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[Q] Quand faut y aller...


L’architecte était connu comme étant une légende du folklore de Karantane et surtout des sphères scientifiques du Gouvernement Mondial. Certains chercheurs croyaient en l’existence de ce qu’ils considéraient comme une entité intemporelle ; tandis que d’autres parlaient d’un mythe à ne pas prendre au sérieux. C’était cette fascination commune du moment pour ce « phénomène de la nature » qui avait conduit la brigade scientifique à dépêcher une unité pour le récupérer. Sa soi-disant longévité intriguait bien de personnes avides de savoir. Pour ces quelques têtes pensantes et bien pleines, il était l’heure de l’étudier et si possible le disséquer pour comprendre ce qu’il était. Nul doute que des recherches sur lui permettraient au Vegapunk actuel et à sa troupe d’améliorer l’espérance de vie de l’humanité dans son ensemble. L’engouement était donc conséquent sur ce projet passionnant qui promettait monts et merveilles pour le gouvernement mondial. Après tout, moult gouvernementaux rêvaient de vivre une vie bien plus longue, bien plus riche. Égaler les géants qui vivaient pendant des siècles serait déjà un pas considérable pour les humains dans leur ensemble. De quoi pousser la brigade scientifique à organiser une expédition à Karantane avec à sa tête un contre-amiral pour la sécurité, des fois que.

Malheureusement, l’expédition périlleuse fut soldée par un échec retentissant et sanglant. Sanglant, oui, c’était le mot juste ! En effet, tous les officiers de la marine qui s’étaient aventurés dans la fameuse tour avaient été massacré d’une traite, à l’exception d’un seul marine qui avait réussi à s’extirper de cette boucherie sans nom et non sans grosses séquelles : entre ses multiples blessures, son œil gauche et son bras droit en moins, il y avait de quoi compatir. Même le contre-amiral y était passé. De quoi poser les bases d’une quête difficultueuse qui ne pouvait se décanter que par la force. Les scientifiques avaient clairement besoin d’un plus grand talent que celui d’un contre-amiral pour parvenir à leur fin. En attendant, ces derniers s’étaient rapidement retranchés dans la caserne de la 12 section de Karantane avant de faire leur rapport à leur QG. Ils avaient réussi à extirper des informations au seul survivant du premier corps expéditionnaire et ce malgré son traumatisme, qui, plus tard, l’avait cloué dans un lit et lui avait fait perdre la tête. Jamais ce dernier n’avait connu pareille désillusion. Devant cette pierre d’achoppement, l’intervention de l’ingénieur James Wiener fut considérée pendant un temps, mais ce dernier était déjà occupé sur un autre front. Alors, les regards se tournèrent vers d’autres options…

Vers bibi, surtout. Sur suggestion d’un membre scientifique qui me connaissait bien.

Tout s’était alors rapidement décanté, si bien qu’en quelques jours, ma petite flotte accosta à Karantane. J’avais dû laisser derrière-moi la pauvre Yamiko qui en plus devait s’offrir une prothèse par une scientifique de Bulgemore. En foulant « l’île » du pied, de mauvais souvenirs affluèrent dans mon esprit. Des flashs me revenaient encore sur l’assaut de deux flottes de Kiyori qui avaient mis à mal mon équipage et la section locale du coin ; ce qui m’avait malheureusement poussé à quémander l’aide du tristement célèbre Joe Biutag -et de son acolyte du moment, un certain Mahach. Aide qui m’avait valu en contrepartie de lui remettre une lettre de recommandation pour intégrer le corps des corsaires. Une humiliation qui avait entaché mon CV, si l’on puit dire ainsi. De quoi me pousser à pester en essayant de faire de l’ordre dans mes pensées. Meilan, mon bras droit de toujours, devinant ce qui se passait dans ma caboche, me tapota l’épaule gauche sous un petit rire amusé. Le geste était certes réconfortant, mais il me fit grommeler comme un gamin. L’endroit me mettait définitivement de mauvaise humeur. Accroché à mon épaule comme le serait un koala à une branche, mon kung-fu dugong se mit à me porter des coups sur la tête pour m’inciter à avancer et à aller au charbon. Faut croire que j’avais même plus le droit de me plaindre, moi ! A s’demander qui commandait cet équipage...

De quoi m’arracher un gros soupir, avant que j’ne me dirige vers le gigantesque bâtiment de la marine qu’on pouvait apercevoir à l’horizon, depuis le point où nous avions accosté.

Une fois sur place, le commandant Phol nous accueillit avec plus d’enthousiasme que la dernière fois où nous étions venus marcher sur ses plates-bandes. Sans mon intervention stratégique lors de ma dernière visite, il serait six pieds sous terre lui et ses hommes. L’officier avait donc de la gratitude et un peu plus de sympathie pour moi. Qui plus est, le décolleté hyper plongeant de Meilan n’était pas sans l’émoustiller, puisqu’il lui souriait à chaque fois de façon très très intéressée. De quoi exaspérer la concernée qui levait à chaque fois les yeux en l’air, blasée par l’attitude d’un commandant pas du tout à son gout. Trop maniéré. Trop propre sur lui-même. Clairement pas son genre, à tous points de vue. La scène était lourde pour ma cousine certes, mais elle était au demeurant cocasse de mon point de vue puisqu’elle eut le don de me faire sourire pour la première fois sur l’île. Sourire qui ne passa pas auprès de Mei’ qui m’assaillit de plusieurs coups de coudes dans les côtes, ce qui m’amusa encore plus. Toutefois, cette atmosphère légère ne dura point, puisque la délégation scientifique vint rapidement à ma rencontre pour me briefer sur la situation. Il s’en suivit donc plusieurs heures d’échanges dans une salle de réunion apprêtée pour le moment où on me donna toutes les infos nécessaires pour mon intervention à venir :

Le lieu, le comportement du fameux architecte, ainsi que ses compétences au combat.

Un sabreur. Un vieux d’la vieille. Armé d’un meito apparemment légendaire.

De quoi m’arracher un sourire.

J’étais clairement pas venu pour rien, heh !
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- « Putain… Il ne l’a pas loupé… » Chuchota Meilan, debout à mes côtés.

- « Tu m’ôtes les mots de la bouche… » Susurrais-je à mon tour.

Après la réunion avec les scientifiques, j’avais pris la direction de l’infirmerie pour m’enquérir de l’état du survivant. Voir pas moi-même ce qu’il était advenu de ce pauvre marine. Une fois sur place, force était de constater que c’était plus grave que ce qu’on avait pu me décrire... Milner Alisson, vaillant lieutenant de la régulière, végétait dans l’un des lits médicalisés de l’infirmerie. Alors qu’une soigneuse lui changeait méticuleusement ses bandages, nous pûmes, Mei’ et moi, voir l’étendue des dégâts. Hormis ses membres en moins, il présentait plusieurs écorchures sur la moitié gauche de son visage avec un œil crevé. Son pied gauche s’il n’avait pas été arraché, était fourré dans un plâtre qui en disait long sur les fractures qu’il avait dû subir. Son œil, vide de toute vie était perdu dans le vague, tandis que sa bouche à moitié ouverte laissait s’échapper de la bave encore et encore. Il avait un air hébété qui ne trompait pas : le traumatisme qu’il avait vécu lui avait tout simplement brisé l’esprit. Milner était bon pour la casse tout simplement. Pendant quelques secondes, une réflexion triste me traversa l’esprit : ce lieutenant aurait dû mourir. Une vie comme ça n’était clairement pas enviable ; là où une mort instantanée lui aurait évité un futur sombre et certainement solitaire. Les chances pour qu’il s’en remette étaient quasi-nulles. Des comme lui, j’en avais tellement vu dans ma carrière que je savais par avance ce que l’avenir lui réservait ; et ce d’autant plus qu’il ne semblait pas avoir de famille qui l’attendait…

- « Sortons d’ici, Salem… S’il te plait. »

Compressant mon kung-fu dugong qu’elle avait récupéré contre son buste, Mei était définitivement mal à l’aise et toute aussi désolée que moi. Elle n’attendit même pas que j’acquiesce, qu’elle prit directement le chemin de la sortie. Si elle en avait vu des vertes et des pas mûres comme moi, il n’en demeurait pas moins qu’elle ne s’habituait toujours pas à ce genre de visions. Nous étions bien entendu conscients qu’il s’agissait des risques du métier, mais à quel prix, in fine ? Ce n’était même pas comme si la cible de cette quête faisait des dégâts comme les forbans ou les révolutionnaires un peu partout dans le monde. Un constat presque rageant pour moi, à un tel point que je serrai fortement mes poings et ma mâchoire. D’ailleurs, si la demande ne venait pas de frères d’armes de la scientifique, je n’aurais tout simplement accepté cette intervention ou je l’aurai sciemment échoué une fois sur place pour refiler la patate chaude à quelqu’un d’autre. Néanmoins, quand il faut y aller, faut y aller comme on dit. Qui plus est, avec mon récent retour après quelques années sabbatiques à réfléchir à mon rôle dans les rangs, je ne pouvais pas faire la fine bouche. Il fallait donc regagner la confiance de tous et prouver que j’étais à ma place malgré mon combat perdu face à Kiyori. Cela passait donc par ces petites missions impératives pour le bien du plus grand nombre. Pour le bien du plus grand nombre hein ? La réflexion m’arracha un rire jaune…

Avant que je ne sorte à mon tour après avoir tourné le dos au pauvre Milner complètement désœuvré.

***

- « J’irai tout seul. Des objections ? »

Une heure plus tard, nous étions dans le réfectoire de la caserne. Autour de moi se trouvaient tous mes hommes de main. Le repas que nous partagions était plutôt bien cuisiné. C’était pas tous les jours qu’un ragout avait aussi bon gout dans une caserne assez reculée de la marine. Néanmoins, ledit ragout demeurait quand même fade, sans doute en raison de la raison de notre présence sur Karantane. Entre ce que nous avions vécu ici par le passé et ce qui était advenu au contre-amiral ainsi qu’à toute sa troupe, il y avait de quoi être dégoûté. Pour en revenir à l’instant présent, personne ne contesta ma décision. Meilan eut un soupir et se contenta de donner la becquée au kung-fu dugong. Koko, notre cuisinière continuait de fumer les yeux happés par le vide. Bryan le gros bras de l’équipe, haussa les épaules et continua à manger en silence ; tandis que Melvis le sniper m’adressa un sourire sympathique comme pour dire que tous s’attendaient à une telle décision de ma part. Si elle paraissait logique et sage, ladite décision était également inspirée par le fait que l’architecte semblait être un bretteur assez puissant pour me tenir tête. De ce fait, le plus susceptible de le neutraliser sans le tuer ou le blesser grièvement, c’était toujours bibi. Des faits dont tous avaient conscience, d’où le silence de mort après mon interrogation. Il avait même une certaine tension dans l’air, quelque peu palpable, comme si nous n’étions définitivement pas à notre place ici.

- « Très bien. Meilan et Melvis, j’aurai besoin que vous m’accompagnez jusqu’à la tanière de ce monstre, juste au cas où. Vous resterez à l’extérieur de la tour pendant que je règle le problème à ma manière ; mais si j'ai besoin d'aide je vous ferai signe via denden. C’est ok pour vous ? »

- « Vos désirs sont des ordres, mon amiral. » Répondit calmement Melvis.

- « Oui… Si tu veux… » Ajouta Meilan, sans conviction, l’air complètement absente.

Un blanc s’installa à la suite de leurs réponses, avant que je ne soupire moi-même en touillant mon ragout à l’aide de ma cuillère.

C’était bien la première fois que mon équipage (moi inclus) était peu enclin à effectuer une mission de cette envergure.

- « Haut les cœurs mes amis ! » Qu’avais-je fini par clamer, ce qui ne récolta que des acquiescements silencieux.

Cette soirée promettait d’être terriblement longue…
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- « Sinistre comme on pouvait se l’imaginer, heh… »

- « Tu t’attendais à quoi ? Il est dedans depuis on sait pas combien d’années ! »

- « Et c’est moi qui vais me taper tout le boulot, hein… »

- « C’est ta propre décision, môssieur le vice-amiral ! »


Les répliques presque cinglantes de Mei m’auraient presque fait mal au cœur en temps normal, mais l’heure n’était pas spécialement à la détente. Postés à quelques mètres de la gigantesque tour du fameux architecte, j’me grattai le menton d’un air songeur. A l’horizon, le soleil se levait à peine, preuve que nous étions déterminés à régler très rapidement cette affaire pour passer à autre chose ! D’ailleurs, j’pouvais me mâcher le travail en la détruisant illico presto sous deux trois coups de sabre, mais les scientifiques avaient été catégoriques : ils voulaient explorer l’édifice de fond en comble ! Au-delà de l’intérêt qu’ils avaient pour la chose qui investissait ces lieux, cet endroit sinistre digne de Thriller Bark pouvait contenir des trésors. Et qui dit trésors d’un point de vue scientifique dit documents cumulant de nombreuses années de recherches. Du travail de longue haleine. Dans le cas en l’espèce, parler de siècles de travail serait on ne peut plus précis. C’était assez spécial de se dire que la vieillerie qui s’y trouvait avait autant de vécu si ce n’est même plus que celui d’un géant normal. Ça forçait le respect quelque part. Respect tout relatif cependant lorsque je repensai au massacre perpétré par cette chose et l’état désastreux d’Alisson.

- « Bon, j’y vais. Si j’suis pas de retour dans deux heures et que mon denden ne répond pas, vous savez ce qu’il vous reste à faire… »

Mei’ eut un soupir, tandis que Melvis eut un petit rire moqueur. Il me voyait mal perdre. Moi aussi d’ailleurs, tiens. De la prétention ? Un peu. Difficile de ne pas l’être à mon niveau. Péché d’orgueil des plus grands. S’il fallait rester bien évidemment humble et ne pas verser dans la vanité, je n’avais jamais été du genre à me mésestimer totalement. J’avais bien entendu eu des périodes de doutes… Parfois très longues… Mais j’finissais toujours par me ressaisir et aller de l’avant. Aller de l’avant, c’est d’ailleurs ce que je fis. Je marchai tranquillement jusqu’à la tour délabrée qui présentait quelques affres du temps : parties manquantes/détruites à certains endroits, fissures çà et là, mousse et poussières…. Bref, le classique pour ce genre d’architecture. Cependant, une fois devant l’entrée, pas moyen de pénétrer le bâtiment. J’actionnai à plusieurs reprise la poignée de la porte, mais niet ! Haussant alors les épaules, un coup de poing bien senti détruisit l’obstacle qui se dressait devant moi. Y’avait plus qu’à entrer hein ! Mei se perdit dans un facepalm, tandis que Melvis était hilare. Est-ce que je calculai ces deux énergumènes qui se désolidarisaient de leur supérieur. Faut croire qu’on a l’équipage qu’on mérite. Un mauvais karma que j’payais quelque part…

Après avoir enjambé les planches brisées de la porte que je venais de démolir sans trop réfléchir, je me mis à avancer tranquillement dans les ténèbres de l’endroit. Très vite, je me mis à éternuer à plusieurs reprises. L’endroit était non seulement poussiéreux à souhait et l’odeur pestilentielle qui y flottait n’arrangeait absolument rien. Le moisi, le vieillot, le sang… Bref… Tout un florilège de sensations olfactives plus que désagréables. Qui plus, mis à part quelques rayons presque lumineux qui traversaient les interstices çà et là, l’endroit était terriblement sombre. De ma poche, je sortis alors un briquet pour m’faire un peu de lumière, tout en regrettant de ne pas avoir spécifiquement ramené un escargophone torche. Avec un tel gadget, ça aurait pu être plus facile. Fort heureusement, lors de mon avancée, je tombai sur une vieille torche en bois que j’enflammai avec mon briquet. Elle fut toute d’suite pratique, puisqu’après avoir rangé mon briquet et l’avoir récupéré, je l’utilisai pour bruler devant moi une multitude de toiles d’araignées se dressant sur mon chemin, ce qui me permit d’accéder à un gigantesque hall où une vision d’horreur m’attendit sous la lueur de ma torche : les corps déchiquetés du premier corps expéditionnaire gisaient piteusement au sol…

Mais je n’eus même pas le temps de me faire à vision horrifique et à la puanteur des lieux qu’une voix métallique et grinçante se fit entendre…

- « SOOOOOORTEEEEEEEZ DE MAAAAAAA TOUUUUUUUUUUUURRR !!! »


Ça, c’était fait ! Mais si n’importe quelle autre personne aurait eu la trouille de sa vie, j’étais pour ma part assez blasé, avec les sourcils froncés. Néanmoins, je restai sur mes gardes, puisque je dégainai tout de même mon meito au cas où. En agitant légèrement un peu partout la torche autour de moi, j’essayai d’avoir un champ de vision plus large. Mais à peine avais-je fais un pas en avant qu’une ombre sortit de nulle part et fonça vers moi à une vitesse effarante, face à moi. Haki et réflexes obligeant, j’plaçai mon meito devant moi, en opposition, comme un bouclier et contrai in extrémis ce qui fut alors un coup d’épée ! Mais même pas le temps d’esquisser un autre geste que l’ombre se fondit déjà dans l’obscurité. Mais contrairement à ce qu’on pouvait croire, j’avais eu le temps de le voir… Et de comprendre à quoi j’avais affaire. Qui plus est, avec l’Observation et ma capacité à évaluer la force de mes adversaires, j’eus donc une vague idée des compétences que cette chose détenait. De quoi m’arracher un bref soupir ! S’il était bien plus faible que moi, il n’en demeurait pas moins assez puissant pour concurrencer les plus grands de ce monde, comme la plupart des membres de l’amirauté en place. Assez d’ailleurs pour avoir commis un gros massacre…

- « Enchanté, monsieur… ? Enfin… Pouvons-nous parler un instant, s’il vous plait ? »

- « JAMAIS ! HORS DE MA VUE OU SINON MON COURROUX S’ABATTRA SUR VOUS ! »

- « Bah, au moins il est poli au point d’me vouvoyer… »
Que j’me murmurai à moi-même, dépité mais m’étant attendu à cette tournure.
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Le problème avec les émotions fortes comme la haine et la rancœur, c’est qu’elles étaient autant des moteurs puissants que des faiblesses criardes. Et si l’architecte s’en était longtemps servi comme moteur pour terrasser tous ceux qui osaient fouler sa tour, ces vifs sentiments allaient le desservir cette fois-ci. Car sitôt qu’il alla se réfugier dans la pénombre, l’espèce de petite chose mécanique, d’une impulsion soudaine, revint à la charge, lame tendue vers l’avant. Manifestement, l’objectif pour lui n’était pas de dessiner une attaque oblique qui me déchiquèterait de haut en bas, mais plutôt de m’assener un coup d’estoc brutal qui me perforait en un coup. Malheureusement, son attaque était pour moi tellement vue et revue que je n’eus aucun mal à la contrer d’un coup sec, via un revers du plat de ma lame qui était plutôt large et solide. De quoi envoyer bouler plus loin le nain qui fit plusieurs roulades en avant, à même le sol, avant de disparaitre une nouvelle fois dans les ténèbres. On aurait presque dit un lapin ou un chat bondissant qui n’arrêtait pas de courir partout, misant tout sur sa mobilité impressionnante et sa force de frappe pour plier très rapidement ses combats comme il l’avait dû faire toute sa vie. Tactique plutôt intelligente, d’ailleurs.

- « Plutôt bluffant… »

Cependant, grâce au haki et malgré sa vitesse plutôt impressionnante, je pouvais entendre le bruit de ses pas de courses au sol, preuve qu’il ne restait absolument immobile en un point, préférant bouger pour sans aucun doute jauger l’angle d’attaque qui serait parfaite pour lui. De quoi le pousser à bondir vers moi, une troisième fois, depuis mon flanc gauche pour porter un coup dans le vide. Ledit coup, s’il ne me visa pas spécialement, eut quand même le mérite de créer une fine lame de vent assez consistante pour fendre le bois de ma torche. La partie enflammée de ma torche déjà bousillée tomba alors au sol et roula sur quelques mètres, avant d’être éteinte par une mini brise sans doute brasée par le tranchant de son épée. Autant dire qu’il savait y faire. Si ses compétences à l’escrime s’étaient développées avec les années, c’était quand même impressionnant de se dire qu’il s’était formé lors de rares combats dans son tour, uniquement. La voie du sabre ou plutôt le bushido dans sa globalité exigeait d’un bretteur d’effectuer des voyages pour confronter sa lame à celles d’autres épéistes de talent. Nul doute qu’il aurait fini surpuissant s’il ne s’était pas reclus dans cette tour ô combien symbolique pour lui. Réflexion assez effroyable quand on y repensait…

Mais alors que nous étions plongés dans l’obscurité totale, l’architecte qui se déplaçait à une vitesse phénoménale et qui semblait même nyctalope, m’attaqua dans le dos. A l’ouïe du sifflement bien caractéristique de son sabre qui fendait clairement le vide, je pouvais expressément dire qu’il adoptait encore une fois l’estocade, histoire de me poignarder bien profondément. Cependant, au grand dam de mon adversaire, je disparus comme par magie de son champ d’action, avant de réapparaitre derrière lui non sans initier un geste un geste de coupe partant du haut vers le bas. Surpris, la chose eut le réflexe, presque gymnastique de pivoter sur elle-même pour contrer mon attaque via un revers qui dégagea mon geste, avant d’enchainer par un mouvement de coupe dans le sens contraire ! Un deuxième revers qui eut le mérite de me couper au niveau de l’avant-bras gauche faisant gicler mon sang, alors que mon ennemi se dépêcha comme d’habitude de se replier stratégiquement. Mais plutôt que d’enchainer, il resta alors sur place et ne put s’empêcher de s’exprimer de sa voix hostile et gutturale : « C-COMMENT EST-CE POSSIBLE ?! » Mais à peine eut-il le temps de finir sa phrase que comme par magie, mon meitou était à quelques centimètres de lui arracher son bras armé…

CLAANGG !!!!!

Le choc de nos lames engendra un énorme bruit métallique et déclencha une bourrasque qui balaya tout autour de nous. Il faut dire que si j’y avais quand même mis un peu du mien, l’architecte, lui, avait contré ma seconde contre-attaque in-extrémis. Mon attaque fut assez lourde et puissante pour lui faire ployer un genou au sol, mais il s’arrangea pour glisser entre mes jambes et s’enfuir ensuite en prenant les escaliers qui menaient aux étages supérieurs ! Je pouvais même l’entendre grincer des dents dans sa fuite, ce qui occasionnait un bruissement désagréable à l’ouïe. Suffisant pour m’arracher un soupir. Comment est-ce que j’avais pu me battre à armes égales avec lui dans le noir complet ? Simple ! J’avais non seulement un haki de l’observation aiguisé qui me permettait de sentir les mouvements adversaires, en plus de m’être plusieurs fois entrainé par le passé en me privant de la vue. Si on rajoutait à ça mes réflexes de combattant aguerri, on avait donc une personne qui savait y faire dans ces conditions peu probables ; même si j’étais loin d’égaler les aveugles ou les nyctalopes de même niveau que moi, clairement. Du reste, c’était aussi ce qui faisait la différence : le gap de niveau entre cette chose et moi, qui, sans être abyssale était tout de même significative…

Je m’en étais aperçu et il avait également fini par s’en rendre compte d’où sa fuite…

Mais dans cette courte passe d’armes, il avait quand même pris l’avantage : celui de me faire quand même saigner !

1 à 0 pour l’architecte, donc.
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Il m’avait fallu enjamber des obstacles à l’aveuglette pour arriver aux escaliers qui menaient au premier étage : les corps des marines recouverts de mouches qui bourdonnaient comme jamais. Autant dire que c’était un festin dégueulasse pour ces saloperies, en plus des asticots et autres joyeusetés qui avaient dû se joindre à la fête depuis. Pour le coup, j’étais bien content qu’il n’y ait pas de lumière. J’avais vu pire, mais je ne souhaitais tout d’même pas contempler cette hécatombe. Tout ça pour la curiosité malsaine des scientifiques de notre faction. Y’avait des jours comme ça où j’me demandais si je servais le bon camp… Néanmoins, j’effaçai vite ces idées de mon esprit pour ressortir mon briquet et me faire un peu de lumière pour aller jusqu’aux escaliers. Là, je les montais lentement jusqu’à une marche qui semblait légèrement plus creuse : la vérité était que j’avais actionné un mécanisme qui m’envoya une hache en pleine tronche. Mais d’un coup d’épée, je brisai ladite hache avant qu’elle ne m’atteigne et je continuai sereinement mon chemin. Là-dessus, j’arrivai au premier étage enfin. Mais mon adversaire n’était pas là. Il était plus haut. Bien plus haut. Et j’allais devoir me coltiner une montée qui avait l’air bien chiante. Autant dire que j’étais pas veinard pour le coup, mais qu’importe…

Le premier étage n’abritait rien de vraiment spectaculaire, si bien que je passai au deuxième en un rien de temps. Là, rebelote : mécanisme cliché d’un piège classique. Une multitude de flèches empoisonnées fusèrent vers moi. De quoi me pousser à les repousser sans grand effort à l’aide de ma lame, sans même chercher à les esquiver ! Une promenade de santé. Et, une fois au troisième étage, j’actionnai une trappe dans le plancher qui m’aurait sans doute fait chuter jusqu’au grand hall sombre de rez-de-chaussée, mais geppou oblige pour rapidement revenir là où j’étais avant que le piège ne se referme. Mais alors que j’aurai pu continuer comme ça sur plusieurs étages, j’eus un soupir de lassitude, avant de lever ma gueule et assener un coup d’estoc dans le vide, en direction du plafond. L’action eut pour effet de brasser de l’air au niveau de la pointe de ma lame et de générer une grosse boule d’air bien compacte et semblable en tout point à un boulet de canon XXL ! Inutile de dire qu’elle brisa complètement tout ce qui se trouva sur son chemin et ce jusqu’au sommet de la tour. Le boucan provoqué par mon action fit alors sonner mon escargophone portatif. Mei et Melvis devaient surement s’inquiéter, surtout que cela devait bientôt faire un bon p’tit moment que j’étais à l’intérieur. Mais rien de trop grave…

Hormis un bras qui saignait plus ou moins abondamment.

Avais-je pris la peine de répondre ? Oh que non. De toute façon, Mei qui avait également une vivre card pouvait voir en temps réel si j’allais crever ou non. Pas la peine donc de m’embêter à lui répondre. Ou peut-être appelaient-ils plutôt pour savoir si l’architecte avait clamsé in fine ? Va savoir… Peu importe. Ils n’auraient qu’à patienter sagement que j’revienne de moi-même. Des geppos s’en suivirent aussitôt à travers les gros trous que j’avais engendré dans les paliers des différents étages, avant que je n’arrive en un temps record au sommet de la tour. Moins sombre. On était arrivée dans un pallier tout aussi large que le hall et qui ressemblait à s’y méprendre à un vieux labo : des câbles électriques çà et là, des instruments d’opérations/dissections et de constructions mécaniques, une gigantesque cuve en verre qui avait dû abriter le corps du propriétaire des lieux dans un liquide douteux (classique)… Bref, autant dire que ça puait la science, les recherches et un soupçon de Vegapunk avant l’heure. Plutôt impressionnant comme endroit. Qui plus est, des rangées de livres et de parchemins s’étaient chaotiquement entassées dans des bibliothèques vieillottes qui avaient su résister à l’épreuve du temps, le tout recouverts de poussière. Autant dire qu’il n’avait pas du tout chômé, notre fameux ancêtre…

- « Tu vaaaas mour- »

- « Oui, d’accord, j’ai compris, j’ai compris ! On peut continuer ce qu’on a commencé ? »
Coupai-je immédiatement.  

Et cette fois-ci, le silence. Un silence de courte durée puisqu’il fut suivi rapidement d’un grincement métallique qui en disait long. Le robot était entrain de serrer les dents sous la colère et la frustration. Il étant encore situé dans une bonne partie de la pièce encore sombre où seul son regard semblait scintiller de colère. Haussant les épaules, j’me fis rapidement la réflexion qu’il était inutile de combattre encore dans ces conditions. Cette fois-ci, un peu de lumière ne serait pas de refus. C’est sur cette idée que je levai mon épée non pas devant moi, mais plutôt à droite afin d’effectuer un geste de coupe dans le vide. La gigantesque lame de vent engendrée rasa tout ce qui était sur son passage. L’architecte n’eut pas le temps de réagir, qu’une bonne partie de sa pièce fut complètement pétée, avec le mur qui allait avec et une bonne partie de son matos vieillot qui aurait pourtant pu intéresser les scientifiques. Pas comme si c’était mon problème cela dit. Je n’avais absolument plus rien à foutre de leurs ordres de missions. Mon objectif différait quelque peu : briser suffisamment ce fou pour venger ses victimes et récupérer ce qui semblait être un meitou en sa possession. D’ailleurs, le trou béant dans le fameux mur laissa un halo de lumière pénétrer la salle et ainsi chasser les ténèbres, dévoilant pleinement la gueule de l’architecte…

- « Un nain cyborg et épéiste. J’aurai tout vu dans ce monde, sérieux… »

- « Un c-chhiiiieeeeennen du G-Gou-Gouvernement ne saurait pas ce qu’est le transhumanisme... »

- « Un chien, rien que ça ! Sinon pour le reste, pas comme si j’avais çà à faire et çà à foutre, je dois bien t'avouer… »
Qu’avais-je répliqué en soufflant du nez.

Nouveau grincement de dents pour mon interlocuteur. Le grand final promettait d’être explosif !
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Malgré ma réponse blasée, j’avais une mine pour le moins interloquée. Devant le corps cybernétique du nain, je ne pouvais être qu’admiratif. Comme si cet homme avait été en avance sur son temps. C’était donc ça, le transhumanisme ? Garder son cœur et son esprit dans un tas de ferraille plutôt bien assemblé ? Bluffant. Oui. Mais flippant aussi. Il n’y avait pratiquement plus rien d’humain en lui. Plus de muscle, presque plus de peau, hormis le haut de son front dégarni et certainement tout son crane puisqu’il avait encore une longue chevelure surplombant tout cet amas de fer qui le constituait. Ses yeux n’avaient également plus rien d’humain… On pouvait dire sans se fouler qu’il avait réussi sa transformation… Même si ce n’était pas quelque chose d’enviable, de mon point de vue. Et puis, vivre des siècles dans la rancune ? Pourquoi faire ? Qu’est-ce qu’il attendait depuis ? Qu’est-ce qu’il avait espéré tout ce temps, sérieusement ? Un retournement de situation au niveau du Gouvernement ? Comme si c’était possible… A tous égards, on pouvait plaindre ce vieillard voire le comprendre, mais c’était difficile d’être empathique quand on voyait sa gueule déformée par la colère et surtout le corps qui gisait à ses pieds et dont les galons sur l’uniforme ne faisaient pratiquement aucun doute : le contre-amiral gisait à ses pieds…

Et le plus choquant était sa lame qu’il avait planté dans son corps. Une lame que je ne connaissais que trop bien…

Comment avait-il pu mettre la main sur le fameux Shodai Kitetsu ? Depuis quand l’avait-il ? Plus je l’observais et plus les questions fusaient dans ma caboche. Mais était-ce vraiment le moment ? Entre le saccage plus bas et le corps d’un ex-collègue à ses pieds, il n’y avait même plus à hésiter. Sauf que voilà : la lame du meitou se mit à changer de teinte comme par magie. Comme si elle était réellement marquée par une malédiction qui ne disait pas son nom. Les rumeurs à propos des Kitetsu seraient-elles fondées ? Bonne question là encore. Mais pas le temps de trop m’y pencher, puisque que je pris une posture de garde en sentant l’aura meurtrière et affolante qui entourait petit à petit le meito sanguinolent et son propriétaire ! A travers mon haki, je pouvais le sentir. Cette chose alimentait encore un peu plus la haine du nain cyborg qui frôlait tout doucement le côté berserker de la force. Une fois le métal noir devenu complètement rouge, un sourire sadique se dessina pour la première fois sur la gueule de mon adversaire. Et derrière, un rire. Un rire dément et guttural ! Le genre qui vous glaçait le sang… Qui vous faisait frissonner de terreur. Mais me concernant, j’arrivais tout de même à rester plus ou moins stoïque et à résister à cette vague démoniaque qui avait également l’air de vouloir me corrompre salement…

- « J’arriveeeee... »

Et d’une seule impulsion brutale, l’archiviste bondit vers ma direction comme un fauve ! Déplacement brusque et presque instantanée, digne d’un soru. Sa lame s’abattit sur moi comme une guillotine. Mon réflexe fut de mettre en opposition ma propre lame, mais à la dernière seconde, l’archiviste changea de trajectoire et me tailla le flanc gauche ! « NGGGGGGHH !!!!! » La blessure m’arracha un râle de douleur, tandis que la chemise blanche que j’avais arboré prenait une teinte à ce niveau-là ! Je voulus immédiatement répliquer en lui assenant à mon tour un coup de sabre, mais mon vis-à-vis esquiva facilement et recula à la suite de plusieurs petits bonds pour prendre de la distance. Faut dire qu’il venait de m’avoir là et pas qu’un peu ! En reprenant une posture de combat, il s’élança vers moi une seconde fois ! Bien téméraire d’un seul coup le loustic, il fallait l’avouer ! De quoi m’arracher un sourire jaune alors que je lui décochai une lame de vent ! Cependant, il l’esquiva de justesse sans même chercher à la contrer et anticipa mes actions puisqu’il mima un coup d’estoc devant lui pour m’empaler alors que je me ruais sur lui pour ne pas lui laisser le temps de réagir. Un soru me fit cependant disparaitre de son visu, avant que je ne réapparaisse derrière lui pour lui porter à mon tour une attaque. Mais comme s’il s’y était également attendu, le cyborg contra mon assaille après avoir passé son arme carmine dans son dos, presque à l’aveuglette.

- « Heeeeeh… »

Autant dire qu’il avait changé. Clairement changé même. L’aura malsaine lui avait donné un boost non négligeable sans pour autant qu’il perdre pied et donc dans la folie pure. Pour ma part, si j’étais plus ou moins sauf, c’était surement parce que j’avais des nerfs d’acier et un pouvoir de conquérant qui faisait de moi un homme peu influençable de ce côté-là. Avoir le royal et finir par se faire prendre par ce genre de pièges serait une honte. L’idée finit par me faire dédramatiser la situation et par me faire légèrement rire. L’archiviste haussa un sourcil, peu certain de comprendre pourquoi j’étais amusé alors que j’étais dans la panade. Entre ses coups qui faisaient mouche et les miens qui ne donnaient rien, il fallait avouer qu’il avait un sacré avantage. Pensant alors que je devenais fou sous une situation qui me dépassait, la vioque se mit lui aussi à se marrer comme un dément comme pour faire écho à mon propre rire, mais aussi pour se foutre clairement de moi. Cependant, son rire cessa immédiatement lorsqu’en en une fraction de seconde, il perdit complètement son bras gauche sans avoir pu esquisser le moindre geste. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte et le corps tétanisé, l’architecte resta immobile, avant de se retourner lentement pour voir que j’avais en main son bras et que je le regardai de façon on ne peut plus sérieuse…

- « Bon, du coup… Et si on s’y mettait sérieusement ? »
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- « Comment est-ce possible… ? »

- « J’suis juste devenu sérieux. C’est tout. »


La désinvolture avec laquelle je venais de lui sortir cette vérité laissa l’archiviste bouché bée. D’ailleurs, ce salaud ne saignait pas du tout. A croire que la ferraille avait vraiment tout remplacé chez lui. J’observai son bras de façon plus ou moins hautaine, avant de jeter le bras plus loin, comme si je n’en avais rien à foutre. Et c’était vraiment le cas : j’en avais rien à foutre. Là, j’allais tout simplement l’éclater avec toute ma force à déployer. Fini de jouer. Ça allait saigner… Quoique… Avec lui, ça allait plutôt démonter… ? Ouais… ? Non… ? Peu importe, car dès lors et sans trop gamberger, tout se passa très vite. De rage, le robot décrépi se jeta, prêt à en découdre. Il supportait pas qu’un plus jeune que lui vienne faire la loi dans sa demeure. D’ailleurs, il était tellement vénère qu’il s’enroba de son haki combattif pour faire très mal et tel un papillon, il se mit à danser autour de moi. Ses coups venaient presque de nulle part, mais j’avais un coup d’avance, puisqu’avec mon haki, je pouvais anticiper ses mouvements et les contrer, voire les éviter tranquillement. Et plus les secondes s’égrenaient, plus il se rendait compte du fossé réel qui nous séparait. Nous ne jouions pas dans la même cour, clairement. Imbu de moi-même ? Pas vraiment. Plutôt lucide sur mes forts et réaliste : je tutoyais enfin la cour des plus grands…

Un peu las de ce combat qui s’éternisait, je me mis également à contre-attaque. C’était donc un duel frontal d’épéistes qui s’affrontaient de manière classique et on pouvait même entendre nos lames resonner de loin. Elles s’entrechoquaient encore et encore, à un tel point que les ondes de choc produites par les perpétuelles collisions de nos épées détruisaient l’endroit petit à petit en faisant voler des objets un peu partout ou en créant des trous béants çà et là. L’architecte donnait tout ce qu’il avait, mais cela ne suffisait pas. Ni son haki inférieur au mieux, ni sa force de cyborg, ni sa lame de premier rang qui tentait toujours de me conditionner à sa rage, sans succès. Notre confrontation me donnait raison sur une chose : ce n’était pas le meito qui faisait le bretteur, mais bel et bien l’inverse, tout simplement ! Et ce meito-là, il allait me revenir de plein droit. Après avoir lâché le kokuto yoru, il fallait bien que je m’en trouve un à la hauteur de mon talent… Ce sabre maudit collait à la perfection à ce que j’attendais d’une arme de ce calibre. Nul doute que je tracerais mon chemin et mon épopée avec elle. Je le sentais. Je le savais. Un peu comme si elle m’appelait. Pas de raisons que je réponde. Notre destin commun était en marche… Et il était inéluctable plus que jamais. Plus qu’un obstacle à éliminer, tout bonnement.

- « SOOOOORRRRRRRS D’IC- »

Le pauvre cyborg n’eut point le temps de finir qu’en un coup sec, je déviai de force l’une de ses attaques, avant de trancher proprement son pied droit. Ce coup eut pour effet de le déséquilibrer et de le faire rouler sur quelques mètres. Une fois encore, je pus constater qu’il ne saignait absolument pas. Il y avait des bouts de câbles électriques en tous genres qui sortaient de ce qu’on pourrait appeler ses moignons, mais rien de liquide. Pas du sang. Pas d’huiles ou de graisse. Rien. Devant ce spectacle, je me fis la réflexion que je n’avais pas à affaire à un cyborg, mais plutôt à un robot. Un putain de robot qui avait peut-être conservé son cerveau, quelque chose comme çà. D’ailleurs, en dépit de son état, il réussit à se relever et à se tenir début en prenant appui sur son épée ; mais à peine avait-il compris ce qui lui arrivait que mon propre meito vint lui sectionner le bras droit qui tomba piteusement au sol. Privé de la plupart de ses membres et donc d’une quelconque défense, le nain se mit à hurler comme un fou furieux. Sa voix grave et métallique faisait même vibrer les fondations d’une tour relativement précaire. Pour ma part et même s’il me faisait mal aux oreilles, je me penchai vers sa lame qui perdit petit à petit sa couleur sanguinolente. Puis, d’un seul coup, le silence. L’architecte arrêta de hurler et de gigoter son tronc dans tous les sens.

- « Putain, pas trop tôt ! »

Le fait qu’il s’arrête d’un seul coup était bien entendu intriguant, mais au moins, mes oreilles pouvaient arrêter de vriller et de bourdonner. Conscient de sa défaite, le robot pour conserver son honneur sauf ouvrit sa bouche et ses yeux comme un possédé. Et dès lors, la lueur claire et l’énergie qui s’accumulait dans son corps ne faisaient aucun doute : il voulait se faire sauter, l’enfoiré ! Mais c’était sans compter ma gueule qui se froissa de colère et tout mon être qui lâcha alors une vague bien sentie de haki royal. Le fluide ébranla complètement l’architecte, qui, malgré son statut de robot/cyborg/automate (rayez les mentions inutiles) ressentit une émotion qu’il avait oublié depuis des siècles durant : la peur. Il se mit alors à trembler sur lui-même et arrêta son processus d’autodestruction sans même s’en rendre compte. Au bout de quelques secondes, il évita même mon regard et continua de gigoter sur lui-même. Pour ma part, je l’observai d’un œil torve pendant un moment, jusqu’à ce que je me décide de choper un pan de sa longue chevelure pour le trainer derrière moi. L’objectif étant accompli, il était inutile de rester ici plus longtemps. C’est donc avec mes deux meitos et ce qu’il restait du robot que je quittai les lieux. Avais-je le sentiment du devoir accompli ? Pas tellement. C’était là ce qui s’appelait une journée pourrie…

Productive certes, mais pourrie quand même…
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- « Sérieux… ? Il existait vraiment… »

- « Ouais… »

- « Et c’est ce qui reste de lui ? »
Questionna à son tour Melvis, plutôt intrigué par le tronc du cyborg.

- « Ouais. »

- « Mais qu’est-ce que tu lui as fait pour tremble autant ? »

Sur la question de Meilan, je n’eus qu’un haussement d’épaules. Nous étions quelques minutes plus tard. J’avais quitté la tour en tirant sur la chevelure de l’architecte de sorte à le trainer au sol derrière comme un vulgaire sac à patates. Pas de respect pour les meurtriers de son genre. Et dire qu’il voulait en plus se faire sauter par je ne sais quel dispositif. Putain… On aura vraiment tout vu dans ce monde, vraiment. Une sorte de pacifistas ++ quoi. De quoi surement satisfaire les scientifiques… Ou pas… ? Va savoir. Mais là n’était pas le plus important sur l’instant.

- « On fait quoi de la tour ? Tu vas laisser les scientifiques l’inspecter ? »

- « Non. Trop de cadavres dedans. Le bon sens voudrait qu’on récupère le reste des corps, mais ils sont trop moches à voir. Laissons ces gens reposer en paix… »


Meilan et Melvis acquiescèrent. Ils n’étaient peut-être pas foncièrement de mon avis, mais ils pouvaient comprendre. Sur ce, l’un s’arma de son fusil et se mit à cribler de balles la tour, tandis que l’autre vint récupérer l’une de mes lames, bien plus efficaces que son sabre normal, avant de lâcher des lames de vents plutôt impressionnantes. Leurs efforts combinés achevèrent en moins de temps qu’il n’en faut à faire écrouler la tour sombre dans un grand boucan que les indigènes avaient dû entendre. Une vraie démolition en bonne et due forme.

Ils pourraient enfin reposer en paix, si je puis dire…

Une heure plus tard, nous étions enfin dans la caserne de la 12ième section du coin. Inutile de dire que les scientifiques s’extasièrent sur ce que j’avais ramené de l’architecte et qui vivait encore. Les avertir sur l’auto-explosion ne changea rien. Heureusement cependant, aucun d’entre eux n’eut l’indécence de me demander ce qu’il en était de la tour. Sans doute avaient-ils entendu l’effondrement de l’édifice même d’ici. Plutôt probable en tout cas. C’était la preuve qu’on avait fait du bon boulot comme on dit. Même si j’avais fait le plus gros…

Toujours est-il que leur joie me permit de prendre congés d’eux pour me soigner pendant que l’une de mes jeunes subordonnées écrivait le rapport que je lui dictais.

Quelques heures plus tard, je saluai Phol et ses hommes avant de prendre le large dans mon navire, ma flotte escortant toute la délégation scientifique jusqu’à leur QG…

Tout est bien qui finit bien comme on dit…
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