5 Juin 1619. 16h
Réunion de crise en cette journée d'été 1619. Les murs de la pièce d'une couleur orangée dont on ne sait si elle est la conclusion de temps ou bien la couleur d'origine laissent passer quelques rayons s'échappant de la petite fenêtre, seule ouverture du local. Le soleil est à son zénith, les oiseaux chantent, les souris dansent et pourtant l'atmosphère est aussi pesante que lors d'un enterrement. Étrange comme les choses peuvent changer rapidement, en un si court instant que l'on a à peine le temps de voir venir. Il y a de ça quelques semaines, voire quelques jours, notre petit groupe était au summum de son art, rien ne pouvait nous arrêter. Nous faisions casse sur casse avec une telle facilité que l'on se croyait intouchables, intraitables. Mais voilà, à force de caresser le sommet de l'illégalité, à force de flirter avec les forces de l'ordre, celles ci cherchent maintenant plus qu'une simple accolade d'une nuit et veulent nous avoir pour eux bien plus longtemps. Nos moyens de se fournir en nourriture deviennent rares, et plus question d'aller gaspiller nos millions de berrys dans des casinos, en tout cas pour le moment.
_Bon les gars, faut pas se leurrer, ça devient trop tendu, moi j'me tire, loin d'ici. Il faut prendre des vacances, c'est trop dangereux. On ne va pas rester terrés ici à nous cacher alors que l'on a les poches pleines de berrys !
Ça c'est Joe, mais tout le monde l'appelle Marty, allez savoir pourquoi. La trentaine passée, une barbe de trois jours se laisse pousser sur son visage et lorsque je tire sur mes plates paupières, j'entraperçois une cicatrice perlant le long de son œil droit. Sympathique ce garçon, quoi qu'un peu lâche par moment, mais il a toujours bien fait son travail, alors je l'aime bien.
_Non mais te fous pas d'notre gueule, on n'va pas se laisser intimider par une bande de marines quand même ! C'n'est qu'une question de temps avant qu'ils en aient marre de nous chercher dans le vide !
Lui, c'est Sentory, un homme à la parole bien de trop emplie d'injures pour moi. Sa façon de vouloir toujours prendre le contrôle de notre petit groupe a tout aussi tendance à m’exaspérer. Installé sur sa chaise au centre de la pièce, il use de ses mains afin de faire voler moultes billets de banques récupérés d'un précédent casse. C'est sa façon à lui de montrer l’intérêt de continuer l'aventure.
Moi, bloqué dans un coin de la pièce, j'admire les compères en pleine joute verbale. Enfin j'admire, c'est plus une façon de parler qu'autre chose. Mes globes presque inutiles me permettent simplement de voir où sont les hommes de notre groupe. Le quatrième, dont je n'ai pas encore parlé s'est lui aussi installé dans un coin de la pièce sur un rocking chair, se faisant les ongles comme si la conversation le désintéressait. Sa moue désinvolte de l'homme qui ne s’intéresse à rien d'autre qu'à ses ongles fait drôle de figure face à la conversation enragée prenant place à un ou deux mètres de lui. Il est toujours ainsi ce petit homme, désintéressé. A se demander pourquoi il nous a rejoint. Rien n'empêche il sait faire taire les opposants lors de nos retraits et a donc son utilité. Tout le monde l'appelle Rouge ici, et je crois bien que c'est lui qui l'a demandé, je n'ai jamais compris pourquoi.
A ma droite, trois petits hommes jouent au carte sans se soucier de ce qu'il se passe. Sans qu'il n'y ait de réélle discussion, ils continuent ainsi leurs partie. Ce sont les deux frères Garraleur et Tom dont le vrai nom est Tomazshilsaki, mais Tom, ça simplifie la vie.
La discussion continue ainsi, un long moment sans qu'un quelconque accord n'arrive jusqu'à ce que Sentory ose émettre une idée touchant l'égo de Marty. Un dernier casse, monstrueusement grand, un dernier casse qui marquera à jamais East Blue de notre emprunte. Le pauvre petit Marty, il a beau être peureux, cette idée le rend bien de trop rêveur et les deux petits hommes regardent maintenant dans la direction de ma grosse carcasse ainsi que des joueurs de carte et du petit rouge. Ils attendent notre avis, car ici, aucune décision ne se prend sans que tout le monde ne soit d'accord.
J'installe un cigare entre mes deux grosses lèvres et sors de ma poche une boite d'allumettes. Le fumet du bois s'envole tandis que mes poumons commencent à inspirer cette douce volupté. Je prends mon temps, je fais durer le suspense. Les yeux des six petits hommes braqués sur moi attendent ma prise de parole, alors je prends mon inspiration, car les grands discours n'ont jamais été ma tasse de thé, et je pars dans une tirade entrecoupée, saccadée par mes essoufflements mais usant tout de même de cette énorme voix imposante qu'est la mienne.
_Mmmh... Sento, tu fais mirer les billets de banque devant mon nez comme on attire les rats avec du fromage, me crois tu aussi stupide ? Ton arrogance, notre arrogance aura notre peau, mais surtout, comment oses-tu nous amadouer ainsi ? De l'or nous en avons à ne plus savoir que faire. Marquer les esprits ? Crois tu réellement qu'une bande de voleur comme nous peut marquer les esprits ? Nous avons décidé de travailler ensemble pour amasser de l'or, c'est maintenant chose faite, alors je suis d'accord avec Marty pour s’arrêter là. Mmmh... Marquer les esprits, comme si c'était possible...
_En cambriolant une banque en face d'un QG, oui. Ahahah. Shell Town sera notre dernier casse les amis. Si z'acceptez bien sur.
Cette idée, d'une folie sans égale, fait tiquer les cinq autres petits hommes, et même le mister rouge y va d'un sursaut de surprise. Mais comme je l'ai dit, notre arrogance aura notre peau, et même moi me laisse rêver à l'idée de réussir ce casse. Quelle stupidité... Marty explose de rire accompagnant ainsi Sentory, Rouge sourit discrètement tandis qu'une mine d'acceptation se dessine sur mon visage informe. Les trois joueurs quant à eux donnent leur accord de par leur silence. C'est ainsi que naît l'idée. Pour l'organisation, je ne me fais aucun soucis, on connait notre travail.
_Bon, il y a une petite banque en face de la caserne de Shell Town. On m'a parlé d'une centaine de millions de berrys. A l’intérieur de la banque, le coffre fort est faible, forcément ils n'voient pas qui oserait attaquer une banque si proche d'un millier de marines Mouhaha. Ishii, ça ne devrait pas te poser de soucis. Rouge, tu maintiendras les gardes avec Tom au respect, et Marty, tu t'occuperas des civils. Moi, je resterais dehors pendant ce temps. Les deux frères, vous aiderez Ishii à porter le butin. 2 minutes suffiront. Pas de coups de feu, pas de cris inutile, pensez à fermer le maximum de portes pour éviter une grande propagation du son. Et surtout hévi...
_On connait notre travail Sento, pas besoin de te prendre pour le patron.
_Mmmh...
_Héhé, C'est quand que l'on commence?