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La Dame de fer

La Dame de fer
Le lendemain de notre arrivée sur cette île que fut notre destination après que le canon de Bulgemore nous ait recrachées, nos chemins avec Kant se séparèrent pour la journée. Ce dernier ayant besoin de se retrouver seul avec soi-même, j'avais décidé de me promener dans la ville où nous avions élu domicile le temps de récupérer et de réfléchir à la suite. Seulement, les problèmes ne tardèrent bien évidemment pas à pointer le bout de leur nez.

Depuis notre départ de la base de la Marine, je ne me sentais vraiment pas dans mon assiette. Et ce n'est pas le repas gentiment offert par les Moines du temple qui m'avait permis de me sentir mieux. Ni même la nuit de sommeil qui si on oublie les cauchemars fut reposante. Non, continuellement épuisée, emmitouflé dans la polaire de la Marine pour dissimuler le plus possible mon corps, je traînais les pieds sur le pavé. Faisant cliqueter mes orteils métalliques contre la pierre.

Peu discrète à cause de ce tintamarre - et on ne va pas se mentir, car les gens n'étaient pas aveugles non plus -, les yeux se braquèrent rapidement sur moi. Devenus la nouvelle curiosité du coin, les habitants de la ville chuchotèrent sur mon passage, certains en me pointant du doigt. Mais je n'en avais que faire. La seule chose que je voulais, c'était trouver un coin ou pouvoir me reposer le plus rapidement possible. Inquiète de ce qui m'arrivait, je pressais le pas en espérant croiser le chemin de Kant qui pourrait me ramener dans notre chambre.

Malheureusement, la seule chose sur laquelle je tombais, fut le sol qui m'accueillit à bras ouvert. Sous la fatigue, mes jambes avaient cédé, me laissant chuter lourdement devant les yeux des passants.

- " Mais que... " Commençais-je à me questionner tout en essayant de me relever avant de me rendre compte que je n'arrivais même plus à bouger le petit doigt. " Mais bouge maudit tas de ferraille ! " M'emportais-je contre mon nouveau corps qui ne semblait n'en faire qu'à sa tête.

Pendant que je puisais dans toutes mes forces en vain pour me relever tout en pestant contre mes membres robotiques, les citoyens de la cité y allèrent de leurs petits commentaires sarcastiques. Je pouvais même entendre les rires méprisants de ces gens qui ne daignèrent même pas venir m'aider. Quand soudain, un groupe d'individus s'approchèrent de moi.

- " Bah alors le tas de boulons, on est tombé ! " S'exclama l'homme qui se trouvait en tête avant d'y aller d'un rire amusé, suivit de prêt par ses comparses.

- " Foutez le camp ! " Leur ordonnais-je sur un ton cinglant tout en les fusillant du regard.

" Oh... Ce n'est pas très gentil ça. " Déclara le chef de la bande tout en s'agenouillant avant de me saisir les cheveux d'une main ferme afin de plonger son regard dans le mien. " Tu devrais faire plus attention à comment tu parles aux gens. "

Ces dernières paroles prononçaient d'un ton glacial furent accompagné par un regard malveillant qui en disait long sur cet inconnu qui me faisait face. Et surtout ce qu'il comptait me faire. Étrangement, les rires autour de nous cessèrent et les habitants reprirent leur chemin sans demander leur reste. Comme si ces derniers craignaient cet homme au visage balafré d'une cicatrice.

Sans plus de cérémonie, celui-ci abattit violemment ma tête contre la pierre, m'assommant sur le coup. La suite des événements m'était complètement inconnue, mais à mon réveil, je me rendis compte que je me trouvais dans une petite maison encombrée de divers objets qui à première vue, furent placé là en vrac. Allongée sur un lit de fortune, je réalisais que je pouvais de nouveau bouger en sentant mes doigts remuer. Sans un mot, je me redressais pour analyser où je pouvais bien me trouver, me rendant compte en même temps qu'il n'y avait plus aucune trace du balafré et de ses hommes.

- " Tu vas mieux ? " Me surpris une douce voix de femme qui me fit bondir du lit, prête à me défendre contre un nouvel ennemi.

Se trouvant derrière une des piles que j'avais aperçu quelques instants plus tôt, se trouvait la personne en question à qui elle appartenait. Concentrée sur ce qu'elle faisait, cette dernière ne daigna même pas me rendre mon regard au moment où je la sondais.

- " Le verre sur la table. " S'exclama cette dernière tout en continuant à s'afférer sur ce qu'elle faisait.

- " Pardon ? " Lui demandais-je sans comprendre de quoi elle pouvait bien parler.

- " Ça te fera du bien. " Rajouta la jeune femme au moment où elle se saisissait d'un tournevis pour s'en servir sur l'objet qu'elle bidouillait. " Tu peux me faire confiance. "

- " Ah oui ? " Lâchais-je avec une pointe de sarcasme dans la voix. " Et pourquoi devrais-je faire confiance à une personne dont j'ignore totalement tout jusqu'à son propre nom ? "

- " Parce que je t'ai sauvé la vie ? " Trancha la mécanicienne en portant pour la première fois de la discussion son regard sur moi. " Si je n'étais pas intervenu, va savoir ce que les hommes de O’Par auraient fait de toi. "

Toujours sur mes gardes, mais comprenant que cette dernière ne semblait pas être un danger pour moi, je m'avançais vers la table pour me saisir du verre au contenu orange qui s'y trouvait. Méfiante, je le portais à mon nez afin d'en humer l'odeur. Surprise, je ressentis sans mal le doux parfum d'agrume de la mandarine.

- " Ce n'est pas empoisonné si tu te poses la question. " M'affirma cette belle jeune femme en voyant que j'hésitais à le boire.

Bien que je ne savais pas si je pouvais la croire sur parole, je décidais malgré tout de lui laisser le bénéfice du doute. De plus, avec le nouvel organisme que me procurait ce corps, j'avais peut-être des chances de ne plus être affecté par le moindre poison.

- " Espérons-le... " Soufflais-je de façon inaudible avant de finalement porter le verre à mes lèvres que je bus d'une seule traite.

Un petit laps de temps s'écoula avant que je ne remette le verre à son emplacement initial. Voyant que je n'étais pas foudroyé sur place par le liquide, j'en déduisais que cette inconnue ne m'avait peut-être pas menti. Gardant le silence, je scrutais la pièce unique de cette maison dans laquelle je me trouvais. Ici y régnait un véritable fouillis de bric et de broc. Certains de ses objets m'étaient totalement inconnus. Dans le lot, ils y en avaient qui se démarquaient étrangement des autres par leur aspect original. Comme une sorte de petit plateau noir dont le centre était recouvert d'un verre lisse. Curieuse, je tendis la main vers l'objet quand soudain.

- " Ne touche pas à ça. " Intervint la bricoleuse qui se trouvait dorénavant debout à quelques pas de moi sans même que je l'ai vu bouger. " Vus dans quelle matière tes doigts sont faits, tu risquerais de te prendre un court jus. "

- " Qu'est-ce que c'est ? " La questionnais-je en éloignant mes doigts de l'objet en question.

Pour seule réponse, la demoiselle haussa les épaules avant de le prendre pour le faire tourner dans ses mains. Puis cette dernière le balança par-dessus son épaule, l'envoyant rejoindre d'autre babiole contre lesquelles il se brisa.

- " Ça n'a pas d'importance, ça ne fonctionne pas de toute façon. " Stipula-t-elle avant de s'approcher brusquement de moi, le visage presque collé au mien, me faisant réaliser que cette dernière était vraiment magnifique et à la fois plus jeune que moi. " Dis-moi plutôt, qu'est-ce que tu faisais à traîner dans les rues avec une batterie complètement à plat ? "

- " Pardon ? " Lâchais-je une fois de plus sans comprendre ce dont venait d'évoquer. " Une batterie ? "

- " Bah oui... " Fut surprise l'adolescente en haussant un sourcil avant de tapoter l'emplacement de mon cœur du bout du doigt. " Ta batterie ! "


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:49, édité 1 fois
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La Dame de fer
Devant à l'incompréhension dont je faisais preuve face à sa remarque, la mécanicienne m'expliqua avec un certains engouement ce qu'elle avait découvert durant ma petite sieste comme elle aimait l'appeler. Curieuse de nature et profitant que je ne pouvais pas le lui refuser, elle s'était permis de démonter mon poitrail pour regarder l'intérieur de mon corps. En m'expliquant cela, celle-ci m'apporta la réponse que je me posais dés lors. La quasi-totalité de mes organes avaient été soit modifié soit remplacé par un artificiel.

Cette nouvelle me chamboula à tel point que mon interlocutrice s'en rendit compte malgré la pudeur dont je fis preuve pour tenter de lui dissimuler. Voyant que cette dernière s'interrogeait sur ma réaction, je lui racontais alors tout ce qui m'était arrivée ces derniers mois. Elle qui était alors si guillerette jusque-là à me parler de ses trouvailles, elle en perdit légèrement le sourire.

- " Je n'ose même pas imaginer ce que tu as dû vivre. " Signifia l'adolescente en touchant mon avant-bras. " Je suis moi-même une férue de la mécanique en tout genre et j'adore façonner de nouvelles créations comme tu as pu le remarquer. " M'indiqua-t-elle en balayant sa maison d'un geste de la main. " Mais faire une chose pareille à l'insu d'une personne, c'est vraiment immonde. "

La colère et l'indignation pouvaient se lire sur les traits de son visage. Sa compassion à mon égard me toucha beaucoup et l'en remerciais-je tout en lui tapotant délicatement sa main.

- " Je te remercie. " Lui soufflais-je en affichant un sourire sincère et plein de gratitude. " Mais explique-moi une chose. Comment savais-tu que ce verre de mandarine me requinquerait ? "

- " C'est très simple ! " S'exclama la jeune fille tandis qu'elle retrouvait sa joie de vivre de pouvoir reparler de sa passion. " En t'ouvrant la poitrine... Encore désolée de l'avoir fait sans ton aval.. " Réitéra-t-elle ses excuses en se massant la nuque tout en tirant la langue, lui donnant l'air d'une enfant ayant fait une bêtise. " J'ai découvert qu'on avait modifié ton cœur pour qu'en plus du sang qu'il pompe et diffuse dans ton corps et ton cerveau, il était relié à une poche remplie de liquide. Ne sachant pas ce que c'était, je l'ai goûté et... "

- " Tu l'as goûté ? " La coupais-je avec stupéfaction en réalisant ce que cela signifiait.

- " Bah oui ! " Me répondit-elle comme s'il s'agissait d'une simple formalité pour elle. " Il fallait bien que je sache ce que c'est après tout ! " Ricana la bricoleuse en battant l'air de la main, me faisant comprendre que ma question était absurde à ses yeux. " Bref, j'ai donc tout de suite compris que l'énergie qui fait fonctionner ce corps cybernétique était du jus de mandarine !!! "

À ces mots prononcée avec énergie, l'adolescente dont je ne connaissais toujours pas le nom écarte en grand les bras pour ponctuer sa découverte. Bouche bée, je la regardais affichait un grand sourire de satisfaction tandis que de mon côté, j'essayais de digérer toutes ces informations. J'avais du mal à croire tout ce qu'elle venait de m'apporter. Mon corps fonctionnait avec la boisson que je préférais le plus au monde et dont ironiquement, la plus grande firme mondiale était originaire de mon île. La coïncidence était vraiment énorme ou bien peut-être, ne s'agissait-il pas d'une. Après tout, ils me connaissaient et savaient donc d'où je venais. Mais la question de savoir pourquoi, restait en suspens. Et il est peu probable que je le découvre un jour.

-  " Peu importe... " Marmonnais-je entre mes dents tout en pensant à cela.

- " Tu as dit quelque chose ? " M'interrogea la demoiselle alors qu'elle penchait la tête sur le côté tout en ne me quittant pas du regard.

- " Non, non. " Lui assurais-je, ne voulant pas partager mes pensées avec elle. " Et donc, il va falloir que je trouve une solution pour remplir ce réservoir si je ne veux pas de nouveau me retrouver à ne plus pouvoir bouger ? "

- " T'inquiètes pas ! " Déclara la jeune femme en mettant sa main sur mon épaule. " J'ai déjà fait le nécessaire ! "

- " Vraiment ? " En fus-je surprise en apprenant cela.

- " Pendant que tu dormais, j'ai fait le plein. Tu es tranquille pendant un petit bout de temps. " M'affirma-t-elle au moment de lever le pouce en l'air. " Et pour éviter de tomber de nouveau en panne... Euh, excuse-moi l'expression... " Se rendit-elle compte du manque de tact dont elle avait fait preuve avant que je ne lui dise que ce n'était rien. " Donc... " Reprit-elle en pesant soigneusement ses mots pour éviter une nouvelle gaffe. " Il te suffit de boire un bon verre de jus et tu ne risques rien. À moins que tu n'utilises trop tes gadgets qui épuiseront rapidement tes ressources. "

En l'entendant dire cela, je regardais mes mains dont l'une que je détachais tout simplement avec l'autre tout en hochant la tête en signe de compréhension. Seulement, j'étais loin de me douter qu'il ne s'agissait en réalité pas de cela. À ma grande surprise - quoi que pas vraiment en réalité - cette dernière m'annonça que ce n'étaient pas les seules options dont mon corps disposait.

- " Suis-moi, tu vas comprendre. " M'invita ma potentielle nouvelle amie qui me faisait forte impression au fur du temps qui passait.

Marchant dans ses pas, je la suivais donc en dehors de sa maison pour arriver dans un terrain vague qui était encore plus en bordel que l'intérieur. Partout où mon regard se posait, je pouvais voir des créations jonchées le sol de tailles diverses et variées pouvant aller du simple objet tenant dans le creux de la main jusqu'à plus gros que la maison elle-même.

- " Tu vas t'entraîner ! " S'exclama mon hôte d'un grand sourire tout en indiquant l'endroit idéal pour m'exercer à l'utilisation de mes nouvelles capacités.


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La Dame de fer
La suite de cette journée se passa dans la joie et la bonne humeur. Au milieu du dépotoir des inventions de la mécanicienne, je découvris petit à petit les armes dont le docteur Monroo et son équipe m'avaient doté. De véritables outils qui seraient parfaits pour assouvir ma soif de vengeance contre tous ceux qui étaient derrière l'horreur que j'avais vécue dans ce laboratoire.

- " Vas-y, essaie le canon à neutron !! " S'exclama la jeune femme depuis son perchoir qui n'était autre que la carcasse d'un robot géant dont la tête trônait un peu plus loin.

Ne tenant plus en place, cette dernière faisait tanguer dangereusement cette ancienne invention qu'elle avait abandonné comme ce fut le cas pour nombreuses d'en elles. L'excitation qui l'animait m'amusait beaucoup. Cette gamine - bien que très peu de différence nous séparait - était un vent de fraîcheur avec lequel j'appris à m'accepter au fil des heures qui passaient. Il y avait encore certes du chemin à parcourir avant que je ne fasse miens, ce nouveau corps, mais grâce à elle, ce fut bien parti.

- " Un canon quoi ? " Lui demandais-je en haussant un sourcil tout en affichant une moue totalement perdue.

Bien que cela n'avait pas duré plus d'un an, en travaillant pour le Gouvernement Mondial en tant qu'agente, j'avais eu vent de certaines informations plus ou moins importantes. Mais jamais, je n'avais entendu parler de ce genre de chose. Certes, je n'avais pas eu l'accréditation aux dossiers de ce genre, mais quand même. Cela me semblait bien étrange. Voyant ma mine interrogatrice, l'adolescente se tortilla sur elle-même avant de pointer un index dans ma direction.

- " Ça n'existe pas ! Tu n'as absolument rien entendu ! Répète ! " M'ordonna cette dernière en prenant un air menaçant avec les sourcils fronçaient.

- " Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. " Lui assurais-je en rentrant dans son jeu tandis que je me retenais de rire devant ses pitreries.

- " Clichihihi, Clichihihi... " Se mit à rire de façon bien étrange la jeune fille en plaçant les mains sur ses hanches avec la tête basculée en arrière.

La voir ainsi rire, je ne pus me retenir plus longtemps, la suivant dans un fou rire qui n'en finissait plus. Les larmes aux yeux, après un bon moment à rigoler, je fis partir les petites gouttelettes qui y perlèrent avant de la regarder avec complicité. Après un rapide échange sur sa façon de rire qui me plaisait bien et d'où lui venait le surnom de " Clic Clic ", je repris mon apprentissage sous ses encouragements.

Les heures défilèrent et la fin de l'après-midi se rapprochait à grands pas. Le moment de partir pour moi était bientôt venu. Autour d'un verre de jus de fruit qui me rechargea mes batteries et qui me rafraichi le gosier par la même occasion, j'appris également à découvrir plus longuement cette adolescente avec qui j'avais tissé une belle amitié en si peu de temps.

- " Hé, dis moi Clic Clic, pourquoi est-ce que tu vis seule ici au milieu de tout ça ? " Lui demandais-je avant d'engouffrer un petit biscuit dans ma bouche dont je ne fis qu'une bouchée.

- " Après la mort de ma mère, inventer de nouvelles choses fut mon seul réconfort. " Me répondit Chromie de son vrai nom en piochant à son tour un petit gâteau qu'elle regarda longuement. " Je suis de loin la meilleure dans ce domaine à des lieux à la ronde. " Avoue cette dernière avec une énorme fierté dans la voix avant de croquer à pleines dents dans le biscuit. " Beaucoup ont vu en moi un grand potentiel qu'ils pourraient exploiter. Comme les O'Par par exemple. Mais je voyais clair dans leurs belles promesses de prendre soin de moi. Donc... " S'arrêta-t-elle pour finir son mets avant de poursuivre. " Je les ai tous envoyé boulets et j'ai décidé de m'exiler pour ne pas qu'on me dérange. "

- " Je vois... " Soufflais-je sans vraiment trop comment réagir en découvrant son histoire qui ne me laissa pas insensible. " Et tu n'as jamais pensé à quitter cette île ? "

Un silence s'abattit soudainement entre nous durant lequel Chromie plongea son regard dans le mien comme si elle voulait s'assurer de ma fiabilité. Un nouveau gâteau entre les dents, elle le fit ensuite disparaître à l'aide de sa langue, le poussant au fond de sa bouche avant de me faire signer du doigt de m'approcher. Légèrement surprise par son attitude si soudaine, je m'exécutais malgré tout sans la moindre hésitation.

- " Promets-moi de ne jamais répéter ce que je vais te dire. " Me chuchota-t-elle tout en surveillant les alentours du regard avant de reporter son attention sur moi. " Jure-le. "

- " Je ne trahis jamais le secret d'une amie. " Laissais-je glisser entre mes lèvres étiraient en un large sourire.

Les yeux grands ouverts devant cet aveu, Clic Clic me fixa la bouche légèrement entrouverte en découvrant que je la considérais comme mon amie. Ce qui je le sais ne lui arrivait pas bien souvent. Pour ne pas dire, pas du tout. Affichant à son tour un large sourire ravi, cette dernière me murmura donc la raison de tant de secrets. À dire vrai, la jeune femme avait en effet déjà pensé à quitter son île natale. N'y voyant aucun avenir pour elle, celle-ci s'était fabriqué un navire à l'abri de tous les regards et dont personne ne connaissait l'existence. Son plus grand chef-d'œuvre comme elle l'appelait avec une fierté non dissimulée.

- " Le problème, c'est qu'il n'est pas encore prêt à naviguer. " Soupira l'adolescente avant de manger un énième biscuit d'un air renfrogné. " Il me manque une toute petite pièce pour qu'il soit prêt. "

- " Tu ne peux pas la fabriquer toi-même ? " Lui demandais-je, étonnée par ce simple détail.

- " Euh... Si, je pourrais, mais... " baissa honteusement les yeux, cherchant à me cacher quelque chose qui ne m'échappa nullement. " J'y arrive pas. "

Grâce à mon ancienne profession, j'étais parvenu à distinguer plus ou moins quand une personne me mentait. Concernant Chromie, cela ne fut clairement pas difficile de le voir. Cette dernière, qui entortillait une mèche de cheveux autour de son index et qui fuyait dorénavant mon regard ne savait tout bonnement pas mentir. Mais ne voulant pas la froisser ni la brusquer, je ne lui en fis nullement part.

- " C'est dommage. Le monde est vaste et je suis sûre qu'il te plairait. " Déclarais-je en fixant l'assiette où il ne restait plus que des miettes. " J'espère qu'un jour, tu auras la chance de le découvrir. "

- " Et tu seras avoir moi pour le découvrir, Gunnm ! " Ricana cette dernière en usant du nom qu'elle avait découvert de gravé à l'intérieur de ma poitrine. Surement le nom d'une marque déposé avec lequel elle aimait bien me taquiner.

- " Avec plaisir ! " Rétorquais-je en levant mon verre à une éventuelle aventure ensemble par-delà les mers.

Cependant, bien que cette idée me laissait rêveuse, celle-ci n'était qu'utopique. Rien qu'à l'idée de la mettre en danger à cause du Gouvernement qui risquait de se mettre à nous pourchasser - sans oublier le N.I.E.R - je ne pouvais m'y résoudre. Et puis, celle-ci ne semblait pas être du genre à défier impunément cette autorité suprême qui me révulsait aujourd'hui. À la place, je lui fis part du fait qu'il était temps pour moi de rentrer. Bien qu'attristé toutes deux par cette séparation, nous en gardions le sourire en espérant qui sait, un jour se retrouver.

- " Ah attends ! " S'exclama soudainement Clic Clic tandis qu'elle rentra précipitamment dans sa maison avant d'en ressortir quelques instants plus tard avec quelque chose dans les mains. " Tiens. " Me dit-elle en me tendant une combinaison en cuir accompagnée de bottines et de gants. " Ça me ferait plaisir que tu portes ça en souvenir de notre rencontre. "

Alors que je prenais son cadeau dans mes mains, je la remerciais avant de la serrer contre moi à l'aide de mon bras libre dans une étreinte des plus amicale. Après un dernier au revoir, je la quittais le cœur léger en direction du lieu où devait m'attendre patiemment Kant.

- " J'ai hâte de les porter. " Lâchais-je dans un souffle en parlant du cadeau que venait de me faire Clic Clic. Un cadeau dont je saurai me montrer digne et qui me rappellera à jamais qu'il existe des gens bien dans ce monde.
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