Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

[1613] Tout feu, tout flamme [PV Serguei]

Je viens de créer le meilleur des médocs qui puisse jamais exister. Fort comme le scarabée, rapide comme le guépard, la fierté d'un lion, la souplesse d'une anguille, les ailes de l'aigle royal dans le dos. Il fera de vous l'homme le plus fort du monde et jamais personne ne sera en mesure de vous battre. Je la tiens entre mes mains et la dépose dans ma bouche. J'avale la pilule. Mon corps se transforme. Je deviens deux fois plus grand, deux fois plus musclé. Je vois plus loin, mon odorat s'améliore, j'entends les pas que font les fourmis sur le sol. Je cogne du poing contre un arbre. L'impact est tellement rude qu'il vole en éclat et s'envole sur une dizaine de mètres, envolant tout sur son passage. Alexander Bishop est devenu une véritable force de la nature. Un homme s'approche vers moi, il sait faire apparaitre des flammes de ses mains. Quel étrange personnage. Il grille tout les arbres aux alentours. La forêt sera bientôt complètement enflammée. En une nanoseconde je me retrouve à coté de lui et le frappe de toute ma puissance. Le choc est inimaginable, son crâne doit être réduit en bouillie. Mais cette odeur de cramé, ça pue la rage. En plus, avec mon super odorat, l'odeur est encore plus forte. Arf, un son vient se foutre dans ma tête, qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Effet secondaire ? Impossible. Argh j'en peux plus !

TUDU TUDU TUDU TUDU

Ouah ! Alors tout ça n'était qu'un rêve. Je me réveille en catastrophe. Y'a mon bécher qu'a pris feu et l'alarme s'est déclenchée. Putain putain, vide de quoi éteindre le bazar. Vite ! Vite ! Ah, j'vois le bidon d'eau distillé là-bas. Je le prends et vide tout le liquide sur le départ de feu. AAAaaahhhh ! Je stoppe immédiatement, ça a fait qu'empirer, ça va ravager toute ma baraque. Je tourne le bidon. 'Ethanol' qu'est marqué sur l'étiquette. Quelle négligence, quel boulet, j'ai versé de l'alcool sur un feu. Je suis fou ma parole. Panique à bord, comment me sortir de cette situation. Coup d'œil à droite, à gauche, devant, derrière. Une couverture. Parfait. Je la prends et essaye tant bien que mal d'étouffer les flammes. Ah c'est chaud, j'vais ici me brûler les mains. Une minute plus tard, situation maitrisée. Je souffle. Comment j'ai pu m'endormir pendant une manipulation ? Où avais-je encore la tête ? Pourtant j'ai rien pris, je le jure ! Pas d'rhum, pas de morphine, pas de somnifère, rien, nada, nothing. J'ai bien failli mourir. Si le feu s'était propagé jusqu'à l'armoire où je stocke mes produits, j'vous dit pas le résultat. On aurait p'tet pu rayer Las Camp de la carte. Il m'est déjà arrivé quelques incidents mais jamais rien de grave. Encore heureux que j'me suis réveillé sinon c'était un grand 'BOUM' et bye bye l'espoir de créer un super médoc de la-mort-qui-tue. Faut que je range tout ce bordel maintenant ...

Une heure plus tard, v'la, tout est bien remis. Pas trop de dégâts en fait, c'est cool. Ah j'suis quand même déçu de m'être réveillé, ce rêve était tellement classe. Faut vraiment que je crée une pilule qui me donnera c'te pouvoir, même si je pense que c'est impossible à réaliser. Imaginez-vous en train de balayer l'Amiral en chef d'un simple revers de la main, d'envoler le Seigneur des pirates avec une simple pichenette. Alala, c'est beau de rêver quand même. M'enfin bref, y'a plus qu'à reprendre la manip depuis le début. L'avantage quand on fabrique ses médoc soi-même c'est le prix, on paye trois fois moins cher les produits bruts quand on compare au prix du produit fini. R'gardez par exemple dans mon cas. J'achète de l'acide salicylique et de l'anhydride acétique et ça me revient à vingt mille berry. Avec ça, j'te fais de l'aspirine en grande quantité qui couterait soixante-quinze mille balles en magasin. Soit un gain de cinquante-cinq mille berry ! Pas négligeable hein, pas négligeable du tout même. Mais l'inconvénient c'est qui faut tout faire soit même. Bon l'aspirine ça reste relativement simple et j'pratique souvent donc c'est pas vraiment un gros soucis mais j'passe bien quatre heures de mes journées pour produire les médocs. Ajoute à ça les six heures où j'exerce mon métier, les trois heures pour mes expériences, le temps de manger, d'me laver, le dodo et ma journée est archi-remplie. Pas facile la vie d'un doc comme moi ! Toujours à se plaindre le Bishop !

Bon allez, on prend les mêmes et on recommence ! On prépare le bain-marie dans le grand bécher. On prend l'erlen et on fout l'acide salicylique. On va sous la hotte et on verse l'anhydride acétique puis de l'acide sulfurique, on bricole encore un autre truc et on fout ça à chauffer dans l'bain-marie. Ca a l'air simple dit comme ça mais chaque produit ajouté doit être pesé, ajouté avec une précision de l'ordre du milligramme et du millilitre. J'ai l'habitude donc je vais assez vite et je fais à l'œil nu de temps en temps. Pas faire ça surtout ! Toujours être précis, correct, juste. Mais bon, une aspirine un peu moins forte, un peu plus forte, ça change rien, y'a pas de grand danger en cas de petit surdosage. Quinze minutes à attendre maintenant. C'est long vous savez un quart d'heure. Du coup, je fais deux trois autres bricoles en attendant. Cinq minutes déjà qui sont écoulées alors que j'ai quasi rien fait. Finalement, ça passe vite le temps quand on se fait pas chier. Ah, mais qu'ouïs-je ? On buque à l'porte. La porte s'ouvre pas donc ça doit pas être une urgence. P'tet une consultation. Je laisse tout en plan et me dirige vers l'entrée. Je pose ma main sur la poignée et accueille la personne comme il se doit.

[1613] Tout feu, tout flamme [PV Serguei] Franke10 « Yoooossshhhh ! Bishop est lllààààlààà !!!»

J'découvre un vieux, soixante ans à la louche. Barbe et cheveux gris. Inconnu au bataillon, qu'est-ce qu'il me veut c'gars là ? Seul l'avenir nous le dira.
    Tu n'y crois pas. Si ton boss avait la possibilité de t'envoyer dire bonjour à un amiral avec un panneau "révolution", il le ferait. C'est vrai que tu ne lui rends pas spécialement la vie facile. On va même dire que tu lui pourris bien ses nuits. A croire que tu le ferais exprès... Pour dire la vérité, t'aimes bien faire en sorte de finir une mission avec un résultat inverse à ses objectifs. Rien n'empêche, ses vengeances sont plutôt basses. Il a pris cette habitude de t'envoyer là où les chances de survie sont les plus faibles. Tu t'dis que c'est sûrement la seule façon qu'il a trouvé pour se débarrasser du poids qu'il traine depuis trop longtemps (toi). Mais au fond, tu sais bien que c'est pas comme ça qu'il arrivera à mettre une croix à ton nom. Alors tu continues.

    Quand il t'as dit que tu devais aller sur l'île de Last Camp, t'as pas pu t'empêcher de t'marrer. Une dizaine de gangs sanguinaires. Des meurtres à n'plus savoir qu'en faire chaque jour. Des viols, des émeutes, des pillages...C'est vraiment l'île où personne n'irait en vacance. Où personne n'irait tout court d'ailleurs. Dès que t'as posé le premier pas sur terre, tu as compris. Non pas que les habitants soient très méchants. Simplement, t'as l'impression qu'il ne vaut mieux pas leur tourner l'dos. Chacun de ces gars pourrait cacher une lame de rasoir dans ses chaussettes, que ça ne t'étonnerais même pas. Tu files donc droit. T'as pas l'impression que les autochtones soient du genre à être conciliants avec les étrangers. Leur demander ton chemin? T'es pas peureux, mais si tu peux éviter, tu t'en porterais pas plus mal.


    Tu dois trouver un toubib. D'après ce que t'as compris, les gars ne savent pas trop si c'est un fou à lier, ou un génie, ou les deux. La différence est parfois si petite. En tout cas, maintenant tu dois le trouver. Si c'est le dernier des chtarbés tu le verras vite et partiras tout aussi rapidement. Pas que passer rien que deux secondes sur cette île te soit gênant, mais presque. C'est le genre d'endroit où on aime pas traîner. Plus vite ce sera fini, et plus vite tu seras heureux. Tu presses le pas en te demandant comme interroger l'toubib avec discrétion. T'as l'habitude de parler avec les poings, mais là va falloir faire preuve de diplo... dimaplo ... Tu ne trouves plus le mot. Enfin vous voyez non? Une de ces qualités qu'ont les gens préférant entrecouper leurs phrases de "Je vous prie de m'excuser monsieur". Y'a aussi les "Je vous remercie chaleureusement pour votre attention", et un tas d'autres âneries. Imaginez avec ça une voix de faussette fauchtonnée et vous verrez le tableau. Tout ça pour dire, que cette qualité, tu ne l'as jamais trop eu.

    T'as quand même trouvé une idée sur le bateau. C'est sûr qu'en une semaine de voyage, t'as eu l'temps de faire marcher ton cerveau. T'en aurais presque eu mal à la tête, non? Enfin, ton idée c'est de te faire passer pour un toubib. Les quelques restes de ta jeunesses serviront facilement d'couverture, tant que la discussion ne devient pas trop complexe. Tu auras entendu parler des exploits du drôle de gars, et tu voudras devenir son élève. Tu commenceras donc à discuter avec lui, et entre deux trois paroles inutiles, tu glisseras l'sujet sur la table. Bien sûr t'auras vérifié avant qu'il est pas trop taré. Mais il devra l'être un peu quand même. Ce serait ennuyant de ramener quelqu'un d'utile au patron. Si au mot "révolution", tu vois qu'il commence à sourire, tu l'amènes avec toi. Les chances de n'pas être seul les deux prochains jours sont donc de ... 5%. Tout au plus.



    _"Snif, snif, ..."

    Et bin, ça sentirais le cramé que ça ne t'étonnerait pas. Histoire de sentir d'où ça vient, t'essayes de t'servir de ta péninsule. Là, quelque chose te dérange encore un peu plus. T'en es sûr, ça sent le quelque chose oublié trop près d'une flamme, mais ce qui te gène, c'est la nature de ce quelque chose. P't'être bien un gaz? Tu sais que certains gus n’hésitent pas à foutre n'importe quoi dans le nez de leurs ennemis pour en finir rapidement, mais quand même. Les zozios en place n'ont pas les moyens, t'en mettrais la main de ton patron à couper. Et puis, ça ne sent pas la sauce jaune épicée, alors qu'est ce que c'est ? Tu te l'demandes tellement que tu te diriges vers l'nuage noir. A l'arrivée, tu tombes sur une maison. Forcément, tu sonnes parce que t'en dormiras pas tant que t'auras pas compris l'origine de la chose.


    _« Yoooossshhhh ! Bishop est lllààààlààà !!!»

    Bishop, ça te dit quelque chose. Ah oui, ça te revient. C'est le nom du toubib, celui à qui tu dois parler. Il n'a pas l'air vraiment fin. Non, en fait il a l'air niai. Tu t'demandes comment un gars comme ça pourrait savoir se servir d'une trousse de soin. Avec son sourire niai, on l'imaginerait plus à passer ses journées devant Télétobiz. Ce doit être son frère, ou son fils, ou son cousin. Non, ça ne peut pas être lui, t'es pas venu ici, pour ... ça!!


    _"Salut l'peinturluré. T'as pas un frère qui s'appelle Alexander? J'te file cent balles et un mars si tu vas me le chercher. Je t'en file même deux d'mars s'il est menotté, bâillonné et assommé. Ça empêchera les discussions à la mords moi l'noeud.... Snif, snif... Oh et puis c'est quoi c't'odeur?"



      Le vieux perd pas une minute, pas une seconde même et prend la parole. C'est quoi ce langage ? On t'as pas appris à parler comme il faut ? En plus y'a vingt balais de plus que moi, il devrait s'exprimer comme un sage. Premier mot : Salut, bon ok ca passe. Venant d'un ancien, ça me surprend un peu car j'aurais plus vu un 'Bonjour' ou 'Salutations'. On passe au deuxième mot : l'peinturluré. En français ? P'tet une expression trop vieillotte pour mon âge. Passons. Un frère qui s'appelle Alexander ? Euh non tu te trompes de personnes. Ah ouais j'suis con, c'est de moi qu'il parle. Faut dire, j'ai encore la tête ailleurs. L'incendie tout ça quoi. Il continue à causer comme un jeune le ferait, p'tet un style qu'il s'donne ou une manière de s'dire qu'il est pas vieux. Pourtant, t'as la barbe et les cheveux grisonnants, ça trompe pas ça. A ses dires, i'm'cherche. Je sais pas pourquoi il est là, étrange, très étrange. Il ajoute que si le Alex est sous contrôle, c'est encore mieux. Suspect s't'histoire. Il termine par une bête question : c'est quoi c't'odeur ? T'es con ou t'as le nez bouché ? Même le dernier des imbéciles reconnait ce merveilleux parfum qu'est le cramé. Fin soit, l'a pas l'air très normal comme type. Bien que j'sois pas tout à fait net moi non plus. Bon allez, on va pas le laisser dehors tel un chien errant, on va le faire rentrer le gaillard.

      "Yare yare, tu peux rentrer, installe toi autour d'la table, j'arrive tout de suite."

      Je le laisse se démerdez et ferme même pas la porte. Façon, elle est ouverte la moitié du temps et il fait pas un temps de merde dehors donc ça passe, il fera à s'mode. Moi j'vais dans la pièce qui me sert de cuisine. Deux verres, une bouteille de rhum, c'est tout c'qui faut. J'espère que c'est pas un ivrogne car j'ai pas des masses d'alcool en stock. Pas vraiment mon trip les produits comme ça. J'ai déjà pris des belles guinzes et les lendemains sont pas géniaux. Alors qu'avec la LSD, la morphine et tout autre produit stupéfiant, c'est merveilleux ! Tu planes, t'es stone, t'es cool, l'alcool fait pas forcément ça et puis pas vraiment de gueule de bois avec ces bazars. Que des avantages les drogues ! Je m'assieds ou plutôt je m'affale sur une chaise un peu bancale, pose les deux verres et verse le liquide. Santé ! Je reviens deux minutes sur la raison de sa venue. Enfin, je sais pas encore vraiment pourquoi il est là, hormis pour me rencontrer. Et il préfèrerait me voir ligoté, pour mieux me kidnapper ou ... ? J'en sais rien. Quoiqu'il en soit, ce vieux est louche, je dois me méfier. On va cacher son identité.

      "Ah sinon, c'est moi Alexander Bishop ravi de te rencontrer ...", la fin de la phrase souhaitant dire : 'c'est comment ton p'tit nom ?'

      Aahhh ! Quel con, quel con, quel con. Ne pas laisser transparaitre ses sentiments de crainte, de peur. Avoir le visage fermé. Je suis impassible, ultra-sérieux. Parfait ! Ca, c'est ce que je pense car en réalité, mon visage retransmet toujours, et quand je dis toujours c'est toujours, mes ressentiments. Du coup j'ai la pupille qui tremble, le regard fuyant, le pied qui tape sur le sol, un p'tit sourire qui annonce une certaine 'peur'. Pas parfait ! Oh puis j'ai rien à craindre d'un retraité comme lui. Tu me fais pas peur mon gars et si jamais tu souhaites te battre, je vais te mettre ta raclée. Et v'la que maintenant mon visage exprime l'assurance avec l'œil aguerri, les mâchoires serrées, le poing également. Je lui montre qui est le patron dans cette baraque. Je vais aborder doucement un sujet et lui soutirer des informations de manières indirectes. Sans même sans rendre compte, je vais savoir le pourquoi, le comment et tout le reste. Commençons un dialogue.

      "Et sinon, pourquoi t'es venu te perdre à Las Camp pour venir me voir ?"

      Aahhhh ! Panique pas, panique pas, panique pas ! Oeil qui tremble, le faux-sourire, mon visage retransmet encore aucun sentiment, a-u-c-u-n ... ou presque. Bon en même temps au moins, on va de suite être fixé. En attendant de voir s'qu'il dit, une gorgée de rhum, histoire d'oublier toutes les gaffes de la journée.
        "Yare yare, tu peux rentrer, installe toi autour d'la table, j'arrive tout de suite."

        Lui c'est un bon gars, l'obéit bien et rapid'ment. Dans deux secondes tu vas le voir ramener un gars attaché à une corde qui s'appelera Alexander Bishop. Oui enfin rêve pas trop non plus. Tu rentres dans la barraque histoire d'faire plaisir au guss. Wahou, on se croirait dans l'manoir de Frankenstein. Sauf qu'c'est pas un manoir. Et que l'gars avec qui tu vas faire causette est loin d'faire peur. Y'a un tas de petite fiolles, de beshers et de produits à tête de mort, t'en crois pas tes yeux. La famille Bishop doit savoir prendre son pied qu'dans les experiences dangereuses. Entre l'cousin docteur timbré et c'scientifiques n'ayant pas l'air d'avoir toute sa tête, c'est du beau... Y'a même un produit qui fuit et coule sur la table, c'est fait exprès? Histoire d'hinnaler au moin quelqu'chose de dangereux en permanence?
        Tu remets le contenant droit. Histoire de survivre encore quelques années. Reste plus qu'à poser son cul en faisant gaffe. Y'a qu'deux chaises alors faut pas chercher midi à quatorze heures, tu t'assois sur la deuxieme. L'gars ramène un bouteille et remplit deux verres.
        Tu prends l'goulot d'la bouteille et fais descendre quelques gorgées.


        _C'est pour Alexander l'troisième verre? T'attends d'la visite? Pis c'est quoi c't'idée d'vider mon verre dans les votres?"

        Question plus qu'réthorique. Déduction plus qu'débile. Le tremblement casi invisible de ta main s'est arreté, ça fait du bien. Maintenant tu peux observer l'guss. L'a pas l'air tranquille, casi en apnée constante. Ça a l'air de tourillonner dans l'ciboulot. Il doit s'demander c'que tu veux à son cousin. Tu restes un peu sur tes gardes quand même. Tu t'sentirais bête si tu t'laissais surprendre et qu'il te foutait un d'ses produits dans les yeux. On sait pas à quoi s'attendre avec ces scientifiques ayant perdus quelques cases.

        "Ah sinon, c'est moi Alexander Bishop ravi de te rencontrer ..."

        Ah oui quand même. C'est vrai que t'aurais pu t'y attendre un peu en fait. Ta déduction sur la famille de timbrés était un peu grosse. Et maint'nant le guss perd la boulle. Il a l'air d'avoir vraiment les chocottes. T'es plutôt fier de toi, à soixantes balais, tu fais encore peur aux d'jeunes. C'est sûrement ton charisme fou et ton allure de combattant aguéri. Ou pas ... ♫ Au final ton plan d'passer pour un fan de sa démarche scientifique. Bah il semble bien compromis. Toi et ta grande gueule aussi, fallait s'y attendre ... Tu réfléchis à trouver un autre plan foireux en deux secondes tout en continuant à l'épier du coin d'l'oeil.
        Non mais c'est qui c'phénomène? C'est toi ou maintenant l'timbré veut s'battre? Il allait s'faire dessus deux secondes avant, et là .. Il serre les dents comme s'il allait entrer sur un ring. Ah rien y comprendre ... Au moins c'gars là, c'est un livre ouvert, suffit d'le regarder deux s'condes pour comprendre les deux trois informations qui réussissent à circuler dans son cerveau. Plutôt pratique. Tiens ça y'est. Il a réussit à faire fonctionner toute sa tête assez longtemps pour trouver une idée.


        "Et sinon, pourquoi t'es venu te perdre à Las Camp pour venir me voir ?"

        C'était ça son idée? T'demander brute de poil pourquoi tu veux l'ramener, attaché au bout d'une corde? L'est vraiment étrange ce gars. Tu l'regardes encore un fois, histoire d'essayer d'comprendre comment marche ce cerveau si spécifique. Il s'est remis à trembler comme pas deux sur sa chaise. C'est toi, ou à chaque fois qu'il sort quelque chose d'sa bouche, il se rend compte qu'après d'sa corne riz? Il serait assez tordu pour faire peur à ton boss tu penses même. C'est décidé tu l'emmènes avec toi.

        _ Bon, l'fait que ce soit toi le guss que je recherche, ça va faciliter les choses. J'pourrais te mettre dans les pommes en deux deux et t'rimballer en mode sac de patate jusqu'au bateau, mais ça m'réjouit pas trop. T'as l'air plutôt marrent donc j'ai décidé d'être sympa. Pour tout t'dire, ça m'arrangerais que tu répondes c'que j'veux à toutes mes questions, mais vu que j'suis un gars tout ce qu'il y a de plus adorable, j'vais te laisser l'choix. T'as décidé d'jouer franc jeux, ça nous évitera d'nous perdre dans une discussion inutile.

        Question 1 : Tu penses quoi d'la révolution?
          Apparemment, ce vieux schnock a pas reçu d'éducation étant donné qu'il boit à la bouteille. Des fois on se dit : les vieux c'est des sages, des gens posés et réfléchis, logique. Eh ben c'gars là non, c't'un vieux con, sans éducation. Bon, on va pas trop s'aventurer sur ce terrain là car j'ai aucune idée de qui j'étais avant l'accident et donc de l'éducation que j'ai reçu. Qui sait, p'tet que j'm'appelle même pas Alexander Bishop ? Enfin bon, c'est du passé tout ça, c'est un tas de souvenirs oubliés, disparus. Vivons le moment présent sans regarder derrière et sans penser au futur. Adviendra c'qu'il adviendra ! J'peux crever d'main, dans une semaine ou dans cent ans, c'est la vie. Et ouais, il est comme ça le Bishop, un vrai fataliste. Attention, pas confondre avec le pessimisme. Tout est pas noir, d'ailleurs j'vois généralement beaucoup de couleurs avec les entre guillemet médocs que je prends. Ahh, toujours à réfléchir le Bishop, toujours à penser philosophie ou quoi, un vrai scientifique. Un scientifique un peu, beaucoup, fou mais un scientifique intelligent ! Après tout, la folie est une sorte d'inspiration, ça te permet de créer, de tester des trucs qu'un esprit sain aurait pas l'courage de faire. Alors voila, j'suis comme je suis, un livre ouvert mais rien d'méchant peut m'arriver car j'suis un mec cool.

          Revenons donc aux multiples gaffes que j'viens de faire. Dévoiler mon identité en petit un. Bon, à priori, le grisonnant passe pas à l'attaque pour me bâillonner. Bon point ! Mais y'a pas vraiment d'expression sur son visage, je peux pas vraiment conclure quoique ce soit de la première gaffe. Suspense ... Lui demander de but en blanc pourquoi il veut m'voir ligoter dans une cave en petit deux. Encore une fois, rien change sur son faciès, toujours un air d'un mec sérieux. Le vla qui ouvre le bec. Ah très bien, c'est plus facile pour lui de savoir que c'est moi l'gars qui r'cherche. Parfait ! Mais attends ? Pourquoi i'dit ça ? Sa phrase suivante répond à ma question. Ah bon, tu crois vraiment pouvoir me mettre hors-jeu en deux temps trois mouvements, moi, le grand Bishop ? C'est mal me connaitre mon ami. Tu n'as aucune idée de ce que j'peux être capable de faire quand j'suis super énervé. D'ailleurs, même moi en fait je sais de quoi ce dont je suis capable. Jamais été énervé de ma vie. Fin j'veux dire, jamais vraiment été en super colère. Tout l'monde sait bien comment j'suis. On cherche pas les emmerdes avec moi. On discute, on rigole, on rigole encore, on boit un verre, on plane de temps en temps, ... déconnade garantie quoi. T'es pas l'premier qu'a des préjugés sur l'doc, j'm'en fais pas, ils vont disparaitre au fur et à mesure.

          On reprends la fin de sa phrase : 'mais ça m'réjouit pas trop'. Ouf ! Sauvé ! Pas de problèmes en vue. On pousse un soupir, on relâche un peu les épaules et on s'affale un peu plus sur la chaise. J'suis marrant qui dit. T'as cor rien vu mon loustique, ça j'peux t'l'assurer. Il a décidé d'être sympa. Pourtant, il parait plutôt antipathique, pas envie d'voir à quoi il ressemble quand y'est vraiment d'mauvaise humeur. Il a des questions pour moi. Excellent, j'suis un pro aux quiz. Que ça soit sur l'histoire, la géographie, la science, incollable le Bishop ! Je sais pas trop c'qui dit ensuite car je suis déjà concentré, je repense à tout ce que j'ai appris durant ces quarante années. Ah pas vraiment en fait, ce serait plutôt sur ces vingt dernières années, ouais, encore mon accident.

          Question 1 : Tu penses quoi d'la révolution ?

          Ah la Révolution !

          "Au sens politique ou social, la révolution est un mouvement politique amenant, ou tentant d'amener, un changement brusque et en profondeur dans la structure politique et sociale d'un État, et qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend ou tente de prendre le pouvoir. Le terme de révolution peut être utilisé par un gouvernement se présentant comme révolutionnaire pour qualifier l'ensemble de ses politiques, alors même que sa prise du pouvoir est effective et achevée."

          Ah ! Cultivé le Bishop. T'es surpris hein ? Allez avoue, ça restera entre nous. J'l'ai dit d'une traite. J'ai pas buté sur un seul mot. Un dictionnaire vivant qu'a la dedans (tout en se touchant la tête). Question 1 : in the pocket. Emballez c'est pesé ! Mmhhh, l'a pas l'air content le monsieur finalement. Qu'ai-je dis qui était pas correct ? Rien, tout est juste, tout est exact. Réflexion de deux secondes et demi. Ah ouais ... J'ai p'tet pas vraiment répondu à la question tout compte fait. C'était pas : C'est quoi la Révolution. C'était : Qu'est-ce que t'en penses ? Ca change tout hein Bishop. 'Tention prochaine fois !

          "Ouille pardon, un geste de la main pour s'excuser. Arf, assez difficile comme question. Réponse un peu mitigée. Y'a du pour, y'a du contre. Si c'est pour renverser le pouvoir et être encore plus dans la tyrannie, la dictature, c'est du grand n'importe quoi. Si c'est pour libérer un peuple esclave alors là c'est génial ! Par contre, si ça peut se faire dans la paix, de manière pacifique, c'est le top du top. La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée. L'hymne de la haine ne profite pas à l'humanité. Et j'pourrais encore t'en citer des p'tites phrases comme ça ! On pourrait aussi parler pendant des heures sur ce sujet car y'a tellement d'choses à dire ... Allez, question deux ?"

          Hop, on lui adresse un p'tit clin d'oeil. Magnifique rattrapage Bishop ! T'es un Dieu mon p'tit père. Allez le vieux-dont-je-ne-connais-toujours-pas-le-prénom, passons à la suite tu veux ?
            Là t’as quand même envie d’dire qu’il s’moque un peu de toi. Vous aussi lecteurs, c’est sûre vous connaissez ça. Cette sensation quand on demande à notre femme si elle nous aime et qu’elle nous répond que l’nuttela est dans le placard du haut. Ne nous trompons pas, t’as pas demandé Bishop en mariage, et même s’il avait une très belle paire, tu n’le ferais pas. Mais quand même. Dès la première phrase sortie d’sa bouche, t’as serré les poings. C’était la première question, la plus cruciale quant à la fin d’votre entretient. T’as plus de soixante dix ballais, bien cinquante printemps d’activité dans la révolution, et il te donne la définition du phénomène ! Croyez bien que t’as eu l’temps de l’apprendre celle là. Et puis c’était vraiment sortit du dico, aucune réflexion, aucun sentiment… Tu t’es dit tout à l’heure que c’était un livre ouvert, ça devient vraiment plus que vrai.

            T’as pas envie que ça finisse en boucherie, mais s’il continue, va bien falloir déstresser. Tu fermes un peu les yeux histoire de détendre les nerfs qui sont en pleine crispation. Tu respires un long moment et ré-ouvre les paupières. C’est ta première démonstration d’énervement. Tu te re-concentres et récupères un visage impassible. C’est pas l’moment de lui montrer c’que tu penses, les questions n’font que débuter. Tu le regardes quand même d’un œil peut être un peu plus mauvais que tout à l’heure, mais t’y peux rien. Ah, il semble se rendre compte qu’un de ses neurones avait grillé quand il a ouvert sa porte à purin. Ah, il va recommencer à la rouvrir. Tu t’attends au pire. Quoi qu’il s’excuse quand même. Pas tout à fait pardonné mais passons. Commence un petit discours pour la révolution pacifique. L’est vraiment naïf ce gars, mais au moins c’est son avis et pas celui d’une rousse. Tu vas pas te plaindre. L’a pas dit noir, l’a pas dit blanc. Tu n’peux donc pas partir. Faudra quand même qu’à la fin, il te dise l’un ou l’autre, histoire d’en finir, mais en attendant, va falloir que tu trouves des arguments. Et des bons, pour qu’en les écoutant l’ai envie d’sauter d’joie. Ca va être dur. T’as pas tout à fait réfléchis aux questions que t’allais poser, alors tu te laisses le temps de réfléchir, comme si t’analysais ses paroles. Même s’il n’y a pas grand-chose à analyser. T’admires son clin d’œil et en profites pour prendre ton air d’intellectuel.

            _Mmm … Tu m’diras, dans les faits c’est pas mal ton idée. Mais en attendant, t’en connais beaucoup d’tyrans qui laisseraient leur siège sans faire un massacre ? J’aimerais bien continuer à croire en ton doux rêve, mais j’ai passé l’âge pour c’genre d’enfantillage. On n’peux pas aimer la révolution et le pacifisme. Enfin si, mais au pays merveilleux des schtroumpfs, et encore …

            Tu lui laisses le temps de réfléchir à c’que tu viens de dire. T’as p’t’être été un peu franc, mais s’il ne se rendait pas compte de la façon de pensée d’un révolutionnaire, il risquait de retourner sa veste dans quelques mois. Il fallait mettre les choses au clair. C’est fait. Tu penses qu’il a assez réfléchis à c’que tu viens de dire, reste plus qu’à enchainer.

            _C’que j’te propose, moi, c’est un beau labo. Ta maison ressemblera à une kitchenette pour bébé par rapport à notre materiel. Le problème c’est que tu n’bossera pas à la création d’une bombe propre. Dans quelques années p’t’être, mais faut faire l’ménage avant. Bien sûr qu'on veut vivre en paix, mais pour l'instant c'est pas possible.


            [hrp : bon voilà, je te laisse gerer la réponse Smile, sors l'alarme quand tu veux, moi je m'inquietais juste pour savoir comment j'allais faire pour quitter les lieux, mais l'alarme me laissera l'occasion. Donc au final vaut mieux finir le dialogue avant. J'éspère que mon post te convient.]
              Cor heureux que je me suis rattrapé sur cette première question car le vieux semble perdre patience. Façon maintenant les gens ils veulent tout et tout de suite. Ils ont pas envie de perdre ne serait-ce qu'une seule petite seconde. Ca va pas te tuer d'attendre hein bonhomme. J'dis pas, y'a des trucs qu'attendent pas. Genre un blessé grave, un mec en train de se noyer mais là, faut pas pousser mamie dans les orties non plus. Et puis si t'es pas content tu t'en vas. La porte est p'tet encore ouverte tiens, t'auras qu'à marcher tout droit, pas trop compliqué ? Nan mais j'te jure. Comme l'autre type la fois passée, l'avait pas fait caca d'la journée et meuhsieur voulait absolument que j'vienne chez lui. Alors tu lui dis gentiment qu'y a pas de déplacement à domicile ce jour-là mais il insiste. Ca peut attendre demain mon cher monsieur que tu lui dit mais il persiste, il lâche pas l'affaire. Alors qu'a fait le gentil Bishop ? Bah y'est parti à l'autre bout de Las Camp et l'seul truc que j'ai pu faire c'est d'lui donner des laxatifs. Plus puissants que la moyenne, au moins y'est sur d'aller sur le trône, mais pas trop sinon il serait capable de se plaindre.

              Et encore une fois, le vieux me répond du tac-au-tac, j'ai presque pas fini ma phrase même. Cool mec, prends ton temps, t'es pas bien ici ? Boire du rhum et discuter avec un inconnu, y'a pas le feu. Y'a plus le feu. Arf, il semble pas convaincu par c'que j'viens d'lui raconter. Bon c'est vrai que c'est pas terre-à-terre la révolution pacifique. Pour faire bouger grandement les choses faut une guerre, faut des morts, mais c'pas cool tout ça. J'reste persuadé qu'un jour, la paix sera la seule maître sur terre. Si tout le monde prenait un peu sur soi, si tout le monde faisait la part des choses, si ... Avec des 'si', on mettrait Las Camp en bouteille en même temps. Et la fin de sa phrase confirme mes pensées : la révolution et la non-violence sont deux choses qui ne s'accordent pas ensemble. C'est clairement un manque d'intelligence l'usage de la force et quand j'vois le QI de certains, de beaucoup même, je comprends pourquoi y'a tant de bestialité sur cette terre. Finalement c'te vieux est pas si con. Un peu coincé du cul - j'peux toujours te filer un p'tit qu'que chose pour ça - mais assez réfléchi. Comme quoi, la première impression qu'on a d'un type, ça a rien à voir avec le gars qu'on découvre par la suite.

              Petit moment d'attente. Y'a pas l'air trop trop pressé tout compte fait. Ah, il reprend la parole. Une proposition à me faire ... Un labo magnifique, du matériel au top, intéressant ... Je ne bosserai pas à la création d'une bombe ? Façon j'sais pas vraiment les fabriquer quoi, j'suis dans les médocs. Si tu veux une pilule qui te permettra de devenir cinq fois plus fort là ouais, tu peux toujours t'adresser à Bishop mais sinon, tintin. J'vais pas te construire un robot avec lance-flamme et arme technologique de pointe. J'suis pas comme Vegapunk moi. Il a pas fini sa proposition. Il dit qu'il faudra faire le ménage avant. Ah ! Voila bien un des points où je suis d'accord avec toi, c'est vrai que c'est un peu l'bordel chez moi. J'laisse trainer des trucs partout, l'évier est rempli de vaisselle sale, le mini-incendie d'y'a dix minute aidant pas vraiment en plus. Mais j'me dit qu'ça sert à rien de ranger car trois jours après ça sera autant l'bordel. Bon y'a quand même une pièce qui est correcte chez moi c'est le lieu de consultation. Bah ouais, faut que j'garde la clientèle moi, même si y'a pas de concurrence quoi. Imagine un peu si je devais soigner les blessés ici. Les conditions d'hygiène sont pas tip top, j'ai connu mieux quand même. Il a pas cor fini son speech, quoi d'autre que le ménage ? Ah non rien à voir, il dit que vivre en paix c'est pas possible pour l'instant. Bah écoute, j'peux t'dire que pour le moment j'ai pas d'problèmes et pourtant j'habite Las Camp. Il semble attaché à la guerre ce vieux, p'tet un ancien militaire qui sait ? Quoiqu'il a l'air trop intelligent, c'est que des cruches les soldats, 'font qu'obéir aux ordres sans réfléchir. T'pourrais leur dire de tuer leur p'tit frère pour la justice, il l'ferait direct. C'est pour ça que ça m'a jamais branché la Marine, c'est un repère à abrutis là-bas.

              Il finit sa proposition comme ça. Sans trop poser de question style : ça te plait ? ou : t'es d'accord ? Je sais pas trop quoi faire. J'réponds, j'répond pas, j'réponds pas, j'réponds. Petit moment de stress. Faut prendre une décision, dépêche-toi Bishop ...

              "C'est vrai que ça peut être super cool mais .."

              TUDU TUDU TUDU TUDU

              Oh nan, c'est pas vrai ... Qu'est-ce que j'peux être con ! Mais vraiment con ! C'est d'ça faute à lui aussi là, venir me déranger en pleine fabrication. Bon pas le temps d'attendre, faut aller éteindre tout ça.

              "Ca a encore pris feu, c'est pas grave ... Bouge pas d'là, j'en ai pour deux petites minutes maxi .... J'arrive, j'suis juste là, j'arrive ..."

              Je détale comme un lapin. Allez Bishop, on s'active, on s'remue ! On reprends la couverture de taleur et on étouffe le feu une nouvelle fois. Quelle négligence ! Deux fois sur une même journée. Pire ! Deux fois en même pas l'espace d'une heure, du jamais vu ma parole. Argh, c'est plus facile à foutre le feu qu'à l'éteindre hein. Bouah, plein de fumée partout, l'alarme qui continue à gueuler, tudu tudu tudu, ça t'mange le crâne ce bruit. Ah, y'a plus trop des masses de flammes, ça devient bon Bishop !
                Tu continues à regarder blouse blanche pendant ton discours. L'a l'air de comprendre ce que tu dis. Enfin vaut mieux pas être sûr de ce genre de choses avec un gars comme ça. Sait on jamais, p't'être bien qu'il croit que tu veux faire la guerre aux bacteries à coups d'femmes de ménages. T'es même pas certain qu'il ait comprit que tu fasse partit d'la révolution. Il a l'air d'admirer le joyeux bordel reignant dans sa baraque. C'gars serait un peu plus serieux que t'aurais l'impression qu'il cherche à créer un nid d'insectes dans sa maison, une futur arme bacteriologique même. Un mélange d'odeur de tes pets et de tes aisselles. Simpa, très sympa. Entre la vaisselle entassée dans l'evier, la pile de blouses blanches sales et la poussiere, Bishop pourrait participer à un concours de la maison la plus dégueulasse. Au moins tu n'fais pas tâche avec ton haut salis par les années. Celui là aussi a plutôt mal vieillis, et on commence du mal à connaitre sa couleur d'origine. Tu n't'en rappelles plus et oscilles entre le jaune et l'blanc.

                A la fin du discours, tu n'sais pas trop quoi dire, t'as jamais bien sû parler avec tact et élégance. Alors tu te tais, mieux vaut préférer le silence aux paroles. L'toubib comprendra ce qu'il voudra, et ça te permettra de mieux l'cerner. Après tout, tu lui proposes pas mal de choses, tu t'tentes à essayer d'lui vendre du rêve, mais t'as toujours pas choisis si tu l'amenais avec toi. L'a quand même marqué un point c'gars là : il est plutôt drôle. C'est sûr qu'ses futurs collegues risqueraient de n'pas s'ennuyer avec un gars comme ça. Doit falloir pas mal de courage et d'entrainement pour bosser 24/24 avec lui. D'ailleurs faudrait p't'être que tu vois à quoi il ressemble, son travail. Faudra attendre, l'a commencé à parler. Concentration maximale enclanchée. Objectif 1 : réussir à comprendre son charabia. Objectif 2 : ne pas s'énerver s'il n'a encore rien compris.



                TUDU TUDU TUDU TUDU


                _Hein mais euh, c'est quoi c'maison d'charme en bazar? Y'a l'feu ou quoi? Snif snif, mais nom d'un chien c'est vrai! Hé l'toubib, t'as zappé d'eteindre les patates ou bien?

                Là, l'guss part en courant. T'es censé rester assis là comme un poteau en l'attendant? Tu t'demandes vraiment où t'es arrivé. Tu essayes de rester immobil quelques secondes, mais obéir n'a jamais été ton fort. Forcément, tu t'lèves, juste pour admirer le spectacle, alors tu pars dans la direction qu'a pris l'timbré. En cours de route, tu croises une boite de curres dents, l'un d'eux se fait coincer entre ton index et ton pouce. Tout en mastiquant l'bout de bois aussi fin qu'celle de Bishop -Ahahah, elle est bonne celle là, faut la garder qu'tu te dis-, tu regardes le spectacle. Des cendres volent ça et là tandis qu'le toubib s'evertue à faire cesser l'vacarne. L'a l'air fatigué l'jeune. C'est sûr qu'ça n'a pas l'air d'être un sportif; Quoi que toi non plus, mais quand même. T'irais bien l'aider, mais l'occupation que t'préoccupe le machage de curre dents te suffit.

                Bon, c'est décidé, ce gars n'fait pas l'poids. L'est marrent, bien timbré et plutôt sympa. L'probleme est qu'il est trop fou. 'Ferait même plus de dégats qu'toi. Ce s'rait trop bête qu'il prenne ton titre de trouble fête. Manquerait plus que ça. T'y tiens toi à c'titre. C'est l'seul que t'as réussis à gagner en cinquante ans d'longs et non loyaux services. Ca t'a prit tellement d'temps pour imposer ton style que tu supporterais pas d'avoir un si grand concurrent. Il te rentre plus qu'à repartir sur les bouts d'bois t'servant de bateau. N'empêche que t'ferais bien une bonne nuit d'sommeil accompagnée d'un repas avec beaucoup d'viande avant. Entre deux admirations devant l'courage du gus pour éteindre le jeu, tu t'permets une petite question. Pas sûr qu'il entende avec le vacarne, va falloir bien gueuler.


                _Eh l'binoclard, où c'est que j'peux trouver une taverne où l'rhum peut couler à fleau au milieu d'une montagne de viande?
                  Tudu tudu, ça n'en finit pas ! Bah faut bien que j'éteigne l'feu avant de stopper l'alarme. Pas pratique ce système tout de même. Ca pourrait être un truc automatique qui s'coupe au bout d'une minute. J'pense avoir compris qu'y'avait le feu chez moi. Je suis sûr que le voisin va bientôt débarquer et piquer une crise. "Oh Bishop, je faisais ma sieste ...". Ouep, tu faisais ... Dommage hein ? Si t'es pas content j'te donnerai des calmants ou un peu d'herbe et tu verras, la vie sera cool mec. Bon c'est pas tout ça mais j'suis un peu dans la merde quand même. Bah ouais, l'a trop tardé le Bishop. Le feu était un peu trop important et le drap déjà à moitié cramé ben ça le fait moyen. Ca le fait pas du tout même. L'est en train de prendre feu le truc. Faut trouver un plan B ... Hurry up dude ... On ouvre l'armoire la plus proche. Yes ! Bidon d'eau déminéralisé en bas, le bon cette fois-ci ! On le prend de suite, on verse la moitié sur le drap un peu troué et le reste sur le feu. Marche pas trop bien de mettre de l'eau sur le feu mais y'a que ça à faire pardi. On empoigne la couverture et on essaie, une nouvelle fois, d'étouffer ces fucking flammes.

                  Le vieux s'approche, j'l'avais oublié lui. Il me demande l'adresse d'un bar avec un bon rhum, pas trop cher à priori quand il en veut pas un verre mais un tonneau complet. Y'a bien la Tanière qu'est un endroit sympa, ou alors cette nouvelle taverne-saloon qui vient d'ouvrir. Le premier endroit est vachement reconnu et le deuxième pratique des prix très raisonnables, 'veut gratter la clientèle à mon avis. Bah non, on va l'envoyer chez l'Franky, ce p'tit bar miteux. Uhuh, va bien rire quand il va passer les portes, ou pas. Et puis j'repense à c'te boulot qui me propose. Mouais bof, pas vraiment motivé en fait. J'aime bien ma p'tite vie ici, j'pense d'ailleurs que j'vais crever sur Las Camp. Et puis créer une bombe, j'suis pas un terroriste, j'suis un doc, je sauve des vies, pas l'inverse.

                  "Y'a un bar sur la place, chez Franky ça s'appelle. Dis qu't'es un ami de Bibi."

                  Allez, salut vieux crouton, sans rancune ? J'me retourne pas, c'sert à rien. L'a déjà compris qu'j'étais pas fait pour ce job. J'espère qu'il va aller squatter cette vieille taverne. Tout le monde me connait là-bas. J'ai quand même sauvé la vie du patron et depuis c'jour là, c'est deux verres gratos à chaque fois que j'passe. L'est cool le Franky et c't'un vieux un peu con lui aussi, il devrait bien s'entendre avec le plouc dont-je-ne-connais-toujours-pas-le-nom. Tout c'que j'peux retenir c'est que c'était une sacrée journée de merde. Deux manipulations totalement foirées, deux p'tits incendies, une proposition qu'on te fait de manière moisie. Ils devraient vraiment envoyé des aut' types pour le recrutement. Faut un mec charismatique, qui t'accroches le regard, le type qu'à genre trente-cinq balais avec un style au top. Là c'est pas vraiment la même chose, le vieux, les cheveux gris, qui parle comme un pecnot. Si c'était un bon gars qu'y avait sonné à la porte, un mec qui te fais un discours merveilleux avec des mots scrupuleusement choisis, là j'aurai p'tet cédé à la tentation. Ouais finalement, la révo c'est pas rigolo ... Trop de sérieux, moi i'm'faut d'la déconne, des blagounettes en veux-tu en voila, des farces qui provoquent un fou-rire général. J'te l'dis, tu trouveras rien de tout ça chez les rebelles.

                  Bon bref, une fois qui sera parti et j'pense qu'il va pas tarder à détaller, si ce n'est déjà fait, faudra, pour une putain de troisième fois, refaire la manip pour ces foutues aspirines ...

                  [hrp : assez short mais LA panne d'inspi quoi ... Si ça pose prob, mp-moi. Je pense que le sujet est clos pour ma part.]
                    Spoiler:


                    "Y'a un bar sur la place, chez Franky ça s'appelle. Dis qu't'es un ami de Bibi."

                    Pour la blouse blanche, ces quelques mots ont clos votre bavarderie. Il se retourne à son vacarne comme si t'existais plus. A vrai dire, il te laisse une sensation plus qu'étrange.Tu ne sauras jamais si le boss aurait été content qu'il vienne avec toi, il t'aurait occupé pendant l'voyage c'est sur, mais après? Va savoir. De toute façon, l'est trop tard, t'es pas le genre de gars taillé pour ces missions. T'as le charisme d'une chaussette que t'aurais gardé au pied plus de trois mois, alors ça n'aide pas. T'es juste bon à taper, c'est tout. Puis réfléchir aussi, mais moins souvent. Réfléchir, ça fatigue. D'ailleurs, t'admires un peu le matos du fou avant de partir. Et bah il se gène pas. Des produits valant une fortune, beishers, Cristallisoir, réfrigérant à boules, propipette, ... C'est du matos de pro, le genre de gars qui sait ce qu'il achète, et qui sait surtout l'utiliser. T'as vu que peu de fois du materiel de chimie de cette classe, et pourtant t'en as vu des blouses blanches dans ta vie. Ca te fait marrer et tu tournes les talons en gardant son visage dans un creux de ta mémoire. Tu dis pas un mot avant de partir, de toute façon ça ne sert à rien, t'es même pas sur qu'il t'entendrait. Il cache plutôt bien son jeux quand même, mais t'es casi-certain qu'il fera de grandes choses ce gars. Faut juste qu'un luron avec un peu plus de classe que toi le repère. Impossible? Oui sûrement, mais ce serait bête qu'une tête comme ça croupisse toute sa vie dans un bled aussi moche. Laissant ces idées se ballader dans ton crane, tu te diriges à l'aveuglette vers le centre de la ville. Depuis que t'es partis, plusieurs minutes ont dû s'écouler. Les gens sont tout aussi sympas qu'à l'allé. Les regards qu'ils te lancent crient à la tendresse, non! A l'amour et l'adoration... De la violence. A chaque crispement d'une de leur main, à chaque fois qu'un doigt sort d'une de leur poche, tu sens qu'ils pourraient en sortir une arme. Tu traverses quelques rues où plusieurs maisons semblent avoir subis des explosions, où des traces de sang jonchent encore le sol.

                    Tout semble être violence sur cette île. T'aimes bien faire voler tes poings, tuer quelques gens parfois, mais juste histoire de te détendre. Ici, c'est une hymne à la haine, et tu te rappelles que tu t'étais promis de partir le plus tôt possible de cette île. Oui mais voilà, ton ventre crie à un morceau de viande, et ton esprit à quitter cette île. Afin de savoir quoi faire, rien d'mieux qu'un petit pile ou face. Pile, c'est une course à la marathonienne suivis d'un concours d'enfourchage de steak de roi des mers finis en beauté par un engloutissage d'un océan de rhum. Tu sors ta pièce de l'une de tes poches et la lances loin en l'air. Dans trois secondes, atterrissage. Deux ... Un ... La pièce atterit directement à l'interieur de ta paume et tu la retournes sur le dos de l'autre main. C'est face. Tes nerfs se décrispent en remerciement tandis que ton estomac quant à lui se tord en tout sens par vengeance. Les mains maintenant confortablement installées et chauffées à l'interieur de tes poches, tu te mets à marauber en direction du bateau. Les rues sont si étroites que l'on ne pourrait y faire passer une charrette. En plus de cela, les murs sont tellement grands qu'à peine quelques brins de luminosité réussissent à éclairer ta route. On l'aura comprit, il n'y a rien d'mieux comme endroit pour sentir l'embuscade à plein nez. Tu marches donc l'ésprit aux aguets tout en gardant ton air de je-m'enfoutisteroyal.Les murs grisatres qui te dépassent de plusieurs metres te donnent une sale impression et rajoutent encore une note de lugubre. Soudain, t'entends un bruit dans l'une des ruelles perpendiculaires. Une demi seconde plus tard, ta main est dans ta poche intérieur, ta paume posée sur ton revolver. Le bruit se rapproche de toi, il provient de la prochaine ruelle qui croisera ta route. Ce sont des bruits de pas. Non, de course. Quelqu'un court vers toi. Ton six coups est maintenant pointé vers le carrefour devant toi. C'est tout prêt, tu vois l'ombre. La silhouette court comme une furie et traverse le croisement tout aussi vite. Tes nerfs se crispent alors plus qu'ils n'ont jamais été crispés. T'as eu la peur de ta vie ... à cause d'un gosse courant derrière sa balle?

                    Tu te vexes tout seul et marches maintenant en bougonnant des insanités que tu continueras à beugler jusqu'à ton arrivée à la base.