Posté Mer 22 Fév 2012 - 21:24 par William Rose
C'est pas de l'étalage, je réponds à une question sur un thème musical avec des termes qui conviennent, enfin je crois x) Et comme je te l'ai dit je te prendrais ni toi qui que ce soit jamais de haut parce que j'ai vraiment tout à apprendre, quand je vois mon maître d'harmonie, là je dis waw haha.
En ce qui concerne Mahler, c'est un génie tout autant que ses contemporains et que les contemporains, les post-romantiques et autres, j'ironisais la figure que l'on se fait souvent de ces compositeurs qui sont excellents bien sûr hein. :p
Pour te répoooondre, quand je parle de trois paramètres bien essentiels (je le rappelle donc, la mélodie, le rythme ainsi que l'harmonie) je parle bien sur des notions solfégiques pures et basiques, pas de la musicalité d'un morceau et c'est là que ça varie d'un musicien à l'autre. Si aucun musicien n'avait pas sa propre perception d'une oeuvre on passerait pas des heures à décortiquer le pourquoi du comment de cette foutue note dans cette fichue cadence, bref, je suis entièrement d'accord avec toi, réduire la musique à ces trois paramètres est très réducteur, je cherchais plutôt à parler des trois principes qui sont sur le papier (en somme superposition d'écriture horizontal = contrepoint, écriture horizontale = mélodie; écriture verticale = harmonie; intervalle entre deux notes = rythme), au delà de ça, une fois la partition finie, cette partition, le ou les musiciens doivent lui donner vie et c'est là que ça devient génial, pour montrer justement l'impact que peut avoir une pièce sur les sentiments et la manière dont elle doit boulverser au delà de ces trois paramètres, on peut lire sur la première page du conducteur de la 5ème de Beethoven "Le destin frappe à ma porte", il devenait sourd, et justement, les quatre premières notes de cette symphonie prennent tout leur sens à partir du moment où on sait ça, le destin frappe à la porte de Beethov et s'ensuit un développement contrapuntique magnifique ayant pourtant une signification musicale quasi philosophique énorme et pourtant c'est QUE des notes et ça veut dire tout ça et c'est pour ça qu'il y a un paramètre suprême au delà de la composition et c'est l'interpretation, l'art de faire pleurer un auditeur sur un deuxième mouvement ou d'en adoucir un autre avec une élégie, d'impressionner une nana avec une cadenza, (parce que la cadence concertante je lui ai pas encore trouvé d'autres utilités, les triolets de triple croche full stac. enfin voila hein hm) enfin bref l'interprétation est à la fois primordiale et est surement le point le plus important de la musique, mais j'en ai pas parlé dans mes trois points tout simplement parce que j'étais plus concentré sur l'aspect "pré-éxecutif" d'un morceau, le coeur même d'un mouvement, par exemple le fait que le jazz soit caractérisé par ses couleurs d'accords etc.
Ca c'était ce que je voyais par rapport à la richesse musicale en gros quoi haha. Je sais pas trop comment répondre au reste, "des trucs plats et sans âme", normalement c'est au musicien de lui donner vie au morceau tu vois? Disons que l'état d'esprit savant à la base c'est de porter une étude sur une pièce, utiliser les plus beaux moiyens d'apporter telle ou telle idée, lui donner forme grâce à tous les traités de contrepoint et d'harmonie qu'on a pu apprendre par coeur, s'inspirer d'ailleurs et de partout pour donner naissance à "son oeuvre", si tu regardes les contrepoints de Bach (je m'y ferai jamais), c'est juste de la FOLIE FURIEUSE, je suis en train d'écrire un arrangement pour quintet de sax d'une fugue de Bach, je m'éclate comme un fou mais quand tu lis le truc tu te dis juste "Woah , ce mec était plutôt cool", mais ensuite cette merveille tu peux la jouer plat, comme un con, soit la faire vivre, booster le truc lui donner la pêche le tempo les nuances, la musicalité en somme ! Et c'est là dessus que conservatoire ou pas on s'en fout. Ok j'ai appris plein de choses au conservatoire, j'ai acquis une "certaine rigueur", mais l'interprétation justement c'est quelque chose qui se forge sur un vécu personnel et autodidacte ou pas c'est pour ça que n'importe qui peut-être musicien, il suffit d'avoir la niac finalement en quelque sorte, et c'est pour ça (du moins c'est ce que je pense) que des musiciens autodidactes comme Charlie Parker sont sortis de nulle part et ont déchiré mais littéralement DECHIRE le système tonal de base qui a pu être utilisé avant, des siècles d'utilisation déchirés en l'espace de 10ans, appauvrissement tonal total et reléguage de l'harmonie à un instrument mélodique --> Le saxophone et la trompette, ce bien sûr en petite formation, quartet grand max quintet, WTF? Et pourtant c'est démentiel, que ce soit sur l'esprit du morceau, l'interprétation du mec, (on s'fait pas chier sur un Parker man frayre !), la manière dont l'improvisation est menée et amenée, les idées mélodiques (bien que Parker ce soit spécial puisqu'à l'origine il improvisait la totalité de ses standards...) TOUT QUOI. L'âme c'est au musicien de la fourguer à son morceau, si on s'éclate, même trois accords ça peut sonner d'enfer (Demande à Jimmy Page, Led Zep faisait que ça haha, je taquine hein, j'adore Led Zep)
Pour finir, la musique savante se DOIT d'être interprêtée savante, c'est indéniable et ça doit à mes yeux en tout cas, mes pauvres yeux rester comme ça jusqu'à la fin des temps, quand Berlioz crée la Symphonie Fantastique (l'une de mes oeuvres préférées haha) il exteriorise ses sentiments et sa défaite amoureuse dans un poème symphonique, l'âme de ce morceau réside dans le mouvement romantique qu'il reflète à lui seul, puissante alternation dans les nuances, lyrisme, choc, morbide, tout y est, alors pourquoi l'interpreter autrement et le massacrer? Cependant, puisque nous avançons, arranger un morceau savant d'une autre manière est tout à fait pensable, il faut simplement pas confier cette tache à un bras cassé, il faut à tout prix penser au timbre, aux erreurs possibles dûe à une transpo, adaptation d'intervalles, possibles tritons/tête de morts qui apparaissent, enfin un travail d'adaptation et d'arrangement bateau quoi, trouver de nouvelles idées pour faire groover du Bach par exemple, encore une anecdote, et ce sera la derniere, baroque et jazz sont finalement très proches. J'ai appris en lisant un truc y a pas trè longtemps que les baroque jouaient souvent leurs croches --> Noire - Croche en triolet, ça vous dit quelque chose? Les croches inégales du jazz ! Les cadences à l'époque étaient improvisées sur des basses chiffrées/continues, ça vous dit un truc? Les improvisations sur grille du jazz ! Les baroques adoraient utiliser des fioritures pour des raisons esthétiques et pratiques, ça vous rappelle un truc? Les chromatismes de Parker et les extensions de superstructure dans ses chorus, enfin tout est lié et pourtant tout les oppose, tout est dans l'agencement du morceau, une fois qu'on a déterminé d'où il provenait, on peut le rearranger et le refaçonner, pour finalement l'interpreter à sa guise.