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Comment pourrir une fête en deux leçons

Journal de bord : 05 avril 1624
Enfin arrivé sur cette île de malheur ! Est-ce qu’un jour je finirais par m’habituer à ces voyages en bateaux ? Dieu seul le sait. Enfin Dieu j’en sais rien, mais moi en tout cas, je sais pas. Je pencherais quand même plutôt pour un « non » ferme et catégorique. Je m’habituerais jamais à ce mouvement de va et vient que fait mon estomac toutes les vingt secondes. Ca me semble même pas possible théoriquement. M’enfin, les autres humains le supportent très bien. Ca doit être parce que je suis un ange. L’océan, ça existe même pas là d’où je viens ! C’est donc une chaussure recouverte d’une petite tâche de vomi qui débarqua sur l’île de Kage Berg, une botte trouée et malodorante, mais propre, et une papatte de chat. Sören et moi, on avait décidé de venir ici parce qu’il y avait une grande fête avec des « vaches ». Il m’a promis que j’allais apprécier ces animaux, que c’était « trop classe ». Après tout, son chat me plaît bien alors je lui fais confiance.
A peine arrivé, on se fait entouré par une horde de gens qui nous montrent leurs dents ! Ha non, ils sourient ! Mais pourquoi ils nous agrippent comme ça ? Apparemment, c’est une coutume local, ou alors c’est juste pendant la fête de la vache, je saurais pas dire, même maintenant avec le recul. Au final, on se retrouve tous les deux avec des colliers très moche qui semblent faits en coquillages et en fleurs.

-Mais qu’est ce qu’ils veulent, ceux-là ! Barrez-vous !

Je fais tournoyer rapidement ma batte en l’air et les badauds se poussent. Je fais un signe à Sören pour qu’il profite de l’ouverture et on se faufile à travers la foule. C’est carrément la folie, y a de la musique à fond, des gens partout, des papiers qui traînent partout dans les rues, je sais plus trop où donner de la tête, j’essaye de garder Sören dans mon champ de vision mais la foule nous avale, nous entraîne, nous sépare et je sens un truc mou sous mon pied. Je me stop, regarde et voit un tas brunâtre avec des trucs fins et jaune dedans. J’ai franchement aucune idée de ce que c’est, j’essuie mon pied et repart. Avec ça, j’ai carrément perdu le petit chanteur et son félin ! Je sors de la rue principale et trouve un coin où la densité de population passe sous la barre des dix personnes au mètre carré.

Franchement, ces humains sont incroyables ! Je me suis fait tripoter les ailes sans arrêt au milieu de ces animaux ! Ils ne se doutent pas que les ailes, c’est sensible ? C’est personnel, c’est intime, ca se touche pas, quoi ! Soudain, un grand bruit me fait sursauter, batte à la main, prêt à faire taire cette plainte lugubre. Je tourne la tête et voit un gros truc blanc avec des tâches noires. Je m’approche et voit que ca bouge. C’est un animal ! Ca a une grosse tête avec deux cornes pointues, un énorme corps, quatre pattes, une petite queue ridicule et.... un gros sac rose en dessous. Alors que j’allais m’approcher pour la voir de plus près, la bestiole lève la tête et émet ce bruit terrible qui me fit froid dans le dos.

-MMMmmmooooooeeeuuuuhhhhhhhh !!!!!!
-Haaa !!!! Démonnnn !!!!!

Ni une ni deux, je me saisis de ma batte, serre les poings à m’en faire blanchir les phalanges et saute droit sur elle avec un cri sauvage ! Je vais pas laisser ce monstre se déchaîner ! Il y a trop de monde, les dégâts d’une telle créature déchaînée seraient effroyables ! Et le pire, c’est que personne n’a l’air de la remarquer ou de s’en préoccuper. Heureusement que je suis réactif ! Alors que j’allais lui exploser le crâne, je sentis un gros coup au niveau du ventre et me retrouvais le cul par terre, quelques mètres plus loin. Un mec immense se tenait entre moi et le monstre.

-Il est interdit de faire du mal à une vache sur cette île, hombre ! Surtout le jour de la fête ! Hé gringo, tu ferais mieux de décamper !

Une vache ? C’était ça, une vache ?? L’animal que Sören voulait me faire découvrir ? Hé ben, la Terre est vraiment remplie de créatures bizarres et terrifiantes. Je me relève, range ma batte et repart vers la rue principale, bien décidé à retrouver mon compagnon pour lui botter le cul.
    [Hrp : vu que ça me plait bien, pour ce post, je te fais test ma rédaction à la deuxième personne. Tu le devineras, le narrateur, c'est Morgan =)
    Concernant mon post, t'en fais pas, je garde bien à l'idée l'histoire du concours, des pirates, tout ça. mais bon, j'ai eu une idée que je trouvais rigolote entre temps. Après tout, Nami avait bien des mandariniers à bord x)]

    Ah ! Il y en avait, du monde, à cette fête de la vache ! A ne plus savoir où donner de la tête... Pas vrai, Sören ? En tous les cas, ce pauvre James a l'air complètement perdu. Il s'efforce de garder son air sévère et digne, légèrement agacé, malgré la couronne de fleurs qu'on lui enfile autour du cou. Tu le sais bien, c'est sa manière de dire « je me sens dépassé par les évènements ». Tu l'as bien compris, d'ailleurs. Mais tu n'as pas le temps de lui dire « ramène-toi » que, déjà, il se met à chasser le comité d'accueil en brandissant sa batte. Un véritable épouvantail au milieu d'un nid de corbeaux.
    Mais dans la débandade, tu te laisses bien vite entraîner. Moi-même, je suis contraint de m'enfoncer un peu plus dans ta capuche. Désolé, je crois que l'on vient de perdre notre ange de service... Espérons qu'il sera bien sage et qu'il ne fera pas de sottises ! … Mais mieux vaut ne pas trop espérer, dans le cas de James. Tu ne le sais déjà que trop bien.


    -James ?! Eh ! JAMES ! JAAAMES !

    Rien à faire, les meuglements des vaches, des badauds et des éleveurs en présence couvrent complètement ta voix pourtant forte de baryton entraîné. Ouai. Le début des emmerdes, Sören, mon ami. En l'emmenant ici, tu voulais l'initier un tant soit peu aux banalités terrestres... Histoire, pour commencer, qu'il comprenne d'où venait le fromage, le lait et la viande qu'il mangeait depuis déjà plus de trois mois. L'on raconte que Grand Line regorge de choses étranges et mystérieuses... Alors, si vous voulez vous y aventurer, mieux vaut au moins que ton camarade connaisse les bases ! Sans quoi la traversée risque fort de tourner au grand n'importe quoi.
    Mais tu savais déjà que l'ange avait tendance à réagir de manière agressive vis-à-vis de ce qu'il ne connaissait pas. Sans doute une peur de l'inconnu sous-jacente... C'est ce que je pense. Tu l'avais déjà vu agresser un écureuil (sous prétexte qu'il avait de grandes dents), une petite plante carnivore (sous prétexte qu'elle avait elle aussi de grandes dents), et même, une fois, un noisetier qui avait eu l'impudence de laisser tomber deux de ses fruits sur le sommet de son crâne... Alors, en ton absence, tu ne te faisais guère d'illusions en ce qui concernait sa première rencontre avec une vache.

    Enfin. L'agitation passée, la foule dispersée, tu cherches à rejoindre le centre des réjouissances. Mieux vaut ne pas trop s'écarter de James, qui doit être resté sur place. Mais tu as beau chercher, tu ne trouves aucune trace de lui... Si ce n'est un éleveur courroucé, qui raconte à qui veut l'entendre qu'un fou a essayé d'assassiner sa vache après avoir marché dans l'une de ses bouses. Ah. Un ange est passé. Mais tu as beau essayer d'en savoir plus, personne ne sait te répondre, et ton compagnon demeure introuvable. Bah ! Il finirait bien par revenir. Après tout, peut-être s'était-il prit un coup de corne bien cherché, et mérité.

    En attendant, tu profites de l'occasion pour renouer avec un univers que tu connaissais bien, étant enfant. Combien de fois n'avais-tu pas insisté pour accompagner Brom, l'unique personne à posséder un grand cheptel sur notre île, lors de la transhumance ? Et lors de la foire, qui avait lieu une fois tous les deux ans du côté du port ? Il y avait toujours de grands navires marchands, parfois venus de loin, qui venaient jeter l'ancre. Tu avais alors appris ce qu'il y a à savoir sur le commerce des vaches. Et, le soir, quand ton père te le permettait, tu restais là à écouter les histoires des étrangers de passage.
    Cette fête de la vache pouvait bien paraître stupide, pour bien du monde. Toi, elle te faisait rêver. Des mots te revenaient dans la tête et s'assemblaient ensemble, comme une curieuse broderie ternie par le temps. Que tout cela te semblait loin !

    Mais soudain, un peu à l'écart, un petit barbu attire ton attention. Très court sur pattes, t'arrivant à peine à la poitrine (ce qui n'est pas peu dire ! Pardonne-moi, Sören, mais tu n'as jamais été un géant !), l'éleveur sourit de toutes ses dents jaunies par le tabac à chiquer. Tout en mâchant et crachant, il répète inlassablement :


    -Vaches naines du grand North' ! Vaches naines du grand North ! V'nez admirer les vaches naines du grand North' !

    A ses côtés se tiennent en effet de bien curieuses créatures : il s'agit bien de vaches, mais minuscules, noiraudes, noyées dans un pelage trop long. A ne pas mentir, elles ne dépassent pas la taille de leur éleveur à l'encolure...

    -Vaches naines du grand... Eh, là ! Comme ça, qu'elle sont belles, eh ? Mon gars, toi, t'aimes l'aventure, hein ? Tch, tch, dis rien, t'es un voyageur, t'es un gars d'la mer, pour sûr ! Et t'sais le problème des gars d'la mer ? 'Manquent toujours de deux trucs ! Des citrons, et du lait ! Et ouai ! Des dents qui tombent : le scorbut ! Des os cassants : le rachitisme ! Ouai ! Mais t'sais, y'a une solution... L'intérêt d'ces vaches, c'est qu'elles voyagent bien, et qu'elles prennent pas d'place. Même que la Marine en prend toujours à bord pour les grandes expéditions ! 100 000 berrys, prix d'ami !
    -Les cornes ont pas forme de lyre, l'encolure est bien basse... 30 000, pour moi.

    Tu... es sérieux, là ? Tu vas vraiment lui acheter sa vache ? Par le grand Belzébuth, je vois à ton sourire et à ton regard qui pétille que tu as déjà pris ta décision. Il est vrai que tu possèdes un peu plus d'argent qu'à l'accoutumée, mais tout de même... Après, la perspective d'avoir une source de lait à bord... Mais n'empêche que, tu as pensé au fourrage ? … il est vrai que tu sais faire d'excellents fromages frais... Enfin, fais ce que tu veux !

    -Ah, comme vous êtes dur ! 50 000, je descendrais pas en-dessous ! Une bête qui, à elle seule, vous donne autant de lait qu'une vache de taille standard ! Pour sûr, vous me volez ! M'enfin, marché conclu !

    Une poignée de main, des billets qui circulent, et te revoilà parti avec le fruit de ton marché. Persuadé d'avoir fait un choix judicieux, et une excellente affaire, tu as bientôt le plaisir de reconnaître une paire d'ailes familière au milieu d'un groupe de nouveaux arrivants.

    -James ! Eh là ! Viens donc voir c'que j'ai trouvé pour nous !
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    [HRP: J'avais jamais vu de Rp à la deuxième personne. C'est surprenant, mais après tout, ça le fait. ^^
    Pour la vache, il va falloir la mériter parce que James est partit dans un gros gros trip parano XD]

    Il ne fallait surtout pas que je relâche mon attention une seule seconde. Accroupis sous une table, la batte à la main, je me tenais prêt à défendre chèrement ma peau. Les autochtones pullulaient autour de moi et je voyais difficilement comment je pourrais parvenir à me sortir de ce traquenard. Comment j’en étais arrivé là ? C’est simple, le plan de ces salauds est bien ficelé et assez impitoyable. Ils font courir le bruit qu’une grande fête de la vache a lieu sur une île. Les gens viennent, sont accueillis chaleureusement à grand coup de colliers de fleurs et de fanfares. Ha ! Laissez-moi rire ! J’ai bien compris leur petit manège, c’est juste pour détourner notre vigilance. Et là, PAF ! Au moment où on commence à s’amuser, à profiter de la musique, on se retrouve encerclez par des démons terrifiants, supportés par cette secte d’adorateurs fous ! Sören est peut-être déjà en train de se faire sacrifier sur un autel de la place publique ! Oh mon dieu, c’est affreux ! Et le chat ? Dévoré ! Bien évidemment ! Ces bêtes féroces ne font pas de distinction !

    °°Il ne faut pas qu’ils voient que j’ai percé leur plan à jour ! Ils ne m’auront pas si facilement !°°

    N’écoutant que mon courage, je sortis de ma cachette, sauta sur les table et me tint prêt à affronter mon destin. Un ange, même pris au piège sur une île hostile ne se mettrait jamais à genoux devant des humains ! Je brandis bien haut ma batte, avec la ferme intention de fracasser le crâne du premier qui passerait à ma portée. Bizarrement, personne ne semblait remarquer ce retournement de situation. Surement une dernière tentative pour me faire croire que tout allait bien. Un nouveau groupe de visiteurs venait de débarquer. Je devais les prévenir de ce qui se tramait ici. Enfin...s’ils me laissaient le temps.

    -James ! Eh là ! Viens donc voir c'que j'ai trouvé pour nous !

    Hein ? Mais... c’est la voix de... Sören ! Je me retournai d’un coup avant de me précipiter vers lui. Il était là, bien vivant, avec son petit animal calé sur son épaule, comme à son habitude. Pas de blessure apparente, pas de lueur maléfique dans les yeux, c’était lui. Je l’attrapai par les épaules pour le fixer.

    -Sören ! Tu es vivant ! J’ai cru que ces salauds t’avaient eu. Est-ce que.... Oh putain ! Derrière toi !

    Je venais juste de remarquer qu’un tout petit monstre se tenait derrière lui, calme sage, comme s’il attendait de passer à l’action avec toute la confiance que confère un très grand pouvoir. Là, je dois l’avouer, j’ai eu peur. Les plumes de mes ailes s’agitaient et frémissaient comme jamais. D’une main tremblante, je saisis le manche de ma batte et fit un signe de tête discret à mon compagnon pour qu’il se décale. Celui-là était de petite taille, j’avais peut-être une chance. Mais nuls doutes que si je le ratais, je ne verrais pas le jour se lever demain.

    - Décale-toi, sans faire de mouvements brusques... Je vais essayer de l’assommer et on quittera cette île maudite !

    Soudain, un bruit épouvantable retentit derrière moi. Je ne pus m’empêcher de sursauter comme un diable hors de sa boîte. C’est une expression humaine que j’ai jamais compris mais qui traduit bien ce qui m’est arrivé. Faisant volte-face, je vis que tout le monde s’était rassemblé dans l’allée principale de la ville et que des flammes jaillissaient de part et d’autres de la rue dans une vision infernale. Ils allaient probablement commencer les sacrifices ! Il fallait fuir.

    -MESDAMES ET MESSIEURS, LE GRAND CONCOURS MENSUEL DE LA PLUS BELLES VACHE DE WEST BLUE VA DEBUTER. MERCI DE REJOINDRE LA GRANDE PLACE PUBLIQUE POUR PARTICIPER OU SIMPLEMENT JUGER !

    Je le sentais mal. C’était un piège, tellement gros, tellement évident que tous les badauds s’y précipitaient sans la moindre méfiance. Il fallait au moins que je protège Sören !

    -Sören ! Il faut pas y aller, on va se faire tailler en pièces !
      Il y a de bien mauvaises langues qui prétendent que notre race, à nous les chats, est facilement impressionnable et lâche. Il n'empêche que, moi, jamais la vue d'une vache ne m'a fait trembler ! Pas même le jour où la grosse Aubrac du père Brom avait failli m'écraser sous son sabot, alors que je dormais... Mais visiblement, les anges forment une catégorie bien curieuse... A moins qu'il ne s'agisse que de celui-ci en particulier.
      Mais peu importe. Ce qui compte, c'est que tu te retrouves avec un James qui lance des regards hystériques en direction de ta paisible « vache naine du grand North », qui s'occupe de son côté à brouter patiemment le décor d'un étal. Des fleurs en papier. A en voir son regard humide, elle a l'air d'y prendre un plaisir immense.
      Mais toi, tu dois gérer la panique de ton copain, qui paraît bien décidé à nous refaire le coup le Justin Bierbière, version vache. Il brandit sa massue comme un fou, déblatère des absurdités, bref, le choc de la rencontre espèce bovine / espèce angélique a été trop fort, et il a visiblement pété son câble en règle.
      Comme il te saisis par les épaules, tu te contente de lui sourire. Ouai, ton remède préféré contre les grosses paniques. Tu le dis bien, dans une chanson... Comme ça...

      « Un soleil dans les yeux,
      Au cœur te met du baume,
      Tu le sais y'a rien d'mieux,
      Pour chasser les fantômes ».

      Et puis, tu poses à ton tour une main conciliante sur le bras de l'ange, et tu le fais lâcher prise en douceur.


      -James ! T'es un guerrier, ou pas ? J'sais bien qu'doit pas y'avoir grand chose qui r'ssemble à une vache, là-haut... Mais quand même ! T'en as déjà mangé, t'as déjà bu du lait, alors c'est pas l'fait d'voir la bête sur pieds qui va t'tuer... D'autant qu'cette fête, l'est connue jusque sur mon île, un tout petit bout d'terre sur North Blue ! Et y'a jamais eu, d'mémoire d'homme, d'vrai problème... Enfin, en tous les cas, pas à cause des bêtes.
      Eh... Comment on va faire pour aller sur Grand Line, si t'as peur d'une p'tite vachette de rien du tout ? Hein ? Tu sais c'qu'on dit sur les pirates de la Route ?

      « Des forbans sans pitié,
      Qui hurlent et chantent encore,
      Lorsque leur dur métier
      Leur a fait voir la mort. »


      Tu termines ton sermon, et tu attrapes le gaillard dans le dos par les ailes, pour l'inciter à aller de l'avant... Vers l'estrade qu'il semble tant redouter ! Intérieurement, je sens qu'un grand rire t'agite. Ah, Sören ! Au fond, sensible comme tu es, je me doute bien que tu as trouvé une satisfaction à voir ton ami s'inquiéter pour toi. Il t'en faut si peu, parfois, pour te mettre un peu de lumière au cœur ! Parole de félin, si tous les hommes étaient du même bois que toi, la joie serait un fait du quotidien.

      -Eh, tu sais, James ? Tu d'vrais lui donner un nom, à notre petite vache, là... 'Puis, ça f'rait du lien entre elle et toi, hein ?

      Mais bientôt, la voix amplifiée reprend la parole.

      -TRES BIEN ! LES CANDIDATS NOMINES PEUVENT MAINTENANT VENIR ME REJOINDRE SUR L'ESTRADE ! VEUILLEZ ACCUEILLIR... LES VACHES DU MOIS !!

      Sous un tonnerre d'applaudissements et de hourras, les bêtes sélectionnées sont montées sur scène. Ça n'a pas l'air de plaire à James, qui tend à tourner au rouge foncé... Impressionnant, l'émoi que peuvent lui causer de nouvelles découvertes. A moins qu'il y ait aussi une autre raison, comme par exemple... Hem... La foule ? Pourquoi pas, après tout. Il faut dire que, là-bas, derrière l'estrade, une drôle de cohue a l'air de se former. Il me semble même avoir aperçu un ou deux individus louches... Ou disons, ayant davantage l'allure de loups de mer pas franchement faits pour la pêche que de paysans. Mais l'un dans l'autre, n'importe qui peut nourrir une passion pour les vaches... et venir à Kage Berg dans ce seul but.
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      Sören n’avait pas l’air de s’inquiéter du monstre derrière lui. Soit il était doté d’un courage exceptionnel, soit il savait que c’était sans danger. Afin de préserver un minimum de ma fierté, je fis un pas en direction du petit truc noir et blanc. Je me plaçai devant et le fixai dans les yeux pendant une longue minute. Je le jaugeais et je savais qu’il en faisait autant. Je lui mis une calotte sur la tête. Il ne réagit pas et se contenta de pousser un hurlement plaintif. Mais il ne riposta pas. J’avais gagné le combat psychologique. J’en fis le tour et vit qu’il n’avait pas d’ailes repliées sous son ventre, pas de griffes, pas de pointes au bout de la queue.... Bref, à part les cornes et le cri, il ne s’agissait pas d’un démon. Je me retournai vers le barde et lui fit un clin d’œil.

      -Ouais, t’as raison, c’est pas un démon. Mais tout le monde peut se tromper. Dans les légendes de mon peuple, ils ont exactement le même cri que cette vache. Faut savoir que les anges n’ont peur que d’une chose, les démons et les éclairs.

      Mais au fond de moi, je n’étais pas rassuré, je sentais des mauvaises vibrations qui venaient de l’estrade. Et après réflexion, c’est vrai que les animaux n’y étaient pour rien. Mais mon instinct me trahissait rarement. Sören se mit à me pousser en avant, tripotant une fois de plus mes ailes. Je me dégageai d’un mouvement rapide et me mit à avancer de moi-même, faisant face à mon appréhension. Apparemment, la petite vache nous suivait partout. Mon compagnon semblait l’avoir acheté. Avec nos sous!! Il avait vraiment des idées bizarres des fois. Il me demanda alors de lui trouver un nom. Qu’est ce qu’en j’en savais moi ? Déjà que je n’étais pas très habitué aux noms humains, j’étais à cent lieus de savoir quel nom donner à ce genre de bestiole. Je regardais au fond de ses yeux humides et sans expressions.

      -Kurokumo ! Ça reflète son aspect et ce qu’elle m’inspire à la fois. Ça te va ?

      Je n’eus pas le temps d’entendre la réponse car un une voix tonitruante me vrilla les tympans pour annoncer que le concours allait commencer et qu’il fallait donc s’approcher pour avoir une chance de voir quelque chose. La foule se mit en branle et je dus me préparer pour ne pas être à nouveau emporté comme un simple bout de bois sur les flots d’une rivière déchainée. Qu’est ce qu’il y avait de si intéressant à voir ? Des vaches, il y en avait partout depuis le début de la journée, les voir sur une estrade ne changerait pas grand-chose ! La voix résonna à nouveau mais capta cette fois-ci mon attention.

      -TOUT LE MONDE PEUT PARTICIPER ! JE VOUS RAPPELLE QUE LE PREMIER PRIX EST DE 1 MILLION DE BERRYS !

      Mon cerveau passa en stand-by. Je me retournais vers Sören, puis vers Kurokumo. Un million de Berry ?! C’était énorme ! Elle était pas si moche que ça finalement cette petite vache !

      -Sören, chope la bestiole, on va gagner un million de Berrys ! Faut vite qu’on monte sur l’estrade.

      Je me mis à foncer droit devant moi en virant comme je pouvais tous ceux qui se trouvaient entre moi et l’estrade. J’ignorais si Sören parvenais à me suivre, mais le chemin que je lui traçais était facilement repérable. Il suffisait de sauter par-dessus les mecs au sol. Du coin de l’œil, je vis trois mecs qui me fixaient depuis derrière l’estrade. Ils n’avaient pas l’air d’apprécier mon petit remue-ménage et tentaient de se faire le plus discret possible. Comportement assez étrange pour une fête. Sans les oublier, je repris mon avancée jusqu’à atteindre les marches. Un peu essoufflé, je fis signe à l’organisateur.

      -On a une concurrente !


      [HRP]Kurokumo=nuage noir[/HRP]


      Dernière édition par James Fermal le Jeu 31 Mai 2012 - 12:29, édité 1 fois
        La pauvre petite vache naine fait pâle figure... Coincée entre une immense Montbéliarde tachetée et une Angus nordique au long pelage luisant au soleil, elle a l'air intimidée. De quoi avoir de la peine pour elle...
        Tant bien que mal, tu te frayes un chemin à-travers la foule en mettant à profit ta courte stature et ton agilité féline. Mais tu n'as pas pu éviter le colosse qui s'est brutalement dressé face à toi, sans avoir l'air de se rendre compte que tu venais de le percuter de plein fouet.


        -FSSFFFFSSSHHH !!

        Cette agitation ! Je déteste ça, je n'ai pas pu me retenir. Ceci dit, lorsque l'homme-montagne se retourne vers toi avec un regard mauvais, je me mets à regretter.

        -C'est quoi l'problè... ? Hein ? Dis l... ! C'est quoi l'pro... EH ! TU REPONDS, PAR TOUS LES CANONS D'L'ORO JACKSON !

        Comment pourrais-tu répondre ? Il ne prend pas même le temps de terminer ses propres phrases, et se coupe la parole sans discontinuer !

        -La ferme, Wurst.

        [i]Tu te retrouves face aux types que j'observais du coin de l'œil depuis tout à l'heure. Cette fois-ci, je suis bien sûr de moi : ils ne sont pas plus éleveurs que je suis une brebis céleste. Le colosse donne soudain l'effet d'avoir reçu un seau d'eau glacé en plein visage. Respectueux, il se baisse, et d'une toute petite voix plaintive, s'excuse platement.


        -Oui, patr... Pardon... J'suis dés... enfin, j'm'excuse.
        -Veuillez excuser mon ami, il a été victime du piétinement de son troupeau il y a peu, et ça l'a rendu complètement fou. Mais il va mieux, il se soigne. Si vous voulez monter sur l'estrade, allez-y... Vous avez une concurrente ?

        Tu as flairé le mensonge, mais tu fais mine d'y croire. Peut-être apprendras tu quelque chose d'intéressant.

        -Ouai, 'vec le blond, là-bas, on vient d'North Blue, île du Loupiac. On a la p'tite Angus. Et vous ?

        Un mensonge éhonté, mais que tu n'as aucun mal à faire avaler aux imposteurs. Tu es satisfait de voir qu'ils ne regardent pas la bonne vache, n'ayant probablement aucune idée de ce qu'est une Angus.

        -Nous, on tente le coup avec la toute petite, entre les deux grosses, là... On pense jouer sur la surprise. Au pire, on reviendra le mois prochain, notre vache de concours avait la grippe.

        De mieux en mieux : il vient de désigner Kurokumo (quel nom compliqué... sur ton île, les vaches s'appellent plus souvent Marguerite, il faut le dire) comme étant sa concurrente ! Et une vache ayant la grippe, ce n'est tout de même pas le plus courant. La maladie la plus fréquente chez elles consiste en une infection des mamelles.

        -Vrai ? C'pas si courant. J'en ai une qu'a eu la mammite y'a deux mois. Sale besogne, elle a failli y rester, et elle y a laissé deux trayons !
        -Oh ! Vraiment ? …

        Comme tu vois que l'homme s'enlise dans un silence bredouillant et embarrassé, tu lui serres aimablement la main, et tu rejoins James sur l'estrade.

        -J'crois qu'on a des phénomènes qu'on rien à faire à une fête de la vache. J'crois qu'notre petite a guère de chances d'nous faire gagner quoi qu'ce soit, mais ça m'étonnerait qu'tout s'passe de manière régulière.

        Tu désignes les trois faux éleveurs qui te sourient bêtement, mais James avait l'air de déjà les observer. A croire que les anges ont un instinct, finalement... Même s'il n'est pas toujours bien dirigé.
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        Notre petite vache faisait un peu pitié au milieu de tous ces monstres. Enfin c’était mon avis en tout cas. Après, qui pourrait savoir quelles étaient les critères de sélection des humains ? De toute façon, elles étaient toutes moches. Je regardais nos concurrentes. Il y en avait une quinzaine, mais elles étaient toutes pareilles ; il y avait simplement différentes couleurs, différentes tâches, mais à part ça... Une tête, des cornes, un sac rose en dessous et trois pattes. Trois pattes ? Ha non, les autres en avaient quatre. Bizarre, la grosse noire n’en avait que trois. En voyant le visage de son propriétaire, j’en ai déduit que ce n’était pas normal. Le mec avait l’air de mourir de honte et se cachait derrière son animal. Sören mettait du temps à me rejoindre. Je le cherchais dans la foule, mais ne le trouvais pas. Je finis par l’apercevoir en grande discussion avec un grand gaillard et un petit nabot. En quelques secondes je les reconnus. Ils faisaient parti des trois connards que j’avais observés derrière l’estrade. Ils étaient décidément pas clairs et je sentais bien qu’ils dégageaient une certaine animosité envers le barde. Je me saisis de ma batte, au cas où ils décidaient de s’en prendre à mon petit humain. Mais j’ai pas eu besoin d’intervenir, Sören finit par me rejoindre après avoir échangé quelques mots. En voyant les poils hérissés de Morgan, je compris que je n’étais pas le seul à ressentir ces mauvaises vibrations.

        Lorsqu’il me rejoint, Sören me fit par de ses observations et les trouvait louche également. Pas de doutes à présent. Il fallait les surveiller sans trop en faire non plus. Mais on avait un plus gros problème à résoudre. Notre vache était ridicule !! Je me penchai vers mon troubadour et lui glissai à l’oreille.

        -Bouges pas, je vais chercher de la peinture et on va repeindre Kurokumo en trop, trop, trop belle. Tu vas voir, elle va gagner ! Fais diversion !

        Ben oui, si c’était au niveau de la couleur ou des tâches que ca se jouait, je pouvais la rendre magnifique notre petite vachette. Je l’imaginais déjà en turquoise avec des motifs blancs. Peut-être un peu de jaune pour varier et elle serait superbe. Mais je n’eus pas le temps de faire un pas que le sol se mit à trembler. Une violente explosion sous l’estrade envoya valser trois des vaches qui se trouvaient dessus. Trop cool ! Trois concurrentes de moins ! Des cris s’élevèrent du public. Des morceaux de bois avaient atterris dans le public, en empalant quelques spectateurs pendant que le feu se propageait sur les vêtements d’autres. Je vis un mec en feu courir et se faire plaquer au sol par les mecs de la sécurité pour tenter de l’éteindre. En gros, c’était le bordel total. Je me mis entre Sören et Kurokumo. On savait déjà qui attendre. Et ça ne loupa pas ! Les trois gros abrutis qu’on avait repérés montèrent sur la scène et se précipitèrent vers le juge.

        -Sören ! Bouge, ils vont piquer le pognon !

        Je me ruai vers eux et dégaina ma batte. Dans le mouvement, je donnai un violent coup à une vache qui se trouvait sur mon chemin. Mais non, mais non, ce n’était pas fait exprès. Bon ok, je voulais profiter de la panique pour virer quelques unes de nos concurrentes. Mais il ne fallait pas que ça se voit. J’attrapai une balle à ma cartouchière et fit un shoot digne de moi ! La balle fusa comme une... euh... ben comme une balle ! Le plus gros la reçut en pleine gueule et recula de quelques pas en titubant. Il se tourna alors vers moi en grognant. Sören allait surement devoir se charger des deux autres. Un petit teigneux et un grand maigrichon. Il devrait pouvoir s’en sortir. Depuis que je l’avais vu se démerder comme un chef contre les sbires de Nathalia Sirquizz, je savais qu’il pouvait gérer plusieurs adversaires en même temps. Je courus vers le gros et nous nous percutâmes violemment. Je finis sur le cul, légèrement sonné. Il était lourd ce con ! Face à ça, une solution simple.

        -VADE RETRO !!!

        Cette technique était très efficace face à un gros débile comme lui. Je pris ma batte à bout de bras la tenant fermement devant moi et me mit à tourner comme une toupie. HAHAHA ! Alors tu fais quoi maintenant ? Il avait deux choix : soit reculer, soit se manger une série de coup dans la gueule jusqu’à ce qu’il finisse K.O. A force de tourner, je ne savais plus vraiment où j’étais et sentis régulièrement un choc violent se répercuter jusque dans mes bras. Par contre, j’ignorais ce que j’avais tapé. Après quelques temps, je fis une chute terrible. J’avais la tête qui tournait et j’étais en bas de la scène. Surement une puissante magie à l’œuvre ! J’en déduisis qu’il avait mangé un fruit du démon qui téléportait les gens ! C’était horrible !

        Je remontais sur l’estrade en luttant contre une petite envie de dégueuler et vit mon ennemi qui était toujours debout. Par contre, plusieurs vaches étaient au sol où avaient une corne pétée, une plaie ouverte ou des trucs comme ça. Le gros pirate m’attrapa par le col de ma chemise et me souleva au dessus du sol. Je vis qu’il avait un œil au beurre noir et avait du mal à maintenir ses paupières ouvertes. Je me disais aussi, c’était pas possible que ça ait pas marché. Je ne ratais jamais mes coups après tout ! Je lui crachai à la gueule et lui cria tout près de l’oreille.

        -T’AS PEUT-ÊTRE BOUFFE UN FRUIT MAGIQUE MAIS C’EST PAS CA QUI VA M’EMPECHER DE T'ÉCLATER LA GUEULE !!!

        Le mec me lâcha et se tint l’oreille en maugréant. Héhé, ouais, j’ai une grande gueule quand je veux ! Je voulus me relever mais cet enfoiré m’envoya un violent chassé dans la poitrine qui me coupa la souffle et m’envoya voler à plusieurs mètres. J’atterris sur le dos d’une grosse vache parfaitement blanche. Il me hurla qu’il avait rien bouffé du tout et que j’étais un clown mal plumé qui se prenait pour un guerrier. Alors là, je vis rouge....


        Dernière édition par James Fermal le Mar 5 Juin 2012 - 21:15, édité 1 fois
          Miawahah, il y tient à sa victoire, le James ! Il n'y avait pas cinq minutes, il s'était précipité sur la pauvre Kurokumo en pensant que c'était un démon, et maintenant... maintenant qu'elle prenait figure de poule aux œufs d'or, il fallait voir. La peindre pour la rendre plus belle ? La mettre à côté de la concurrente la plus moche ? Tout avait l'air d'être bon pour lui faire gagner des points. Toi, comme tu sais par avance que le sort en était jeté pour la petite naine du Grand North, tu te contentes de sourire avec complaisance. Si l'idée de voir ton ami massacrer des bovins à la pelle en pensant bien faire t'ennuyait (et pas qu'un peu), l'idée de le voir maquiller une vache à grands renforts de coups de pinceau t'amuse follement. Ah, ce James, hein ! C'est que moi aussi, je commence à comprendre ce que tu lui trouves. Il est ton opposé, le grain de folie qui te manquait. Et puis, avec lui, tu as ton passeport pour Grand Line, la grande aventure, la fin des spectacles de misère et des petites excursions !

          Tu te prends à rêver, lorsque ça arrive. L'explosion, le feu, le boxon, les gens qui hurlent. Reste concentré, Sören, les affreux du jour sont dans la place. L'ange a été plus rapide que toi. Un brin sournois comme à son habitude, il assomme quelques concurrentes avant de se jeter sur les responsables un peu plus que présumés. Bien évidemment, il choisit le plus gros, celui qui n'arrête pas de se couper la parole, et te laisse les autres. Tu allais t'en occuper de bonne grâce, lorsque...


          -MeuUUeeeUUhheuah !!

          Meuheuha ? Ça, ça pouvait pas être un cri de guerre de James. Moment d'horreur. Tu vois les trois concurrentes que tu tenais pour déjà gagnantes te foncer dessus. La détonation les a tout simplement rendues folles. Les yeux exorbités, la langue pendante de droite et de gauche, l'écume aux lèvres, elles écrasent et détruisent tout ce qui se dresse devant elles. Une Aubrac, une Charolaise (saloperie, hérésie, à tes yeux, à se demander ce qu'on leur trouve), et une grosse Montbéliarde.
          Tu recules, et tu te mets à courir. Le seul parti à prendre ! Mais il semblerait que les vaches soient plus rapides, d'autant que l'estrade, à moitié écroulée, est semée d'embûches. Débris de bois, barbes à papa écrasées, bouses de vaches. Je manque d'en tomber de ta capuche, tant tu dois faire d'écarts et de sauts de côté ! Par deux fois, tu manques de t'étaler sur un obstacle bien placé.
          Finalement, tu quittes l'estrade par le côté effondré. Les vaches suivent, en écrasant deux éleveurs imprudents au passage. Les malheureux !
          Pas le temps de s'appesantir. Tu cours, cours et cours toujours, pendant que James livre son combat. Tu gagnes du terrain, lorsque, ô stupeur ! Tu aperçoive un autre groupe de vaches affolées qui viennent en sens contraire. Pris entre deux feux, tu n'as plus d'autre choix que de faire face.

          Comme un chat acculé, tu te baisses sur tes appuis. Les yeux vifs, tu te tournes d'un côté, puis de l'autre, en montrant les dents. Mais tu n'impressionnes personne. L'instinct...
          Et puis, finalement, tu as une inspiration qui nous sauve la vie. Une impulsion. Tu cours droit sur l'Aubrac, et, d'un bond, tu esquives ses cornes, en attrape une. Ton corps se balance le long de son flanc, et d'un mouvement brusque, tu te hisses sur l'animal en furie.


          -Là, ma grande, là... là...

          Un plan germe dans ton esprit. Tu t'efforces de calmer la bête, à grands coups de caresses et de flatteries. Ton intrusion l'a encore plus perturbée, mais elle semble ne pas rester insensible à tes charmes. Il est vrai que tu t'y entends. Miawaha.
          Finalement, la bête se stabilise un peu, mais ne cesse pas de courir. C'est le moment. Tu l'attrapes par les cornes, et lui tournes la tête brusquement. L'effort te fait serrer les dents, tous tes muscles se bandent. La vache vire de bord, et reprend sa course folle vers l'estrade. Tu comptes bien rattraper le temps perdu, et venir prêter main-forte à ton compagnon.

          Mais c'est sans compter la horde de curieuses petites vaches qui s'étaient agglutinées autour de l'estrade. Bizarres, tordues, tachetées, elles ne paraissent pas affolées du tout. Tranquilles, elle s'approchent, puis reculent, avec l'air de mijoter un mauvais coup.
          Tu règles minutieusement la trajectoire de ta monture sur le lieu du combat, où James se débat tout seul contre trois, puis tu sautes et roule sur le pavé. Quelques secondes plus tard, c'est l'impact ! Du bois vol, des jurons partent, ça meugle et ça crie dans tous les sens. Tu as eu le petit, celui auquel tu n'avais pas parlé... la malheureuse laitière, assommée, s'est effondrée sur lui de tout son poids.

          Mais tu as d'autres chats à... enfin, non, et heureusement. Disons que tu as des affaires en cours de ton côté. Les drôles de petites vaches, tu le vois bien maintenant, sont en fait des hommes déguisés. Cachés sous des peaux de veau, ils sont passés inaperçus dans la foule bovine de la foire. Ce devait être eux qui ont placé les explosifs, et à présent... Pendant que les trois costauds font diversion...


          -Style du Lèche-Bottes : Bataille de Raisins !

          Sans le moindre dégoût, tu ramasses deux belles bouses de vache qui te coulent entre les doigts, et te précipites au milieu des artificiers déguisés. Et puis, c'est l'entartrage en règle. Bientôt, tous se retrouvent aveuglés et honteux, une boue herbeuse étalée sur les yeux. Pas de violences inutiles. Tu défroques prestement les brigands de carnaval, assomme les plus récalcitrants, et, avec l'aide de quelques éleveurs qui n'ont rien perdu de la scène, tu les attaches ensembles avec de la grosse corde de licou. Au moins, la bataille ne se livrera plus que sur un seul front. C'est ce que tu te dis.

          Mais au milieu de la foule et des vaches toujours en débandade, une cohorte d'hommes en blanc et bleu se détache. La marine est elle aussi passée à l'action. Non sans efficacité, il faut le dire. Ils s'occupent de maîtriser les bêtes, façon rodéo, et de mettre les blessés à l'abri. Il est vrai que la tâche est grande, et peut-être même bien plus vitale que celle consistant à sauver l'argent du concours.

          Tu allais leur prêter main forte, lorsque une seconde détonation, plus lointaine, retentit. Les visages se figent. Même les vaches arrêtent leur course un instant, avant de meugler de plus belle.


          -Le... barrage ! Ils ont fait sauter l'barrage du fleuve ! C'peut être qu'ça, cette direction... Les salauds !!

          Le « fleuve » n'est en fait qu'une grosse rivière coulant au nord du village de Kage Berg. Le barrage visait sans doute à éviter les inondations, fréquentes dans la région. Un bruit d'eau... Sören, si tu savais ô combien j'en ai horreur !

          Quelques minutes plus tard, les vaches en ont jusqu'à l'encolure. Poussées par le courant, elles nagent et pataugent comme elles le peuvent, les yeux remplis de terreur pure. Toi, tu t'efforces de grimper sur l'estrade qui résiste encore.


          -Jaames ! Laisse tomber les rigolos, j'sais pas qui bosse pour qui et pour quoi, mais y'a une autre équipe sur l'affaire ! 'Sont déguisés en veaux et y font péter des trucs, on s'est gourrés d'cibles, comme des bleus !
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          Sören était en train de faire du rodéo en criant comme un dératé pendant que je m’occupais de corriger le grand gaillard qui avait osé dire que j’étais mal plumé. Moi ! Moi au moins j’avais des ailes et des plumes, j’étais de la race supérieure ! Hors de question qu’un simple humain porte atteinte à mon honneur ! Sans réfléchir, j’attrapai une balle et la frappa de toutes mes forces en direction des bijoux de famille de cet enfoiré ! La balle buta les boules du belliqueux bellâtre qui balbutia en bêlant des balivernes. Il tomba à genoux dans un cri si aigu qu’il était à peine audible, plié en deux, les mains sur son entrejambes. Un coup de genoux dans le nez l’aida à se redresser et ma batte eue vite fait de lui atterrir en travers du visage.

          -HOME-RUN CONTEST !!!

          Dans un craquement franchement génial, la tête se détacha et partit rouler jusque dans les coulisses de la scène. Là au moins, il n’allait plus me les briser ! Les deux autres suivirent la tête de leur plus fort acolyte des yeux et se mirent à courir en hurlant, les bras tendus en l’air et les yeux exorbités. Leurs jambes allaient plus vite que le reste de leur corps, si bien qu’ils finirent rapidement par tomber tous les deux au sol, la tête la première. Je me suis bien marré en les regardant essayer de s’enfuir en tournant en rond.

          Soudain, une vache fonça droit sur l'estrade et percuta de plein fouet le plus grand des deux trouble-fêtes. Au vu du petit "Yiiiiihaaa!" qui se fit entendre, je compris que c'était Sören qui venait de terminer son rodéo en beauté. Force m'est d'admettre que je n'aurais pas fait mieux. Il n'en restait plus qu'un! Le plus petit, le plus faible, le plus lâche, le plus moche et le plus mal coiffé en plus!

          J’allais m’occuper de son cas quand une détonation se fit entendre quelque part au loin. Ba là, ça pouvait pas être de leur faute, ils étaient devant moi, ou plutôt ce qu'il en restait. Quelque chose clochait. Boarf, commençons par lui éclater la tête, on fera les comptes plus tard. Alors que j’élevais ma batte tout tâchée au dessus de la tête de cette pauvre larve tremblante et sanglotante, une goutte de morve coulant sur sa lèvre tandis qu’une tâche jaune grandissait sur son pantalon blanc, Sören m’interpella.

          -James ! Laisse tomber les rigolos, j'sais pas qui bosse pour qui et pour quoi, mais y'a une autre équipe sur l'affaire ! 'Sont déguisés en veaux et y font péter des trucs, on s'est gourés d'cibles, comme des bleus !

          J’interrompis mon geste en pleine course. Les deux truands de pacotilles s’évanouirent en bavant, secoué de quelques spasmes causés par le stress. Ridicules... Bon, je m’étais trompé apparemment. C’était qui qu’il fallait taper alors ? Je regardais dans la foule, mais entre les vaches et les civils qui couraient dans tous les sens c’était pas évident de s’y retrouver. Et pour ne pas arranger les choses, une vague vint submerger la place. L’eau se mit à monter et on entendit beaucoup moins de cris.

          -La vache ! Ca fait du bien un peu de calme.

          En vérité, les gens étaient encore plus paniqués mais ils ne pouvaient plus trop crier, sinon ils auraient bu de l’eau dans laquelle flottaient des centaines de bouses de vaches. Du coup, ils se taisaient. Moi par contre, je dois bien admettre que je la ramenais pas trop. Ba je sais pas nager moi ! Y a pas d’eau là d’où je viens ! Je restais donc bien au sec sur la scène à essayer de repérer ces fameux pirates déguisés en vaches. C’était pas évident ! A ma droite, je voyais des vaches, elles avaient des cornes, des poils tout trempés noirs et blancs et elles beuglaient en se débattant dans la flotte. A ma gauche un groupe de vaches avec deux sortes de balais qui dépassaient d’une sphère noire avec deux yeux globuleux semblable à des balles de golf. Celles-ci étaient posées sur une sorte de tapis marron d’un aspect semblable à un paillasson. Le mimétisme était parfait.

          -Sören ! C’est lesquels ? Leurs costumes sont trop parfaits, je les vois pas !

          Il n’y avait qu’un seul moyen de s’en sortir, il fallait tous les exploser ! Mouahaha ! Je pris tout mon stock de balle et les frappèrent une par une. Chaque balle visait une vache différente, comme ça je serais fixé. J’allais les repéré en fonction des réactions aux chocs.

          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Aïe !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Meuh !
          - Bing ! Aïe !
          .....

          Après avoir répertorié le nombre de « Aïe » et leurs provenances, mon plan génial avait marché ! J’étais capable de distinguer les vaches des arnaqueurs. Ils étaient huit ! Un là, un là, un là, un là, un là et... ha merde, ils ont bougés ! Boarf je sais plus, on attaque et on verra bien !
            James s'était lancé dans une croisade sans merci contre la totalité des vaches présentes, Kurokumo seule échappant à ses coups de batte assassins.
            Toi, tu n'as pas la force de l'arrêter. Après, tout, c'est toi qui a eu le malheur de lui dire que les truands du jour avaient des déguisements...
            Enfin, au moins, il faut reconnaître que son action n'est pas sans efficacité. Au bout de quelques minutes, il brandit à bout de bras, deux poseurs de bombe comateux, le visage criblé de traces de balles lancées à pleine vitesse...

            De ton côté, tu décides de changer de stratégie. Ils peuvent être encore nombreux, et multiplier les diversions, de manière à diviser les opposants. Mais leur but restera le même : le prix de la compétition ! Prix qui est resté dans la poche de l'organisateur, sur l'estr...

            Miaw ? Mais où diable est-il passé ? … Oh, Sören ! Mais il est juste là, de l'autre côté ! Avec l'éleveur de vaches naines du grand North, qui ont l'air de constituer de formidables nageuses, il se fait la malle, en comptant son or !
            Sans doute un ancien éleveur frustré, qui, las de remettre des berrys aux autres, a décidé qu'aujourd'hui, troupeau ou pas, ce serait lui le vainqueur !
            Quelle bonne idée tu as eu d'acheter cette petite vache, sur laquelle tu sautes à présent, heureux de la voir si bien nager !

            L'air très convaincu, tu la saisis par les cornes, et ordonne :


            -Aller, Kuromachin ! 'Faut les rattraper, donne tout c'que t'as !
            -Meuh !

            La bête se lance dans un crawl superbe, à faire pâlir d'envie les plus grands champions d'East Blue ! C'est là où tu remarques que ses sabots sont prolongés de drôles de petites palmes, et que sur son encolure se dresse une drôle de crinière, l'air rugueuse, qui fend les flots comme une nageoire dorsale. Avec ton poids plume, la vache avance avec vaillance, et bientôt, tu te trouves à portée de lancer des voleurs.

            Alors, optant pour une technique aussi fantaisiste que celles de James (ah, les mauvaises fréquentations...), tu te remets sur tes pieds (par pitié, prend garde à ne pas tomber...), et, en équilibre sur la vache qui crawle de plus belle, tu brandis deux belles bouses, fraichement ramassées dans l'eau...


            Flotch !

            Flotch !


            Jolis tirs ! Voilà les deux complices entartrés, incapables de diriger leurs vaches naines ! Celles-ci, fidèles à leur instinct grégaire, cherchent alors à rejoindre leurs comparses, au milieu desquelles James a fait des ravages... Celui-ci a d'ailleurs l'étonnante surprise de voir les deux malfrats lui foncer dessus en jurant, tout en essuyant vaillamment leurs yeux...
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            C’était facile finalement ! Il suffisait de frapper toutes les vaches et de récupérer celles qui ne faisaient pas ce fameux beuglement terrifiant. Après de nombreuses balles envoyées, je parvins à en localiser deux avec précisions et à les choper pour les ramener sur la scène. Je n’ai même pas eu besoin de leur cogner dessus, les impacts de balles de base-ball étaient si profondément encastrés dans leurs visages que l’on pouvait voir la trace des coutures se dessiner en rouge sur leur peau. C’était marrant.

            Je les extirpai de l’eau par le col de leur chemise et le jetai en tas derrière moi. Il y en avait sûrement d’autres, derrière ces magnifiques déguisements. Je scrutai l’eau et tentait d’écouter les cris, mais tous les sons se mélangeaient dans un brouhaha infernal. Impossible de localiser quoi que ce soit. Il aurait pu y avoir un canard enrhumé au milieu que je ne pourrais pas l’entendre. Derrière ce capharnaüm, je vis Sören se jeter à l’eau, sur le dos de Kurokumo.

            °°Cette sale bestiole sait nager ?? Mais comment elle fait avec son gros cul ?°°

            Je me sentis vexé dans mon orgueil. Moi, ayant vécu dans les cieux, je ne savais pas flotter sur l’eau. J’avais déjà essayé, à peine je faisais un pas sur la surface de l’eau, que ma jambe entière s’enfonçait et que je me retrouvais au fond. Pourquoi Sören avait-il décidé de se barrer sur la flotte comme ça, à dos de vache ? Observant à l’horizon, je vis une autre vache qui nageait, avec sur son dos, le juge qui était sensé remettre le paquet de pognon à Kurokumo !

            Un magnifique lancé de bouse de la part de Sören les déstabilisa et les fit tomber à l'eau. Je me suis d'abord dit qu'ils étaient morts, mais apparemment, eux aussi arrivaient à flotter sur l'eau. J'étais visiblement le seul à ne pas y arriver ça me faisait franchement chier! C'était très humiliant de ne pas réussir à faire ce qu'une vache faisait! Les deux gugusse se mirent à battre des bras en direction de la scène. Pourquoi ils m'attaquaient moi, c'était Sören qui les avait bousifié! Pas question que je me laisse emmerder par cet escroc! ais il fallait le laisser revenir, sinon tout le pognon allait couler au fond!

            Je pris une balle dans ma cartouchière et expérimenta ma nouvelle technique. Un petit saut en l'air et d'un coup sec, je fis tournoyer la balle à une vitesse folle. Lorsqu'elle retomba, je la frappai à nouveau et l'envoyai valser en direction de l’acolyte du juge. La balle tourbillonnante frappa l'homme de plein fouet et le traversa tout simplement, la vitesse de rotation offrant une force dé pénétration très importante. J'ai déjà réussi à traverser du bois, alors un corps humain ne posait pas vraiment de problèmes. C'était la Swinging Bullet, ma nouvelle technique et j'en étais trop fier! Le mec se mit à couler dans un nuage rouge. Au moins, je serais pas le seul à couler comme ça, na!

            Le juge n'avait pas vu que son complice n'était plus là et me fonça dessus en criant. Ne voulant pas être touché par ce mec recouvert de caca de vache, je pris un élan et d'un coup fulgurant, je lui fit sauter le bocal.

            -HOME-RUN CONTEST!!!

            La tête vola dans les airs en laissant une trainée rouge un peu partout. Comme je dis toujours « Si tu ressens le besoin d’y aller avec un plan, c’est que t’as pas les bras pour gagner ». Rien ne vaut une bonne mandale dans la gueule, entre nous. Le corps du juge resta debout quelques instants avant de s'effondrer sur le sol, laissant s'échapper sa bourse de pièces.


            Dernière édition par James Fermal le Ven 29 Juin 2012 - 11:17, édité 1 fois
              Fssscchhh, quelle violence ! Et gratuite, avec ça ! Pour sûr, tu n'es pas content de ton partenaire, qui vient de péter un nouveau câble juste devant tes yeux. Allons ! Assassiner froidement deux voleurs qui n'avaient rien de combattants, et qu'il aurait suffit de capturer, sans faire couler la moindre goutte de sang !
              Interdit, tu observes la scène depuis le dos de Kurokumo, qui fixe le cadavre de son ancien propriétaire en meuglant. De lassitude, plutôt que de tristesse, hein. Une vache est une vache, et un chat est un ch...

              Eh ! Pas si vite, Sören, pour un peu, tu nous ferais basculer !
              La petite vache fonce en direction de l'estrade. Toi, tu sautes et atterrit lestement aux côtés de ton camarade. Bon Dieu, qu'est-ce qu'il va prendre !


              -Bien joué, James.

              Qu... Quoi ?! Parole ! Tu deviendrais donc aussi fou que lui ? Eh ! Ton copain vient tout juste d'assassiner des... Enfin, non, pas des innocents, mais en tous les cas, des non-combattants ! Des faibles, méritant davantage la prison que la guillotine !

              -T'as les sous ? Yep, au poil. Et maintenant...

              Tu récupères la bourse, en ramassant patiemment chaque berry tombé au sol. Puis, en te redressant, tu regardes derrière l'épaule de l'ange. Tu as l'air si triste... Mais tu n'en laisses rien paraître, rien d'excessif.

              -Bah maintenant, tu vas t'expliquer d'vant ces gars là. J'parierais mon chapeau qu'c'était la famille, tu vois ? Bah ouai, James. Les petits malfrats, ça a des femmes et des enfants. Des parents à nourrir aussi, des fois. On s'retrouve à la barque ?

              Sören... Bien joué. Pas d'explosion de colère, pas de moralisme abstrait. Tu fous le gars devant ses responsabilités. En fait, tu le cales vraiment dans une sale posture, puisqu'il risque fort de se faire lapider sur place. Pas de triomphe pour lui. Ni pour toi, d'ailleurs, puisque tu viens te tirer ta révérence en partant sur le dos de Kurokumo. Au passage, tu aperçois l'éleveur qui avait présenté au concours une grosse Aubrac, que tu jugeais gagnante. Tu lui jètes la bourse, qu'il attrape au vol.

              -Bravo pour ta vache, l'ami ! Y'a plus de juge, mais t'en fais pas. T'aurais gagné.

              Tu n'as rien d'un justicier solitaire, ni même d'un garçon ombrageux. Simplement, là, tu rentres ta colère, tu baisses la tête pour ne pas éclater littéralement celle de ton compagnon. Tu sais qu'il a bon fond, que c'est juste un crétin d'irresponsable. Sans doute ses parents qu'ont fait du mauvais boulot, c'est ce que tu penses. Tu te sens incapable de lui en vouloir longtemps, de toutes façons. James est ton ami, et même si tu ne peux laisser passer certaines choses, jamais tu n'en viendrais aux mains avec lui. C'est ainsi.

              Dommage que vous n'ayez rien gagné sur ce coup... Enfin, tu n'es plus là pour le surveiller, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que tu n'aurais pas du laisser James tout seul. Qui sait ce qu'il pourrait encore tenter pour récupérer le prix du concours ? Prie pour qu'il se contente de réclamer une récompense à la marine ! Ils ont tout vu, peut-être qu'ils seront indulgents, et surtout, qu'ils feront leur possible pour se débarrasser d'un chasseur collant !
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              J’allais me baisser pour ramasser les pièces quand une main rapide la prit avant moi. Levant les yeux, je vis Sören qui avait l’air contrarié en regardant la bourse pleine de pièces. Pourtant, il y avait pas mal, on avait réussi et les méchants étaient punis. Qu’est ce qui n’allait pas ? Il regardait derrière moi d’un air étrange. Je me retournai et vit une bonne dizaine de personnes avec un regard hostile et des pierres à la main. Encore ? Mais ça n’allait donc jamais finir ? Mon troubadour attitré posa sa main sur mon épaule d’un air conciliant.

              -Bah maintenant, tu vas t'expliquer d'vant ces gars là. J'parierais mon chapeau qu'c'était la famille, tu vois ? Bah ouai, James. Les petits malfrats, ça a des femmes et des enfants. Des parents à nourrir aussi, des fois. On s'retrouve à la barque ?

              Hein ? Mais.. Il allait pas me laisser tout seul face à ces gars, quand même !? Ils étaient beaucoup trop nombreux pour moi tout seul. Je fis un petit pas en arrière, genre, pas de mouvements brusques. Mais ça ne semblait pas super efficace, le plus gros fit un pas en avant, l’air menaçant. Si tu avances quand je recule, comment veux tu… ? On allait pas s’en sortir. Comme répondant à un signal, ils se mirent tous à courir en hurlant.

              -Chopez-le !! Tu vas voir l’emplumé, viens par ici !

              Dans ce genre de situations délicates, une tactique donne des résultats assez probants. La fuite. Enfin, non, pas vraiment la fuite. Disons le repli stratégique vers des localisations moins « à risque ». Ni une ni deux, je me mis à courir, mais la scène était totalement entourée d’eau. Pas évident. Je fis un saut en direction d’une vache qui flottait nonchalamment, quelques planches, une botte de foin et hop, me voilà à l’abri, sur le toit d’une maison. Haha ! Comment je les avais mouchés, les mecs ! Je me retournai, tout fier de moi, et je vis qu’ils me suivaient ! Ils savaient nager eux ! Les petits saligauds ! Je n’allais quand même pas les buter un par un, Sören allait encore plus tirer la tronche après.

              Et PAF ! Je me pris une grosse caillasse dans la mouille ! Ca faisait hyper mal, mais je fis comme si de rien n’était. Je vis qu’il y en avait qui étaient restés sur la scène et qui me balançaient des pierres de tout là-bas. Bande d’ingrats, je les avais aidés quand même ! C’est pas moi qui aie foutu la merde à la base. Je cherchai mon traître de compagnon du regard. Je l’aperçus en train de filer la bourse de pièce à un vieux bouseux ! Mais il est fou !

              -Sören !!! T’accorde pas d’importance à l’argent, mais moi, si ! Putainnnnn…

              Dépité…J’étais vraiment dépité. Heureusement que je l’aimais bien mon karaoké quand même. Bon, comme il a dit, on se retrouve à la barque. Je devais trouver quelque chose pour les calmer ces excités, mais sans les shooter ! Pas évident. C’est là que j’ai eu une idée lumineuse ! Les marins ! Ils étaient là pour ça, non ? Ils avaient bien vu que je n’avais fait que m’en prendre à des méchants, ils me comprendraient, eux. En un saut du toit, je me retrouvai à la limite de l’inondation, là où on pouvait enfin marcher tranquillement, je me niquai la cheville en atterrissant et je fonçai vers le premier Marin que je croisai. Ils semblaient assez débordés avec les malfrats à coffrer et les dégâts des eaux à gérer.

              -Hola marin ! Ton secours me serait bien utile ! J’ai là une bande de malfrats qui me pourchasse. J’ai vaincu leur chef, le juge qui voulait voler la récompense du concours. Et maintenant, ils veulent s’en prendre à moi.
              -C’est vous ? Bien joué mon gars, on s’en occupe !

              Et hop là, une brigade de marin qui s’en va s’occuper de mon problème. Je les aime bien en fait ces mecs-là ! Ils t’aident et ils te payent quand tu captures des pirates. C’est pas des mauvais bougres ! Avant qu’ils ne soient tous partis, j’en chopai un par le bras et le pris à l’écart.

              -D’ailleurs, y a pas une petite récompense ? J’ai empêché le juge de partir avec la thune quand même !
              -Il est où cet argent ?
              -Euh… On l’a donné à un paysan…
              -… Vous pensez que je vais gober ça ? Allez, filez avant que je ne m’intéresse de plus près à votre cas !

              Alors ça…C’est vraiment trop injuste…