate certes. Mais elle a un rêve. »

« Jyll ? »

Je me retourne vers mon ami, ne comprenant pas ce qu’il cherche à faire.

« C’est une archéologue reconnue pour avoir déchiffré le ponéglyphe de Whiskey Peak. Et ce n’est que le début, elle a pour vocation de dévoiler au grand jour l’histoire du siècle oublié ! Ce siècle rayé des livres d’histoires que le gouvernement nous force à rayer de nos mémoires. Lise a pour objectif de rétablir la vérité et de rétablir la véritable justice dans ce monde. Et si pour ça elle doit utiliser la manière forte, elle le fera. C’est une pirate après tout. »

Termina par dire mon ami, un grand sourire aux lèvres. Face à cela, Marc ne sait que dire. Il reste interdit un long moment avant de se relever et de daigner ouvrir sa bouche pour dire quelque chose, d’une voix faible.

« C’est un rêve compliqué. Et qui vous soumet à tellement de choses. Le gouvernement voit d’un vrai mauvais œil les recherches à ce sujet si je ne me trompe pas. Vous seriez même dangereux pour vos proches. »

« Évidemment … c’est le risque à prendre. Mais je le prend, dans l’espoir de réussir à atteindre mon but. Navrée de te décevoir Marc, je ne suis pas une pirate lambda qui ne cherche qu’à faire régner la terreur pour être Impératrice et dominer bêtement le monde. »

« Je … je déteste ce genre de pirates. »

« Et moi dont. Voilà à quoi en est réduit la vision des pirates à cause de ces clichés de la profession. »

Dis-je sur un ton amusé.


Dernière édition par Elisabeth L. Gray le Lun 13 Fév 2023 - 16:21, édité 1 fois
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« Je ne veux pas te couper Lise, mais il y a du vacarme dehors. »

Je m’approche discrètement de la petite fenêtre du vestiaire pour remarquer qu’à l’extérieur, tout est en train de s’agiter. La milice locale se mêle maintenant aux infirmiers, il doit y avoir bien plus d’une centaine d’hommes sous les ordres de la commodore dans l’établissement. Notre fuite risque d’être plus compliquée que prévu, et nous devons retrouver Meira au port de Bighorn aux alentours de midi, pour enfin quitter ce Royaume hivernal.

« Notre repos aura été de courte durée. Il va falloir user à nouveau d’un mirage pour sortir. »

« Oui, mais ça risque de ne pas être très efficace, il va falloir se montrer prudent et esquiver la foule dans le couloir au risque que le mirage se dissipe. »

« J’ai peur … laissez… laissez moi ici s’il vous plaît. Je ne vous servirais à rien. »

« Tais-toi. »

« Attends Lise. Marc, il doit bien y avoir un train en partance de Bighorn dans la matinée non ? À quel heure est-ce qu’il part ? Nous devons retrouver Meira au port de la ville lorsque le soleil sera haut dans le ciel. »

« Je … je ne vous le dirais pas ! »

« Ah oui ? »

Dis-je d’un ton moqueur avec un sourire aux lèvres en faisant tournoyer mon bâton foudroyant dans ma main droite.

« Nooon !!! Noon pardon ! Les … les trains passent toutes les demi-heures pour partir vers Bighorn. Afin d’assurer un transport régulier des étudiants, c’est une obligation que le Roi a instaurée afin que tout le monde puisse arriver à l’heure en classe. Vous savez, c’est très compliqué d’avoir assez de place pour tout le monde dans un seul … »

« Tais-toi bon sang ! On a compris. »

« Pardon. »

« Qu’est-ce qu’on fait alors ? »

« Rapprochez-vous, on va sortir d’ici, Marc tu restes accroché à Jyll. Et on va traverser tranquillement le couloir principal pour rejoindre les étages inférieurs et quitter l’hôpital en nous mêlant à la foule. Ouvre la voie. »

« Quoi ? »

« Ouvre la voie, place toi devant, on reste derrière, tu nous guides. »

Je sens le jeune homme pris d’une panique incontrôlable, il se voit déjà arrêté par la Marine pour avoir été le complice de deux pirates recherchés dans tout le Royaume. Il se met alors à se frotter nerveusement les cheveux en reprenant les sanglots et les pleurs. Ma patience est mise à rude épreuve, très sérieusement je commence à m’impatienter. J’attrape Marc et le place devant nous, réitérant mon mouvement de bâton climatique pour nous nimber sous une couche de pression atmosphérique plus chaude que la température ambiante et ainsi nous permettre de devenir invisible, terminant par dire d’une voix sèche et forte.

« On se tait. »

Le voile nous nimbe immédiatement sous un mirage et nous reprenons une marche calme, à moitié accroupis en nous faufilant tous les trois à la file indienne derrière Marc pour suivre le chemin qu’il nous ouvre bien malgré lui. Ce dernier continue de pleurer à chaude larme sans oser lâcher un sanglot. Nous parvenons à quitter le dixième étage où nous étions pour parvenir jusqu’au septième. Cet étage, bien plus bondé que les autres semble être celui des chirurgies d’urgence, évidemment que nous n’allions pas passés inaperçus. Marc se prit un chariot de réanimation sur le flanc, tombant lourdement au sol, relevant le mirage qui le rendait invisible. Le vacarme du chariot et du jeune homme tombant au sol fait réagir tous les médecins et les Marines présents. Et tous … se tournent à l’unisson vers nous. Et déjà, des chuchotements se font entre eux.

« C’est eux ? »

« Ils étaient là depuis le début ? »

La cinquantaine de médecins présents s’écartèrent bien tranquillement de nous, laissant un cercle se former, dont nous sommes le centre. Jyll va pour s’élancer sur Marc et le relever, mais une balle éclate alors à un centimètre de son pied droit. Une dizaine d’agents du gouvernement sort de la foule pour s’avancer et nous viser avec leurs armes à feu.

« Plus un geste. Elisabeth L. Gray, Jyll ! Vous êtes en état d’arrestation, lâchez ce jeune homme. »

« Navrée messieurs. Vous ne faites que votre travail mais ça ne nous arrange pas. »

Mon regard est ferme et mon ton est sec, aucune empathie n’a l’air de sortir de ces hommes, de ce que je vois ils sont stricts et n’ont qu’une pensée, nous cribler de balles, il va falloir être réactifs. Marc est maintenant bien trop loin de nous pour que nous puissions nous jeter sur lui et repartir comme si de rien n’était. Un mirage ne fonctionnerait pas, trop long à mettre en place avec mon arme actuelle. Allons-nous vraiment devoir nous laisser capturer ?

« Messieurs, veuillez pousser le chemin. VITE VITE ! »

Derrière nous, un groupe de chirurgiens et d’infirmiers sont en train de pousser un lit sur lequel un interne en médecine est accroupis sur un patient en train de lui faire un massage cardiaque à même le cœur. Ils n’ont pas de temps à perdre, nous sommes à l’étage des urgences chirurgicales, et une urgence n’attend jamais. Nous nous faisons donc tous bousculer sans prévenir, Jyll est repoussé au sol, et je suis repoussé à l’opposé, profitant de ça pour plier mon arme climatique en deux. Une fois le « convoi » passé, je ne perds pas de temps et lance mon bâton climatique en avant.

« Cyclone Tempo ! Jyll, on prend l’escalier ! »

Mon arme climatique déferle dans le couloir, emportant tout sur son passage, brisant les fenêtres et créant une bourrasque d’une violence inouïe. Les médecins, infirmiers, chirurgiens, agents du gouvernement. Tous sont prit dans un puissant cyclone qui ravage l’étage entier. Vue de l’extérieur du château sur la face ouest, les fenêtres éclatent et retombent en miettes sur la neige extérieure. Tandis que Jyll et moi dévalons littéralement la cage d’escalier réservé au personnel soignant, les escargoparleurs du château annoncent l’alerte générale, un code noir de ce que j’entends. Les étages supérieurs s’affolent et déjà, un nombre énorme de soldats débarquent dans la cage d’escalier. Tout en descendant les marches, j’en ai profité pour déverser une grande quantité de bulles chaudes et de bulles froides qui se sont rassemblées au point le plus haut de la cage d’escalier.

« Sortons, maintenant ! »

« Il reste un étage à descendre Lise, continuons. »

« Non ! Pousse-toi ! Thunderbolt … Tempo ! »

Le grondement au-dessus de nous termine par éclater alors que je nous pousse hors de la cage d’escalier. Un véritable orage éclate sur les escaliers, les éclairs frappent chaque étage, chaque marche, chaque soldats présents. Les hurlements sont à glacer le sang, une odeur de brûlé et une sensation de chaleur s’extirpe de derrière la porte menant aux escaliers, en plus d’une légère fumée, puis … plus aucun bruit à l’intérieur. Tous les soldats ont été touchés, du moins tout ceux qui étaient derrière nos côtes, dans ces escaliers.

« Bien joué, on continue. Le train va partir. »

« Ouais. »
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À l’extérieur du château hôpital, un Colonel de la Marine dépêché par la Commodore organise les troupes et tous se mettent en mouvement au rez-de-chaussée, et au premier étage, le reste des troupes s’est organisé pour nous bloquer l’accès au seul moyen de descendre, l’ascenseur. Ne sachant pas cela, il fallut confronter une nouvelle fois une troupe de dix hommes de la Marine qui nous contournèrent et nous empêchèrent d’atteindre notre seul moyen de sortie. Un bon coup de climat-tact sur le coin du crâne, et des tirs d’arme à feu esquivés plus tard, on se retrouve avec Jyll dans une chambre d’hôpital du premier étage.

« Merde … ils sont nombreux. »

Nous avions quitté notre chambre initiale il n’y a même pas une heure que nous sommes déjà transpirants et essoufflés, à courir et combattre à chaque coin de couloir. Jyll ferme la porte avec le verrou derrière lui, avant de s’accroupir. Je m’allonge sur le lit de la chambre en poussant un long souffle fatigué.

« J’en ai marre de courir partout. Le soleil s’est bien levé, faut se casser d’ici. »

« Le train ne devrait vraiment pas tarder à partir ! Tu veux faire quoi ? »

« Le premier étage est bouclé, si tu remarques bien, plus aucun pro n’est dans le coin. »

« Ouais, y’a pas que l’étage de bouclé. Nous aussi, on peut plus prendre l’escalier parce que t’as ravagé la cage d’escalier. »

« Et l’ascenseur est protégé par la Marine. »

« Va falloir sauter par une fenêtre. Celle au fond du couloir, à côté de la cage d’escalier, donne sur l’entrée des urgences, l’idée te plaît ? »

« Bah super, heureusement qu’il neige ici je te jure. »

« Rooh ça va, c’est le premier étage tu vas pas te fouler une cheville. »

« T’es bête. »

Malgré le coté stressant et sous tension de la situation dans laquelle nous nous trouvons, Jyll parvient à m’arracher un rire amusé. J’entends les incapables de la Marine courir dans le couloir dehors, on va sortir en trombe et tout péter dans ce putain d’hôpital ! Je donne un violent chassé dans la porte qui s’envole et assomme deux types qui courraient dans le couloir à notre recherche. L’extrémité de mon bâton climatique que je tiens dans ma main gauche derrière mon dos, commence à s’électriser. Jyll se tient à mes côtés et fait craquer ses doigts.

« Bougez de là, on se casse ! »

Sans perdre de temps, je range mon arme climatique de la chaleur à ma ceinture et tiens mes bâtons du froid et de la foudre dans mes mains en les regroupant devant moi pour former un nuage électrique. Tel un petit poucet, je laisse des nuages de foudre sur notre chemin tandis que nous courons en direction de cette fenêtre au fond du grand couloir. Les hommes de la Marine n’y prêtent pas attention et se contentent de les esquiver en déviant leur course. Une fois tous les deux arrivés devant la fenêtre, Jyll l’ouvre et saute le premier. Il y a bien dix mètres à sauter pour atterrir dans la neige, mon acolyte s’élance sans réfléchir tandis que je m’assois sur le rebord de la fenêtre en souriant à la vingtaine de poursuivants derrière nous.

« À la revoyure. Thunder Lance … TEMPO ! »

Puis je termine par me pousser du rebord de la fenêtre pour tomber en arrière, en levant mon bâton climatique haut dans le ciel. En l’espace d’une seconde seulement, tous les nuages que j’ai semé dans le long couloir se mettent tous en activité et foudroie l’intégralité de ce qui se trouve sur leur chemin pour rejoindre mon arme. Le choc brisant les murs et piliers de l’étage, le tonnerre faisant éclater les fenêtres de l’étage et de celui supérieur. Vue de l’extérieur du château, un immense éclair a traversé et ravagé le premier étage. Les piliers s’effondrent les uns après les autres, se faisant s’effondrer une partie du premier étage sur les urgences, faisant certes des victimes collatérales et détruisant une partie d’un monument de l’île. Mais au moins, j’atterris sur un tas de neige, légèrement sonnée par le choc et par le bruit de l’orage intense qui a éclaté.

« Lise … Lise … Liiiise ! Lève-toi, faut se casser d’ici. T’as foutu un sacré bordel là. »

Je peine à ouvrir les yeux, l’atterrissage sur le dos fait tout sauf du bien à mon cerveau qui résonne dans mes oreilles. Finalement, Jyll vient m’aider à me redresser et devant nous, les ravages de l’orage sont en train de s’étirer à tout le rez-de-chaussée. Une partie du premier étage s’est effondré, les fenêtres du septième étage, ont toute explosées, et la façade nord du château, là où se trouve la cage d’escalier réservé au personnel est incendiée et cramoisie par mon orage. Les alarmes et cris des victimes me ramènent à la réalité, je secoue nerveusement ma tête avant de me redresser en posant ma main sur la neige … ce froid. C’est la première fois que je le sens aussi intense.

« Ne perdons pas de temps, le Colonel ne devrait pas tarder à nous retrouver. On se fond dans la masse à la gare de l’hôpital et on se casse. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Jyll m’aide à me relever et nous courrons dans la neige pour nous fondre parmi la foule locale. Entre les lycéens, les soignants, les urgences, les pompiers, les soldats de la Marines … c’est l’affolement à l’état pur et personne ne regarde personne. Il y a des agents placés en sentinelle pour organiser le flux de personnes mais rien d’entravant pour que nous entrions en trombe dans la gare. Une fois dans l’édifice, j’aperçois au loin, celui qui semble être le Colonel, un homme grand barbu, le torse musclé et bombé, un regard grave et un képi blanc. Sa chemise bien trop serrée pour lui menace de faire éclater un bouton. Ses yeux parcourt alors la foule dont nous faisons partie. Et en un regard échangé … il comprend qui nous sommes, ma chevelure et ma cape ne passent certes pas inaperçu mais son observation est assez poussée pour qu’il m’aperçoive. Cet homme est intelligent, il ne se glisse pas dans la foule et se contente de parler à un escargophone noir pour parler à quelqu’un. Le train menace de partir d’un instant à l’autre et mon stress augmente, si le train part … s’en est fini de nous. Le Colonel nous a remarqué, la mort nous attend si on ne s’enfuit pas.

« Jyll court. »

« Si on fait ça, on se crame. Restons calmes, il y a du monde, on passe inaperçu. »

« Inaperçus de rien du tout. Le Colonel nous a remarqué, il est en liaison avec quelqu'un. Sûrement le capitaine du train, il faut l'empêcher d'arrêter le démarrage du train. GO ! »

J’attrape le bras de mon ami pour commencer à courir en bousculant quelques civils qui passent par là. Certains passent rapidement à autre chose alors que d’autres, restent fixés sur nous et parviennent à faire le lien entre nous et nos avis de recherches qui ont dû faire le tour du Royaume. Un brouhaha s’élève, nos prénoms également. Le Colonel se met en action, tout comme le train qui siffle et dont le capitaine hurle que le train à destination de Bighorn va partir.

« Merde merde merde … »

« Elisabeth ! Jyll ! Arrêtez-vous immédiatement ! Tirez à vue ! »

« Euh… Colonel ils sont au milieu de civils ... »

« TIREZ BORDEL ! Abattez ces foutus rats, ils ont détruit notre hôpital, ne les laissez pas partir vivants ! »

Ils vont tirer à vue dans un tas de civil ? Pour nous abattre ?! Ils sont inhumains. Je prends une seconde pour pousser Jyll vers le train et me retourner vers lui en faisant tournoyer mon arme climatique dans mon dos, libérant une nuée de bulles froides qui se mettent à virevolter dans l’enceinte de la grande gare de l’hôpital.

« Vous tirez à vue maintenant dans la Marine ? Bande d’idiots. Fog Tempo ~ »

Les bulles de froid éclatent les unes après les autres, la différence de température installe une brume épaisse qui nimbe l’intégralité des civils et de la Marine dans un flou qui les empêche de tirer. Face à cela, le Colonel perd notre trace et n’oserait pas, je l’espère, demander à tirer dans la brume pour nous tirer comme des lapins. Grâce à cela, je peut courir à l’abri vers le train qui quitte la gare tout en rangeant mon arme climatique à ma ceinture.

« Merde … faites arrêter ce train ! »

« On ne peut pas mon Colonel, la liaison avec la cabine du commandant a été rompue. »

« Quoi ? »

Jyll étant monté peu avant moi, s’est infiltré dans la cabine du commandant et a détruit le pauvre escargophone assurant la liaison entre le train et l’escargophone du Colonel. Sa main est appuyée sur la bouche du conducteur du train.

« Pas un geste, pas un bruit et touut ira bien pour vous. »

Une fois montée à mon tour dans ce train qui file vers Bighorn, l’allure que prend la machine emporte finalement la brume présente dans la gare. Le pauvre Colonel dépêché par la Commodore se retrouve alors face à un quai principal vide, les civils apeurés et perdus, et ses hommes complètement honteux de s’être fait avoir bêtement.
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« Bon … où est Jyll maintenant ? »

Je suis accroupie dans le sas d’entrée, à l’abri des regards des civils assis dans les différents wagons. Je suis positionnée vers le sixième wagon à peu près, un jeune homme se glisse alors dans le sas en pleurant, c’est bien ma veine encore un ga… non sérieusement ? Nos regards restent fixés l’un sur l’autre pendant un long moment. Marc ? Ici ? Maintenant ? Non mais en plus sur moi ?

« Oh non … »

« Ferme la. »

Je me jette sur lui avant même qu’un son ne puisse sortir de sa bouche pour le maintenir au sol en retenant ma propre respiration. Ce gamin est là, je dois faire avec, c’est un véritable poids en qui je ne peux pas avoir confiance.

« Je ne suis pas Jyll. Alors tu la fermes et tu restes discret. Est-ce qu’il y a un wagon tranquille où se poser pour que tu me soignes ? »

Je prends toutes les précautions pour le placer convenablement contre la porte du wagon, cachés des civils par les portes bagages remplis. D’un geste rapide de mon climat-tact, j’adapte la température ambiante qui nous entoure pour nous faire disparaître dans un mirage. Au moins, si l’idée venait à un civil de passer d’un wagon à un autre, personne ne nous verrait. Je continue de maintenir le mirage tout en parlant avec un renouvellement des bulles climatiques. J’essaie de parler assez bas pour rester discret et ordonne à Marc de rester discret. Ce dernier comprend bien qu’il n’a pas intérêt à l’ouvrir trop grand.

« Il y a … un wagon toilette. »

« Où ça ? »

« À deux wagons d’ici … vers le premier wagon. »

« Parfait. Jyll doit être là-bas. »

« Comment … on … va passer ? »

« Maintenir un mirage dans un environnement aussi froid risque d’être complexe. Pas le choix, on va créer une émeute. »

« Hein ? Quoi ? »

« Je plaisante. On va y aller sous un mirage d’air chaud, je dois pouvoir réussir à faire ça. Mais il ne va pas falloir traîner le pas, normalement dans un wagon personne ne devrait être amené à se lever précipitamment. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, je sors mon arme climatique je fais tournoyer autour de nous. Maintenant relevés dans ce sas d’entre deux wagons, l’air devient alors insoutenable pour Marc qui peine à reprendre sa respiration. Je suis forcée de libérer des bulles climatiques de chaleur pour nous nimber d’une couche de chaleur et ainsi nous permettre de devenir invisible. Une fois cela fait, j’emporte Marc par l’épaule en le tirant avec moi.

« On avance, et sans un bruit. »

Nous passons le premier wagon qui nous sépare du wagon toilettes sans embûches, les personnes y sont très calmes, tous assis et apparemment rassurés d’avoir échappés à la pirate de Drum. J’affiche un léger sourire moqueur tout en continuant mon chemin. Je ne sais d’ailleurs pas ce qui se passe dehors mais la Commodore doit avoir préparé ses troupes à notre arrivée à Bighorn, son Colonel a dû l’avertir que Jyll et moi avons réussis à nous échapper du CHU en vie et déterminés à fuir ce foutu Royaume. Une fois le premier wagon dépassé, nous marquons une pause rapide entre les deux wagons, je lève mon mirage pour reprendre un peu ma respiration. Marc est en nage.

« Eh bien ? Tu ne supportes pas bien les mirages on dirait. »

« C’est … insoutenable ! Mais pourquoi m’avoir capturé à nouveau. Laissez-moi maintenant ! Vous avez réussi à vous enfuir du CHU, je ne vous suis d’aucune utilité à présent. C’est trop ! Je ne suis qu’un étudiant. »

Le revoilà, tombant à genoux, en pleurant. Ce qui est trop c’est ce comportement de victime. Je ne me gêne pas pour littéralement ramasser ce sale gosse par le col et rapprocher son visage du mien. Lui lançant un regard des plus menaçants, tenant toujours fermement mon arme climatique dans ma seule main de libre à présent.

« Tu ne sembles pas avoir compris le principe d’un otage mon grand. Tu vas nous servir de monnaie de sortie. Cette Commodore est basée à la gare de Bighorn, elle nous attend. Nous sortirons avec toi et nous t’utiliserons de manière à pouvoir nous en sortir. »

« Vous êtes une horrible personne ! »

« Oui, mais ça tu le sais déjà. Être pirate n’est pas de tout repos et nous ne suivons pas les règles imposées par ce pseudo Gouvernement. Ils ont faux sur toute la ligne, si je dois m’enfuir et sauver mes amis en dépit d’un sale gosse pleurnichard, je le ferais. »

Face à cela, Marc n’ose plus rien dire et se tait. Nous permettant de reprendre notre aventure sous mirage chaud jusqu’au wagon toilettes. Le second wagon à passer est une épreuve en soit, les gosses qui courent dans les allées sont les plus pénibles à éviter, et par je ne sais quel miracle nous parvenons à le faire en les bousculant trop peu pour qu’ils ne se posent pas trop de questions. Finalement, Marc passe en premier les portes wagons, je libère un léger vent de mon arme climatique pour faire croire à un vent engouffré dans l’habitacle ayant ouvert la porte à notre passage. Finalement, le wagon qui s’offre à nous est presque luxueux. Tout en longueur. Il y a une bonne dizaine de cabines avec l’essentiel pour la toilette de base. J’entre donc dans l’une d’elle en retirant ma cape et en poussant Marc sur les toilettes.

« Tu as des trucs de soin dans ton sac à dos ? »

« Euh le nécessaire basique … un désinfectant et des pansements. »

« Vraiment très basique. »

En retirant ma cape je montre une entaille assez profonde à l’épaule qu’un homme du gouvernement m’a asséné à l’intérieur du château. Marc comprend vite qu’il n’a pas d’autre choix que de coopérer, il fait donc son travail et me désinfecté mes plaies et entailles légères avant de passer à la plus importante, c’est désagréable. La douleur est présente mais je tâche d’être silencieuse, n’importe qui pourrait être dans une cabine et nous entendrais, je ne préfère donc pas parler et laisser faire le médecin. Malgré le fait qu’il soit sous la pression, le jeune homme réalise très bien son travail et de manière appliqué, j’arrache un morceau de ma sublime cape pour qu’il fasse un gros pansement au niveau de mon bras et de mon épaule afin d’arrêter le saignement.

Après ça, il dépose quelques pansements afin d’habiller mes séquelles de mon affrontement dans le CHU et me donne un fruit qu’il lui restait dans son sac à dos. Je le sens bien hésitant mais sa seule volonté de médecin fait le reste. Il porte une vraie haine contre les pirates, mais son rôle lui colle à la peau. Je prends son fruit que je mange rapidement avant de jeter les restes dans la poubelle de la cabine toilettes. Maintenant que c’est fait, nous allons pouvoir nous mettre en route vers le wagon du conducteur du train où Jyll a dû se rendre pour nous permettre de fuir sans accroches.


« Bighorn est proche … »

À l’extérieur, les sapins nous frôlent, la neige nous fouette à la simple force du vent. Et entre tous ces obstacles, nous pouvons apercevoir à quelques kilomètres de là, la ville portuaire de Bighorn. D’ici nous ne pouvons en apercevoir que les toitures, mais c’est déjà assez pour me remotiver. Ne perdons pas plus de temps ici, j’attrape le jeune Marc par la main et le fait passer devant moi avant de sortir du wagon dans lequel nous nous trouvions. Je ne compte plus me cacher à présent, même si nous risquerions de nous faire attraper, plus de temps à perdre.

« Attend…attendez Elisabeth, votre mirage. »

« Pas de temps à perdre, passe devant. J’entame une discussion, et tu cours en avant pour attirer l’attention. »

« Je … non ! »

Je ne laisse guère plus de temps de réflexion au jeune médecin que nous voilà déjà dans le nouveau wagon. Il y a bien une trentaine de personnes et sous l’effet de la pression, Marc se met à courir bêtement à travers le couloir du wagon que nous traversons. Tâchons de jouer la comédie le mieux possible, je couvre mon visage d’une main de la honte en riant nerveusement, nous faisant sûrement passer pour un beau duo d’idiot mais au moins, personne n’a daigné relever mon identité. En arrivant au sas entre le dernier wagon à traverser et celui que nous venons de parcourir je me cogne à Marc qui s’est arrêté brusquement.

« Pourquoi tu t’arr… Jyll ?! »

« Vous êtes là ! Tous les deux ! Tous les deux ? »

« J’ai retrouvé le gamin sur mon chemin, il s’est perdu dans le mauvais train. »

« Ahah dommage pour toi marmot. »

Mon acolyte Jyll a quitté la cabine du commandant en lui ordonnant de les conduire à bon port après avoir détruit son moyen de communication avec la Marine, nous accordant ainsi un voyage tranquille en direction de Bighorn. Les dernières minutes à bord de ce train furent passés dans ce sas, à discuter de notre moyen de fuir d’ici, à s’imaginer toutes les situations possibles et inimaginables, avec bien évidemment, Marc en panique totale à nos côtés. Ce dernier se demandant quel sera son rôle et s’il va pouvoir s’en sortir vivant. Une ambiance légère et bonne enfant s’est installée entre nous, Jyll et moi sommes en train de plaisanter à son sujet avec ce dernier qui pleure toutes les larmes de son corps en silence pour ne pas nous faire repérer. Malheureusement ce moment n’est que de courte durée, le bruit des roues freinant sur les rails nous ramène à la réalité, j’empoigne rapidement mon arme climatique et dit d’une voix ferme.

« Nous sommes arrivés. Restez près de moi. »
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La gare est bondée, nous nous fondons dans la foule assez habilement afin de quitter cet endroit le plus rapidement possible. Je ne sais pas les informations dont dispose la Commodore ni même si elle dispose d’un plan. Nous continuons innocemment notre chemin jusqu’à franchir le seuil de la grande gare de Bighorn. Soudain, un tir résonne, et vient transpercer l’épaule de mon acolyte qui s’effondre dans la neige. Je reste une demi-seconde immobile et déconcertée face à cet instant, tous mes sens s’affolent alors. Qui a tiré ? D’où ? Et comment nous ont-ils repérés. Le coup de feu a au moins eu pour effet d’alerter toute la population qui a daigné évacuer les lieux. Dans la panique je relâche le bras du jeune Marc pour me précipiter sur Jyll et commencer à faire tournoyer mon arme climatique pour nous nimber dans un voile d’invisibilité.

« Inutile. Soru ! Shigan ! »

Quelle rapidité ! Sans me laisser un instant pour réagir, la Commodore apparaît subitement devant moi, m’assénant un violent coup d’index gun au poignet droit, me faisant lâcher mon bâton climatique. Elle doit disposer d’hommes cachés dans les moindres recoins. Jyll … je ne vais pas pouvoir t’aider en l’espèce. D’une roulade plutôt bien exécuté je m’écarte suffisamment de la Commodore pour rattraper mon arme climatique et rapidement nous nimber d’une légère couche de brouillard.

« Fog Tempo ! Le temps sera partiellement brumeux, mais nul doute que des intempéries d’un tout autre niveau devraient faire leurs apparitions. »

« Cessez de jouer Elisabeth Gray. Vous êtes une menace pour le Gouvernement. Ma mission est de vous arrêter. Et de vous tuer si le cœur m’en dit. Vous et votre acolyte. »

Ok … là ça commence à me stresser à un tout autre niveau. Ce n’est pas une petite garnison d’une île des Blues. Il s’agit là d’une Commodore dépêchée directement par le CP9 pour nous arrêter Jyll et moi. Notre sortie en trombe de Little Garden n’a sûrement pas dû leur plaire et ça peut se comprendre. Mais qu’ils soient prêts à nous tuer sur place pour limiter les chances que nous leur échappions à nouveau, je trouve ça extrême. Je n’ai plus le choix, il va falloir se battre sérieusement.

Mon arme climatique tournoie rapidement autour de moi, la chaleur qui s’en extirpe est immense et commence à recouvrir toute la zone que nous occupons. Pendant ce temps, le voile de brouillard qui me protégeait est en train de se lever, et devant moi, une véritable garnison de cinquante hommes et femmes armés se tiennent debout. Malgré cela, je ne suis pas celle qui a la mine la plus déconfite. Il n’y a qu’à regarder la Commodore en ne voyant plus Jyll et faisant maintenant face à cinq copies parfaites de moi. En effet, j’ai accentué la portée et les effets de mes mirages pour nimber Jyll dans un mirage qui l’a rendu invisible. Et me suis servie de la chaleur ambiante pour créer quatre réflexions parfaites de ma personne, qui s’expriment en même temps pour ne pas définir laquelle est la vraie moi.


« Mirage Tempo … Fata Morgana … »

Il faut profiter de l’incompréhension générale.

« Thunder Ball ! »

D’un geste commun, mes copies et moi, nous saisissons notre arme climatique foudroyante que nous faisons tournoyer vivement dans notre main droite. Ainsi, une véritable nuée de bulles foudroyantes s’échappe de nos armes pour fondre sur la garnison entière présente devant nous. Certains grands courageux, voyant la nuée foudroyante venir vers eux, vont s’abriter derrière les maisons les plus proches. D’autres comprennent que seulement les vraies bulles foudroyantes leur feront du mal et préfère tenter le tout pour le tout. Et pour certains ça ne fonctionne pas comme ils le voudraient, ces derniers se prennent donc la nuée foudroyante de plein fouet, et c’est une bonne dizaine d’hommes qui s’effondrent, laissant derrière eux une fumée noire et une odeur nauséabonde de chair cramoisie.

« Profitons de la panique générale. »

« Rankyaku ! »

Ma copie directement à ma gauche se fait trancher d’un coup net par un pied ouragan si violent et si décisif de la part de la Commodore que je m’arrête une demi-seconde dans ma course. Elle est vraiment déterminée à me tuer … un peu plus et s’en aurait été finie de moi. Je ne dois pas me laisser distraire, la fuite doit me permettre de me replacer et d’avoir un certain avantage. J’ai la capacité d’adapter le climat ambiant, toute la ville est mon terrain de jeu. Je parviens alors à rejoindre Jyll à l’axe d’une maison.

« La Commodore nous suis ! Cours ! Je crois qu’il y a du grabuge au port. »

En effet, tout le monde est en train de s’activer au loin, et à bien tendre l’oreille, des coups de canons résonnent.

« Geppou ! Shigan ! »

Subitement, une forme se profile dans mon angle mort gauche. Je tourne assez rapidement la tête pour voir qu’il s’agit de la Commodore. Son index voulant initialement venir se planter à ma gorge, vient rencontrer mon arme climatique qui vibre de manière désagréable entre mes mains à cause du choc.

« Tu es pire qu’une sangsue toi. »

D’un geste précis je relève mon arme climatique pour venir frapper au visage mon adversaire qui parvient à éviter ce coup basique avant de s’abaisser encore pour s’élancer et m’asséner un violent Index Gun en plein thorax. Le choc est violent et manque de me faire perdre connaissance, un coup subit à cet endroit me fait rater un battement et m’empêche de reprendre convenablement ma respiration. Jyll s’élance à son tour sur la Commodore pour la frapper au niveau des tempes, cette dernière est légèrement désorientée mais ça ne nous fait pas gagner de temps, je suis trop lente à me remettre de mes émotions.

« Allez Lise ! Cours ! »

« Elle me gonfle elle. »

« Tu vas rester ici, sale pirate ! Shigan ! »

« Assez ! Swing Arm, Dark Cloud Shield ! »

D’un geste rapide je me retourne sur mon opposante, abattant mon climat-tact foudroyant devant moi. Un nuage noir compact se forme entre nous, son index vient se loger à l’intérieur, dans un bloup si représentatif, le nuage se disperse, relâchant un choc foudroyant aussi violent qu’un éclair sortant tout droit d’un orage. La Commodore se raidit immédiatement, le choc fait éclater une onde de choc qui nous repousse tous les trois à des extrémités bien différentes. Le tonnerre continue de gronder quelques secondes, ses troupes ne vont pas tarder à revenir, alors que le corps de mon adversaire est allongé un peu plus loin, libérant une fumée et une odeur cramoisie à deux doigts de me faire vomir. Je me relève péniblement avant de courir vers Jyll qui peine à se redresser.

« C’était quoi ça ? Un orage si proche ? T’es un danger public. »

Malgré son ton amusé, je dois bien reconnaître que le choc à portée était bien violent, cette attaque n’est pas à réitérer aussi proche de mes alliés, se serait trop dangereux pour eux. Nous nous relevons toutes les deux, et là, un enchaînement de coups s’exécute entre elle et moi. Jyll s’est relevé également, il combat à son tour des larbins de la Commodore. Une bonne partie de sa garnison est arrivée pour la soutenir, le gros de notre bataille est en train de se jouer, en plein centre de Bighorn. Les civils les plus proches hurlent à s’en arracher la voix, de gros flocons de neige nous tombent dessus. Et l’échange de coups est violent.

Cette femme est un véritable mur, je fais tomber mon bâton climatique à plusieurs reprises sur ses côtés, mais ses bras sont aussi durs que du fer, ils parent mes assauts si facilement que s’en est rageant. En plus de cela, cette soldate bien formée au combat au corps à corps ne fait pas que bloquer mes assauts, elle frappe. Et elle frappe fort. Ses nombreux Shigan m’effleurent la peau avec une telle violence que le froid de la neige vient m’arracher des jurons de douleurs. Je dois sortir mon épingle du jeu, d’un geste habile je détache l’un de mes bâtons climatiques pour l’apposer directement sur le bras de la Commodore avec un sourire jubilatoire. Immédiatement, son corps est pris de spasme et se révulse en arrière. Mes bulles climatiques sont mon arme, je dois les user de cette manière. Sans attendre qu’elle se remette je rassemble mon bâton du froid sur celui de la chaleur pour le lancer en direction de sa garnison. Ses hommes s’envolent au loin, pris dans un véritable cyclone qui les fait atterrir sur les toits des maisons, brisant des murs, des fenêtres sur leur passage. Je n’ai à présent que faire des dégâts matériels de mon passage. Jyll m’appelle, sa voix me parvient à travers ce brouhaha chaotique tandis qu’une autre vague de larbin se profile à l’horizon.


« Regarde ! C’est Vaillant ! Et … merde Lise. »

Face à nous, l’océan au loin. Et sur cet océan, Vaillant ! Notre navire, avec à son bord, notre navigatrice Meira qui s’évertue à manœuvrer les voiles pour attraper le meilleur vent et s’élancer jusqu’au port de Bighorn à une vitesse folle, pourquoi donc ? Parce que derrière elle, deux navires de guerres de la Marine sont à ses trousses, et à son bord, une troupe de géant. Des voix derrière moi sont en train de scander leur nom. La garnison de géants, prête à défendre Drum est déjà là ? Le soleil n’est même pas encore à son zénith, ils ont de l’avance et Meira est dans une sacrée situation tendue.

« Pas le choix, faut se barrer. On court au port et on grimpe à bord. »

« Oh je ne pense pas non ! »

« T’es encore vivante toi ? Jyll … prend de l’avance. Je m’occupe d’elle, ne reste pas ici, le climat risque d’être très capricieux. »

« Je reste, elle dispose de trop d’hom… »

« NON ! Tu t’en vas. »

Jyll a rejoint mes côtés, et face à moi à présent, une vague de cinquante larbins de la Marine et la Commodore. Je prends un petit instant pour réajuster ma cape avant de passer un revers de main dans mes longs cheveux argentés. Fermant les yeux quelques secondes, je concentre cette puissance qui m’impressionne et me fascine avant de déverser autour de moi, une vague de cette force, appelée Fluide Royal. Ce fluide coule instinctivement dans mes veines avant de s’échapper de mon regard fier et supérieur.

« Je suis la Reine Climatique ! Rien ni personne, ne pourra m’arrêter. »

Cette phrase sonne comme un coup de cloche, une onde de puissance quitte sa base depuis mon regard. Les larbins de la Commodore s’arrêtent un instant avant de s’écrouler, la bave aux lèvres et totalement incapable de se relever. Cette dernière quant à elle, est prise d’intenses frissons avant de reprendre conscience de ce qui vient de se passer. Sa rage d’avoir perdu si rapidement ses hommes la fait se relever et s’élancer vers moi. Jyll ne cherche plus à s’opposer, quelque peu hésitant, sa conscience le rappelle soudain et il prend ses jambes à son cou jusqu’au port.

« Noooon ! Arrêteeeez ! »

« Inconscient ! Pars ! »

Marc merci … tu me fais gagner du temps. Ce gamin inconscient sortit de je ne sais où vient de s’aligner entre la Commodore et moi, me laissant le temps de faire tournoyer mon arme pour créer une multitude de nuages dans le ciel. Cette attaque sera ma dernière ! Et j’espère qu’elle sera la dernière que cette espèce de forme de justice du Royaume, sera capable d’encaisser. Je lance finalement mon arme foudroyante dans ce nuage qui gronde et fait hurler ses éclairs sur la place centrale de la ville, les éclairs et le tonnerre font exploser les fenêtres les plus proches, certains murs sont frappés par des éclairs.

« Ce n’est pas fini ? Où es… »

« Shigan ! Rankyaku ! Vous êtes lente, James avait raison ! »

Elle a réussit à se frayer un chemin dans cet orage ? Comment ?! Sa vitesse est folle, elle est parvenue à emmener Marc hors du champ d’action de mon attaque avant de s’élancer sur moi, je suis forcée d’encaisser un index gun en pleine épaule avant de devoir parer un pied ouragan au corps à corps. Le coup est violent et m’envoie en arrière, je dois réagir. Mon arme tournoie dans ma main gauche, hésitante je décide de jouer le tout pour le tout.

« Fog Tempo »

Je me laisse tomber dans la neige tout en libérant une brume épaisse de mon bâton climatique. En l’espace de quelques secondes, la place centrale devient embrumée. Et j’entends derrière moi, des coups de canons, je ne sais pas ce qui se passe au port, mais je vais devoir me dépêcher de mettre cette idiote au tapis rapidement, je ne ferais pas les mêmes erreurs que contre James Larson. Je suis entraînée, et capable de manipuler le climat de l’île pour gagner. En l’espèce, tout ce qui entoure la Commodore devient floue. Je me relève tant bien que mal avant de faire tournoyer mon arme pour adapter la chaleur et la température qui nous entoure afin de créer des clones de ma personne. Ainsi, je peux remarquer que la Commodore s’affaire déjà à attaquer l’un de mes clones.

« Eh non … pas cette fois. »

Suis-je en train de faire la maligne ? Oui ! Alors que mon état est assez pitoyable. Je suis haletante, pleine de sueur, tailladée à divers endroits, fatiguée mais encore debout. Tant que je reste encore debout c’est que je suis capable de m’en sortir, plus jamais je ne referais les mêmes erreurs. La place de Bighorn devient un lieu hors du temps, cinq copies conformes de moi sont visibles à travers la brume qui s’est installé. Je profite de ce moment de doute général pour charger des nuages d’électricité que je dispose à plusieurs endroits, un Rankyaku manque de me toucher. Finalement la Commodore s’affirme devant moi en m’attrapant par la cape et en me jetant dans la neige sur la fontaine centrale de la ville. L’eau est gelée c’est désagréable mais je m’efforce de me redresser, encaissant un coup de talon en plein visage, ma lèvre inférieure s’ouvre légèrement sous le choc.

« T’es vraiment une chienne prête à tout. »

« Le gouvernement n’a pas d’autres mots à la bouche ? Vous êtes d’un ridicule. »

Accroupis aux pieds de la commodore, je brandis mon arme climatique alors que pas moins de cinq mini nuages noirs se mettent immédiatement à gronder. La femme qui me tient en joug avec son index va pour s’élancer en arrière, je vais devoir jouer avec elle. Mon premier nuage rejoint l’extrémité de mon arme à une vitesse folle, fendant l’air si rapidement qu’un bruit de tonnerre résonne violemment. Un d’esquivé, puis deux, j’essaie de me relever pour adapter la pointe de mon arme à la trajectoire que prends la Commodore, je n’arrive pas à la suivre. Pas le choix, je dois me rapprocher. Maintenant à quelques centimètres d’elle, je la prends de cours en m’approchant, la responsable des troupes de la Marine s’arrête de bouger, je lui assène une balayette qui la cloue au sol et d’un geste vif, j’appelle mon dernier nuage noir jusqu’à l’extrémité de mon arme. Prise par surprise, la Commodore n’a pas le temps de se relever, que le petit nuage traverse son corps de part et d’autre, en passant par son dos, pour ressortir par sa poitrine, la foudroyant littéralement de l’intérieur.

« ThunderLance … TEMPO ! »

Arme braquée vers le ciel, la foudre fusille la Commodore qui, tétanisée, s’effondre face contre terre. Je reste un instant immobile, haletante avant de tituber un peu en rangeant mon arme climatique encore légèrement électrisée, à ma ceinture. Plus aucun de ces hommes n’est dans le coin, les alarmes d’une intrusion résonnent dans la ville. Je me tourne vers le port, là où des coups de canons résonnent depuis maintenant près de dix minutes. Derrière moi, certaines maisons de la place centrale sont en ruines à cause des orages générés par mon arme, le climat est en train de se gâter dans le ciel. Ce ne sont plus des flocons qui sont en train de tomber mais de la pluie, rendant la neige friable et molle lorsque mon talon se plante dedans. Je regarde ce même ciel qui se nimbe de nuages plus ou moins sombres, cachant le soleil et couvrant une chaleur globale par un vent plutôt frais.

« Eli… Elisabeth. »

« T’es encore vivant toi ? »

Mon regard se déporte sur cet empoté de Marc, allongé un peu plus loin dans la neige, complètement éreinté et perdu, il n’ose plus se relever.

« Vous ne faites que dégrader votre image. Vous vous êtes débarrasser de la Commodore de Drum. Et maintenant ? »

J’ai éliminé une Commodore … une haute gradée de la Marine. Ma dernière étape est devant moi, et je ne compte certainement pas m’arrêter là. Je me suis montrée capable de maîtriser un climat nouveau, de réaliser des exploits avec la maitrise de ce climat. Je dois continuer à me perfectionner, et ce n’est certainement pas en me limitant à un pauvre Royaume de Grand Line que je pourrais y arriver. Je relève alors la tête pour regarder ce ciel qui pleure sur nous.

« Tu vois cette pluie ? C’est magnifique n’est-ce pas ? Là est la puissance de la météo, et cette météo, je souhaite en devenir la reine. Le Gouvernement m’a classé dans une case de personnes à abattre, à cause de mes connaissances archéologiques. J’ai affronté et été laminé par le Cipher Pole, j’ai pris ma revanche sur la garnison d’un Royaume protégé par ce même gouvernement afin de leur montrer qui je suis et quelle menace je serais pour eux. Ils m’ont tout prit, ma liberté, ma joie, ma mère ! »

Mon ton est plus incisif, le ciel gronde.

« Puis j’ai décidé de me lancer dans la piraterie, en tant que Ponéglotte, je dois assumer le fait que des chiens du gouvernement en auront après moi. À moi et mes compagnons de leur faire regretter de s’attaquer à nous. On a encore beaucoup de route à faire pour parvenir à nos objectifs, mais on va y arriver. Malgré le fait que tu n’es qu’un gamin décalé, tu restes un médecin hors du commun pour ton âge, Marc. On se retrouvera peut-être sur Grand Line, ou le Nouveau Monde. »

Lâchais-je au jeune homme avant de me mettre en route vers le port, pour retrouver Vaillant, Meira et Jyll. Le sol tremble soudainement … comme si des géants venaient d’accoster. Des géants ? Oh merde … des géants …
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