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La suite logique

Ça y est Raines, c’est le départ ?
Affirmatif, Lieutenant-colonel. Tif Argilo n’était qu’un pion, alors ma traque continue. Je vais partir pour Drum pour essayer d’avoir le fin mot de cette histoire. Et vous ?
Nous allons partir pour Grandline également. J’y ai un compte en suspens… Il commence en parlant dans sa barbe. Mais pas sur Drum, malheureusement. Ce monde est bien vaste…
Ne vous en faites pas, il est normal que nos chemins se séparent… Je marque une courte pause, puis reprends. J’ai fortement apprécié ces quelques missions en votre compagnie, Macallan. J’espère que tout se passera bien de votre côté.
Pareillement, Raines.
Effectivement, ce monde est vaste… Mais apparemment pas tant que ça. Je suis sûr que nos chemins se recroiseront à l’avenir. Et puis… Si vous avez besoin d’aide, appelez-moi.

Il hoche la tête. Je le fixe droit dans les yeux et porte ma main à ma tempe pour effectuer un salut militaire que je m’attends à ce qu’il réciproque. A la place, je constate que sa main est tendue devant lui. Ce n’est pas orthodoxe, mais… Je me dis que pour une fois, ça ne peut pas faire de mal… J’interromps alors mon salut et lui serre la main, avant de quitter le pont de son navire et de revenir sur celui du mien en quelques Geppous.

Je repense avec une certaine émotion à ces deux missions Zauniennes où nous nous sommes battus côte à côte, ainsi qu’à Luvneel… Puis à mes autres opérations. Koneashima, l’Amerzone… Ceux qui disent que la vie sur les blues est tranquille et peinarde se fourrent le doigt dans l'œil jusqu’au coude ! Je ne dois pour autant pas oublier qu’il s’agit simplement d’un immense bac à sable, un simple terrain d’entraînement pour la suite. C’est avec une certaine excitation que je regarde l’embouchure du port et l’horizon qui se laisse apercevoir, au loin, alors que les Viandards, à bord du Couperet, filent vers lui.

Bon… Il va être temps de filer pour nous aussi, hmm ? On va prendre de l’avance le temps que je traite la partie administrative, que je fasse les rapports et les démarches. Je jette un regard à mon Enseigne qui vient de me rejoindre.
A vos ordres, Lieutenant-colonel. Il commence à tourner les talons, puis s’interrompt. Ah, oui, juste une chose… Mademoiselle Zaitsev souhaite vous parler.
Ah… ? Où est-elle ?
Elle vous attend dans votre cabine.
Très bien. Vous pouvez circuler, soldat.

Je me dirige alors vers mes appartements, pour retrouver celle qui auparavant avait été une camarade du BAN. Je passe la porte. En rentrant, la jeune femme, assise dans un coin de la pièce en attendant patiemment, me dévisage de ses yeux perçants et étrangement inhumains.

Depuis que je l'ai sauvée des griffes de Tif Argilo et surtout depuis qu'elle est sortie de sa sorte de paralysie post-traumatique, elle semble bien mieux se porter. Il s'avère que physiquement, en dehors de son mutisme et de son visage impassible, elle est parfaitement apte... Et même sacrément forte, bien plus que lorsque nous avons fait nos classes ensemble. A croire qu'elle avait juste besoin d'un petit déclic, que quelqu'un prononce son nom, pour revenir parmi nous. Cela fait plusieurs jours que je la côtoie sur mon navire, alors j'ai fini par m'habituer à sa particularité linguistique...

( ̄^ ̄)ゞ

Je fixe, un peu décontenancé, la forme rouge qui apparaît sur l'écran fixé à son torse. Difficile de vraiment la prendre au sérieux, avec cette façon de s’exprimer… Mais elle a le mérite de respecter la procédure et d’accompagner cet émoticône d’un salut formel, alors je le lui rends sans réagir.

Repos, sold… Je m’interromps. Après sa disparition, ce n’est techniquement plus un soldat, vu qu’elle a subi une procédure de démission administrative. Vous vouliez me voir ?

Mes yeux se portent sur le bas de son visage, toujours caché derrière son masque métallique. Quand je pense que c’était une jeune femme qui n’avait pas sa langue dans sa poche, quand nous étions au BAN… Se faire priver de sa voix par un médecin complètement taré, une véritable honte pour sa profession… Je n’ose imaginer la rage qu’elle a en elle. Je serre le poing. En tout cas, moi, je suis furieux. Elle se lève et s’approche de moi, et me tend une lettre.

“Lieutenant-colonel Raines,

Même si je me sentais capable de les prononcer, je ne saurais pas trouver les mots pour vous remercier de m’avoir sortie de cet enfer.

Ces événements auraient pu me faire douter, entamer ma résolution et ma conviction… M’enlever toute confiance en moi. Au contraire. Je suis plus que jamais déterminée à l’idée de m’engager à nouveau dans la marine. De leur faire payer. De les empêcher de faire subir à d’autres personnes ce qu’ils m’ont fait.

Je suis toujours capable de me battre. Mieux qu’avant, même.

C’est pourquoi je vous le demande formellement : laissez-moi vous accompagner dans votre mission.”

L'écriture est tremblante, incertaine. De ce que j'ai remarqué durant les tests psychomoteurs qu'elle a effectué, elle peut se servir de ses bras pour frapper et très sans doute pour tuer, même. Mais pour ce qui concerne les tâches de précision, de dextérité... Ce n'est pas encore ça. Forcément, il va lui falloir du temps pour s'adapter. En attendant, qui sait combien de temps elle a dû passer à écrire cette lettre ? L'effort est noté et apprécié. Je relève la tête vers la jeune femme aux cheveux argentés, qui baisse poliment la sienne.

Vous êtes sûre de vous ? Il n’y a aucune honte à vouloir prendre un peu de temps pour vous refaire une santé.
(*_ _)人
Très bien. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous nous accompagniez… À condition d'en obtenir l'autorisation auprès de la hiérarchie. Mais ne vous en faites pas, l'administration ça me connait. Je prends une pause, puis me retourne vers elle et la fixe dans les yeux. En revanche, je suis un supérieur exigeant. J'espère que vous êtes prête… Sergent Zaitsev.
( ̄^ ̄)ゞ
Elle hoche la tête et serre le poing avec détermination et exécute un nouveau salut militaire... Du moins, à sa manière.

Bien. Tout d'abord, votre lettre… Vous avez écrit "événement" avec son ancienne orthographe. Bien que correcte, je préférerais qu'à l'avenir vous employiez l'orthographe actualisée, avec un accent aigu et un accent grave. Surtout si la plupart de nos échanges doivent se faire à l'écrit.
( ̄ω ̄;)
Elle me regarde avec un air circonspect.
Ce n'est pas parce que vous êtes de l'élite que je m'attends à une attitude rustre et bourrine. Sous mes ordres, vous devez être exemplaire et efficace. Suis-je clair ?

En guise de réponse, elle se met une fois de plus au garde-à-vous virtuel. Bien. Lorsque nous avions fait nos classes ensemble, au BAN, elle s’était avérée être une féroce rivale qui me talonnait, tant sur les examens pratiques que théoriques, sans pour autant parvenir à me surclasser. Nul doute qu’elle s’est encore améliorée, malgré le fait qu’elle aura besoin de temps pour pleinement se remettre de son expérience traumatisante et des opérations que lui ont fait subir Tif Argilo. Au moins, mettre son supérieur derrière les barreaux et démanteler le reste du réseau aura son rôle à jouer dans son processus de deuil. Nous sortons de ma cabine, et mon Enseigne me lance un regard interrogateur.

Levez l’ancre. Il est grand temps de se mettre en chasse.


Dernière édition par Alex Raines le Ven 8 Sep 2023 - 21:41, édité 1 fois
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Vous avez eu des nouvelles d’Al-Jawhara ? Comment va-t-il ? La question est posée en crissant les dents.
Il est en vie, c’est l’important.

Quelle réponse de merde. Comment est-ce qu’on peut se satisfaire de ça ?

La colère ? L’amertume ? La haine ? Je ne sais pas quelle est l’émotion qui me domine à ce moment précis. Qu’est-ce que j’aurais pu mieux faire ? Ce n’est pas comme si je n’avais pas remué une mer toute entière pour le retrouver, avant de m’attaquer à la racaille Zaunienne… Alors pourquoi est-ce que je m’en veux d’être arrivé trop tard ? Je peine à m’imaginer comment j’aurais pu faire mieux. Je me tourne et me retourne le problème dans la tête… Mais il n’y a pas de solution. Je peux simplement empêcher que cela se produise à nouveau. Que d’autres personnes comme Al-Jawhara ou Zaitsev ne se retrouvent dans la même situation. Mais je tiens désormais ma piste la plus sérieuse, et ce même si elle reste encore bien trop vague. Trouver un docteur à Drum ? Ça sonne presque comme le début d’une mauvaise blague… Et pourtant, je me dois d’y aller.

Vous avez reçu ma demande d’autorisation de déplacement ? Cela ne fait que quelques heures que je me suis séparé du Lieutenant-colonel Macallan et du Commandant d’élite Baal. Que quelques jours que tout ce qui s’est passé à Zaun est derrière moi. Mais je ne veux pas attendre. La route est longue, jusqu’à Drum, et j’aurai très largement l’occasion de me reposer.
Raines… Je ne suis pas vraiment fan à l’idée de vous envoyer sur Grandline. L’escargophone qui reproduit le visage du Sous-Amiral Niromoto, mon supérieur, fait la moue.
Pourquoi ?
C’est la route de tous les périls. Vous êtes fort… Mais cette mer a brisé des hommes plus forts que vous. Il marque une courte pause. Et puis… J’ai comme le sentiment que vous ne reviendrez pas au G-3. Je me trompe ?

En plein dans le mille. Sa perspicacité ne cessera jamais de m’étonner.

C’est la question que je me pose, mon Sous-Amiral. Je pense que j’ai besoin de quitter les Blues, quelle que soit l’issue de cette mission, si je veux progresser et devenir plus fort. Je pense qu’évoluer sur une mer aussi périlleuse est la suite logique pour moi.

Le soupir du Sous-Amiral Niromoto m’est transmis par l’animal-objet.

Quel dommage… Vous faites du si bon travail, sur les blues…
Vous voulez surtout dire que je fais votre travail, non ?
Vous savez, Raines… La marine est une grande machine qui marche quand chaque petit engrenage fait son travail. Une grande famille où on s’entraide les uns les autres… Vous laisser partir, ce serait priver la machine d’un rouage important. Ce serait un geste égoïste, à cause duquel le monde en pâtirait… Je ne peux pas infliger ça au monde. Pensez aux veuves et aux orphelins que vous défendez, Raines.
...
Non, franchement, le mieux, je pense, c’est qu’après cette mission vous reveniez et restiez affecté au G-3. Je vais envoyer des ordres pour que d’autres hommes prennent en charge la suite de votre mission.
Mon Sous-Amiral… Je marque une pause, et prends un regard sérieux et un ton froid et calme. Si vous ne me laissez pas partir, je vous jure que je déchaînerai sur vous l’implacable machine bureaucratique. Tous les rapports que j’écris à votre place, toutes les procédures que je vous épargne… Imaginez tout ce travail supplémentaire qu’il faudra fournir ? Tout l’effort que ça va vous demander ? Et je sais qu’il y en a, depuis le temps que je suis là.
C’est du chantage, Raines ?
Bien évidemment que non. Le chantage est décrit dans l’article 312-10 du code pénal comme étant le fait d'obtenir, en menaçant de révéler ou d'imputer des faits de nature à porter atteinte à l'honneur ou à la considération, soit une signature, un engagement ou une renonciation, soit la révélation d'un secret, soit la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien quelconque. Je commence à réciter le code pénal que je connais bien évidemment sur le bout des ongles. Je reprends. Du coup, ce n’est techniquement pas du chantage.

Le Sous-Amiral Niromoto semble pensif. Du moins, c’est ce que j’interprète en regardant les mimiques de l’escargophone. Ça, ou il s’est assoupi par flemme d’essayer de suivre une phrase aussi longue. Les deux sont probables.

Ah… Bien joué, Raines. Plus sérieusement, je comprends vos motivations. Vous êtes jeune, vous avez envie d’aventure, de challenge. Vous êtes un bon marine, et un bon marine, c’est un marine ambitieux. Le Sous-Amiral Niromoto capitule finalement. J’espère que vous prenez la bonne décision. Que vous décidiez de revenir ou non, j’adresserai une recommandation à la Vice-Amirale Harnam pour vous au cas où. Vous l’avez amplement mérité.

J’esquisse un sourire sincère… C’est qu’il manque presque de m’arracher une larme. Le Sous-Amiral Niromoto est un homme froid, relativement distant, et que je n’ai pas beaucoup côtoyé en dehors du cadre professionnel. Ceci dit… L’officier est comme une figure paternelle pour moi, désormais, depuis que j’ai mis de la distance avec ma famille. Alors savoir que mes états de service l’ont rendu fier… C’est grisant.

Quant à la Vice-Amirale Harnam… Ce serait un rêve d’être sous ses ordres. Tout le monde la surnomme “l’Horrible” parce qu’elle est prétendument guignarde. Bah, elle a la réputation d’être une ultra-perfectionniste, alors forcément elle doit simplement faire paniquer ses subordonnées… Mais pour un procédurier tel que moi, ce n’est pas un problème. C’est même plutôt une aubaine, de passer d’un Sous-Amiral dont la motivation dans sa vocation est très clairement discutable à l’élite des officiers de l’armée…

Merci mon Sous-Amiral.
Par contre, Raines… Encore une chose… Il ajoute, presque… Hésitant ? Comme réticent à l’idée de me parler ?
Oui ?
Ça concerne votre frère. Il a été aperçu sur Grandline.
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Raines ? Allô ? Raines, vous êtes là ?

Je serre le combiné de l’escargophone tellement fort que l’animal sue à grosses gouttes de peur que je ne le casse. Pourtant, malgré la force que je mets dans ma main, on dirait que je suis vide. Aucun son ne sort de ma bouche.

Raines ?!
Euh… Je… Oui, mon Sous-amiral. Je peine à reprendre mes esprits. C’est fou comment les missions peuvent s’enchaîner sans que je n’y pense un seul instant. Comment je peux penser que la vie commence à me sourire et entraînant ma carrière dans la bonne direction. Que je pense enfin avoir trouvé la bonne direction pour avancer… Et puis c’est le brusque retour à la réalité, comme un coup de poing en plein dans le plexus. Où exactement ? Je rassemble mes forces et parviens à poser ma question.
Raines… Je vous transmets l’information par sympathie et parce que je considère que c’est mieux que de vous le cacher, mais… Il marque une courte pause, puis reprends. Votre frère, c’est pas n’importe qui. Il était pressenti pour devenir un des commandants de flotte du Malvoulant, avant qu’il ne lâche ce dernier dès qu’il a senti le vent tourner. J’imagine que vous êtes au courant de cette histoire ?
Comment ne pas l’être… Difficile en effet de passer à côté des luttes fratricides des pirates, des querelles de territoire et de pouvoir entre les Empereurs et ceux qui aspirent à l’être.
Alors vous devriez savoir qu’entre les pirates qui arpentent le nouveau monde sous la bannière d’un Empereur et ceux auxquels vous êtes confrontés ici, dans les blues, il y a un monde d’écart. Vous pensez être sur une bonne série, Raines… Mais n’ayez pas les yeux plus gros que le ventre. Ce serait bête qu’un jeune officier prometteur comme vous ne décède prématurément. Je peste intérieurement, à moitié vexé par les mots que mon supérieur prononce. Je sais qu’il ne pense certainement pas à mal, bien au contraire… Et je sais encore plus qu’il a raison. Entre mon frère et moi, il y a effectivement un monde. Celui qui se trouve entre le nouveau monde et les blues. Grandline. Il y est parti il y a quelques années… Et bien qu’il était déjà extrêmement doué, je suis persuadé que la route de tous les périls à été pour lui un terreau pour devenir encore plus fort. Je parviens à garder mon esprit calme et clair.
Mon Sous-Amiral… Ne vous en faites pas pour moi. Je n’ai que trop conscience de mes limites, et c’est d’ailleurs pour cela que j’insiste à ce point pour partir sur Grandline. Je commence à parler avec tant de nervosité et d’amertume dans la voix que je peine à le masquer. Mais… Ne me dites rien. Du moins, pas pour l’instant. Ma mission à Drum est prioritaire. Je m’occuperai de traquer et d’arrêter mon frère après, si je m’en estime capable.
Je sais à quel point c’est dur pour vous, Raines. Mais c’est la meilleure décision. Entendu. J’attends des nouvelles de votre réussite avec impatience.
Bien évidemment, mon Sous-Amiral.

Je raccroche l’escargophone et recule contre le mur de ma cabine. Je glisse ensuite lentement, mon dos glissant contre le bois jusqu'à me retrouver au sol. Serrant mes genoux dans mes bras en le recroquevillant, les larmes me montent aux yeux sans que je puisse les en empêcher. Je tremble de tout mon être. J'ai pu prendre sur moi pendant notre appel, mais mes nerfs se mettent à me lâcher. Non, il ne sait pas à quel point c'est dur pour moi. Ces dernières années j'ai vécu en ayant quasi uniquement cette arrière pensée en tête. J'ai beau avoir mes convictions, les raisons qui me poussent à faire ce métier que j'aime… Je ne sais pas vraiment si je cherche vraiment à faire carrière pour construire un monde meilleur ou simplement laver mon honneur. Je ne sais pas vraiment si j'arpente les mers pour y faire régner la justice ou simplement retrouver mon frère et le capturer. Je souffle un grand coup en fermant les yeux.
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Je suis sorti de ma torpeur par une nouvelle série de sonneries de l’escargophone. Je me relève, souffle à nouveau et me donne deux petites claques sur les joues pour me ressaisir. Est-ce le Sous-Amiral Niromoto qui rappelle ?

Allo ?
Lieutenant-colonel Raines ? Ce n’est pas la voix du Sous-Amiral, mais elle n’est pourtant pas inconnue.
Lui-même. A qui ai-je l’honneur… ?
Agent Vegas Beladon, CP4. Je vous dérange ? N'hésitez pas, sinon tant pis hein, je vous rappellerai… Peut-être…
Négatif, vous tombez à point nommé. Je sèche une larme sur ma joue.
Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années…
Affirmatif, je me souviens très bien de vous. C’est vous qui étiez en charge du dossier de mon frère. Je n’ai pas un très bon souvenir de l’agent Beladon, principalement parce qu’il me renvoie au moment le plus douloureux de mon existence… Et forcément, je ne l’imagine pas me contacter pour une autre raison, surtout après ma conversation avec le Sous-Amiral Niromoto… Je sais ce que vous allez me dire. Le Sous-Amiral Niromoto m’a mis au courant. Je sais que mon frère a été aperçu sur Grandline.
Ce n’est pas pour ça que je vous appelle… Vous vous doutez bien que je ne vous appellerais pas pour quelque chose d’aussi futile… Et puis je suis pas votre bonne...
Ah ? Je hausse le sourcil.
Je vous contacte par rapport à votre mission actuelle. Le Sous-Amiral Niromoto nous a transmis une copie de vos rapports… Qui sont particulièrement détaillés. Je me suis tellement fait chier à les lire… Bref, ces nouvelles informations ont fait écho à des dossiers d’enquêtes en cours du Cipher Pol.
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire que cela fait quelques années qu’on est sur le coup d’un cercle de trafic d’organes orchestré par un criminel dont le nom de code serait le “Docteur”. D’ailleurs, c’est assez cocasse puisque nous en avons eu vent dans des documents récupérés dans la perquisition de la garnison de Kage Berg, quand le Colonel Raines a déserté.

Je suis instantanément pris d’un haut-le-cœur répugnant, et je mets quelques secondes à revenir à la réalité et à me rappeler que c’était effectivement comme ça qu’il était connu. Que c’était ainsi que je l’appelais, avec tant de fierté dans la voix à l’époque. L'agent Beladon continue.

Ce que nous avons est relativement mince… Principalement des retranscriptions de conversations escargophoniques… Mais bien évidemment, ils utilisent des noms de code. Il prend une courte pause. Elles font mention de transferts de “marchandises”, qu’on a pu identifier comme étant soit des organes soit des êtres humains entre deux points de livraison, nommés “l’Arrachoir” et “l’Assommoir”... Et, comme dit précédemment, sous les ordres d’un certain “Docteur”. Je prends des notes mentales des informations qu’il donne, quand bien même il ne s’agit pas de grand chose. Comme votre frère était, comme vous, méticuleux et tenait des notes, nous avons pu déterminer en décryptant ses annotations que le “Docteur” était un médecin influent, et qu’il devait faire partie des Toubibs 100, voire peut-être même des Toubibs 20 de Drum.
Oui, ça coïncide avec les informations que j’ai pu obtenir de Tif Argilo, à Zaun. L’individu derrière tout ça est un docteur Drumois, avec des connaissances médicales suffisamment pointues pour être l’auteur de procédures d’augmentation... C'est également quelqu'un de diablement prudent et précautionneux, donc quelqu'un qui ne paie pas de mine et ne fait pas de vagues. Qu’avez-vous d’autre ?
... C’est tout.
C’est tout ? Je soupire de surprise. Effectivement, c’est mince… Cela fait des années que vous êtes au courant et vous n’avez que ça ?
Et bien, vous savez… C’est compliqué niveau effectifs. Et puis avec les coupes budgétaires… Je me passe lentement une main sur la figure. Dans tous les cas, vos avancées sur ce dossier ont fait réagir nos supérieurs. Mais comme ce n’est pas vraiment du ressort du CP4, je n’en sais pas plus.
C’est-à-dire ?
Le dossier est repris par le CP5, qui va sans doute vous envoyer quelqu’un pour vous épauler à Drum.

Je ne réponds pas, me remémorant la dernière fois que j’ai eu le “plaisir” de travailler avec un agent du Cipher Pol… C’était avec l’agent Alcéa, à bord du Cuisino… Et je n’en garde pas de très bons souvenirs. Déjà, la croisière était ce qu’elle était, avec son dénouement… Particulièrement violent. Mais j’ai surtout en mémoire l’attitude particulièrement hautaine et condescendante de la jeune femme. Bien qu’elle soit compétente, je n’ai pas vraiment envie de refaire affaire avec elle… Et de me faire prendre pour un dragomard de six semaines.

J’imagine qu’ils me contacteront directement ?
Effectivement… On m’avait juste chargé de vous transmettre les informations que nous avions obtenues en creusant sur votre frère. Comme ça, ça vous laisse le temps d’y réfléchir en chemin… Et je ne dois plus rien au Sous-Amiral Niromoto… Je hoche la tête mollement sans que mon interlocuteur ne puisse le voir, pensif. Je ne sais pas trop ce qu’ils pensent que je puisse accomplir avec aussi peu d’informations.

Bien, je vais voir ce que je peux faire… Merci de votre appel, agent Beladon.
Bon courage, Raines.

Je raccroche le combiné de l’escargophone, coupant court à la conversation. Je repense à ce que l’agent Beladon vient de dire… Et il faut avouer que je n’ai pas grand chose de croustillant à me mettre sous la dent. Deux noms de code. Deux lieux mystères qui ne m’avancent pas vraiment. Je sors de ma cabine et viens me positionner sur le pont en enfilant un épais manteau pour ne pas attraper la mort à cause des températures polaires de l’extrême nord de la mer boréale. Peut-être que cet air frais me fera le plus grand bien, et m’aérera l’esprit…
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Redline en vue, Lieutenant-colonel !

Les jours ont passé, et voilà désormais que l’immense mur rouge de l’unique continent du globe se dessine à l’horizon. Je n’ai plus été recontacté ni par le Cipher Pol, ni par le G-3… Je me suis creusé la tête, seul avec mes pensées, mais sans plus d’éléments utiles, il n’est possible d’élaborer que des conjectures et des hypothèses fumeuses. Rien de bien concret, seulement des théories sur la comète qu’il ne sert à rien de ressasser, et qu’il s’agira de confirmer ou d’infirmer sur place… À coups de poing, s’il le faut. J’ai envie d’en découdre, tellement que ça me démange. Je sens clairement que je développe une addiction à l’adrénaline de ces missions… Et cette ultime opération à Zaun a tellement fait bouillonner mon sang que j’en ai eu la preuve. Parfois, j’en viens même à me demander si je n’aurais pas dû continuer ma carrière dans l’élite…

(・・ ) ?
La Sergent Zaitsev s’est approchée de moi et me présente sa tablette lumineuse de manière interrogative.
Non, rien, ne vous en faites pas, je suis simplement pensif. Je ne suis pas sûr d’avoir fait le bon choix. Ma seule certitude, c’est que ce n’est pas avec des regrets ou des remords qu’on avance ou qu’on empêche le monde de tourner.

Nous nous approchons de l’entrée de la Flaque. C’est quand même curieux de se dire que la voie que nous empruntons vers la route de tous les périls est une mer souterraine… Mais c’est toujours plus rassurant de passer par un chenal balisé et sécurisé par la marine plutôt que de se risquer à faire l’ascension de Reverse Mountain.

Dire qu’il y a des pirates qui tentent régulièrement leur chance avec cette bizarrerie de la nature…

Et qui ne s’en sortent pas. Et quand bien même ils arrivent à passer Redline et à arriver au Cap des Jumeaux, la marine est souvent là pour les accueillir. Il y a quelques années, il y avait même eu un projet d’y tendre un grand filet pour empêcher Grandline d’être alimentée en sang neuf. Mais bon, au vu des périls qu’ils encourent, c’est à se demander si nous ne ferions pas mieux de laisser la nature suivre son cours… Et de laisser s’opérer la justice de l’univers. Après tout, si un courant ascendant qui va jusqu’au sommet d’une montagne fracasse un bateau pirate c’est qu’il l’avait mérité…

Le trou béant, creusé à même la roche rouge du continent, n’est plus qu’à quelques dizaines de mètres. Le vacarme des milliers de mètres cubes d’eau qui s’y engouffrent à chaque instant, passant au travers d’une immense herse métallique qui empêche aux navires de passer, commence à se faire entendre… Et devient de plus en plus intense et omniprésent au fur et à mesure que le bateau s’en rapproche. Le bateau s’arrête à côté du poste de garde, où un soldat est quasiment obligé de hurler dans un escarghaut-parleur pour que je parvienne à l’entendre au-dessus du fracas des trombes d’eau. Il nous indique quel chemin du réseau Marijoan nous a été affecté pour rejoindre Grandline, après avoir vérifié que nos papiers étaient en règle…

Et la grille finit par lentement s’abaisser, chaque cliquetis des chaînes métalliques faisant penser à un compte à rebours. Le décompte d’une grande aventure qui commence. D’une page qui se tourne et d’un chapitre qui se termine. Dans quelques instants, il sera impossible de faire marche arrière. Bon, techniquement, si. La Flaque se prend dans les deux sens. Et puis, il y a toujours les coques en granit marin pour traverser Calm Belt. Et la Translinéenne. Au final, partir sur la route de tous les périls est sans doute plus anecdotique que l’idée que je m’en fais. Les avancées modernes n’en font plus le mythe qu’elle était dans les histoires de mon enfance !

Toujours est-il qu’à mes yeux, c’est un symbole fort. Une prise d’élan supplémentaire pour ma carrière, articulée autour de cette mission Drumoise qui, j’en suis persuadé, n’a pas fini de révéler ses secrets…

Mon regard se porte sur ma nouvelle recrue, sur cette jeune femme dont les longs cheveux argentés virevoltent au gré du vent. Un caractère atypique pour une histoire atypique. Mais c’est comme toutes les légendes le répètent : le destin rapproche les gens aussi facilement qu’il les disperse. Il est dans la nature des grands hommes d’attirer des personnes exceptionnelles et de savoir les garder auprès d’eux.

Les amarres reliant le bateau poste de garde sont détachées, et notre embarcation commence désormais à se faire aspirer dans la gueule de la Flaque. Dans quelques secondes, nous dévalerons à toute vitesse les boyaux serpentins de la mer souterraine.

Je bouillonne d’excitation, piétine d’impatience.

J’ai pris du temps, bien plus que nécessaire, mais…

Grandline, prépare-toi.

Raines arrive.
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