Chat, tontatta et plus si affinité

*Gouuiiik*

Gouik. C'est le bruit que mon ventre hurle désespérément depuis que je suis arrivée sur cette île de malheur... Quand je pense que le gentil cuisinier à qui je faisais des ronds de jambe pour qu'il me donne des morceaux de viande sur sa caravelle marchande de malheur m'a assurée que j'adorerai notre prochaine étape ! Que c'était soit disant le paradis des chats et que je n'aurai enfin plus aucun mal à me nourrir !

Mensonge ! Odieux mensonges qui a fait naitre en moi tant d'espoir ! Vilaine surprise que je regrette plus que tout !

Poiscaille ! Voilà là soit disant destination de rêve où nous venons d'arriver lui, moi, et le reste de l'équipage de marchand de tapis sur lequel j'ai embarqué bon gré mal gré alors que je faisais une sieste bien mérité dans une boite remplis de tapis duveteux...

Et le pire... C'est que je ne voulais pas quitter le navire quand on m'a enfin révélé la surprise du chef ! L'île du poisson qui est le paradis de tous les chats ! Sauf que zut : je ne suis PAS un chat moi ! Bon, j'ai découvert au fils de mes pérégrinations que dévoiler ma capacité à parler n'était pas toujours la meilleure idée du monde... Les gens réagissant tous plus ou moins bizarrement en le découvrant, donc j'ai tenu ma langue sur mon dernier carrosse maritime.

Mais là... Alors même que cet équipage de bras cassé a eu l'idée merveilleuse de décharger la caisse avec mon tapis moelleux et de la vendre à un autre marchand de la ville, je me retrouve seule et totalement perdue dans une cité où flotte une horripilante odeur de poisson ou que j'aille.
Si j'avais su qu'ils seraient fourbes à ce point, jamais je n'aurai eu l'idée de faire la sieste pendant qu'ils débarquaient... Qui sait maintenant quand je vais pouvoir quitter cet horrible endroit ?

Fuyant rapidement la planque de ma caisse quand le nouveau vendeur de mon tapis me découvre et me chasse comme il aurait chassé un rat alors même que je suis un adorable petit chat au poils soyeux, je me retrouve alors totalement perdue dans les grandes allées de cette ville qui me semble si immense et où je me souviens très bien avoir refuser de passer lors de ma tournée de 1626, du temps où j'étais promise à devenir une grande chanteuse... Et ce tout simplement parce que je déteste le poisson. Mais genre vraiment ! Rien que son odeur... Pouah, j'en ai presque la nausée...

Et pourtant là tout de suite, je meure de faim. Mais genre vraiment ! Tellement que les gargouillis de mon ventre me font si mal ! Heureusement, pour cela, il y a une solution très simple : il me suffit de séduire les humains. Après tout, moi humaine, je sais que je n'aurai jamais laissé un pauvre petit chat tel que moi aujourd'hui mourir de faim ! Alors je vais bien trouvé une âme charitable pour me donner à manger dans cette ville hein ?

Vagabondant ça et là, faisant des yeux doux et miaulant affectueusement sur mes potentiels sauveurs, j'attire très facilement leur sympathie et fait rapidement fonctionner leur générosité. On pourrait donc croire que tous mes problèmes sont réglés ?

Pas.
Du.
Tout.

Du poisson. Tous tentent de me refourguer leur poisson pourris. Alors certes, il y en a qui me donne des morceaux nobles de filet quand d'autre me jette les abats... Ceux là je ne les regarde même pas, ces goujats ! Mais qu'importe leur soit disant gentillesse. Qu'importe leur générosité et les caresses que je les laisse me donner : il n'y en a finalement pas un pour racheter l'autre ! Pendant une heure, je me retrouve à sillonner les rues pavés en amadouant une nouvelle personne à chaque angle de rue et tout ça pour quoi ?! Pour me retrouver sans rien du tout à manger ! Rien sauf du poisson pourri ! Et aucun ne perçoit ce que je veux vraiment avec mes ronrons et mes frottements à leurs jambes, aucun ne comprend ma mou dégouté devant leur bout de poisson avarié ! Tant et si bien que la faim me brise encore le ventre sans que celle ci ne soit assouvit, et que finalement ma patience s'effrite et après le vingtième poisson, ma tête se tourne vers le ciel tandis que des larmes de crocodiles sortent de mes yeux de chat en même temps que mon mutisme se brise...

- MAIS J'AIME PAS LE POISSON MOI ! OUIN IN IN IN IN !

Moi, pauvre petit chat abandonné, je m'allonge alors sur le sol en cachant ma tête dans mes pattes, pleurant à chaudes larmes contre la fatalité qui me frappent tandis que tout le monde autour de moi à la même réaction.

- AAAH ! UN CHAT QUI PARLE !

Mais franchement, qu'est ce qu'on s'en fout que je parle en vrai ! L'important c'est ce que j'ai dit mais même ça ils l'ont pas compris ! Je n'aime pas le poisson ! Donnez moi de la viande ! Pitié !
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C’est avec une appréhension illégitime, celle-ci greffée à un racisme des plus sémillant, qu’Alegsis avait redouté devoir un jour déflorer les côtes de Poiscaille. Le nom, déjà, lui avait suggéré comme des grincements de dents. Or, en ces lieux, après les avoir bien arpentés de long en large, il n’y trouva que prétexte au soulagement alors qu’il n’y avait croisé aucun Homme-Poisson.
Le soulagement, évanescent, laissa cependant derrière lui des bribes de déception. L’amphibien – jugeait-il – était violent par nature et, par conséquent, facteur de crime. Ils n’étaient pas rares, après tout, ces « poiscailles » à exhiber dents tranchantes, écailles et branchies sur un poster imprimé par l’État-Major de la Marine. Il n’empêcha que le chasseur de primes, son pinceau en main, s’était encore une fois fourvoyé dans les grandes largeurs. À Poiscaille, on n’y trouva des gueules de mérou que sur les étales, mais jamais en vadrouille sur les pavés à commettre meurtres et rapines. Et de ce constat pourtant enthousiasmant, Alegsis en fut marri. Un chasseur de primes, cela se savait, ne prospérait que sur la misère et le chaos. Et de ces infinies « vertus », il n’en trouva pas même l’ombre d’une seule dans toute l’île.

Sinon la grisaille et l’odeur de marée étendue même bien au-delà des côtes, rien à Poiscaille ne fut prétexte à s’en désoler. La Marine et les pêcheurs vivaient ici en bonne intelligence et, la révolution, si bien matée et à tant de reprises, ne s’essayait même plus à lever le museau. De surcroît, les perles du pays ne scintillaient que du reflet d’un soleil timide dans les écailles poisseuses de la première marchandise qui fut ici en vigueur. Rares sinon inexistants furent ainsi les pirates à venir subtiliser des cargaisons de morues afin que leur fortune fut accomplie. À chasser les gens de mauvaise vie comme il le faisait si mal, Alegsis Jubtion ne retirerait pas ici même un seul fragment de berry à traîner plus longtemps ses guêtres.

Avec une ossature de poisson venue lui pendre d’entre les lèvres, son pinceau de combat en appui sur son épaule comme cela était de coutume avec lui, c’est désolé bien qu’assidu à l’échec qu’il retournait à son embarcation. Il s’en était alors fallu de peu pour que l’incident n’eut pas lieu.

Alegsis, de son pédalo, il ne s’en était pas trouvé bien loin ; peut-être à une perche d’arpent à peine, d’ici à ce que la complainte lui tomba dans les oreilles. De là, la machinerie Jubtion avait amorcé jusqu’au plus infime de ses rouages afin que le drame fut garanti sur toile de maître. Cette lamentation, tournée ainsi vers la faune marine qu’on avait si bien étalée le long des échoppes, interpela naturellement le chasseur de primes. D’abord par l’oreille, mais ensuite et surtout, par les yeux.

Le chat avait parlé. Il y avait eu un chat, c’était choses indéniable alors que sa morphologie ne laissa place à aucune interprétation ; on avait aussi entendu des paroles, celles-ci lui étant sorties du museau alors que ses lippes avaient bougé jusqu’à en articuler la dernière syllabe : le chat, avait, parlé.
C’était un monde curieux que le leur, un où la surprise y trouvait difficilement ses accès tant la fantaisie semblait parfois s’y promener sans même une parure pour la couvrir. Et malgré ça, qu’un matou matois mata le poisson au point de l’agonir de vive voix, trouva, dans l’assistance, de quoi stupéfier le chaland et notamment le premier d’entre eux.

- Vous avez vu ? Le chat a parlé.

- C’est pas possible, y’a un truc ; y’a un Fruit du Démon quelque part, moi je vous le dis.

- Je le trouve un peu petit pour un Minks.

- Et qu’est-ce qu’il a contre le poisson ?

- Alors... je crois que ce n'est pas un « il » mais un « elle » pour votre gouverne.

- Bordel Fernand, fais-nous encore chier avec tes histoires de pronom et on se sert de toi comme appât à requin. Je jure que je le ferai, me tente pas !

- Et il a même pas de collier en plus. C'est irresponsable de laisser se balader des animaux pareils.

- J'espère qu'il a été stérilisé.

Mais au travers de la foule ayant entouré ce frêle animal qui, sur un écart de langage, était apparu comme une attraction de foire, il se trouve un homme pour tirer l’affaire au clair. Franchissant ainsi l’amas compact de chair humaine agglomérée – non-sans se priver toutefois de pousser qui de droit afin de mieux passer au travers – cette belle âme, avec son pinceau et sa constante gueule d’ahuri, apporta lui aussi sa science au débat.

- Soyons rationnels. Débuta-t-il alors qu’il contemplait de plus près l’animal désormais sous ses prunelles rondes.

La déconnade, dès lors, allait pouvoir commencer.

- Soyons rationnels… répétait-il avec quelques gouttes de sueur le long du front, attestant de son incapacité flagrante à un interpréter le phénomène. Soyons…. rationnels.

Puis, sans un délibéré, sans une étude approfondie ou même un semblant d’inspection, Alegsis avait cheminé de la découverte jusqu’à la conclusion d’un seul pas. Lui qui, une seconde auparavant, se trouvait bien infoutu de deviner ce qu’il avait eu sous les yeux, se sentit soudain frappé par la grâce. « La grâce » constituant alors le surnom peu commode dont on put affubler sa stupidité légendaire.

- C’est pas un Minks. C’est pas un Minks ? Non, c’est pas un Minks. La démonstration intellectuelle, jusqu’à présent, fut exactement à la mesure du personnage. Et c’est pas le fruit du chat non plus, vu que je connais celle qui l’a graillé. Ses primes, pour les avoir bien consultées, comptaient en effet parmi elles une révolutionnaire à même de cracher des boules de poil. Donc… reste qu’une explication logique.

Le mot « logique », lorsqu’il sortait d’entre les lèvres d’un pareil idiot que celui-ci, était alors si bien esquinté qu’il ne laissa ensuite place derrière lui qu’à l’infamie.

- C’est un Tontatta. L’allitération, en plus d’être délectable à l’oreille, fut aussi funeste quant à ce qu’elle préludait. Une princesse Tontatta, même. Il avait l’œil, Alegs ; surtout quand il n'y avait rien à voir. Et elle a été bouffé par un chat. Donc… poursuivait-il en se saisissant subrepticement d’un couteau à huître s’étant trouvé sur un étal à sa portée cela, non sans perdre la bête du regard, si je me fie aux histoires que me racontaient ma maman avant de dormir, il invoquait alors une caution scientifique de renom, la princesse nous récompensera si on ouvre la bête pour la laisser sortir. C’est l’évidence même.

Bien que la confiance accordée à un lunatique muni d’un pinceau de plus d’un mètre n’était jamais que très relative, l’absence de thèse alternative et, la perspective d’encaisser gros, convainquit ce qu’il fallait de rustres pour que la chanteuse se trouva en danger de mort.

- Ah mais… voilà qu’il se barre l’animal ! NE CRAIGNEZ RIEN PRINCESSE, hurla alors Alegs tandis qu’il la coursa comme un dératé, son couteau huître dans une main et le pinceau dans l’autre – combo redoutable s’il en était – JE VAIS VOUS SAUVER !

Mieux valait alors la malveillance des cruels que la bienveillance des altruistes béats. Cela, la petite chatte en attesta bien assez tôt alors qu’elle trouva après elle plusieurs douzaines de poursuivants. Tous ne crurent évidemment pas à l’hypothèse de la tontine à Tontatta (j’adore les allitérations, d’accord ?!), toutefois, le chat avait parlé. Cet écart, possiblement satanique à moins que ce ne le fut pas, put en tout cas enjoindre la basse plèbe à bien vouloir admonester le malin.

Voilà ce qui arrivait à ceux qui juraient ne pas aimer le poisson au beau milieu des marchés de Poiscaille.
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- Mais. Mais. Mais...

Incompréhension totale alors que mes sanglots se fanent et que je ne comprends absolument rien à ce qui est entrain d'arriver à cause de ce type là, avec son gros plumeau pour faire la poussière. Je le sais, les domestiques de mon palais de Wano avait les mêmes pour nettoyer dans les coins du plafond ! Enfin c'est quand même bizarre de se balader avec un truc pareil... Cela dit, vu sa réflexion qui me mène à devoir fuir si je ne veux pas finir avec mes entrailles hors de mon pauvre petit ventre, je crois qu'il y a pas que ça qui est bizarre chez ce fou !

- Je suis pas un chat mangeur de tontatta ! Je voulais juste de la viande moi !

J'ai beau clamé mon innocence, j'ai comme l'impression que ça ne fait que les convaincre encore plus de ma culpabilité ! Alors que c'est complètement bête quand même ! Si c'était la tontatta dans mon ventre qui parlait, alors elle appellerait à l'aide au lieu de leur demander mais arrêtez de me poursuiiivreuuuh ! Sauf que j'ai beau dire, ils ne m'écoutent pas ! Pire encore, l'homme au plumeau les enjoint encore et toujours à m'attraper pour sauver la princesse et récolter gloire et richesse !

- Pitiééé je veux pas mourir pour ces bêtises ! Ouin in in...

C'est dur de se concentrer sur cette fuite dans ces conditions. J'ai toujours aussi faim, je suis très fatiguée et maintenant on veut me tuer alors même que je suis innocente ! Alors je cours bêtement, passant entre les jambes des uns et des autres, réussissant à me faufiler au mieux, devant même freiner des quatre pattes plusieurs fois pour ne pas me faire avoir avant de repartir aussi vite que je le peux... Et ce jusqu'à avoir suffisamment parcouru la ville, jusqu'à ce que la rumeur ait attirée une véritable cohue, et que je me retrouve prise au piège sur une place dont toutes les issues sont bouchées par mes poursuivants dont les raisons de leur intérêt pour ma petite personne sont finalement plus divers qu'une simple quête de princesse tontatta à sauver. Là, recroqueviller contre une fontaine, regardant de tous les côtés d'un air plus qu'apeuré, je sens mon cœur qui s'accélère tandis que ma peur ne fait qu'augmenter à chaque instant, m'empêchant alors d'entendre les quelques bribes de conversations qui se distinguent de la cohue.

- Il n'y a pas de tontatta à Poiscaille ! Soyez raisonnable et laissez nous capturer ce chat !
- C'est surement une espèce rare ! Peut être qu'il pourra nous dire où en trouver d'autre comme lui ! Avec ça on fera fortune !
- Recrache la princesse toute suite sale matou !
- Qu'on lui ouvre le ventre !

Et puis, finalement, alors que l'homme au chapeau et au plumeau s'avance le premier vers la fontaine, son couteau tenu bien haut pour me poignarder d'un coup, la peur me prenant au trippe je hurle.

- KYYYAAAAAAA !

Un hurlement si fort, si aigue que les gens autours se bouchent les oreilles sous la gène occasionnée. Certaine fenêtre non loin se fendent même sous cette tonalité ! Et alors que mon hurlement s'arrête et que tout le monde est encore déboussolé par ce qu'il vient de se passer, je m'ébouriffe largement devant monsieur plumeau et disparait alors de sa vue dans un nuage de poils... Me réfugiant rapidement dans l'ombre de la fontaine avant de me précipiter dans l'un des quatre groupes rameuté qui me poursuivre, me faufilant une nouvelle fois entre leur pieds et reprenant ma course folle jusqu'à tourner dans une petite ruelle avant de me glisser dans les ombres et de me recroqueviller quelques mètres plus loin sous une poubelle, juste le temps de reprendre mon souffle.

Décidément, cette ville, je la déteste, mais vraiment beaucoup !
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À la renverse et le cul par terre, Alegsis, en dépit de ses dispositions martiales, fut instamment terrassé par le « Kïaï » du matou. D’aucuns jureraient qu’il avait en réalité tressailli de surprise avant qu’il ne se rétama droit sur son séant. Le fait est que son charnu, à présent qu’il fut rivé sur les pavés, l’avait interrompu dans sa cavalcade démente. Ce qui ne l’empêcha cependant pas d’enfiler à nouveau son cheval de bataille, celui-ci cheminant alors sans bride afin que la bêtise s’en fut son seul cavalier.

Le minet avait disparu. Ça n’avait été qu’un chat et rien que cela, mais telle bestiole, gracile et vivace, avait l’art et la manière de s’insérer et s’insinuer dans tout conduit qui fut à sa portée. De quoi ainsi contrarier le traque d’un chasseur de primes pourtant averti. Ses proies, Alegsis les préférait décidément bipèdes. Il en était alors à son premier sauvetage de princesse et considéra dès à présent la tâche pour ce qu’elle avait d’ardu. Toutefois, redressé après que son postérieur eut mieux fait connaissance avec la chaussée, il ne renonça pas. Son sens du devoir – à moins que ce ne fut l’appât du gain – l’enjoignait à s’accrocher à ses engagements et ce, bien qu’il s’en fut mandaté par ses seuls soins. Il savait, Alegs, qu’un royaume, quelque part, se trouvait peiné qu’on lui eut soustrait sa princesse. Il n’aurait trop su dire quel fut le nom de ce royaume et encore moins où il se trouva ; néanmoins il savait, le doute ne lui était plus permis.

Il n’empêcha pas qu’en dépit de sa stupide obstination à vouloir résoudre un problème qui jamais ne s’était posé, la proie de ses fantasmes délurés lui avait échappé. En son for intérieur, le chasseur détermina qu’une telle âpreté à vouloir s'enfuir systématiquement devant lui ne pouvait que mieux témoigner de la culpabilité de qui chercha ainsi à se soustrait à son sort. Le raisonnement, alors, n’était pas fallacieux ou malhonnête, mais d’une débilité insane. Une lui qui sécrétait tout naturellement d’entre les deux oreilles à chaque malheureuse occasion qui se profila. Occasion dont un chat fit aujourd’hui les frais. Onéreux ceux-ci, puisqu’ils pourraient bien lui coûter la vie en fin de traque.

Car la traque, bien qu'elle fut rendue piteuse, se poursuivit néanmoins. Laborieusement, certes, ce qui n’empêcha toutefois pas celle-ci de s’accomplir en dépit du bon sens. Les traces de pas, sur les pavés lisses et glissants de l’avenue, auraient échappé à l’iris d’un aigle, aussi Alegsis devrait user de ressources insoupçonnées s’il souhaitait que la bête ne lui échappa pas pour de bon.
S’il se redressa, ce ne fut alors que pour mieux se jucher sur quatre pattes, son pinceau de combat fermement serré entre les chicots. Inépuisables étaient alors ses recours dès lors où il avait une idée en tête et ce, quitte à ce que ceux-ci ne lui furent d’aucun secours. Cet homme-là, il fallait qu'il fasse quelque chose, et quand bien même ce quelque chose se confondait avec le n'importe quoi. Alors qu'il s'en remettait à une capsule de gouache qu'il creva entre ses doigts, le chasseur de primes, d'un air résolu - quoi que débile - traça sur ses joues des peintures de guerre qu'on eut pu confondre avec les moustaches d'un matou.

- Si on veut attraper un chat, articula-t-il superbement bien que le manche d’un pinceau long de plus d’un mètre fut logé entre ses deux mâchoires, il faut penser comme un chat.

Sans qu’il ne fut besoin de trop forcer, Alegsis abêtît sa cervelle ce qu’il fallait afin qu’elle soit aussi rudimentaire que celle d’un félin domestique. De sous sous chapeau, lorsqu’il redressa la tête, de grands yeux miroitants scintillaient à la place de ses deux habituels globes hébétés. La transformation s'était accomplie.

Après qu’il se soit frotté à trois passants en ronronnant et qu’il essuya chaque fois en retour un cinglant coup de pied, le chat-sseur de primes, bondît de ses quatre pattes sur chaque surface surélevée se présentant à la portée de ses coussinets. Arrivé sur les toits de ces hauts bâtiments longeant les avenues contigus à la plage, il sauta de l’un à l’autre dans l’allégresse. Il était Alegsis le chat et avait alors si bien endossé son rôle que sa conscience s’était effacée. Errant à présent sans but tel le matou qu’il venait de devenir, sa nouvelle vie débutait dès à présent. Elle connut toutefois une fin des plus prématuré quand, en bondissant d’un toit à l’autre, l’extrémité d’une de ses semelles heurta le rebord d’une gouttière, l’entraînant vers le fond tête la première. Quand il s’avéra qu’Alegs ne fut pas en mesure de retomber sur ses pattes et que le choc avait fait couler le sang tout du long de son crâne, l’animal retrouva son identité, comme émergeant soudain d’un songe. Du fond d’une poubelle où il avait trouvé sa juste place, il en émergea d’un sursaut comme d’un diable hors de sa boîte.

- Miaou mia… attends, qu’est-ce qu’il vient de m’arriver, là ?!

Revenu de son expérience transcendantale dont il avait oublié jusqu’à la finalité même, Alegsis s’étonna de se trouver là où il avait pu atterrir, s’interrogeant sur le sang qui lui coulait à présent de sous son chapeau. Lorsqu’il eut terminé d’enjamber la poubelle et que, sous son poids, celle-ci se renversa durant le processus, il révéla en dessous un animal qui lui fut familier.

- Princesse !  S’exclama jovialement le chasseur de primes affalé sous la poubelle après que sa méthode de traque s’avéra étonnamment fructueuse. Vous êtes sauvée !

Le temps de sa métamorphose, il avait laissé de côté son couteau à huîtres et se trouva fort démuni lorsqu’il chercha à mener à bien son entreprise de sauvetage.
La ruelle, étroite et sombre n’avait qu’une issue qui se situa derrière lui. Sans peine, sa proie, comme précédemment, aurait aussi bien pu lui échapper entre les jambes ou en le contournant vivement sur ses flancs. Cela, Alegsis en avait conscience et, tournant le dos à la bête, devança ses intentions de fuite en dessinant dans toute la largeur de l’allée un large motif bleu étalé sur le sol.

- Brush Crush : Coup de Blues !

Sans trop que la bête ne fut en mesure de savoir quelle exacte facétie avait ainsi pu se dessiner en couleur, son impitoyable traqueur reporta à nouveau son intention sur elle. Derrière lui, le sigle étalé  dans la ruelle procurerait une immédiate sensation de déprime à qui entrerait à son contact. Le Colors Trap, ainsi, réduirait à l’impuissance qui y poserait le pied... ou la patte. Derrière lui, Alegsis avait ainsi pris les devants.

- Vous inquiétez pas princesse,  justifiait à présent Alegsis désormais que celui-ci fut dépourvu d’outil tranchant en mains, je l’éventrerai à mains nues le minou.  

De cela, la princesse, à en juger ses agitations apeurées, trouva légitimement motif à s’en inquiéter. Alegsis lui avait en tout cas tendu un piège alors qu’il espéra la sauver.


Technique utilisée:


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Ven 2 Juin 2023 - 15:40, édité 1 fois
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L'homme au plumeau... Encore. D'ailleurs, il l'utilise pour peindre un truc au sol tandis que je suis tétanisée devant lui, dos au mur à force de vouloir reculer pour m'enfuir. Je ne comprends pas pourquoi il a pris la peine de gribouiller le sol de peinture bleu avec son plumeau en proférant un genre d'incantation bizarre qui parle de coup de blues. Peut être est-il très déprimé ? Ou alors c'est un sorcier ! Un méchant sorcier qui fait des invocations sataniques en faisant des dessins au sol ! Déjà qu'il ressemble maintenant à un monstre avec tout ce sang qui lui coule de la tête, mais si en plus il s'apprête à en faire apparaitre un autre pendant qu'il essaye de m'ouvrir le ventre à main nue... Non ! Je ne peux pas laisser faire ça !

Fermant les yeux, j'ouvre la gueule pour pousser une nouvelle fois mon cri strident capable d'étourdir les gens qui l'entende ! Sauf qu'au lieu d'un cri puissant et aigu, le son qui sort de ma bouche est certes aigu mais surtout à moitié étouffé tandis que je tousse juste après sous la douleur que ça me provoque.

- Mince... J'ai la voix cassée... Heuh heuh... AAH !

Cri de surprise, cette fois ça y est, les deux grosses paluches de l'homme au chapeau m'attrape et m'écrase dos sur le sol dur et froid.

- Faites pas ça ! S'il vous plait !
- Tenez bon princesse, ce ne sera plus très long !
- Arrêtez, vous me faites mal !
- Tu entends minou ! Tu lui fais mal ! Recrache là !
- Non ! C'est toi qui me fait mal ! Aaah !
- Ah ! Cette fourrure est trop lisse, je vais l'arracher pour arriver à la peau !
- Nooon !

Mais il n'y a rien à dire, cet abruti ne m'écoute pas ! Et alors qu'il m'arrache une première touffe de fourrure, la douleur est telle que d'instinct je sors mes griffes de mes pattes et me contorsionne pour lui lacérer la main ! Mais malgré ça, le bougre se défend et réussi à me retenir ! De là, un combat acharné commence, à coup d'arrachage de poils contre des lacérations digne des plus vils chatons, mon corps souple arrivant à se glisser hors de sa prise grâce à mes armes tranchantes, jusqu'à ce que finalement je n'ai d'autre choix que de lui sauter au visage pour le faire alors tomber en arrière à la renverse tout en continuant de le griffer dans notre chute.

Mais étrangement, le combat cesse immédiatement alors que l'homme touche le sol.

- C'est trop dur, je n'y arriverai jamais...

Intriguée par ce changement de comportement des plus improbables alors que la lutte semblait plus acharnée que jamais, debout sur son visage, deux pattes sur chaque joue, je le dévisage dans les yeux en tournant la tête avant de finalement regarder droit devant moi et voir la liberté me tendre les bras.
Oui, pas le temps de s'apitoyer sur son état ! Il est temps que je me sauve d'ici avant qu'il retrouve ses esprits et que son invocation démoniaque arrive !

Alors d'un bond, je saute sur le dessin au sol et...

Et pourquoi fuir ? Quel intérêt à tout ça ?

- Je peux bien mourir... Coincée dans ce corps de chat, qu'est ce que je peux bien devenir de toute façon...

Ma voix est certes revenue à elle mais mon moral est au plus bas, tellement que je m'allonge au sol, dépitée de la vie...
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Les deux désormais à quatre pattes - l’un du fait que sa nature de quadrupède le lui intimait, l’autre parce qu’il s’effondra victime de son propre piège - il manqua à chacun la volonté de fuir ou de poursuivre. Soudain démunis de tout esprit combatif, contristés alors qu’ils étaient à présent victimes d’une curieuse hypnose à coloris, la course folle dans les allées de Poiscaille trouva dès lors une halte au beau milieu de ce sceau bleuté ainsi apposé au sol. On substitua à la poursuite quelques renchérissements plaintifs se succédant en deux échos.

- De toute façon, y’a qu’un gros naze pour tomber dans son propre Colors Trap. C’est bien fait pour moi.

- Je suis plus belle en chat qu’en vrai ; qu’est-ce que je m’ennuie à vouloir redevenir ce que j’étais.

- Voilà que j’en suis réduit à poursuivre des minets… tu parles d’un chasseur de primes.

- Il me faut du sable si je veux faire caca maintenant.

- Des fois, je me demande si je suis pas idiot. Mais juste un peu, hein.

Désormais réduit à se rouler sur le sol en position fœtale, alors que la déprime l’avait approché au galop d’une révélation introspective de bon aloi, Alegsis, à se morfondre à même le ruelle, avait partiellement effacé son Colors Trap. Il n’en fallut guère plus pour endiguer le charme. Ayant recouvré la raison l’un à côté de l’autre, chacun sur le dos les pattes en l’air, position de prédilection pour se lamenter, ils se jetèrent un regard avant de sauter chacun sur leurs pattes afin de se ressaisir.

- Oui, ahem… donc, on en était où déjà ?.. Ah oui. Je te tiens !

À peine s’était-il retourné dans la direction de sa proie que le chasseur de primes n’eut que le temps d’apercevoir la queue de l’animal disparaître au coin de l’allée. Il allait à nouveau falloir cavaler, ce qu’Alegsis s’empressa de faire son pinceau dans une main, l’autre étant appuyée au sommet de son chapeau afin que celui-ci ne s’envola pas le temps de sa ruade.


***

- Bonjour à tous, nous accueillons un nouveau membre à notre table aujourd’hui.

Autour de la table, il s’était trouvé cinq loustics. Au-dessus d’eux se ballottait une lanterne pendue au bout d’un fil. Le grincements des planches ainsi que les lents mouvements de balancier de leur unique source de lumière dans ce qui s’apparentait à un fond de cale laissa à penser que le ramassis de ruffians flottait à quai.
Quand chacun, en chœur, salua le nouvel arrivant à bord, ce dernier fut exhorté à mieux se présenter à ses petits camarades.

- Bonjour à tous. Je m’appelle Dovid, avec un « o ». Mes parents buvaient beaucoup. Et si j’ai rejoint les Pirates Anonymes, c’est avant tout parce que j’étais sur la pente raide. Mon équipage a récemment échappé de justesse à un raid de la Marine… mais voilà, je sais rien faire d’autre.

- Ne crains rien, David.

- Dovid. Souligna ce dernier en levant un index.

- Si tu le dis. Avec nous, tu apprendras à te réinsérer dans la société, à trouver un travail décent, à aborder de nouvelles persp…

- À L’ABORDAGE ! Pardon. Se corrigea le malotru les deux mains devant la bouche, victime qu’il fut d’un réflexe somme toute professionnel.

- Ce sont des choses qui arrivent. En tout cas, applaudissons tous Dovid pour avoir fait le premier pas vers la rédemption. Sauf Serge. Parce que Serge n’a que des crochets à la place des mains.

Et Serge acquiesça tandis que ses congénères firent abondamment claquer leurs paumes l’une contre l’autre.

- Bien, à l’ordre du jour, nous abordero… nous parlerons de la question de la pollution en mer. Serge, arrête de te curer le nez tu vas te blesser.

La réunion des pirates anonymes allait bon train quand, sur le pont, quelques bruits indisposa la bonne tenue de la séance. Notamment un « Minou, minou, minou » ponctué d’un puissant et tonitruant « Boum » dont la manifestation témoignait d’un dégât sérieux.
À la surface, sur ce pont, Alegsis y chassa la bête qui, en désespoir de cause, s’était alors jetée sur le premier navire amarré qui se trouva à portée de ses coussinets. S’étant aussitôt jeté dessus non sans avoir manqué de balancer le ponton à la mer afin que le minet ne put lui échapper, le chasseur de primes avait, en recourant à son pinceau de combat, tenté à maintes reprises d’écraser l’animal, occasionnant ainsi une myriade de trous dans le pont.

Quand le propriétaire de la modeste caravelle traîna ses kilos sur le pont, il constata que son embarcation avait été fêlée sinon perforée en vingt endroits au moins. Du reste, le tout se trouva maculé de graffitis jaunes, rouges et bleus, répandus sur le pont comme sur le mât et les portes de cabines comme autant de Color Traps qu’il fut permis de dispenser. Le foutoir, à première vue, s’avéra intégral.

- Mais… mais.. qu’est-ce que vous faites ?!

La question était pertinente, car, si ce n’est apercevoir un débile avec un gros pinceau cherchant à massacrer un chat, la scène fut compliquée à interpréter. Il n’y avait cependant aucun sous texte : il s’agissait effectivement d’ un débile avec un gros pinceau cherchant à massacrer un chat. Il fallait parfois savoir accepter l'évidence pour ce qu'elle était, aussi insupportable fut-elle à reconnaître.
Interpelé et, manifestement incapable de faire deux choses à la fois, Alegis se stoppa net dans ses basses œuvres pour se tourner vers le capitaine. Celui-ci, maintenant sous ses yeux, Alegsis l’écrasa alors d’un regard voulu implacable où l’évidente pitrerie dans ses prunelles fit mine de s’enrober de sérieux.

- Je sauve le royaume, voilà ce que je fais. Puis, ses intentions à présent connues de tous à bord, il retourna à ses occupations, pulvérisant cette fois le bastingage d’un soudain mouvement circulaire de son arme.

- Il sauve le royau...? mais c’est une République ici ! Et puis… là n’est pas question !

Chercher à comprendre Alegsis Jubtion était encore la meilleure manière d’éprouver ses nerfs jusqu’à ce que ceux-ci ne furent plus réduits qu’à un fil.
Avec un culot extraordinaire, ses sourcils cette fois froncés sur ses deux billes rondes, l’artiste apocalyptique se stoppa à nouveau afin de réagir à cette nouveau reproche qu’on lui adressait.

- Taisez-vous, ça me déconcentre.

Et, sans se douter un instant de l’effronterie dont il venait de faire preuve, il loupa une fois de plus le chat dont les Pirates Anonymes, pour certains, eurent pu jurer qu’il avait parlé.

- Pardon. S’excusa platement le capitaine sous le regard stupéfait de ses camarades. L’aplomb dont fit preuve Alegsis s’avéra en effet si outrecuidant que le boucanier repenti se sentit d’instinct de courber l’échine. Jusqu’à ce qu’il ne bondît aussitôt, révulsé du culot dont il avait été la cible malheureuse. MAIS POURQUOI JE M’EXCUSE MOI ?! TU VAS FOUTRE LE CAMP D’ICI !

- Non. Assura fermement l’indésirable lui tournant le dos alors qu’il manqua à nouveau d’écraser le félin.

On jura, à le voir frapper de son arme comme d’une masse venue creuser des trous partout où elle s’effondra, qu’Alegsis avait apparemment fait fi de la princesse qui se trouva potentiellement dans le gosier de la bête. Sa cervelle, qu’on savait quelque peu carencée aux entournures, ne pouvait trop retenir d’informations à la fois. Il devait tuer le chat mais, jeté qu’il était dans sa mission, le chasseur de primes en avait oublié jusqu’à la raison exacte. Une affaire de royaume ; quelque chose comme ça.

- Y… yo-ho. Se murmura à lui-même le capitaine, un brin recroquevillé sur lui-même comme cherchant à contenir un mal qui manquait de lui échapper. Yo-ho ! YO-OH !

- Bon sang, il fait une rechute ! S’exclama Serge qui, alors, se serait volontiers arraché les cheveux s’il eut encore des doigts pour ce faire.

- Ce que j’en dis, se permit Dovid bien qu’il fut nouveau venu dans la bande, c’est qu’on pourrait juste se comporter comme des pirates pour cette fois et après… on redevient des gens biens. On fait comme ça ?

Alors, sans qu’on ne lui répondit, sabres mousquets et crochets furent brandis afin qu’on expulsa l’importun. D’autant que celui-ci, dans une nouvelle maladresse, venait d'anéantir le gouvernail. Ceci considéré, quelques sévères corrections flibustières apparurent alors bien à propos.

- On va le foutre par-dessus bord et manger le chat ! Mais juste pour cette fois, hein ! Yo-oh !

La rechute fut globale et, tous, avec un sourire aussi inquiétant que partiellement édenté, se firent un plaisir à renouer avec leur nature profonde le temps d’un nettoyage qui promit de récurer en profondeur.
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C'est vraiment pire que tout. Je ne sais pas comment il fait pour me retrouver tout le temps comme ça, je ne comprends pas qu'il comprenne pas que j'ai pas manger un tontatta et le pire dans tout ça : je ne sais plus quoi faire pour me sortir de là !

Et maintenant ! Maintenant... Pour ne rien arranger voilà que les gens à qui est le navire où j'ai tenté de me cacher ont décidé de me manger ! Non mais qu'est ce qu'ils ont tous là à vouloir ma mort à moi ?! J'ai vraiment rien fait pour mérité ça !

En tout cas, s'il y a bien une chose que j'ai comprise, c'est que je ne dois pas toucher les graffitis qu'il dessine partout ! Non mais oser dire que je suis plus belle en chat ! Bon, c'est vrai que si j'étais encore humaine et que je croisais un petit chat comme moi je le trouverai trop trop mignon mais... Raaah on s'en fout c'est pas le moment ! Le voilà encore qui approche avec son pinceau que j'esquive de justesse en me faufilant dans l'ombre d'un autre tonneau avant de me déplacer silencieusement le long de celui ci en cherchant une issue autre que toutes les cachettes du  pont principale qui sont maintenant toutes détruites !

Quant aux pirates ? Bah c'est simple : ils ont leurs armes sortis, on bien décidé de régler son compte à l'idiot au pinceau mais je ne sais pas pourquoi avant ça ils ont décidé de contribuer eux même à la destruction de leur navire en attaquant toutes les marques rouges que le peintre à dessiné un peu partout. Enfin, ça c'est pour les trois premiers. Y'en a deux autres qui sont coincés sur une marque bleu et qui pleurent sur leurs sorts comme on a pu pleurer sur le notre tandis que le dernier est littéralement mort de rire. Enfin, il est pas encore mort hein, mais s'il continue comme ça je me demande s'il risque pas d'y rester...

*BAM*

Je sursaute de surprise, m'étant une nouvelle fois laissée distraire alors que l'arme démoniaque me passe à un poils de ma queue et projette sur moi des restes de peintures tant le coup est passé près !

- Mais ça suffiiieuuuh !

Une nouvelle fois je cours sur le pont pour me mettre à l'abri ailleurs tandis que le traqueur me poursuit bien décider cette fois à ne pas me voir disparaitre. Regardant derrière moi en lui lançant des demandes plaintive de s'arrêter, je loupe alors le trio de pirate qui a fini de détruire toutes les marques rouges dans leur champs de vision pour maintenant venir s'en prendre à nous. De justesse, j'arrive à freiner des quatre pattes griffus dans le plancher du navire pour éviter de me faire décapiter et de peur, je décide de rebrousser chemin pour revenir vers mon poursuivant principal qui finalement me semble bien moins effrayant que ces trois brutes sanguinaires !

- KYYYAAAA !

Cris de détresse désespéré qui a le mérite d'exploser une nouvelle fois les tympans de tout le monde et ma voix en même temps, juste le temps pour moi de bondir sur la tête du chasseur, enfonçant mes deux pattes arrières dans ses yeux alors que mes pattes avant plient et lacèrent sont chapeau de mes griffes, juste le temps de me propulsé puissamment vers ma destiné : la terre ferme !

Sauf qu'évidemment, le ponton étant retiré et une noble âme ayant vu la corde attaché alors que le bateau semblait près à partir, chose qu'il a immédiatement corrigé en se félicitant de sa bonne action avant de disparaitre... La terre ferme est à quelques centaines de mètres de distance maintenant et moi j'atterrie avec l'élégance d'un chat sur mes quatre pattes à la surface de l'eau.
Surface qui ne me retient pas et s'ouvre à moi vers le fond.

Une surprise à laquelle je ne m'attendais pas du tout mais fort heureusement : j'ai appris toute petite à nager la brasse et le crawl à la perfection. Sauf qu'en chat, ces deux nagent ne fonctionnent pas. Ni même le papillon d'ailleurs.

- Niaa au secours *tousse tousse*

Cette fois je pleure. Je pleure alors que je me débats avec ces pattes toutes nulles pour rester la tête hors de l'eau. Avec ma voix totalement cassée, avec le froid qui me transperce et l'eau de mer qui pénètre dans ma bouche ! Pourquoi ma vie c'est si pourri ?!
C'est tellement pas juste !
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Fort heureusement, Serge était là. De la piraterie, il en avait récuré en dedans jusqu’aux dépôts les plus tenaces. Devenu généreux plus que de raison, à présent incapable de nuire, lui n’avait pas cédé à l’élan de frénésie auquel ses camarades s’étaient pourtant abandonnés si volontiers. De ses vieilles lubies flibustières, en lui, il n’en subsistait alors pas un atome.

S’étant ainsi engagé vers le voie du Bien, son cœur avait manqué un bond lorsqu’il observa le minou passer par-dessus bord. La spectacle était en effet déchirant pour qui avait ne serait-ce qu’un semblant de bonté en lui. Sans hésiter, tandis que ses camarades étaient encore aux prises avec l’artiste, se confondant dans un vacarme incessant qui leur tenait lieu de bataille, Serge s’était quant à lui emparé d’une bouée de sauvetage afin de la jeter sur le chat. Son habileté le conduisit à viser si juste que celle-ci atterrît exactement autour du minet qui s’agitait dans sa noyade. Sa dextérité, toutefois, laissa à désirer en ce sens où il n’avait plus de doigts. La bouée, dès lors où il s’en était saisi, fut immanquablement percée par les crochets acérés venus se substituer à ses mimines.

Le boucanier repenti, cependant, ne se stoppa pas sur un échec aussi navrant. Entreprenant et désireux de sauver la bête, il se pencha  tout au bord du navire – chose aisée maintenant qu’Alegsis en avait laminé le bastingage – tendit le bras et s’exclama :

- Attrape ma main !

Dans un effort désespéré quoi que fructueux, en battant des pattes du mieux qu’elle put, la petite chatte parvint à s’avancer bien assez proche pour enfin poser le coussinet sur son crochet… puis l’ôter aussitôt du fait de la douleur avant de couler à pic.

- Ah oui c’est vrai.

N’ayant trop eu le temps de savourer ce nouvel échec lamentable, Serge le débonnaire sentit contre ses omoplate comme une semelle qui, d’une pression seulement, l’envoya à son tour par le fond. Alegsis, sa bastonnade révolue sur le pont, s’était ainsi débarrassé de ce qu’il avait tenu pour un gêneur de plus ; un gêneur de trop.

La princesse se faisait la malle direction les grands fonds. Tout indiquait que son prochain règne adviendrait dès lors chez les hommes-poissons. Un parcours somme toute logique quand on gravitait dans les alentours de Poiscaille. N’étant pas homme à se mouiller, que ce fut littéralement ou figurativement, Alegsis s’était emparé d’une corde à bord, n’avait nouée à l’extrémité de son pinceau de combat long de près d’un mètre cinquante puis, d’un geste aussi précis que minutieux, s’en servit comme d’un harpon qu’il jeta en piqué dans les eaux. Dès lors où il tira la corde pour remorquer son arme, il trouva, emmêlé dans les poils du pinceau, un chat au poil hérissé dont la toux parut incessante tandis qu’il le ramenait à bord.
Enfin, il la tenait.

S’en étant par la suite empoigné à pleines mains, brandissant la bête jusqu’à ce qu’elle fit face à son visage, c’est a regret qu’il dut se résoudre à… ne pas l’éviscérer. Princesse ou non, il était toujours malaisé de massacrer un animal aussi innocent. Même s’il ne trouva jamais dans son cœur ne serait-ce qu'un nanomètre carré où y entreposer la pitié, Alegsis, lui aussi, tomba en proie au charme hypnotique qu’on savait coutumier des félidés.

- Aaaaah ! Je peux pas…, se lamentait-il piteusement alors qu'il détournait le regard des yeux mignons qui le fixaient, si c’était un ornithorynque qui t’avait boulotté, princesse, il en était à tutoyer la royauté présomptive, là j’aurais pu…. Mais pas le petit chat. Pas le petit chat !

Les larmes lui coulaient à flot de ses gros yeux ronds ; des larmes de honte. La honte non pas d’avoir été suffisamment stupide pour courser un chat afin de l’éventrer – chose qui put en principe susciter bien de la contrition – mais de ne pas avoir eu le courage d’ouvrir le gosier de la bête. Quand, renonçant à ses desseins écœurants, refusant de couvrir ses mains des viscères du minou, Alegsis annonça qu’il souhaita se rendre à la Marine, la princesse sut que son calvaire se poursuivrait cette fois, mais à rythme de croisière.

À la garnison de Poiscaille, Alegsis y était entré comme cela était de rigueur avec lui ; en enfonçant la porte d’un coup de pied plutôt que de se risquer à en actionner la poignée. Il avait, pour ce jour, un semblant d’excuse pour agir en parfait malappris. Car si dans une main il traînait inlassablement son pinceau de combat, l’autre, du bout de doigts, traînait un chaton par la peau du cou.

- Je viens me rendre ! Braillait-il déjà la morve au nez et les yeux humides.

Rien n’aurait en principe fait davantage plaisir aux préposés d’accueil de toutes les garnisons que comptaient les Blues. Qu’Alegsis, ce chasseur de primes si indolent et stupide, qu’on savait à l’origine de bon nombre de crises de nerf dans les rangs de la Marine, fut un jour jeté à la potence, ne put en effet que ravir tout matelot l’ayant un jour fréquenté. Mais ce bon garçon, cela se savait, était coutumier des outrances. Aussi se doutait-on que sa culpabilité avérée, pour quel que crime que ce fut, ne s’avéra finalement que douteux.

- Alegsis, dans les garnisons des mers bleues, on le connaissait en effet de nom autant que de visu, je t’assure qu’on a pas le temps pour tes c…

- J’ai condamné le Royaume Tontatta ! S’effondra sur le comptoir à chaudes larmes un chasseur de primes apparemment très impliqué dans les affaires des nations. J’ai condamné le Royaume Tontatta ! Et c’est rien qu'à cause du chat.

Il n’avait pas écouté les légitimes remontrances du serviteur du Gouvernement Mondial, celui-ci ayant des affaires plus pressantes à régler que d’écouter les quelques insupportables excentricités d’un débile notoire. Le Marine d’accueil, que tous ses confrères semblaient à présent ignorer du regard afin de ne pas s’impliquer eux aussi dans cette scène éprouvante pour les oreilles comme pour les nerfs, n’eut alors pas le temps de dire à Alegsis de dégager que celui-ci poursuivit son glorieux récit.

À tous, tandis qu'il dégoisa le verbe haut, il leur fit savoir que la princesse Tontatta fut dévorée par le chat. L’histoire leur parut cependant peu crédible en ce sens où le déplacement de la moindre délégation royale se savait en principe de tous et, en premier lieu, des autorités compétentes. Aussi, le chargé de comptoir ne se sentit pas de pousser le vice jusqu’à faire grogner les escargophones du Nouveau Monde afin de se tenir au fait des présents agissements de la princesse Tontatta. Alegsis, toutefois, leur jura que la bête, qu’il secouait toujours par la peau du cou comme on agitait une bourse, avait parlé à maintes reprises, les sommant tous d’écouter.
Discrètement, ici et là dans la garnison, on esquissa alors un regard furtif juché au bout d’une oreille indiscrète. Cela, afin de mieux considérer le témoignage qu'on leur rapportait. Tous les regards – bien que voilés sous les visières de casquette – se tournaient à présent vers l’animal qui, sollicité par autant de mirettes, s’essaya à une déclamation digne de son rang. Celle-ci, prudemment, ouvrit en grand sa petite gueule puis, après un instant de silence, hésita un bref :

- Euh… Miaou ?

Elle avait, en une réplique, achevé la crédibilité déjà mal-portante de son ravisseur. Un ravisseur laissé éberlué et la mâchoire tombante ainsi qu’elle l’avait si bien floué de tout le crédit qu’on put accorder à sa version de l’histoire. Quand, après avoir accusé le coup, Alegsis, tremblant, pointa du doigt la bête afin de tenter vainement d’expliquer l’incartade, on le prit cette fois de cours.

- Casse-toi de là Alegs, y’a des gens qui travaillent. Pour de vrai, eux !

Deux matelots s’étaient avancés d’un pas lent mais lourd, appuyant mieux une menace latente afin de lui suggérer – sans un mot ni un geste brusque – qu’il était indésirable en ces lieux à moins qu’il n’apporta avec lui un joli criminel primé.

Au dehors de l’antre de la Mouette, le chasseur de primes demeura dépité. « La Marine fait donc t-elle si peu de cas du Royaume Tontatta ? » se demandait-il au point, écœuré, de se suspecter des velléités révolutionnaires. Il aimait bien les petits nains, Alegsis ; il les trouvait rigolos. Aussi fut-il marri d’apprendre qu’on ne sembla pas tenir la pérennité de leur royaume en haute estime.
Toutefois, pareil revers ne tempéra pas ses ardeurs. La stupidité ne trouvait chez lui aucune entrave jusqu’à ce qu’il en ait exploité jusqu’à l’once la plus infime. La Marine ne prêterait aucun secours à la cause des nains ? Qu'à cela ne tienne ; il conjurerait ainsi le mal de ses propres moyens

- Bon… bah me reste plus qu’à te ramener à l’île Tontatta. Ils se débrouilleront. Sa décision était prise : un aller simple sur le Nouveau Monde lui parut le juste remède à un mal dont il avait supputé à tort le moindre des symptômes. J’espère juste qu’on survivra à toutes les méga-tempêtes en mer et aux monstres marins. Il haussa ensuite les épaules, trop franchement désinvolte pour qu’on lui suspecta un instinct de survie. Allez ! Entamait-il à présent d’un air gaillard. Je prépare mon pédalo et on décolle.

À ce chat qui avait eu le malheur de parler en présence de ce que l’humanité comptait de plus indigent, il lui faudrait alors faire des pieds et des mains – ou des papattes et des coussinets – afin qu’elle s’émancipa de son bourreau. Ce bougre-ci, insouciant jusqu’à pulvériser le mur de la connerie, elle préféra sans doute qu’il lui voulut du mal. Car à chercher à lui rendre service tel que le faisait à présent Alegsis, elle ne pourrait guère que goûter à des bienfaits aux relents somme toute suicidaires.
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Tout cela s'est passé à la fois très vite et suffisamment lentement pour me laisser le temps de réfléchir à la chose. Finalement, plumeau-man n'arrive pas à me tuer. Tout ça pour ça. Et mieux encore, je crois bien que mes petits yeux de chat ont un effet sur sa tête d'idiot. Hm... Et tandis que le brave chasseur de chat prépare maintenant ses affaires et les mets dans son pédalo tout en continuant de me tenir par la peau du cou pour le pas que je m'enfuis je prépare dans ma tête un plan infaillible pour résoudre tous mes problèmes une bonne fois pour toute...

Finalement, peut être que cette rencontre n'était pas une si mauvaise chose.

Et alors que l'humain commence à pédaler et que les horribles odeurs de Poiscaille commence à s'éloignée et que je suis maintenant bel et bien piégée sur son moyen de transport des plus pitoyables - j'espère qu'il a au moins un coussin dans ses affaires pour que je puisse dormir confortablement - je m'assoie devant lui et plante mon regard dans le sien. Mais avant que je n'ai pu ouvrir la bouche, mon ventre gargouille bruyamment, rappelant alors que je n'ai rien mangé depuis mon arrivé en ville...

- J'ai très faim...
- Tu as déjà mangé une princesse ! N'est ce pas suffisant ?!

Je commence à me demander si mon idée est vraiment bonne... Rapport que lui même ne se rend pas compte que selon ses dires, c'est la princesse qui parle et non le chat...

- Les chats, ça ne parle pas enfin ! Et si je veux survivre dans son ventre, je dois manger quelque chose ! Et notez que je suis allergique au poisson.
- Hm... Un instant, les jambes du chasseur arrête de pédaler sous sa grande réflexion qui semble lui provoquer une vive douleur à la tête un instant avant que finalement il reprenne Oui, c'est logique. Tiens, j'ai des biscuits, je vais les faire manger au chat !

Nouvel réaction que je n'avais pas prévue, l'homme récupérant un biscuit dans son sac m'attrape et commence à forcer pour me l'enfourner de force dans la bouche ! C'est douloureux et très désagréable ! A telle point que je manque de m'étouffer !

- Ce n'est pas..*tousse*Ce n'est pas la peine de vous y prendre ainsi ! Il les mangera tout seul ! J'ai pris le contrôle de sa tête !

Nouveau bug de la part de l'humain qui réfléchit de nouveau. Une occasion en or pour l'embrouiller.

- J'ai besoin de vous monsieur... Vous vous appelez comment déjà ?
- Alegsis. Je suis le grand chasseur de prime Alegsis Jubtion.

La fierté dont fait part cet homme à se présenter me fait une nouvelle fois du bien fondée de mon idée mais... Maintenant que je suis sur un pédalo au milieu de la mer, je n'ai plus tellement le choix aux vu de mes piètres compétences de natation féline...

- Mon sauveur Alegsis... J'ai besoin de vous pour être libérée de ce corps !
- Ah ! Je le savais !
- Mais vous avez raison... Les mers du nouveau monde où vit mon peuple sont très très dangereuses... Mais je sais qui pourrait nous aider !

Je me relève alors, un peu surexcité à l'idée que mon plan puisse peut être me permettre d'atteindre mon propre objectif !

- Nous avons besoin du nouveau Corsaire Glutonny nommé Toru ! C'est un ami et je suis sûre qu'il nous aidera à rejoindre mon île !... où vous serez grandement récompenser, cela va sans dire...

Heureusement que je suis née en temps que Princesse... Ce qui me permet de jouer facilement ce rôle dans ce vilain mensonge que je viens de faire... Mais bon, en même temps, c'est lui qui l'a cherché en premier à vouloir me tuer !
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Il s’en fallait parfois d’un mot pour que la machinerie Jubtion se mit en branle. Les rouages, grinçants du fait qu’aucune trace d’intelligence ne venait jamais les lubrifier, s’actionnèrent laborieusement. Hagard, Alegsis s’adonnait en son for intérieur à quelques rudes calculs afin que la situation ne lui échappa pas.

Corsaire + Princesse + Récompense = Le Corsaire lui ravit la princesse pour lui rafler la récompense.

Ainsi l'équation fut posée. En outre, sa décision était prise. Considérant l’homme, le sachant un brin obtus et borné – d’aucuns ayant même employé d'autres adjectifs moins flatteurs pour le désigner – Alegsis ne dérogerait pas à son plan initial. C’est en direction du Nouveau Monde que s’orienterait leur périple. Peu lui importait qu’il ignora jusqu’à l’itinéraire à suivre, puisqu’il s’y dirigeait. La réalité, à force qu’il ne s’obstina dans ses lubies, finirait bien par se plier à sa volonté. Tel fut en tout cas son plan de route qui, s’il le suivait à la lettre, le mènerait droit vers les grands fonds.
Toutefois, soucieux d’être un hôte respectable bien qu’il agissait malgré lui en véritable preneur d’otage, le bougre chercha néanmoins à œuvrer dans le sens que lui désigna la princesse.

- GLUTTONYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY ! s’égosilla-t-il fort et longtemps, désormais qu’ils se trouvèrent loin du littoral de Poiscaille.

Le silence, la consternation et, sans doute, la peur d’accompagner un lunatique aussi forcené succédèrent l’appel dans une quiétude rythmée au gré des vagues. Affichant une petite moue contrariée ainsi qu’il sembla avoir espéré tirer quelconque gratification de ses beuglements stériles, le chasseur de primes se tourna vers son unique passager.

- Il a pas l’air de vouloir venir t’aider.

La logique était implacable pour qui était un parfait abruti. Il s’était, sincèrement, et le plus sérieusement du monde, attendu à ce que son cri, certes soufflé depuis le fond du diaphragme, atteignit nécessairement l’oreille de qui de droit. C’était avec ce pilote-ci que la princesse s’était embarquée. Pas de gré, cependant ; cela était au moins à mettre à son crédit.

- Ah bah, voilà déjà une île. Détermina Alegsis tandis qu’il pointa une ombre au loin. Celle-ci, à mesure qu’ils s’en approchaient, offrit un paysage qui ne laissa place à aucune interprétation.

- Ça ressemble quand même à un bateau, non ?

Et Alegsis, parce qu’on lui rétorqua ceci, s’esclaffa aussitôt d’un rire franc et tapageur. Ce dernier ne soulignant ainsi que mieux toute l’idiotie du personnage. Sa bruyante alacrité ayant enfin rencontré son terme, son auteur se permit d’y joindre un enseignement à titre de conclusion.

- Enfin princesse, lui dit-il comme si l’ânerie qui lui venait aux lèvres tenait de l’évidence même, tout ce qui flotte sur l’eau c’est une île. On vous apprend quoi vous autres à l’école de princessologie ?

Érudit de tout sans rien savoir, Alegs y avait été de son instruction savante. On gagea, à l’aune de ses préceptes, qu’il avait une approche alternative de la notion de savoir. Qu’un pareil ignorant fut parvenu à l’âge adulte, pour qui était témoin de ses frasques, tenait du miracle le plus curieux. Qu’il fut question de Dieu, du diable, ou bien même des deux, ceux-là devaient sans doute l’avoir enveloppé d’une poigne remarquablement ferme afin que l’animal n’expira jamais bien qu’il trompa la mort à chaque gaudriole qui lui venait.

- Oh la chance, s’exclamait-il désormais qu’ils furent plus proche du modeste chalutier, je l’ai jamais vue ce batea… cette île-ci. Il s’était corrigé, preuve indiscutable qu’il avait improvisé sa précédente ineptie afin d’espérer paraître plus savant qu’il ne l’était véritablement.

- Et alors ? S’interrogea légitimement la chatte au museau maintenant mouillé par les embruns marins.

- Et Alors ?! Alors ça veut dire que pour moi c’est nouveau. Et vu qu’en plus à bord y’a du monde… bah on peut dire que c’est le Nouveau Monde.

La pertinence, ainsi que le bien-fondé de toute saine réflexion, souffraient constamment des violentes rosseries que leur adressait Alegsis. Le concept même de logique perdait en effet ses attraits chaque fois qu’il s’essaya à la moindre association d’idée.

- Je suis pas sûre que ça marche comme ç…

Trop tard, Alegsis bondissait déjà de son embarcation pour se jucher sur le bastingage du navire qu’ils s’en venaient trouver.

- À l’abordage ! Criait-il alors qu’il se pensa malin de blaguer en haute mer.

Sur les trois membres d’équipage, ceux-là affairés à la pêche comme cela se supputait aux alentours de Poiscaille, deux se jetèrent aussitôt à la mer. Les boutades, à moins d’être circonstanciées comme il se devait, pouvaient avoir quelques relents de menace flibustières.

- Jeri-hi-hi, je plaisante, je plaisante. se gaussait alors Alegsis avec une bonhommie presque infantile cela, avant qu’il ne se tourna vers le dernier homme à bord. Oh mais il est tout petit celui-ci ! Annonça-t-il gaillardement sans même exhiber ne serait-ce qu'une once de tact.

- Il t’emmerde celui-ci. Répliqua le rouquin qui, bien qu’il dépassa de peu le mètre quarante, ne mérita pas qu’on le prit de haut.

Tout concordait alors dans le meilleur des mondes tandis que les deux pêcheurs remontaient à bord.

- Princesse ! J’ai trouvé un de vos sujets. On y est : l’île Tontatta.

- Clairement pas. Le coupa-t-elle sèchement bien qu’elle se douta qu’il n’écoutait rien à ce qu’on pouvait lui dire.

L’avant-bras devant le visage pour en masquer les larmes, sa mâchoire crispée en une grimace éplorée, le chasseur de primes s’épanchait alors.

- Après tout ce qu’on a vécu… tout ce qu’on a traversé ensemble, toutes ces aventures qui ont fait de nous ceux qu’on est devenus… oh… je m’étais juré que je pleurerais pas.

La morve lui en coulait presque par les yeux.
Très investi émotionnellement dans ses fantasmagories débilitantes, Alegsis vivait à présent un instant précieux, celui d’une séparation déchirante alors qu’enfin, il avait sauvé une princesse. Du moins le croyait-il vraiment. À bord, entre les deux rescapés trempés de leur fuite compulsive et le petit bonhomme léthargique, il ne se trouva pas grand monde pour réellement saisir de quoi il en retournait réellement. Un mystère que peu d’âmes en ce bas monde se seraient senties de révéler pour ce qu'il avait d'absurde.

Mais, parce qu’il fallait bien se résoudre à une séparation douloureuse, Alegsis s’en retourna sur son pédalo et attrapa sa protégée après que celle-ci eut galopé partout au travers du minuscule pédalo. Elle n’aimait décidément pas qu’il se saisissa d’elle comme il le faisait avec ses mains pleines de peinture. Quand il la déposa sur le premier bateau venu ; sur « son île » comme lui soutenait son sauveur, la petite chatte ne sut alors trop où se mettre. Maintenant qu’elle se trouva à bord, elle aurait au moins la garantie d’être à nouveau débarquée sur une île ; une vraie. Ce n’était en tout cas pas ici qu’elle trouverait Gluttony. Dans les filets peut-être, mais ce n’était pas chose certaine.
S’emparant d’un couteau destiné à l’évidage des poissons à bord – le ponton étant maculé de viscères – Alegsis l’inséra dans la main du petit gars qu’il tenait pour un gros Tontatta.

- Votre princesse est dans le chat. Pas un autre chateau, non, j'ai bien dit dans le chat. Je préfère pas être là quand vous la libérerez. Puis, comme si ses larmes s’étaient instantanément évaporées, un grand sourire béat maintenant affiché sur sa trogne d’imbécile, il entonna un tout autre registre. Pour la récompense, vous l’adressez à la famille Jubtion au Cimetière d’Épaves. Deux-cents millions feront l’affaire.

Médusé, le pêcheur, laissé là tout penaud avec son couteau dans la main écarquilla les yeux alors qu’il lui sembla qu’on cherchait à lui extorquer une somme. Et une copieuse. Mais il n’eut pas le temps de demander le pourquoi du comment qu’Alegsis s’était jeté à nouveau sur son pédalo afin de détaler comme le dératé qu'il était. La prestesse de son départ tînt au fait qu'il n’était pas doué pour les adieux. Ni pour les salutations. Ni pour que ce soit d’ailleurs.
Le fait est qu’il décampait, intimement persuadé que les sous tomberaient chez papa et maman. C’était une affaire rondement menée selon ses critères. Aussi, alors qu’il disparaissait au loin sur les flots, l’un des pêcheurs trempés, alors qu’il plissait ses yeux encore éberlué de ce que son cerveau n’avait pas eu le temps d’interpréter, se résigna finalement à articuler ce que lui évoqua cette irruption inopinée.

- Mais c’est qui ce con, en fait ?

Il y avait à bord quelqu’un qui fut en mesure de leur répondre mais qui, si elle ne miaula pas, pouvait alors créer à nouveau bien du tumulte à se montrer trop éloquente. C’était grand malheur que sa malédiction, bien que celle-ci ne pesa pas lourde en comparaison d’une escale avec Alegsis Jubtion.
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Sauf que la personne en question ne resta pas.

Non mais franchement : un navire de pêcheur ? L'île des tontattas ? Et puis quoi encore ?! En plus, vu l'air hagard du type qui tient maintenant le couteau, il serait bien capable de prendre l'Alegsis au mot et alors : à moi la mort qui serait absolument terrible pour tout le monde ! Pour moi d'abord, parce que je ne veux pas mourir, pour ces idiots, parce qu'à leur grande déception il ne trouverait pas de princesse, pour mes parents qui eux perdrait définitivement leur princesse, pour Toru qui veut que je le retrouve pour me libérer de sa malédiction, pour mes fans qui doivent attendre mon retour avec impatience et enfin : pour Alegsis Jubtion alias l'homme au plumeau-pinceau qui ne verrait jamais la couleur de son argent !

Et c'est donc pour toute ses raisons, qu'utilisant mes compétences de ninja que m'a apprise mon garde du corps quand j'étais enfant, je file à la vitesse de l'éclair en ne laissant qu'une vague image de moi devant le pêcheur qui peu alors la voir disparaitre l'instant d'après tandis que pour ma part, j'ai réussi à sauter sur le pédalo du chasseur de prime trop occupé à pédaler à fond les ballons en séchant ses larmes d'adieux et reniflant fortement pour se rendre compte de ma présence.

Comme quoi, au fond, il m'apprécie, non ? Alors je lui ferai la surprise plus tard, profitant du confort de son sac et de sa réserve de nourriture pour grignoter dans son dos avant d'entamer une sieste bien mérité.

Quelle sera sa prochaine étape ? Je n'en ai foutrement aucune idée. Mais je suis certaine qu'en homme débile mais se sentant investie de la responsabilité du bien être d'une princesse, il finira par me ramener là où je le veux : non pas sur l'île des tontattas mais bien à Toru. En plus, en temps que chasseur de prime, il doit bien avoir des contacts avec la marine, non ? Et Toru étant un capitaine Corsaire, lui aussi a un lien avec la marine.

Autant dire que tout concorde. Le plus dur étant surement de supporter sa présence... Et c'est aussi pour cela que je décide de ne pas lui révélé la surprise de nos retrouvailles tout de suite.

De toute façon, avec tout ces événements vécus, j'ai largement le droit à une bonne sieste tout en étant bercée par le bruit des moulinets actionné énergiquement par les jambes du chapeauté et avec le sentiment que finalement, je n'ai jamais été aussi proche de pouvoir redevenir humaine... Et ce, même si c'est grâce à un personnage totalement stupide.
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