Yuki et Plume s'entraînent

Nous venions, avec les Shinoryu, de quitter Suna-Land avec un nouveau nakama à notre bord : il s'agissait d'un ange, ou plutôt d'une ange, qui répondait au nom d'Izya.
J'avais eu le temps, pendant notre escale à Suna-Land, de faire connaissance avec les autres membres de l'équipage : Katsu Mizu, une furie mais qui est en fait plutôt sympa, Lula, la doctoresse, Heïon l'homme-poisson, Mike le bretteur...

Et un certain Bullu Bullu Plume.

Ce type était vraiment étrange : il s'agissait du technicien de surface du navire. J'avais aussi appris que c'était un passionné de pommes de terre. Quand j'vous dis qu'il est vraiment bizarre.
Ce type était, d'après ce que j'avais cru comprendre, aussi inoffensif qu'un gosse...

*Non Yuki, mauvais exemple : je te rappelle que tu es un gosse.*

Bon, d'accord. Disons aussi inoffensif qu'un chiot. Là c'est mieux.
C'était quand même assez particulier de voir un type comme ça dans un équipage de pirates qui avaient l'ambition de partir à la conquête de Grand-Line ! Si il se retrouvait là-bas, je ne miserai sur plus de quelques heures quand à sa durée de vie.

En fait, ce type me faisait un peu de la peine, je dois l'avouer. C'est pourquoi j'ai pris l'initiative de lui parler en tête à tête.

Hier soir, après le dîner, je le retenais un peu dans la cuisine, lui demandant si il voulait bien me filer un coup de main pour la vaisselle, ce qu'il accepta.

Tandis que j'essuyais une assiette, je lui demandais :

-Dis moi Plume, je suis désolé de te poser cette question de manière aussi brute mais bon. Comment est-ce que tu comptes survivre une fois que nous arriverons sur la Route de tout les Périls ?

Il parut assez décontenancé par ma question, puisqu'il resta immobile, tenant toujours dans la main droite le verre qu'il était en train d'essuyer. Pour ne pas trop le brusquer, je continuais de suite. Je lui expliquais sincèrement qu'avec sa force actuelle, il n'allait pas faire long feu sur Grand Line.

Abattu, c'était peut-être le mot qui le caractérisais le mieux sur le moment. Il faut dire aussi que je lui balançais la vérité crue à la figure.
Mais je n'avais pas fini.
Avec un sourire, je conclus sur cette phrase :

-Mais il nous reste encore pas mal de temps avant d'arriver là-bas. Si tu veux, nous pouvons mettre ce temps à profit pour t'entraîner.

Il accepta tout de suite. Je lui dis de me retrouver demain matin dès 5 heures sur le pont du Blue-Moon. Une fois la vaisselle finie, nous allâmes nous coucher.

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Je m'étais levé une demie-heure plus tôt exprès afin de pouvoir préparé le petit-déjeuner plus tôt pour pouvoir accorder du temps à Plume. Mais à 5 heures 20, il ne pointait toujours pas le bout de son nez.

Un peu énervé, je descendis dans le dortoir. Oh ! Il dort profondément ! Le brave petit...

Splash ! Un bon saut d'eau fraîche, y a rien de mieux pour vous réveiller un homme !

Alors que notre spécialiste de la patate se relevais en émergeant lentement de son sommeil, je l'attrapais par le bras et le poussais vers sa commode :

-Dépêche toi de te changer, on a pas beaucoup de temps avant que les autres ne se lèvent !

3 minutes plus tard, nous étions sur le pont, face à face. Je tenais deux bâtons dans mes mains. J'en lançais un à Bullu.

-Bon, on va commencer par un exercice très simple : tu vas essayer de me frapper avec ce bâton, je me contenterais d'esquiver et de parer. N'ai surtout pas peur de mettre toute ta force dans tes coups, ça m'étonnerais que tu arrives à me toucher pour le moment.

Je me mis en garde en attendant les premiers assauts de Bullu...

Plume me lança un regard du genre "Hé ! Arrête de te la péter !". Moi, je me la pète ? Non, disons plutôt que dans le cas présent, j'étais réaliste quand à ses capacités. Plume se lança à l'assaut directement en élevant son bâton au-dessus de sa tête dans le but de me frapper au visage. Une technique vraiment balourde, qui reflétait son grand manque d'expérience. Disons que son coup aurait pu porter ses fruits si j'avais été paraplégique, cul-de-jatte et manchot.

Et encore...

J'attrapais mon arme à ses deux extrémités et le plaçais, parallèle au sol, à 30 centimètres de mon front. Le bâton de Plume s'abattit dessus. Le coup n'était pas d'une puissance phénoménale, mais je sentis quand même une légère onde de choc me traverser les bras. Je me mis de nouveau en garde. Notre technicien de surface abat sur moi une pluie de coup relativement lourdeaux, que je parviens tous aisément à parer. Je suis obligé d'attendre quelques coups encore avant qu'il ne tente une attaque plus fine que les autres : de son pied droit, il tenta de me frapper au tibia tout en essayant de me frapper avec son bâton.

Bien tenté mon vieux, mais ça ne suffira pas ! Je ne résiste pas cette fois à l'envie de frimer un peu : je me sers de mon arme comme d'une perche pour passer au dessus du pied de Plume avant qu'il n'atteigne ma jambe. Son coup faucha mon bâton, me permettant de m'accroupir rapidement et d'éviter son arme qui finit sa course dans...

Bon. Ben, notre docteur ès patate a trouvé le sujet de sa prochaine thèse : l'influence de l'impact d'un bâton dans sa propre tronche. Bullu, abasourdi par le choc, tombe à terre.
Je me remets en garde, un petit sourire arrogant aux lèvres. Cela ne lui plaît visiblement pas, puisqu'il se jette de nouveau sur moi. Je pare une nouvelle fois toutes ses attaques. Ça en devient lassant. Tellement lassant que je finis par légèrement détourner mon attention du combat. Erreur ! Un coup arrive vers moi plus vite que les autres ! Je n'ai que le temps d'éviter sans chercher à le contrer. Le bâton de Plume se prend dans la tissu de ma technique. Plume, furieux, fini par dire :

-Ça devrait compter normalement ! En plus mon attaque elle était trop classe.

Cette scène, vue de l'extérieur, devait paraître étrange : d'un côté, un type de plus d'une trentaine d'années qui parlait comme un gamin frustré à son prof, qui avait le physique d'un gosse de 15 ans ! Parfois, la vie nous place dans de drôle de situations...

-Paix, mon ami ! Je veux bien t'accorder cette touche, de toute façon, ça n'a pas d'importance. Je viens de jauger ton niveau. Pose ton bâton et assieds-toi, je pense que ça nous fera du bien de nous calmer.

Nous nous asseyons donc à même le sol en bois du pont. Je repris la parole :

-Bon, d'après ce que j'ai vu, pour quelqu'un qui n'a que peu d'expérience en matière de combat, je trouve que tu n'as pas trop de lacunes au niveau de la force en elle-même. Attention, je n'ai pas dis que tu étais fort ! Simplement que naturellement, tu avais un potentiel physique assez développé. Personnellement, j'ai très peu de force physique, je mise tout sur la technique et la et la vitesse.

Je fis une pause dans mon discours pour reprendre mon souffle. J'entendais le bruit des vagues qui léchaient les flancs du navire. Au loin, une mouette poussait un cri. Le soleil ne commençait qu'à peine à se lever. Nous étions les deux seuls membres de l'équipage à être réveillé... Je repris :

-Je vais quand même t'aider à augmenter ta force brute avec des exercices de musculation que tu réaliseras à chaque début d'entraînement. On commencera doucement et on augmentera l'intensité au fur et à mesure. Et surtout, n'hésites pas à filer un coup de main à Lion et Izya quand ils auront besoin d'aide : les travaux de charpentier et de forgerons sont très bon pour se muscler ! Plus que la cuisine et la vaisselle en tout cas !

Je laissais échapper un rire : c'est vrai que mon métier était peu compatible avec l'escrime, d'où ma manière particulière de me battre. D'un signe de la main, je fis comprendre à Plume qu'il ne devait pas me déranger pendant un petit moment. J'essayais de trouver une manière cohérente d'organiser son entraînement : c'était la première fois que je m'improvisais professeur ! Après quelques minutes de réflexion, je relevais la tête et regardais Plume droit dans les yeux, en prenant l'air le plus sérieux possible :

-Nous allons organiser ton entraînement en plusieurs parties. Dans un premier temps, je vais t'enseigner tout ce qui est placement, posture, manière de frapper, et caetera... Ensuite seulement, nous en viendrons à l'esquive et à la parade. Quand nous en arriverons là, se rajouterons aux exercices de musculation des exercices de souplesse. Le problème, avec la souplesse, c'est que quand tu en as pas naturellement, ben au bout d'un moment tu ne progresses plus. Pour finir avec le maniement du sabre, on finira sur l'apprentissage du combat avec un véritable sabre. Je t'apprendrais aussi les bottes et les techniques de base. Ce sera ensuite à toi de trouver ton propre style.

Je me relevais d'un bond :

- Et bien, commençons tout de suite !

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Je commençais, comme je lui avais promis, par les exercices de musculation : tout d'abord, deux séries de quinze abdos, puis quatre fois trente secondes de gainage. Une série de vingt pompes, puis une deuxième. Puis trente fois sauter bras tendus vers le ciel, réception accroupi, poser les mains au sol et ressauter. À la fin, le pauvre Plume n'en menait pas large. Aussi, dans ma grande mansuétude, lui accordais-je 10 minutes de pause.

Une fois ce temps écoulé, je commençais à lui montrer ensuite la façon de se placer : genoux fléchis, dos légèrement voûté, le sabre traçant une diagonale devant sa poitrine, le bras légèrement plié... Je corrigeais les quelques imperfections dans sa position par des petits coups secs de bâton sur les membres mal positionnés. Après lui avoir fait trouver la position optimale pour se battre, je lui montrais comment frapper correctement.

-N'hésites pas à accompagner ta lame d'un mouvement du poignet lorsque tu fais une attaque en arc de cercle. Non non ! Mets plus d'amplitude dans ton mouvement ! Voilà, là c'est mieux... Quand tu piques, n'oublie pas de garder ton pied droit bien ferme devant toi, et accompagne ton bras avec tout le haut de ton corps. Tu auras ainsi plus d'allonge... Oui ! Comme ça, c'est nickel !

Bullu semblait prendre plaisir à s'entraîner. Je l'avais senti un peu dégouté à la fin des exercices de musculation, mais l'étude des différentes manières de frapper semblait mieux lui convenir. Un peu hésitant dans ses mouvements au début, je sentais la confiance monter peu à peu en lui. Sans aller jusqu'à dire que ce bonhomme était un prodige, Je trouvais qu'il assimilait assez vite les notions que j'essayais de lui inculquer.

Je sentais qu'avec lui, j'allais mêler l'utile à l'agréable.

Je continuais à lui faire travailler la frappe pendant un bon moment. D'abord dans le vide, puis je me mis face à lui et lui redemandais d'essayer de me frapper. Il passa un bon quart d'heure à tenter de m'atteindre, mais en vain. Je le sentis un peu déçu, aussi le rassurais-je en lui disant que cela faisant deux ans que je me battais régulièrement au sabre, et qu'il était normal que je sois plus fort que lui pour le moment.

Du coin de l'œil, j'avais vu, pendant que Bullu réalisait son exercice, les autres membres de l'équipage sortir un par un de leur chambre. Certains s'étaient arrêté pour nous observer, mais ils avaient fini par se désintéresser du spectacle et étaient parti manger.

Je cherchais maintenant un moyen de conclure notre première séance. Je nous voyez mal finir comme ça, sur un simple exercice. Il fallait que je trouve quelque chose pour motiver Bullu à chaque fin d'entraînement, sinon, il se lasserait vite.

Une idée me vint finalement. J'en fis part à Bullu :

-Je te propose un truc : on va finir chaque séance sur un duel. Ca te permettra de mettre en application tout ce que je t'ai appris pendant la matinée. En plus, ça t'entraînera à recevoir des coups car cette fois, j'attaquerais et je n'irais pas de main morte. Mais ça aura l'avantage d'endurcir ton corps et de te mettre dans des situations d'agression réel. Qu'est ce que tu en penses ?

Plume hésita, mais finis par accepter. Nous nous plaçâmes là deux mètres l'un de l'autre, en position de garde. Puis je lui dis :

-Aller, ça commence !

Je me campais solidement sur mes jambes, en attendant le premier assaut de Bullu...

Mon ainé lança les hostilités en faisant décrire à son arme une courbe vers ma mâchoire. Je m'accroupis, laissant son bâton passer au-dessus de moi. Je le frappais quand à moi à la jambe. Plume ne put retenir un cri de douleur. Je me redressais et me remettais en garde.

Je vis briller dans les yeux de mon apprenti une lueur : on pouvait y lire cette envie d'en découdre, cette rage de la gagne...

Et moi, j'aime bien les mecs qui sont prêt à tout pour vaincre.

Il se relança à l'assaut. Pour me déconcentrer, il donna des coups de pieds dans le vide, un peu au hasard, tout en me menaçant de son bâton. Je me contentai de simple parade : pas la peine de m'épuiser à tenter de le frapper pour l'instant. Attendons plutôt qu'il se fatigue.

Je reculai lentement vers le rebord du bateau : c'est qu'il est hargneux le bougre !

Il tenta une dernière attaque en direction de ma poitrine. Je me penchais pour esquiver et lui portais un coup de pied en pleine tête. Bullu tomba en arrière, lâchant son arme. Il me lança, rageusement :

- Je n'ai pas finis Yukisame ! Je n'ai pas finis...

-Tant mieux ! Un peu plus et je prenais racine !

Bullu chargea une fois de plus, avec plus de force qu'avant. Mais j'étais préparé.
Nos deux armes s'entrechoquèrent une fois, deux fois... Un pas, deux pas en arrière.
Alors, sans crier gare, je sautai en arrière. Sous mes pieds, je sentis le bord de la rambarde de sécurité. D'une forte détente, je me projetai en avant, bras tendu, et passai par dessus la tête de Plume. Je me réceptionnai derrière son dos d'une roulade sur le côté. D'un bond, je me relevai et donnais un coup de bâton en diagonale sur la poitrine du chercheur de patates, qui grimaça à cause de la douleur.

Cette fois là, ce fut à mon tour de charger. J'arrivai droit sur lui, fondant tel un rapace sur sa proie, le bâton en arrière sur mon côté droit afin de lui faire accumuler un maximum de vitesse. Je m'approchai de Plume de plus en plus vite. Celui-ci tenta de me contrer en faisant une attaque en piqué vers mon visage. J'abaissai mon centre de gravité juste à temps et parti en roulade sur son côté droit. Une fois de plus, je me retrouvais dans son dos.

J'attendis que Plume se retourne avant d'attaquer à nouveau. Je tentai une attaque grossière, souhaitant expérimenter une technique. Nos deux armes se rencontrèrent encore. Mais aucun de nous deux ne voulait lâcher prise. Je lui fis croire que je perdais peu à peu du terrain en m'accroupissant de plus en plus...

C'était une feinte : je réalisai un demi-tour sur moi-même, retirant mon bâton de celui de Bullu. Là force que mon apprenti avait accumulé dans son sabre se libéra d'un coup, il fut déséquilibré et tomba vers l'avant. J'en profitai pour lui donner un coup sur la colonne vertébrale. Il s'affaissa, face contre terre.

-Merci Bullu ! Grâce à toi, je me suis trouvé une nouvelle technique ! Je crois que je vais l'appeler "La Valse du Bretteur". Ca sonne bien, non ?

J'aidais Bullu à se relever. Il avait l'air d'assez mauvaise humeur, ce que je pouvais assez aisément comprendre, après la raclée qu'il venait de prendre.
Je lui posais une fausse question pour tenter de faire un peu d'humour. Mais ça réponse fut sèche :

- Non ça sonne pas bien du tout.

Houla... Qu'est ce qu'il avait lui ? Ce n'était vraiment pas la peine de se mettre dans un état pareil à cause d'une simple défaite. Je l'avais prévenu en plus qu'il ne pourrait pas gagner !
Et c'est à ce moment là qu'il prononça la phrase fatidique :

- Cet entraînement était trop difficile pour moi, je me ferai détruire tout de suite à GrandLine !

Qu.. M... Wh... Hein ?! Quoi ?! Il se foutait de ma gueule là ? Il se battait pour la première fois, et monsieur ne supportant pas la défaite, refusait de s'y remettre ? Mais sérieux, c'était quoi ça ? J'avais l'impression d'avoir à faire à un gamin !
Je le vis partir, me laissant en plan, mon bâton à la main. Je restais tout d'abord interdit, ne sachant pas trop comment réagir. Puis peu à peu, je sentis monter quelque chose en moi. Une sensation que j'avais rarement ressentie jusqu'alors.

De la fureur.

Bullu me fixait toujours en se dirigeant vers sa chambre. Cela eu le don de m'excéder.

D'un geste rageux, je lui envoyais mon bâton droit dans la figure. Le chercheur de patates eut juste le temps d'éviter l'arme en se penchant sur le côté. En se redressant, il me regarda de nouveau. Mais dans son regard, je pouvais cette fois lire un mélange d’incompréhension et de crainte, mais toujours cette colère.

J’explosais :

-Putain Bullu ! T’es un homme oui ou merde ?! C’est quoi cette réaction de con ? Sérieusement ? Bien sûr que c’était trop dur pour toi : j’allais pas me rabaisser à ton niveau juste pour toi ! C’était pas un service que je t’aurais rendu, ça n’aurait servi à rien ! Et puis franchement, tu crois que t’apprendras à manier le sabre en une matinée ? Mais tu te fous le doigt dans l’œil jusqu’au coude, mon pauvre !

Je m’approchais de lui à grand pas, très vite. Je tirais mon sabre de ma ceinture et continuait à marcher droit vers le mon nakama. Je ne sais pas s’il avait peur, observer sa face était le dernier de mes soucis.
Lorsque je ne fus plus qu’à quelques centimètres de lui, je lui mis la pointe de la lame sous la gorge et lui hurlais dessus :

-Deux ans ! Deux ans que j’apprends à la manier sans relâche cette putain de lame ! T’as vu où j’en suis maintenant ? Je suis loin d’être un maître, mais moi, je n’ai pas besoin de toujours compter sur les autres pour survivre ! Alors, si t’y met pas du tiens, oui, tu vas crever !

Je baissais la lame et je la plantais dans le sol de rage. La garde tremblait encore quand je me remis à parler.

-Oui, tu vas crever. Mais on a largement le temps de faire de toi un véritable combattant avant d’arriver sur la route de tous les périls ! Ca va se faire dans le sang, ça va se faire dans les larmes, ça va se faire dans la sueur, mais putain, on peut le faire !

Je cessais de parler. J’essayais de reprendre mon calme en inspirant de grandes bouffées d’air marin.
Je fermais les yeux. J’avais retrouvé mon sang froid. Je pensais chaque mot de ce que j’avais dis, mais je n’aurais pas du réagir de cette manière.
Lentement, je rouvrais les yeux. Je retirais ma lame du plancher en bois et je m’en retournais vers le garde-fou du navire. Sans jeter un regard à Bullu, je lâchais ces derniers mots.

-Et puis, pourquoi je perds mon temps à discuter ? Libre à toi de trouver l’apprentissage trop dur, mais si tu ne te sens pas prêt à aller sur Grand Line, je te conseille de quitter le navire à notre prochaine escale. L’équipage n’aura pas à porter sur la conscience la responsabilité de ta mort…

Je m’assis sur la rambarde, mes pieds pendant au dessus de l’océan. Il suffisait d’une vague plus forte que les autres pour que je me retrouve à la mer, mais en cet instant, je m’en fichais. La seule chose que j’attendais était la réponse de Bullu : allait-il tenter de devenir plus fort en restant avec nous ? Ou bien allait-il écouter mes conseils et nous quitter. J’espérais qu’il choisirais la bonne solution, la première…

- Tu sais toi ! Tu ne vas pas m'apprendre la vie ! Bien sûr que je vais rester ici !!! Et puis de toute façon moi je ne suis que le technicien de surface !! Je ne fais que le ménage et je ne me bat pas !!! De toute façon moi !!! Et ben je me bat avec mes patates et pas avec de vieilles armes !!! Toi Yukisame tu es arrivé après moi donc tu te tais !!!

Je faisais la sourde oreille à tout ce que disais Bullu, après tout ce n'était qu'un abruti de plus parmi tout ceux que j'avais connu. Mais l'argument de mon arrivée récente me causa un pincement au coeur : ainsi, je ne serai jamais considéré que comme un éternel nouveau ?

Peu à peu, le chercheur de patates se calma. Puis il lâcha ces quelques mots :

- Excuse moi, je me suis laissé emporter ... Ah... Il était calme maintenant ? Ben tant pis, il allait attendre un peu avant que je ne lui radresse la parole ! Il m’avait fais perdre mon temps, je n’allais pas en plus lui laisser me gueuler dessus et lui pardonner juste ensuite quand même !

- Je veux bien continuer l'entraînement, pour ne pas mourir et pour aider l'équipage .... Je t'en supplie.

Mon silence fut ma seule réponse. Non, je ne céderais pas !
Bullu grimpa sur le garde-fou et s’assit à côté de moi, regardant à l’horizon. En fait, ce type me faisait plus peine qu’autre chose : ça ne devait pas être facile tout les jours de se retrouver comme le plus faible membre d’un équipage pirate…

Ah ! Mais qu’est-ce que je racontais moi ? Non, il m’avait pourri et il allait assumer les conséquences pour que je lui accorde mon pardon ?

*Hé, Yuki ! Ce n’est pas dans tes habitudes de faire ce genre de choses !*

*C’est qui qui parle là ?

*Ben c’est moi, ta conscience. Tu sais, le truc qui te fais faire des bonnes actions et qui te donne envie d’être vu comme quelqu’un de cool par les gens alors que t’es un hors-la-loi. Tu vois le genre ?*

*Ah ouais, j’vois à peu près… Mais qu’est ce tu m’veux ?*

*Ben, c’juste que je trouve que ta réaction est pitoyable venant d’un mec qui se déclare bon et généreux. En temps normal, tu lui aurais pardonné direct !*

*Ben ouais mais là, c’pas une situation normale ! Y m’a cherché aussi cet enfoiré ! Il peut toujours rêver pour que je l’entraîne à nouveau !*

*… Tu sais Yuki, si tu ne l’entraînes pas, il restera quand même sur le navire. Et quand tu arriveras sur Grandline avec les autres, tu sais très bien ce qui va arriver. Il ne tiendra même pas à votre première escale. Et quand il mourra, tu te diras que si tu lui avais pardonné, il serait encore avec toi. Et tu vas te culpabiliser, et sa mort te resteras sur la conscience jusqu’à la fin de tes jours !*

Je réfléchis pendant un moment aux dernières paroles de ma conscience. J’essayais de me dire que ce n’était pas vrai, qu’il réussirait bien à survivre malgré tout… Mais au fond de moi, je savais que si je ne faisais rien, ma conscience aurait tôt ou tard raison.

Je me radoucis peu à peu. Et je me rendis compte à quel point j’avais merdé : je n’aurais jamais du agir de cette manière.
Je me retournais vers mon voisin :

-Bon, aller. Ca va, c’est rien. On a tout les deux était con, mais il faut bien que ça arrive, nan ?

Je ne pus même pas réprimer un sourire. J’étais là, comme si j’étais content, alors qu’une partie de moi-même regrettait ce que je faisais. Je pense que ce côté allait persister un moment, mais avec le temps, il finirait par disparaître.

Je me retournais sur la barrière et sautais sur le pont. Je m’étirais ensuite de tout mon long : je manquais un peu de sommeil, après m’être levé aussi tôt.

Je dis à Bullu :

-Aller, c’est fini pour aujourd’hui ! Tu t’es bien débrouillé ! Je vais dans la cuisine voir si je peux pas nous préparer un petit déj’ plus consistant. On en a bien besoin !

Je me retournais et partit vers la cuisine. Avec Bullu, nous allions nous entraîner plus que jamais. Cela serait bénéfique autant pour lui que pour moi…

-Viens me prévenir dès que tu as envie de t’entraîner à nouveau, je serai toujours libre pour toi ! N’hésites pas !

.: Fin du premier jour d'entraînement :.

C'était la veille que Bullu était venu spontanément me donner un coup de main pour la vaisselle. Cette attitude était assez étrange, venant de lui. J'en conclus qu'il avait quelque chose à me demander.
Pourtant, il n'en parla pas tout de suite. Il attendit même que la corvée soit fini avant de prononcer le moindre mot.
C'est donc en quittant la cuisine qu'il me parla de l'entraînement. Il me dit qu'il s'était remis de la dernière fois et qu'il se sentait près cette fois à apprendre. Je lui donnais donc rendez-vous comme la dernière fois, à cinq heures du matin, sur le pont, et en tenue s'il vous plaît.

Cette nuit pourtant, je dormis mal. Cela venait de l'anxiété que m'apportait ce nouvel entraînement. Je me rappelais la manière dont avait réagi Bullu face à la difficulté, et j'appréhendais son comportement pour le lendemain.

Aussi étais-je face à un dilemme : devais-je essayer de baisser la difficulté des exercices, même si cela risquai d'entraîner un manque d'expérience du technicien de surface à notre arrivée sur Grandline ? Ou bien devais-je au contraire le faire souffrir afin de lui faire comprendre l'urgence de la situation, et aussi pour le faire progresser plus vite ?

Cette question tourna dans ma tête pendant près d'une heure. Juste au moment où je réussissais à fermer les yeux pour sombrer dans les bras de Morphée, je choisis comme solution la plus dure pour mon ami...

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Une fois de plus, j'avais du me lever très tôt afin de préparer le petit-déjeuner pour l'équipage. Aujourd'hui, il serait froid : j'avais préparé une ration de crêpes suffisante pour rassasier une assemblée de géants ! Sur la table, je disposais toute la garniture nécessaire : fruits secs, sirop d'érable et gelée.

En sortant de la cuisine, je me cachais derrière le grand mât : je tenais à faire une petite surprise à mon apprenti...

Bullu se présenta sur le pont, habillé et tenant son bâton, avec seulement deux petites minutes de retard sur l'horaire convenu. Il y avait du progrès depuis la dernière fois où j'avais été obligé de le réveiller avec un seau d'eau !
Le technicien de surface regarda autour de lui, me cherchant du regard. Tout en scrutant les alentours, il me tourna lentement le dos...

Je jaillis de derrière le mât et lançais un signal d'avertissement à Plume :

-Surveille tes arrières, Bullu !

Je tentais de le frapper avec mon bâton, et je vis avec une surprise mélée de fierté que mon aîné parvint à parer mon arme. Un pur réflexe, peut-être, mais je n'en attendais pas tant !

Nous échangâmes quelques coups, Mais je le frappais moins fort cette fois, cherchant à le faire grossièrement parer. Au bout du sixième échange, je lui dis :

-STOP !

Bullu s'arrêta en plein mouvement et baissa son arme. Il voyait que je cherchais à parler.

-Très bien ! Je suis content de ce que tu viens de faire : tu es parvenu à bloquer tout mes coups ! Bien que je n'ai pas mis toute ma technique dans mes assauts et que tu n'es fait cela que par instant, c'est une bonne introduction à notre entraînement d'aujourd'hui. En effet, la parade peut être une action spontanée aussi bien qu'un fait mûrement réfléchi. C'est un excellent moyen, par exemple, de destabiliser son adversaire et de repartir à l'assaut.

Je laissais tomber mon manteau sur le sol.

-Et bien, commençons ! Tu vas refaire les mêmes exercices que la dernière fois. Mais aujourd'hui, tu vas doubler le nombre d'exécutions !

Je ne pus réprimer un petit sourire sadique en voyant la mine déconfite de Bullu...

Plume réalisa les échauffements un peu trop vite à mon goûts... J'avais l'impression qu'il les bâclaient... J'attendis toutefois patiemment qu'il finisse. Lorsqu'il se releva, je lui dis :

-Désolé, mais je trouve que t'as fais tut ça un peu à l'arrache... Tu veux bien recommencer ? lui demandais-je avec le sourire le plus innocent du monde.

Etrangement, cette fois ci, pas un râle, pas le moindre grognement, il recommença. Je voyais bien qu'il était à bout, mais j'admirais son courage de tout recommencer. Pompes, abdos,... Il fit cette fois tout de manière parfaite !
Une fois les échauffements terminés, il s'allongea sur le sol et réclama une pause. Mais parti dans mon délire sadique, je la lui refusait :

-N'y compte pas ! Plus tôt tu auras fini, plus vite tu pourras aller manger ! Aller, lève toi !

Tant bien que mal, il s'exécuta. Il se tenait face à moi, courbé par la fatigue, son bâton pendant dans sa main.

-Je t'ai dis que nous allions aujourd'hui travailler la parade. Le premier travail sera un exercice d'observation. Tu vas essayer de me frapper et je parerai tes coups. Tu observera bien mes mouvements et tu me diras ce que tu en as conclu une fois l'exercice terminé. Allez, en garde !

Je me mis en position défensive, le bâton en diagonale face à ma poitrine. Bullu m'attaqua d'abord mollement. Puis avec un peu plus de convictions. Une fois de plus, aucun de ses coups ne m'atteignit. J'étais toujours bien fléchi sur mes jambes, parant du plat de mon bâton dès que je le pouvais, du "tranchant" quand je n'avais pas d'autres solutions. Les bras toujours pliés pour encaisser correctement, jamais tendus...

Au bout d'un bon quart d'heure, je dis à Bullu de cesser. Nous nous assîmes sur le sol.

-Alors, qu'as tu observé ?

La réponse de Bullu me confirma un point que j'avais observé depuis un moment chez cet homme : un grand problème d'ouverture à l'observation. Lorsqu'il était concentré sur un fait, il avait du mal à observer ce qui se passait autour de manière précise. Une tare qui peut coûter la vie d'un combattant lors d'une bataille de masse. J'allais devoir travailler ce point avec lui également. Il y allait avoir du boulot...

Je lui répondis, après avoir poussé un petit soupir de déception :

-Oui, en partie, mais tu oublies pas mal de choses... Si la parade consistait simplement à placer son arme en diagonale devant soi, ça ferait longtemps qu'il n'y aurait plus de mort sur les champs de batailles. Lève-toi.
Ce dernier ordre, dit sur un ton sec, surprit le technicien de surface, qui obtempéra néanmoins.

-Bon, maintenant, place ton bâton comme je l'ai fait tout à l'heure, le côté "tranchant" vers le sol, de façon à ce que je vois le plat en face de moi.

Bullu s'exécuta et prit la position qu'il fallait. Je m'approchais lentement de lui. Soudainement, je balançais mon bâton depuis le côté de mon corps jusque sur l'arme de Bullu. Celui-ci ne s'y attendait pas et fut ébranlé par le choc. Il me regarda avec un air d'incompréhension.

-Maintenant, place ton bâton de manière à ce que je vois le "tranchant" de face.

Une fois qu'il fut placé, je répétais la même opération. Bien que mon élève se fut préparé à l'assaut, il ne put s'empêcher de lâcher son arme.

-Voilà l'un des principes basiques de la parade : essayer de câler dès que possible avec le plat de ton arme. Bien sûr, quand tu n'as pas le choix, tu peux parer avec le tranchant au lieu de laisser ton adversaire te fendre en deux. Mais il y a risque que tu perdes ton arme. Ça va te paraître assez bizarre et peu naturel au début, mais ça devient très vite instinctif. après, comme tu t'en doutes sûrement, il y a des variantes : en inclinant plus au moins sa lame, on peut faire déraper l'arme de l'adversaire et ainsi gagner un temps précieux. Mais il s'agit de principe avancé, et on est là pour apprendre les bases. Bon ! Passons maintenant à l'application !

Nous nous mîmes tout deux face-à-face, Bullu en position de parade, moi tapi sur mes jambes, prêt à bondir. Je laissais monter la tension en restant quelques temps immobile puis je me jetais sur Bullu avec toute la fougue que je pouvais.

J'étais impatient de voir comment il allait s'en sortir maintenant que je m'y donnais à fond !