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Contre-terrorisme

L'archipel Shabondy était bouillonnant d'énergie et d'activités en tout genre. Située aux portes à la fois du Nouveau Monde et de la ville-basse de Marijoa, c'était le rendez-vous des supernovas, des révolutionnaires, des agents du Cipher Pol et des marins. Un beau bordel, qui connaissait pourtant un semblant de coexistence. Il faut dire que les sbires du Gouvernement Mondial ne s'aventuraient que très rarement dans les zones de non-droit. Shabondy était un passage obligé sur la route des pirates, c'était connu. Alors sécuriser l'île entière, et faire de chaque flibustier de passage un ennemi, était tout simplement trop coûteux pour la Marine.

La zone de non-droit, s'étendant des groves 0 à 29, c'était justement le lieu de villégiature temporaire du Fantôme. Les derniers jours avaient été mouvementés pour lui. D'abord, avait-il combattu l'équipage du feu Empereur Teach, aux côtés de Red et de ses alliés, afin de concourir à la Corsair Race. Mais ramener la tête d'un de ses commandants n'avait pas été suffisant, car il était arrivé trop tard, après la publication des résultats. Le Marijoan avait donc infiltré Marijoa et s'était rendu devant le Gorosei, pour négocier sa place au sein des Sept. Ils avaient demandé une preuve de son allégeance, un coup d'éclat, quelque chose pour le confirmer dans son poste. Alors l'avaient-ils envoyé sur Shabondy. En effet, Saint Oberon s'y rendait une nouvelle fois pour acheter des esclaves. Sauf que cette fois-ci, l'activité révolutionnaire avait atteint des niveaux dangereusement élevés. Les rapports du Cipher Pol démontraient la présence de plusieurs atouts, dans le but de monter une attaque contre lui. Mais les services de renseignement n'avaient que trop peu d'indices, et une puissance de frappe insuffisante pour monter un assaut frontal le plus vite possible.

Les journaux l'avaient décrit comme un traître, lui qui fut commandant d'élite dans le passé. Néanmoins, l'histoire était toujours plus compliquée. Le Gouvernement Mondial l'avait accusé d'avoir assassiné un roi affilié sur Grand Line. En vérité, le roi devait être remplacé par un gouverneur pour des raisons politiques, et le Cipher Pol avait trouvé en Mountbatten le bouc émissaire parfait. Il n'était pas censé s'échapper et s'en tirer de la sorte, mais il avait survécu. Depuis, l'homme errait sur les mers. Il avait travaillé pour le compte de Ravrak sur Terra pendant un temps, en échange de sa vie. Puis, il avait aidé Red, avant de partir pour repasser du côté de la Justice. Une Justice amère, certes. Toutefois, un poste de corsaire lui donnait également l'opportunité de se venger, en temps voulu.

La zone de non-droit n'était pas si désagréable que ça. C'était déjà mieux que les Everglades du Royaume de Bliss sur South Blue, ou Lynbrook sur Grand Line, où le vétéran de Vindex avait auparavant séjourné. Le temps était clément, lui aussi. Et puis les criminels qui y traînaient n'étaient pas si violents. La plupart attendaient le revêtement nécessaire pour s'immerger et passer dans le Nouveau Monde via l'Île des Hommes-Poissons. Les commerçants y trouvaient donc leur compte. Quelques échauffourées avaient lieu, mais rien de trop compliqué. Les egos de chacun y étaient pour quelque chose. Les supernovas, primées au-delà des 100 millions de Berries, avaient acquis une sombre réputation lors de leur passage sur Grand Line. Beaucoup avaient été couronnées de succès dans leurs affrontements avec la Marine. Ils n'étaient pas de petites frappes, pourtant pas encore au niveau du Nouveau Monde. Pour Mountbatten, qui venait de battre le commandant de la deuxième flotte du Malvoulant, ce n'était que du menu fretin.

Cependant, les pirates ne l'intéressaient pas. Il était là pour traquer du révolutionnaire. Il ne les avait jamais aimés. S'il trouvait de la valeur dans les idées qu'ils défendaient, il méprisait leurs méthodes. Pour lui, c'étaient des terroristes qui avaient causé plus de mal que de bien au fil des années. Plus important encore, il les avait affrontés sur l'île de Vindex, lors d'une campagne militaire qui dura aux alentours des neuf mois. Neuf mois pendant lesquels avait-il perdu son œil, son meilleur ami et sa fiancée. Ils étaient morts sous les feux de l'artillerie, des fusils et des lames des révolutionnaires. Alors il leur vouait une haine sans limite, malgré des idéaux similaires. C'était la raison pour laquelle traquer du révolutionnaire ne lui était pas déplaisant, bien au contraire. Toutes les deux ou trois nuits, il faisait des cauchemars sur la guerre, et se revoyait sans cesse sur les lignes de front, dans des conditions misérables, à guerroyer contre la Révolution et ses recrues locales. Il revoyait incessamment ses hommes se faire déchiqueter par les shrapnels, découpés par les sabres. Son traumatisme se soignait lentement. Immédiatement après la fin de la guerre, il avait des hallucinations. Il revoyait sa fiancée et lui parlait, et faisait des cauchemars toutes les nuits. Il était sur la voie du rétablissement, mais il ne savait pas combien de temps cela allait prendre. Et s'il pourrait s'en remettre complètement.
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Non pas que les révolutionnaires soient particulièrement faciles à repérer, mais en tout cas, ils n'avaient pas l'allure de pirates. Ils ressemblaient à de simples civils, mais avec un comportement moins innocent, plus terre-à-terre et peut-être même plus violent. Ils étaient armés pour la plupart et n'avaient tout simplement pas les habitudes et les manières des locaux. Or, dans la zone de non-droit de Shabondy, tout ce qui n'était pas arnaqueur ou flibustier était révolutionnaire. Ou presque. À de rares exceptions, c'était la norme.

Alors, basé sur ces assomptions, Mount observait en invisible. Il enchaînait les filatures, sans que plusieurs douzaines ne donnent quoi que ce soit. Il fallait dire que la règle énoncée plus haut n'était pas tout à fait exacte. Il y avait beaucoup de pirates à la retraite, pour qui Shabondy constituait la destination finale. Il y avait des honnêtes gens en quête de profits, qui savaient se défendre et le montraient. Il y avait des pirates qui ne ressemblaient pas à des pirates, mais qui l'étaient quand même. Un beau merdier qui rendait la détection de l'Armée révolutionnaire plus dure.

Le plus drôle pour Mount, c'étaient les supernovas qui se pavanaient comme des coqs, sans savoir qu'au-delà d'être une caricature pour eux-mêmes, ils n'avaient rien d'original. Au fond, il marchait dans les pas d'un nombre incalculable de pirates. Tous s'étaient arrêtés aux mêmes endroits, aux mêmes bars, aux mêmes magasins de revêtement de navires. Et périodiquement, tous s'étaient fait latter la gueule par un haut-gradé de la Marine de passage, prêt à en découvre avec des petites frappes.

Pendant ses innombrables filatures, le Fantôme put se rendre compte de la beauté naturelle de l'archipel. De grands arbres sortaient de l'océan et s'élevaient dans les airs, majestueux. Leurs racines se plongeaient dans les abysses. C'était une curiosité botanique spectaculaire. Les gigantesques bulles de sève poisseuse donnent également une atmosphère quasi-féerique. Celles-ci partent des racines et explosent dès qu'elles atteignent la cime des arbres, dans un grand PLOC très caractéristique. À l'odeur de l'océan se mêlait donc l'encens du végétal, le doux parfum de l'écorce et des feuilles. En fonction de l'endroit sur lequel chacun se trouvait sur un grove, l'odeur de l'océan ou de l'arbre se faisait plus forte, dans un savant mélange d'arôme.

Mountbatten ne pouvait pas non plus profiter du cadre pour se relaxer. Non seulement avait-il sa mission, confiée par les Cinq Vénérables eux-mêmes, mais aussi était-il devenu trop connu pour pouvoir se balader librement. Il était également vrai qu'il n'avait pas la tête à se reposer. L'homme tenait trop encore à ses habitudes issues de la Marine d'élite. La mission avant tout. Il ne pouvait pas penser à autre chose qu'à son objectif. Cette mentalité avait fait de lui une étoile montante dans l'institution. Ça en était presque obsessif, de temps en temps.

Le premier jour, son acharnement ne paya pas. Ni le deuxième, d'ailleurs. Il fut contraint de se loger dans un hôtel, en camouflant son apparence pour ne pas éveiller les soupçons. Lorsqu'il prenait ses repas, il se couvrait le corps et la tête. Rien n'était laissé au hasard. Certes, sur le moment, c'était suspect. Mais au moins, personne ne savait qui il était, et pourquoi il était ici. On le laissait tranquille. De toute façon, le calme, c'était quelque chose qui le bottait. Rien ne voulait la quiétude. C'était un loup solitaire. Après avoir vu tous ses hommes périr sur Vindex, il ne comptait plus avoir d'équipage, ou quoi que ce soit qui y ressemblait de près ou de loin. Et après la mort de Ratzkill et Louise, son meilleur ami et sa fiancée respectivement, il s'était juré de ne plus s'attacher à personne. À part à sa famille…

Le troisième jour, Mount déambulait dans l'artère principale du grove 6, un des groves centraux. Comme d'habitude, une multitude de hors-la-loi se promenaient. La majorité se déplaçait depuis ou vers un bar du coin. Plusieurs étaient déjà ivres, alors qu'il n'était que neuf heures du matin. Quelques capitaines et vice-capitaines s'occupaient des détails techniques avec les marchands du port qui s'occupaient du revêtement des navires. Toujours en invisible, le Fantôme balayait son regard pour détecter la moindre chose suspecte. Tout y passait : l'apparence, le comportement, l'attitude… Ce jour-là, pourtant, ce n'était pas un détail qui attira son attention.

Plutôt l'inverse.

Devant lui, son haki de l'observation lui donnait une prémonition. Un grand vacarme. Un combat.
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BOOOOOOOUUUUUUUMMMMMMM

Un fracas assourdissant secoua une grande partie du Groove 6 alors que de nombreux pirates se mirent à fuir carrément en hurlant comme des damnés. Il faut dire que personne ne m’avait vu venir en même temps. Alors que j’étais entrain d’inaugurer le nouveau business familial que ma sœur tiendrait avec l’une de ses amis, un rapport m’avait été fait sur l’éventuelle présence d’une cellule révolutionnaire sur l’un des grooves de Sabaody. A l’ouïe du mot « révolution », j’avais alors écourté ma présence aux côtés des miens dur Water Seven pour foncer sur cet archipel qui m’avait toujours semblé à la fois beau et chaotique. Les indications et autres preuves m’avaient alors mené jusqu’au groove 6, mais bien avant que je ne puisse tomber sur les révolutionnaires à débusquer, quelques supernovas qui se voyaient trop beaux s’en étaient alors pris à moi, pensant que le fait de mettre au tapis un vice-amiral gonflerait leur CV. Sur le papier, c’était évidemment bien beau, mais dans les faits, je n’avais plus de rien d’un vice-amiral hormis le grade. C’était quelque chose dont j’étais conscient et dont mon entourage était également conscient. Sans faire le fanfaron, je savais pertinemment que j’étais dorénavant dans la cour des grands…

- « WAAAAAAAAAAAAH !!!! FUUUUUUYYYYYEEEEEEEZZZ !!!!! »

- « IL EST TROP FORT POUR NOUS BORDEL !!!! »

- « FENYANG JR, MAUDIT SOIS-TU ! »


Sur le coup, céder aux provocations de ces supernovas n’était pas dans mes habitudes ; mais pour le coup, il fallait avouer que j’étais déjà bien énervé d’avoir lâché ma famille pour le travail. Et alors que je pensais tomber sur un bon paquet de révolutionnaires, seuls des pirates me tirent la jambe, pensant qu’ils étaient au niveau. Forcément, ce fut la goutte de trop pour moi ; et arriva ce qui devait arriver : une destruction pure et simple made in Fenyang. Il me suffisait juste d’agiter ma lame dans tous les sens pour engendrer de gigantesques lames de vent qui rasaient tout sur leur passage… Et devant la machine de guerre que j’étais, du côté des forbans, ce fut d’abord l’incompréhension, puis la débandade. En quelques minutes seulement, ces cons comprirent instinctivement qu’ils n’étaient absolument pas au niveau et qu’ils valaient mieux fuir. A ce stade, ces gens se faisaient la réflexion que j’étais comme Garp dans le temps : bien trop puissant pour un rang qui m’étouffait et qui ne rendait plus hommage à mon potentiel. C’était aussi ce que je commençais à penser, bien que j’étais également conscient que les monstres devant moi (Tetsuda, Shiro et Boïna) étaient intouchables. Frustrant ? Oui et non pour le coup.

Oui, parce que je méritais bien une place plus haut.

Non, parce que ceux qui étaient en poste le méritaient bien plus que moi, forcément.

Devant mes réflexions internes et la destruction que j’occasionnais volontiers dans une zone de non-droit qui méritait finalement d’être nettoyée de fond en combles, certains eurent la malchance de se manger de plein fouet mes attaques, tandis que d’autres réussirent à fuir, d’où les cris d’effroi qui fusaient un peu partout, à chaque fois qu’un fracas assourdissant se faisaient entendre et que les bâtiments devant moi tombaient en ruine comme de vulgaires châteaux de cartes. Armée de divinité, mon meitou de troisième rang et simplement vêtu d’un jean, ainsi que de mon manteau de vice-amiral qui pendaient sur épaules nues comme mon torse, je marchais tranquillement dans ce capharnaüm en baillant presque à m’en décrocher la mâchoire. Maintenant que j’avais cédé aux provocations de ces pirates de merde, je savais que les révolutionnaires sauraient pour ma présence et se feraient un plaisir de se carapater ou de se camoufler encore plus. Pour aujourd’hui, tomber sur eux serait tout simplement illusoire, à moins d’un miracle. Mais alors que je rasais presque tout sur mon passage et que j’observais nonchalamment les environs, une présence, bien plus forte et/ou intéressante que celles des autres flibustiers titilla mes sens…

- « Mmmmmh ? »

Quelques sorus s’en suivirent alors. Très rapidement, j’me mis à dépasser les décombres que j’avais engendré sur une aile du groove à une vitesse ahurissante. Il faut dire que j’étais l’un des combattants les plus rapides de ce monde en combinant ma grande vitesse au soru. C’était l’une de mes forces en tant que simple combattant qui ne comptait que sur sa maestria à l’épée pour faire la différence. Plus jeune, j’avais aspiré à un moment donné à utiliser des fruits du démon, notamment des logias (comme mon idole Shiro), mais avec le temps qui passait, j’avais fini par lâcher l’affaire, préférant me concentrer pleinement sur ce que je savais faire de mieux : trancher, couper, perforer… En un mot, sabrer. C’était amusant de voir qu’avec l’âge, on oubliait très rapidement le superflu pour, au final, se concentrer sur l’essentiel. C’est sur cette pensée amusante que je débarquai moi aussi sur l’artère principale de ce groove. Évidemment, ma présence inattendue fit encore fuir du monde, mais devant moi, parmi tous ces gens qui fuyaient, je crus sentir une présence. Une présence qui n’était pas visible. Haussant un sourcil et sans trop me poser de questions, je levai mon sabre avant de frapper dans le vide, ce qui décocha une gigantesque lame devant droit devant moi.

On allait bien voir ce que ça allait donner, hein…
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Ouais.

C'était bien ce qu'il lui semblait.

Une situation comme celle-ci n'était pas à rare à Shabondy, donc elle eût le mérite de ne pas prendre par surprise le Marijoan. Après tout, cela faisait trois jours qu'il n'avait pas vu un seul marine, à part celui-là…

Il le reconnut assez vite. Un grand brun, en jean, torse nu et revêtant une cape d'officier… Aucun doute. C'était le vice-amiral Fenyang, un héros dans la Marine. Une de ces personnalités auxquelles les jeunes recrues, comme Mountbatten à une époque, aspiraient à ressembler. À part peut-être le côté queutard et frimeur... Si le vétéran arrivait à bien se souvenir, il était déjà vice-amiral lors de son incorporation, en 1626. Lui n'était rentré que simple caporal d'élite, et avait grimpé jusqu'à commandant. Il était en bonne voie pour devenir colonel d'élite, le pendant des vice-amiraux chez l'élite. Ça avait été durant un temps son objectif. Il faut aussi admettre que monter les échelons de la Marine avait quelque chose de tout à fait satisfaisant et gratifiant. Mount avait été carriériste en son temps. Mais tout ceci n'avait plus aucune importance à présent. Aux yeux de la loi, il était passé de l'autre côté.

Le pourfendeur de démon fonçait vers lui à toute vitesse. Il semblait qu'il l'eût détecté avec son haki de l'observation. Le Fantôme, lui, anticipait le choc. Il voyait dans le futur, sous la forme de prémonition, la lame du bleu entrechoquer les siennes, Yakikatsu et l'Amante, deux grandes lames. Ce qui ne tarda pas à arriver, quelques secondes plus tard. Au moins, il n'était pas pris par surprise, et put opposer une résistance bien plus que suffisante.

Le choc des sabres déclencha une bourrasque, suivie d'une vague de poussière, qui ne tarda pas à terrasser tout ce qui restait debout à plusieurs dizaines de mètres à la ronde. Les supernovas en détresse se retournèrent. Certains hésitèrent à rentrer dans le combat, maintenant qu'un allié de circonstance supplémentaire s'était manifesté. Mais la plupart continuèrent de fuir. Fuir plutôt que périr. Les pirates n'avaient-ils donc aucun honneur ?

Après un certain temps qui dura une infime éternité, les deux bretteurs se repoussèrent et atterrirent derrière eux, de manière à laisser un espace respectable entre les deux. Mount enleva son invisibilité. Ça ne servait pas à grand-chose face à un utilisateur du mantra. Il portait son cache-œil habituel à l'œil droit, laissant son unique orbite percer le regard du vice-amiral. Il portait une tunique d'un noir envoûtant, qui allait de pair avec une fine écharpe de la même couleur. Par-dessus, une veste blanche provoquait un contraste intéressant.

Une légère brise vint caresser le poil des deux combattants. Ils ne bougèrent pas ; du moins, pas encore.

"- Vice-amiral. Quel honneur." Dit Mountbatten, en hochant la tête par signe de respect.

Il faut dire que ça aussi, c'était une habitude de son temps dans la Marine d'élite. Le respect pour le supérieur, le vouvoiement et le salut. Le salut n'était plus réglementaire, certes, mais c'était l'intention qui comptait. Eh bien, diantre aux codes et aux rigidités, Mount n'en était plus soumis de toute façon.

"- Je ne cherche pas à faire du grabuge, mais… Vous m'avez l'air déterminé." Clama-t-il, d'un ton calme, mais martial.

Les alentours étaient déserts. Le silence retrouvé n'était percé que par l'éclatement des bulles qui atteignaient la cime.

Puis, le Fantôme disparût par une succession de sorus.

Le marin restait sur place, serein.

Assaut éclair.

Mountbatten chargea en un instant son ennemi en invisible, tout en déviant sa trajectoire à grands coups de sorus et de geppous, de sorte à l'attaquer depuis plusieurs directions en un temps très court. Il infusa ses deux Meitos de son haki de l'armement, au cas-où. Et le choc qui s'ensuivit le prouva correct dans ses précautions.
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- « Ça pour une surprise… »

Je l’avais presque oublié celui-là. Presque, oui. S’il m’avait fait forte impression quelques années auparavant sur notre passage à Kanokuni, il m’apparaissait aujourd’hui bien plus mur et tout aussi déterminé que moi. Tellement déterminé d’ailleurs qu’il arrivait à bloquer mes attaques sans trop de mal et à me mettre un peu la misère, puisqu’il m’obligeait plus ou moins à me cantonner à la défense avec ses nombreuses assailles. J’aurai certainement eu un sourire de bon cœur, mais le fait est qu’il était malheureusement passé de l’autre côté et que les traitres ne constituaient pas un sujet qui me faisait sourire. Cela étant dit, je ne percevais aucune intention particulière de meurtre chez lui. Contrairement aux autres supernovas qui voulaient frimer et me tester, lui semblait plus dans l’optique de protéger sa vie qu’autre chose. Tester aussi les limites de sa force actuelle, sans aucun doute. Plutôt honorable, quelque part. De ce fait, alors qu’il m’attaqua en invisible, je parai ses charges à l’aide de mon haki qui le voyait venir. Cependant, alors que je crus voir une ouverture pour frapper dans le vide, sa lame m’atteignit et me lacera un pectoral avec la gerbe de sang qui allait avec. Autant dire qu’il avait fait fort ! De quoi m’intriguer…

- « Tu es devenu un homme, un vrai. Même s’il est dommage que tu sois devenu un traitre… »

Quelques bonds en arrière couplés à quelque sorus me suffirent à prendre du recul et à analyser l’entaille qu’il m’avait faite. Elle était peu profonde, mais sa lame était assez puissante pour passer mon cuir. Plutôt intéressant, je devais l’avouer. Qui plus est, il semblait avoir gardé ses restes de marines à travers le soru et le geppo et son fruit, sans être extravagant, se couplait merveilleusement bien avec ses qualités intrinsèques d’épéiste. J’étais un puriste qui pensait que les utilisateurs de fruit n'étaient que des imposteurs en termes d’escrime, mais là… « J’imagine que tu viens de m’avoir avec le Yakikatsu… Et l’autre sabre… Serait-ce l’amante ? Un adepte du nitoryu ? Comme c’est rare ! » Et là, malgré moi… J’eus un petit rire presque hystérique. Oui, malgré moi. Et en dépit du fait que je saignais aussi, le sang ruisselant tout le long de mon torse. Se frotter à une personne qui avait quand même une notoriété aussi grande que la mienne était quelque chose. Il était clairement entré dans la cour des grands et d’avoir croisé le fer avec lui me permettait d’avoir une idée précise de son niveau. Il était même plus fort que l’architecte que j’avais vaincu sur Karantane. C’est dire… De quoi finalement m’arracher un soupir mi-amusé, mi-dépité…

- « C’est vraiment dommage… Un type tel que toi aurait sa place dans l’amirauté… Il est clair que tu as carrément le niveau d’un vice-amiral. Et pourtant, te voilà réduit à la piraterie et à cacher ta présence pour ne pas te faire voir... »

C’était d’ailleurs intriguant quelque part. Qu’une personne comme lui se fasse discret. Pour quelle raison ? Enfin… Ceci ne m’importait que peu. Maintenant qu’il était un gros poisson, je ne pouvais clairement pas fermer les yeux et le laisser filer, oh que non ! Il allait devoir répondre de ses actes. De ce fait, je levai ma lame au-dessus de ma tête avant de lui lâcher une grosse lame d’air. Cette dernière se transforma en un tigre de vent qui chargea brutalement sur lui depuis la terre. Mais alors qu’on aurait pu croire que c’était fini, une autre lame de vent enchainée derrière avait pris l’apparence d’un gigantesque aigle qui fondit dans les cieux et qui repiqua brutalement vers l’endroit où il devait être ! Deux grosses lames de vent coup sur coup, histoire de bien lui faire comprendre que son invisibilité si pratique habituellement ne servait à rien avec moi, mon haki de l’observation étant plutôt bien développé. Et comme s’arrêter là serait dommage, un soru s’en suivit pour anticiper ses mouvements et apparaitre derrière l’endroit où son esquive serait la plus logique, avant qu’un coup de sabre latéral de s’en suive pour frapper ce qui serait certainement l’un de ses flancs à l’aide de mon meitou divinité plutôt bien acéré dans son genre…

Mais tout ceci n’était que pure spéculation… Les secondes suivantes me diraient si j’allais frapper dans le vide… Ou pas.
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C'était vrai que Mount l'avait presque oublié, mais ils s'étaient déjà croisés avant. Pendant la guerre de Kanokuni, deux ans auparavant… À l'époque, il n'était qu'un simple sergent d'élite. Il s'était illustré en ouvrant la porte de la forteresse qui bloquait l'avancée des troupes du Gouvernement Mondial, grâce à son fruit de l'invisibilité. On lui avait filé une médaille et quelques félicitations, notamment celle du vice-amiral Fenyang. Un grand honneur dans la vie du marine d'élite. Sa mémoire avait omis ce détail. Les traumatismes qu'il avait vécus sur Grand Line avaient largement éclipsés les souvenirs heureux de sa première partie de carrière sur South Blue.

"- Un traître ? C'est ce que disent les journaux, oui… Mais la vérité est plus complexe que ça." Répondit-il, avec un léger sourire en coin de bouche.

Le vice-amiral était un épéiste émérite. Sa remarque très technique fut reçue agréablement par son opposant. Il n'avait pas rencontré de tel amateur des lames depuis belle lurette. Et sa connaissance des Meitous était aussi éclatante. Le Fantôme n'avait peut-être pas la même connaissance approfondie des sabres, mais il appréciait une telle expertise.

"- Dans une autre vie, j'aurais été colonel d'élite, c'est vrai. Le destin en a voulu autrement, voilà tout."

Soudainement, Demon Slayer lança deux lames d'air aux formes animales, une venant de la terre, une du ciel. Elle parcourait la courte distance entre les deux ennemis à grande vitesse. Mount présagea aussi une attaque en simultanée du haut-gradé. Son cœur battait de plus belle. Il n'avait pas senti une telle sensation de danger depuis un bon moment. Ce stress, cette adrénaline… Il aimait ça. Il s'y remettait petit à petit… L'âme de la bataille finissait souvent par le consumer.

Il plaça ses sabres de sorte à parer efficacement les lames d'air. Lorsqu'elles vinrent se poser sur ses lames, il eut beaucoup de mal à les bloquer net. À la place, il recula sans le vouloir de plusieurs mètres. Fenyang, lui, n'était plus qu'à quelques secondes de sa position. Il ne pouvait pas rester là indéfiniment, sous peine de se faire trancher sans qu'il ne puisse rien faire. Ses deux bras étaient déjà pris.

Alors, il expulsa les deux lames d'air avec Yakikatsu et l'Amante, en les poussant vers l'extérieur, et procéda une manœuvre d'esquive par la gauche, à l'aide de quelques sorus hâtivement fait. Manque de pot, la rapidité de l'action, et la puissance des lames d'air, rendit l'expulsion des coups temporaire. Les lames d'air reculèrent un peu, avant de continuer leur course, ce qui entailla le Marijoan sur l'épaule droite. Rien de très profond, rien de très superficiel non plus. Une blessure en bonne et due forme, qui fit immédiatement couler du sang, et tâcha sa veste blanche.

Complete Stealth.

Pendant qu'il effectua ses sorus d'esquive, il activa son invisibilité totale, le rendant indétectable par le haki, l'odorat et l'ouïe, en plus de la vue. Il prit ses distances avec le vice-amiral avant qu'il ne puisse abattre son sabre sur lui, et inspecta l'état de sa blessure. Pas trop mal. Son adversaire paraissait quelque peu confus, sans qu'il ne le montre vraiment. Une légère fumée, à peine perceptible, se dégageait de ses deux sabres. Ils étaient encore chauds, à cause de la friction avec les lames d'air.

Mountbatten avait donc un choix à faire. Il pouvait fuir, et continuer sa mission en paix. Quoi que, avec le grabuge créé par le marin allait peut-être rendre la tâche plus compliquée, en tout cas sur le grove 6 et les alentours. Ou bien pouvait-il continuer le combat… À quoi bon ? Il ne cherchait pas à taper du bleu, de toute façon. Non, au fond de lui, le marin d'élite qu'il fut voulait plutôt réparer les torts que le Gouvernement Mondial lui avait posé. Lui, le vice-amiral qui l'avait félicité sur Kanokuni, devait connaître la vérité. Ne serait-ce pour qu'il lui lâche la grappe, et le laisse continuer sa mission tranquillement.

De ce fait, il réapparut derrière lui, et effaça son invisibilité totale. Il était à présent complètement visible.

"- Vous vous battez bien, vice-amiral. Mais continuer ce combat est inutile, pour nous deux. Vous avez sûrement mieux à faire, et j'ai mieux à faire… Je vais vous expliquer pourquoi je ne suis pas dans l'amirauté à l'heure actuelle. Pourquoi je suis un hors-la-loi qui cache ma présence. Enfin, si vous êtes disposés à écouter." Annonça le vétéran, tout en pesant ses mots.

Autour d'eux, tout s'était dissipé. On y voyait de nouveau clair. Personne ne se trouvait aux alentours. Ils étaient seuls.
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- « Quand on veut parler à quelqu’un, on lui fait face ! »

Un coup de poing ! Voilà ce qui s’en suivit immédiatement sur le torse du malheureux qui eut la maladresse d’apparaitre derrière moi. Couplé à ma grande vitesse et un pas leste qui ressemblait à s’y méprendre à un soru complet, je m’étais retourné d’un seul coup pour lui infliger un coup de poing en plein plexus qui l’envoya valser plus loin lui, vers des décombres encore fumants. Celle-là, même s’il l’avait vu venir, il ne put l’esquiver en tout cas, surtout pas d’aussi près comme ça. Néanmoins, il me semblait bien qu’il l’avait paré, bien que le choc l’eût un poil balayé plus loin. Et maintenant qu’il était plus ou moins éloigné, je me mis à cogiter en mimant la même attaque que j’avais effectué tout à l’heure dans le vide, persuadé qu’elle ferait mouche. Son fruit n’était pas le problème, oh que non. L’invisibilité ne lui servait à rien ou presque. Il pouvait un brin tromper ma vue qu’il ne pouvait pas déjouer mon haki avec. Non, ce qui l’avait aidé à me feinter de cette manière, c’était surement son propre haki de l’observation. Aucun doute possible…

- « Toi… Jusqu’à quel point tu as poussé ton haki de l’observation… ? »

Dans les hautes instances et même de la part de mon père, j’avais entendu qu’il existait un dernier palier encore plus efficace qui permettait de voir dans le futur. Si je n’avais jamais réfuté cette possibilité, je n’y avais jamais accordé grande importance non plus. Tout était possible dans ce monde, après tout. J’eus alors un soupir en me disant que j’étais tombé sur un cas épineux et que j’allais devoir donner de ma personne et pas qu’un peu. Il ne s’agissait plus d’être nonchalant comme je l’avais été, mais d’être tellement dedans qu’il ne pourrait rien faire d’autre que subir. Quelle plaie ! Si on m’avait dit un jour que j’allais devoir combattre l’un de mes subordonnés de circonstance comme ça… « Je suis disposé à écouter Mount, faut pas croire… Mais menotté, ça te va ? Si tu te rends, aucun problème, j’arrête le combat… » J’avais fini par lui répondre tranquillement tout en haussant les épaules. Une partie de moi voulait bien lui laisser une chance et le croire, mais l’autre criait de le neutraliser à minima avant de peser le pour et le contre.

- « Mais si l’option n’est pas envisageable pour toi, il faudra y mettre du tien… Soit pour pouvoir fuir derrière… Soit pour me mettre en difficulté et pouvoir m’explique ce qu’il en est. Après tout, mets-toi à ma place : quel marine s’arrêterait pour écouter un pirate de ton calibre en temps normal ? »

C’était sans réelle animosité que je lui présentais les faits tel qu’ils étaient. J’étais factuel dans mes propres et plutôt objectif ; même s’il y avait une petite portion de subjectivité qui saupoudrait le tout : celle qui me poussait à cracher sur les traitres ! De plus, contrairement à ce qu’il pensait, je n’avais été que très peu mis au courant de ce qui se passait dernièrement dans le monde. Il faut dire que pendant sa mésaventure, j’étais soit entrain d’infiltrer l’une des îles de Kiyori ou la combattre, soit en train de penser mes blessures à Alabasta en réfléchissant à mon avenir dans ce monde. Les manigances du Cipher Pol le concernant m’échappait complètement, de ce fait. Ce n’était pas de bol pour lui. Du coup, pour tester ce qui me semblait être un haki poussé à l’extrême, je donnai plusieurs coups d’estoc dans le vide, occasionnant alors des boules de vent très contondantes qui foncèrent vers lui en décrivant diverses trajectoires pour l’encercler et l’assaillir. Et, plus que jamais, j’étais focus sur ses déplacements qui me confirmeraient ou infirmeraient ce que je craignais…
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"- Keuf, keuf."

L'ancien commandant d'élite toussait, suite à la projection de poussière provoquée par son expulsion contre des décombres. Malgré sa maîtrise du mantra, il ne s'attendait pas du tout à une telle riposte. Non seulement parce qu'il pensait le vice-amiral disposé à la discussion, mais aussi parce que la vitesse d'exécution de l'attaque le surprit. Il se jura de ne plus se faire avoir de la sorte. Son opposant était dangereux. Une deuxième erreur comme celle-là pourrait être fatale, surtout s'il utilisait son sabre au lieu de ses poings.

Il se releva, avec un goût âpre dans la gorge. Un mélange de poussière, de sang et de sueur. Il sourit. C'était le goût du combat. Ça lui avait manqué. Il ne restait qu'à rajouter la saveur de la poudre à canon, et il serait aux anges.

Face à lui, Salem n'avait pas chômé. Les lames d'air jaillissaient du bout de Divinité, le Meitou du vice-amiral. Lancées à grande vitesse, elles avaient chacune une trajectoire bien différente, de sorte d'encercler le Marijoan. La distance entre les deux hommes facilitait la préparation du Fantôme. Il arrivait à percevoir à l'avance non seulement la courbe des lames d'air, mais leur point d'impact également. Il se releva, prit le temps de balayer la poussière de ses habits d'un revers de la main, et serra de plus belle ses sabres.

Non, Salem n'avait pas accepté son invitation à parler. Pourquoi fallait-il que les hommes soient si bornés… Ils allaient en découdre de plus belle.

Alors, il bondit dans le ciel à coup de geppous, et se fraya un chemin à travers la nuée de lames d'air, tout en les frôlant, parfois d'une poignée de centimètres. Derrière lui, un vacarme retentit. Elles avaient atteint leur cible, détruisant les décombres restants, et créant un cratère immense. S'il avait pris ça de plein fouet, il serait mort. Décidément, le vice-amiral était même plus puissant que ce qu'on attendait d'un vice-amiral… Mount se dit qu'il avait un niveau similaire à James Richards, le commandant de la deuxième flotte de Teach, qu'il avait abattu il y a quelques semaines auparavant… Il continuait sa montée dans le ciel, jusqu'à surplomber le marine.

Puis, il chargea le vice-amiral, en lançant de nombreux geppous à la suite. Une charge en piqué, tel un aigle. Mountbatten plaça ses deux sabres vers l'avant, prêt à les abattre sur son ennemi. À quelques instants de l'impact, et alors que son opposant se préparait à parer le coup, il activa son invisibilité complète, avant de changer totalement de trajectoire. Là, il se posa à terre à quelques pas de Salem, avant de démultiplier les images de lui-même.

Illusion.

Tout autour du Demon Slayer, des images du Marijoan apparaissaient. Le Fantôme, lui, alternait entre les illusions qu'il créait avec son fruit, et en se déplaçant à toute vitesse. Puis, il fonça sur son adversaire, tout en conservant ses illusions. Ses sabres étaient enduits de la couleur de l'armement. C'était la moindre des choses pour espérer percer la défense du haut-gradé. Avec son invisibilité totale, il était bien plus difficile de détecter le vrai du faux, même avec le haki. De loin, c'était comme si une multitude de Mountbatten s'abattait sur le vice-amiral, l'assaillant de tous les côtés.
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- « QUE ?! »

Une lame chacune sur mes flancs. Carrément ! En serrant mes dents, je venais de tâter le tranchant de ses lames qui avaient pénétré dans ma chair au niveau des flancs. C’était la conséquence là encore d’un contre nonchalant de ma part, oubliant qu’il n’était plus si loin que ça de mon niveau et que contrairement à moi, il avait deux lames supérieures. Deux putains de meitos qui m’avaient bien saigné au niveau des côtes. Mais sans avoir pu réagir une seule seconde, il disparut. Et c’était reparti pour un tour ! Autour de moi, il y avait de nombreux clones de lui-même qui me tournaient autour à une vitesse effroyable… Ou devrait-on plutôt dire, ses images rémanentes, tant il était très véloce. Grimaçant sous les coups de ses assailles qui avaient fait mouche, j’me fis la réflexion que j’devais arrêter de trop faire le malin malgré mon grade et malgré ma force. Être vice-amiral, c’est bien… Avoir théoriquement le niveau d’un amiral, c’est beau… Mais encore fallait-il faire mouche sur le terrain, ce qui n’était pas le cas actuellement… N’empêche qu’il n’y avait pas à dire ! En deux ans seulement, le gamin était devenu un sacré monstre…

Et rebelote…

- « GUUUUUHHHHH !!!!! »

Si pour la deuxième fois, j’avais contré l’un de ses meitous, l’autre alla se planter dans l’une de mes épaules en m’arrachant une grosse gerbe de sang également, ce qui me faisait plutôt pas mal saigner ! Autant dire que je n’avais pas été malmené comme ça depuis un sacré bout de temps ! C’en était presque rigolo même ! Comme quoi, un bon fruit de démon pouvait parfois faire la différence et pas qu’un peu ! Le sien se mariait tellement bien avec ses techniques au sabre et sa rapidité que c’en était carrément marrant ! Jamais vu une aussi grande synergie entre escrime et fruit qu’aujourd’hui ; si l’on omettait évidemment les monstres qu’étaient Boïna et Kiyori, bien entendu. A la pensée de cette dernière, des reflux acides remontèrent tout doucement en moi alors que je pissai le sang et que j’étais légèrement essoufflé par ce qui se passait là ! Cette garce allait payer un jour, c’était certain ! Il fallait qu’elle tâte de ma lame un jour et qu’elle paie pour ce qu’elle m’avait fait… Mais bien avant de penser à un empereur, foutre une branlée à un supernova doublé d’un traitre était la base. Il était temps d’oublier le gentil sergent qu’il était…

Et se fondre dedans comme si j’avais affaire à un lieutenant d’empereur ou un corsaire, ni plus, ni moins…

Aussi, à la troisième tentative, j’avais disparu non pas d’un soru, mais à la suite d’un geppo pour être au-dessus et avoir une vue d’ensemble sur ses déplacements. Il ne me fallut que quelques secondes pour comprendre et assimiler ce qui était de toute façon une évidence et qui apparaissait enfin tel quel à mon cerveau bien trop surmené et saturé par l’activité de mon adversaire du jour. L’instant d’après, une lame de vent s’en suivit de ma part mais elle ne fit que détruire ses similis clones, avant que je n’atterrisse et qu’il ne continue inlassablement son ballet macabre autour de moi. Ballet qui avait dû nuire ou occire moult personnes, clairement. Souriant, ma peau se mit également à noircir complètement. Aux grands maux, les grands remèdes ! Ce serait haki contre haki et meito contre meito. J’pensais au royal qui pouvait le déstabiliser évidemment, mais je gardai l’option pour plus tard. Me concentrant sur ses déplacements, j’esquivai l’une de ses lames au bout de son quatrième essai, avant de porter un coup brutal à sa deuxième lame en guide de contre pour le déstabiliser et l’envoyer balader plus loin… Il avait bien du la sentir, celle-là…

Et puis d’un seul coup… Ma lame s’imprégna de mon haki…

- « C’est une chouette combinaison que t’as là, Mount… T’as pensé à l’éventualité ou quelqu’un serait assez fort pour… La copier ? »

Et d’un seul coup, j’avais disparu. Couplant ma force naturelle, ma grande vitesse et mon soru, j’me mis également à me déplacer tellement rapidement autour de lui que je laissai derrière moi des images rémanentes qui faisaient penser à ses clones, tout à l’heure. Si les copies ne valaient généralement pas l’original, pouvait-on vraiment en dire autant de mes déplacements et de ma façon de faire ? Et voilà que lames de vents fusèrent de mes copies (ou plutôt de moi en version accélérée), vers un Mountbatten qu’il soit en mouvement ou non. D’ailleurs, derrière mes attaques à distance, je m’arrangeai toujours pour essayer de lire encore une fois les éventuelles trajectoires qu’il pourrait adopter en guise d’esquive, avant de m’y déplacer et de lui balancer des lames de vent à la gueule encore et encore. Mon épée ? Il n’allait pas la tâter directement, non. Il me fallait encore un peu analyser sa gestuelle, voir jusqu’où il pourrait aller, avant de tenter une percée qui allait faire mouche une fois pour toute. Et si ça ne marchait pas…

Eh bien… Tout comme lui, je n’avais plus qu’à faire usage de tous mes atouts…
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L'attaque avait fait mouche, mais le vice-amiral ne s'était pas éternisé non plus. Il s'était vite échappé de la position de faiblesse dans laquelle il fut. Très vite, s'était-il enrobé entièrement d'un haki noir ténébreux. À en juger, Mount pouvait rapidement venir à la conclusion que son adversaire maîtrisait ce haki en particulier mieux que lui. Au-delà de son aspect, c'était sa force de frappe qui confirma l'ancien commandant d'élite dans cette pensée. En le déstabilisant de la sorte, l'homme l'avait envoyé valser un peu plus loin. Cette fois-ci, il atterrit sur ses deux pieds, bien ancrés dans le sol. Un léger nuage de poussière se leva dans son sillage, mais rien de comparable avec l'impact précédent. Fenyang, lui, ne se laissa pas démotiver, et renchérit en envoyant une myriade de lames d'air, à distance, et depuis plusieurs positions en même temps. En un sens, il copiait la propre technique du Fantôme. Cette pensée l'amusa.

Les lames d'air étaient puissantes, à en juger leur capacité de destruction. Toutefois, Mountbatten arrivait à prévoir sans problème la trajectoire de chacune d'entre elle, de sorte qu'il les esquiva en bougeant son corps sans cesse. C'était une sorte de danse, de danse macabre, où la moindre erreur pouvait se révéler fatale. Le haki de l'observation était un des points forts du Marijoan, et il le savait. Sans lui, il aurait probablement été bien plus gravement blessé, voire hors combat, face à un tel opposant.

Néanmoins, il réalisa aussi que le pourfendeur de démons jouait à un jeu, lui aussi. Certes, ses attaques ne l'atteignaient pas. Mais il l'observait pour en apprendre plus. Le Fantôme savait parfaitement qu'une bonne intelligence de combat valait bien plus que de la force brute. Un adversaire capable de s'adapter et d'apprendre son style était terriblement plus dangereux qu'un monstre de puissance rigide et prétentieux. Dans son orgueil, au moins, ça le flattait. Son ennemi ne le prenait pas à la légère. Malgré tout, c'était une situation périlleuse. En le laissant l'observer de la sorte, il lui laissait l'opportunité de gagner un avantage de taille. Il fallait réagir.

"- Jolies lames d'air… Je n'en attendais pas moins d'un épéiste aussi renommé !" Clama Mount.

Il empoigna ses sabres et répliqua par ses propres lames d'air, qui vinrent entrechoquer celles du marin. Le Marijoan en envoya dans plusieurs directions pour rencontrer celles du vice-amiral, ce qui créa un violent souffle. Un bruit strident et métallique en sortit, un mélange entre un courant d'air et le choc de deux lames. Au fur et à mesure des lames d'air, il parut assez vite évident que celles du Fantôme n'étaient pas assez puissantes. Les siennes reculaient petit à petit, tandis que celles de Salem avançaient. Lorsque la distance devint trop périlleuse, Mount bondit dans les airs, puis chargea encore une fois sur son adversaire, tout en esquivant les nouvelles lames d'air que celui-ci lui lançait.

Tornade.

Variante d'Assaut éclair, cette fois-ci, le vétéran de Vindex chargea à toute vitesse, tout en lançant des lames d'air vers le ciel avec différentes courbures. Très vite, une tornade artificielle commença à se former, et à son centre, bientôt, se trouverait le vice-amiral. Puis, l'Amante et Yakikatsu rencontrèrent Divinité, accompagné d'une secousse spectaculaire. Les deux hommes se faisaient face, alors que la tornade prenait de plus en plus d'accélération. L'œil unique du Fantôme perçait les yeux verts du Demon Slayer.

"- Je perds du temps avec vous, vice-amiral ! Allez donc traquer les supernovas qui traînent dans le coin, j'ai d'autres chats à fouetter !" Cria Mountbatten, afin de se faire entendre, avec le vacarme croissant de la tornade autour d'eux.
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A la façon d’un Mihawk et d’un Shanks lors du siècle précédent, le choc de nos meitos fut tellement assourdissant qu’il se fit certainement entendre sur toutes les grooves de cette île aussi atypique que détestable. En dépit de ce duel intense, y’avait pas à dire, je m’éclatais ! Je ne devais certainement pas être aussi enjoué étant donné que j’étais en face d’un sale traitre, mais c’était clairement l’une des rares fois où je prenais plaisir à défier une personne de mon acabit ! A n’en point douter, Mount était des nôtres. Dans la cour des grands. Du reste, le choc de nos lames d’exception ne provoqua pas seulement un bruit sourd : il engendra également une onde de choc qui se propagea autour de nous et qui souffla une bonne partie des bâtiments aux alentours, rendant le paysage ambiant encore plus chaotique. Autant dire que l’endroit n’avait jamais connu pareille apocalypse avant notre combat, très certainement. C’était là l’avantage de se battre dans une zone de non-droit où il n’y avait absolument pas à craindre des dommages collatéraux…

D’ailleurs, plutôt que d’avoir vraiment entendu la voix de mon adversaire dans ce vacarme assourdissant, j’avais plutôt lu sur ses lèvres pour comprendre ce qu’il me déclara. Sa phrase m’arracha alors un soupir amusé. Il y avait définitivement quelque chose qui clochait. Le fait qu’il n’ait aucune volonté de me tuer jusqu’ici ou de me hacher menu suffisamment pour entamer une fuite me titilla encore un peu plus. C’était clairement pas normal de sa part. J’avais l’impression de vraiment louper quelque chose. Aussi, bien décidé à savoir le fin mot de l’histoire et alors que nos lames grésillaient l’une contre l’autre, je fis alors usage de mon hasshoken. Les vibrations que je lâchai parcoururent immédiatement ses magnifiques épées et se propagèrent dans son corps pour bien le secouer. Et, comme si cela ne suffisait pas, je lâchai une violente vague de fluide royale en sa direction pour lui assener un coup fatal. Qu’il fut proche de mon niveau ne changea que peu de choses : le combo hasshoken et haki royal était un cocktail bien trop explosif même pour lui.

C’est en voyant qu’il perdit pied (sans pour autant perdre connaissance, preuve de sa force et plus globalement de son niveau) que j’utilisai le retour à la vie pour faire pousser mes cheveux, en faire des mains et agripper ses bras. Un coup brutal d’épée s’en suivit ensuite pour désarmer ses deux lames qui voltigèrent plus loin et clou du spectacle, un bon gros coup d’boule des familles pour le sonner encore plus davantage plutôt que de le saigner gratuitement. L’instant d’après, Mount était au sol. Pour se sortir de l’épicentre de la tornade au sein de laquelle nous étions et qui menaçait de nous emporter, je mimai un mouvement de coupe assez violent dans le vide, avant de déclencher un souffle tout aussi puissant qui dispersa complètement le cyclone enragé ; si bien qu’en quelques secondes seulement, le calme était enfin revenu sur la groove quasiment détruite. Un bon carnage bien comme il faut. Au beau milieu de volutes de fumée, je pointai finalement ma lame vers Mount, prêt à la lui planter en plein cœur ou à sectionner sa gorge d’un coup sec s’il menaçait de faire le geste de trop. Il pouvait être déjà heureux de s’en sortir sans trop de dommages…

- « Bon. Tu m’expliques pourquoi tu tiens tant à te carapater ? Va à l’essentiel et ne fais rien d’inconsidéré maintenant que je suis prêt à entendre ce que tu as à dire. »
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Très clairement, Mountbatten n'avait pas été dans une telle situation de faiblesse depuis un moment. Contre le lieutenant de Teach, il avait des alliés qui avaient pu l'aider, notamment Jeska Kamahlsson. Même contre l'agent Muller du CP9 avait été plus facile. Non, ça devait remonter à la guerre sur Vindex, il y a de ça plus d'un an… Il était aux limites de sa puissance et de sa résistance. Lorsque le vice-amiral utilisa son retour à la vie, il savait qu'il était presque cuit. Repousser sa lame pour esquiver ses cheveux n'était pas dans le champ des possibles. Si tel avait été le cas, il aurait été tranché net.

Au moins, Fenyang lui laissait une chance de s'expliquer. Peut-être étaient-ce ses derniers mots ? Non, son haki de l'observation ne lui donnait aucune prémonition de mort. Alors, il restait stoïque. Son meitou Divinité se trouvait à quelques centimètres de sa gorge, de quoi en effrayer plus d'un. Cette lame avait dû couper un nombre élevé de pirates et de hors-la-loi, c'en était certain.

"- Je vais vous montrer un papier, ça vous expliquera." Répondit le Fantôme, tout en laissant un petit moment avant d'entamer le geste.

Lentement mais sûrement, la main droite de Mount, désormais libérée de son sabre, plongea dans sa veste blanche et récupéra une enveloppe. Elle était visiblement salie par le combat. Elle était tâchée de sang, et travaillée par la poussière. Fort heureusement, elle n'était pas déchirée ni trouée. C'était le principal.

Le vétéran tendit l'enveloppe au marin, qui la prit, visiblement suspicieux.

À l'intérieur, un laissez-passer écrit de la main de l'Étoile Mint Figura. Il stipulait que Mountbatten ne devait pas être arrêté par les forces du Gouvernement Mondial, Marine et Cipher Pol compris. La raison n'était pas mentionnée, mais l'écriture et la signature du Vénérable n'était pas à prendre à la légère.

"- Je tiens mes ordres d'en haut, vice-amiral." Dit-il, tout en pointant vers le ciel avec son index droit.

"- J'espère que ça efface la confusion, maintenant."
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- « Je vois ça… »

Plus que de la suspicion, c’était la surprise qui marquait ma gueule. Ouais. Carrément. La forme du papier, le cachet et tout ce qui allaient avec ne laissaient place à aucun doute : Mountbatten tenait bien ses ordres d’en haut. Qui plus est, en le sondant via mon haki, je pouvais sentir une ferme résolution de vivre, mais aussi d’aller de l’avant. Son cœur ne vacillait pas… L’hésitation n’était pas une option… Et elle montrait bien à quel point il ne mentait pas. Mais comme il fallait toujours vérifier certaines choses, j’utilisai mon escargophone portatif pour contacter les autres instances. Pendant ce temps, la pression retombait doucement (même si j’avais toujours mon arme pointée vers lui) au même titre que les volutes de fumées/poussières balayées par la brise ambiante. Autour de nous ? Un champ de ruines, tout simplement. Le premier coup de fil fit chou blanc. Les marines que j’avais constaté ne savaient rien. Le second me permit par contre d’avoir au bout du fil le chef de cabinet de Mint Figura lui-même, lequel me confirma bien l’accord secret avec le pirate qui me faisait face. Tout était soudainement plus clair…

- « Eh bien… Me voilà bien embêté… »

Avait-il de la chance ? Ou était-ce juste moi qui m’était entêté à ne pas l’écouter ? Un peu des deux. Aussi m’étais-je senti un peu con, sans pour autant être bourré de remords ou quoi. Non pas parce que j’avais failli me mettre en travers d’un accord de la haute, mais bien parce que j’aurai pu tuer un homme qui semblait vouloir faire ses preuves. De plus, si l’un des cinq vénérables lui donnait sa chance, c’est qu’il y avait bien une raison derrière. Avec le temps, j’avais fini par comprendre que tout n’était pas tout blanc, ni tout noir et qu’il y avait des nuances de toutes sortes -et pas seulement de gris. Sur cette réflexion interne, je retirai mon épée de la gorge du jeune homme et la rangeai lentement dans mon fourreau, tout en lui tendant son papier encore en bon état. « Tu devrais en faire une copie, au cas où… » C’était ma manière à moi de m’excuser, quelque part. Pouvais-je faire mieux ? Evidemment que non. Après tout, il avait toujours une prime sur sa tête et n’était pas officiellement exempté d’une arrestation ou d’une mise à mort. Ce papier n’était rien d’autre qu’un sursis en attendant qu’il réussisse ce qu’il avait à faire.

- « Qu’est-ce qui t’a amené à basculer de l’autre côté de la barrière, finalement ? »

De très loin, je pouvais entendre et sentir quelques-uns de mes hommes converger vers notre position. Il nous restait au moins cinq bonnes minutes avant que les premiers n’apparaissent dans notre champ de vision ; et cinq minutes, c’était largement suffisant pour avoir une discussion sur ce qui s’était réellement passé. Du fait de mon grade, j’aurai certainement accès à la vérification minutieuse de certaines informations qu’il me confierait (ou pas), parce que prudence oblige. Se fier simplement aux paroles d’un supposé traitre serait faire preuve de conneries. Le bénéfice du doute n’était pas une raison pour ne pas rester sur ses gardes. « Tu es devenu bien fort en tout cas… C’est… Dommage… Vraiment dommage. » Oui, dommage. Je le pensais toujours autant, mais il aurait pu faire parti du gratin de notre faction. L’espace d’un instant, je nous imaginais papoter autour d’un bon verre, à échanger nos péripéties et à construire un lien fort comme j’en avais avec certains personnages de la haute… Mais il faut croire que ce n’était plus possible. La triste réalité m’arracha un soupir avant que je ne lui pose une dernière question.

- « Qu’est-ce que tu comptes faire par la suite, du coup ? »
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La pression retombait, enfin. Mountbatten comprenait l'état d'âme du vice-amiral. C'était une situation compliquée. D'un côté, lui devait le voir comme un traître primé, et chassé du Gouvernement Mondial. C'était donc logique qu'il engagea le combat, comme avec n'importe quel autre hors-la-loi. D'un autre côté, le Fantôme avait ses ordres du Gorosei en personne. Mais ça, peu de gens étaient au courant, et peu de gens devaient être au courant. Le secret avait ça de malicieux, qu'il pouvait à la fois donner un avantage et un désavantage à la hauteur de son importance. Pile, tu vis. Face, tu meurs.

Il se releva une fois que Fenyang eût rangé son sabre dans son fourreau. Les hostilités semblaient avoir prises fin. C'était serré, trop serré à son goût, mais qu'importe. La précaution de l'Etoile Figura l'avait sauvé. L'homme pensa presque le remercier intérieurement, avant de se ressaisir.

De ce qu'il avait vu, Salem paraissait être un marin intègre et dévoué à son devoir. L'ancien commandant d'élite ne se fiait guère aux réputations et à ce que rapportaient les journaux, surtout quand il s'agissait des marins ou des hommes du Gouvernement Mondial. Ceux-ci étaient censurés et influencés pour les mettre en lumière, et gommer les imperfections… Par imperfections, cela allait de la simple bavure au crime de guerre grotesque, comme ce qu'il avait vu à Vindex. Mais le vice-amiral n'avait affiché aucune haine pendant l'affrontement. De plus, il ne s'était pas laissé submerger par les émotions, preuve d'une intelligence de combat remarquable. Son ancien opposant avait gagné son respect. Il ne regretta pas d'avoir vu en lui un exemple, du temps où il était dans la Marine. Près de deux ans après Kanokuni, les événements lui prouvaient qu'il avait eu raison sur ce point. C'était déjà ça.

Mount partit ramasser ses précieuses lames, lorsque la question du pourfendeur de démons lui fut posée.

"- C'est le truc. Je n'ai pas basculé de l'autre côté. Je n'ai pas changé, au fond." Dit-il, en rangeant ses deux meitous dans leurs fourreaux, avant de se tourner pour s'adresser à son interlocuteur.

"- On m'a poussé de l'autre côté. C'est dommage, oui. Mais ce n'était pas de mon fait."

Mountbatten soupira, avant d'observer les bulles de Shabondy éclater au niveau de la cime des arbres. Au loin revenait le bruit. La troupe arrivait, tandis que quelques inconscients se risquaient à s'approcher pour récupérer du butin dans les décombres. Le cher silence qui régnait auparavant se brisait lentement, mais sûrement.

"- Vous connaissez Vindex ? C'est une île de Grand Line. Il y a plus d'un an, le royaume quitta l'Assemblée des Nations et se rapprocha de l'Armée révolutionnaire. Alors, la Marine a monté une opération pour reprendre de l'île de force. J'y étais. Lieutenant d'élite Mountbatten, 48ème division d'élite." Dit-il, en finissant sur un rictus.

À ces mots, il se remémora ses collègues de la 48ème. Il avait passé beaucoup de bons moments avec eux. Et des moins bons, aussi. Surtout sur Vindex, quand la division fut quasiment rayée de la carte à plusieurs reprises. Le flot de nouvelles recrues ne s'était pas arrêtée pendant les sept mois de la guerre… De nouveaux visages avaient vite fait de remplacer ses connaissances. Si bien qu'à la victoire, il ne restait plus qu'une poignée d'hommes qui avaient fait le chemin avec lui depuis le début. Par ailleurs, il se souvenait de son chef, Kimblee, et d'un autre lieutenant d'élite, Riko. Deux sadiques, qui avaient commis un nombre incalculable de crimes de guerre devant lui. Mount avait refusé d'exécuter sommairement des civils, et encore moins des religieux. Eux n'avaient pas hésité. C'étaient des souvenirs difficiles à porter, mais qu'il avait appris à accepter au fil du temps. Il devait aller de l'avant. Partager ces détails n'était pas aisé pour le vétéran. Toutefois, Salem méritait des explications. Et quelque part, par la personnalité du vice-amiral, Mount était convaincu que ça pourrait changer sa vision des choses.

"- Quand on a gagné, sept mois après, j'ai été affecté au palais royal, où un nouveau roi avait été installé. Et puis le Gouvernement Mondial a décidé qu'il était temps de passer l'île sous un… Nouveau management, si on peut dire. Le CP9 l'a assassiné, et j'ai porté le chapeau."

Mount redirigea son regard vers le marin, l'air résolu.

"- J'étais le bouc émissaire, un pion qu'on a éjecté par convenance. J'ai pris la fuite quand ils sont revenus pour m'arrêter – ou plutôt pour me tuer, et entériner cette affaire avec ma mort. Pendant ce temps-là, ils ont en profité pour mettre un gouverneur à la tête de l'île. Alors, non, je ne suis pas vraiment passé de l'autre côté. On ne m'a pas laissé le choix.

La suite ?

Chasser du révolutionnaire pour devenir corsaire. J'aurais bien voulu vous dire tout ça autour d'un verre, néanmoins il semble que nous soyons pressés." Finit-il, avec un sourire en coin, tout en pointant en direction de ses subalternes, qui n'allaient pas tarder à être à vue.
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- « Quelle ironie… On te jette pour mieux t’utiliser après. C'est bien la haute, ça. »

Encore une fois, entre son intonation, sa posture, son regard et tout son maintien, il était difficile de s’imaginer qu’il mentait… Mon haki me rassérénait sur ce fait d’ailleurs. Qui plus est, pour avoir côtoyé maints Cipher Pol et savoir que la haute pouvait être pourrie jusqu’à la moelle épinière, l’histoire que m’avait conté Mountbatten ne me paraissait absolument pas improbable. J’eus même pour cet homme autant de pitié que de respect. Pitié parce qu’il n’avait vraisemblablement pas souhaité être de l’autre côté de la barrière… Respect parce qu’il avait gardé une intégrité et une noblesse d’esprit louable. Quant à sa volonté de revenir d’une manière ou d’une autre du bon côté, elle me laissait songeur : sa force d’esprit pour retrouver un rang digne était honorable, mais la faction le méritait-elle au final ? Qu’aurais-je fait si j’avais été à sa place ? Aurais-je voulu rejoindre de nouveau le camp de ceux-là même qui m’auraient trahi ? La question tournait dans tous les sens dans ma tête, jusqu’à ce que je décide de faire du vide dans mes pensées. L’heure n’était pas à la réflexion et je n’avais pas envie de pousser l’empathie au point de me mettre à sa place. S’il n’avait pas de rancœur au fond de lui (bien que j’en doutais légèrement), c’était sa vie et pas la mienne. Son destin et pas le mien…

- « Je suis vraiment désolé pour ce qui a pu t’arriver. Je comprends mieux ton désintérêt pour ce combat et ton empressement à conclure le combat d'une façon ou d'une autre. D'ailleurs, c'est marrant parce qu’on m’a fait également part de la présence d’une cellule révolutionnaire dans le coin… »

Un soupir s’en suivit. Nos présences avaient-elles été voulu ? Si c’était bel et bien le cas, force serait de constater que le gratin était particulièrement retors. J’étais de ceux qui croyaient au hasard, à la chance, à la providence ; mais j’avais presque la nette impression que tout avait été orchestré depuis bien longtemps, comme si plusieurs personnes voulaient me mettre sur le coup avec le gamin. Si c’était le cas, serait-ce une façon de tester la fidélité d’une personne qu’ils avaient eux-mêmes trahi sans vergognes ? A mesure que je cogitais, mes réflexions prenaient de plus en plus de proportions aberrantes, si bien que je frisais presque la paranoïa. J’eus un petit rire sec, à la limite de l’hystérie, mais il fut interrompu par l’arrivée de mes hommes de main, Melvis en tête. Ce dernier reconnut instantanément Mountbatten et le tint rapidement en joue avec son fusil, mais je levai une main vers lui pour le calmer : « C’est bon, c’est bon ! Il ne représente pas une menace pour nous… » Surpris, le jeune sniper afficha une mine interloquée, mais finit par sourire en baissant son arme sans discuter. Il n’avait pas besoin d’explications : mon air tranquille et mon ordre lui en disaient long sur ce qui se passait, raison pour laquelle il obéît sans broncher. Néanmoins, le lieutenant-colonel resta à bonne distance pour ne pas gêner.

- « J’imagine que tu as du également ressentir les mouvements suspects aux grooves 25 à 29, non ? »

Le boucan que j’avais sciemment effectué avait eu justement pour but de générer du mouvement chez l’ennemi tapi dans l’ombre. Avec mon haki de l’observation couvrant aisément toute l’île, je prévoyais ensuite de m’amuser à les cueillir rapidement. C’était la raison pour laquelle j’avais pensé pendant quelques secondes que la présence de Mountbatten était celle d’un haut gradé de la révolution. Une méprise qui eut au moins le mérite de me rappeler qu’une partie de ma faction était bien pourrie comme il faut : « Je ne compte plus me mettre sur ton chemin. Je pourrai même t’aider à vrai dire, mais je doute que cela aille dans le sens de ta quête. Pas comme si j’étais un grand fan des corsaires, de toute façon… » Léonov était l’exemple parfait. Matsuya aussi. Les shichibukai n’étaient pas un groupe que j’appréciais spécialement, même s’ils avaient bien évidemment leur utilité. « Je te souhaite néanmoins bonne chance. Je ne sais pas ce que ça vaudra, mais j’appuierai ta candidature comme celle de Joe Biutag si besoin est. On va dire que je te dois au moins ça. » Je haussai mes épaules. C’était le mieux que je pouvais faire pour lui. J’imaginais mal les vénérables accepter de le réintégrer dans les rangs… Plaider pour lui dans ce sens semblait une perte de temps et l’aider à laver son honneur, une ingérence qui ne serait pas forcément bien vue.

- « Une dernière chose à rajouter, Mount ? »
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Les excuses et le semblant d'empathie du vice-amiral touchèrent Mountbatten. Qu'un homme qu'il avait érigé en exemple comprenne sa situation voulait dire quelque chose, bien plus qu'il ne voulut se l'admettre sur le moment. Peut-être que cela le renforçait dans son idée, et que c'était une preuve supplémentaire de la nécessité de garder son intégrité à tout prix. Fenyang n'aurait définitivement pas eu la même attitude face à un pirate sans foi ni loi qui, trahi par le Gouvernement Mondial, se serait décidé à s'en prendre à autrui pour son bénéfice personnel. Depuis son passage chez les hors-la-loi, le Marijoan n'avait tué qu'un seul innocent, et il s'en voulait encore. Il y repensait, des fois. Non, une vie de forban était loin de son idéal, de ses valeurs. Et son interlocuteur avait dû le comprendre.

Ses hommes avaient suivi ses ordres à la lettre, sans broncher. Preuve qu'il était un bon supérieur. Un commandant fiable et rusé, le rêve de tout subordonné, en somme. Mount sourit à cette pensée. La nostalgie le guettait du coin de l'œil. Devant lui entrevoyait-il une voie alternative à sa situation, une sorte de bond dans une dimension parallèle où les rôles auraient pu être différents… Néanmoins, tant que les pratiques et la politique de Marijoa restaient les mêmes, il n'avait, finalement, que très peu de regrets.

Alors le marin était, lui aussi, aux bottes des fichus révolutionnaires. Ça n'étonnait qu'à moitié le Fantôme. Saint Oberon était en danger par les larbins de Freeman. La Marine avait dû renforcer ses effectifs, et le pourfendeur de démons devait être parmi les heureux élus, afin d'assurer une protection maximale à sa Sainteté, reine de l'hypocrisie. Le Cipher Pol devait lui aussi bien s'activer. Et par-dessus, le Gorosei avait jugé opportun d'y amputer un candidat au poste de corsaire. Les rapports devaient être très sérieux, voire alarmants, pour que les dirigeants s'activèrent autant.

"- Correct, vice-amiral" Répondit Mount.

Suspect, oui. Maintenant, fallait-il qu'il s'agisse de foutus révolutionnaires. Avec le bordel qu'ils avaient foutu, nul doute que l'ennemi comptait bouger, ou du moins réagir. Un haut gradé de sa trempe qui passait par là constituait un grand danger pour les petites fouines de la Révolution.

"- Et je vous remercie pour votre soutien." Dit-il, tout en baissant légèrement sa tête.

C'était indéniable, l'appui de sa candidature par Salem était totalement bénéfique. Et puis il y avait un précédent, avec le corsaire Joe Bituag, dit Greed. L'histoire se répétait, encore et toujours, inlassablement. Les hommes changeaient, mais le schéma restait le même.

Le Marijoan tourna sa tête en direction des groves 25 à 29.

"- Je vais y aller, moi aussi. Vu comment la haute panique à propos des révolutionnaires présents l'archipel, je suspecte du gros, du très gros même. Plusieurs atouts, au minimum. Je vais y aller par moi-même. Dans ce cas, ne vous mettez pas en travers de mon chemin, et je ferai de même. D'un autre côté…" Dit-il, en basculant son regard à nouveau sur le vainqueur de Kanokuni.

"- Au vu de nos états respectifs, si l'un d'entre nous engage plusieurs atouts à la fois, ce sera risqué."

Il faut dire que le combat ne les avait pas laissés indemnes. Ils étaient chacun entaillé à plusieurs endroits. Leurs sangs avaient tâché leurs tenues respectives. Le torse-nu de Salem laissait entrevoir quelques plaies béantes. Largement superficielles, mais qui laissaient toutefois échapper un filet du liquide rouge. Autour d'eux, ses hommes n'avaient pas l'air d'être des pointeurs à leurs niveaux. Peut-être que le lieutenant-colonel pouvait en tenir un à distance, et encore. De plus, la fatigue de l'affrontement allait affecter leurs capacités de combat futures, c'était certain.

"- Séparons-nous. Une collaboration trop proche ne serait pas acceptable, j'en conviens. Mais si l'un d'entre nous est dans le pétrin… L'autre viendra l'aider. Qu'est-ce que vous en dites, vice-amiral ?" Demanda Mountbatten, d'un air déterminé et serein.

L'offre lui paraissait judicieuse au vu de la situation. Mais il comprenait aussi la position difficile de son interlocuteur. Le Fantôme était toujours un pirate recherché. Ça ferait mauvais genre, et ça pourrait faire jaser dans les états-majors si une coopération trop poussée advenait. Mais trouver un ennemi commun était toujours source d'entente. Une opportunité pour une alliance de circonstance, ni plus, ni moins.
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- « Mmmh. Concrètement, je n’ai pas spécialement besoin de ton aide… »

Etais-je imbu de ma personne ? Oui et non. Oui, parce que je connaissais mes forces. Non, parce que j’avais de quoi faire pour raser tout une cellule révolutionnaire. En effet, j’avais un bras droit aussi fort qu’un vice-amiral et des hommes de main assez puissants pour mettre en difficulté des ennemis puissants. Autant dire que j’étais plutôt bien entouré et que pour une fois, j’avais un équipage sur lequel je n’avais pas constamment besoin de veiller, ce qui me faisait vraiment plaisir et m’ôtait un poids considérable sur les épaules. Melvis, mon sniper qui se tenait à bonne distance était de ces personnes sur lesquelles je pouvais me reposer. D’ailleurs, même si je ne doutais pas du fait que Mountbatten le vaincrait dans un combat singulier, j’étais persuadé qu’il pourrait lui donner du fil à retordre dans un certain sens. Les snipers avaient ce don de bien faire chier tous ceux qu’ils combattaient, surtout à distance…

- « Cependant, je serai curieux de te voir m’aider si jamais j’étais en difficulté, oui… »

J’eus alors un mince sourire. Y’avait pas à dire, ça me rappelait Kanokuni tout ça. Avoir une vague de nostalgie comme ça ne me ressemblait pas trop, mais quelque part, force était de constater que je le plaignais. Un soupir s’en suivit alors que je ne dégote dans mes poches un den-den-mushi portatif que je gardais en réserve au cas où le mien se bousillait. Là-dessus, je le lui balançai à la gueule. Avec son mantra, il avait dû voir la chose venir et saurait très certainement capter la prise : « Je te ferai pas un cours sur la communication. T’étais l’un des nôtres il y a encore quelques temps… » L’intérêt de se tenir informé sur le champ de bataille ne se présentait plus. Si nous voulions réussir un minimum, une collaboration s’imposait donc. Enfin… Ça c’était l’idée de base la plus logique, mais derrière, je ne pouvais pas me mentir à moi-même : je nourrissais une empathie réelle pour cette victime collatérale d’un système puant.

- « Il n’est pas dit que j’accoure immédiatement à ton secours, tout comme je n’attendrai pas que tu fasses de même. Mais ma foi, avoir un allié de poids contre des révolutionnaires n’est pas quelque chose à négliger. Et puis contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne suis pas ici pour les bonnes raisons, même si je n’aurai pas eu le luxe de refuser une telle mission… »

J’eus alors un sourire un poil inquiétant. La sécurité de Saint Obéron ? Comme si j’en avais quelque chose à foutre, moi. Les dragons célestes ne m’intéressaient pas le moins du monde. D’ailleurs, plus je m’en tenais éloigné et mieux je me portais ; même si j’étais conscient que devenir amiral reviendrait à être l’un de leurs chiens de gardes, seul point noir de ce poste aussi prestigieux. Non, moi ce qui m’intéressait réellement, c’était charcuter du révolutionnaire encore et encore, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un seul à la surface du globe. Ces gens étaient la lie de ce monde. Comme la peste. Il fallait les éradiquer, oui. Si j’avais fait le deuil de ma bien-aimée depuis fort longtemps, il n’en demeurait pas moins que la rage que je leur vouais bouillonnait toujours en moi. C’était la raison pour laquelle j’étais venu illico presto dans ce coin pourri. Une idée sur laquelle je pris la direction opposée de celle de Mountbatten.

- « Je te laisse aller en repérage et intervenir de ton côté. Autant ne pas les pousser à tous s’enfuir en mimant une retraite de mon côté, surtout qu’ils doivent sans doute savoir que je suis là. Si jamais tu as des informations, n’hésite pas à me tenir informé… » Lui dis-je en m’éloignant tranquillement pour rejoindre mes hommes qui m’attendaient toujours à l’écart.

Le fantôme et moi avions dorénavant un accord.
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