La ferveur d'une amitié

- Maître ? Vous semblez soucieuse depuis quelques jours...

- Laisse là Chizu, tu sais bien que notre maître n'aime pas être dérangée quand elle travaille.



- D'accord mais là... Elle est plantée sur place depuis plus d'une heure devant sa réplique de Mono Oshi ! Est ce qu'on ne devrait pas s'inquiéter ?
- Non non, t'en fais pas.
- RAAAAAH ! ÇA ME SOULE !

D'un geste j'envoie voler l'enclume devant moi où j'avais commencer mon travail avant de me tourner vers le fourneau, posant mes mains sur ses bord brûlant tout en perdant mon regard dedans.

- Bon... Là, je te l'accorde, on doit peut être s'inquiéter...
- Ah ! Tu vois ! Maître Izya ? Vous allez bien ?
- Hein ?

Presque surprise par leur présence tant j'étais concentrée dans ma réflexion, je ne me tourne vers les deux filles qui sont collée l'une à l'autre, légèrement inquiètent que je puisse me transformer en dragon de colère et dévaster leur nouveau monde. Non pas que ce soit déjà arrivé évidemment... Bien qu'on ait déjà du refaire deux fois le mur de ma salle de forge personnelle... Mais c'est sûr que mon comportement de ces derniers jours les inquiètes... Et puis, ça ne fait que deux semaines que nous travaillons ensemble alors forcément, elles ne me connaissent pas encore assez bien pour savoir que je suis inoffensive !
Enfin... Presque.

- On s'inquiète pour vous... Depuis que vous êtes allé voir la Déesse il y a trois jours, vous n'êtes plus la même...
- On peut peut être... vous aider ?

Je souffle un grand coup, relâchant ma frustration tout en les regardant en souriant.

- Vous êtes mignonne comme tout les filles mais à moins que vous ayez déjà forgé des meitous de premier rang, je doute que vous puissiez m'aider sur ce coup.
- Un meitou de premier rang ?! Vous voulez dire que vous essayez d'en faire un ?!
- Oh, vous voulez concurrencer la Déesse avec sa lame ? C'est pour ça que vous fixer sa réplique ?!

Je fais les gros yeux, surprise par la déduction de Chizu qui n'y ait pas et ouvrant la bouche pour lui répondre, je me bloque soudainement. Même si j'adore mes deux apprenties, je ne peux clairement pas leur révéler l'un des plus grand secret de Kiyori.

- Ou... oui et non. Oh mais regardez, je crois qu'il y a des clients qui arrivent. Allez vous en occupez, d'accord ?

Les filles se tournent alors vers le comptoir extérieur, affreusement vide.

- Mais y'a pas de client ?
- Je crois que c'est un message pour nous dire que ce qu'elle fait est top secret et qu'elle peut rien nous dire.
- Oh ! Vraiment ?! C'est quoi ???

Cette fois, c'est avec un air blasée que je dévisage la jeune et énergique Chizu. Heureusement qu'Asuka est là.

- Non mais elle peut pas nous le dire ! Allez viens donc t'entrainer à la forge.
- Bon... D'accord...

Et c'est donc en trainant les pieds que Chizu quitte la pièce alors que j'échange un petit sourire complice avec Asuka. Décidément, je me félicite encore d'avoir créer ce duo pour gérer ma forge de Tetsu...

Pour autant, cela ne règle pas mon problème de création... Oh, bien sûr, je pourrais abandonner. Mais vu tout ce que l'Impératrice a fait pour moi, j'ai vraiment envie de lui faire un présent à mon tour : et en discutant avec elle et Lionada il y a quelques jours, j'ai appris que celle qu'elle considère aussi comme sa sœur est aussi sa doublure dans nombres de situations.
Une doublure qui malheureusement n'a pas de fruit du démon mais surtout, ne se bat pas avec la même arme. Alors oui, Lionada pourrait se contenter d'une réplique de Mono Oshi d'une qualité tout à fait à ma portée mais... Ne suis-je pas capable de faire mieux que ce que j'ai fait en reforgeant Argument Décisif et Narnak ?

Si je veux m'élever en temps que véritable génie forgeronne, alors je dois être capable de forger une des meilleures lame du monde. Une lame digne d'égaler Mono Oshi et tous les autres Meitou de premier rang.

Tel est le problème qui me ronge ces derniers jours... Au point de m'empêcher de dormir... Mais vu que je n'ai pas fait un pas vers la résolution de mon problème, je suppose qu'une bonne nuit de sommeil sera peut être salvatrice ?
De toute façon, niveau perte de temps, je ne suis plus à ça près...

Assise dans un coin de la chambre que nous occupons Red et moi, je reste plongée dans les croquis de la lame de la Déesse que j'ai réalisée tant ce problème encombre mon esprit. Du moins, jusqu'à ce qu'une nuée de ténèbres viennent éteindre la bougie qui me servait de lampe de chevet malgré l'heure tardive.

- Hey ! J'ai pas fini !
- Et moi j'ai pas commencé à dormir avec ta maudite lumière !
- Bah fais toi une boule de ténèbres autour de ta tête et laisse les honnêtes gens travailler.
- Honnête ? Toi ? Alors même que tu cherches à me poignarder moi en offrant une lame magique à nos ennemis ?!
- Je suis toujours plus honnête que toi qui est sortie avec une trainée juste parce que monsieur se sentait un peu seul.
- C'est pas une trainée... Et arrête avec ça.
- Moi je suis pas une trainée. Elle, elle couchait avec toi pour ton argent et ta puissance.
- Elle m'aimait Izya.
- Et toi ? Ose me dire que tu l'aimais ?
- Tu veux vraiment qu'on parle de ça maintenant ?
- Non, moi je veux réussir à forger un meitou de premier rang.
- Bah t'as qu'à demander à ta super meilleure amie Kiyori qui m'a volé tout mon argent de te laisser étudier le sien... D'autant plus si c'est pour en faire une réplique...
- MAIS OUI ! C'est ça !

Malgré son ton condescendant, Red a trouvé le chainon manquant qu'il me faut pour réussir mon entreprise ! Je n'ai certes pas de forgeron ayant réussi cet exploit de forger son propre meitou de premier rang sous la main mais j'ai combattu le meitou de Kiyori ! Mon duel contre elle a duré de longues minutes où ma lame résonnant contre la sienne m'a faite ressentir toutes les vibrations de son arme, me permettant ainsi d'en visualiser toute la pureté de sa conception.

Rapidement, je rampe alors jusqu'à Red dans le noir et me penche vers lui en l'embrassant spontanément. Un geste si imprévisible au vu de notre précédente discussion que même son mantra de l'a pas vu venir.

- Tu sais que je t'aime toi.
- J'espère bien oui, vu tout ce que je supporte pour toi.

Il tend alors les bras vers moi pour m'enlacer. Dommage pour lui.

- Mauvaise réponse. Mais je te pardonne.
- Si tu me pardonnes, où tu vas ?!
- A la forge, j'ai une lame à créer !

Je sens alors sa pointe de déception tandis qu'il retombe sur son futon tout en marmonnant de mécontentement, mécontentement qu'il a amplement mérité, d'autant plus vu ses marmonnements qui, je suis sûre, sont encore entrain de remettre en question le choix qu'il a fait en me préférant moi à Jeska.

Mais manque de chance pour lui, j'ai souffert des mois de la situation avant qu'il ne prenne cette décision, alors je suis pas encore prête à ne plus lui rabâcher cette erreur qu'il a commise que de succomber aux charmes de cette espèce de succube empoisonnée. Et puis s'il est vraiment mécontent, il peut toujours revenir sur sa décision...

Je connais une Impératrice qui serait ravie d'écraser Red et sa succube comme des mouches avec moi à ses côtés...

- Alors ? Tu ... Tout va bien ?

Boudant dans un coin de la chambre, un nuage noir au dessus de ma tête après avoir passée la nuit et la journée à essayer de me remémorer toutes les subtilités de la Perche à sécher de Kiyori pour les appliquer à une réplique de valeur similaire... La question de Red est évidemment une question rhétorique tant la réponse est évidente.

Non. Je n'ai rien réussi à produire de satisfaisant.

Et pour seule réponse, je me laisse basculer sur le côté, m'allongeant d'un coup sur le tatami de la chambre.

- J'y arriverai jamais...

Sans même que j'ai à le voir, je sens que Red lève les yeux au ciel tout en étant légèrement amusé de me voir faire l'enfant boudeuse qui abandonne juste pour avoir des encouragements et de l'aide. Sauf que les hommes n'apporte jamais ce qu'on attend d'eux...

- Parfait. Comme ça tu n'offriras pas une arme légendaire à l'ennemi !

Sa réflexion m'énerve et mon nuage gris se met à gronder alors que d'un coup, j'attrape le coussin sur lequel j'étais assise aussi rapidement que je le peux et lui envoie en pleine tête !

- BLACK HOLE !
- RAAAH ! T'es NUL ! TU M'ÉNERVES ! TU N'ES ! *BAM*

L'oreiller que je lui ai envoyé atterri dans ma figure, relâché par ses ténèbres tandis qu'un nouveau grondement se fait au dessus de nos têtes tant le nuage a grossi sous mon énervement. Et tandis que l'objet tombe au sol, mon regard se plante dans celui de Red, folle de rage. A telle point que mon corps se recouvre de pique et que des éclairs commencent à zébrer mon nuage par intermittence. Mais évidemment, Monsieur s'en débarrasse d'un geste en le faisant lui aussi disparaitre dans les ténèbres.

- Écoute Izya...

Manque de pot pour lui, le voyant faire, je me suis tournée vers la fenêtre et je suis partie en me changeant en dragon. Et manque de chance pour moi, monsieur a décidé de me suivre.

- Izya attend !
- Quoi ?! Tu veux que j'attende quoi au juste ?!
- Moi ! Tu voles trop vite !
- Non mais je rêve...

Sous ses dires, j'accélère exprès pour le semer. Mais Monsieur utilise une nouvelle fois son fruit du démon pour m'attirer à lui et m'empêcher de partir.

- Non mais t'es sérieux ?!
- Oui très !

Et maintenant qu'il est sur mon dos, j'ai plus vraiment moyen de m'en débarrasser... Alors je créé un nuage avant de redevenir une ange devant lui et de nous faire nous poser dessus, à quelques dizaines de mètres au dessus de la ville.

- Puisque Môsieur veut avoir une discussion, vas y, je t'écoute.
- Tu veux pas qu'on rentre plutôt ? Allez, je t'offre à diner si tu veux.
- J'ai pas faim et je suis bien là.
- Non mais sérieusement Izya... Tu veux quoi au juste ?! Je comprends pas ! Tu m'as demandé de quitter Jeska, je l'ai fait. Tu m'as demandé de faire de toi la seule femme pour moi, j'ai accepté ! Et depuis : tu passes ton temps à tes projets pour Kiyori ! Tu veux devenir sa commandante ou quoi ?!
- Non.
- Alors quoi ?! Pourquoi c'est si important de lui contruire un meitou de plus !
- Tu sais manier une lame ?
- Évidemment !
- Aussi bien que moi ?
- J'irai pas jusque là, mais je vois pas le rapport.
- Et pourtant il est là le rapport Red : Grâce à qui on est ensemble aujourd'hui ? Kiyori et son festival. Kiyori qui en plus, a annoncé publiquement que j'étais sa sœur, son égale. Et moi, j'ai fait quoi pour elle, hein ? Rien. Et elle et Lionada sont d'excellente sabreuse. Excellente Red, pas comme toi. Tu veux savoir pourquoi je tiens à lui faire un meitou de premier rang ? Parce que je lui dois des remerciements pour tout ce qu'elle a fait pour moi.
- Tu as construit une super forge ! Et j'ai payé plus d'un milliard à cette femme ! On est quitte !
- Tu ne m'écoutes pas... Je suis quoi Red ?
- Une magnifique ange dragonne pirate ..?
- Une forgeronne ! Je suis une forgeronne et je veux être reconnue comme étant l'une des meilleures ! Alors a ton avis, comment je peux faire en sorte que je sois reconnue dans ma profession.
- Je crois que je commence à voir où tu veux en venir...
- En construisant un putain de meitou de premier rang et en le confiant à une sabreuse reconnue comme Kiyori, ou Lionada.
- Donc en fait c'est pas du tout par reconnaissance que tu veux leur offrir...
- Bien sûr que si !
- Mais pas que...
- Quitte à faire plaisir, autant que ça serve.
- En fait t'es vraiment une pirate finalement.

Et, rassuré, le voilà qui m'attrape et m'attire vers lui pour poser un baiser sur mes lèvres.

- La faute a qui...

Quelques baisers plus tard tandis que mon nuage nous ramène jusqu'à notre chambre, je reprends finalement mon air sérieux en retournant sur le sol.

- Bon, t'aurai pas une idée pour m'aider au lieu de me critiquer du coup ?
- Bah... J'y connais rien en forge. Mais on est sur l'île principale de Kiyori, donc je suppose qu'elle doit avoir un genre de bibliothèque où elle archive tout un tas de connaissance qu'elle a accumulé dans ses voyages...
- Tu penses ?
- En tout cas moi j'en ai une sur Armada... D'ailleurs va falloir que je la déplace sur Thriller Bark...
- Si tu en as une, tu as pas un truc sur la forge des meitous ?
- Aucune idée, c'est à Armada.
- Je peux demander à Alfred d'y jeter un œil ?
- Oui, mais demain. Ce soir, tu dors avec moi ou je t'enferme.
- Bon bon, d'accord.

C'est pas que je sois un grand lecteur, mais ces dernières années j'ai fait main basse sur un paquet de trucs assez large pour qu'il y ait un paquet de livres dedans. Et comme je ne manque pas vraiment de place, je stocke, j'ai même des gens qui s'occupent de ranger. Alors pourquoi pas, peut être qu'il y a quelque chose la bas qui révélè une méthode ancestrale de création de lame de prix, laissé dans un coin de page par un génie de la forge des temps anciens. Des trucs a base de rituel curieux qui demandent de forger une lame a la pleine lune avant de la refroidir en la plongeant dans le cœur vivant de l’être a qui on tient le plus. On fait de ces histoires sur les meitou... Peut être qu'il y a tout ça sur Armada. Peut être, mais a mon avis, probablement pas.

Cela dit, s'il y a bien un truc que je sais, c'est que connaitre quelque chose ne veut pas forcément dire le connaitre vraiment. Parfois, savoir simplement ou chercher peut suffire. Et savoir ou chercher, c'est un domaine ou je suis plutôt bon...

Alors suivant la miss, je me mets en route à mon tour, allant me promener dans les rues de medelin jusqu'a l'endroit ou s'installe mon dernier investissement, le comptoir des usuriers de Tetsu, ou Lame, le plus courageux des agents doubles, est surement en train de commencer à jongler entre ce qu'il doit à Kiyori et ce qu'il doit aux Usuriers.

- Salut Lame, tout baigne ?

- Capitaine Red ! Je vous attendais.
- Je me disais bien qu'il y avait des mômes qui avaient l'air pressés de bouger en me voyant arriver. C'est bien, j'aime les gens qui savent s'entourer de précautions.
- Qu'est ce que je peux faire pour vous Capitaine ?
- J'ai besoin d'informations, des informations sur la perche à sécher.
- Le sabre de la Déesse..
- Pas d'inquiétude, j'ai pas l'intention d'aller croiser le fer avec pour l'instant. Non, je veux savoir d'ou il vient.
- D'ici. De Tetsu je veux dire. Dans les temps anciens, c'était le sabre du seigneur de l'ile, avant l'arrivée de Kiyori. Quand elle s'est emparé de l'ile, elle s'est aussi emparé du sabre, et il ne l'a plus quitté.
- Voila une info qui me facilite la vie. Maintenant je suis a peu prés sur que tu peux m'aider. J'ai besoin d'infos sur celui qui a fabriqué lez sabre et sur comment il s'y est pris. Entre le besoin de reconnaissance de Kiyori et vos traditions millénaires, je suis a peu prés sur que vous avez un palais quelque part dans le coin ou sont enfouis des tonnes de documents anciens soigneusement préservés par de vieux moines ou des trucs du méme genre.
- Les grandes archives de Shikoka...
- Ça sonne a peu prés comme je l'entends. Alors des informations sur la forge de la perche à sécher. Je compte sur toi. Et tu peux en parler avec Kiyori, ça ne lui nuira pas.
- Si je trouve quelque chose je vous les amènerai en personne.
- Pas à moi. Fais directement livrer ça à Izya. Mais tu peux dire que ça vient de ma part.
- Je ferais de mon mieux Capitaine. *


Un brave gars ce Lame, surtout pour un type qui a le cul entre deux chaises sacrément dangereuses.

- Alors tu es sûr Alfred ? Tu as bien fouillé ?
- Veuillez m'excusez Madame mais oui, et je n'ai rien vu...
- Bon... Tant pis...

Je raccroche mon Denden en soupirant devant ma réplique de la Perche à sécher. Bon sang, ça ne devrait tout de même pas être si compliqué que ça que de forger un meitou de premier rang !
Cela dit, si c'était si simple, tout le monde en aurait, alors si, ça doit être compliqué...

- RAAAAH je suis à court d'idée !

Mes mains dans ma crinière flamboyante, je secoue le haut de mon crâne en fixant le sol de dépit tandis que mes deux employées tournent un instant leurs regards vers moi, légèrement inquiètes, avant de finalement reprendre leur tâche pour faire tourner la forge.

Bon, reprends toi Izya. Reprends toi. Ça doit pas être si impossible que cela. Oui, seuls les meilleurs forgerons y arrivent mais avec tout ce que tu as traversé, tu en es capable, hein ? Bien sûr que tu en es capable ! Tu as vaincue un empereur, conquit des îles, affrontée une impératrice en duel de sabre sans plier ! Et tous ces meitous que tu as croisés, ceux que tu as reforgés ! Ce métal que tu as inventé avec le gel céleste ! c'est déjà digne des plus grand forgeron ça, non ?
C'est la dernière étape. L'étape qui te permettra de faire de toi une des plus grande forgeronne de ce monde. Tu es déjà l'une des plus grandes, mais qui se contenterait du top cinquante alors qu'il pourrait atteindre le top 10 ?!

Allez, creuse toi les méninges, souviens toi des bases. Il faut toujours repartir des bases.
D'abord le métal, le faire fondre. Puis le couler dans un moule. Attendre qu'il refroidisse. Le rechauffer. Le modeler. Le refroidir, le chauffer, le modeler...

Non non. C'est pas ça. Il faut plus. Il faut mettre plus que les bases.

Plongée dans une profonde réflexion, j'ouvre enfin les yeux, comme une révélation, regardant alors mes mains. Mes mains qui se couvrent de minuscules écailles et qui crée alors des nuages avant qu'il ne disparaisse tandis que je ferme mes poings.

- Du pouvoir...

C'est pourtant évident ! La lame d'un forgeron ressemble toujours un peu a son créateur. Et pourquoi ? Parce qu'il met de lui dans son travail ! Et si les meilleurs forgerons ont pu créer des armes capables de pouvoirs extraordinaires, c'est qu'ils ont du eux même détenir ces pouvoirs d'une manière ou d'une autre pour les transmettre à leur lame !

Ragaillardie par cette idée, je me mets directement au travail, prenant un nouveau morceau de métal vierge que je commence à façonner mais en ailleurs recourt à des méthodes loin des traditions : mon fireheart le fait fondre, mes nuages le refroidissent, et surtout... mes doigts écailleux le modèle.

Et quelques heures plus tard, le résultat est là.

- Alors ? Vous en dites quoi ?
- Euh...
- C'est une magnifique statue mais... Vous deviez pas faire une réplique de la perche à sécher ?

Je regarde alors ma création d'un nouvel œil... Finalement, à trop penser à mes pouvoirs de dragons, j'ai fini par créer une réplique de ma forme animal de la taille de la perche à sécher...

- Vous devriez peut être vous reposer un peu maître... Vous ne pensez pas ?
- Si... Sans doute...

Je donne alors négligemment ma création à Asuka qui la reçoit avec une grande surprise.

- Maître ! Elle est super légère ! Comment c'est possible ?!
- J'ai mélangé mes nuages flottant dedans.
- Fais voir ! Wahou ! C'est vrai qu'elle est super légère ! C'est incroyable !

Et pendant que les filles sont impressionnées moi je suis lessivée et démotivée, m'affalant alors sur mon plan de travail d'un air pathétique. J'ai réussi a faire du métal léger... Super... J'en faisais déjà avec le gel céleste...
Non mais quelle plaie.

- Excusez moi, la Reine Izya est-elle ici ?

Au comptoir un jeune homme au teint blafard et à l'écharpe rouge arrive tandis que mes deux vendeuses vont vers lui et que pour ma part je ne bouge pas, trop occupée à ruminer dans mon coin. D'ailleurs, je n'écoute même pas leur conversation jusqu'à ce que Chizu vienne me voir.

- Maître... C'est un parchemin pour vous, de la part de Red et Kiyori si j'ai bien tout compris...
- Hein ?! Kiyori ?!

Je me relève vivement et attrape le parchemin d'où dépasse un bout de papier avec la seule inscription disant : "Fais en bon usage... Et rapporte le moi demain au Temple des Anciens, vers 16h."
Et vivement, je déroule le parchemin. Ce sont les notes de création de la perche à sécher.

- Je...

Ne sachant que dire, je porte une main à ma bouche tout en étudiant le précieux manuscrit, regardant chaque plan et détail de sa confection qui confirme bien mon idée mais qui m'apporte alors les clés de la réussite. Clés qui demande un maximum de précisions et de concentration.

- Maitre ?

Je lève un instant les yeux vers Chizu sans bouger. Puis retourne mon regard sur la recette. J'ai envie de m'y mettre maintenant mais... Non c'est mort, vu mon état de fatigue j'y arriverai jamais.
Puis, toujours silencieuse, je me tourne vers le papier laisser par Kiyori. "Demain 16h au temple des anciens".

Si je me lève à 4h du matin, j'aurai largement le temps de faire ce que je veux. Mais je n'aurai qu'une seule chance... Alors que si je m'y mets maintenant...
Un regard à ma statut de dragon me fait enfin me décider.

- Je vous laisse pour aujourd'hui, j'ai à faire.
- Rien de grave j'espère ?!
- Non. Mais je vous préviens, demain, n'entrez dans cette pièce pour rien au monde.
- Euh... D'accord.

Et d'un bond, je sors de la forge avant de me transformer et de m'envoler jusqu'à ma chambre de luxe pour aller me coucher. Il faut absolument que je m'endorme vite et bien, sinon tout mon plan sera foutu.

- Princesse !

Les rideaux de la chambre fermés, je suis allongée dans le noir, tentant vainement de trouver le sommeil tandis que derrière le mur de papier la voix de Red résonne.

- Il y a une fête ce soir ! On y va ? D'un geste vif, il ouvre la porte coulissante tandis que je ne bouge pas, allongée sur mon futon. Bah, qu'est ce que tu fais dans le noir ?

Si je reste silencieuse, il va bien finir par partir et croire que je dors, non ?

- M'enfin Princesse... Il est 16h... Qu'est ce que tu fiches au lit ?!

Gnagnagna, ça se voit pas ? Je dors ! Allez va t'en, va t'en, va t'en...

- Je sens très bien que tu ne dors pas Princesse. Et si tu ne veux pas venir avec moi tant pis... Je trouverai bien une autre personne pour m'accompagner à la fête...

Cette fois encore, l'oreiller vole à travers la pièce mais comme d'habitude Red l'intercepte facilement avec un petit air moqueur sur le visage.

- Tu... M'exaspères ! Je suis fatiguée ! Je veux DORMIR ! Et toi ! Toi... Tu ne penses qu'à rompre la promesse que tu m'as faites ! Je... J'aurai du ! PARTIR ! PARTIR ET TE LAISSER ROUCOULER AVEC TA TRAINER ET !

Sauf que Monsieur s'en fout totalement de mon exaspération et d'un soru il me rejoint et me fait taire d'un baiser.

- Je te propose de sortir avec moi, que tous les deux. Et tu vas me dire non ? Après tout ce que tu m'as demandé de faire pour toi ? Alors même que je t'ai trouvé ce parchemin ?

Ses yeux fixent le fameux rouleau ancestral tandis qu'il repose l'oreiller à sa place et que je me mords la lèvre inférieure sous l'hésitation. J'ai beau être morte de fatigue, ça fait une heure que je suis là et le sommeil ne vient pas. Mais si je ne dors pas, je n'arriverai à rien forger demain et mon plan pour Kiyori sera un fiasco total !
Mais en même temps, pour une fois que Red m'invite à passer du temps avec lui... Depuis le temps que je rêve qu'on puisse profiter d'une après midi en véritable amoureux...
Pourquoi faut-il que ce soit maintenant ?!

Je me tourne alors la face dans mon oreiller et crie un bon coup dedans avant de finalement me redresser vers Red.

- Je dois voir Kiyori demain à 16 heures au temple des Anciens et lui rendre le parchemin à ce moment là ! Et je veux pouvoir lui donner le meitou en même temps ! Mais j'ai essayé de le forger cet après midi sauf qu'à force de ne pas dormir je commence à faire n'importe quoi !
Il faut que je dorme ! Sinon j'y arriverai pas !
- Mais là, tu dormais pas.
- Non ! J'y arrive pas ! J'ai trop peur de rater mon plan ! Ça me stresse !
- Alors la solution est simple : tu viens avec moi, on passe une bonne soirée loin de ta forge et ce soir, je te ferai un bon massage puis te trouverai un bon lit de braise pour que tu te requinques plus vite. Qu'en penses-tu ?

Comment je pourrais refuser ça...

- Allons y !

Au diable la fatigue ! Si je peux passer un bon moment et me faire chouchouter par l'homme que j'aime, ça vaut tous les repos du monde !

Allongée dans l'âtre de ma forge sous ma forme hybride classique, une odeur délicieusement sucrée me fait sortir de mon sommeil de la plus merveilleuse des manières. Et là, sur mon plan de travail, une assiette de gaufre est posée tandis que lentement, du chocolat fondue est entrain d'être versée dessus par le plus attentionné de tous les hommes.

- Red ? Mais... Il est quelle heure ?
- Exactement 4 heures. Alors, comment tu te sens ma Princesse ?
- Parfaitement reposée. C'est toi qui a fait ça ?
- Juste pour toi.

Et tandis qu'il termine de verser le chocolat chaud sur les gaufres, le voilà qui s'avance vers moi en me tendant une main ganté d'une manique pour pas se brûler en m'aidant à me relever de mon lit flamboyant.

- Tu as un bain chaud juste là pour t'enlever les cendres de ton corps, des habits ici et ton chocolat chaud est juste là.
- T'es le meilleur des hommes, tu le sais ça ?
- Oui mais maintenant je vais dormir pendant que toi tu montres au monde qui est la meilleure forgeronne du monde.

Un baiser plus tard et le voilà qu'il disparait dans les ténèbres de la nuit, me laissant seule avec toutes ces attentions dans mon univers de travail. Si avec tout ça je ne réussi pas, c'est que jamais je n'y arriverai...

- Alors comme ça je t'invite et toi tu me demandes d'inviter aussi Lionada... Je suis un perplexe par cette demande...
- Oh, ne le soit pas. Et puis, si je suis un peu comme ta sœur et que elle aussi, alors on est un peu sœur toutes les trois, non ?

Ce bain que nous sommes entrain de prendre ensemble dans le temple des anciens est plus que bienvenu vu la journée que je viens de passer. Là, dans ces eaux chaudes aux soit disant vertus curatives, je peux enfin détendre mes muscles qui ont travaillé sans relâche depuis que Red m'a réveillée cette nuit pour que je me mette au travail.



Je tourne alors la tête vers Lionada qui semble légèrement plus réservée que Kiyori dans ce bain que nous prenons toutes les trois ensembles. Et pourtant, de nous trois, c'est la seule à ne pas avoir de fruit du démon... C'est peut être pour cela qu'elle est plus tendue ? Elle sait que si l'une de nous deux trébuche ce sera à elle de nous secourir.

- Tu n'as pas répondu à ma question... Et d'ailleurs, tu as ramené le parchemin ?
- Évidemment... Et...

Est ce vraiment le bon moment pour cela ? J'ai travaillée plus de dix heures d'affilés sur mon projet tant et si bien que je n'ai pas eu le temps de tester la lame avant de partir. Et même si mon œil expert de forgeronne est formelle sur la qualité de cette lame que j'ai forgée en y incluant une par de mon pouvoir, de mon haki, mes écailles et de mes nuages, je ne suis pas totalement sûre que le pouvoir de mon œuvre fonctionnera comme je l'ai prévu.

- Toi, tu me caches quelque chose...
- Ne lisez pas l'avenir avec votre haki ! Vous gâcheriez ma surprise !
- Une surprise ?
- Tu as trente secondes sinon je la gâche !

Rah ! Mais quelle gamine capricieuse celle là ! On dirai moi ! Sauf que moi je suis nulle avec l'empathie. Alors sans attendre, je sors de l'eau vêtue d'une simple serviette et me précipite vers mes affaires. Là, je sors le paquet enrouler dans une couverture et du parchemin, me débarrasse du papier pour ne pas l'abimer par l'eau et m'approche finalement de Lionada avec mon oeuvre sous le regard déçu de Kiyori.

- Alors tu m'as demandé de la faire venir juste pour lui offrir un cadeau... J'y crois pas.

Ignorant la boudeuse, je m'agenouille devant sa seconde et lui tend le paquet.

- En fait, c'est un cadeau qui vous servira à toutes les deux. J'espère que cela vous plaira...

Et qu'il fonctionne.

Intriguée, Kiyori se penche un peu plus vers son amie tandis que celle ci déplie le cadeau. Et avant même qu'elle ne finisse de déballer le meitou, Kiyori met sa main sur la bouche, surprise.

Évidemment, Madame la Déesse n'a pas sur résister à la tentation de regarder le futur...



- Mono Oshi...
- Oshite ! La perche à briser ! Mais tu te rends compte que ce nom veut rien dire !

Ce quelle dit ne reflète en rien l'excitation qu'elle ressent face au cadeau, ouf, cela semble plaire.

- Oui je sais mais l'idée c'est que vos deux sabres aient un nom très proche pour qu'on les confonde.
- Tu veux dire que c'est pas Mono Oshi ?

Je secoue la tête à la négative face à la doublure de Kiyori.

- Je l'ai forgée aujourd'hui, et c'est pour ça que j'avais besoin du parchemin...
- Essaye le !

Et alors que Lionada sort de l'eau pour se mettre en position de combat, l'Impératrice s'exclame alors avant même que son amie ait fait le moindre geste, lisant une nouvelle fois dans le futur.

- C'est génial !!!

Ce qui me permet de souffler largement avant même la démonstration : car cela marche. D'un coup, Lionada disloque la lame d'une simple pensée en un million de lame quelle fait danser autour d'elle avant de les réassembler et de frapper contre une des colonnes de marbres, la tranchant net.

- Magnifique... Mais... Pourquoi ?

Cette fois, Kiyori tourne aussi la tête vers moi, très intriguée par ma réponse alors que je retourne dans l'eau et reprend position.

- Pour vous remerciez. Et surtout toi Kiyori. Tu m'a offert ton amitié, une réputation et plus encore : grâce à ton festival, j'ai enfin l'homme que j'aime pour moi.
- Tu l'aurais eu dans tous les cas ça.
- J'en doute... Repliant mes jambes vers moi, je me referme un peu avant de continuer d'un air mélancolique : J'ai voulu mourir contre Teach, j'ai voulu tout abandonné à cause de ces sentiments que je n'arrivais pas à réprouver... Il m'a vu dépérir, souffrir de ses choix et pourtant... Pourtant il n'a rien fait pour m'apaiser. Pire, il a laissé cette peste m'insulter et me rabaisser durant tous ces mois... Je... Je ne veux plus jamais ressentir une telle souffrance... Et c'est ton festival qui m'a apporté la paix dont j'avais besoin. Alors je voulais te remercier. Vous remercier. D'ailleurs, j'ai aussi fait construire une forge à Medelin où j'ai enseigné mon art à deux forgeronnes très compétentes qui fourniront des armes de qualité à bas prix pour ton peuple. Car de ce que j'ai vu, les forgerons de Tetsu ne sont pas très honnêtes...
- Hm...
- Dans ce cas Izya, merci. De notre part à toutes les deux. Cette arme est véritablement magnifique et me permettra d'imiter encore mieux ma chère déesse.
- De rien. Et je compte sur toi pour t'en montrer digne !
- Attention, là tu deviendrais presque insultante.

Un rire nous échappe sous cette fausse dispute avant que nous changions de sujet et que le reste de la soirée soit des plus agréables...

- Maître ! Aidez nous ! Pitié !
- Hein ? Qu'est ce qu'il se passe ?!
- La déesseLA DÉESSE A FAIT DE NOUS SA FORGE OFFICIELLE ! ON CROÛLE SOUS LES COMMANDES !
- Quoi ?!
- Fallait s'y attendre en lui offrant un meitou de premier rang maître ! Mais là on s'en sortira jamais à deux !
- Oh bordel. Vous connaissez d'autres apprentis forgerons dans le coin ?

Tout en discutant, je passe immédiatement dans la forge et commence à prendre le relai.

- NON !
- Oui !
- Ok, Asuka, va les chercher, pendant ce temps je te remplace.

Non mais franchement Kiyori... C'était pas ça le but de ma manœuvre ! Enfin, je suppose que la rentabilité de la boutique n'en sera que meilleure avec ça... Alors même si c'est la panique, je ne peux m'empêcher d'avoir un petit sourire en coin.

Décidément, il semblerait que cette amitié avec la Déesse Intemporelle me réserve bien des surprises...