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“À père avare, fils prodigue.” Ou pas !

Avez-vous déjà entendu parler du rêve Amerzonien ? Non ? C'est que vous n'avez jamais été assez désespéré, tout simplement. Le terme de cauchemar serait plus approprié, mais s'il était utilisé plus personne ne viendrait immigrer sur cette maudite île. Encore une fois, "s'exiler" conviendrait mieux, cet endroit était la décharge humaine du gouvernement, la poubelle du monde, un lieu pire que le suicide puisqu'au moins en crevant la souffrance disparaissait. L'Amerzone était remplie d'hommes et femmes paradoxaux, trop lâches pour crever rapidement et suffisamment courageux pour affronter avec panache une vie de misère en enfer.

L'explication qu'avait trouvée Olek du haut de ses seize ans à cette incohérence était simple, l'humain était un animal qui s'adaptait à tout, pire qu'un cafard pondant ses œufs lorsqu'on l'écrasait, les hommes pullulaient même dans les environnements les plus hostiles, littéralement increvables. Et pourtant, dieu sait qu'ils étaient un paquet à clamser en Amerzone, tous les jours et de mille manières différentes, mais quelque fut la quantité de morts, les vivants étaient toujours plus nombreux. L'endroit était une destination touristique pour la raclure, un havre de paix pour les criminels, un parc d'attractions pour les sociopathes et voyait ses rangs se renflouer aussi certainement qu'un navire d'eau à cause de sa coque trouée. Tout n'était pas noir, l'espoir persistait, grabataire, mais encore vivant. Les gens du coin se plaisaient à penser que tout comme le temps qui transformait les restes et la merde en compost, la vermine d'Amerzone était elle aussi capable d'évoluer, de servir à quelque chose de plus grand et de positif.

Le jeune Olek n'était pas du même avis, il n'y avait rien de positif dans ce trou à rats, sauf si par positif ils entendaient la capacité d'un homme à exacerber ses défauts et enfouir six pieds sous terre ses qualités sous la pression permanente de ce royaume d'aliénés. Ici-bas, la moindre sympathie vous coutait une lame dans le dos, alors qu'un simple excès de violence, secondé par une force suffisante, vous ouvrez les portes d'un monde à la plénitude de vices. Olek l'avait compris très tôt, en Amerzone, une seule chose comptait : le pouvoir, que sa forme fût, physique, intellectuelle, sociale, politique ou financière, il était respecté et surtout craint. Ici, le pouvoir changeait de main quotidiennement, il se gagnait aux cartes, se prenait de force, se voler par plus habiles que soi. Il était en permanence testé, chatouillé et provoqué par des pouilleux opportunistes désireux de connaitre la gloire, aussi sale, courte et grotesque fut-elle.

Le fils de Druss commençait à rentrer dans les annales, au grand dam de son énigmatique et triste père. Sur un territoire où les gangs changeaient de chef plus souvent que la météo et ses saisons, Olek tenait bon à la tête du plus sanguinaire des clans depuis près d'un an. Grâce aux leçons de l'homme qu'il considérait comme son parrain, Red, l'adolescent avait pris possession de la ville; à seize ans il détenait le pouvoir de vie et de mort sur tout son petit patelin, officieusement bien sûr. Ses gars choisissaient d'où la drogue se vendait, par qui et à qui, protégeaient les prostitués et commerces locaux, récoltaient des taxes en échange et luttaient contre les groupes rivaux pour garder leur suprématie. Possédant un talent pour la débauche et la violence, le gamin tout juste sorti de l'adolescence vivait sa meilleure vie, en véritable pacha des bas-fonds. Il louait ses services et ceux de ses hommes au plus offrant, fracassant des têtes et brisant des rotules, allant du littoral aux marécages et jusqu'au désert.

Olek commençait à se faire un nom, ce qui ne présageait jamais rien de bon. Un beau matin, la gueule enfarinée et les mains baignant dans le sang d'un violeur récidiviste chassé jusque dans la jungle, un de ses gars vint le trouver. Les yeux fous et la bave aux lèvres d'avoir couru aussi longtemps, le type reprit difficilement sa respiration, le corps plié en deux et les mains sur les genoux.  Olek, impatient, fronça les sourcils et se redressa de toute sa taille, aussi menaçant qu'encourageant, le mec finit par ouvrir une bouche aux chicots de travers rendues noires par l'alcool de poudre.

- Boss ! C'est la Marine ! Ils sont en ville ! Un cuirassé énorme a accosté, ils retournent l'île à la recherche d'un homme !
- Qui ça ?
- Aucune idée, mais ça sent pas bon ! Parait qu'y'a même un vice-amiral à leur tête !

L'adolescent n'aimait pas ça, que venait foutre un gradé de la Marine en Amerzone ? La mine sombre, il s'essuya les mains à même le corps et cracha presque ses ordres avant de partir en courant.

- Va dire aux gars de faire profil bas, je vais voir c'est quoi ce bordel !
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Quelques jours plus tôt, Royaume de Bliss,

Il y a des journées ou on ne devrait pas sortir de chez soi. On est réveillé avec une casquette plombée et un terrible mal de crane par un connard de voisin qui fout une trempe à sa femme au beau milieu de la nuit, on sort pour pousser un coup de gueule et on se cogne le pied contre un putain de coin de meuble à la con, on balance le premier truc qu'on a sous la main sur l'occupant d'a coté et on s'aperçoit très vite qu'on vient de jeter son couteau préféré, et quand on s’arrête pour pisser sur le chemin du retour et on retrouve un hamster noyé dans le siphon.

Heureusement, l'agent Red n'avait pas d'animaux domestiques, ce qui posait évidemment toute une série de questions sur le propriétaire de l'endroit ou il avait passé la nuit, mais n'occultait en rien l'information principale que l'univers essayait de lui faire parvenir, quelque part, on lui préparait une journée ce merde.

Et ça n'allait pas s’arranger en arrivant au taff.

- Salut Red, toujours pas copain avec le respect des horaires hein ? Oh dis donc t'en as une sale gueule...
- Je t'emmerde, va mourir.
- Je suppose que tu connais pas la nouvelle !?
- Non, et j'en ai rien a foutre, dégage.
- Forcément tu la connais pas ! Je ne suis au courant que parce que j'étais en train de discuter avec la chargée de transmission quand c'est tombée.
- Mais pourquoi tu me parles putain, t'as pas d'amis ?
- Et la bam, truc de fou, une dépêche de catégorie prioritaire, super secret, brulez avant de lire et tout ça tout ça...
- Raaah, mais ou j'ai mis mon couteau... Bordel...
- Figure toi qu'on a retrouvé Bardanson ! Tu sais, Bardanson, le Vice amiral ! Druss Bardanson ! Marche machin !
- Hein ? Attends ! Quoi ?!
- Non, mais tant pis, je vois bien que ça t’intéresse pas du tout. Je te laisse...
- Oh putain non... Tu bouges pas et tu vas cracher ton info maintenant, sinon je te saigne !
- Ok ok. On se calme, et on fait attention avec ce crayon d'accord ?! C'est tout comme je t'ai dit, on a reçu une dépêche disant qu'on avait retrouvé le traitre Drus Bardanson... Pas de quoi s’énerver, de toute façon on a rien à faire, le QG a dit qu'ils s'occupaient de tout, c'est même Tetsuda qui s'en occupe, t'imagines ? Captain Acide en personne !
- Si c'est passé par ici c'est qu'on l'a trouvé dans le coin non ?
- Pas loin oui, un trou quelque part au sud... J'avais jamais entendu parler de ce coin, amerdingue, amerzingue...
- Amerzone !
- Oui voila ! Tu connais ?
- Non !
- Et tu vas ou ?
- Chez ta mère !

Déjà la porte du bureau local claquait loin derrière l'agent Red qui courait comme il pouvait vers le port, cherchant à organiser dans sa tête la chaine d'événements optimal à mettre en œuvre pour arriver en Amerzone avant le Vice amiral Tetsuda...

[...]


Amerzone. un voyage rapide et une gueule de bois plus tard

- Druss putain il faut bouger ! J'ai un bateau, des types qui diront rien, chope tes affaires, le môme, et on peut disparaitre ailleurs ! T'as réussi à te planquer des années dans ce trou, je t'en trouverai un autre !
- Comment tu as su pour moi ?
- Rah, mais c'est pas la question, on a pas le temps ! Y'a le vice amiral Tetsuda qui peut débarquer d'un instant à l'autre, t'as déjà entendu parler de ce type ?! On l'appelle Captain acide ! Captain acide ! Il a un logia et il capture pas les pirates, il les dissout !!
- Réponds à ma question.
- Tu veux vraiment qu'on en arrive la ? Tu crois que c'est ça qui est important ?
- Oui.
- Bordel ! Je le sais depuis des années. Quand je suis revenu ici pour la première fois je savais déjà que tes histoires de vieux marins c'était du pipeau, et que si tu te cachais dans le coin c'est parce qu'avant ça tu étais vice amiral jusqu’à ce que tu butes un amiral et que le gouvernement ne mette ta tête à prix une putain de fortune !
- Tu savais ? Depuis le début ?
- Ouais ! Ouais je le savais ! Parce que tu vois moi aussi j'ai menti tout ce temps ! Je suis pas devenu chasseur de primes la dehors Druss, je suis devenu un putain d'agent du Cipher Pol ! Combien tu crois qu'il m'a fallu pour te reconnaitre ?!
- UN AGENT DU CP ?! TU ME MENS DEPUIS TOUT CE TEMPS ! A MOI ?!
- TU CROIS QUE T'ES LE MIEUX PLACÉ POUR FAIRE DES REPROCHES ? TRAITRE !

BAFF

La mandale de Druss m'expédie à l'autre bout de la pièce et fait trembler toute la maison, coup de bol que j'ai le Tekkai et que j'ai touché une poutre, sinon on se prenait toute la maison sur la gueule. Et putain qu'est ce qu'il à la main lourde. J'ai mal jusque dans ma botte...

- Druss, je suis désolé, je suis désolé de t'avoir menti, et si tu veux on se reverra plus jamais après ça, mais s'il te plait Druss, il faut qu'on parte, il faut qu'on parte maintenant sinon ils vont te crever.
- Si ça se trouve c'est toi qui m'a balancé non ? C'est ce que font les agents du CP...
- Alors ça c'est dégueulasse. Je t'ai pas balancé parce que c'est toi qui m'a appris à montrer les dents et à me battre, toi qui m'a montré qu'il y avait un putain de monde au delà de l'horizon de ce trou puant ou je suis né, toi qui m'a aidé a partir et a devenir ce que je suis...
- JE NE T'AI JAMAIS AIDÉ A DEVENIR UN AGENT DU GM !
- Tu crois que j'ai choisi ? TU CROIS QUE J'AI CHOISI ?! Tu fais chier Druss, tu fais chier... Je parie que t'as pas choisi non plus hein ? Alors pourquoi tu fais ça ?

Mais Druss ne bouge pas, ne fais pas un geste dans ma direction, il est la, et c'est comme si le Druss bourru mais sympa que je connais depuis que je suis tout petit avait disparu. Et a la place il n'y a plus qu'un vieux coriace a l'air méchant qui me regarde comme si j'étais un asticot dans sa salade...

- Quand je suis parti la première fois je me suis échoué à Saint Uréa, j'ai trouvé des potes, une bande, des amis. On était bien ensemble, on s'entraidait. Et on foutait le bordel aussi, le bordel du genre révo, gueuler contre les injustices, faire chier les puissants et les oppresseurs, ce genre de conneries, on était jeunes, cons, et on se croyait immortel... Et puis un jour on a fait l'action de trop, et on a vu un agent du CP se pointer à la planque. Il a liquidé tout le monde... Tout le monde sauf moi. Parce que moi je voulais vivre, vivre encore un peu, à n'importe quel prix, même celui de vendre mon âme au GM...

J'ai su qui tu étais dés que ma formation a commencée. Y'a une galerie la bas, a Marijoa, avec les primes les plus recherchés, la tienne y est depuis que tu as foutu le camp. Je t'ai reconnu tout de suite. T'as pris un coup de vieux, t'as changé de look, mais pas au point de me tromper moi.

T'étais un traitre, et alors ? Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre ? T'es mon ami Druss, le seul que j'ai jamais eu ici. Alors je fais un sale boulot, mais j'ai une excuse, je le fais salement, et je balance pas les potes.

Pourquoi tu crois que je suis la a te demander de bouger hein ?!

Allez Druss, s'te plait. Déconne pas. Il faut se barrer...


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Druss l'observait en silence, une expression indéchiffrable sur le visage. À l'intérieur, derrière ses yeux noirs perçants, l'homme était las, las de fuir et de courir, il n'avait plus la force de refaire sa vie. Le poids des années et de ses crimes pesait sur ses épaules rabougries autrefois aussi larges que le monde. Au lieu de souffler résigné, de déblatérer toutes les raisons qui le poussaient à abandonner, il se redressa pour récupérer une petite boite en argent dans un tiroir. Ses articulations craquèrent et sa démarche clopinante le fit rire d'autodérision. Sa fleur de l'âge était depuis longtemps fanée, à moitié bouffée par les insectes du regret.

- Ah putain Red, si tu m'avais vu dans le temps ! Ton Captain Acide, j'en aurai fait qu'une bouchée !

Il se savait ridicule et se sentit encore plus vieux après ces quelques mots, mais les miettes d'une fierté oubliée n'avaient pas encore été complètement époussetées. Honorant leur petite tradition comme à chaque fois que Red revenait au bercail, Druss s'assit lourdement et tendit son étui à cigares à l'homme qu'il avait vu grandir. Égal à lui même, prêt à tout pour survivre, Red lui ressemblait en bien des aspects et probablement plus que son propre fils, une pensée saugrenue qui le fit rire. Les mains tremblantes, il parvint à allumer son cigare et s'enfonça un peu plus dans son fauteuil préféré, en cuir noir, déchiré et grisé par les années, son trône à lui.

- Tu peux garder la boite en souvenir mon grand. Je ne bougerai pas.

Un ton ferme, cassant, qui ne souffrait d'aucune hésitation et n'attendait pas non plus de réponses. Red eut l'intelligence de ne rien dire, mais son regard intense et perplexe semblait tout aussi sonore que n'importe quelle parole.

- Dans tous les cas je vais crever, si ce n'est pas décapité ce sera à cause de cette maudite blessure. On le sait tous les deux, j'ai déjà de la chance d'être arrivé aussi loin...

Comme pour appuyer ses propos, Druss toussa bruyamment et tacha sa tunique d'une giclée d'un sang noir et caillé. L'ex-vice-amiral avait un don pour le mélodrame, si ce n'était le sourire espiègle de vieux gredin qui vint gâcher la scène tragique du condamné aux portes de la mort. Avant que son ami ne puisse ouvrir la bouche et dans un nuage de fumée, Druss reprit de plus belle, sa voix légèrement adoucie.

- C'est ça que j'aime chez toi, tu réfléchis toujours avant de parler, pas comme Olek, mais c'est aussi ton défaut... Tu sais, à toujours te plier, à tout contrôler et à prétendre être quelqu'un d'autre... Un jour tu casseras, comme j'ai cassé, il y a cinquante ans. Si tu veux tout savoir, non pas que ç'ait beaucoup d'importance aujourd'hui, j'ai refusé de participer à un Buster Call qui aurait réduit des milliers d'innocents à l'état de poussière. Comme tu l'as si bien dit, j'ai fait même plus que ça, j'ai tué mon supérieur...  Ça n'a rien empêché, tu t'en doutes bien... Une ville entière a été rasée et ma tête mise à prix, mais bordel ! Que ça m'a fait du bien ! J'imagine que toi aussi tu dois avoir envie de zigouiller quelques-uns de tes collègues hein ?

Un clin d'œil complice, une petite touche d'humour et de légèreté qui ne fit malheureusement pas mouche devant la gravité de la situation. Olek profita de ce silence pour débouler en explosant la porte d'entrée d'un coup de pied. Le visage défiguré par la colère, les poings crispés à s'en blanchir les phalanges, il leur hurla dessus d'une voix criarde et aiguë n'ayant pas fini de muer.

- Alors comme ça t'es un traître ?! Et toi un agent du gouvernement ?!

L'adolescent les fusilla tous les deux du regard. Son monde entier n'était que mensonge, les deux hommes qu'il considérait comme ses héros, ses modèles, n'étaient autres que des vendus, des imposteurs. Olek repensa à toutes ces histoires de liberté, d'honneur et de valeurs, d'aventure avec un grand A, pour au final découvrir qu'on s'était bien foutu de sa gueule. Immobile, il se tenait dans l'entrebâillement de la porte, sans oser entrer, de peur d'ancrer définitivement dans la réalité tout ce qu'il venait d'épier, caché derrière le pan de la fenêtre. S'il avait pu, Olek les aurait frappés jusqu'à ne plus les reconnaitre pour extérioriser sa frustration. Dans cette optique et motivée par sa rage, il fit un pas en avant. Red siffla tout bas comme s'il calmait une bête enragée.

- Y'a plus important Olek, ton père est en danger et il refuse de bouger.
- Je sais, j'étais en ville. Y'a un vice-amiral qui vient le zigouiller. Peut-être bien que c'est une bonne chose !

Sa réponse fut cinglante, le gamin venait de parler sans réfléchir sous le coup de la colère et Druss se la prit comme un coup de couteau en plein cœur.
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- Parle pas comme ça de ton père !

La baffe part avant que je réfléchisse, mais c'est vraiment pas le moment de jouer les jeunes rebelles, on a pas besoin de ça ! La taloche claque sèchement sur le visage d'Olek dont la joue vire direct au rouge. C'était peut être un peu fort...

- C'est parce qu'il t'a rien dit tout ce temps que tu as pu continuer a vivre peinard dans le coin au lieu de finir crevé comme un chien. Tout ça c'est pour te protéger toi sombre idiot !

Et je parie que c'est aussi pour ça que le vieux à décidé de ne pas bouger et d'attendre stoïquement la mort ici, mais ça, c'est hors de question ! Mais si la marine est déjà au port alors tout se complique, et il n'est plus question d'embarquer tranquillement pour foutre le camp au plus vite avant qu'ils arrivent.

Mais le regard noir du môme me montre bien que tout ça lui passe au dessus, il n'a pas encore fait le lien, pas encore compris qu'on ne jouait plus mais qu'une vie bien salope venait de frapper à la porte pour tous nous passer dessus et bruler la maison. Rah, on a pas le temps pour ça.

-Druss, changement de plan, on oublie le bateau pour l'instant. Faut filer vers le désert. On peut s'y planquer des années et attendre que la marine meure de faim en te cherchant. Suffit de te trouver une planque, et ensuite je monterais un truc pour faire croire que tu as déjà filé. Les marines suivront ma piste, et tu pourras changer de coin...
- Et c'est toi qui sera en danger et qui finira comme moi, avec une étiquette de traitre et le gouvernement aux trousses. Non, c'est hors de questions. J'ai assez fui et je n'irais pas plus loin...

Je suis désolé de t'avoir menti Olek. Je ne suis pas sur que ce soit la meilleure décision que j'ai prise, mais je pensais avoir un jour le temps de t'expliquer...



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La puissance de la gifle lui fit siffler les oreilles et rougir la joue, mais ne parvint malheureusement pas à remettre de l'ordre dans ses pensées. Les yeux on ne peut plus fous, il fusilla Red du regard, mais ne bougea pas. La situation semblait lui passer au-dessus de la tête, ce jeune pouilleux d'Amerzone n'avait jamais eu à se frotter à la puissance de la Marine. Il n'avait aucune idée de la menace que représentait un Vice-Amiral et du danger qui pesait sur sa famille comme une épée de Damoclès. Tout puissant dans son petit bourg en chiasse et laissé impuni trop longtemps, l'adolescent ne connaissait ni l'amertume de la défaite, ni la souffrance de perdre un être cher. Seuls comptaient la vérité et ses idéaux de gosse.

- Et le Code alors ? Le temps de m'expliquer quoi ? Que tu n'es qu'un lâche ?

Olek cracha ces mots comme du venin, incapable de mettre de l'eau dans son vin. Druss tira longuement sur son cigare et ses yeux emplis de mélancolie semblèrent se perdre dans un souvenir lointain. Il prit son temps pour répondre, plusieurs minutes. Ce qui rendit son fils perplexe et Red un peu plus nerveux, l'horloge tournait et personne à part lui ne semblait s'en inquiéter.

- C'est bien pour ça que je t'ai inculqué ces règles, pour que tu ne finisses pas comme moi, en chien de la Marine. Et même si toute ma carrière j'ai essayé de faire le bien, je n'étais qu'au final un pantin, un pignon dans un engrenage qui nous dépasse... Rien qu'un minable pion sur l'échiquier cruel et sans pitié que les grands de ce monde bougent selon leur bon vouloir.
- Druss ce n’est pas le moment de faire de la philosophie... Continuez cette discussion plus tard bon sang ! Ou c'est notre sang à tous les trois qui coulera ! Lâcha Red exaspéré, mais père comme fils ignorèrent la mise en garde.
- Tu m'as toujours fait croire qu'on était le seul maitre de son destin !

Là était le problème, Olek voyait son père comme un être frôlant le divin, comme une entité que rien ni personne ne pouvait contrôler, qui ne représentait pas seulement le concept de loi, mais qui était LA loi. Le gamin vouait à son géniteur une sorte d'adoration cachée sous des airs de rébellion, un amour filial puissant et conflictuel, une émotion contradictoire. Le fils buvait ses paroles et ne vivait que par elles, en les interprétant souvent de travers. Olek était dépourvu de bon sens et possédé par une agressivité héritée d'une mère névrosée. Les valeurs inculquées par son père n'étaient donc que des limites à dépasser, surpasser et même piétiner. L'adolescent voyait en Druss un parangon de justice et de piété qui posait les bases de ce que lui-même s'autorisait à faire. Toutes les fondations de son monde s'effondraient, des larmes de frustration coulèrent sur ses joues. Druss y vit une peine qui n'existait pas et l'attira à lui dans une étreinte capable de briser la pierre. Le môme se laissa faire, immobile et crispé, sans savoir qu'il s'agissait là du dernier calin de son père. Olek n'avait pas dit son dernier mot, mais le regard implorant de Red réussit néanmoins à lui faire ranger les armes, pour le moment.

- On fait quoi maintenant ? dit-il toujours boudeur en repoussant son paternel.
- Comme je vous ai dit, on se casse dans le dé...
- BARDANSON ! SORT DE LÀ VIEUX TRAITRE !

Une voix puissante, des bruits de mousquets qu'on armait et des lames qu'on tirait au clair.
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Merde ! Merde ! Merde ! Putain on est déjà mort ! Je me sens comme un rat de laboratoire, coincé dans le fond de sa cage et qui voit la paire de gants du scientifique qui va le disséquer en train de s'approcher. Coincé, foutu, déjà mort et froid...

Y'a forcément un moyen de s'en tirer ! Réfléchis Red ! Réfléchis !

- Bon, on peut encore s'en tirer. Je sors, je brandis ma carte, je dis que je viens de fouiller et que t'es en fuite, et on gagne assez de temps pour te sortir de la. Sur un malentendu ça peut marcher.
- Red...
- Il suffit que j'arrive à éviter une fouille de la baraque...
- Red. J'ai fini de fuir. Je ne vais aller nulle part, je vais juste sortir d'ici et me laisser capturer.
- Mais...
- Et toi, tu vas t'occuper d'Olek. C'est lui que tu dois sauver aujourd'hui.
- J'ai besoin de personne, on va sortir et se battre !
- Je compte sur toi Red. Je vais aller marcher un peu dehors maintenant...
- Druss...
- Rends pas ça plus difficile Red. Et toi Olek, écoute le !

Druss inspire et se redresse de toute sa hauteur, nous rappelant soudain que le vieil homme fatigué et malade a été autre chose autrefois, une force de la nature, une puissance dont le nom résonnait sur les mers, dont le pouvoir faisait trembler ses ennemis et galvanisait ses alliés, dont le simple regard pouvait paralyser une légende. Une putain de légende.

Druss la légende.

- JE SORS !

Olek fais un pas pour suivre son vieux mais je lui crochète la nuque pour l'en empêcher, aussi bourrin que prévisible le môme me colle un direct en plein foie. Vicelard, méchant, prévisible. Le poing du gamin s'écrase sur mon ventre que le Tekkai rend aussi solide qu'un bloc d'acier, et pendant qu'il se demande sur quoi il vient de taper, mes doigts remontent jusqu'a sa gorge, et d'une pression précise, je le fume.

Pour sortir de la je préfère encore me coltiner un poids mort.




Dernière édition par Red le Lun 21 Aoû 2023 - 11:59, édité 2 fois
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Tandis que Druss marchait fièrement vers sa mort, son fils sombrait dans l'inconscience, assommé et trahi par l'homme qu'il considérait comme son oncle. Il ne se réveillera que plusieurs heures plus tard, avec un mal de crâne lui rappelant la dernière fois qu'il s'était fait piétiner la tronche par un troupeau de phacomoshères. Red n'y était pas allé de main morte, la situation critique avait exigé une réaction immédiate, pragmatique et un tantinet violente. Une des nombreuses facettes de son travail était de sortir vivant de ce genre de bourbiers infernaux. L'agent du gouvernement connaissait Olek comme s'il l'avait fait. Le gosse était déjà dur à raisonner en temps normal, la seule solution pour lui sauver la vie était de recourir à une violence expéditive, quitte à lui faire perdre les quelques neurones qui lui restaient.  

Bien sûr, toute cette logique passait à des lieux de la grosse tête embrumée d'Olek, qui à peine ses esprits retrouvés se jeta hystérique à la gorge de Red. Quelques gifles plus tard et un nez cassé, je vous laisse deviner celui de qui, l'adolescent se calmait enfin. Il lançait des regards noirs à son aîné et tentait tant bien que mal de contrôler ses tremblements. Il voulut parler, l'insulter, lui cracher toute sa rage au visage, mais sa voix cassée et incompréhensible d'une personne au bord des larmes le trahit. Il ferma donc sa gueule et s'assit en tailleur dans le cabanon de chasse au milieu des marécages, leur planque de fortune.

Il était hors de question qu'il laisse son père mourir, quitte à crever pour l'extirper des mains de la Marine. Son paternel était tout ce qu'il avait, tout ce qui lui restait de bon dans la vie, il était le dernier bastion de sa lutte interne entre le bien et le mal. Sans lui, l'adolescent n'était rien, rien d'autre qu'une énième raclure sans scrupule qui ne savait parler qu'avec les poings et déverser sa rage sur le monde. Avec Druss, il était quelqu'un d'autre, une personne un peu plus pure et moins égoïste; capable de rêver d'autres choses que de simplement forniquer avec la grosse Berta et se défoncer la gueule à la Broue, l'alcool local à base de poudre à canon.

Olek allait devoir ruser, monter un plan pour manipuler Red. Rien que d'y penser, le gamin se sentit autant dépasser par les événements que par la puissance que l'homme au chapeau rouge représentait pour lui. Mentir, ce n’était pas son genre, il ne savait pas faire et n'en avait jamais eu besoin. Il décida donc de suivre les conseils qu'il avait reçus d'un vieux roublard joueur de poker : "au lieu de créer un mensonge de toutes pièces, utilise plutôt une partie de la vérité pour dissimuler tes intentions".

- Red, laisse-moi partir, tu n'es rien pour moi ! Pour nous ! Tu n'as aucun droit de te mêler de ça ! S'il te plait...

La sincérité du moment et les émotions étaient bien là, aucun doute. Nul besoin de jouer la comédie tant sa colère et son impuissance étaient excessives face au mastodonte d'inflexibilité face à lui. La voix tremblante sans faire d'effort, Olek reprit de plus belle. C'est là que tout se jouait.

- Laisse-moi au moins le voir mourir... Accompagne-moi, enchaine-moi, fais ce que tu veux, mais je dois être présent ! Pour lui !  Je me dois d'être là et de le regarder dans les yeux quand il partira... Même si c'est de l'autre côté de la rue ou cacher derrière une fenêtre ! Red ! Putain... Tu peux pas me faire ça...

Encore une fois, la vérité, rien que la vérité. Ses yeux brillaient non plus de rage, mais de douleur et de tristesse. Un œil averti y verrait également une timide lueur d'espoir que le gamin peinait à dissimuler par manque d'expérience. L'adolescent avait son gang en ville, s'il pouvait simplement les rejoindre, alors peut-être qu'Olek aurait une chance de sauver son père. Red tomberait-il dans le panneau ?
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- Ce n'est pas une bonne idée. Je sais que c'est difficile à entendre, je sais que tu penses que je suis un parfait fils de pute de te retenir ici au lieu d'aller sauver ton père, et dans le fond t'as pas complétement tort, mais ça ne change rien. Tu n'as aucune idée de la puissance du type qui t'attend la bas. Je pourrais te démolir sans transpirer avec une main dans le dos, et le type la bas ferait pareil avec moi. Tout ce que tu gagneras a aller le défier ce sera de mourir avant ton père, et au lieu de laisser Druss partir la tête haute en sachant qu'il t'a sauvé, il partira comme un type qui a tout perdu avant de mourir. Plus tard tu finiras par le comprendre, et tu me remercieras...

Ou pas évidement. Mais j'ai l'habitude qu'on me déteste, c'est le quotidien de l'agent de terrain alors je peux continuer à vivre avec, faire des choses immondes et dégueulasse mais toujours dans l’intérêt supérieur de quelque chose de plus grand, la paix dans le monde, le gouvernement mondial, ce genre de conneries. L'agent du Cipher Pol c'est le gestionnaire du transit du gouvernement mondial, on ne l'aime pas parce qu'il pue, mais on en a quand même besoin pour éviter que la merde déborde.

Mais la, je doute aussi, même si je sais très bien que rien ne peut plus sauver Druss et qu'aller l'aider n'est qu'une façon compliqué de se suicider, j'ai envie de croire qu'on pourrait tenter un truc. Alors comment ne pas comprendre le môme qui n'a pas mon expérience du terrain...

Mais comme l’instructeur le disait, avec de l'audace on peut tout entreprendre, pas tout réussir. Et mon boulot maintenant ce n'est plus de sauver Druss, c'est de sauver Olek...

Un boulot qui en plus me permet de rester lâchement en vie, une fois de plus.

Je crois que Druss m'a trop bien cerné finalement.

Je me dégoute. J'aurais du mourir avec les autres il y a longtemps.

Qu'est ce que disait ce connard de révo déjà ?

Ah oui, les héros ne connaissent pas la mort, les lâches ne connaissent pas la vie.

Quel salopard...

- Si tu y tiens vraiment, on peut essayer d'assister à l’exécution. Mais très franchement, je te le déconseille. Ton père t'a fais ses adieux, il voulait que tu souviennes de lui debout, marchant vers la fin qu'il a choisie. Je sais que c'est dur. Je sais que tu en veux à tout le monde. Mais le voir se faire trancher la tête sur un billot ne t'apportera rien de plus.


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Les paroles de Red firent mouche, annonçant une triste vérité que l'adolescent n'était pas prêt à entendre, qu'il n'encaisserait même jamais vraiment. Bien sûr que ce lâche avait raison, Olek le savait au plus profond de son âme déchirée. Avait-il seulement le choix ? Comment pourrait-il se regarder dans un miroir s'il laissait son père mourir sans tenter quoi que ce soit ? Le gamin avait la rage, mais ce qui le faisait trembler de la tête au pied n'était pas de la colère, mais bien une peur quasi insurmontable. Red avait raison, il ne pouvait imaginer la puissance colossale de l'ennemi. Si l'homme qu'il avait toujours vénéré se comportait de manière craintive devant l'envoyé du gouvernement, Olek ferait mieux de se terrer dans son trou comme le rat difforme qu'il était.

Mais malgré toute la logique du discours de Red, le môme ne pouvait s'y résoudre. Son aîné semblait vouloir se convaincre lui-même qu'il prenait la bonne décision, le doute planait dans son esprit aussi certainement que l'effroi dans le cœur d'Olek. L'homme au chapeau rouge, la personne qu'il idolâtrait depuis aussi longtemps qu'il puisse se souvenir, n'était au final qu'un homme, avec ses faiblesses et défauts, son égoïsme et ses démons. De quel droit l'adolescent pouvait-il contraindre un lâche à risquer sa vie pour un père qui n'était pas le sien ? Tous ses rêves d'enfant et espoirs d'un dénouement heureux partirent en fumée dans la fournaise impitoyable qu'était cette réalisation. Olek ne pouvait compter que sur lui-même et ce qui tuerait son père aujourd'hui n'était ni Red, ni la Marine, mais sa propre impuissance. Cette réalité désabusée lui donna suffisamment de courage pour agir.

Il se redressa de toute sa hauteur, manquant de quelques millimètres de s'assommer contre l'une des poutres. Son regard flamboyait de détermination là où quelques secondes auparavant ne régnait qu'une détresse misérable. Olek s'essuya les larmes d'un revers de manche et se gifla une dizaine de fois, perdant au passage ses dernières dents de lait récalcitrantes. L'homme qu'il voulait devenir devait faire face à la calamité, aujourd'hui et maintenant.

- Tes conseils, tu peux te les carrer où je pense, je ne vivrai pas ma vie en lâche comme vous !

Il parvint à cracher ces quelques mots avec un mépris cinglant né de sa propre infériorité. Sa voix avait retrouvé son timbre vulgaire et insolent ; son esprit, sa limpidité douteuse. Sûr de lui, le gamin prit la direction de la sortie, mais Red s'interposa une nouvelle fois. Olek prit quelques secondes avant de répondre, pesant cette fois-ci le poids de ses paroles et leurs conséquences avant de les laisser flotter dans l'air.

- Je te fais la promesse de ne rien tenter. Ma parole reste et restera inviolée, contrairement à la tienne. Tu peux m'accompagner si tu veux, mais après ce jour, je ne veux plus jamais te voir. Maintenant, laisse-moi passer.

Une sentence qui tombait sans surprise. Terminées les tentatives de sauvetage et les pulsions suicidaires, Red avait au moins gagné ça. Il ne restait rien d'autre qu'une résignation froide et sa responsabilité de fils. Olek assisterait à la mise à mort de son père. Il témoignerait de ses derniers instants, la seule chose qu'il pouvait faire sans perdre la face. Triste ironie que pour qu'il puisse garder la tête haute, l'enfant doive regarder celle de son père rouler dans la boue.
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Les paroles d'Olek font d'autant plus mal qu'elles frappent terriblement justes, même si le môme n'en sait foutrement rien. Je me souviens parfaitement du jour ou je suis devenu un lâche. Je m'en souviens comme si c'était hier et ça me brule toujours autant les entrailles à chaque fois que mon esprit me renvoie la bas. Je revoie les potes, Joris, Stan, Kenny, Kyle et Lizzy, je les revoie se battre, je les revoie affronter l'agent du gouvernement, courageux, féroces, unis ! Et aussi dangereux pour ce salopard qu'une portée de chatons qu'on écrase dans un sac avant de le jeter à l'eau.

Et je sens à nouveau cette peur brulante qui m'a saisit à l'idée de mourir la bas, cette peur de la mort qui me liquéfiait les entrailles, cette idée intolérable que pour moi tout allait se terminer ici, que j'allais y passer comme les autres, comme un sacré héros de la révolution. La bas j'ai fait face à la mort et je me suis aperçu que malgré mes espoirs d'héroisme je n'étais pas un héros de roman, et que pour gouter à la vie, pour survivre juste quelques minutes de plus j'étais prêt à toutes les compromissions, a toutes les trahisons, même les plus infâmes.

Je me dégoute peut être quand je me regarde un peu trop dans un miroir. Mais dans le fond je sais très bien que ça reste mieux qu’être mort. Et ce n'est pas un vieux dicton révo a la con qui me fera changer d'avis.

Mourir bêtement en héros c'est la voie de la facilité. Moi je me bats, je me bats et je survit ! J'espére qu'Olek le comprendra un jour. Et en attendant, je peux bien faire un dernier geste pour le môme.

- Ok, on y va. Mais tu pourras pas dire que je ne t'ai pas prévenu. Quand ce sera fini je resterais avec toi jusqu'a ce que la marine ait foutu le camp du coin, que tu tentes pas un truc débile. Et ensuite tu feras ce que tu voudras.

Je sais que je vais perdre Olek aussi surement que Druss. Mais c'est aussi bien. Avec moi qui l’empêche de faire le con il pourra me détester, me haïr, se dire que s'il n'a pas bougé c'est uniquement de ma faute. Et ça lui évitera de se retrouver dans la même situation que moi autrefois, a faire un choix qui le poussera se détester tout seul.

Je suis vraiment désolé que ça se finisse comme ça Olek.

Vraiment désolé.

- Allez bouge.


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Druss était un îlot de calme au milieu du vacarme de la ville en ébullition. L'annonce de sa mise à mort avait attiré toute la plèbe crasseuse des villages et marais avoisinants. Le traître retrouvé marchait la tête haute au milieu de cette marée humaine hystérique. Sans être très heureux de la présence du gouvernement, les Amerzoniens jubilaient d'avoir encore et toujours de l'action, du sang et de la violence. Un quotidien dont la racaille locale ne se lassait jamais. Ils balancèrent à la gueule du condamné des tomates et des œufs pourris jusqu'à ce qu'il en soit recouvert entièrement. Il n'y eut cependant aucun débordement, Tetsuda marchait aux côtés de son prisonnier sans qu'aucune éclaboussure ne l'atteigne, et ses soldats d'élite formaient un périmètre de protection que les voyous du coin s'abstenaient bien d'approcher ou de bousculer.

Perdu dans ses pensées, l'ex-Vice-Amiral Bardanson n'était qu'à moitié présent. Étrangement, ce n'était pas sa vie qui défilait devant ses yeux, mais celle de son abruti de fils. Alors qu'il montait sur l'échafaud de fortune créé pour l'occasion, une question vint s'afficher en lettres de feu dans son esprit. Qu'allait devenir Olek ?! La mort ne lui faisait pas peur, au contraire, il l'attendait et l'esquivait depuis si longtemps, ce serait comme retrouver un vieil ami qu'on boudait sans trop se souvenir pourquoi. Pourtant, c'était bien la peur qui lui nouait l'estomac, la peur d'abandonner à son sort la seule chose qu'il n'avait pas complètement ratée : son fils. Du moins, il aimait à le croire, il était si facile de se mentir à soi-même.

Olek était semblable à un électron libre chargé négativement, à un aimant attiré par les problèmes, à une mite attirée par la lumière. Une sorte de page blanche destinée à être salie par l'encre noire du pinceau de la cruauté. Druss avait tenté de le protéger à sa façon, ou plutôt de protéger le monde du cataclysme qu'il représentait, en lui inculquant le Code et en le gardant le plus éloigné possible du reste du monde civilisé. Ici en Amerzone, le seul mal qu'Olek pouvait faire avait une chance sur deux d'être soit causé à un criminel, soit à un animal mortel. En dehors, c'était une autre affaire. Les bêtises qu'il commettrait finiraient tôt ou tard par entraîner de nombreuses victimes innocentes.

Le père imaginait déjà son fils débarquer la bite et le couteau à l'air pour essayer de le sortir de ce bourbier, se forçant un passage ensanglanté au milieu des civils et des soldats comme s'ils n'étaient que de vulgaires herbes hautes. Red était probablement la meilleure chose qui ait pu arriver au gosse. Il le garderait en vie, en laisse, l'empêcherait de commettre l'inévitable, quel qu'en soit le prix. C'était égoïste de la part de Druss de lui laisser un tel fardeau, il en était conscient, mais que pouvait-il faire d'autre à quelques secondes de se faire raccourcir ?

Une pensée insidieuse vint alors gratter de ses griffes acérées sa quiétude intérieure : était-ce seulement une bonne chose que son fils survive ? Sa lignée maudite ne ferait-elle pas mieux de s'éteindre avec lui ? Le monde ne s'en porterait que mieux...

Une rage née d'une vie d'injustices vint subitement écraser la peur qui lui lacérait les entrailles, réduisant à néant cette idée de filicide. Hors de question que l'univers s'en sorte à si bon compte. Olek serait sa vengeance, la dernière pomme empoisonnée tombée de l'arbre désabusé et fatigué qu'il était. Son enfant devait vivre, envers et contre tout. À genoux, Druss parvint à élever sa voix par-dessus le vacarme écœurant de la foule en délire.

- OÙ QUE VOUS SOYEZ, N'INTERVENEZ PAS !

Une pointe d'inquiétude, mais surtout une autorité infaillible, ses paroles firent tomber un lourd silence de plomb sur l'esplanade. Le vice-amiral Tetsuda sourit devant cet affront, avant d'éclater d'un rire mesquin face à cette soudaine démonstration de sa puissance d'antan et à ce qu'elle signifiait. Une perversion sans bornes fit pétiller ses yeux d'excitation.

- Alors comme ça il y a des personnes assez folles dans le public pour essayer de te tirer de là ? Des personnes qui t'aiment beaucoup, j'imagine... Magnifique ! Ta mort n'en sera que plus délectable !
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Mes doigts s'ancrent dans l'épaule d'Olek, transformant son prochain hurlement de défi en un grognement de douleur étranglé. Je sais exactement ce que va faire ce salopard la bas, moi aussi on m'a formé pour ça, moi aussi je l'ai déjà fait.

Et c'est aussi pour ça que je ne voulais pas venir.

- Brave gens d'Amerzone, aujourd'hui vous assistez à un spectacle d'exception, celui d'un criminel qui reçoit enfin son châtiment. Et quand je parle de criminel, il s'agit d'avoir commis le pire de tous les crimes, la trahison. Ce chien qui s'agenouille devant vous à fait pire que voler ou tuer, il a trahi les siens, bafoué ses serments, abandonnés ses alliés et ses convictions.
- Ce sont les amiraux dans ton genre qui font le plus de mal à la marine, c'est votre violence et votre brutalité qui poussent vers la révolution tout les hommes qui s'engagent dans la marine pour en protéger d'autres...
- Ce n'est pas à toi que je parle Druss...

Le bras de l'amiral devient d'un vert translucide et gluant pendant qu'il saisit le visage de Druss agenouillé devant lui, je peux presque sentir le bruit et l'odeur de l'acide rongeant la chair, la main de l'amiral dissout tout ce qu'elle touche, les cheveux fondent, le crane se couvrent de cloques, et la main de l'amiral plonge à travers la joue de sa victime, transformant la moitié de visage en un horrible charnier qui fait presque reculer d'horreur le premier rang de la foule...

Mais malgré la brulure qui doit le consumer au delà de tout, Druss n'offre pas un cri à l'amiral. Désormais presque incapable de parler il se contente d'un glaviot sanglant sur les bottes lustrés du fils de pute qui le tient à sa merci...

- J'ai marché aux cotés d'officiers dont tu n'arrives pas à la cheville. Ton acide me fait l'effet des coups de langue d'un chiot !
- Essayons au sabre alors !

Le sabre de l'amiral se dresse et s'abat, mais c'est le bras de Druss qui vole dans les airs, teintant d'écarlate les planches de l'échafaud ou on l'a jeté. Le pied de l'amiral se change a son tour en acide pendant qu'il pousse le vieil homme au sol, tout en cautérisant par la même occasion le trou béant que le sabre lui a laissé à la place de l'épaule...

- Alors vieille charogne ?! Ou sont tes amis maintenant ?! Y'a t'il vraiment des gens qui viendrait sauver ce bout d'homme ?!

Ma main se plaque sur la bouche d'Olek qui me mord jusqu'au sang en essayant de se libérer de ma prise. Je tente de le forcer à détourner le regard mais je n'y arrive pas. Pas plus que je ne peux détourner le mien du supplice de mon plus vieil ami. Mais il n'y a rien que je ne puisse faire pour lui... Rien d'autre que d’empêcher Olek de le rejoindre.

La bas Tetsuda n'est toujours pas satisfait du spectacle, au lieu de la loque qu'il attendait, des pleurs et des supplications, le vieil homme s'est redressé encore une fois. Et dans son visage mutilé, son regard noir de défi est toujours braqué sur l'officier qui le tue.

- Demande pitié sale traitre ! Demande pitié ou je vais dissoudre lentement chacun de tes membres !
- Je n'ai aucun regret. J'ai vécu comme je l'ai voulu, et c'est moi qui choisir de mourir ici.

Et soudain Druss n'est plus un vieil homme agonisant devant son bourreau, mais un géant tout puissant contemplant l'insecte qui pense le briser, c'est comme si sa présence emplissait l'espace, comme si son esprit s'adressait directement à tous les témoins, leur communiquant sa confiance, son absence de haine, sa sérénité devant la mort et le bilan de sa vie...

- tu n'es que mon instrument... Amiral...

Le sabre frappe, la tête de Druss roule sur le sol, autour de la scéne les gens s'effondrent comme des marionnettes dont on viendrait soudain de trancher les fils, pendant que l'amiral titube devant le cadavre qu'il n'a pas pu supplicier a son aise, devant l'homme qui vient de gagner son dernier duel en le forçant à frapper a la seule force de sa volonté...

Adieu Druss.


Je ne crois pas que je reverrai un jour quelqu'un comme toi.


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Druss était mort.

Druss était mort, et avec lui périssait l'humanité déjà bancale d'Olek. Son empathie venait d'être décapitée de la même manière que la tête de son père roulant dans la boue. L'enfant ne serait plus jamais le même, traumatisé et l'esprit cassé, incapable de faire face à l'impitoyable réalité. Son regard sembla s'éteindre, et il ne bougea plus. L'orphelin resta ainsi, inerte et bloqué, même lorsque la place centrale se vida, que les marines quittèrent l'île et que le soleil tomba. Il fixait la flaque de sang, incapable de détourner ses yeux des derniers vestiges de son père. C'était donc à ça que se résumait la vie d'une personne ? À du sang et de la chair ? Des viscères et de la merde ? Tout le reste n'était donc qu'une illusion ? Des paillettes pour cacher l'horreur de la mort et l'absurdité de vivre ?

La réponse à ses questions vint s'ancrer plusieurs heures plus tard en lettres de feu dans son esprit torturé : effectivement, la vie d'un homme n'avait aucune valeur, alors à quoi bon la respecter ? Ce fut avec cette clarté malsaine récemment découverte et sous une pleine lune aux rayons rougeâtres qu'Olek bougea enfin. Silencieux, il se releva comme s'il sortait d'un long coma, un revenant parmi les vivants. Ses yeux fatigués croisèrent alors ceux de Red qui patientait non loin, agenouillé sur les marches d'une échoppe fermée. Un rictus haineux déforma le visage de l'adolescent quelques secondes. Sa bouche s'ouvrit comme pour lui vomir toute sa rage jusqu'à s'en étouffer, mais aucun son n'en sortit.

Olek se rendit compte qu'il n'avait plus rien à lui dire, aussi injuste que cela pût être, il souhaitait la mort de cet homme aussi fort que celle du Marine qui venait de tuer son père. Pourtant, incapable de mener à bien sa vengeance, l'adolescent ne pouvait que regarder vers l'avenir, aussi sombre et chaotique fut-il. Son impuissance flagrante et son inaction se transformaient en une rancœur fuyarde et une aversion profonde envers le seul être qu'il pouvait tenir pour responsable : Red. Pour continuer à vivre et à se regarder dans un miroir, pour aller de l'avant et pour se séparer de toute culpabilité, le garçon n'eut d'autre choix que d'emprunter la route de la haine et du déni. Il n'offrit rien d'autre en guise d'adieu qu'un molard entre les bottes de l'agent du gouvernement avant de disparaître dans une ruelle.

À partir de ce jour et à jamais, la violence et l'alcool seraient ses meilleurs amis.
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