Posté Dim 24 Sep 2023 - 22:27 par Elisabeth L. Gray
Je ne perds pas plus de temps en échange avec Gabriel, je dois à présent savoir comment est-ce qu’on rejoint l’Underwater, peu importe les manières, nous devons nous y rendre pour retrouver les biens d’Izya. Maintenant que nous venons de quitter les rues des chantiers navales de Water Seven, nous devrions nous rapprocher d’un hôtel ou d’un lieu plutôt animé. Les cancans se rassemblent généralement dans un endroit où le peuple se retrouve. Meira ne peut pas s’empêcher de jeter un regard derrière nous, en direction de ce dénommé Jérôme, le subalterne de Gabriel.
« Jérôme c’est bien ça ? »
« Ouais. »
« Depuis quand êtes-vous au service de Gabriel et d’Izya ? »
« Lise. C’est un larbin. »
« Nous sommes acolytes sur cette mission Meira, nous sommes là dans le même but. Et ce n’est pas en nous écartant de nos potentiels alliés que nous ferons bonnes figures dans ce milieu. Tâchons d’être respectueuses, du moins du mieux que tu puisses l’être. »
Je lance un clin d’œil à ma meilleure amie en lui souriant, ma réflexion ne semble pas lui plaire, mais tâchons de nous montrer un tant soit peu chaleureuse avec les troupes des grands de ce monde. La piraterie n’est qu’une affaire de réseaux, nous ne devons pas nous le mettre à dos.
« Alors, Jérôme ? »
Repris-je en assurant la parole au larbin de Gabriel en penchant délicatement la tête dans son sens.
« Hmm, ça doit bien faire une année complète maintenant. J’ai connu la Reine Céleste depuis ses Allods. Et Gabriel m’a enrôlé dans son équipe et depuis, j’effectue des missions d’espionnage pour le compte de la Reine, dès que l’occasion se présente. »
« Un homme expérimenté donc. Merci Jérôme, nous sommes en bonne compagnie alors avec toi, ahah. »
Dis-je d’un ton réconfortant qui, pour Meira, sentait le faux à plein nez. Elle me lança même un regard en coin l’air de dire que je ne trompe personne. Regard que je ne pris pas le temps de relever, je préférai me concentrer sur notre avancée jusqu’aux avenues principales que nous n’allions pas pouvoir rejoindre et traverser sans enfourcher des Yagaras.
« Que sont des Yagaras ? »
« Les moyens de transport d’ici. Je nous en prends un pour trois. »
« C’est très gentil Jérôme, merci. »
« Direction l’avenue principale supérieure. On doit avoir une vue panoramique de la ville. »
« S’il te plaît. »
Dis-je à Jérome en fronçant les sourcils en direction de Meira qui haussa les épaules avant de grimper dans le siège installé sur le dos du Yagara que Jérôme venait de louer. Notre balade se déroula d’une manière plutôt calme, il n’était pas si tard et des couples, des amis ou des collègues de travail se retrouvaient à faire Yagaras commun pour rentrer chez eux. Le trajet jusqu’au sommet de Water Seven fut véritablement un moment calme et apaisant pour moi, perdue dans mes pensées et dans le regard des passants qui devaient sans doute me prendre pour une folle à les fixer ainsi. Jérôme ne prononça pas un mot, trop concentré sur sa conduite parfois un peu brusque. Quant à Meira elle restait à l’affût de ce que je pu constater.
« Nous arrivons dans deux minutes. »
« Oh … déjà. »
Je sentis Meira se tourner vers moi.
« Ce trajet m’a fait beaucoup de bien. »
« Tu vas bien Lise ? »
« Oui … je me pose pas mal de questions. »
« Pas le temps pour les questions là … on doit avancer. »
Face à cette réponse, je sens comme une légère divergence entre nos façons de penser. C’est bien la première fois que je ressens ça avec Meira, ne me considère-t-elle plus comme sa capitaine depuis ma révélation avant d’arriver à Water Seven ? Je ne vais pas apprécier ce comportement très longtemps. Mais elle n’a pas tord sur un point … nous devons avancer. C’est donc accompagné de Jérôme que nous nous enfonçons dans les quartiers hauts de la ville. Les maisons sont animées, la musique bat son plein mais c’est finalement la porte d’un hôtel bourgeois qui attire notre attention. Deux gardes du corps sont à l’entrées et je les vois me regarder de loin.
« Venez. »
« Mademoiselle Gray, d’après mes sources, cet hôtel est un point de repaire pour Révolutionnaires. »
Je ris sans me retenir en regardant Meira qui lève les yeux au ciel.
« Parfait ahah ! Venez ! »
Sans plus tarder j’avance alors vers les deux gardes du corps qui se redressent davantage une fois que nous sommes en face d’eux.
« Messieurs bonsoir. »
« Mademoiselle Gray, Mademoiselle Meira. Bonsoir. »
Nous restons alors de marbre tous les trois.
« Vos têtes ne sont pas inconnues dans notre hôtel. Votre frère, mademoiselle Gray, est une tête importante de la Révolution dans le nouveau monde. Veuillez entrer, vous pouvez vous installer à une table, l’un de nos serveurs va s’occuper de vous. »
En entrant dans ce restaurant, l’ambiance nous étonne tous les trois. Je lance les hostilités en avançant dans ce cadre presque luxueux, lumineux, chaleureux. Un petit accueil nous introduit à la pièce centrale et ronde où cinq tables carrés et rondes s’offrent à nous. Un homme, les yeux masqués s’approche de nous, bien vêtu et bien propre sur lui se courbe légèrement.
« Mesdemoiselles, Monsieur, bienvenue à la Table de Lumière. Nous sommes ravis de vous accueillir, mademoiselle Gray. »
L’homme dénoue légèrement son masque pour m’offrir un sourire et un clin d’œil. Nous le suivons alors jusqu’à un angle de la pièce où une table ronde se trouve, bien dressée et chaleureuse, notre serveur nous installe. Aucune tête ne s’est levée dans notre direction mais je sens que les regards sont braqués sur nous. L’ambiance est calme et une petite musique douce résonne dans le restaurant. Je laisse Meira s’installer en première, dos à la salle, Jérôme s’installe dans le coin et je m’installe en face de mon acolyte, avec vue sur toute la salle.
« Aujourd’hui nous pouvons vous proposer en suggestion du chef, une tourte aux fruits de Water Seven et son coulis aromatisée aux herbes médicinales. Un plat tout droit inspiré des meilleures trouvailles d’un membre de l’équipage des chapeaux de paille. Goûtez à la douceur de cette sauce et vous ressortirez d’ici le ventre plein et avec une vitalité du tonnerre. »
« Donnez-moi la carte. »
« Ce plat a l’air très appétissant, mais nous préférerions regarder la carte s’il vous plaît. Je vous remercie pour votre accueil. »
Visiblement fatiguée et vexée par quelque chose que je ne comprends pas tout à fait, Meira souffle un long moment avant de croiser les bras. J’attends que le serveur s’éloigne avant de croiser les jambes et de joindre mes mains sur mon genou supérieur.
« Meira, si tu as un problème, élucidons le dès maintenant. Cette mission va nous demander d’être soudées. »
« Rien, tout va bien, commande. »
Alors ça. Non je ne crois pas. D’un bond, je me lève de ma chaise qui tombe littéralement à la renverse, je plonge alors mon regard dans celui de ma seconde en frappant violemment la table de mes deux paumes. Tout le monde, cette fois, se retourne dans ma direction. Une vague de fluide inonde la pièce, personne ne tombe dans les pommes. Je devais m’en servir afin d’asseoir ma supériorité dans ce lieu.
« Meira ! Je suis ta capitaine ! Ne t’avise plus de me donner des ordres comme tu viens de le faire. Alors à présent, tu vas me dire ce qui ne va pas … à défaut … nous règlerons nos différents en extérieur et je te jure que tu ne mettras plus les pieds sur Vaillant si nous n’arrivons pas à établir un terrain d’entente. »
C’est à peine perceptible mais mon ton est saccadé. Mes paroles me font mal, elles sont lourdes de sens. J’ai perdu Jyll … je ne veux pas perdre Meira, pas elle, pas ma meilleure amie. J’ai besoin d’elle, j’ai besoin de son réconfort, j’ai besoin de son soutien. Avant d’être ma seconde, je la considère véritablement comme ma sœur et ça me ferait mal de la voir quitter le navire. Je la vois avaler péniblement sa salive alors qu’une larme coule de son œil gauche. Calmée, je reprends ma chaise pour me poser dessus en agitant poliment ma main droite en direction des quelques personnes présentes pour m’excuser du désagrément.
« Il est là … ça me gêne. »
« Allons … Jérôme est un allié de circonstances. »
« Tu es sûre ? »
Je jette un œil à notre allié qui semble n’avoir qu’une envie, se mettre sous la table ou se plonger le plus profond possible dans son verre d’eau.
« Mesdemoiselles, Monsieur … vous avez fait … votre choix ? »
« Timing parfait ! »
En quelques secondes notre commande est passée et Jérôme s’est absenté aux toilettes, de quoi nous laisser un moment pour discuter avec Meira. Les quelques secondes passées seules toutes les deux semblent durer des heures, nos regards sont plongés l’un dans l’autre.
« Notre situation me fait peur Lise … nos têtes sont hautement mises à prix. Notre assaut à Marineford fut d’une telle brutalité, j’ai tout donné pour te protéger, tu t’es lancée corps et âme dans l’affrontement … tu faisais face à la mort dans une telle inconscience … j’ai fais face à la mort pour te permettre de tuer notre adversaire. Tu ne l’as pas fait par manque de discernement et par manque d’analyse de tes coéquipiers et de tes adversaires. »
« C’est vache … j’ai déclenché des ravages à cause de mon climat ! J’ai tué de nombreux marines … j’ai … »
« Tu as failli me tuer. Et là, tu m’annonces vouloir rejoindre les Révolutionnaires ? Honnêtement je suis perdue Elisabeth. Tu veux retrouver Jyll … tu veux t’entrainer avec Izya. Nous sommes seules face au reste du monde. Même ce mec, Gabriel ne te prends pas au sérieux. Nous sommes facilement remplaçables, nous n’avons que peu d’actions d’éclats à notre effigie. Là où nous sommes dans notre périple, en plus de notre nombre réduit, ça en dit long sur notre poids dans tout ce beau monde. »
Jérome revient alors au même instant, m’empêchant de continuer la discussion avec Meira. Mon acolyte se tourne vers le larbin de Gabriel pour tenter d’obtenir des informations qu’il aurait pu récolter aux toilettes. Quant à moi, je reste le regard vide. Hésitante à l’idée de relancer le débat, puis finalement, un mot me ramène à la réalité.
« … Chemin vers l’Underwater. »
« Quoi ? Pardon … je n’écoutais pas. »
Meira me regarde, l’air peinée.
« Euh, je disais que j’ai entendu certaines personnes tenter de grapiller des infos auprès des serveurs, er certains auraient réussis à en avoir, c’est un point de repaire des révolutionnaires. Ici, ils donneraient des passes droits, de même que la guilde des usuriers, ils ont cette influence. »
« Hmm, intéressant, on devrait essayer de demander à notre serveur. »
Nous laissons passer notre repas bien tranquillement avant d’entamer le dessert, puis d’un regard, s’accorder pour appeler notre serveur qui s’avance calmement vers notre table. À nouveau sa petite courbette, en nous demandant la raison de notre appel.
« Ne passons pas par quatre chemin, vous savez qui je suis. »
« Evidemment mademoiselle Gray. Vos récents évènements à Marineford ont davantage fait parler de vous. »
« Bien, je voudrais rejoindre l’Underwater avec mes deux compagnons. »
« Oh ? Ce lieu est un repaire pour nous autres révolutionnaires, qu’est-ce qu’une pirate de votre renom irait y faire. Vous vous êtes enfin décidée à rejoindre nos rangs ? »
D’un air déterminé je réponds.
« Non. Des enchères clandestines devraient être organisées selon mes informateurs. Je voudrais y prendre part. Les biens d’une amie sont en vente, j’aimerais les récupérer. »
« Hmmm … j’en ai entendu parler, c’est un pari risqué mademoiselle Gray. En plus des organisateurs venus des Blues, d’un groupe qui se fait appeler la Klik de Klank et des Crevards, mes collègues de l’Underwater m’ont laissé comprendre qu’ils auraient aperçus des membres du Cipher Pole s’infiltrer dans les bas fonds de la cité aquatique. »
Meira se dresse alors sur sa chaise.
« Encore eux … merde non, Lise. Là ça craint. »
« Merci de vos informations. J’aimerais toutefois connaître le lieu d’accès à l’Underwater. Le reste, nous gérerons cela sur place. »
« Bien sûr. Les égouts à l’est de la ville, mènent directement au relai principal de l’Underwater. »
Sans plus tarder je me lève de ma chaise, suivie par Jérôme.
« Lise … »
« Si tu paniques de cette façon alors que nous ne sommes encore qu’à la surface Meira … reste ici. Je n’ai pas besoin de me coltiner des pleutres dans mon équipe. »
« Je vais contacter Gabriel. »
« Allez-y Jérôme, nous vous rejoignons devant le restaurant. Combien nous devons-vous ? »
Dis-je en me tournant vers le serveur au masque qui me répond d’une nouvelle courbette avant de s’approcher jusqu’à moi pour me chuchoter.
« C’est un honneur de vous avoir dans le restaurant. Débarrassez-nous des membres du Cipher Pôle dans l’Underwater et nous serons quittes. Le repas est offert. »
« Meira, on y va. Merci beaucoup très cher, à bientôt. »
« Putain d’ego ! »
Sans échanger davantage nous quittons l’établissement et rejoignons Jérôme devant le restaurant. Puis nous nous mettons en route tous les trois à dos de Yagara vers l’est de la cité pour rejoindre les égouts. Le trajet, comme à l’allé est très calme, et pourtant … il doit se passer un milliard de choses dans la tête de Meira. Et dans la mienne … tout est à l’état de brouillon, les camps opposés au nôtre grandissent de minutes en minutes … allons-nous réellement pouvoir sortir victorieux d’un potentiel affrontement avec eux ? Il va falloir se la jouer fine. En tout cas, le temps de réfléchir à un moyen d’y arriver, Jérôme nous annonce qu’il aperçoit Gabriel et son dragon de compagnie au loin. En quelques minutes nous parvenons à les rejoindre.
« Vous avez été rapides. Jérôme vous a transmis l’info, au moins comme ça, on ne va pas perdre de temps. J’espère que vous êtes équipés à d’éventuels affrontements là-bas. D’après nos sources révolutionnaires, des membres du Cipher Pole auraient été repérés dans les bas-fonds de la cité. Toujours prêts pour descendre ? »
Meira reste volontairement éloignée, les bras croisés.