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Renaissance Douloureuse


Renaissance Douloureuse - feat. Alheïri S. Fenyang

~ Bulgemore - 1629 ~

Un attroupement sur la plage enneigée attira le regard d’une jeune femme encapuchonnée. Ce qui se passait la désintéressait mais sa position surélevée permit à son unique œil valide d’apercevoir la source d’autant d’agitation si tôt dans la matinée : un bateau échoué avec à son bord un équipage totalement décimé. La vision des corps découpés et des visages figés à tout jamais dans une expression d’atroce souffrance éveilla en la jeune femme un mal de crâne soudain qui la força à maintenir sa tête de ses mains abîmées par des rudes labeurs.

La douleur si lancinante força la jeune femme à ployer, les genoux posés sur le sol enneigé. Ce fut ainsi que des personnes, parmi le rassemblement plus bas, remarquèrent la présence de l’affligée.

« - Qu’est-ce qui lui arrive ? Questionna un marine.
- Aucune idée, répondit un autre.
- Vas donc voir ! Ordonna le commandant du Soixante Huitième Régiment, Peter St. Borough. »

Le subordonné s’exécuta en se dirigeant vers la jeune femme toujours en proie à un élancement comme si son crâne menaçait d’exploser.

« - Qu’est-ce qui ne va pas ? Questionna le marine sans chercher à consoler la dolente. »

Toujours agenouillée, la tête rivée vers le sol, son œil se mouvant de droite à gauche avec frénésie, la jeune femme souffrait en silence. Sa géhenne était évidente et pourtant aucun bruit ne s’échappait de ses lèvres entrouvertes.

Les images d’un massacre défilaient dans l’esprit de la souffrante. Des mauvais souvenirs qui surgissaient avec violence alors qu’elle avait tout oublié, jusqu’à son propre nom, jusqu’à présent. La vision du bateau échoué avec à son bord des corps mutilés avait agi comme une pulsion qui avait réanimé des souvenirs oubliés. Ses derniers souvenirs et des plus douloureux. La jeune fille se rappelait du carnage de son propre équipage. Sa famille adoptive et bien aimée disparue en quelques minutes après une bataille acharnée contre des pirates qui avaient été bien trop nombreux et puissants pour elle et les siens.

« - Fozia … Choupi … Sunny … »

Trois noms lâchés d’une voix tremblante alors que des larmes commencèrent à se déverser de l’œil unique de la souffrante.

« - Mais qu’est-ce qui t’arrive bordel !? Commença à s’inquiéter enfin sérieusement le marine.
- Qu’est-ce qui se passe ? Cria Peter, resté avec les autres près du bateau échoué.
- Aucune idée mais je crois bien qu’elle est en train de pleurer et … elle a parlé !
- Elle a parlé ? On va peut-être enfin savoir qui elle est mais j’ai d’autres chats à fouetter pour l’instant alors ramène-la à la garnison et essaie de savoir son histoire !
- Bien chef ! Aller, lève-toi et suis-moi ! Ordonna le marine à la larmoyante mais celle-ci ne bougea pas d’un iota mais continua de sangloter tout en continuant de tenir sa tête entre ses mains. »

La jeune femme resta dans cette position affligeante. Le marine patienta quelques secondes avant de lui attraper un bras et la forcer à se relever sans ménagement.

« - Je t’ai dit de me suivre ! Mais qu’est-ce qui t’arrive à la fin ? T’es si obéissante d’habitude ! »

Le marine traina de force la jeune femme par le bras en direction du régiment. Cette dernière ne résista pas et se laissa entrainer, manquant parfois de chuter. Puis, arrivée à la garnison, le marine la fit assoir de force sur une chaise dans une pièce isolée avant de prendre une autre chaise qu’il retourna avant de s’assoir face à la jeune femme qui avait cessée de pleurer mais qui gardait la tête baissée. Le marine croisa ses bras sur le dessus du dossier de sa chaise avant d’inspirer puis expirer profondément.

« - Je sais que tu es capable de parler maintenant alors dis-moi ce qui t’arrive ? … Te rappelles-tu enfin de qui t’es ? … Quel est ton nom ?
- Ya … Yamiko, lâcha une voix presque éteinte.
- Yamiko ? … Pas de nom de famille ? La jeune femme se contenta de secouer la tête. Comment as-tu atterri sur Bulgemore ?
- Je … je ne sais pas !
- Tu sais que ne pas savoir ne va pas arranger ta situation !? On t’a accueilli parce qu’on ne pouvait pas sacrifier une amnésique aux animaux cyborg sauvages mais maintenant que tu es capable de parler, tu dois nous dire ce qui t’es arrivé … Tu ne voudrais pas qu’on t’arrache des aveux par la torture n’est-ce pas ? ... Moi non plus , j’aimerais pas en arriver là. Mais si tu ne parles pas, tu ne nous laisseras pas le choix !
- Je … je ... je ne sais pas … ils sont tous morts … ils sont tous morts … ils sont tous morts … répéta la jeune femme d’une voix affligée avant de nouveau se mettre à sangloter alors qu’elle couvrit son visage toujours baissé de ses paumes tremblantes.
- Bordel ! Tu ne vas pas te remettre à chialer maintenant ! ... Qui sont morts ? ... T'es qui à la fin ? »

Après avoir longuement pleurée, la jeune femme se mura dans un silence. Puis, après le passage du Commandant Borough - qui avait terminé avec l’affaire du bateau échoué sur l’île dont il était en charge de sa sécurité - Yamiko fut ramenée dans sa chambre qui était une minuscule pièce ne contenant qu’un matelas à même le sol sur lequel trainait un vieux drap.

Des jours passèrent et Yamiko ne réagissait à rien malgré maintes tentatives de la faire sortir de son état d’abandon. Elle se laissait mourir tout doucement. Elle n’avalait plus rien et ne bougeait que très peu. Seuls des sanglots qu’elle ne parvenaient pas à étouffer permettaient de savoir qu’elle était encore en vie.

« - Qu’allons-nous faire d’elle Commandant ?
- Continue de lui apporter à boire et à manger mais ne la force à rien. Si elle décide de parler, fais-le moi savoir. Si elle préfère mourir de faim, soit, fit l’homme d’une voix dénuée d’émotion.
- Mais
- C’est son choix ! Appuya le Commandant faisant comprendre qu’il était inutile de débattre sur la situation. »

Il y avait plus d’un an, la présence de Yamiko avait été détectée par Rykor "Contrôle" Jean alors que, comme à la coutume, celui-ci sondait Bulgemore grâce à son haki de l’empathie dont la portée couvrait toute l’île. Jean avait dépêché quelques-uns de ses hommes sur le lieu où ils avaient surpris Yamiko en train d'errer. La jeune femme à la chevelure argentée a été ramenée ensuite à la Brigade Scientifique de l’île pour être interrogée mais les scientifiques avaient vite compris que l’état de celle-ci ne leur permettrait pas de lui soutirer la moindre information. En effet, elle s’était révélée être amnésique et incapable de parler pour une raison inconnue. Après mure réflexion et avoir constaté que la jeune borgne ne représentait aucun danger, Marie Q-Riz - la directrice des recherches de l'aile ouest la Brigade Scientifique - avait décidé de confier la déficiente au Soixante Huitième Régiment de l’île. Une inconnue comme elle ne pouvait être gardée dans un lieu où des recherches, souvent secrètes, étaient menées. Yamiko a été alors placée sous la responsabilité du Commandant Borough qui lui avait confié la tâche simple de faire les ménages en échange du gite et le couvert. Mais, le fait que l'ancienne chausseuse de primes pût enfin parlé aujourd'hui avait changé sa situation …


Dernière édition par Yamiko le Mer 24 Mai 2023 - 15:53, édité 2 fois
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- « Eh bien… T’es vraiment en train de te laisser crever, toi… »

La porte de la chambre de Yamiko s’était lentement ouverte une énième fois. Mais cette fois-ci, l’homme qui se présentait n’était nul autre que bibi. En la voyant recroquevillée sur elle-même, mon cœur se resserra en un rien de temps. Au premier coup d’œil, il était plus qu’évident que la jeune femme avait vécu des évènements très traumatisants pour finir dans cet état. Là, elle n’avait presque plus rien d’humain. Une loque, carrément. C’était surement l’expression la plus appropriée pour la désigner et c’était même pas de bon cœur que je le pensais. En l’ignorant pendant quelques secondes, je balayai sa chambre du regard et j’eus un soupir. Ce lieu n’était rien d’autre qu’un cagibi, mais pouvait-il en être autrement ? Ce bon vieux Peter faisait comme il le pouvait avec les moyens du bord. S’il n’était déjà pas ravi d’être affecté sur cette ile (secret de polichinelle et constat qui se voyait comme le nez au milieu de la figure), entretenir une inconnue amnésique était tout de même généreux de sa part. L’endroit n’était pas réputé pour être très accueillant après tout. Avoir un coin pour soi sans appartenir à la faction était déjà une très bonne chose en soi et je remerciais intérieurement ce brave homme de ne pas l’avoir abandonné. D’autres officiers peu scrupuleux ne se surement seraient pas gênés pour la jeter autre part…

- « On m’a brièvement raconté comment t’as atterri là. Une aubaine qu’ils aient mentionné ton nom, sans quoi je serai surement passé à côté de toi… »

Après avoir quitté Water Seven, un ordre venant des hautes instances m’avait demandé de rejoindre Karantane dès que j’en aurais la possibilité. Une mission périlleuse s’imposait à moi ; mais elle semblait nécessiter des membres d’une brigade scientifique pour la mener à bien. J’avais alors mis le cap sur cette île pour en réquisitionner quelques-uns en urgence auprès de Marie Q-Riz, mais rencontrer Peter, l’écouter râler en rigolant et finir par découvrir l’histoire de la gamine avait été une coïncidence… Ou plutôt une chance inouïe, tout simplement ! C’est au détour d’une bière que ce dernier m’en avait parlé et que j’avais tilté en entendant le prénom « Yamiko » de qui il s’agissait. Les souvenirs affluèrent dès lors et seuls les souvenirs d’une gamine impertinente (et bien roulée) m’étaient restés en tête. Circonspect dans un premier temps (parce qu’il devait surement exister des tonnes de Yamiko dans le monde), j’avais tout de même demandé à la voir, d’où ma présence dans ce placard à balai qui lui servait de chambre. Et là, devant-moi, plus rien. Plus de présence. Plus d’âme. Juste un corps humain qui gisait là en attendant qu’un dénouement fatidique vienne la délivrer de tourments mentaux. Autant dire que l’image qu’elle renvoyait d’elle faisait vraiment peine à voir. On aurait dit moi après ma débâcle contre Kiyori.

Je fis un signe de tête au lieutenant qui m’avait accompagné auprès d’elle. Ce dernier vint changer les plateaux-repas qui lui étaient destinés. Cette fois-ci, j’avais moi-même pris une tonne de victuailles qui sentaient bons pour essayer de la titiller. Être au fond du gouffre faisait perdre l’appétit, mais il y avait bien souvent une limite à l’inertie. Cependant, telle que je la voyais, je me fis la réflexion que même ces bons plats ne la secoueraient pas un seul instant. Le plan tombait un peu à l’eau, mais essayer ne m’avait rien couté de toute façon. Puis, lorsque le lieutenant s’en alla, je fermai la porte derrière moi, avant de communiquer rapidement via mon den-den-mushi portatif avec l’un de mes hommes restés sur mon navire qui mouillait au port. L’objectif était bien évidemment de trouver tous les articles qui mentionnaient la jeune femme et ses hauts-faits. Elle était assez connue sur les quatre blues pour avoir fait l’objet de unes çà et là. Trouver des journaux et commander d’anciennes éditions n’était pas une mauvaise chose. J’avais aussi demandé qu’on contacte quelques têtes bien connues chez les chasseurs de primes au cas où. Eux aussi auraient peut-être des informations intéressantes à nous divulguer. Informations qui me permettraient peut-être de titiller un peu sa mémoire et lui insuffler un peu de vie…

C’est à ce moment précis que ma mascotte, Jo, sauta de mon épaule pour s’approcher lentement de la jeune femme. Si le Kung-Fu Dugong ne pensait généralement qu’à sa poire en ne faisant que bouffer et dormir, il semblait lui aussi affecté par la mine de la jeune femme, quand bien même il ne la connaissait absolument pas. Il vint alors se coller à elle pour tapoter sa tête d’un air amical, puis, voyant qu’elle ne réagissait pas, il alla s’emparer de quelques assiettes pour la rapprocher d’elle. Le fait que les animaux pouvaient être intelligents et très empathiques n’avait jamais été aussi vrai à mes yeux, ce qui m’arracha un sourire. A tous égards, l’animal était en train de faire ce que le moi d’avant aurait fait : la secouer dans tous les sens sans réfléchir. Mais du moi d’avant ne restait plus que l’humanité qui me caractérisait, mon sens de la justice… Et c’était tout. Il m’arrivait bien sûr de reluquer quelques paires de miches çà et là, mais le Salem d’antan n’était pratiquement plus. C’est donc en silence que je laissai faire l’animal qui alla même jusqu’à se saisir d’une assiette pleine de purée ainsi que du couvert qui allait avec pour lui tendre une cuillérée. La petite bête émettait même quelques cris pour montrer à quel point elle était triste, tout en me lançant parfois quelques regards désemparés, m’incitant à faire quelque chose.

Mais la seule chose que je fis, c’est m’accroupir pour être à la même hauteur qu’eux, avant de prendre parole…

- « Yamiko… Je suis le vice-amiral Fenyang. Alheïri Salem Fenyang. Est-ce que tu te souviens de moi ? Mon nom te dit quelque chose ? Si mes souvenirs sont bons, tu étais une chasseuse de primes. Tu te souviens de ça aussi ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Est-ce que tu peux m’en parler ? »

L’objectif était de susciter quelque chose… Mais surtout de lui d’abord redonner vie via le déjeuner.

Pour le reste, on verrait plus tard. Step by step…
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Renaissance Douloureuse - feat. Alheïri S. Fenyang

~ Bulgemore - 1629 ~

« Tu n’as pas le droit de mourir ! ». Ces paroles ne cessaient de résonner dans la tête de Yamiko et elles étaient accompagnés d’une image déchirante. C’étaient les derniers mots de Fozia - celle qu’elle avait considérée comme une grande sœur - avant de s’éteindre après une lutte acharnée et bien sanglante pour protéger Yamiko.

Recroquevillée sur son matelas de fortune posé à même le sol, une main fermée au niveau de son cœur meurtri comme pour chercher à l'arracher, la jeune borgne bougeait à peine et aucun son ne franchissait ses lèvres desséchées. Elle avait cessé de sangloter mais son état ne s’était point amélioré. Bien au contraire. La jeune femme se laissait mourir car elle désirait rejoindre les siens mais, les derniers mots de Fozia qui lui sommaient de survivre l’empêchaient de mettre un terme immédiatement à son agonie. Elle avait cessé de se nourrir et de boire mais une infime part d’elle lui susurrait de respecter les dernières paroles de son amie. C’était l’unique raison qui l’empêchait de mettre un terme définitivement à sa misérable existence. Et pourtant, si elle poursuivait dans cette voie de totales privations, elle finira inéluctablement par mourir.

Comme un messager envoyé depuis l’au-delà par Fozia afin de tenter de la forcer à respecter sa dernière volonté, un animal chercha à faire réagir Yamiko ; allant jusqu’à lui offrir à manger. Mais, comme depuis plusieurs jours, la jeune borgne ne réagit pas d’un iota. Mais lorsque la petite bête laissa échappé des cris teintés de tristesse et de détresse, la jeune borgne le fixa plus attentivement de son unique œil valide et dénué de vie. Puis, la jeune femme entendit la voix d’un homme. Elle ne parvenait pas à comprendre ce que celui-ci disait mais Yamiko bougea légèrement la tête pour pouvoir le fixer alors qu’il s’était accroupi non loin d’elle. Elle vit d’abord un immense buste flouté puis son regard se posa sur le faciès de l'imposant homme qui lui adressait la parole. La jeune femme mit un certain temps avant de voir clairement le visage de Salem. Elle avait dû cligner plusieurs fois son œil qui était bien trop sec. Elle ne le reconnaissait pas. En effet, Yamiko n’avait pas recouvert que très partiellement la mémoire. La seule chose dont elle se souvenait d’avant son réveil dans un laboratoire était le massacre de ses compagnons. Seuls les visages peinés de Fozia, Sunny et Choupi hantaient présentement son esprit.

Un cri de Jo força Yamiko à se dérober du regard de Salem pour fixer l’animal qui continuait de lui tendre une cuillère de purée. Tout en restant allongée, Yamiko ouvrit tout doucement la bouche. Comprenant que c’était une invitation à lui donner à manger, l’animal s’exécuta alors qu’une lueur de joie s’était illuminée dans son regard. Aussitôt que la cuillère était vide, Jo la remplissait pour la tendre de nouveau à sa « patiente ». Sans rien dire, Yamiko se laissa nourrir jusqu’à ce que des larmes se déversèrent de son œil qui avait été pourtant asséché.

« - Je ne veux pas mourir, laissa enfin échapper la jeune borgne d’une voix tremblante. Je ne dois pas mourir, rectifia-t-elle alors qu’elle avait décidée de respecter définitivement la dernière volonté de Fozia. »

Jo continua de nourrir Yamiko jusqu’à ce qu’il ne resta plus de victuaille. L’animal tenta ensuite de donner à boire à la jeune femme mais arrêta lorsque du liquide se renversa sur le matelas à cause de la position de la jeune borgne qui ne facilitait point la tâche. Alors que Jo commença à paniquer, tout doucement Yamiko se redressa. La jeune borgne resta impassible alors que chaque parcelle de son corps lui arrachait une douleur comme pour lui rappeler avec violence qu’elle était toujours en vie.

Assise, d'une main tremblante, Yamiko attrapa le verre que tenait Jo avant d’en vider entièrement le contenu. Certainement parce qu’elle avait bu trop vite afin d’étancher sa soif de plusieurs jours, Yamiko se mit à tousser. La crise mit un certain temps avant de se calmer.

« - Qui êtes-vous, finit ensuite par lâcher Yamiko à l’attention de Salem dont elle n’avait point entendu les paroles jusque-là, tant son être avait été déconnecté de la réalité. » …


Dernière édition par Yamiko le Jeu 11 Mai 2023 - 11:58, édité 1 fois
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- « Moi ? Juste un vioque qui va t’aider à ne pas mourir… »

C’est sous un sourire presque paternel que je lui répondis tranquillement. J’étais clairement ravi de voir qu’elle n’avait finalement pas renoncé à la vie ; bien que je me questionnais également sur ce revirement bienvenu qui l’avait poussé à accepter l’aide de Jo. Ce dernier était d’ailleurs tout content comme en témoignaient les éclats étoilés qui faisaient briller ses petits yeux ronds. En expirant comme un buffle, l’animal tourna sa bouille vers moi comme pour me faire comprendre qu’il était le meilleur d’entre nous et qu’il n’était pas peu fier de sa prouesse ! Il eut le mérite de m’arracher un soupir amusé sur le moment, tant je lui concédais volontiers ce mérite-là et cette « victoire » si on pouvait l’appeler ainsi. C’était là une toute petite avancée, mais une avancée quand même. De quoi voir l’avenir sur un autre jour. Et puis quelque part, c’était Peter qui allait être content de me refiler volontiers la patate chaude. Il avait mieux à faire…

- « Mais pour être plus précis, je suis le vice-amiral Fenyang. Alheïri Salem Fenyang. Ça te dit rien pour le moment, mais je suis sûr que ça viendra. »

Répéter la même chose ne me gênait pas spécialement. Je n’avais jamais vraiment été confronté à un cas d’amnésie, mais je savais pertinemment qu’il fallait être patient et il y aller crescendo. Un pas après l’autre. Ça prendrait du temps, mais pour la gamine que j’avais jadis connu, ça en valait la peine. Et puis quelque part, m’occuper de quelqu’un m’aiderait surement à dépasser mes propres insécurités et crises existentielles. J’avais surmonté le plus dur certes, mais il restait encore beaucoup de choses à faire et à accomplir de ce côté-là. Ma thérapie ne finirait que par une nouvelle confrontation contre la déesse impératrice. C’était surement le meilleur moyen d’exorciser tous mes démons. « Je suppose que tu ne t’en souviens pas encore, mais tu étais auparavant une chasseuse de primes. Tu es d’ailleurs bien connue sur les blues, tiens… » Suite à mon indication, je finis par m’asseoir à même le sol avant de m’adosser au mur derrière moi.

Et c’est à ce moment précis que l’on vint ouvrir la porte de sa chambre.

- « Vice-amiral ! De la part de vos hommes. Ils ont trouvé ça dans les archives personnelles de votre équipage… »

Le lieutenant qui m’avait accompagné ici même me tendit deux ou trois journées où Yamiko et son équipage (ou juste ses compagnons d’infortune ?) faisaient la une, avec de longs articles élogieux à leur égard. Il y avait bien un cliché qui montrait très clairement la culotte de la jeune femme pendant l’un de ses sauts périlleux face à l’ennemi, m’enfin bon… Les journaleux hein. Le moi d’avant aurait surement rigolé comme un con devant une telle photo… Mais le moi de maintenant ne fit que soupirer, bien moins pervers et porté sur le cul qu’avant. Après les avoir parcouru rapidement du regard pour m’assurer qu’il s’agissait bel et bien de Yamiko, Jo vint carrément me les arracher avant que je ne puisse esquisser le moindre geste. C’est qu’il s’y croyait vraiment ce kung-fu dugong de mes deux ! Ensuite, il les disposa un peu partout autour de Yamiko et lui tendit l’un des journaux où on la voyait dans une posture un peu plus reluisante…
Mais aussi où l’on voyait la plupart de ses camarades. A voir si cela produirait un quelconque effet…

- « Prends ton temps pour parcourir ces journaux. Je ne sais pas si tu te rappelleras quoique ce soit, mais c’est bel et bien de toi qu’ils parlent. Toi et tes compagnons sur ces images… »

Quant à moi, je fis un signe au lieutenant qui nous débarrassa des plateaux et couverts vides. Lui-même était étonné et arborait un sourire, bien content que l’inconnue ait fini par se nourrir on ne sait par quel miracle. D’ailleurs, il se permit même de prendre la parole en s’adressant cette fois-ci à Yamiko. « Si tu as encore faim, on peut toujours te ramener du rab, c’est moi qui offre ! » Pour ma part, j’eus un sourire en sortant de l’une de mes poches une cigarette et le briquet qui allait avec. A défaut de demeurer un gros porc, j’étais devenu un gros fumeur malgré-moi. Bien mieux que d’avoir fini dans des psychotropes et autres substances illicites qui avaient failli me happer lorsque je ruminais mon sort à Alabasta. En quelques gestes, je me mis à embraser ma clope avant de la fourrer entre mes lèvres pour profiter d’une première taffe. C’était un peu mon échappatoire à moi. De près, on aurait presque dit que j’étais un névrosé avec ma mine bien moins solaire que celle que j’arborais des années auparavant.

Pour le coup, Yamiko et moi formions une belle paire de bras cassés…
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~ Bulgemore - 1629 ~

L’imposant marine disait être présent pour aider la jeune borgne à ne pas mourir. Parole plutôt réconforte et pourtant qui ne parvint point à toucher la jeune femme qui resta de marbre comme si elle n’avait pas compris le sens de la phrase. Même le sourire chaleureux de son interlocuteur ne parvint à atténuer la morosité de Yamiko qui se contenta de regarder Salem d’un regard où on pouvait lire lassitude et désolation. La jeune femme fixa ainsi celui qui s’était présenté comme étant un vice-amiral jusqu’à ce qu’un autre marine se présenta avec des journaux qui se retrouvèrent rapidement exposés devant celle qui se révélait être une chasseuse de primes. Du moins, elle l’avait été.

Avec lenteur, Yamiko attrapa le journal que le kung-fu dugong lui tendait. A la vue de la photo de son ancien équipage, les mauvais souvenirs resurgirent et l’œil de la jeune femme s’humidifia à nouveau. Mais, cette fois, elle parvint à retenir ses larmes même si son cœur continuait à la faire atrocement souffrir. Les expressions de ses anciens compagnons sur le papier étaient si déférentes de celles qu’elle avait en souvenirs. Sur la photo, ils paraissaient si épanouis alors qu’ils étaient si affligés dans sa mémoire.

Soudain, un détail sur la photo attira l’attention de Yamiko. La présence d’un aigle royal qui ressemblait fortement à un qui ne cessait de lui tourner autour sur l’île même de Bulgemore. L’animal se montrait farouche avec les autres mais venait souvent voir Yamiko lorsqu’elle était seule. Tous étaient étonnés par la présence d’un rapace sur une île dont le climat ne lui était point adéquat. Mais s’il appartenait à l’ancien équipage de Yamiko, cela pourrait bien expliquer le comportement de la bête. Et, d’après l’article, le nom de l’ancien équipage de la jeune borgne était Eagle Claws. Cela ne pouvait être qu’une simple coïncidence ! Pour se rassurer, Yamiko consulta, et avec une certaine vivacité qui lui était absente jusqu’à maintenant, les autres journaux. Et, si le rapace n’était pas présent sur toutes les photos, il y était sur plusieurs et une fois posée sur une main équipée d'un gant de fauconnerie de Yamiko. Aucun doute ne substituait plus. L’aigle royal faisait partie des Eagle Claws mais il restait à confirmer si c’était bien celui qui se trouvait actuellement sur Bulgemore.

Oubliant son corps endolori par manque d’activité depuis plusieurs jours, Yamiko se redressa brusquement pour se ruer en toute hâte vers l’extérieur. Dans sa précipitation, elle manquait de bousculer plusieurs personnes sur son passage et beaucoup se demandaient ce qui lui prenait ou si elle était devenue complètement folle mais personne ne l’arrêta dans son élan. En quelques minutes, la jeune femme se retrouva dans un bâtiment abandonné où l’aigle royal avait élu domicile et où Yamiko avait pris l’habitude de se rendre de temps en temps pour rencontrer l’animal.

Essoufflée, la jeune borgne chercha le rapace mais dû vite se résoudre qu’il n’était pas présent. L’oiseau était certainement parti chasser pour se nourrir. Du moins, Yamiko l’espérait. Elle refusait de croire qu’il avait fini par quitter Bulgemore. Alors, décidée à attendre, la jeune borgne s’adossa contre un mur, se souciant guère de la salubrité du lieu …
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Dire que j’étais totalement surpris d’observer une telle réaction ne serait pas un mensonge… Pour dire vrai, je croyais plutôt qu’elle hurlerait comme une démente ou qu’elle pleurerait à chaudes larmes en voyant les photos, quelque chose comme ça. J’avais plus ou moins anticipé ce genre de réaction et j’étais même prêt à faire usage de mon haki des rois pour l’assommer si nécessaire, histoire qu’elle puisse se calmer. Cependant, le fait qu’elle détale comme une dératée et comme si elle avait été illuminée par un je ne sais quoi, me prit complètement de court. Impossible de prévoir une action pareille, ce qui me laissa pantois. Complètement sur le cul.

Il fallut un Jo visiblement en colère (qui vint m’assener quelques petits coups à la tête), pour que je reprenne mes esprits en soupirant encore. C’était à se demander si j’étais la bonne personne pour la prendre en charge… Et s’il ne fallait pas plutôt que je l’envoie dans des hôpitaux spécialisés, histoire qu’elle puisse tranquillement se remettre de ce qui l’avait malheureusement conduite à perdre la mémoire. Mais en attendant de prendre une décision définitive, je me levai laborieusement du sol avant de sortir de la salle en passant une main dans ma chevelure, clope au bec. Si je pouvais sentir sa « présence », je ne la voyais absolument plus dans les couloirs de la base…

C’est qu’elle n’avait pas perdu de sa superbe la sale gosse, que j’me fis comme réflexion...

Pour ma part, je fourrai mes mains dans les poches avant de prendre tranquillement la même direction qu’elle. Quelques regards interrogateurs de la part de ceux qu’elle avait bousculé comme une furie me dardèrent, mais je fis vite de calmer les esprits avec quelques sourires et des excuses formulées à la va-vite. Jo, toujours furieux, effectua un gros bond pour s’accrocher à l’une de mes fortes épaules, comme à son habitude, avant de recommencer à me frapper d’un de ses poings pour m’inciter à avancer plus vite. Sous l’insistance de l’animal visiblement anxieux, des sorus s’en suivirent alors. Avant que je n’arrive pile poil là où se trouvait la gamine en quelques minutes…

Apparaissant devant elle comme par magie.

- « Qu’est-ce qui ne va pas, Yamiko ? »

Jo, sans me demander mon avis évidemment, tira sur mon manteau de vice-amiral et tomba au sol avec. Si j’étais habituellement torse-nu, j’avais exceptionnellement revêtu un pull noir col roulé pour tenir la météo de merde de cette île. A bien des égards, je comprenais le pauvre Peter. Rester ici plus d’une semaine me mettrait constamment sur les nerfs et me ferait déprimer. L’animal tira alors ma veste et alla la tendre à l’amnésique qui était loin d’être chaudement vêtue, effectivement. Et vu sa posture, nul doute qu’elle n’était pas encline à rentrer dans les locaux chauffés de la base. « Tu cherches un truc ? » Que j’avais fini par demander, non sans renchérir :

- « Ou bien tu t’es souvenue de quelque chose ou de quelqu’un ? » Ce qui finalement, était l’éventualité la plus probable.

En attendant qu’elle me réponde, je jetai plus loin mon mégot largement entamée en restant face à elle et en observant les environs d’un air interrogatif.
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~ Bulgemore - 1629 ~

Une voix - qui lui était à présent familière - interpella Yamiko qui leva la tête poux fixer Salem. Au lieu de répondre aux questions de ce dernier, l’ancienne chasseuse de primes se demanda plutôt quel lien exactement avait-elle avec cet homme ? Était-elle importante pour lui ? L’était-il pour elle ? … En tout cas, le Vice-amiral paraissait tenir assez à elle pour ne pas l'abandonner à son triste sort alors que le Commandant Peter lui-même était prêt à la laisser dépérir dans son coin. Il était fort probable également que Salem n’éprouvât tout simplement que de la compassion pour elle comme il l’aurait eu envers n’importe qui. Mais, peu importait la raison qui poussait le marine à chercher à l’aider, Yamiko lui était reconnaissante.

Pour la première fois depuis fort longtemps, la jeune borgne réussit à esquisser un léger sourire en voyant Jo lui apporter le manteau qu’il avait volé à Salem. Comme dans le placard qui lui servait de chambre, c’était l’animal qui prenait l’initiative pour réconforter Yamiko mais Salem le laissait faire alors que la jeune femme était certaine qu’il pourrait stopper la bête s’il le désirait. La jeune borgne attrapa le vêtement - qui sentait légèrement le tabac - qu’elle posa sur ses épaule avant d’attraper, machinalement, le kung-fu dugong qu’elle sera fort contre sa poitrine. Le contact avec l’animal, dont le corps était pourtant froid, lui faisait du bien. Une sensation familière qui la surprit un tantinet tant elle ne s’attendait pas à ressentir une telle émotion. Était-ce là ce qu’on appelait un contact réconfortant ?

« - Ici a élu domicile un aigle royal que je pense appartenait à mon ancien équipage, finit enfin par lâcher la jeune borgne. Tout le monde trouvait étrange sa présence sur cette île hostile mais s’il était ici pour moi ? Yamiko marqua un bref silence tout en fixant Salem. Qui suis-je exactement pour vous, Vice-amiral ? … J’ai beau essayé mais je ne parviens pas à me souvenir au-delà du carnage de mon équipage. Je me rappelle que des scène sanglantes qui ont entrainées la mort de mes trois compagnons … Je ne me rappelle même pas du nom de l’oiseau que je suis venue retrouver ici. »

La tristesse transperçait la voix de la jeune borgne mais, étrangement, elle ne déversa aucune larme. Son œil s’était-il donc définitivement asséché après avoir autant pleuré ? Même sa douleur à la poitrine semblait s’être amoindrie même si celle-ci restait nettement perceptible ...


Dernière édition par Yamiko le Mer 17 Mai 2023 - 12:08, édité 1 fois
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- « Carnage ? »

Ceci expliquait cela. Le choc émotionnel qui a dû résulter d’un tel moment l’avait sans aucun doute traumatisé au point qu’une amnésie ne finisse par la secouer. J’étais toujours pas un spécialiste, mais j’en avais déjà entendu parler pour ne pas dire… Que je l’avais vécu moi-même. Mais à un degré moindre, d’autant plus que l’épisode avait été tellement bref que j’oubliais parfois que j’étais moi-même passé par là. Du reste, si mon expression ne le montrait pas spécialement, j’étais tout de même attristé pour Yamiko de savoir qu’elle avait dû passer une deuxième fois par un même évènement. Une première fois dans son passé lorsqu’elle faisait partie d’un cirque… Et une seconde fois au point qu’elle avait perdu la mémoire. A croire que le sort s’acharnait contre elle.

- « Si je devais répondre sincèrement, je dirai pour moi que t’es une sale gosse ! M’enfin… Pour moi, tous les jeunes d’aujourd’hui sont de toutes façons des sales gosses ! Faut croire que je deviens un vieil aigri ! »

Là, c’était sorti du fond du cœur ! Et en plus de cette phrase totalement lunaire qui semblât faire redescendre la pression d’un seul coup, j’eus un gros sourire moqueur aux lèvres en la regardant ! Me connaissant très bien et semblant avoir compris ce que je venais de dire, Jo leva un poing menaçant vers moi et se mit à piailler comme s’il avait raison ! Cependant, plutôt que de bondir sur moi pour me foutre des coups comme à son habitude, il préféra rester là où il était : au creux d’une poitrine tellement opulente qu’elle en ferait rêver pas mal d’hommes ! C’est à ce moment là que je compris que mon kung-fu dugong était un véritable traitre !

- « Enfin, j’dis ça, mais la sale bestiole que tu tiens semble pas vraiment être de cet avis. T’es vraiment entrain de lui vendre du rêve là ! » Que j’dis en pointant du doigt l’animal d’un air blasé.

Sur cette phrase, j’eus un soupir amusé ! Jo continuait de gueuler sur moi, tout en nageant malgré lui dans un bonheur somme toute incommensurable ! J’aurai pu lui accorder encore un peu plus d’importance, mais je préférai relever mes yeux vers la borgne qui se posait surement encore plus de questions : « Cependant, tu es une sale gosse de tout ce qu’il y a de plus admirable : je n’avais jamais vu autant de détermination et de sens de la justice chez une chasseuse de primes. Ta force et ton talent au combat sont indéniables et tu as bluffé le marine que je suis… » J’eus un sourire pour la jeune femme, pris d’un gros élan de nostalgie…

- « Il y a six ans lors d’une croisière sur East Blue, tu m’as aidé à mettre hors d’état de nuire des pirates sur un navire de luxe. J’étais tellement bluffé que je t’ai même demandé de rejoindre mes rangs en tant que marine. Mais évidemment, tu as refusé mon offre. Je ne sais toujours pas vraiment pourquoi d’ailleurs, même si j’en ai une vague idée… »

Sur cet aveu qui ne lui dirait sans doute rien sur l’instant, je me mis à fouiller encore une fois l’intérieur de mes poches pour ressortir un paquet de clopes. Y’avait rien à faire : c’était devenue une sale habitude. Compulsive même. A la limite viscérale. Je savais que je devais arrêter, mais j’en avais vraiment besoin. On aurait presque dit un drogué à ce stade. En tassant ledit paquet, je me fis même la réflexion que je devais tourner à dix clopes au moins par jour. Plus le temps passait et plus l’addiction devenait forte. « Mais contrairement à la dernière fois… » Que je finis par dire en extirpant une cigarette que je coinçai entre mes lèvres avant d’actionner le briquet…

- « Contrairement à la dernière fois, je compte pas lâcher l’affaire. Je suis toujours persuadé que tu as un talent qui ne demande qu’à être poli et un sens de la justice tellement grand que tu deviendras surement une bonne marine ! Et puis, parait que je suis un bon mentor : 3 de mes anciens subordonnés et protégés sont devenus des haut-gradés avec le temps. Deux sont colonels d’élite et l’un est vice-amiral comme moi. J’suis pas si dégueu comme maitre, heeh ! »

Rachel, Yamamoto, Ethan… Autant de sales gosses qui avaient fini par me rattraper au fil du temps…

- « Hein ?! Mais… Saleté ! Pourquoi ça marche pas ! Mais fonctionne ! Fonctionne ! Bordel de merde ! »
Et voilà que j’étais entrain de m’énerver passablement face à un briquet que j’actionnai encore et encore… Sans succès.

Paie ton vice-amiral.

Mais c'est pile à ce moment là que l'aigle vint se poser sur le mur contre lequel elle s'était adossée, avant de glapir pour attirer son attention.
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Renaissance Douloureuse - feat. Alheïri S. Fenyang

~ Bulgemore - 1629 ~

Tout en écoutant le Vice-amiral, la jeune borgne essaya se remémorer les faits que le haut gradé de la Marine lui racontait mais aucun souvenir ne lui revint à l’esprit. Écouter son passé se semblait pas être le remède à son amnésie. Néanmoins, grâce à Salem, la jeune femme avait appris un peu sur qui elle était par le passé. Une chasseuse de primes avec du potentiel et un sens de la justice d’après les dires du Vice-amiral. Yamiko avait bien du mal à le croire au vu de son état actuel. Il était vrai qu’elle était dotée d’une agilité plutôt impressionnante et avait des réflexes surprenants - des aptitudes que son corps n'avaient pas oublié - mais elle se sentait si faible. La jeune femme ne se sentait pas être capable de battre qui que ce soit ; pas même un enfant. Elle pensait juste être bonne à faire le ménage, à éplucher des légumes ou encore à faire la plonge.

Salem semblait encore croire en elle mais Yamiko avait perdu toute confiance en elle. Elle avait été peut-être une brillante chasseuse de primes mais, aujourd’hui, elle n’était plus qu’une coquille vide qui se laissait emporter par le courant de la rivière où elle était tombée. Et, présentement, même si elle avait retrouvé l’envie de vivre, elle n’avait cependant la moindre volonté de se débattre pour dévier de ce courant qui l’entrainait dans une houache plutôt paisible. Elle mangeait à sa faim et avait un toit sur la tête en échange des tâches simples qui ne lui faisait courir le moindre danger. Dénuée d’ambition, la jeune femme aux cheveux argentés se satisfaisait de sa situation actuelle même si celle-ci était loin d’être louable. Ainsi donc, elle ne donna pas suite à la proposition implicite du Vice-amiral de le suivre.

Alors que Salem se battait contre son briquet, Yamiko se demanda si elle du passé était plus ambitieuse qu'elle d'aujourd’hui. Alors que la jeune femme se questionnait intérieurement sur celle qu’elle aurait pu être autrefois, l'aigle royal qui vint se nicher au creux du mur contre lequel elle était adossée la ramena à la réalité. Brusquement, la jeune borgne fit volte-face tout en reculant légèrement pour mieux voir le rapace. Dans son empressement, Yamiko avait desserré ses bras sans se rendre compte, lâchant prise Jo qui tomba lourdement sur le sol. Absorbée par l’oiseau, la jeune femme n’entendit même pas les cris du kung-fu dugong qui cherchait désespérément à attirer son attention.

«  - C’est moi, Yamiko, cria désespérément la jeune borgne en direction de l’aigle royal. Tu me connais n’est-ce pas ? »

La jeune femme ne se rendait même pas compte à quel point elle était ridicule à s’adresser à un animal comme si celui-ci était capable de lui répondre.

« - Tu es ici pour moi n’est-ce … »

L’oiseau qui plongea soudain vers elle interrompit la jeune borgne. Contre toute attente, la bête se mit à l’attaquer, cherchant à lui picorer la tête. Instinctivement, la jeune femme chercha à protéger le sommet de son crane de ses bras puis Yamiko fut prise d’un violent mal de tête. Des souvenirs d’un oiseau lui faisant subir le même sort que présentement lui revint à l’esprit. Des scènes similaires mais dans des situations différentes qui démontraient que cela était arrivé maintes fois. Les images se présentèrent d’abord sous forme des flashs incompréhensibles puis devinrent de plus en plus nettes jusqu’au point où Yamiko parvint même à capter les propos que s’échangeaient des personnes dont elle parvenait à visualiser clairement les visages. Puis, le mal de crâne s’estompa et la jeune borgne revint à la réalité. Elle se trouvait à genoux, les mains tenant sa tête alors que l’aigle ne la harcelait plus.

« - Que … qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda une Yamiko un tantinet désorientée tout en se redressant. Où est Terry ? Ajouta la jeune femme tout en regardant autour d’elle. C’est le nom de l’aigle, se sentit-elle ensuite de préciser à Salem. Je me suis souvenue de lui et apparemment il est attiré par la couleur de mes cheveux. »

Les bribes de souvenirs qu’elle venait de récupérer étaient des moments plutôt plaisants et pourtant ils la laissaient dans un sentiment de tristesse. Elle avait vu des visages joyeux mais elle était incapable de dire à qui ils appartenaient tant il lui manquait d’informations. Elle était même dans l’incapacité de définir les relations qu’elle entretenait avec ces personnes. Ne pas se souvenir de tout commençait à la peser.

L’ancienne chasseuse de primes se rapprocha du Vice-amiral pour se positionner à seulement quelques pas face à lui. Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, Yamiko se tenait fièrement devant Salem qui lui paraissait encore plus grand. La jeune femme se sentait comme une souris face à un éléphant.

« - J'accepte de vous suivre, Vice-amiral. Il semblerait que revivre des situations similaires fait resurgir mes souvenirs. J’ai donc plus de chance de les récupérer en vous suivant qu’en restant sur cette île. Et … j’aimerais amener Terry avec moi. »

L’aigle royal était le seul lien qui lui restait de son ancien équipage et celui-ci semblait tenir à elle au point de l’avoir suivi jusqu’à Bulgemore. Il était hors de question pour la jeune femme de l’abandonner. D’autant plus que le rapace pourrait l’aider à se souvenir des moments de son passé. L’oiseau s’était toujours montré farouche envers les autres alors Yamiko reviendra seule pour tenter de l’apprivoiser de nouveau …
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- « Tu es sûre que ça ira avec cet aigle… ? »

J’avais assisté à toute la scène d’un air circonspect et je ne sus quoi penser sur le moment. Le fait qu’elle ait fini par se rappeler du nom de l’animal était une bonne chose, mais le comportement de ce dernier m’avait fait me poser des questions. J’eus l’envie là encore de le chasser, mais j’avais à priori bien fait de ne pas intervenir. Ce « Terry » semblait d’une importance capitale pour Yamiko malgré son caractère de merde… Et puis, alors que j’avais une mine complément réfléchie, Jo grimpa une nouvelle fois sur moi et s’attela à filer des coups de poings sur la tête, ce qui dissipa tous mes doutes et autres hésitations. Ils avaient tous des comportements à chier en fait ; d’autant plus que les cris du mien et ses coups semblaient plus tenir de la pure jalousie qu’autre chose. Apparemment, il était bien mécontent de la place qu’avait l’aigle dans le cœur de la jeune amnésique. Bienvenue dans le monde des adultes, Jo ! Les femmes n’avaient pas leur pareil pour jeter les hommes et penser directement aux autres ; et ce dans tous les pans de la vie : amour, amitié, collaboration… C’était même à me demander si je faisais bien de prendre la jeune femme sous mon aile, tiens ! Une réflexion un peu conne qui finit par m’arracher un sourire !

- « Si tu penses que me suivre peut t’aider à guérir, ma foi… Et je pense que de toute façon, ton aigle, peu importe où nous irons, te suivra. S’il a pu s’adapter au climat rude de Bulgemore, bouger avec nous lui fera surement le plus grand bien… J’imagine. »

Fidèle et coriace, voilà ce qu’il fallait retenir de la bestiole… Et en dépit de son caractère que je trouvais merdique quand même, c’était tout à son honneur. Jo, lui, accroché à l’une de mes épaules, semblait à présent bouder, ce qui me poussa à lui accorder de l’attention et à passer une main sur la tête de l’animal qui se mit à geindre. Retour à la case départ, hein ? C’était pas plus mal, tiens ! « Ceci étant dit, ça va pas être une partie de plaisir… Tant pour ta mémoire que pour ce qui adviendra de toi… Certaines choses te chambouleront, te secoueront et t’amèneront parfois même à vouloir abandonner l’affaire… Sauf qu’avec moi, pas d’abandon qui tienne et pas de trahison possible ! » Sur cette déclaration, je pris un air on ne peut plus sérieux. Jouer les baby-sitters ou les maitres d’accord… Mais c’était clairement pas pour qu’on me la fasse à l’envers derrière. Bien entendu, ma phrase voulait tout et rien dire, mais elle avait le ton de ce qui l’attendait : du travail et encore du travail. L’envers du décor existait partout… Même dans la marine… Mais c’était quelque chose qu’elle découvrirait d’elle-même, au fur et à mesure. Le monde n’était ni blanc, ni noir, mais surtout fait de nuances de gris, partout : chez les pirates comme chez la marine…

La seule exception que je voyais sous une teinte exclusivement sombre était la révolution. Mais ceci était une toute autre histoire…

- « M’enfin… Bien avant que tu ne prennes une décision définitive, j’aimerais t’amener à une guilde de chasseurs de primes. Là-bas, nous chercherons plus en profondeur d’autres éléments sur ton passé… Sur ce que tu étais… Sur les gens que tu côtoyais. L’idée n’est pas que tu retrouves la mémoire d’un coup de baguette magique, mais que ces confrontations t’aident à faire un choix définitif de carrière. Parce qu’une fois que tu seras des nôtres, comme déjà dit, il n’y aura plus de retour en arrière. Vraiment. »

L’idée était venue d’un coup dans mon esprit. Va savoir pourquoi. Cependant, je trouvais que c’était un juste milieu qui lui permettrait de trancher définitivement. Je ne voulais pas me coltiner d’indécise et je trouvais qu’il était important pour elle que nous passions d’abord par ce qui me semblerait être un passage obligé pouvant causer un électrochoc : rencontrer des chasseurs de primes qu’elle avait déjà côtoyé par le passé. Il devait surement y en avoir forcément : des maitres de guilde qui l’avaient élevé ou entrainé, des coéquipiers de circonstances, des rivaux… Il devait y en avoir surement, d’autant plus que sa tête n’était pas du tout inconnue. S’il fallait retourner sur les blues, qu’à cela ne tienne ! La mission qui m’était assignée sur Karantane pouvait bien attendre que je fasse encore quelques détours rapides… « Si tu es partante, je me renseignerai pour qu’on puisse croiser certains de tes ex-collègues. Tu y verras plus clair. » Jo quant à lui avait arrêté de me frapper par dépit et regardait timidement la jeune femme vers laquelle je levai une main pour qu’elle la serre volontiers. Il n’y avait plus qu’à conclure ce deal et il me paraissait plutôt honnête, sachant que j’avais posé toutes les cartes sur la table sans rien omettre.
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Renaissance Douloureuse - feat. Alheïri S. Fenyang

~ Bulgemore - 1629 ~

Tout doucement, la jeune femme serra la main du haut gradé de la Marine.

« - Je vous remercie Vice-amiral. »

Quelques mots qui exprimaient l’acceptation des toutes les conditions imposées par Salem et une reconnaissance pour ce qu’il s’apprêtait à faire pour elle. Yamiko n’en demandait pas tant mais puisque c’était la volonté de celui à qui elle quémandait, en quelque sorte, un service alors elle acceptait volontiers. Elle devrait même lui être reconnaissante car derrière les propos plutôt sévères de Salem, il était aisé de percevoir sa volonté d’aider Yamiko à retrouver la mémoire mais aussi à la rendre plus forte. En sommes, le Vice-amiral se comportait déjà comme un mentor responsable alors que la jeune femme n’était pas encore officiellement placée sous sa protection. Malheureusement, Yamiko - dont les émotions semblaient avoir été bridées comme sa mémoire - ne paraissait pas réaliser la bienveillance de Salem à son égard à travers, non seulement ses gestes, mais aussi ses propos même des plus rudes. Un jour peut-être, elle s’en rendra compte.

L’ancienne chasseuse de primes n’avait aucune idée de quel genre de personne elle avait été à l’époque. Avait-elle été une subordonnée obéissante ou plutôt rebelle ? Mais, en cet instant, elle était prête à suivre tous les ordres du Vice-amiral. Était-ce parce que, depuis qu’elle avait repris connaissance dans ce laboratoire, elle n’avait fait qu’obéir sans broncher - tel un robot programmé pour servir - mais elle ne semblait n’avoir aucun problème avec les ordres. Et puis, les tâches que lui attribuera le Vice-amiral ne seront certainement pas plus dégradantes que celles qu’elle effectuait déjà au sein du Soixante Huitième Régiment où elle séjournait. Elle récurait même les toilettes.

Une fois qu’elle fût libérée de la main de Salem - qui faisait plusieurs fois la taille de la sienne - Yamiko tendit les bras en direction de Jo qui s’était perché sur une épaule du Vice-amiral. La jeune borgne avait remarqué la tristesse de l’animal et avait compris que c’était de sa faute ; même si ce n’était pas volontairement qu’elle l’avait lâché brutalement.

«  - Je suis désolée ! Lâcha la jeune femme à l’intention de Jo, les bras toujours tendus, prêts à accueillir le kung-fu dugong. »

Si Yamiko n’était pas prête à ouvrir son cœur aux humains, elle était cependant enclin à accepter Jo, tout comme elle était disposée à rétablir sans retenue sa relation avec Terry. Le traumatisme avait suscité en la jeune borgne la peur de se lier profondément à une personne qu’elle pourrait ensuite perdre aussi brutalement que ses anciens compagnons mais elle n’avait pas cette appréhension envers les animaux …
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- « Fort bien ! Tu pourras t’offrir un nouveau départ ! »

Ce que je ne savais peut-être pas, c’est qu’elle allait s’offrir un départ ailleurs, mais c’était peut-être les aléas de la vie et la progression personnelle qui voulait ça. Ou plus simplement le destin. Mais toujours est-il que j’avais impulsé quelque chose d’intéressant et qu’elle pourrait recommencer au mieux son existence avec de vrais buts et de vrais objectifs. La marine n’était peut-être pas la faction la plus glorieuse, mais elle était l’une des plus nobles. A mes yeux, c’était plus qu’une évidence même.  De quoi m’arracher un sourire satisfait, alors que Jo, toujours accroché à mes épaules, boudait définitivement et pas qu’un peu. C’est qu’elle pouvait être très rancunière, la bestiole. Tant pis. Il s’en remettrait et Yamiko aussi…

- « Bon… Je vais voir le commandant du coin et lui expliquer que tout est bon et que tu vas me suivre. En attendant, fais de l’ordre dans ton esprit… Ou fais le tour des soldats pour les saluer et les remercier du fait qu’ils ont quand même pris soin de toi ! »

Sur ce conseil qu’elle était libre de suivre (ou pas), je passai une main dans sa chevelure, avant de lui tourner le dos et de m’en aller tranquillement. Normalement, il ne devrait pas y avoir trop de paperasse administrative pour son départ, mais pour le principe, j’allais voir ce que Peter dirait. Pour le reste, le départ allait se faire dans un ou deux jours, juste le temps pour moi de réunir une bonne équipe de scientifiques à ramener sur une autre île qui avait définitivement besoin de mon intervention. Mais en attendant, quelques petits détours pour la gamine ne feraient pas de mal. Tant qu’elle finissait dans les rangs avec un avenir bien moins incertain que dans ses anciennes factions, tout irait pour le mieux, que j’me disais…
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