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Un amour mélodieux

La mer s’étendait à l’horizon, calme et monotone. Le ciel était dégagé et on pouvait apercevoir deux mouettes voler en cercle. Impossible de dire si elles se battaient, jouaient ou se courtisaient mais la vue de ces volatiles avait provoqué un émoi dans l’équipage. Totalement inconsciente de l’attention dont elles faisaient preuve, elles descendirent en piqué avant de remonter avec une synchronisation parfaite. Ce n’était pas le ballet qu’elles offraient qui avait déclenché cette tension sur le bateau, mais simplement leur présence. Voir des mouettes signifiait s’approcher de la terre, pouvoir débarquer et enfin souffler un peu. Malgré son expérience et les nombreux voyages qu’il avait déjà effectués de par les flots, Rain était toujours heureux de fouler le plancher des vaches. Pas de problèmes de mal de mer ou quoi que ce soit dans ce genre, mais le scientifique avait un tempérament qui demandait de se défouler régulièrement. Sur un bateau, on s’ennuie vite. Pas de femmes, pas d’adversaires et après une simple semaine, l’alcool commençait à manquer. Les membres de l’équipage ne discutaient jamais de cela, mais il savait que son sentiment était partagé par une grande majorité des hommes avec qui il voyageait.

Effectivement, quelques heures plus tard, la vigie cria ce que tout le monde attendait.


-Terre ! Terre ! Je peux descendre ?
-Mouais allez, viens bouffer, lui répondit le capitaine.

Rain ne put se retenir et sauta en l’air en hurlant de joie, un sourire traversant son visage. En un instant, tous les hommes le suivirent et l’ambiance, morose quelques instants plus tôt, fut ramené au beau fixe. Les cales furent vidées de toutes les denrées et la mince réserve d’alcool, bien gardée, fut distribuée sans compter. C’était une autre raison pour laquelle la vue de la terre était tant attendue. Les réserves se gardaient difficilement sur un navire et il était hors de question de repartir en mer avec les mêmes vivres qu’en arrivant. Ne laisser qu’un morceau de viande était un fort risque d’avarier toute la prochaine réserve. Et une intoxication alimentaire, en pleine mer, cela pouvait faire de très gros dégâts. Du coup, à chaque étape, l’équipage devait engloutir tout ce qui restait, sans exception. Pour le plus grand plaisir de ceux-ci, bien évidemment.

Après s’être calmé et avoir avalé l’équivalent de son poids en viande, Rain se dirigea vers la cabine de Seth, le navigateur. Il avait hâte de savoir où ils allaient débarquer. Il entra sans frapper et l’interpella.


-Alors patron, tu nous amené où ? C’est quoi cette terre qui nous tend les bras ?
-Ben euh...justement, avec la tempête qu’on a essuyée hier, on a carrément dévié de notre trajectoire. D’après les étoiles cette nuit et le sens du vent, il me semble bien qu’on arrive à Hinu Town. Enfin c’est ce que dit la carte, mais moi West Blue, je connais pas vraiment. Ca te dit quelque chose.
-J’ai déjà entendu. On m’en a déjà parlé je crois mais ca remonte à loin. Enfin, c’est une île, c’est toujours ça.
-Tu vas pouvoir aller embêter les demoiselles, c’est tout ce qui t’importe, non ?
-Oh ! Comment parles-tu à ton vice-lieutenant ?! Ce sont elles qui se battent pour m’avoir !

Feignant d’être vexé, il tourna les talons et sortit regarder la bande noire approcher à l’horizon pendant que son navigateur continuait de ricaner. Le temps lui paru durer une éternité avant de pouvoir distinguer avec discernement les contours rocheux. Dans sa tête, une petite voix résonnait, le gênant. Hinu Town... Il était sur d’en avoir déjà entendu parler. On lui avait dit qu’elle possédait une particularité, mais impossible de se souvenir de quoi il s’agissait. Il ne fallait pas confondre avec Inu Town, une île de North Blue. Mais Hinu Town....

Soudain, il écarquilla les yeux et resta un instant coït. Il se tourna vivement vers son équipage. Mais il était bien trop tard. Il ne restait plus une miette à se mettre sous la dent et plus une goutte d’eau. Pensant que le plein de nourritures serait refait une fois sur l’île, ils n’avaient rien laissé. Comment leur en vouloir ? C’était la consigne après tout. Mais il venait de se souvenir de cette fameuse île. Un désert entourait la ville et il était bon de prendre de l’eau en grande quantité avant de tenter de le traverser. Mi gêné, mi amusé par leur future réaction, il se dressa sur la proue pour être vu de tous.


-Mauvaise nouvelle les gras, on s’apprête à poser le pied sur une île désertique. Du sable et de la grosse chaleur. Vu qu’on vient de décimer tout ce qu’il nous restait à bouffer et surtout à boire, on va bien se marrer, c’est moi qui vous le dit.

Une vague de protestation monta dans les rangs que Rain ne prit pas la peine de faire taire. Il n’y était pour rien si cette île possédait un tel climat. Au fond de lui, il avait confiance en ses hommes et savait qu’il surmonterait cette épreuve. En trainant des pieds, certes, mais ils le feraient. Ils n’avaient pas le choix de toute façon.

Le pont s’abattit avec fracas sur la plage et les hommes descendirent avec un enthousiasme... mitigé. La perspective de marcher pendant des heures sous ce soleil de plomb ne les enchantait guère. Le capitaine descendit à son tour et organisa les troupes.


-En route bande de moules ! Le premier qui râle se prend mon pied où je pense !

Rain suivait le capitaine qui marchait d’un pas rapide, sans se retourner. Afin d’aider à passer le trajet, le vice-lieutenant se mit à chanter des chansons paillardes et fut rapidement suivit par les marins qui suivaient. Même le capitaine se prit au jeu et rejoint le chœur de sa voix grave et tonitruante. Tout en marchant et en chantant, l’esprit scientifique se réveilla en observant le paysage. Il remarqua que les dunes de sable n’étaient pas toute tournées dans le même sens. C’était très étrange, cela signifiait que le vent ne soufflait pas dans le même sens à quelques dizaines de mètres de distance seulement. Cela aurait pu s’apparenter à une tornade, mais un tel phénomène avait plus tendance à creuser des cuvettes qu’à sculpter des dunes. Malgré toutes ses réflexions, il ne parvint pas à trouver d’explication à cela, mais cela ne présageait rien de bon. Il accéléra la cadence pour rejoindre le capitaine. C’était un flagrant manque de respect à la hiérarchie, c’est pourquoi Rain vit un visage étonné et soucieux se tourner vers lui. Son capitaine savait qu’il ne transgresserait pas les règles tacites des Marins sans une bonne raison.

-Je te suggère d’accélérer la cadence. Rester dans ce désert est un danger. La topographie est inhabituelle et inexplicable. Je pense que de très violentes tempêtes de sable balayent cette endroit. On est trop vulnérable s’il s’en déclenche une maintenant.

Son supérieur le regarda quelques instants et voyant que celui-ci était très sérieux se tourna vers les Marins. Ceux-ci attendaient avec anxiété. Leurs supérieurs avaient cessé de chanter pour discuter à voix basse. Ils savaient qu’il se passait quelque chose et redoutaient de savoir quoi. D’un simple ordre, la cadence accéléra mais les chants ne reprirent pas. Tout le monde était stressé, sans même savoir pourquoi. Quelque chose n’allait pas, c’était la seule chose de sûre.

Cela faisait maintenant plus de deux heures qu’ils marchaient et la fatigue se faisait sentir. La chaleur était accablante et le rythme soutenu drainait petit à petit toutes les forces des hommes. Même Rain, d’habitude débordant d’énergie, baissait la tête, la langue pendante. La ville était en vue, ce qui donnait du courage, mais elle semblait ne pas s’approcher d’un centimètre. Le sable brulant laissait s’échapper des volutes de chaleur qui troublait la vision. On aurait presque pu croire que la ville était un simple mirage mais personne ne voulait envisager cette éventualité.

Soudain, une brise passa, rafraichissement tout l’équipage. C’était tout simplement inespéré. Cela ne valait pas un verre d’eau fraiche, mais tout de même, ça faisait du bien. Le vent se mit à forcir et Rain su tout de suite qu’il avait vu juste. Sans perdre une seconde, il pointa du doigt vers la droite, où une masse sombre commençait à se dessiner au loin, en criant.


-Courez ! On doit atteindre la ville avant qu’elle ne nous fauche !

Alors là.... L’ordre et l’organisation qui faisait la fierté de la Marine en prit un sacré coup. Tout le monde se mit à courir en pagaille, les plus réactifs dépassant ceux qui avaient le cerveau ramollit par la chaleur. Mais dés que tout le monde eut compris qu’une tempête de sable arrivait, ce fut la débandade. La ruée ne respectait plus la moindre organisation hiérarchique. Encore heureux ! Rain aurait botté les fesses de quiconque aurait tenté de l’attendre. Dans ce genre de situation, tu sauves tes fesses et après tu vois si tu peux aider tes camarades.

Mais courir dans le sable n’est pas chose aisée et on s’essouffle vite. Le nuage de sable grossissait à vue d’œil et la terre se mettait à vibrer. Un grondement sonore se fit entendre, menaçant. Les marins fuyaient comme ils le pouvaient mais l’idée se fit très vite une place dans l’esprit de chacun. Ils n’y arriveraient pas. Ils n’étaient plus très loin, à peine un kilomètre et ils pourraient se réfugier derrière les hauts remparts de la ville. Mais un kilomètre, c’est long quand on s’enfonce dans du sable fin jusqu’aux chevilles. Un pas, on glisse, deux pas, on glisse... Et soudain, ca y est. On ne voit plus rien, on a le visage fouetté par des millions de grains de sable et surtout, on n’entend plus rien. Cette sensation, se retrouver prit dans une tempête de sable, c’est inexprimable. Plus de repère, plus de directions, plus d’amis... C’est horrible.

Relevant le col de sa chemise pour tenter tant bien que mal de protéger son visage, Rain continuait d’avancer, espérant ne pas trop dévier de sa trajectoire. Il ne voyait évidemment plus la ville, difficile de continuer, mais il le fallait. Le sens du vent changeait brusquement, chaque fois qu’il pensait avoir le vent dans le dos, il se retrouvait avec une vague de sable en pleine figure. C’était vraiment éprouvant. Finalement, après environ une heure à supporter ce traitement, il se cogna violemment le crane contre une surface dure. Après avoir compris qu’il s’agissait du mur d’enceinte de la ville, il entreprit d’en faire le tour pour trouver l’entrée. Il la trouva rapidement. Les deux immenses portes en bois étaient très légèrement entrouvertes. Il passa en vitesse le pas de la porte et se fit attraper et immobiliser. Plaqué au sol, il voulut crier mais le sable lui avait irrité la gorge. Il ne s’était pas rendu compte de tout les efforts qu’il avait du fournir pour avancer et perdit vite connaissance.

Il se réveilla dans une pièce sombre et mit un certain temps à habituer ses yeux et à comprendre où il était. Il sursauta en sentant quelque chose de glacé lui toucher le front. Prit dans son élan, il attrapa la main qui le soignait et s’arrêta juste avant de frapper un magnifique visage. Troublé par la beauté de la fille qu’il venait presque de violenter et gêné par sa propre brutalité, il se mit à bredouiller.


-Oh, je suis...je suis vraiment désolé... Vous m’avez fait peur.

La jeune fille était restée parfaitement immobile, ne s’attendant pas à une telle réaction. Elle lui sourit en lui baissant le poing qu’il avait maintenu en l’air. Elle avait remarqué que le trouble du visiteur n’était pas seulement du à la peur.

-Ce n’est rien, vous êtes à cran, je peux le comprendre. Rallongez-vous, vous êtes encore faible.
-Est-ce que mes compagnons vont bien ? On était vingt-quatre dans le désert.
-Ne vous inquiétez pas, ils vont bien. Après votre arrivée, nous avons envoyé nos guetteurs pour quadriller le secteur. Avec cette tempête, cela à pris du temps, mais d’après votre capitaine, tout le monde est entré dans la ville.

Rain se releva et s’approcha de la fenêtre. Voilà pourquoi il faisait si sombre. La tempête soufflait toujours et on n’y voyait pas à plus d’un mètre. La jeune fille semblait trouver tout naturel un tel déchainement de la nature. Cela devait arriver régulièrement. Il se retourna et la détailla plus soigneusement. Elle était très légèrement plus petite que lui. Ses longs cheveux d’un noir intense descendaient en cascade jusqu’à mi-cuisse et était couvert d’un tissu blanc très fin qui offrait un délicieux contraste. Elle portait des boucles d’oreilles en diamant et ses cils étaient soulignés d’une sorte de peinture noire qui lui donnait un regard très pénétrant. Sa poitrine généreuse était tenue par un vêtement exotique très serré et qui laissait apercevoir une bonne partie de la courbure de ses seins. Le vêtement s’arrêtait juste sous la poitrine et laissait le ventre nu. Un pantalon en tissu fin et porté très large permettait de laisser un passage pour que l’air circule. Par de telles chaleurs, cela devait être salutaire. En deux mots, elle était simplement magnifique. Rain sentit son visage s’empourprer sous le coup de l’excitation et lui offrit une révérence.

-Je manque à toutes les politesses. Rain. Enchanté d’être soigné par de si jolies mains.
-Miki. Pour quelqu’un d'affaiblit, vous ne perdez pas de temps. Rallongez-vous, maintenant.

Elle avait prit un ton froid et distant mais avait sourit sans chercher à le cacher lorsque le marin l’avait complimenté. Elle semblait jouer de l’attraction qu’elle exerçait sur le jeune homme et celui-ci se demandait si c’était réciproque. Il la fixait pendant qu’elle préparait ses soins, attardant malencontreusement son regard sur les parties les plus attirantes de son anatomie. Surtout vu de dos ! Rain avait rarement vu quelque chose d’aussi parfaitement modelé. Elle se retourna brusquement et le pauvre eu tout juste le temps de faire semblant de regarder quelque chose de très intéressant dans le coin de la pièce. Elle s’approcha de lui avec un bol entre les mains.

-C’est pour vous réhydrater. Le sable fait des ravages sur les voyageurs et vous n’avez pas bu depuis longtemps. Je vais vous appliquer cette pommade.

Le jeune homme mit du temps à comprendre qu’elle voulait qu’il se déshabille et vira au rouge écarlate en retirant sa chemise. Sans se laisser perturber, Miki étala de la crème sur ses paumes et commença à le masser dans le dos. Qu’aurait-il pu rêver de mieux ? Une superbe créature en train de lui caresser le corps dés son arrivée. Mais il était très gêné malgré tout, la demoiselle était vraiment charmante, d’une manière bien différente de celle qu’il avait connu jusqu’alors. Nerveux, il frémissait lorsque les mains passaient sur certaines zones de son torse ou de ses cuisses. Miki s’arrêta et le regarda avec un grand sourire sarcastique.

-Alors ? Ca joue les jolis cœurs mais ca perd tout ses moyens dés qu’il s’agit de contacts physiques ? Je vous aie fait le torse, le dos, les jambes et le visage. Pour le reste, vous vous débrouillerez comme un grand !

Piqué à vif dans sa fierté masculine, Rain se releva sur un coude tandis que la fille prenait ses affaires pour sortir. Il l’interpella, refusant de la laisser disparaître aussi rapidement.

-Dites moi Miki, j’aimerais beaucoup vous montrer que vous vous trompez. Voudriez-vous diner avec moi ce soir ? Vous verrez que je n’ai pas peur des contacts physiques.
-Hummm... Pourquoi pas, il est rare que des marins venus de loin me fassent la cour. Je veux bien vous laisser une chance parce que ce que j’ai vu aujourd’hui m’a bien plu.

Et elle sortit de la pièce avec un clin d’œil malicieux. Le marin resta un instant immobile, cherchant à comprendre ce qu’elle avait voulu dire. Il baissa la tête et se rallongea, afin de se reposer un petit peu. Il avait hâte d’être au soir.


Le soir venu, il se réveilla en sursaut en entendant frapper à la porte de la pièce. Il se redressa rapidement.


°°Merde ! Quelle heure il est ??°°
-Oui, j’arrive !


Il passa rapidement sa main dans ses cheveux pour se recoiffer, attrapa sa chemise, la lissa du bord de la main et l’enfila. Il se frotta les yeux pour ôter toute traces de chassie et alla ouvrir. Miki était là, l’air faussement fâchée d’avoir attendue pendant vingt secondes sur le pas de la porte. Rain entra dans son jeu et fit une révérence pour s’excuser de son petit contretemps. Même s’il jouait bien la comédie, les traces sur son visage ne laissait aucun doute qu’en au fait qu’il dormait encore il y a quelques minutes. La demoiselle trouva cela mignon et se laissa attraper par le bras pour sortir. Bien évidemment, le vice-lieutenant ne connaissait pas du tout la ville et aurait été bien incapable de choisir un endroit où passer la soirée. Il lui laissa donc carte blanche, celle-ci n’ayant qu’une consigne, leur faire passer une soirée le plus agréable qui soit.

Ils allèrent au restaurant, à un bar dansant où il pu découvrir la magie des danses orientales et le gout unique des alcools de cette île. La conversation allait bon train et les plaisanteries et taquineries fusaient de part et d’autre. Plus le temps passait et plus des sentiments se créaient entre les deux protagonistes. Rain avait rarement eu l’occasion d’être en compagnie d’une femme aussi belle, franche, drôle et agréable. Et même si elle n’osait pas l’admettre, Miki était complètement sous le charme du beau jeune homme. L’alcool aidant à s’extraire de ses inhibitions, la relation commença à être plus tactile, et ils ne tardèrent pas à s’embrasser langoureusement. Ils ne tardèrent pas à remonter dans la chambre pour finir la soirée dans une plus douce intimité.

Les jours passèrent et un amour naquit rapidement entre eux. Ils passaient le plus clair de leur temps à discuter de tout et de rien, à s’apprendre mutuellement des choses sur le monde et à trainer dans les rues de Hinu Town. Ils croisaient de temps en temps des membres de son équipage qui n’hésitaient pas à lui lancer des quolibets ou à siffler les « tourtereaux ». Cela les faisait sourire et l’ambiance était au beau fixe. A vrai dire, il n’y avait pas grand-chose qui aurait pu ôter à Rain sa bonne humeur. Il profitait du beau temps et de sa charmante compagnie. Tout allait pour le mieux. Le seul impair fut un refus de la part de Miki de venir se baigner avec lui dans une des nombreuses piscines que la riche ville offrait. Il ne comprit pas son refus mais n’insista pas.

Un jour, son capitaine vint le voir discrètement, pendant un des rares moments où il était seul. Miki avait du s’absenter quelques temps et James Patagehl en avait profité.


-Rain. Je ne sais vraiment pas comment te le dire mais.... nous devons repartir. Demain matin. Je sais que tu t’es entiché de cette Miki, mais il te faudra choisir entre elle et la Marine. Et te connaissant, je sais très bien quel sera ton choix. Fais lui tes adieux et sois au bateau demain matin à la première heure.

Le cœur de Rain sembla se briser. Il avait totalement oublié qu’il allait devoir partir avec son équipage. C’était pourtant évident mais son esprit en avait fait abstraction pour profiter pleinement de son temps avec la demoiselle. Comment allait-il pouvoir lui annoncer ça ? Il réfléchissait encore à cette question lorsqu’elle arriva, radieuse. Son sourire ne fit qu’accentuer sa peine, mais il n’avait pas le choix. Son avenir était dans la marine. Il devait rester pour continuer sa recherche d’Aikaze. C’était son but dans la vie et il ne pouvait le laisser continuer sa vie sans chercher à le tuer. Il ne pourrait jamais être heureux en sachant ce salaud en liberté. Il la prit par la main et l’emmena dans un coin isolé.

Sa réaction fut encore pire qu’il ne l’avait craint. Elle le regardait avec fureur sans dire un mot, les poings serrés. Il avait peur de briser le silence. Soudain, sans crier gare, elle porta la main à ses lèvres et avant qu’il n’ai eu le temps de comprendre quoi que ce soit, il ressentit une violente douleur dans le ventre. Une seconde plus tard, il était au sol, sonné. Il s’ébroua et regarda Miki. Sa main avait changé d’aspect, elle était pleine de trous. Son regard jetait des éclairs et elle soufflait dans sa main, créant des sons étranges. Il eut juste le temps de rouler sur le coté avant qu’une énorme note de musique ne vienne s’écraser à l’endroit où il se trouvait quelques instants auparavant dans une violente explosion. Il se releva et comprit que sa dulcinée avait avalé un fruit du démon et qu’elle était vraiment remontée contre lui. Elle pleurait. Cela lui fit mal de voir cela et de savoir qu’il en était la cause. La tristesse la rendait encore plus belle. Mais c’était étrange, ca réaction allait bien au-delà d’une simple rupture. Elle semblait prête à le tuer. La violence des explosions qu’elle déclenchait ne lui aurait surement pas permis de survivre bien longtemps à un tel traitement.


-Miki, écoute. Ca me fait aussi mal qu’à toi. Je dois partir, c’est ma destinée. Je te promets, je reviendrais.
-NE MENT PAS !! Je croyais que tu étais différent ! Mais tu savais depuis le premier jour que tu me laisserais. Tu m’as laissé tomber amoureuse de toi et maintenant tu me laisse comme un objet utilisé ! Connard !

Rain se baissa pour éviter une salve en Ré Majeur qui siffla agréablement à ses oreilles. Apparemment, elle pouvait transformer toutes les parties de son corps en instruments de musique potentiellement mortels. C’était la première fois que le scientifique se retrouvait face à une personne possédant les pouvoirs d’un de ces fruits et si la situation n’avait pas été aussi critique, il aurait certainement aimé étudier le phénomène. Elle se mit à frapper sur son ventre avec la paume de ses mains et des vibrations passèrent dans le sol, lui faisant perdre momentanément l’équilibre. Elle profita de ce contretemps pour sauter en avant et lui infliger un violent coup de pied au niveau de la mâchoire. Après s’être relevé, quelques mètres plus loin, Rain se releva et regarda la femme qui l’aimait il y a encore quelques minutes. Elle n’était plus la même. La haine avait remplacé l’amour et la violence, la douceur. Il allait devoir se défendre, même s’il ne le voulait pas car elle ne semblait pas éprouver la moindre compréhension. Une femme blessée dans son orgueil pouvait se montrer très dangereuse, il le savait. Il le disait lui-même, si tu dois larguer une nana, cours après !

Bien évidemment, il ne sortit pas ses armes, il était hors de question de la blesser réellement, abimer un si joli visage serait criminel. Il vit Miki attraper ses cheveux et s’en servir comme d’une harpe. Ne voyant rien arriver, il resta perplexe à écouter les sons mélodieux qui s’en échappaient mais ressentit soudain un léger déplacement de l’air au niveau de sa joue. Avant de comprendre quoi que ce soit, des lames d’air se mirent à lui taillader le corps. Il parvint à rester debout et à résister à la douleur mais remarqua qu’il saignait. Il avait été touché au visage, aux jambes et à plusieurs reprises au niveau du torse. Sa chemise était en lambeau et son corps le faisait souffrir.


-Tu n’a pas l’intention de me laisser partir, hein ?
-C’est toi qui m’a voulu. Je t’aime à présent. Et si je ne peux pas t’avoir, personne ne t’aura. Je ne supporterais pas de t’imaginer dans les bras d’une autre femme. Je préfère te savoir mort !

Oula ! Une vraie harpie ! Le problème, c’était que le combat s’annonçait très mal, elle était bien plus forte qu’elle n’en avait l’air. Rain savait qu’il aurait pu la vaincre facilement, mais son amour envers elle l’empêchait de lever le petit doigt pour lui faire du mal. Soudain, il eut une idée. Il attrapa sa chaussure et la lança dans sa direction. Elle l’esquiva avec facilité mais le marin avait profité de la rapide diversion pour s’enfuir dans la direction opposée. Folle de rage, Miki le poursuivit en hurlant. On aurait vraiment dit un démon. Les notes de musique s’écrasaient autour de Rain, manquants parfois de lui faire perdre l’équilibre mais il parvint à pénétrer dans le bâtiment, ce qui lui offrit un court répit. Sans reprendre son souffle, il se mit à grimper les escaliers à toute vitesse, espérant atteindre sa chambre avant de se faire rattraper. Dans son état, il ne survivrait pas à un assaut supplémentaire. D’un autre coté, ses blessures l’empêchaient de se déplacer aussi vite que d’habitude et la femme gagnait progressivement du terrain.

°°Il faut que j’y arrive...Il le faut !°°

Il entendait le bruit de pas derrière lui se rapprocher dangereusement. Une fois arrivé, il explosa la porte d’un coup d’épaule, aidé par son élan et sauta derrière le lit. Il eut juste le temps de farfouiller dans son sac avant que sa bien-aimée ne saute par-dessus le lit dans un concerto en Si bémol mineur ravageur. L’explosion fut grandiose et les fenêtres volèrent en éclat.

James arriva en sueur au sixième étage et pénétra lentement dans la chambre. Que diable avait-il bien pu se passer ici ? Tout était dévasté, il ne restait plus que des débris de ce qui était autrefois un lit et une étagère. Les murs étaient noircis et une partie s’était même effondrée. Rain avait une certaine réputation de vigueur au lit mais il y a des limites !


-Rain ? T’es là ?
-Ici...

La voix qui lui parvint était faible. Il se précipita et vit son vice-lieutenant allongé, ensanglanté à coté de la femme dont il était tombé amoureux. Celle-ci ne bougeait pas, les yeux grands ouverts. Il tendit la main à Rain pour l’aider à se relever mais celui-ci était trop blessé, chaque mouvement était une épreuve. Il regarda à nouveau la femme.

-Elle est morte ?
-Non... J’ai juste eu le temps de lui injecter mon sérum paralysant. C’est un mélange de curare d’un archipel de West Blue et de...
-Ouais, ouais, je m’en fous... Faut qu’on se barre maintenant.

Le capitaine attrapa Rain dans ses bras, ignorant son cri de douleur et sortit. Le vice-lieutenant eut tout juste le temps de jeter un dernier regard vers celle qu’il avait aimé avant de tourner pour descendre lentement les escaliers. Toute la troupe attendait en rang, anxieux de connaître l’origine de l’explosion qui s’était entendu à plusieurs kilomètres à la ronde. James les regarda et se mit à hurler :

-Alors ? Vous voulez que je vous fasse avancer à coup de pompes dans le cul ? Bougez vous, on a de la route à faire je vous rappelle !

Les hommes sursautèrent, s’attendant plutôt à avoir des nouvelles de l’état de santé de Rain mais obéirent et se mirent immédiatement en marche. Ils marchèrent vite, ne voulant surtout pas être à nouveaux pris dans une tempête. Rain avait la tête qui pendait lamentablement dans le vide, balloté dans tout les sens par les pas de James. Il regarda son capitaine et perdit connaissance, un sourire reconnaissant sur les lèvres.