Bons Baisers du Veilleur

L'echec cuisant de son entreprise contre les Chimamire Kitsune avait eu un effet néfaste sur le moral du Sablonneux. Et pourtant, c'est avec la rage au ventre qu'il tentait aujourd'hui de se relever. Les Doscariens avaient plié bagage, il n'avait donc désormais plus beaucoup d'hommes de main, d'autant que Stracci ne donnait aucun signe de vie. Il avait choisi de s'éloigner du Kin'Koi ou du Feelin Good afin d'éviter de mêler ses derniers sympathisants à cette guerre imminente et comme si tout ceci ne suffisait pas, il avait reçu un appel de Djaymily la veille, via escargophone : Les Mangemondes n'étaient plus très loin de l'Archipel de Shabondy. Le capitaine des Sandstorm Pirates le savait, il fallait qu'il quitte Kikai no Shima sur le champ pour pouvoir espérer rejoindre ses hommes à temps. Ce qui la encore contribuait à faire naître en lui une certaine rage mêlée d'une grande frustration. Retranché dans un bar miteux, préparant son départ il cogitait. Impossible de quitter l'île sans un dernier coup d'éclat, impossible de donner la satisfaction aux Chimamire Kitsune de disparaitre du paysage sans demander son reste. Henry lui avait indiqué la localisation la plus probable des précieuses cargaisons qu'il aurait du raflé tantôt et le corsaire avait soigneusement évalué les différentes options qui s'offraient à lui désormais. Se rapprocher de la marine ? Mauvaise idée. S'il était sans doute possible de trouver un officier fiable dans le lot, la plupart des gradés du coin étaient corrompus. Un assaut frontal ? Et avec quel appui ? Outre les quelques gros bras qui maintenaient le calme dans ses deux affaires, le jeune homme était pour ainsi dire seul. Non, s'il devait triompher de Bradley et son organisation, ce n'était certainement plus d'actualité pour le moment. Saluant Victor, le barman qui avait été sa seule compagnie au cours des derniers jours, il se leva, termina son verre de whisky bon marché et quitta le Rince Cochon.

Et maintenant ? Trouver un navire qui ferait route vers Karantane. De là, il pourrait gagner l'Archipel Shabondy sans trop de difficulté et se concentrer sur ses réels objectifs, à savoir la traque des Sunsets Pirates et surtout le gros coup de filet qui se préparait face aux Mangemondes. C'est alors qu'il aperçu Henry, qui marchait rapidement sur les quais l'air suspect. Il se stoppa net et poussa un profond soupire avant de faire demi tour pour suivre son acolyte. Ce dernier grimpa à bord d'un navire quelconque et Azerios, toujours masqué décida de monter à son tour. Se dissimulant avec hâte derrière un monticule de caisses il parvint à entendre la voix frêle du truand, en grande conversation avec quelqu'un d'autre.


J'en sais rien je vous l'jure... J'sais pas ou il se planque.

Fais gaff Henry. Tu sais bien ce qui va se passer si tu t'avises de me mentir. menaça une voix rauque.

Il a disparu j'vous dit. Il a pas été vu depuis plusieurs jours... Ni au Kin'Koi, ni au Feelin Good...

Alors c'est là qu'il se terrait.. ? Intéressant. Continue... Qui se cache derrière ce putain de masque ?


Pour des raisons évidentes, le sablonneux se demanda s'ils n'étaient pas en train de parler de lui. Et qui pourrait bien menacer cet enfoiré d'Henry afin d'obtenir des infos à son sujet ? Sous le masque, le capitaine corsaire se mit à sourire, peut être tenait il quelque chose. Se levant lentement, il contourna la pile de caisse et tomba nez à nez avec la petite frappe et son interlocuteur, un homme de taille moyenne, cybernetisé, qui dégaina aussitôt un revolver pour le pointer sur le nouvel arrivant.


Qu'est ce que c'est que ce bordel Henry... Tu m'as piégé... enragea l'homme.

Tiens tiens tiens... Je savais que t'étais une petite merde Henry.. mais de là à me vendre sans scrupule...

Oh putain de merde... C'est pas ce que vous croyez tous les deux... paniqua le jeune homme.

Tu me présentes pas ton pote ? soupira l'homme masqué.

Tout doux... Si je te cherche c'est pour de bonnes raisons...

Tu m'en diras tant. T'es donc pas un de ces minables de Chimamire Kitsune ?


L'homme garda le silence et lança un regard haineux et avant même qu'il ne puisse tirer, le sablonneux se rua sur lui pour le frapper d'un revers, le désarmant sur le coup. Et sans argumenter davantage, il assena un violent uppercut à la mâchoire cybernetique du Chimamire. Henry fit mine de prendre la fuite mais le corsaire masqué le saisit par le bras puis le projeta sur le pont.


Toi tu bouges pas ! lança-t-il avec agressivité.


Il ne pouvait pas le croire. Alors depuis le début, ce salopard d'Henry bossait avec l'organisation de King Bradley ? Ça pourrait finalement expliquer que ses gars aient pu anticiper la quasi totalité des assaut sur leurs entrepôts l'autre soir. Et si c'était bien le cas, alors cette enflure était responsable de la mort des gars de Clemente et de la déchéance du sablonneux. Le Chimamire se redressa et répliqua à coups de poings mais l'homme au masque encaissa, se recouvrant de son armure de fluide offensif. Saisissant l'un des poings cybernétiques de son adversaire, il le broya sans pitié et son adversaire poussa un hurlement de douleur avant d'être gratifié d'un violent coup de genou dans le flanc. Le temps que ce dernier se relève, le sablonneux avait eu le temps de dégainer ses deux révolvers et le tenait en joue.


Toi non plus tu bouges plus. Tu me cherchais hein ? Tu m'as trouvé.

Attendez... Arrêtez... supplia Henry.

Patience, après lui, ce sera ton tour. lança le sablonneux en tournant brièvement la tête vers Henry.

Gâchez pas tout... Il est là pour nous aider.

Tu ferais mieux d'écouter Henry enfoiré...

Je t'explose la caboche dans deux minutes. Tâche d'être convaincant.

... Je peux te dire ou on a fait déplacer les armes et la came.

Ben voyons. Et pourquoi tu ferais ça ?

J'ai mes raisons. Mais pour simplifier.. King Bradley a fait son temps... Puis la marine qui s'pointe en masse.. c'est pas bon pour les affaires.


Un traitre ? Un opportuniste ? Difficile à croire, mais est-ce qu'Azerios avait le choix ? Lui qui cherchait la moindre piste pouvant le mener aux précieuses marchandises qu'il tentait de rafler, voilà qu'un parfait inconnu venait de s'ajouter à l'équation et de lui proposer de tout lui servir sur un plateau. Baissant lentement ses deux revolvers, il le laissa se relever, jugeant que si nécessaire il n'aurait aucun mal à lui faire la peau. Henry se leva lentement à son tour.


Et pourquoi devrais-je me fier à toi ?

Je sais pas.. à ton avis, pourquoi est-ce qu'il n'y a eu aucune représailles après que t'aies fait sauter le [/]Mesmer[/i] gros malin ?

C'est Donny qui a reprit les rennes du district... Après le fiasco de l'autre soir, il est venu me trouver...

T'imaginais être le seul à vouloir la tête de Bradley... Espèce d'abruti.

Allons discuter de tout ça. Ailleurs. Si vous tentez quoique ce soit... Je vous pulvérise.


Le trio quitta le petit navire et traversa les docks pour retourner en ville, direction le Rince Cochon.
    Toujours méfiant, le sablonneux avait écouté toutes les explications de ce Donny. Nouveau responsable du district dans lequel se trouvaient le Kin'Koi et le Feelin Good, il avait semble-t-il des affaires en suspens avec King Bradley en personne et voyait dans l'homme au masque un moyen d'arriver à ses fins. Bien sur, le meurtre du Colonel Pancho Shima avait grandement contribué à faire naître ce contexte bien particulier, favorable au coup d'état à venir et à la destitution du boss de Kikai no Shima. Mais chaque chose en son temps, l'affaire du jour concernait les cargaisons que le sablonneux avait tenté de dérober sans succès. Donny ne s'était pas contenté de donner une adresse du nouvel entrepôt, non seulement il venait de donner un chiffrage exact des hommes de main qui veillaient sur la cargaison, mais il avait également expliqué comment ces derniers organisaient leurs rondes en plus de fournir un plan du Tripot dans lequel tout ce beau monde patientait : Le Cygne Doré. Tout ceci était bien trop beau pour être vrai et le sablonneux avait bien du mal à croire que ce soit possible.


    T'as pas à me faire confiance.. mais je pense que si tu veux frapper fort, c'est maintenant ou jamais.

    Et toi dans tout ça ? Qu'est ce que tu en retires ? J'ai du mal à croire que tu me donnes toutes ces infos par bonté d’âme.

    Aucune info n'est gratuite. Ce que je veux, c'est l'immunité si King Bradley tombe.

    L'immunité ? Bordel tu m'as pris pour une putain de mouette ? J'ai rien à voir avec la Marine.

    En échange de mon coup de pouce, je veux une place dans ce qu'il y aura après.. une bonne place. Tu vas me faire croire que tu laisseras filer tous les Chimamire Kitsune après tout ça.. ?

    Ils suivront, ou ils mourront, c'est à eux de voir en effet. Mais on en est pas là, voyons déjà si on peut se fier à toi. Tu te doutes bien que s'il s'agit encore d'un piège, tu mourras ?

    J'y mets de la bonne volonté mec... Et si tu faisais pareil ?


    Donny n'avait pas l'air fiable. Mais refuser d'aller jeter un coup d’œil à tout ça et quitter Kikai no Shima bredouille, sonnerait comme rentrer chez soit la queue entre les jambes. Et le sablonneux le savait, mine de rien, il s'agirait la d'un sacré coup à sa fierté. Il ne pouvait pas rester avec ces informations sans au moins vérifier. Laissant Henry et Donny, il leur répondit qu'il allait y penser et quitta le Rince Cochon afin d'aller faire un peu de repérage.

    Le tripot dont il était question, le Cygne Doré était un bâtiment impressionnant, situé sur les hauteurs de la ville dans un quartier huppé. Un établissement select, n'importe qui ne pouvait pas entrer, d'autant que d'imposant gorilles en gardaient l'entrée, raison pour laquelle l'homme masqué chercha un accès dérobé. Un grand nombre de fenêtres, mais impossible de passer par la sans être automatiquement repéré, il envisage le toit un instant puis remarqua alors une cour bien gardée qui donnait sur une entrée de service derrière le bâtiment. C'est par là que le traiteur faisait acheminer ses denrées pour la partie restaurant du tripot et il s'agissait de l'un des points d'entrée que Donny avait suggeré. Même si les chariots étaient fouillés, il vit la le moyen idéal pour entrer et sortir sans être vu. Le traiteur se fournissait dans un marché local de fruits et légumes et dans une boucherie haut de gamme du centre ville. Le capitaine des Sandstorm passa toute une journée à observer les entrées et venues du Cygne Doré, il se rendit même au marché couvert afin de repérer les commerçants auprès de qui le gérant du restaurant se fournissait. De nombreux fruits et légumes, en très grande quantité, il eut une révélation lorsqu'il aperçu d'imposants sacs de pommes de terre, se hisser à l'intérieur lui permettrait sans doute d'atteindre le cellier sans trop de risque d'être prit.

    Le lendemain, même manège en début de soirée, il décida de tenter le coup. Le soir du surlendemain, alors que les gaillards du tripot s'affairaient à charger d'imposants chariots, son attente paya et il se faufila discrètement sous la bâche de l'un d'eux, se rapprocha d'un de ces grands sacs de pomme de terre et tendit l'oreille. Lorsque les chariots se mirent en route, il s'empressa d'ouvrir le sac, le vida de moitié en prenant soin de dissimuler le surplus de pommes de terre au fond du chariot derrière le reste de la marchandise et se contorsionna pour entrer. Par chance, la taille des caisses et sacs de fruits et légumes était colossale. Le chariot continua à remuer pendant un bon quart d'heure avant de se stopper. Le sablonneux parvint à entendre des voix, sans doute celles des gardiens et il sentit la bâche se relever et quelqu'un monter à bord. Le passager inspecta les sacs et autres caisses, frappant certains d'entre eux avec la crosse de ce qui semblait être un fusil à en juger le choc reçu sur ses côtés. Il joua de son intangibilité lorsque l'homme remit un nouveau coup de crosser. Troisième coup de crosse, il fut interrompu par le conducteur du chariot.


    Tu vas en faire d'la purée Harvey.. arrête ça.

    Mouais. C'est bon ils peuvent passer.


    L'homme sauta du chariot et la bâche fut remise sur les denrées. Le chariot se remit en marche et se stoppa dans la cour. Il entendit des hommes discuter puis commencer à s'affairer à décharger. La bâche de son chariot fut levée et les hommes commencèrent à déplacer les caisses et sacs de fruits. L'un d'eux pesta lorsqu'arriva le tour du sac de pommes de terre dans lequel était caché le corsaire. Les deux hommes le jetèrent parmi le reste des denrées et au bout d'une demie heure, le déchargement semblant terminé, les hommes fermèrent le cellier et s'éloignèrent. Dans un silence de tombe, le sablonneux ouvrit le sac et reprit ou bouffée d’oxygène. Quel enfer, il n'aurait passé une heure de plus dans ce sac pour rien au monde. S'étirant de tout son long en sortant du sac, il observa la pièce, toujours masqué. Une multitude d'étagère ou étaient entreposés une quantité gargantuesque d'aliments en tous genres. Au fond de la pièce deux énormes portes métalliques qui donnaient surement sur une ou plusieurs chambres froide. Et une imposante porte blindée, qui sans surprise, était fermée à clé. Posant sa tête contre cette dernière, le jeune homme s'assura comme il put qu'aucun bruit n'était perceptible derrière avant de se changer en un nuage de sable extrêmement volatil et de passer par la serrure. Il reconstitua son corps dans ce qui semblait être un long couloir, par chance totalement vide. D'un côté une autre de ces portes blindées derrière laquelle devait se trouver la cour arrière. Il remonta silencieusement l'autre côté du couloir jusqu’à un escalier qui d'après l'odeur devait offrir un accès aux cuisines. La première étape était achevée, voila qu'il se trouvait à l'intérieur du Cygne Doré.
      Il fallait rester prudent, même si cette partie du bâtiment offrait un nombre incroyable de cachettes, entre les différentes remises, les placards et les tonnes de caisses et tonneaux entreposés ici et là, le personnel ne cessait de courir en tous sens pour s'affairer à satisfaire au mieux les demandes de la clientèle. Jusqu'ici le plan fourni par Donny avait été très utile puisque très fidèle à la réalité. Peut être un peu trop d'ailleurs... Et tout se passait sans accroc, l'homme au masque parvenait à se déplacer sans être repéré. Mais les choses sérieuses allaient débuter, puisque d'après les dires du traitre Chimamire, dans la section qui menait à l’entrepôt souterrain étaient fixé un grand nombre d'escargocaméra. Impossible pour lui de passer sans être vu, il fallait donc au préalable s'occuper du poste de contrôle. Par chance, ce dernier se trouvait dans la même aile du bâtiment. Restait à trouver un moyen de se faufiler jusque là bas. Un bruit métallique résonna alors non loin, le sablonneux s'empressa d'ouvrir un placard pour s'y dissimuler, laissant passer ce qui semblait être un chariot. Entrouvrant délicatement la porte, il aperçu alors un chariot de restauration arrêté devant la porte, qui d'après le plan, donnait sur un des bureaux du service de sécurité. Un jeune homme distribuait les repas au personnel, le moyen idéal pour se déplacer sans être vu. Une fois les gaillards servit, ce dernier sortit de la pièce avec son chariot et retourna en direction de la cuisine. Lorsqu'il passa devant son placard, l'homme au masque ouvrit la porte et l'agrippa pour le tirer à l'intérieur en prenant soin de l'empêcher de crier ou bien de parler.


      Si tu restes calme, si tu ne cries pas, alors il ne t'arrivera rien. Hoche la tête si tu as compris.

      Le pauvre homme hocha la tête et sanglota lorsque le corsaire lâcha son emprise. Il fit volte-face, complétement paniqué.

      Qu.. Qui.. QUE... balbutia-t-il.

      Hé.. qu'est ce que je t'ai dit.. ? chuchota le sablonneux en pointant un revolver sur le gamin. Silence. Je vais avoir besoin de ton aide. Si tu fais tout ce que je demandes, tout ira bien. On se comprend ?

      Ou..oui.

      Bien. T'es le type qui porte les repas au personnel c'est ça ? J'aimerais que tu fasses une livraison spéciale au poste de sécurité. Tu veux bien faire ça pour moi.. Bryan ? chuchota le corsaire en lisant le nom du serveur sur son badge.


      Le jeune homme hocha la tête nerveusement en fixant le revolver. Ouvrant délicatement la porte, le sablonneux sortit dans le couloir et fit signe à Bryan d'approcher et de reprendre son chariot. Soulevant la nappe blanche, Azerios grimpa dans le chariot pour s'y dissimuler.


      Oh.. et inutile de le dire je pense, mais de là ou je me trouve, si jamais tu fais l'idiot... Je t'explose des valseuses direct. C'est compris ? chuchota l'homme au masque depuis sa cachette.

      Ou-oui m'sieur...

      Le chariot se mit à rouler dans le couloir pendant quelques instants jusqu'à ce qu'il s'arrête. Rangeant le revolver dans son holster, Azerios opta pour une voie plus discrète et dégaina deux poignards, se préparant à bondir hors du chariot si nécessait. Le jeune serveur toqua nerveusement à une porte et s'annonça. Le bruit d'une clé tournant dans une serrure plus tard, un homme peu aimable ouvrit la porte.

      C'est déjà l'heure.. ? J'espère que cette fois tu t'es pas planté empoté. Amène toi.


      La porte s'ouvrit plus largement, le chariot se remit à rouler et l'homme referma derrière lui. Un autre homme grogna au serveur de se magner d'une voix rauque avant de s'avancer d'un pas lourd vers le chariot. Le sablonneux laissa alors échapper une petite vague de haki des rois afin de neutraliser les occupants de la pièce et en un instant le bruit sourd de quatre corps tombant sur le sol se fit entendre. Quittant sans cachette en toute hâte, poignards en main, l'homme masqué balaya la pièce du regard pour être sur que personne n'ait échappé à son assaut mental. Le jeune serveur ainsi que trois gaillards étaient étendus sur le sol, inconscients, une écume baveuse au coin de la bouche. Les pauvres types, dans les bras de Morphée, ne représenteraient pas une menace. Le Veilleur s'approcha alors des différents écrans permettant la surveillance du tripot. Huit écrans avec lesquels il put observer la salle de jeu, le restaurant, et même certaines suites... Mais l'escargocamera qui l’intéressait était également là, dans ce qui ressemblait à un cellier comme celui par lequel il était entré, une montagne de caisses en bois étaient étroitement gardés. Huit gardes, comme Donny l'avait dit. Jusqu'ici, se fier à ce traitre avait été extrêmement profitable, peut être était il finalement digne de confiance. Peut être venait il de redonner au sablonneux ses chances de renverser la pègre de Bradley. Pas le temps de lambiner, ce qui venait de se passer dans le poste de contrôle ne passerait pas inaperçu bien longtemps. Il neutralisa les écrans, puis se penchant sur les gros bras, le sablonneux leur trancha la gorge un à un, avant de s'arrêter au dessus du corps inerte du jeune serveur et de marquer un temps d’hésitation. Poussant un profond soupir, il le bâillonna et l'attacha avec ce qu'il trouva, avant de le cacher dans le chariot de restauration et de regagner le couloir en prenant soin de refermer à clé la salle de contrôle derrière lui. Il planqua le chariot dans un placard et poursuivit son exploration.

      Plus une minute à perdre, il se dirigea silencieusement vers l'escalier de service qui d'après le plan de Donny donnait au sous sol. Par mesure de précaution, il détruisit les escargocamera de surveillance les uns après les autres jusqu'à atteindre la grande porte métallique qui donnait sur l'entrepôt. Cette fois-ci, pas question d'échouer. Examinant la porte avec attention, il songea un instant à utiliser son fruit pour entrer par la serrure et liquider tout le monde à l'intérieur mais il repéra la petite grille d'un conduit au dessus au dernier instant. Jetant un coup d’œil autour de lui pour s'assurer que rien ni personne ne puisse le voir, il se changea en une nuage de sable volatil et pénétra dans le conduit pour s'y reconstituer. Rampant quelques instants, il finit par atteindre une nouvelle grille qui se trouvait au dessus de son objectif : sous bonne garde, la précieuse cargaison des Chimamire Kitsune était enfin à portée de main.
        Huit gardes. Jusqu'ici les choses s'étaient déroulées en finesse, mais pour ce coup-ci, il serait forcément repéré. Gardant la tête froide, il chercha du regard l'escargocaméra de surveillance afin de le neutraliser avant toutes choses et finit par l’apercevoir. Mauvais angle de tir, le sablonneux passa son doigt entre les barreaux de la grille et visa tant bien que mal pour finalement tirer une balle de sable durcit. Touché. L'escargocaméra de sécurité tomba bruyamment sur le sol. L'attention des gardiens fut aussitôt captée et ils accoururent. Mais le jeune corsaire avait désormais le champs libre. D'un violent coup de pied, il dégagea la grille et bondit au milieu des caisses, ses deux poignards en main. Sans laisser le temps de quoique ce soit, il se rua sur les gardes pour sceller leur destin.

        Putain on est attaqués ! Faites gaff... Ne tirez pas !

        La plupart d'entre eux eurent le temps de dégainer une arme blanche, mais ce fut peine perdue face à la rage bouillonnante du Veilleur qui ne fit qu'une bouchée des huit hommes dans une valse sanglante d'acier. Sans perdre plus de temps, il approcha de l'une des caisses et à l'aide de ses poignards en guise de levier, il l'ouvrit. Bingo. Des armes, beaucoup d'armes. D'après les dires de Donny, cette cargaison d'armes de munitions et de drogue était sur le point de rapporter une belle montage de berrys. Malheureusement, il serait impossible de tout sortir sans être vu, le jeune corsaire du donc se résoudre à faire une croix sur tout ceci. Il plongea la main à l'intérieur de sa veste et en tira un briquer. Mais au moment ou il s'apprêtait à déclencher un incendie, un bruit sourd résonna au fond de la pièce, quelqu'un était en train d'ouvrir la porte. Jetant un bref coup d’œil à sa montre, il eut la mauvaise surprise de découvrir que ce n'était pas l'heure de la relève. Deux solutions, soit Donny ne lui avait pas tout dit, soit les meurtres de la salle de contrôle avaient été découverts. Saisissant l'une des armes de la caisse ainsi qu'un chargeur, le capitaine des Sandstorm Pirates s'apprêta à accueillir les nouveaux arrivants. L'imposante porte s'ouvrit et une demie douzaine d'homme entrèrent jusqu’à ce que l'un d'entre eux ne repère le corps sans vie d'un gardien.


        Qu'est ce que c'est que ce merdier... On nous attaque !


        L'homme au masque sortit de sa cachette armée de son fusil mitrailleur et s'empressa de faire feu sur les hommes de main de King Bradley. Les balles fusèrent dans tous les sens et malgré une contre attaque immédiate, les nouveaux arrivants s'écroulèrent, criblés de balles. Lorsque le silence revint, un homme passa le visage et la main par l'ouverture de la porte et riposta, tirant sur Azerios qui plongea derrière une caisse. Avec tout ce boucan, les renforts ne tarderaient surement pas à rappliquer, l'homme au masque tira une nouvelle rafale en direction de la porte tout en mettant le feu à la paille de protection présente à l'intérieur de la caisse ouverte à l'aide de son briquet. Les flammes se répandirent bien plus vite que prévu et la pièce fut envahie d'une épaisse fumée noire en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Alabasta. Profitant de cet écran de fumée au sens propre comme au figuré, il utilisa les pouvoirs de son fruit pour regagner les conduits au plafond et rampa comme un serpent jusqu'à parvenir au dessus du couloir devant la porte. Deux hommes étaient planqués, armés, prêts à cueillir l'intrus à la sortie. Manque de bol pour eux, le sablonneux était déjà sortit et ils le découvrirent trop tard. Dégageant la grille d'un coup de pied, il tomba littéralement sur le premier type, lui plantant son poignard dans le cou avant de tirer sur le second avec son revolver. Rangeant ses armes, il tira sur la porte du dépôt pour tenter de le refermer mais la fumée était déjà très étouffante.

        Il se mit à courir en direction des escaliers, et tomba nez à nez avec un groupe d'hommes de main une fois en haut. Depuis l'autre bout du couloir ils se mirent a tirer et à courir dans sa direction. N'ayant d'autre choix que de rebrousser chemin, le jeune homme n'eut d'autre choix que de retourner avec hâte dans le conduit, seule hypothétique issue qui s'offrait à lui. C'est alors qu'il réalisa que la fumée filait droit vers le haut du conduits, signe d'une sortie d'air. Désormais à l’abri de tous les regards, il se changea en un nuage de sable volatil pour remonter le conduit en vitesse et finit par découvrir la sortie. Derrière lui, en contrebas, il entendit une sacrée pétarade, probablement que les flammes avaient atteint les caisses de munition. Passant sans mal l'imposante hélice grâce à son intangibilité, il parvint à rejoindre le toit déjà bien enfumé. Et tomba sur deux hommes qui devaient surveiller la zone. Pas le choix, il ne pouvait pas laisser de témoin, celui que l'on appelait le Veilleur, le corps pleinement reconstitué, dégaina ses deux poignards et massacra ses adversaires afin de s'assurer de leur silence. Difficile de discerner quoique ce soit dans ce nuage de fumée dense, en bas les clients du tripot avaient gentiment été priés d'évacuer à cause de l'incendie. Il se précipita à l'autre bout du toit pour tenter de quitter les lieux par l'arrière du bâtiment, mais fendant l'épaisse fumée, une lame noire manqua de lui trancher la tête. Esquivée de justesse, le sablonneux dégaina ses deux poignards pour faire face à ce nouvel adversaire. Marchant calmement dans sa direction, surgissant de l'obscurité, il tomba sur la seule personne qu'il n'aurait pas cru croiser ce soir : King Bradley en personne.


        Te voilà enfin.. qui que tu sois d'ailleurs.

        Le "King" en personne. Si je m'attendais à ça.

        Ainsi, tu voulais avoir mon attention. Hé bien tu l'as désormais. Qui es-tu ?

        Je suis le Veilleur.


        Le King se jeta alors sur le sablonneux, lame couleur charbon, il frappa avec une adresse impressionnante. Impossible de rivaliser avec un tel prodige armé de deux pauvres dagues et pourtant le Veilleur ne se laissa pas démonter. Recourant ses lames courtes de fluide offensif, il rejoignit son adversaire pour une valse d'acier particulièrement violente. Bradley frappait avec une précision rare et avec la ferme intention de tuer. S'il avait eu un sabre, le sablonneux aurait sans doute pu mieux faire, mais à part contrer un à un les coups de son assaillant, il ne pouvait pas faire grand chose. Le King ne lui laissait pas faire grand chose pour être plus exact. Il était toujours impossible d'user de ses pouvoirs de maudit sans être démasqué, peu à peu le corsaire perdait pied. D'une parade croisée, il parvint à frapper pour créer un peu de distance avec son adversaire. Mais il n'y avait aucune peur dans ce geste, juste une inexplicable excitation. Se retrouver face à un adversaire aussi talentueux au sabre était presque un honneur.


        C'est le début de la fin Bradley.

        Oh vraiment ? Et que vois-tu autour de toi, quand tu regardes Kikai no Shima ?

        La Marine ? Parce que si c'est pas moi qui prends ta tête.. ce sera eux.

        Tu es si loin du compte gamin. Ce que j'ai construit ici dépasse tout ce que tu pourrais réellement imaginer.

        C'est vrai. Ton empire est incroyable. Mais tu as.. comme une espèce de grande cible dessinée dans ton dos. T'es en sursis Bradley.


        Le King bondit sur le sablonneux pour lui assener un nouveau coup de sabre surpuissant, qu'il eut du mal à encaisser. Contre-attaquant avec ses deux poignards, il effectua une série d'assaut tournoyant mais sans grand impact puisque le Chimamire Kitsune parvint à contrer chaque impact. Visage déformé par la rage, il frappa une fois encore de son sabre noircit, le contre créa des étincelles et Azerios fut repoussé en arrière.


        Et si on tentait une approche différente ? Et si tu te joignais à moi ? Ensemble, je suis sur que l'on pourrait faire de grandes choses...

        Me joindre à toi ? Tu as perdu l'esprit ?

        J'aurais essayé...


        Cette fois-ci, c'est le sablonneux qui fut à l'initiative de l'échange. D'un pas rapide il fondit sur King Bradley et lui assena une série d'estocades avec ses deux poignards. Sans surprise, son adversaire contra coup sur coup avant de riposter avec hargne, mais sa lame noire fut désengagée et l'un des poignards lui entailla la joue. Joie de courte durée puisque le capitaine corsaire du encaisser un contre de justesse, qui à quelques millièmes de secondes prêt aurait pu lui couter un bras. Roulant sur le côté, il disparut dans la fumée et perdit le King de vue un instant. Rester sur ce toit plus longtemps ne serait certainement pas une sage décision. Maintenant qu'il avait eu ce qu'il voulait, à savoir la destruction de la marchandise des Chimamire Kitsune, maintenant qu'il avait enfin réussit à toucher sa cible pour de bon, sans doute serait il préférable qu'il prenne la poudre d'escampette. Ce duel avec King Bradley n'était vraiment pas prévu, la guerre qu'il tentait de mener était censé être une guerre d'usure et pas non un combat frontal. Masqué par la fumée, toujours en garde et prêt à se défendre de l'une des attaques meurtrières de son adversaire, le jeune pirate marcha en silence vers l’extrémité du toit. Le maître des Chimamire Kitsune émergea alors de la fumée, joue ensanglantée, sabre en main.


        Amène-toi et finissons-en ici et maintenant.

        En finir ? Non Bradley. Ce n'est que le commencement.


        Et sans rien ajouter, le Veilleur monta sur le rebord et sauta du toit pour disparaitre du champ de vision de son adversaire. Descendant la façade avec agilité, il finit par atteindre le sol dans une réception douloureuse. Levant la tête vers le toit, toujours masqué, il dévisagea son ennemi un court instant, le salua et fit rapidement volte-face pour disparaitre à la premier intersection. Méfait accompli, vengeance obtenue, la première étape vers la destitution de King Bradley venait d'être menée à bien.


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        Sept heures du matin, dans ses appartements du Rince Cochon, le sablonneux, toujours masqué venait de boucler les préparatifs de son départ. La flotte des Mangemondes approchait dangereusement de l'Archipel de Shabondy et son équipage avait besoin de lui. Mais il avait au moins avancé dans ses projets ici et il reviendrait bien assez tôt pour finir ce qu'il avait commencé. Il quitta le bar miteux, à la faveur du matin, en toute discrétion. Tout le monde ici serait de toute façon très occupé dans les semaines à venir, après l'incendie du Cygne Doré, la marine serait plus vigilante que jamais. De nouveaux croiseurs étaient arrivés la veille avec du renfort ce qui n'arrangeait en rien le climat déjà sous tension. Ses affaires hors du coup, un nouvel allié au sein des Chimamire Kitsune dans la place, le jeune capitaine corsaire espérait bien retrouver les choses en bon ordre à son retour. Il se faufila jusqu'aux docks et grimpa sans trop de difficulté à bord d'un navire marchand d'épice qui avait pour destination Karantane. Une fois arrivé là bas, il pourrait assez facilement gagner l'Archipel de Shabondy pour retrouver ses hommes. Tomber le masque ne lui ferait certainement pas de mal... Perché à la poupe du navire, il regarda l'ile du vice s'éloigner au loin, sous un soleil levant. Saisissant son escargophone il s'assura d'être seul et appela Djaymily.


        .... shhhhhh ..... Reagan ?.... shhhh....

        Djay ? C'est moi. J'arrive.

        ... shhhhh... voila une nouvelle qui fait plaisir .... shhhh ..... tarde pas ....


        Communication terminée, le jeune capitaine corsaire resta pendu au lever de soleil, pensif...