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Passé et avenir ; Ft Pandore


- « C’est vraiment du n’importe quoi… On a même pas été foutus de leur porter un gros coup… »

Si l’endroit était déjà en plein chantier, voir à quel point Marineford était bousillé me faisait mal au cœur, vraiment. Il suffisait de fouler le sol de la baie pour se rendre compte à quel point la descente de deux empereurs entourés de leur équipages et compagnons pouvait faire mal. Deux empereurs, c’était même peu d’le dire, finalement. Izya avait tout aussi la même force qu’un empereur et pouvait être considérée comme leur égal. Trois empereurs, de nombreux lieutenants ou supernovas, contre une amirale en cheffe, un amiral pour la soutenir et trois vice-amiraux. C’était peu. Bien trop peu. Qui plus est, on avait également perdu un ou deux corsaires dans le lot. De quoi me faire penser à Mountbatten pendant un instant, avant que je ne mette de l’ordre dans mon esprit pour me concentrer sur l’instant présent. Autour de moi, les hommes s’afféraient à faire leur travail, soit réapprovisionner le navire… Du moins à essayer. On allait bien voir ce que ça allait donner. Quant au temps qu’on allait passer ici, va savoir… J’étais pas certain qu’Harnam voulait un autre vice-amiral dans ses pattes, ce pourquoi j’me faisais la réflexion que nous ne ferions qu’une semaine uniquement. Ou moins, si le devoir nous appelait…

Et dire que je devais rester en convalescence pendant un mois…

- « Suis-moi, Pandore. On va visiter un peu les environs… »

C’est la mine neutre et le ton un peu triste que j’enjoignis ma nouvelle élève (ou plutôt ancienne pour être plus précis) à me suivre tranquillement à travers les nombreux débris dont devaient encore s’occuper les hommes d’Harnam. Une bonne partie de l’île était déjà en chantier : on entendait les voix des travailleurs un peu partout, ainsi que des bruits des martellements, des bois et ferrailles qui tombaient çà et là et plusieurs machines de Vegapunk à l’œuvre. Les voies qui menaient à la ville avaient été déblayé, mais l’endroit était toujours aussi envahi de décombres. Très vite, nous nous retrouvâmes dans une espèce de sentier sinueux entourés de gigantesque blocs de bétons brisés par endroits. On aurait presque dit qu’on progressait dans les profondeurs d’une quelconque vallée dans une contrée perdue. Si ma démarche presque claudicante était heureusement soutenue par mon l’un de mes meitos dont je me servais comme canne (et je n’avais jamais paru aussi vieux qu’aujourd’hui) à l’aide ma paluche droite, la gauche contenait un sac en plastique dans lequel il y avait des victuailles en tout genre, dont une partie du roi des mers qu’on avait tué avant d’entrer sur Marineford. Yep. Un instant cuisine allait s’imposer à nous…

- « D’ailleurs, n’oublie pas que tu devras me montrer ce qui se cache sous ton bandeau. »

Si elle pensait que j’avais oublié, Pandore (à qui on avait prêté un manteau de la marine avec les galons de son ancien grade en attendant le nouveau) se foutait le doigt dans… Ouais. Bref. Je pouvais également imaginer que lui demander ça revenait quasiment à se dénuder ; mais après tout, n’était-ce pas elle-même qui avait promis de le faire une fois sa décision prise ? Maintenant qu’elle avait officiellement de retour dans la marine (ce que j’allais également acter dans ce QG avec la paperasse à remplir pour), elle n’avait plus d’autre choix que d’honorer sa parole. « Avant de pouvoir t’aider à progresser ou reprendre une forme optimale, il est également nécessaire que je sache qui tu es et d’où tu viens. Et si tu penses que je force trop ou que je suis trop intrusif… » Je suspendis ma phrase lorsque nous débouchâmes sur une avenue apparemment épargnée par la guerre et qui donnait sur de très belles demeures. On aurait presque dit des villas de plaisance. La vérité est que l’endroit était tout simplement le quartier des plus hauts gradés qui travaillaient ici-même ou à Mariejoa. Un véritable paradis mais qui était somme toute désert. La marine avait effectivement évacué l’endroit avant la bataille contre les pirates qui nous avaient humilié…

- « Si tu penses ça… » Repris-je calmement en me tournant vers elle et en haussant les épaules. « C’est que tu as sans doute raison. Et que tu n’es malheureusement pas au bout de tes surprises. »

Je ricanai en continuant alors d’avancer tranquillement pendant une minute ou deux jusqu’à ce que nous arrivions devant une très belle villa. Elle n’avait pas changé d’un poil, oh que non. Une certaine émotion me gagna, si bien que je gardai le silence pendant une minute au moins. Après la guerre, je n’avais pas osé venir ici, parce que j’avais eu peur que tout soit effondré. Mais là, va savoir ce qui m’avait donné la force de revenir me confronter à la réalité. Peut-être était-ce la détermination de la gamine ? « Les gens pensent à tort que mon lieu de naissance est Alabasta… Mais bien que j’ai la nationalité alabastienne, je suis né sur cette île… Et j’ai grandi dans cette maison même jusqu’à ma majorité. Mes mains sont occupées. Viens fouiller la poche gauche de mon pyjama. Tu y trouveras la clé de la porte principale… » Je venais de débiter sans même lui adresser un seul regard, totalement perdu dans la contemplation de ce qui était toute ma jeunesse. Un endroit que nous n’avions résolument pas pu céder à une autre famille marine et que mon père avait tenu à conserver jalousement même après que toute la famille avait eu quitté l’île pour diverses destinations. Un caprice que l’Etat-Major lui a cédé et bien heureusement…

- « Prends tout le temps qu’il te faut… Mais contrairement à avant, je veux tout savoir sur toi. Ton lieu de naissance, ton enfance, ton adolescence, ton lien avec tes parents, l’escrime et tout ce qui t’as poussé à rejoindre la marine, embrasser la justice. M’enfin… Avant, je te laisse ouvrir la porte et entrer après toi… »

J’étais même persuadé qu’il y avait du ménage à faire dedans, et pas qu’un peu.

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Passé et Avenir
Feat
Salem



Marineford...

Avais-tu déjà mis un pied ici ? Tu n'en avais pas le souvenir. Tu n'avais pas eu une carrière assez longue et un palmarès suffisant pour avoir cette opportunité auparavant et pourtant... Tu te tenais ici, en compagnie de l'un des hommes les importants de cette institut. Contemplative, tu te perdais dans un étrange mutisme alors que faisais tes premiers pas en tant que marine à nouveau. Certes, tu n'avais plus la prestance d'antan, mais cela finirait par revenir ou pas... Tu avais sans doute mûri et tu devais désormais te trouver une manière d'être qui te conviendrait.

Pour autant même toi tu pouvais clairement voir que cet endroit bastion du Gouvernement Mondial avait grandement souffert. La ruine, la destruction, tant de symboles qui ne pouvaient qu'enticher le moral des soldats de la justice. Bien qu’apparemment, les projets pour sa reconstruction s'étaient déjà lancés, tu ne pouvais qu'observer cette scène étrange teintée d'amertume. Bien entendu, tu ne t'attardais pas, talonnant le Vice-Amiral avec une certaine diligence. Même toi, qui était devenue des plus nonchalantes, n'aurait su trouver de quoi relativiser sur cette balade bien étrange.

Qu'importe...

Salem n'avait pas abandonné l'idée de te voir t'ouvrir pleinement à lui. Tu ne comprenais pas pourquoi il faisait une fixette sur ton passé. Enfin si... Tu pouvais saisir l'intérêt stratégique derrière. Sans doute voulait-il éliminer les variables parasites, celles qui pourraient ruiner ses enseignements s'il n'était pas mit au courant en amont. Pourtant, ton passé était des plus banales. Tu n'étais qu'une jeune femme, ayant voulu faire autre chose que ce le destin l'avait prédestiné. Et au lieu de te tourner vers une vie de criminalité que tu avais jugé trop puéril, tu t'étais confiée à la justice.

- Je n'y échapperai pas je suppose. Une promesse est une promesse.  


Tu portais un léger sourire en coin, nullement froissé par son insistance qui aurait pu être déplacée avec quelqu'un d'autre. Après tout, il était Vice-Amiral, il avait bien le droit de faire quelques caprices de temps en temps. Et puis... Tu le lui avais promis. Tu t'étais peut-être ramollie avec le temps, mais tu n'étais pas devenue une femme incapable de tenir sa parole. Loin de là.

Finalement, tu fus interrompue par la fin du voyage. Une demeure magnifique et bien plus grande que n'importe laquelle de tes demeures que tu avais pu avoir dans ta vie. Enfin... La dernière ressemblait davantage à une vieille maison en bois décrépite par le temps qu'à un manoir dans ce genre. Pour autant tu n'étais pas impressionnée. On s'imaginait facilement un homme de la trempe du Vice-Amiral avoir vécu dans ce genre d'endroit. Hochant alors la tête, tu venais à saisir la clé de sa demeure avant d'en ouvrir la porte.

L'endroit respirait l'ancien, souffrant certainement du fait de ne pas avoir été habité depuis longtemps maintenant. Tu manquais même de soulever un nuage de poussière en percutant un meuble positionné de manière hasardeuse. Clairement, cette maison avait besoin d'un bon coup de ménage, et tu pressentais que le Vice-Amiral allait certainement vouloir se servir de sa nouvelle recrue pour ça. Une étrange prémonition que tu espérais être erronée.

- Je vous l'ai dis. Ma vie n'est pas aussi trépidante que la votre. Je viens d'Orange dans East Blue, d'une famille marchande. Si celle-ci était aisée, elle n'était néanmoins pas à ce niveau d'aisance.


La décoration était à l'image de l'extérieur. Imposante et valent sans doute une sacrée somme. Rien qu'un Vice-Amiral ne pourrait pas s'offrir, mais pour une demeure familiale, tu devenais qu'il avait sans doute eu un contexte prédisposé à être ce qu'il était aujourd'hui.

- Je viens d'une fratrie nombreuse. Deux frères et deux sœurs, et tous ont cherché à reprendre l'entreprise familiale. De mon côté étant la cadette, j'ai cherché à me démarquer autrement. Alors j'ai pris des cours d'escrime et je me suis intéressé de plus en plus aux lois et à la marine. Pas de drame, pas de tragédie. Simplement une fille qui cherchait à donner un sens à sa vie que l'on pensait déjà toute faite.


Venant à dépoussiérer une chaise et un fauteuil, tu offrais ce dernier au Vice-Amiral tandis que tu te positionnais sur la première. Le regard perdu sur cette demeure que tu découvrais, tu venais à continuer tes explications.

- Quand j'ai eu l'âge de m'engager, je l'ai fais, au grand damne de mes parents. Le reste s'est fait tout seul. Je me voyais déjà devenir Amirale et conquérir les mers en répandant la Justice avec un grand J. La suite vous la connaissez. J'ai fini par atterrir dans la marine d'élite et si tout s'était bien passé les premiers temps, j'ai fini par me blesser et me voilà à vous raconter mon histoire.


Tu étais une femme de conviction, d'acharnement. Personne ne t'avait influencé vers cette voie. Tu l'avais choisi par toi même et tu t'étais totalement investie dans celle-ci. A aucun moment tu n'avais regretté ton choix, même après cet incident.

- Pour ce qui est de ma famille, comme je vous l'ai dis, mes parents se portent sans doute très bien. Mes deux sœurs aussi, elles se sont certainement déjà mariées. Mon plus jeune frère a du reprendre la tête de notre commerce. Quant à l’Aîné... Et bien il est tout aussi tête de mule que moi. Cela ne m'étonnerait pas qu'il ai fini par mal tourner. Mais je n'en sais pas plus que vous à son sujet aujourd'hui.


Tu ouvrais quelques fenêtres pour faire entrer la vie dans cet endroit qui en avait bien besoin. Globalement, tu n'avais rien de plus à lui dire. S'il s'attendait à des choses palpitantes, ta vie n'avait rien à lui offrir de cet acabit malheureusement pour lui.




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- « Sauf que ce ne sont que des suppositions. Rien que des suppositions… »

J’eus un soupir lorsque je finis de lui répondre. Un très long soupir même. J’avais religieusement écouté tout ce qu’elle avait dit sans l’interrompre une seule fois et j’avais été surpris par la banalité de son histoire, pour être honnête. Là-dessus, elle avait pensé juste. Cependant, je lui avais répondu du tac au tac pour bien lui faire comprendre l’absurdité de ses hypothèses. Elle n’était pas Dieu, n’en savait rien et puis cette façon de penser me faisait comprendre qu’il y avait anguille sous roche ; d’autant plus qu’une famille et un passé aussi banal n’auraient pu engendrer le petit monstre de rigidité qu’elle avait été. Quelque chose m’échappait donc et ce quelque chose me gênait. Je n’étais bien évidemment pas un psychologue qualifié, mais j’avais assez roulé ma bosse dans ce monde pour savoir qu’il y avait un truc louche dans toute cette histoire qui me faisait réfléchir à cent à l’heure au point que je frisai la migraine. Là, j’arrêtai de trop y penser. Pour le moment, se baser sur les faits factuels, creuser un peu plus, regrouper les informations et arriver à une conclusion moins bancale. L’idée ne serait pas de tout régler d’un coup de baguette magique… Mais de mettre en lumière tout ce qui se devait d’être nettoyé et réparé. Le reste lui appartenait...

- « Orange a été attaqué à plusieurs reprises l’année dernière. Il y a eu beaucoup de morts chez les civils et les plantations locales ont souffert de ce qui semble s’appeler de malvorange, un mal qui rendait les terres stériles de ce que j’en sais. N’eut été les interventions de l’excellent sous-amiral Shoga, ton île serait complètement ruinée. Tu vois où je veux en venir ? »

Il n’eut pas de ton menaçant ou de sourcils froncés de ma part. Après tout, il s’agissait de sa famille, de son vécu. Cependant, les probabilités pour que ses supputations soient erronées étaient grandes. Si on creusait, il y avait des chances pour qu’elle ait perdu quelques membres de sa famille, voire peut-être même quasi l’entièreté. L’idée n’était bien évidemment pas de l’effrayer, mais comment pouvait-elle être aussi sûre d’elle si elle n’avait pas contacté sa famille depuis ? Je voulais bien croire qu’elle ait raison, mais j’étais devenu pragmatique. Un peu trop d’ailleurs. Les rêves éveillés, c’était pour les gosses. Elle et moi ne le savions que trop bien. Nos chairs étaient imprimées de cette vérité immuable : « L’égo mal placé dont je te parlais ne concerne pas seulement la sphère professionnelle, Pandore. Tu n’es ni omnisciente ni omnipotente. Tu ne peux pas savoir ce qui s’est passé dans ta famille depuis ton départ. Mais c’est aussi ma putain de faute ! » Cette fois-ci, ma mine s’assombrit et je serrai les poings alors que j’étais toujours assis sur le siège qu’elle avait gentiment dépoussiéré pour moi. Si je m’étais un tant soit peu intéressé à autre chose que son potentiel, j’aurai sans doute pu savoir qu’elle avait coupé les ponts avec sa famille…

Et nul doute que j’aurai pu également rectifier le tir en la forçant à prendre des vacances pour les revoir.

- « Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens. Mon père me répétait cette maxime encore et encore. J’crois bien que je tiens cette sale manie de moralisateur de lui, tiens… » Qu’avouais-je en haussant les épaules. « Mais il n’en demeure pas moins qu’il a sacrément raison et que l’une des raisons pour laquelle tu boites autant est aussi parce que tu n’as pas pris le temps de faire le ménage dans cette partie de ta vie. »


Ça aura pas loupé…  Je lui avais finalement fait le reproche, si bien que j’eus de nouveau un soupir, avant de passer des doigts sur l’une de mes tempes pour la frotter un peu nerveusement. Puis, je me rendis compte que je manquais de nicotine, ce pourquoi je me mis à fouiller les autres poches de mon pyjama pour en retirer finalement un paquet de clopes à moitié vide. Il en restait assez pour tenir la journée et que je sois assez sympa pour partager. D’ailleurs, c’est après avoir allumé ma première cigarette que je lui balançai le paquet et le briquet à la gueule pour qu’elle se serve aussi. Puis, j’en rajoutai une couche, parce que voilà : « Une personne incapable d’être en paix avec elle-même et d’apporter de la sérénité dans son foyer est une personne incapable de protéger autrui et de faire justice. Tout ne doit pas être parfait dans nos vies. Il y a des éléments et facteurs externes contre lesquels on ne peut pas avoir d’emprise. Néanmoins, ce dont on parle est à ta portée… » Et sur ces dires, je lui fis un signe de tête pour lui montrer un escargophone dormant dans un coin du salon dans lequel nous étions. Je pouvais essayer de comprendre pourquoi elle avait été aussi rigide lorsqu’elle était gamine, mais chaque chose en son temps.

Et puis, ce n’était pas forcément le plus important à ce stade de la conversation…

- « Je prévoyais de te faire cuisiner, mais je vais m’y coller moi-même, finalement. Comme déjà dit, je ne te forcerai à rien. Néanmoins, je souhaiterais que tu prennes au moins une demi-heure pour y réfléchir. Si tu ne veux rien faire, je respecterai ton choix. Visite les lieux et les étages comme tu veux en attendant. Les portes intérieures ne sont pas fermées de mémoire et puis c’est pas comme si on avait des choses à cacher. »

Je me levai finalement, avant de dégainer lentement le shodai kitetsu. Ensuite, en quelques petits mouvements aussi beaux que lestes, je créai de mini courants d’air qui eurent pour effet de soulever délicatement les couches de poussières accumulées dans les environs ; et toujours avec ma lame, je guidai ces courants poussiéreux vers les fenêtres grandes ouvertes. On aurait presque dit que j’étais un magicien avec une baguette magique. C’était aussi la preuve que j’étais à la quintessence de mon art et que je n’avais plus grand-chose à apprendre. Évidemment, mes gestes ne nettoyèrent pas tout, mais je m’étais débarrassé du plus gros. Le ménage derrière serait moins ardu. C’est donc sur ces prouesses que je me dirigeai vers la cuisine où j’ouvris également les fenêtres pour faire de même, avant de m’assurer qu’il y avait de l’eau par les robinets, ce qui était bel et bien le cas. C’est fort de cela que je commençai par une petite vaisselle qui ne me prit pas moins d’un quart d’heure, avant de commencer à découper tout ce que j’avais ramené dans mon paquet. La viande du roi des mers, les légumes… Tout. Pour un épéiste, autant vous dire que c’était de la gnognotte. Au menu ? Un pot-au-feu. C’était assez simple à faire et je le réussissais plutôt bien.

Quant à la gamine, j’imaginais que je l’avais encore mis pied au mur. Mais c’était la seule façon de lui ouvrir les yeux et de la mettre devant les choix fort à faire.

Mon rôle, c’était aussi ça. La guider du mieux que je pouvais à l’aide de mon expérience.
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Passé et Avenir
Feat
Salem




Perplexe...

Tu écoutais les paroles de Salem, arquant un sourcil et penchant ta tête sur le côté par moment. Tu ne comprenais pas vraiment pourquoi celui-ci s'emballait de la sorte après que tu lui ai compté ton histoire. Etait-ce si problématique pour toi d'avoir ce point de vue sur ta famille ? Il t'avait laissé une demie-heure pour réfléchir, mais tu avais six ans pour cela. Et tu étais plutôt certaines d'avoir trouvé une réponse définitive à ce sujet. Tu avais eu l'occasion de les revoir plus d'une fois pourtant tu n'en avais rien fait.

- Sans vouloir vous offenser Vice-Amiral, j'ai bien peur que vous n'appliquez pas vous même les conseils que vous me prodiguez.


Cette fois-ci tu souriais montrant pleinement que tu n'avais aucun bagage, aucun fardeau à parler de ce sujet, de ta position là-dessus. Peut-être s'était-il projeté sur toi ? Peut-être regrettait-il de ne pas avoir construit une famille plus tôt ? Cette demeure le rendait sans doute très sentimental alors bien évidemment, tu ne lui reprochais rien.

- Vous ne pouvez pas faire de moi quelque chose que je ne suis pas. J'ai beaucoup de regrets et de remords, mais ma famille n'en fait pas partie.  Ne vous blâmez pas pour une décision que j'ai moi même prise bien avant de vous rencontrer à Lynbrook.


Tu le fixais alors cuisiner de manière un peu hasardeuse. Rien de bien compliqué dans sa préparation mais tu pouvais déjà te satisfaire d'avoir vu un homme de sa trempe ce perdre dans ce genre de tâche ménagère. Cet endroit devait clairement le rendre sentimental, il en avait même perdu ses grossièretés habituelles. Tu t'imaginais déjà la réaction du reste de ses marins s'ils venaient à apprendre ce qu'il était entrain de faire devant ton œil intrigué.


- Vous me l'avez dit vous même. Je ne peux pas tout contrôler. Effectivement, il a pu leur arriver des choses tragiques et je n'aurais pas été là pour eux. Mais ce sont là aussi des suppositions. Je me contenterai des mienne vous savez, j'ai beaucoup à faire et maintenant que j'ai décidé de reprendre mon devoir, celui-ci aura toute mon attention et mon énergie.


Par moment, tu venais à lui tendre quelques ingrédients et à l'aider dans sa tâche. Le Vice-Amiral était intelligent même diminué physiquement. Il pouvait lire en toi comme dans un livre ouvert s'il le désirait et il verrait que tu étais en parfaite harmonie avec ce sujet. Peut-être qu'il se refusait à y croire simplement car lui même était tourmenté là-dessus ? Encore une fois, que des suppositions, mais c'était bien souvent avec cela qu'on planifiait le monde de demain.

- Je ne suis qu'une femme qui a choisi sa voie loin de sa famille et qui s'y ai donné en totalité. Faut-il qu'il y ai des justifications dramatiques pour toutes les choses qu'on entreprend ?


Évidemment, tu étais toi aussi en proie à des démons. Ta blessure, ta convalescence, ta peur d'être un fardeau, un échec inutile auquel on aurait gâché du temps et des efforts. Tu en avais bien conscience. Mais c'était là ton seul combat interne. Il t'était inutile de t'en rajouter davantage. A ce niveau, le Vice-Amiral pouvait considérer que tu étais proche de la sociopathie, libre à lui de conclure ce qu'il voulait, tant que cela n'entachait pas la vision qu'il avait de toi. Tu t'étais engagée à devenir une meilleur version de toi-même à ses côtés, tu espérais simplement qu'il n'abandonne pas en voyant un premier défaut flagrant dans ta personne.

Reniflant les odeurs de sa préparation, tu venais à lui tendre un peu de sel et de poivre ainsi que quelques épices. Tu avais eu six ans pour expérimenter toute chose, et tu savais quand il fallait relever le goût d'un repas.




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- « Je n’ai jamais eu cette prétention, Pandore. Faire de toi quelque chose que tu n’es pas ? Bien trop compliqué. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je t’ai donné seulement une demi-heure pour réfléchir car j’imagine aisément que c’est quelque chose que tu as dû murir dans ton esprit depuis beaucoup trop longtemps. »

C’est sans sourire ou sans grogner comme un clebs que j’avais finalement répondu à ses nombreuses réponses. Les gens étaient persuadés d’à quel point ils pouvaient changer les autres sans se changer soit même alors que c’était tout à fait le contraire qui était bien plus aisé. Ça, j’en étais bien conscient. Cependant, pour avoir vu des marines rendre leur dernier soupir devant moi ou dans un lit d’hôpital en émettant quelques vérités pleines d’amertume, j’étais arrivé à la réflexion que la famille était un pilier central d’une vie dont on devait prendre soin même à distance. C’était l’une des raisons pour laquelle je tenais à ce qu’elle fasse le premier et qu’elle règle ce que je voyais comme un problème. De plus, je ne pouvais pas m’empêcher de me faire la réflexion qu’il y avait bien quelque chose qui clochait à propos de son comportement d’antan et de sa famille qu’elle ne voulait plus revoir. Le mal était-il si profond… ? Loupais-je quelque chose ? Ou était-ce simplement quelqu’un qui se foutait profondément des siens et qui ne pensait qu’à sa gueule ? Cette supposition pouvait être la bonne sachant que mon haki de l’observation me faisait clairement comprendre qu’elle était effectivement très apaisée vis-à-vis de cette situation. Soit. On avait tous nos tares. Moi le premier. De toute façon, je l’avais dit : elle ne serait forcée à rien.

- « Cela étant dit, je maintiens effectivement que j’aurai dû plus creuser dans ta vie pour en savoir un peu plus et t’éviter certaines choses. Peut-être qu’avec un peu plus de précautions de ma part, tu n’aurais pas quitté la régulière pour traverser cette épreuve douloureuse qui t’as mis sur la touche pendant ces années. »

La museler un peu plus. Tempérer ses ardeurs. Ratatiner ses idéaux un brin naïfs. Refuser son transfert à l’élite pour la forcer à progresser dans la régulière. Ce n’était pas les moyens qui manquaient à l’époque, clairement. Cependant, je ne m’y attardai pas plus que de raisons. « Il n’y a également rien de grave ou de mal à ce qu’une femme plaque tout pour faire carrière. Mais peut-on réellement avoir cette réflexion quand pendant six années, tu as été proie au doute et que tu doutais il y a encore… Trois jours ? » Cette fois-ci, je haussai un sourcil en lui portant un regard, avant de récupérer les épices qu’elle me tendait, puis, petit à petit, j’incorporai ce qui me paraissait aller de pair avec ce plat. Bientôt, les effluves furent bien plus corsés, plus intéressantes. La gamine avait eu raison de me passer certaines épices, si bien que je me fis la réflexion que je m’étais peut-être trop précipité. Elle s’y collerait prochainement. Toujours est-il que l’odeur nouvelle du pot au feu tout donnait envie. Je ne pourrai jamais assez remercier Koko, l’une de mes hommes de main et certainement ma meilleure amie à l’heure actuelle qui m’avait vraiment appris à cuisiner presque comme un cordon bleu. C’était ça que d’être bien entouré et on pouvait affirmer que je l’étais carrément. On ne devait pas amiral uniquement à la seule force de ses poings…

- « Mais soit. L’affaire est entendue et je ne me mêlerai pas plus de ce pan de ta vie privée. Tranquillise-toi. J’ai de toute façon une image plus nette de qui tu es, d’où tu viens et comment s’assurer que certaines erreurs ne se reproduisent plus à l’avenir. C’est déjà un très bon début. Et puis, j’ai déjà contribué à créer trois monstres de puissance pour la marine. Je suis assez rodé en la matière. Faire de toi une machine à broyer des hors-la-loi ne sera pas trop compliqué. Pour peu que tu chiales pas à la première difficulté rencontrée. »

J’eus un rictus un peu moqueur pour la taquiner, avant de tapoter l’une de ses épaules d’un air amical. A mon actif ? Deux lieutenants-colonels et un vice-amiral, bien que le dernier eût été rétrogradé au rang de contre-amiral dans des conditions mystérieuses. Si Rachel et Yamamoto ne m’inquiétaient pas, Ethan, lui me faisait poser quelques questions. Cependant, tant qu’il était en vie et qu’il avait à cœur de laver son honneur, tout irait surement pour le mieux. Dans l’ensemble, on ne pouvait pas dire de moi que j’étais un mauvais maitre ; ce qui m’amenait à me demander jusqu’où je pouvais aller avec la gosse qui me faisait face. « Bien. C’est le bon moment pour me montrer ta gueule dans son entièreté… Et aussi jusqu’où ton bras gauche est affecté. » Cette fois-ci, je lui balançai mon meito à la gueule, avant de prendre un peu plus de recul pour aller m’appuyer sur un autre plan de cuisine, non sans me rallumer une nouvelle cigarette. Oui oui… On avait tous nos faiblesses, nos tares, névroses et autres dépendances. J’y coupais pas, bien conscient que tout ne se réglait pas et ne se soignait pas du premier coup. Je me promis cependant de trouver une solution à cette addiction une fois que j’aurai le grade d’amiral, mais pas avant. J’avais d’autres chats à fouetter avant… Comme aider la sale gosse qui était près de moi… En attendant que Mountbatten daigne donner signe de vie.

- « J’veux voir comment tu tiens une arme et si tu es capables d’effectuer des katas et de simples mouvements d’entrainements. Pareil pour ta gueule. Il s’agit pas seulement de voir comment t’as douillé… Mais de jauger jusqu’à quel point ce qui constitue dorénavant un angle mort et donc une grosse faiblesse peut t’handicaper dans un combat. Si tu te sens à l’étroit dans la cuisine, sortons dans le jardin ou la cour-arrière, c’est comme tu le sens. »
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Salem




Attentive...

Naturellement, il avait sans doute compris ce qui était entrain de se passer dans ta caboche. Chacun avait son mécanisme pour affronter les épreuves de la vie, et de ton côté, tu t'étais retrouvée à te détacher émotionnellement de beaucoup de chose. Comme si ta culpabilité et la honte que tu avais ressenti tout ce temps vis-à-vis de tes blessures t'avaient totalement atténué tout le reste. Ta nonchalance manifeste n'était que le résultat d'un manque d'investissement émotionnel. Heureusement pour toi, cela avait aussi étouffé ton orgueil bien trop dangereux pour une personne aussi faible que toi.

- Vous le savez bien. Si j'ai mit en pause pendant six ma carrière c'était davantage par conviction qu'autres choses. J'avais peur de n'être qu'un échec, une perte de temps, un danger pour le Gouvernement. Mon isolation, je l'ai fais pour respect au mieux mes engagements vis-à-vis de la Marine. Vous m'avez cependant prouvé qu'il y avait d'autres solutions que je ne pensais simplement pas possible.


Tu étais complexe à saisir et tu n'attendais pas à ce que le Vice-Amiral t'accepte entièrement comme tu étais. Si tu devais changer alors le temps se chargerait de le faire pour lui. En attendant, ton esprit était déjà bien assez galvanisé par le fait de rompre avec ton quotidien de ces six dernières années.

- Je n'aurais pas mit mon avenir entre vos mains si je ne portais pas en haute estime vos compétences et votre réputation. Tout ceux qui ont eu la chance d'un jour apprendre sous votre commandement ont connu les sommets. J'espère être digne d'eux, digne de vous.


Évidemment, tu faisais encore écho à tes blessures. Tu n'étais pas certaine de pouvoir dépasser cela. Mais si tu ne faisais pas confiance en tes capacités actuelles, tu faisais confiance dans le jugement du Vice-Amiral. S'il prétendait haut et fort que tu n'avais pas terminé ta progression alors c'était qu'il avait raison. Il en avait vu bien plus que tu n'en verrais sans doute jamais, dans les moments de doute tu pouvais te fier à lui. Tu en étais persuadée.

Attrapant son arme d'exception de ton bras gauche, tu venais à soupeser celle-ci, chanceuse d'avoir le droit de toucher ce qui n'était pour lui qu'une babiole à même de servir de canne. Te débarrassant alors du haut de ton uniforme, tu venais te retrouver uniquement en débardeur pour le plus grand plaisir des yeux baladeurs de ton Vice-Amiral. Comme cela, il pouvait voir la cicatrice qui s'étendait tout en longueur, de ton poignet jusqu'à l'approche de tes aisselles. Une entaille profonde qui bien qu'elle avait guérit, laissait une marque effroyable sur ton bras.

Puis, tu venais à retirer ton cache-œil qui voilait bien plus que ton œil. Défigurée en partie, le côté droit de ton visage n'était pas beau à voir et ne faisait que dévoiler un œil blanc ayant perdu toutes lueurs. Tu ne voyais absolument plus rien avec celui-ci et il n'aidait pas non plus à ravir ton visage pourtant magnifique dans le temps.

Ce qui était étonnant à voir cependant était ta musculature qui n'avait plus rien à voir avec la Pandore d'antan. Bien plus épaisse, plus solide, les formes sculptés dans ton dos trahissaient un acharnement physique de ta part. Tu n'avais pas chaumé en six ans, qu'importe ce que tu pouvais en prétendre. Cherchant à compenser ta faiblesse apparente, tu t'étais perdue en divers exercices physiques encore et encore. La dureté des exercices de la Marine n'avait rien à voir en comparaison de ce que tu t'étais infligée au quotidien pour te renforcer de la sorte.

Évidemment pour toi, cela n'avait jamais été suffisant.

- Je n'avais plus tenu de lame depuis longtemps maintenant...


Un léger moment d'hésitation avant de dégainer l'arme de son fourreau de ton bras blessé. Ta poigne sur le manche, tu venais à retrouver des sensations que tu avais oublié depuis plusieurs années maintenant. C'était là des émotions étranges qui parcouraient ta chair. Soufflant alors, ayant besoin de canaliser tout ce qui se passait dans ta tête, tu venais à porter un coup en face de toi à la verticale, puis, reprenant une posture assez classique tu venais à porter un coup à la verticale qui fit soulever un mouvement d'air perceptible avant de disparaître tout aussi vite.

Si ta technique n'avait pas changé, tout aussi rigoureuse, il était évident que ton bras t'empêchait de l'exercer pleinement. Ces coups de sabre... Il ne souffrait pas d'une technique négligée mais d'un manque de forme concret. Ton bras ne répondait plus aussi bien et tu étais incapable de compenser les tremblements de ta main qui rendait la forme de tes coups inconstants. Pire, si tu étais incapable de faire une tranche nette alors tu n'étais même plus en mesure de couper de la pierre.

- Je peux continuer pendant des heures si vous le voulez, mais cela ne s'améliorera pas. On m'a indiqué que plusieurs de mes nerfs ont été sectionnés et atrophiés. Ce n'est pas quelque chose que je peux compenser avec de l’entraînement. Selon eux, c'est même un miracle que je puisse bouger mon bras aussi librement.


Évidemment, tu avais un autre bras, mais se contraindre à tenir sa lame d'une seule main c'était perdre énormément en adaptabilité. Si des talents monstrueux comme celui du Vice-Amiral pouvaient compenser ce genre de chose, ce n'était pas ton cas.




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C’est sans piper mot que j’observai la jeune femme se résigner sur son sort, le tout en fumant. L’escrime semblait être un chapitre qu’elle avait définitivement tourné au point de ne même pas envisager le style à une main. Là, j'imaginai une Boïna lui faire un sermonn, ce qui m’arracha un sourire. En tant que manchote, elle n’avait pas voulu lâcher l’affaire, si bien qu’on la considérait aujourd’hui et ce malgré l’absence de son fruit comme était l’une des meilleures bretteuses de cette terre. D’un point de vue personnel, je trouvais que la gamine se limitait trop à ce handicap qu’elle transformait en fatalité, ce qui était encore une fois dommage. Cependant, je gardai cette réflexion pour moi pour une fois en partant du principe qu’elle devait surement réfléchir à une alternative qui lui semblerait profitable. Après tout, l’idée n’était pas de faire de Pandore une copie conforme de ma personne en terme martial ; même si j’avais été à l’époque assez ravi de pouvoir mentorer un élément prometteur à qui je voulais réellement transmettre mon savoir. Quant à l’état de son œil, je n’eus spécialement aucune réaction. J’avais l’impression de revoir Yamiko, à ceci près que cette dernière avait trouvé une solution plutôt intéressante…

- « Tout comme je t’avais suggéré des choses pour ton bras, on peut s’adresser aussi à la division scientifique pour l’implantation d’un œil cybernétique. Évidemment, je ne parle pas d’un point de vue esthétique, mais bel et bien pratique… »

Je tirai ensuite une taffe de ma clope, avant de continuer à l’observer encore un peu. Pour avoir côtoyé moult borgnes, je savais que le manque d’un œil en moins à compenser était parfois colossal. Pour autant, j’étais aussi persuadé que la gamine ne voudrait aucun implant, mais plutôt s’infliger les stigmates d’un manque de pot qu’elle érigerait surement en leçons de vie. J’aurai pu clamer qu’elle était trop jeune pour s’infliger çà, mais le fait est que j’avais fait pareil de mon côté pour pas mal de choses d’un point de vue psychologique. C’est sur cette pensée que je m’avançai vers elle pour récupérer mon meito que je rangeai dans son fourreau, avant d’en refaire une vulgaire canne de circonstances, rien que ça. Les puristes m’auraient certainement foutu un coup de pied au cul. « Je suis content que tu m’aies partagé ces choses, Pandore. Dans les grandes lignes, je dirai que plus rien n’entravera ta progression en tant que soldate de la marine. Dans les grandes lignes, oui… » Je n’allais pas revenir sur le cas de sa famille. C’était complètement inutile. Il y avait effectivement certaines choses que seul le temps et l’expérience résolvait. Pour le reste, j’allais essayer au mieux de l’encadrer sans pour autant la déresponsabiliser complètement.

- « Pour te rendre la confiance que tu sembles m’accorder, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider et te guider. Mes leçons, si on peut appeler ça comme ça, n’auront un terme que lorsque tu auras le grade de commodore. Une fois aux portes de l’amirauté, j’estimerai ne plus avoir à t’apprendre quoique ce soit, parce que ce sera dorénavant à toi de tracer ton chemin. Jusque-là, j’pense que je te ferai bien baver et y’a moyen même que je te force à porter des mini-jupes pour mon propre plaisir perso ! »

J’eus un ricanement d’un vieux con pervers, avant de reprendre tranquillement :

- « La plupart de mes hommes de mains maitrisent des manières diverses et variées de se battre. Hormis Meilan qui est comme moi, Melvis est un as de la gâchette et un sniper comme on en trouve peu. Bryan est un spécialiste du corps à corps, foutre des patates, c’est son dada. Mereleona est une autodidacte qui a un penchant pour les combats aériens et également au corps-à-corps, les flingues à courte portée et Koko… Ouais, non je te vois mal utiliser le cooking kenpo… Je les préposerai à tes entrainements selon les choix que tu feras. »

J’aurai pu lui parler de Yulia, mon bras gauche et la cheffe de notre section scientifique, mais étant donné que cette dernière était une cyborg, je ne voulais pas passer pour un forcer à propos d’éventuels implants. C’est sur cette pensée que je me mis en marche en sortant doucement de la cuisine. Etant donné que la cuisson du pot-au-feu prendrait au moins trois heures, il était inutile de rester sur place. A la place, je me dirigeai vers une autre pièce, assez exiguë où étaient stockés le nécessaire pour faire le ménage, comme je l’avais pensé. Une habitude de la daronne. « Si tu as des questions qui te trottent en tête, tu peux les poser sans aucun problème. Sinon, tu as quartier libre soldat. Tu peux aller faire le tour de l’île même si elle est en piteux état… Ou retourner au navire pour te mettre à disposition de Meilan. Me concernant, je compte manger et crécher ici ce soir. » Si j’étais bien évidemment loin d’avoir le mal de mer, je préférai me poser dans une chambre douillette sur la terre ferme qu’un lit d’une cabine en pleine mer. Ainsi, je déjouai également ses pronostics : je ne comptais pas sur elle pour faire le ménage de la maison de mon enfance, oh que non. Manquerait plus qu’elle soit ma bonniche, maintenant.
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Passé et Avenir
Feat
Salem




Muette...

Tu hochais la tête à chacune de ses paroles. L'Homme s'était entouré d'un équipage autant compétent que complémentaire. Tu savais qu'il y avait plusieurs manière de juger une personne, et l'une d'entre elle demandait de regarder les gens qui gravitaient autour de lui. Il était un meneur d'homme émérite et avait formé sur son sillage plus d'un génie. Même s'il s'était refuser à se battre, à prendre la tête de son adversaire à Lynbrook, son héritage aurait été déjà bien plus que suffisant. Sa réputation lui survivrait sans aucune doute, que ce soit à travers les écrits de l'histoire et dans le cœur de tout ceux l'ayant connu.

- Je vous remercie. Je vais vous laisser vous reposer et prendre mes dispositions de mon côté. Vous m'avez offert des solutions à moi de pleinement y réfléchir désormais. 


Saluant avec respect, tu venais à quitter la demeure Fenyang pour te perdre dans les rues ravagées de Marineford. Perdue dans tes pensées, tu ne faisais finalement que peu attention de ce que l'île avait subit. Comment te renouveler ? Comment progresser ? Des questions qui ne devaient pas rester sans réponses. Pour autant, tu ne pouvais pas simplement provoquer soudainement les choses. C'était là une situation complexe pour toi. Tôt ou tard, il faudrait te lancer quitte à échouer encore et encore.

Meurs et recommence. Un concept abstrait pour le commun des mortels mais qui avait sa place lorsqu'on planifiait une stratégie d'attaque. Généralement, on vous apprenait à planifier le plus loin possible vos prochains mouvements. Et si ceux-ci finissaient par mener une impasse, alors on repartait à zéro et on essayait un autre chemin à explorer, tout en étant fort de l'expérience précédemment acquise.

Tu pouvais appliquer ce concept à la lettre, mais en avais-tu le temps ? Tu avais déjà abandonné l'escrime, et bien que tu pouvais te forcer à remettre les pieds dans l'étrier, tu ne voyais que trop peu de chance de réussite.

Il y avait l'option d'apprendre le Rokushiki. C'était évidemment un art extrêmement complexe à maîtriser mais tu ne le pensais pas hors de ta portée. Après tout tu avais Fawkes l'utiliser devant toi il y avait de cela quelques mois et depuis tu n'avais eu de cesse d'avoir l'envie de t'y essayer. Pour autant, cela ne remplacerait tout de suite ton manque de capacité de combat. Tu pouvais toujours jouer sur ton physique plus fort que la moyenne, mais cela ne valait que sur les Blues. Dans un monde aussi périlleux que Grand Line, ton physique était bien en dessous des normes.

Il te fallait progresser et vite... Combien de temps ne t'étais-tu pas battue pour de vrai avec conviction ?

----

Quelques heures, c'était le temps qu'il t'avait fallut avant que tu ne rejoignes à nouveau le Vice-Amiral. Tu n'avais pris aucun repos et tu avais passé ton temps à balayer tes possibilités. Si tu n'avais pas encore prit la peine d'aller déranger les subalternes du Vice-Amiral, tu avais un dernier service à lui demander.

- Vice-Amiral. Pardonnez moi mais j'ai bien réfléchit... J'aurais besoin que vous soyez mon partenaire d’entraînement pour un simple échange. Je ne me suis jamais battue en six ans, je ne sais même plus ce que je vaux. Je suis au fait de votre force, je sais très bien que je ne rivalise pas avec vous. Mais cela me permettrait de me dépenser sans craindre de vous blesser.


Même encore légèrement blessé, il était bien plus doué et fort que tu ne l'étais. La différence était abyssale entre lui et toi à l'image de cette foule que tu avais repoussé quelques mois auparavant sans même avoir à attaquer. Ce monde ne pardonnait pas et l'échelle de puissance était phénoménale.

- Je comprendrais si je vous en demande trop.


Ton visage affichait toujours sa nonchalance habituelle malgré l'importance avec laquelle tu traitais ce sujet. Salem voulait en apprendre sur toi, il avait peut-être l'occasion d'en apprendre autrement qu'avec des paroles sur ta personne. Sinon, tu trouverais quelqu'un d'autre.




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- « Te battre contre moi hein… ? »

Assis sur un divan de la demeure devenue toute propre, je n’avais pas levé les yeux de mon livre qui traitait de la navigation sur le nouveau monde. Cette partie du monde était la plus dangereuse de toute et son exploration était plus que jamais spécifique. J’avais eu quelques occasions d’y mettre les pieds, mais tout ceci datait maintenant de plus de trois ans. Mon dernier périple s’y était même soldé par une défaite face à la fameuse impératrice Kiyori ; et je savais qu’exorciser une partie des démons qui me hantaient encore était de fouler une nouvelle fois l’endroit pour affronter les habitants de cette deuxième partie de Grand Line. Comme quoi même à mon niveau et même avec le grade que j’avais, on pouvait être aussi proie au doute. Le fait était que contrairement à la sale gosse devant moi, je n’avais plus le droit à la faiblesse et rares étaient les personnes à qui je pouvais confier mes craintes sans avoir l’air ridicule avec toute la grandeur dont j’étais auréolé. Tu parles d’une vie, bordel… Parfois je me demandais si je n’aurais pas dû faire autre chose de ma vie. Enfin bon, pas le temps de s’apitoyer sur son propre sort…

- « Et du coup ? Est-ce que tu as le sentiment que cet affrontement pourrait t’apporter quelque chose de concret ? Tu as le sentiment que tu en ressortirais grandi ? »

Sur cette question, j’écornai la page que je lisais avant de fermer le bouquin pour enfin lever les yeux vers la jeune femme. M’entrainer avec elle ne m’enlevait rien, ne me coutait rien hormis un peu d’efforts, mais il fallait que cette initiative revête un sens. Suffisamment pour que je mette de côté ma période de convalescence. J’imaginais bien qu’elle se cherchait encore, qu’elle tâtonnait en essayant de trouver des solutions à sa manière, mais j’espérais un brin de pragmatisme de sa part. Le moi d’avant aurait tout de suite accepté, sourire aux lèvres. Le moi de maintenant ne faisait plus rien pour rien. Avec l’âge, on avait tendance à s’économiser et ne plus fournir des efforts pour quedal. Ouais… J’étais vraiment un vioque à penser ainsi. « Et surtout, dans ton état, est-ce que tu serais prête à y mettre toutes tes tripes, quitte à venir à moi avec l’intention de me tuer ? » Là, j’eus un sourire non pas moqueur, mais complètement intéressé. Si je ne la sous-estimais aucunement, elle qui avait carrément la force d’un colonel des blues, j’étais néanmoins bien conscient qu’il y avait pour l’instant un fossé abyssale entre elle moi.

- « Hormis Meilan qui a assez de force pour véritablement me buter, c’est ce que je demande à tous ceux que j’entraine. Qu’ils viennent avec l’intention de me buter… Et que cette intention ne soit pas fausse, sans quoi les entrainements ne rimeront à rien. Ils seront même une perte de temps, tant pour toi que pour moi. »

Original ? Bizarre ? Extrême ? Oui. Sans doute. Mais ce n’était qu’en mettant toute son âme dans ses attaques qu’elle pourrait se dépasser, se surpasser, arriver à quelque chose qui lui serait profitable, en plus d’avoir une franche vision sur ses limites. Toujours assis, je décroisai néanmoins mes jambes avant de m’offrir une rasade d’un jus de citron que je m’étais pressé après avoir fait le ménage de l’entièreté de la maison. D’ailleurs, le pot-au-feu fut rudement bon. Elle avait loupé quelque chose. « Et quand bien même on s’entrainerait, comment est-ce que tu te battrais ? L’escrime a été le fondement de toute ta vie, non ? Enfin non… Oublie cette question, ce n’est finalement pas si important que ça. » Je ne voulais pas me gâcher la surprise, oh que non. Elle devait avoir d’autres idées pour ça, des bottes secrètes que je ne soupçonnais pas. Et puis, à sa musculature, je devinais aisément qu’elle ne s’était pas tournée les pouces durant ces six dernières années. C’était quelque chose de fort louable qui forçait malgré tout le respect. Mais en attendant que je daigne me lever ou même accepter, je voulais voir ce qu’elle avait en tête.

- « Et enfin, tu n’as pas peur que mes coups te foutent sur la touche ? Ou y’aura-t-il des stipulations bien précises avec interdiction pour moi de répliquer… ? Quoique, c’est l’occasion de te foutre des claques au cul comme un enfoiré à chaque fois que tu te loupes… » Conclus-je en arborant une mine à la fois réfléchie et amusée, le regard dans le vague, comme si je me parlais à moi même.
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Feat
Salem




Présomptueuse...

Évidemment tu l'étais toujours un peu. Surtout pour te présenter de la sorte, sans avoir trouvé une once de solution face à l'homme qui en attendait énormément de toi. Autrefois on te louait pour ta vivacité d'esprit aujourd'hui on se rirait sans doute de toi après avoir fait ce que tu venais de faire. Tu n'avais aucun plan, aucune forme de résolution à ton problème et pourtant tu tentais d'accaparer un peu plus de temps d'un homme qui n'en avait pas beaucoup à la base.

- C'est peut-être précipitée de ma part mais comment savoir vers où aller si je ne sais même pas d'où je pars. L'escrime était ce qui me rendait forte autrefois, désormais que je suis résolue à abandonner cette voie, je dois comprendre ce qui fait ma force, mon potentiel.


S'il t'en restait un peu... Tu étais une acharnée de l’entraînement aveugle, mais inévitablement tu espérais des résultats en échange de tes efforts. Tant que ne t'étais pas cassée les dents sur un véritable mur, comment savoir si tu en valais vraiment la peine ? D'autant qu'il n'avait pas tord... Si tu ne te donnais pas à fond alors cela ne servait à rien. Mais comment te donner à fond face à un adversaire qui était contraint de se retenir à l'extrême sous peine de te balayer avant que tu n'ai le temps de cligner des yeux.

- Je me doute bien que vous allez devoir vous retenir afin de ne pas me blesser gravement ou me tuer. Mais malgré que je vous demande un entraînement, j'aimerais que vous me rendiez les coups. Dans une certaine mesure. Vous espériez que je ne pleure pas à la première difficulté. Ce sera sans doute un bon moyen pour vous de le savoir.


Qui avait-il de plus complexe que d'affronter un homme te dépassant en tout point ? De se confronter à la vacuité de ton existence, à tes propres faiblesses. Tu avais fuis le combat pendant six ans car tu avais eu peur de retomber dans tes travers. Pourtant, cela coulait dans tes veines, et l'idée d'un combat perdu d'avance faisait bouillir ton sang. Tu t'étais trop préservée depuis ta convalescence. Tu avais besoin de prendre des coups pour te réveiller, pour laisser l'instinct prendre le dessus sur le doute.

- Laissez moi essayer de prendre votre tête Vice-Amiral.


Un sourire en coin, un visage mêlant nonchalance et malaise. Tu avais troqué ta bestialité pour une paix intérieur, un calme qui ne ressemblait pas du tout à la Pandore d'antan. Mais l'appel du combat, le goût du sang... On ne pouvait pas s'en débarrasser. On naissait avec et on mourrait avec. Tu étais au fait de ta position dans ce monde et pourtant cela ne t'empêchait pas d'essayer quand même. C'était ce qu'il désirait et tu le désirais tout autant, alors pourquoi t'en priver. Venant alors à faire une révérence respectueuse, tu te penchais avec toute la rigueur que tu disposais. C'était bien là le minimum que tu pouvais faire en échange de son temps. Et tu le savais, l'homme avait l’œil baladeur. Nul doute qu'il profiterait de la vue quelques temps. Qu'il se l'avoue ou non.




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Sauf que non… Dans les moments solennels, je ne profitais d’aucune vue. Il y avait bien entendu un temps pour être un papy pervers et reluquer les formes des jeunettes voire même les peloter grassement parce que la vie méritait d’être vécue pleinement… Et puis, il y avait un temps pour sonder l’âme d’une personne qui parlait de ses aspirations et essayait de faire comprendre son point de vue ; ce qui nécessitait une certaine forme de concentration et donc un respect total. Donc, nope. Pas de regards sur ses gros seins ou son cul opulent. Juste une gueule intéressée par une marine qui semblait retrouver le droit chemin, ce qui me faisait plaisir. S’il y avait bien une chose qui n’avait pas changé chez moi, c’était ma propension à détecter des talents, à les faire éclore et à les voir s’épanouir dans leur rôle ô combien noble ! Être l’inspiration d’une jeune femme au gigantesque potentiel ne pouvait être que flatteur et gratifiant à un moment donné. Bah au moins, je n’avais pas perdu l’aura que j’avais auparavant… Bien qu’elle soit devenue beaucoup plus intense et beaucoup plus… Profonde ? Bah, c’était pas plus mal. Je n’étais de toute façon plus tellement alignée avec la justice tranquille, bien que je gardais mon humanité, on s’entend.

- « Ma tête hein ?! Rien que ça, bahahaha ! J’aime bien ce culot ! T’as pas tout perdu de l’ancienne toi, finalement ! »

C’est sous cette exclamation que j’me relevai gaillardement de mon siège douillet en m’appuyant de nouveau sur mon meitou en guise de canne. Je revêtis ensuite mon manteau de vice-amiral par-dessus un autre pyjama que m’avait envoyé l’un de mes hommes sur appel dendenmushique, puis je pris la direction de la sortie. Une fois dehors, le froid faillit me faire frissonner. D’ailleurs, nous étions en fin d’après-midi. Le soleil allait bientôt disparaitre. Dans une heure ou deux, surement. Le tableau de ce crépuscule naissant aurait pu être beau, si l’endroit n’était pas entâché par la présence de décombres çà et là à l’horizon. Définitivement, Marineford n’était plus ce qu’elle était. Détruite deux fois en deux siècles et par des empereurs… Faut croire que l’endroit était maudit. Je me mis alors à marcher lentement en m’appuyant toujours sur ma canne pour minimiser mes efforts. Si je ne boitais plus trop, mes membres étaient toujours aussi engourdis et je faisais même abstraction des quelques douleurs qui pouvaient survenir de mes chairs recousues lorsque je faisais un geste trop brusque. Autant le dire, pour le ménage de tout à l’heure, j’avais réellement pris mon temps. Fallait peut-être que quelqu’un soit préposée au ménage de cette maison, tiens…

J’en parlerai surement à Harnam plus tard… Bien que cette grognasse m’enverrait surement balader.

Sur notre chemin, nous croisâmes plusieurs groupes de marines qui étaient étonnés de voir un type comme moi déambuler dans les rues à moitié abimés de la base. Quelques arrêts pour échanger des salutations et des banalités furent de rigueur, jusqu’à ce que nous arrivions, dix minutes plus tard à une aire d’entrainement. Il y avait des terrains vagues bien tracés et délimitées pour des exercices en tous genre, mais aussi et surtout des dojos qui n’avaient pas trop subi de casse. Parfait. C’est donc vers l’un de ces fameux dojos à l’allure traditionnelle que je me dirigeai tranquillement. En plus, il n’y avait personne dans les parages. Parfait. Une fois à l’intérieur, j’actionnai les interrupteurs qui illuminèrent l’endroit, révélant un environnement classique : un parquet luisant, de nombreuses armes en bois rangés dans des coins, un vaste espace pour des mouvements amples. Que du bon… Et que des souvenirs aussi. « T’as peut-être abandonné l’escrime, mais je te conseille quand même de t’armer. Si tu veux pas l’utiliser, range-le dans un coin… » Que lui avais-je dis en lui jetant à la gueule mon propre meito, pour ensuite m’avancer au centre dudit dojo. Ensuite, c’est de force que je déchirai une manche de mon pyjama pour en faire un grossier bandeau.

- « J’vais m’handicaper davantage, mais ne le prends pas mal. Et puis, tu finiras par comprendre… » Déclarai-je en enroulant le bandeau de fortune autour de mes yeux. Et une fois le tout terminé… « C’est quand tu veux, gamine. Attaque-moi quand tu veux, comme tu veux et sans te retenir. Tous les coups sont permis. Tous… »

Même les coups aux couilles, oui. De quoi m’arracher un sourire idiot en lui faisant signe de se ramener. Sans aucune règle qui la briderait.
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Feat
Salem




Satisfaite...

Tu avais fait le plus dur.. Désormais, même si tu venais à manger de pleine face l'écart de puissance entre toi et lui, tu aurais au moins eu le plaisir d'essayer de te dérouiller face à un Vice-Amiral. Et pas n'importe lequel. Tu l'avais donc suivi, explorant à nouveau à ses côtés les rues ravagées de Marineford. Tu voyais en cet endroit en ruine un parallèle avec toi... Tout comme ces bâtiments, tu ne possédais plus aucune fondation et tu avais abandonné depuis trop longtemps l'idée de percer les cieux.

Pour autant, ils pouvaient être reconstruits, plus forts, plus solides qu'ils ne l'auraient été auparavant. Tant qu'il restait des mains pour façonner l'avenir, il était toujours possible de se relever, même si cela voulait dire prendre une voie bien différente de la précédente. C'était cette conclusion que tu t'étais faites depuis ce brève échange avec le Vice-Amiral. Une conclusion sans doute hâtive, qui saurait se préciser à l'avenir et cela passait par cet entraînement qui n'avait rien de routinier. Tu n'aurais sans doute pas l'occasion avant un bon moment d'échanger des coups avec un homme de cet acabit. Il te fallait aiguiser ton esprit et t'assurer de retenir tout ce qui allait se passer, même si celui-ci venait à te cogner tellement fort que tu en oublierais ton nom.

Réceptionnant une nouvelle fois son arme, tu venais à pencher ta tête sur le côté avant de poser celle-ci avec respect dans un coin de la pièce. Tu étais là pour te tester, et de la même manière que Salem s'était refusé à l'utiliser lors de son affrontement, tu ferais de même. Après tout, tu pouvais combler tes faiblesses avec ce genre d'ouvrage, mais dans ce cas de figure, cela n'était pas pour te rendre service.

Balayant alors ton regard à droite à gauche, tu venais à apercevoir quelque chose d'intéressant dans le jardin juste derrière le Dojo.

- Accordez moi quelques instants.

Lui laissant alors le loisir de ce bander les yeux, tu venais à te diriger vers l'arrière du Dojo avant d'en déloger une hache plantée dans une souche d'arbre. Soupesant celle-ci, elle était grossière et n'avait évidemment pas les mêmes qualités que le Meitou que le Vice-Amiral avait voulu te prêter. Pour autant tu voyais en celle-ci tout ce dont tu avais besoin. Bien plus lourde, tu pourrais te servir de tes qualités physiques pour compenser son poids. De plus, inutile d'être aussi précis qu'avec un sabre puisque l'élan du coup importait davantage que sa trajectoire.

- Pendant six ans, j'en ai profité pour construire ma propre maison. Si elle ne rivalise pas avec la demeure des Fenyang, elle m'aura fait couper plus d'un arbre.

Tu n'étais pas menuisière pour un sou, et tu avais dû t'y reprendre plus d'une fois pour simplement avoir un début de cabane à même de tenir. Cela avait au moins eu le mérite de te faire passer le temps et d'entretenir ton corps. Bref... Tu serais plus confortable avec cet outil même si celui-ci n'avait pas été façonné pour cela. Fixant alors le Vice-Amiral, les yeux bandés, tu ne prenais pas la peine d'annoncer ta première offensive. Après tout, cela n'avait pas pour but d'être un combat honorable, c'était là ses propres consignes.

Finalement, tu venais à te décider, ayant enlevé tes chaussures au préalable afin de t'assurer d'avoir le maximum d'emprise sur le parquet, tu avais chargé vers lui comme on pouvait vous apprendre durant votre formation. Si d'habitude, on faisait davantage cela avec une baïonnette ou de quoi perforer la chair de l'adversaire, tu avais suffisamment répété l'exercice pour venir à briser la posture au dernier moment.

Dans un coup qui se voulait être horizontale, tu avais directement visé la nuque du Vice-Amiral. Évidemment, s'il ne faisait absolument rien et qu'il ne cherchait même pas à s'en prémunir ne serait-ce qu'un instant avec une quelconque technique, alors sa tête ne pouvait que voler, mais tu ne te faisais aucune idée sur la conclusion de ton offensive.

Laissant alors le poids de coup t’entraîner vers le côté, tu venais à te servir de l'énergie cinétique crée pour tourner ton corps et laisser ton pied droit s'empaler directement vers ses parties intimes. Même si cela était honteux de s'en prendre à lui de la sorte, l'écart de puissance était suffisant pour justifier ce genre de fourberie.

Et fondamentalement, tu ne faisais qu'obéir aux ordres.




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- « Tant d’ardeur, tant d’ardeur… »

Bien longtemps que je m’étais pas prêté à cet exercice, tiens… Je crois bien que la dernière fois que c’est arrivé, c’est justement ici, à Marineford. Cet endroit avait toujours été l’un des piliers de mes évolutions, car c’était bien dans ce recoin que j’avais peaufiné ma maitrise du haki de l’observation, comme ma maitrise au sabre. C’est également ici que je venais dissiper mes plus gros doutes quand je n’étais pas en retrait dans le désert brulant d’Alabasta. Autant le dire, Marineford était tout pour moi ; et d’avoir à entrainer une gamine de l’acabit de Pandore était plutôt plaisant. C’est d’ailleurs sous cette réflexion que je la sentis arriver et me porter un coup à la gauche. Sans trop me fatiguer, je durcis uniquement une partie du dos de ma paluche gauche via le tekkai avant de bloquer instinctivement son coup de hache assez lourd et brutal, tandis que ma main droite n’eut aucun mal à bloquer son offensive qui partait tout droit vers mon entrejambe. D’ailleurs, sans la lâcher, je n’eus aucun mal à la soulever complètement au-dessus de ma tête, rien qu’en tenant son pied. Faut dire qu’elle ne pesait pas bien lourd…

- « Tes mouvements sont amples. Trop amples même ! »

Et sans attendre, j’me mis à la tournoyer violemment comme on le ferait avec un lasso, toujours au-dessus de ma tête. Pendant quoi ? Dix ? Quinze ? Allez, une bonne vingtaine de secondes ! Pandore fut donc ballottée dans tous les sens pendant vingt longues secondes, avant que je ne la projette brutalement vers l’avant, en direction d’un mur. L’objectif avait été de lui faire perdre ses repères et son équilibre. Arriverait-elle à éviter la collision contre le mur du fond et la chute piteuse qui s’en suivrait ? C’était ce que je voulais voir… Enfin, sentir pour le coup. Ne rien voir était assez spécial, malgré tout. Ce fait créait un sentiment à la fois angoissant, mais aussi de plénitude. Avec le haki de l’observation, j’étais généralement tranquille, mais qu’en était-il pour les vrais aveugles ? Et cette traitresse de Jeska ? Comment faisait-elle depuis sa naissance ? Ces questions-là, maintenant que j’y repensais, étaient plutôt existentielles, si bien que je me mis à me gratter le menton d’un air réfléchi. N’eut été l’efficacité de mon fluide perceptif, il était clair que cette méthode m’aurait aidé à aiguiser naturellement mes sens.

- « Même si je comprends l’objectif, ton geste avec ta hache a été trop ample. Quelqu’un de ton niveau a largement le temps de se prémunir de ton attaque s’il la voit venir. C’est dur, oui, mais essaye de te forcer à porter un coup tout aussi lourd sans prendre beaucoup d’élan… »

J’avais failli rajouter « comme avec un sabre », mais je ne voulais pas forcer sur ce fait. De même, j’aurai également voulu lui conseiller une autre arme, mais l’endroit n’était pas une armurerie et elle faisait clairement avec les moyens du bord. Comment avais-je su qu’il s’agissait d’une hache ? Au toucher. Les armes blanches n’avaient globalement plus de secrets pour moi et je pouvais être très dangereux en utilisant n’importe laquelle. Même un cure-dent était suffisant pour moi pour déclencher une sale lame de vent, c’est dire. J’eus tout de même un sourire pour la gamine dont les attaques avaient « du poids ». C’était la preuve qu’elle n’avait que peu perdu. En force, elle était quasiment au top. Quasiment, puisque ses blessures devaient l’avoir un peu diminué. C’était la technique qui péchait un peu, mais cela pourrait se corriger très vite. J’avais l’impression qu’elle allait se remettre plus vite en selle que j’le pensais. Ne restait plus qu’à dissiper ses quelques doutes et appréhensions, la gonfler d’un peu de confiance et le tour serait joué. Aaaah… Qu’est-ce que c’était plaisant de former ! Ça m’avait vraiment manqué…

- « Pareil pour ton coup de pied. Est-ce que tu as besoin d’effectuer autant de mouvements pour donner de la force à tes kicks ? »

On touchait du doigt quelque chose.

- « Reviens gamine. Tu ne m’as pas fait bouger d’un pouce… »

En sortant mon portemonnaie d’une de mes poches, j’y extirpai une piécette que je propulsai brutalement en direction de la gamine via une pichenette.

Si elle n’esquivait pas ou ne déviait pas le projectile, aussi petit soit-il, il pourrait lui faire mal. Très mal.
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Passé et Avenir
Feat
Salem




Un échec absolu...

Voilà la seule réflexion qui te venait en tête alors que le Vice-Amiral s'amusait à te trimballer comme un véritable jouet, te faisant tourner encore et encore. Incapable de formuler une pensée cohérente pendant tout ce laps de temps, ton petit tour de manège vint à se terminer de manière fracassante tandis que ton dos s'enfonçait durement contre l'un des murs du Dojo. Heureusement pour toi, Salem ne s'était pas donné à fond sans quoi tu aurais sans doute traverser ce mur pour finir en une bouillie informe de chair et de sang.

Pour autant, on pouvait pas dire que tu vivais ta meilleur vie. Tu n'avais clairement pas réussi à te rattraper en vol et tu te retrouvais à terre entrain d'essayer de recomposer chaque morceau de ta vie. Que faisais-tu ici déjà... ? Ah oui... Le Vice-Amiral. Tu lui avais demandé de t’entraîner. Levant alors un doigt vers lui, tu peinais à retrouver un semblant de cohérence mentale.

- Quelques secondes s'il vous plaît.

Clairement tu avais bouffé, et péniblement tu te relevais, la hache encore dans ta main gauche. Il avait essayé de te parler mais tu n'avais retenu de ces mots qu'un ramassis de sons informes. Pour autant tu avais saisi l'essentiel. Tes mouvements étaient trop amples, trop téléphonés. Si tu te servais de cela pour amplifier l'impact de tes coups afin de compenser la faiblesse de ton bras, cela rendait aussi extrêmement simple pour tes adversaires de te prémunir de tes offensives. Tu l'avais expérimenté de ton côté plus d'une fois avec des ennemis bien plus faibles que toi n'arrivant même pas à poser un doigt sur toi. C'était plus ou moins le même principe.

- C'est bon, j'arr... blaaaaarrggg.


Et voilà que s'en prévenir tu venais à dégobiller tes tripes sur le parquet ayant été ciré y a peu. C'était déjà un miracle que tu puisses te relever aussi vite mais clairement, tes organes n'avaient pas apprécié le voyage. Il te fallait être plus précautionneuse, même si tu ne pouvais définitivement pas diminuer la force de tes coups. Tu avais promis au Vice-Amiral d'essayer de le tuer, rendre plus faible tes coups en améliorant la vitesse d’exécution ne mènerait à rien. D'autant que tu ne pouvais pas soudainement changer de main dominante. Tu avais bien entendu essayé pendant ces six ans, mais on ne devenait pas ambidextre simplement car on le voulait.

- Maintenant c'est bon !


Ta vision était encore un peu floue mais tu ferais avec. Essuyant le coin de ta bouche, ton visage se perdait entre une expression de douleur et un certains amusement. Cela faisait tellement longtemps que tu n'avais pas senti l'adrénaline être pompée dans tes veine de la sorte.

D'ailleurs, tu n'eus pas vraiment l'opportunité d'agir, tandis que tu voyais un projectile t'arriver aussi vite sur le coin du pif. Si ce n'était pas à cause d'un manque d'équilibre de ta posture provoqué par le manège de tantôt, tu te serais mangée celle-ci en pleine poire. Fixant derrière toi, tu pouvais voir le trou fumant que la pièce avait formé, s'intégrant parfaitement avec le mur déjà impacté par endroit. Quel monstre de puissance... Mais tu ne reculerais pas.

Attaquer au-delà de ton centre de gravité te contraignait à des mouvements trop amples pour le surprendre. Peut-être que tu pourrais essayer de faucher ses jambes. Ce fut cette réflexion qui vint à te prendre soudainement tandis que tu courrais vers sa direction en rasant le sol. Un seul mouvement, aucun superflue, c'était tout ce dont tu avais besoin tandis que tu armais ton bras qu'à la dernière seconde. Une seconde de trop pour tenter de tromper les réflexes du Vice-Amiral mais c'était là le maximum dont tu étais incapable.

Cherchant alors une nouvelle ouverture, tu venais à reculer à nouveau, sans doute par crainte de devoir faire un nouvel envol avant de saisir le meitou encore adossé contre le coin de la salle. Tu t'étais refusée à l'utiliser mais tu te rendais bien compte qu'il te faudrait plus d'outil si tu voulais tenter de submerger les défenses de Salem. Lançant alors ta hache aussi fort que tu pouvais, tu la faisais tournoyer en espérant qu'elle se plante dans son poitrail, puis chargeant dans son ombre, tu venais à tenter de faucher une nouvelle fois sa tête en attaquant tout en dégainant. Une attaque qui demandait une technique précise que tu n'avais plus, mais elle avait le mérite d’accroître la rapidité d'exécution en diminuant le nombre d'étape nécessaire avant de frapper.

Tu espérais simplement que les tremblements de ta main dominante n'entache pas sa trajectoire. Tout bon sabreur savait qu'il y avait un angle précis pour frapper de sa lame, et la marge de manœuvre était extrêmement mince entre un coup parfait et une tentative pitoyable.






Dernière édition par Pandore le Jeu 21 Sep 2023 - 22:38, édité 1 fois
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Le coup fut… Parfait. Ou presque. Après tout, le shodai kitetsu trancha nettement la hache que je lui avais opposé avec ma main de libre pour contrer son attaque. D’ailleurs, c’est en sentant que l’arme dont je me servis ne fit pas le poids que j’avais exécuté un soru pour éviter complètement son attaque tranchante, qui, à défaut de me décapiter, aurait clairement pu me blesser. Je me retrouvai donc à quelques mètres de la jeune femme qui avait enfin réussi à me faire bouger de ma place d’origine, preuve qu’il y avait du mieux non seulement dans ses initiatives, mais aussi plus d’impact dans ses attaques. Elle était certes diminuée, mais ses mouvements devenaient de moins en moins superflues et de plus en plus fluides. Parfait, parfait…

J’eus donc un sourire sans pour autant la voir, avant de me mettre d’hocher la tête en guide d’approbation. En deux trois actions, elle venait non seulement de couper l’acier de la hache, mais aussi de me forcer à réagir pour esquiver son attaque, preuve que l’escrime pouvait encore lui servir, surtout si elle était armée de la bonne arme. Un meito lui conviendrait certainement et l’art du sabre, finalement, pouvait être un appoint à ce qu’elle voudrait surement embrasser comme autre art martial. Je le savais pertinemment, qu’on n’abandonnait pas la voie de la lame aussi facilement. Plus que des mots, c’était son action qui venait de le lui prouver et de corroborer ce que je pensais depuis le début. Qu’elle le nie n’y changerait absolument rien aux faits.

« T’as presque la dégaine de l’amirale Boïna, heh ! »

En riant, je me mis à repenser à sa première attaque rasante que j’avais esquivé d’un bon sur place, avant de m’essuyer son lancer de hache que j’avais attrapé non sans mal en plein vol pour me protéger de ma propre lame. Pour qu’elle tienne mieux, j’aurai pu l’enduire de haki, mais c’eut été de la triche. Quoique… N’était-ce pas le bon moment pour le lui apprendre ? J’étais persuadé qu’elle n’avait pas dû être mise au parfum de ces potentialités qui boosteraient tout son potentiel mais aussi son panel d’attaques. C’était de toute façon un must have sur la route de tous les périls et j’étais persuadé qu’elle serait apte à un moment donné à éveiller certaines formes. Là encore, il lui faudrait un maitre pour apprendre petit à petit…

« Je vais y aller un peu plus fort, mais toujours à distance… »

En sortant une pièce de la bourse que j’avais toujours dans ma main gauche, je l’enduisis légèrement de haki, si bien qu’elle fut recouverte d’une légère teinte mate. Ensuite, pichenette. La pièce fusa très rapidement vers la jeune femme. Si elle ne le contrait pas, elle se le prendrait en plein plexus solaire. Mais plutôt que de m’arrêter là, je disparus ensuite pour apparaitre en une fraction de seconde à sa gauche, à quelques mètres, avant de lui balancer de la même manière une autre piécette qui allait lui rentrer dans le flanc gauche ! Inutile de dire qu’une seconde plus tard, je fis pareil pour la droite, avant de revenir en face d’elle pour lui en balancer une dernière qui prit une trajectoire par le haut avant de redescendre en piqué pour lui fracasser le crane…

Le tout avait été bien évidemment exécuté avec une rapidité ahurissante, puisque j’avais usé d’un peu de soru pour m’amuser à le faire !

- « L’attaque c’est bien, mais la défense, c’est aussi essentiel ! Montre-moi comment tu t’en sors, gamine ! »

Que j’lui avais dit, tout sourire, alors qu’elle devait être assez occupée pour se charger des projectiles que je lui avais balancé ! Les différentes trajectoires décrites par les pièces servaient à l’assaillir pour qu’elle ne se repose pas uniquement sur l’esquive ! Je voulais qu’elle pare certaines, pour sentir le « poids » des attaques et comprendre qu’il y avait quelque chose d’autres que ma force brute derrière. Les encaisser aussi serait un excellent moyen de l’initier à tout ça, bien que ça allait piquer un peu ! Le haki, même faiblement dosé, n’en restait pas moins du haki ! Pour le reste, je lui laissais également l’initiative de contre-attaquer encore et encore. Elle faisait d’ailleurs bien de prendre ses distances, parce qu’à la prochaine occasion, les coups pleuvraient…

Sur ses grosses fesses.
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Passé et Avenir
Feat
Salem




Y avait du progrès...

C'était cependant vite dit... Tu avais certes réussi à le faire bouger, mais c'était là une bien maigre consolation. Sur la route de tout les périls, tes adversaires ne se contenteraient pas uniquement d'esquiver ou de rester immobile. Bien que tous n'avaient pas le niveau du Vice-Amiral, tu pouvais prétendre sans aucun soucis qu'ils étaient pour la plupart bien plus fort que celle que tu étais aujourd'hui. D'autant que tu pouvais sentir une douleur lancinante se retrouver à nouveau dans ton bras meurtri.

De toute façon, tu n'avais plus l'opportunité de l'initiative. Salem avait une idée derrière la tête et bien évidemment cela allait être à ton détriment. Il faisait cela pour te rendre meilleur à n'en point douter, mais comme il l'avait bien sous-entendu tantôt, cela ne serait pas sans douleur et peine.

Et quelle douleur... Alors que l'homme était aveuglé, il savait parfaitement où tu te situais. Si tu avais déjà entendu parler de ce genre de personne à même de pallier l'absence d'un sens avec les autres, cela dépassait ta compréhension du moment. Comment avait-il fait pour anticiper chacun de tes coups et réagir à la perfection. Comment savait-il où te situais alors que tu n'étais plus du tout à ta position de départ ?

Des questions qui pour le moment allaient rester sans réponse alors qu'il venait à t'acculer à nouveau à l'aide de ses pièces. Et si tu n'avais pu esquiver la première que par un heureux hasard, ce ne serait plus le cas désormais. Inutile même de penser à les parer puisque tu n'avais plus la précision ni la rapidité d’exécution d'antan. Car en effet, ici ce qui t'handicapait le plus était l'absence d'un de tes yeux. Difficile de jauger les distances, difficile même d'anticiper des trajectoires qui se perdaient dans tes angles morts.

Alors tu ne pouvais que subir. Portant tes avants bras devant toi, tu venais à plaquer tes mains sur le haut de ta tête afin d'atténuer le choc au mieux. Et bon sang... Piquer un peu était là un euphémisme. Cela faisait un mal de chien alors que ton corps menaçait de simplement s'écrouler sous la violence des projectiles qui s'étaient écrasés dans ta chair. Si tu n'avais pas passé une existence entière à fortifier tes muscles, tu aurais certainement eu quelques os brisés à l'impact.

-...

Clairement meurtri par la brutalité de l'assaut que tu venais de subir, tu lâchais ton arme afin d'essayer d'écraser ton poing dans la chair du Vice-Amiral. Cependant, tu avais perdu en force, en rapidité, ton corps n'avait plus l'habitude de subir pareil traitement et ce qui devait arriver arriva. Il n'eut aucun mal à contre-attaquer et à défoncer ton postérieur comme tu le méritais. Évidemment, tu aurais du t'en douter, ne serait-ce que parce-qu’il avait la mauvaise manie de faire une fixette sur celui-ci. Non pas que ça te déplaisait.

Mais voilà, un énième assaut vint à te faire arracher un râle de douleur que tu étouffais presque immédiatement. Trop fière ? Pas forcément. Mais tu ne tenais pas à ce que le Vice-Amiral allège son entraînement simplement par pitié envers toi. Tu le savais, si tu voulais progresser et te décrasser une bonne fois pour toute, il fallait passer par l'enfer. Et son geôlier n'était rien d'autre que le Fenyang en face de toi.

Et pendant plusieurs minutes, l'échange venait à se répéter encore et encore, menant toujours au même résultat. Parfois tu variais tes approches, te servant à nouveau du Meitou du Vice-Amiral pour t'essayer à le faucher dans des angles divers. Évidemment, tout se solda en échec, mais tu commençais peu à peu à reprendre goût à la douleur, à la sueur, à l'échec. Tu n'aurais pas d'épiphanie en aussi peu de temps, mais c'était sans doute là un bon début. Pour autant, alors que tu étais prête à repartir une énième fois à la charge, tes genoux vinrent à lâcher te forçant à t'écrouler au sol.

Essoufflée, en sueur, tu ne voyais même pas une goutte sur le front du Vice-Amiral. La différence était abyssale et tu ne pouvais que le constater de ton œil. Assurément tu étais au courant de cela, mais l'expérimenter par toi-même ne pouvait que laisser un arrière goût amer dans ta bouche.

- Je ne comprend pas comment vous faites... D'un point de vue extérieur, il n'y a pas une différence si flagrante de gabarit qui pourrait justifier cet écart.


La Technique ? Peut-être. Après tout tu avais déjà vu de tes yeux les prouesses réalisés par les adeptes du Rokushiki. Pour autant, même si tu mettais sa vitesse sur le compte de cet art, tu n'arrivais pas à comprendre d'où il tenait sa force physique herculéenne. Lorsque tu avais tenté de te heurter directement à ses défenses, tu avais eu l'impression de t'en prendre à une montagne imperturbable. Aucune masse de muscle n'aurait su déplacer ça simplement par la force de la chair.

S'il y avait autre chose, tu te devais de le savoir. Il te manquait simplement la clé permettant d'ouvrir la porte menant à son plan d'existence. Mais pour le moment, ton corps refusait de te répondre. Celui-ci portait encore la marque des pièces qui s'y étaient écrasées et ton bras commençait véritablement à te faire souffrir. Tes coups étaient devenus trop imprécis pour être fiables et réguliers.

Tu ne pouvais pas faire de miracle, pas après autant de temps.




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- « Et pourtant, c’est déjà très bien ainsi, gamine. »

Ma voix fit tout simplement écho à sa dernière pensée, alors que je me retrouvai derrière elle, comme par miracle. En un instant, l’une de mes mains fit le tour de son cou pour saisir sa gorge de façon plus ou moins violente pour commencer à l’étrangler, tandis que je venais tranquillement me lover contre elle, un peu comme si nous étions en couple. Je ne l’avais jamais vraiment remarqué, mais elle était plutôt grande, la gamine. Avait-elle encore pris en taille ? Je savais qu’elle avait pris en masse et que ses formes étaient encore plus opulentes que la dernière fois que je l’ai vu, mais tout de même… Les sales gosses de son genre grandissaient vite, faut croire ! Et, serrant encore plus fort sa gorge comme si je voulais l’étouffer, je me penchai légèrement vers sa bouille non sans lui chuchoter à l’oreille gauche précisément.

-  « Je n’entends absolument pas ce que tu te dis, mais je peux le sentir et plus ou moins le deviner. Tu minimises encore et toujours tes efforts. Une chose est de viser l’excellence et une autre est de s’auto-flageller quand les choses ne vont pas dans ton sens… »

Une fois mon petit speech terminé et comme pour la titiller, je passai mes bras autour de sa taille, non sans poser mon menton sur l’une de ses épaules. Est-ce que je prenais mes aises ? Oui. Le fort a toujours raison de toute façon. Ceci étant dit, je marquais une espèce de temps mort en lui laissant le loisir de reprendre son souffle. La respiration était très importante dans ce genre d’exercice intense. Ce n’était surement pas elle qui dirait le contraire. L’une de mes mains s’amusa à se balader sous son lourd buste pour sentir les battements de son cœur qui tambourinait dans sa cage thoracique. Frustration, impuissance, colère voire de la peur même ? Les nombreux sentiments qui l’assaillaient ne m’échappaient pas vraiment, bien qu’il y eût quelques-uns dont les nuances étaient assez difficiles à décrypter. Une fille difficile à cerner, décidément.

- « Pour expliquer à quel point il m’est facile de te localiser, je pourrais tricher en parlant de ton odeur, de ta respiration et toutes ces choses qui comptent réellement, mais… J’utilise un pouvoir spécial. De même, t’as dû certainement entendre parler de gens qui arrivent à toucher, attraper et cogner les possesseurs de logias, non ? »

Sur ces questions, elle put sentir un vide derrière elle. J’avais usé d’un soru pour réapparaitre tout simplement à quelques mètres devant elle, tout en lui faisant face, comme si je la regardais sans aucun problème à travers le bandeau qui m’obstruait toujours la vue. « Ces différents miracles sont possibles grâce à un pouvoir qu’on appelle le haki. Et ce pouvoir a trois couleurs : l’observation, l’armement et un dernier plus rares dont on dit que celui qui le possède, a les qualités d’un régent : le haki des rois… » C’est à ce moment précis que je me mis à lui faire un cours théorique sur les différentes couleurs du haki, ce qu’elles permettaient clairement et à quel point ces pouvoirs étaient rares, notamment le dernier. Bien entendu, elle fut confrontée à mon haki de l’observation tout au long de notre entrainement et il était temps qu’elle puisse voir le reste…

De ce fait, je l’enjoignis donc à m’attaquer frontalement avec le meito, ce qu’elle fit, avant de se heurter à un mur invisible pour la première fois. Mur impénétrable que j’avais érigé en tendant ma paume droite bien ouverte devant moi… D’autres essais s’en suivirent où elle put également constater que j’avais noirci cette partie de mon corps pour encaisser de plein fouet ses attaques. Puis, enfin, ne restait plus que la dernière couleur… « Pour le haki des rois, autant te le faire découvrir également… » Dis-je en retirant lentement mon bandeau. Et là, tout en prenant un air menaçant, les yeux fixés sur elle, je diffusai droit devant une dose de mon fluide royal ; peu puissante pour qu’elle tombe dans les pommes, mais assez intense pour qu’elle ait la frousse de sa vie, avec tous les symptômes qui allaient avec. Du coup, c’est silencieusement que je continuai à l’observer, en attendant qu’elle se reprenne… Et me fasse part de ses impressions.

Ou pas… ?

Va savoir si elle aurait même la force de tenir sur ses jambes. Mais au moins, c’était fait. Et je n’avais plus du tout un air effrayant. Bien au contraire.
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Feat
Salem




De la magie...

C'était sans doute là la seule conclusion possible pour une personne se retrouvant confrontée à ces forces surnaturelles. Si évidemment, tu avais pu voir des choses impossibles se réaliser à l'aide ce qu'on appelait des fruits du démons, ce que tu expérimentais était une chose bien différente. Dire que tu étais totalement ignorante aux phénomènes se déroulant devant toi était un mensonge. Tu avais entendu des bruits de couloirs, des rumeurs... Tu avais toujours pensé à tord qu'on encensait bien trop les récits de guerre des plus grands noms de ces mers. Mais cette fois-ci, tu le vivais réellement, et tu ne pouvais qu'être mise face à ton ignorance.

Essoufflée, le corps tenant à peine debout, tu pouvais sentir la pression qu'exerçait le Vice-Amiral devant toi simplement en te fixant. Non... Ce n'était pas des chimères que t'imposait ton esprit. C'était là quelque chose de concret, de palpable. Un poids semblable à celui d'un navire de guerre qui fracassait tes épaules et broyait tes organes. Tu n'arrivais même plus à respirer tandis que tu levais la tête fébrilement pour continuer à fixer l'homme devant toi.

Ce n'était plus uniquement ta main qui tremblait mais l’entièreté de ton corps alors qu'il se perdait en sueurs froides. Tu avais l'impression de voir la mort elle même te faire une leçon de vie. Une expérience des plus déroutantes qui te faisait perdre pied avec la réalité.

- ugr...

Comme pour sonner le glas de ce spectacle, tu venais à recracher une gerbe de sang. Même si ce n'était pas le fruit de son Haki des Rois, c'était là la résultante du calvaire qu'il avait infligé à ton corps jusque-là. Portant alors ta main à la bouche, ne voulant pas en plus salir le dojo de ton sang, du moins pas davantage, tu essayais de reprendre un semblant de sang-froid tandis que petit à petit, sa pression venait à se dissiper.

- J'avais raison... J'avais raison de vous demander à m’entraîner.


Tu arrivais à peine à composer quelques mots et pourtant tu souriais. Tu riais même alors que dans un dernier effort tu te relevais non sans t'appuyer lourdement contre le mur derrière toi. Si ce genre de pouvoir existait, et il existait, tu en avais la preuve devant toi, alors tu pouvais largement combler tes blessures. Plus besoin de douter de la puissance de ton bras si tu pouvais le renforcer de la sorte. Plus la peine de craindre tes angles morts si tu pouvais voir le monde au-delà de tes sens.

Cela paraissait irréel, et tu ne t'étais confrontée qu'à l'aspect conceptuel de la chose, mais tu avais désormais un objectif assez net. Tu ne parviendrais sans doute jamais à un tel niveau de maîtrise, mais il ne te suffisait que d'une fraction de ce qu'il avait été capable de te faire subir pour pouvoir t'améliorer nettement.

- Je vous remercie Vice-Amiral.


Cependant, cet échange devait se terminer. Même si tu portais encore un sourire nonchalant sur ton faciès, ton corps lui se refusait à ne serait-ce que bouger le petit doigt. C'était à peine si tu tenais sur tes jambes, et en l'absence d'un mur pour t'appuyer, tu viendrais t'écrouler dans la seconde. L'esprit était fort mais la chair elle, elle était encore trop faible.




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K.O. Forcément. Faut dire que même en dosant, j’y étais peut-être allé un poil trop fort. En dépit de son état, j’eus tout de même un sourire, fier de ce qu’elle avait pu endurer et démontrer. Nul doute qu’elle deviendrait forte en un rien de temps ; si bien qu’elle n’aurait pas à trop trainer à mes côtés. La promesse était de la libérer une fois qu’elle serait colonel ou commodore, soit apte à gérer une base toute seule ou même une flotte. Cette promesse-là, j’allais très clairement la tenir ; même si la perspective de venir l’embêter quelques fois n’était pas à exclure. J’étais un vioque. Autant se comporter comme tel en emmerdant les jeunes…

C’est sur cette pensée que je l’évacuais au dojo et que je la ramenai au navire sous les regards sacrément suspicieux des infirmières qui m’avaient en charge. L’une d’elles insista même pour rester auprès de moi dans la demeure des Fenyang durant toute la durée de notre séjour à Marineford, histoire de me surveiller, mais aussi de ménager mes efforts ! Il fallait avouer que notre petit entrainement avait réveillé mes courbatures et autres blessures dûes à mon combat dantesque contre Don Lope. De ce fait, j’eus tout le temps du monde pour dévorer les vieux libres de la bibliothèque de mes parents pendant quelques jours…

C’est d’ailleurs durant mes lectures que je trouvai une thèse d’un ingénieur de la marine sur les formes de haki. Pour qu’elle en sache un peu plus en profondeur, je prêtai le bouquin à la gamine, parce que je partais aussi du principe qu’un bon marine (de surcroit un officier) était un marine instruit. Pas seulement quelqu’un qui ne faisait que taper sur les gens encore et encore. Mes pensées vagabondèrent sur le cas de Tetsuda, mais je préférai ne pas trop m’attarder sur l’individu pour penser et faire autre chose de mon temps. De toute évidence, l’amirale en cheffe n’aurait pas d’autres choix que d’opter pour un remplaçant bientôt…

Et jamais je n’avais été aussi proche de titiller le poste…

C’est donc une à deux bonnes semaines plus tard que nous quittâmes Marineford.

Un ordre de missions ? Non. Juste une intuition qui me poussait à me rendre une nouvelle fois sur Shabondy.

Et l’avenir me donnerait raison…
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