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Resident Devils [1624]

Plic.

J’entends avant de voir. Je sens avant d’entendre, mais y a pas l’équivalent d’onomatopées pour traduire les sensations qui passent par les narines. Humide. Terreux. Frisquet. Renfermé. Ca c’est des mots. Ca c’est déjà analysé. Et c’est ce que je ressens. Jsuis en sous-sol. Jsuis dans le noir. Ca explique que j’entende avant de voir, même après avoir ouvert les yeux. J’entends pas grand-chose. Juste ce plic. Plic. Même pas de variation. Pas de ploc. Pas de plac. Juste plic. Des bruits sourds aussi. Pas grand-chose, pas tout le temps. Des bruits sourds et puis juste l’eau qui tombe, quelque part à ma gauche. Presque rien. Entêtant mais presque rien, le supplice de la goutte marche pas avec moi. Pas encore. Pour y être sensible, il faut avoir perdu tout espoir de sortir. Et l’espoir, ça me connaît. J’en ai pas. L’espoir sert à rien. La certitude, c’est mieux. Je sais. Je sais qu’où que je sois je pourrai sortir. Et là pareil qu’ailleurs, viendra un moment où je pourrai sortir. Les bandes de cuir sur mes poignets y feront rien. Y font rien, je

Merde. J’allais passer en mode sanguin, mais je peux pas. Je pars vite, trop vite. Trop vite en mode liquide. Je sais pas ce qui se passe, mais je le sens mal. Super mal. Et en bougeant, y a ce léger flottement dans l’air à côté de moi. Ce léger picotement dans le coude gauche. Je fais le lien, j’ai déjà été à l’hosto. Des glands m’ont foutu sous perf. M’ont attaché à un pieu en métal, m’ont foutu des entraves partout, et en prime m’ont calé à la goutte. Je sais pas ce qu’ils m’ont branlé, mais je suis crevé aussi. Pas au top. Affaibli. Faible. M’ont dépoilé aussi, avant tout ça. Mes tifs dressés à cause du froid, ça chatouille. J’essaie de me souvenir. Me presse le crâne avec les deux mains de l’imagination pour faire juter la rappelance. Les neurones luttent. Eux aussi sont pas au top. Je pense bien, mais question creuser la mémoire, c’est pas ça. Merde.

Plic.

Ta gueule la goutte, l’espoir sert à rien j’ai dit.

L’espoir sert à rien. Alors j’attends. Je fais le vide. Comme y disent dans les temples. Je me décentre pour mieux me concentrer. J’oublie la terre, j’oublie l’eau, j’oublie la température et j’oublie le cuir et j’oublie le métal. Je m’oublie moi. J’oublie les autres aussi, ça je sais bien faire en plus. Puis ça y est, ça déclique et je les ressens. Les autres. Mes choses. Bonne idée que j’ai eue, hein. Alex, je te taperai peut-être pas en redescendant. Redescendre ? Ah, un souvenir. Clockwork. Baston. Escalier. Narnak. Héhé, Ca fait dix-sept ans que je me balade avec un putain de meitou. Qui l’eût cru. Sont pas loin. Pas tous. Les autres. Jack et Walt. Hope je suis pas sûr, le pouvoir de l’afro me rejette alors c’est pas simple. Maya, aussi. Maya, tiens, bizarre Maya. Je veux dire, bizarre sur mon radar. Pas aussi nette que les autres. Comme d’habitude, remarque. Rimbau ? Ouais, Rimbau aussi. Toute la fine équipe, les autres sont trop loin. Vers le sol. En dessous. On est toujours dans le même coin, donc. Nous sur l’île et eux en mer. Tant mieux. Ca me vient. L’envie. La colère.

Pas besoin d’espoir, t’as vu la goutte. Colère froide, comme dehors. Celle du massacre sur les LSD avec le jeunot et le nain. Ici, perdent rien pour attendre. Qui qu’ils soient. Ca va fumer dans les chaumières, que les plus aptes mettent leurs jambes sur leurs cous. Eux je les épargnerai. Peut-être. Je me concentre. Partirai pas trop vite. Juste ce qu’il faut pour dégager les mains. Les jambes. La nuque. Juste ce qu’il faut. Juste ce que… Juste… Jehmerde… Merde. Merde ! Putain ça chie. Pu

Débranchez-le !

Ah !

Putes ! Des connards entrent, slament la porte. Qu’était à droite. Et la lumière fut. Et m’aveugle. Rah. Et moi je récupère la forme solide aussi vite que je peux. Instinctif. J’aurais pas dû, j’aurais eu une chance de me défaire de mes liens. Mais l’instinct est une pute, comme ces connards. Et dès qu’ils avisent mon retour à la normale, ils rebranchent l’intraveineuse. Et je sens que je peux pas me retransformer, sous peine de pas pouvoir revenir à la normale. Et donc je suis resolide, recorporel, avec une sangle en cuir qui me traverse le poignet droit, et une autre la cheville. Traverse, oui. Au milieu. Je les sens au milieu des os de la jambe. Entre les os de l’avant-bras. Ca chatouille. Ca gratte. Monstrueux. Putes. Putes masquées. Catins timides. Gaupes peureuses. Trop d’infos à la seconde. Et le connard en chef, chef parce que c’est lui qui cause, qui me cause parce qu’il est chef.

Vous avez compris ?

Y a une poutre au dessus de lui. Une grosse poutre qui me rappelle celles de la mine de l’archipel vert. Un étai. On est bien sous terre. Et on est bien dans la merde. Surtout moi. Je le regarde avec mon traditionnel amour des humains dans les canines, mais lui me sourit de derrière son masque vert de médecin qui s’y croit. Genre tu t’en fous pas de la stérilité de la pièce, t’as vu les scolopendres au mur ? Crevard. Il poursuit. Blablate. Me bichonne. L’IV, c’est un produit qui me rend hémophile. Tu l’as dans le cul mon petit Tahar. Alors tiens-toi tranquille, on revient bientôt. Au vouvoiement bien sûr. Ca fait plus médecin. Médecin mon derche. Je vais te bouffer. Je vais me tenir tranquille et après je vais te bouffer. Prépare-toi. Mange du bœuf. Mange des herbes. Je vais te bouffer. Le noir revient.


Resident Devils [1624] 661875SignTahar


Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 27 Oct 2012 - 19:32, édité 1 fois
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Une porte, des barreaux, des chaines, des cadenas, une petite fenêtre avec un truc qui coulisse pour cacher ce qu'il y a dedans.

Dedans oui. Parce que dehors, les bruits du pirate qui frappait contre la porte en hurlant se sont arrêtés. Un coup de denden et c'est bon. Le patron est prévenu. Il arrive. Nouvelle qui n'enchante pas la demi-douzaine de personne qui se trouvent autours de la porte. Personne ne l'aime, le patron. Il est trop glauque. Ce qu'il fait est trop glauque. Il en veut trop. Il cherche trop, même si c'est son boulot.
Les pas arrivent, ils se font entendre dans le couloir. Un ampoule grésille et la lumière baisse avant de se revenir à la normale. Il est là, avec ce sourire. Son sourire.
Tout le monde frissonne.
Un geste de tête, un ordre, et le gamin qui sert de laborantin s'approche de la porte. Doucement. Il met la main sur la petite trappe et se retourne vers le patron. Le petit geste qu'il fait avec sa tête fait ressentir au gamin une goutte de sueur qui coule entre ses omoplates. Il ouvre la petite lucarne qui ne révèle rien. Que du noir. Et soudain-

VOUS ALLEZ ME LES RENDRE PUTAIN

Le visage écrasé contre l'orifice de Walters Scott reprend le même manège. Les hurlements du pirate avec des coups qui font vibrer la porte, les mur, le sol. Des ondes se répercutent dans les parois des couloir, contre aussi. L'écho des cris pars jusqu'au fond du laboratoire. Et pourtant, il devrait être mort. Pourquoi ? Pour ce qui a fait reculer le laborantin de quelques pas. Le gaz qui s'échappe de la lucarne. Un truc verdâtre qui coule comme une cascade au ralenti. Un truc qui vous bute un éléphant avec trois milligrammes.
Le gamin se retourne vers son patron. Le sourire est parti. C'est pire, ça lui apprendra à lâcher ses idées pendant les colloques. Ferme ta gueule et laisse les autres prendre. Il avait pensé à voix haute. On lui avait proposé de tenter son truc pour calmer le pirate. Tant qu'il ne serait pas calmé il serait impossible de l'expérimenter.
Les résultats n'étaient pas probants. Il aurait pu apprendre de son erreur, mais non. Le patron n'aime pas les gens qui apprennent, il veut des gens qui trouvent. Juste. Et quand c'est faux...

Une bombonne de gaz, du gaz, sortie de la poche, un petit nuage entoure sa tête. Il s'écrase au sol.

La lucarne se referme. Les cris continuent.
    Des cercles d'métal, froids comme l'fond d'une succube, m'enserrent les chairs. Y sont serrés et nombreux. J'en compte p't'être huit sur chaque bras, idem sur les jambes, trois pour la trogne, et quelques bonus, ça et là. La seule chose qu'j'puisse mouvoir, c'sont mes doigts... J'sors des chiffres, comme ça, recta, mais rien qu'pour l'décompte, c'fut la galère. J'ai la tronche en cake, un peu comme si j'm'étais fumé un seau d'mauvaise kasha. Rapidement. M'sortir d'la brume a pris du temps, mais on m'a aidé. Une ombre blanche, silhouette infecte s'est chargé d'me ram'ner dans l'monde des pensants, à coups d'chocs électriques. Deux câbles chargés, r'liés à une grosse roue avec un drôle d'bestiau qui court dedans, deux câbles donc, posés méthodiquement à plusieurs endroits stratégiques. Tout y est passé. Les têt', les roust', les g'noux, enfin, tout c'qui va par deux, ou presque.

    Ca m'a sorti du cake, ça pour sur. Et même si j'sais pas d'quoi y r'tourne exactement, pas besoin d'avoir un diplôme en écriture de scénario et analyse cinématographique pour comprendre que l'type en face, c'est un ennemi. Genre vicieux, dégueulasse. Alors, j'ai gueulé. Comme un mioche, fort, à chaque fois. Pas parce que ça faisait mal, et ça faisait mal, mais parce que ça m'donnait l'air faible. J'aime être sous-estimé, ça aide parfois. J'ai maté en coin l'zig qui s'retournait pour aller fouetter deux trois fois son animal générateur. Il porte une blouse, de celle qu'porte les types dans les hôpitaux, les dispensaires. Toubibs, med'cins, scientos, charlatans, on les appelle comme on veut. Mais c'lui-ci doit pas sortir d'une école classique. C'est pas mon p'tit doigt qui m'le dit, c'est la tonne d'instru du genre coupants et rouillés qui trône pas loin d'moi. J'en ai déjà vu des comme ça, et j'ai une idée des plus précises quant à leur fonction...

    Le type a bavé quelques trucs, mais rien d'cohérent, plutôt des phrases à lui-même. Des mots susurrés, répétés, qui s'étouffaient dans d'petits rires crétins. Une demi-s'conde, j'ai cru avoir Anthrax face à moi, mais en mode humain. J'avoue, cette demi-s'conde là, j'ai eu peur. Puis c'est passé. Maint'nant, l'gus est parti, d'puis une porte grinçante et probabl'ment en acier trempé. Juste avant d'm'laisser, il a juste laché:

    Ssss petit zoan, ne pensssses pas qu'en te transsssformant, tu pourras cassssser ces anneaux. Mais tu peux toujours esssssayé! Ssssh sssh sssh !


    J'ai r'tenu l'conseil, j'ai rien tenté. Trop d'amus'ment pervers dans sa voix. Il espérait qu'j'le fasse, vraiment. Dans l'noir, j'pense. Genre, pourquoi, comment, qui. J'ai vite trouvé les réponses: parce que, comme ça, eux. M'voila bien avancé. Plus sérieus'ment, vu la gueule de Grand Line, ce courant fou, pas étonnant d'y trouver des jobards pas poss'. Ceux-ci en veulent p't'être à nous, personnellement, ou juste à tout l'monde, dans c'cas, on est qu'bétail. On verra, ils feront d'toute façon une erreur à un moment ou un autre. Et là, là, je serai au taquet, prêt à faire un carnage qui sera froid, lent et très vilain. J'risque d'y perdre encore quelques points d'humanité, mais entre bête, ça l'vaut bien.

    Fanfaronne Jack, fanfaronne. Entre temps, tu t'es fait avoir comme un bleu...

    Jamie Lee Croquette... Ca f'sait longtemps. Tu m'avais pas manqué.

    Quelques livres de gaz, et te voilà enchainé plus qu'à l'habitude. Pourtant...

    Tu t'arrêtes là Jamie Lee. Tout d'suite.

    Soit Jack, soit. Mais lui, il ne s’arrêtera pas. Et son copain non plus.


    La porte grince, deux personnes entrent. J'reconnais mon tortionnaire d'avant, accompagné d'un autre. Même accoutrement, plus petit.

    Oh! Il sss'est tenu tranquille, il ne ssss'est pas transssformé. Bien chien sssh sssh !


    Le pleutrrre est prrrobablement dans les vappes. Ce n'est pas étonnant, si j'en crrrois tes dirres parrr rrraport à ses crrris de la tout à l'heure.


    Mes paupières sont mis-closes. Mes yeux sont bas. J'ai en effet l'air d'être dans une sorte de coma. J'écoute les deux compères ricaner, sonder les options, les tortures susceptible d'me réveiller. Elles sont toutes infâmes, à leur image. Celui qu'je n'avais pas encore vu trouve. Sans comprendre le jargon exact, j'pige qu'il veut m'enfoncer un truc pas cool dans la peau. Arf. Pas cool. Mais je bouge pas. Je les entrevois, qui choisissent leur jouet. Le jouet n'est pas joli, pas avenant. Trop de pointes, de lames, de trucs. Ils s'approchent, toujours en plein palabre. L'un suggère qu'on vise la jambe, l'autre est plus entreprenant, et rêve de ma poitrine. Arf. Ils arrivent à ma hauteur, et le débat prend de l'ampleur. Leurs arguments sont fous, sans aucun sens, sans aucun lien. Mais ils palabrent, et palabrent, et commencent à s'énerver. J'entrouvre très légèrement les yeux. Le petit est dos à moi, il tient l'instrument. Il fait de grands gestes, parle fort. Son compère finit par céder, et l'petit saute littéralement de joie. C'faisant, le con laisse tomber l'joujou, qui vient s'égarer au sol, pas loin d'mon panard. Je ne bouge pas.

    Tu vois, tu t'emportes toujours!

    Je l'ai fait tomber, c'est pas la morrrrt non plus!


    Il se baisse, ramasse sa chose, s’apprête à se relever. Mes doigts sentent la chaleur de sa peau non loin, de son cou, qui me frôle. J'agis comme par réflexe. Mes doigts agrippent ce qu'ils peuvent, arrachent comme ils le peuvent et le type hurle avant de s'effondrer. Héhé. Difficile de tenir debout avec un morceau de cou en moins. J'écrase la chair en mode purée, la lâche. Elle tombe mollement au sol.

    Ca devrait l'aider avec se prononciation.

    Son pote me regarde avec les yeux du diable. Il tremble presque, mais se ressaisit aussi sec. J'vais en baver, j'le sens, mais bon... ça valait l'coup héhéhé.

    Ssss'est comme sssa !? Sssss'est comme sssa!


    SssSss se retourne, marche, l'pas vif, vers son étale, la fouille rapidement. Il se retourne, triomphant, une seringue en main. J'peux distinguer un sourire sadique derrière son masque. Il revient, tout aussi rapidement, et sans crier gare, m'enfonce le truc dans la peau, pousse le piston.

    Voyons ssssi tu aimes ssssa !!!

    Je r'ssent rien, au début. Mais tout à coup, mes muscles sont pris de convulsions, et commencent à grossir! Merde, merde, qu'est-ce qui s'passe? J'me... j'me transforme bordel! Transformation Kong non d'mandée, non controlée! J'deviens mastoc, et en même temps, j'comprends! Je gonfle, mais les anneaux d'métal bouge pas, solide comme mon père! Et ça fait un mal de chien, ça me lacère les chairs, m'enserre le corps! J'hurle!
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    Si y’a un moment dans la vie où faut savoir mettre un panier dans une poubelle avec un morceau de papier roulé en boule, c’est maintenant. J’aurai pas de deuxième chance.




    Frustré. Au delà d’la souffrance, d’la honte ou d’la peur, c’est la frustration qui m’envahit à mon réveil. Je me suis fait avoir comme un joli bleu. Satanée bonne femme, elle a mis la main sur mes flingues.

    Un goût de sang et de mort veut pas quitter mes papilles. Mes tempes me lancent douloureusement, mes bras et mes jambes j’en parle pas.
    Ou plutôt si, parlons en. En temps normal j’ai jamais eu à me plaindre d’ma taille. J’suis pas le type le plus mastoc des blues mais j’ai toujours eu la hauteur respectable pour pouvoir faire toutes les attractions de Port Amerdura sans être bloqué au guichet. Alors pourquoi, oui putain pourquoi s’échinent-ils à me tirer les membres ? Je vais finir par ressembler à feu Glen la Perchette, dix ans plus tard.

    J’suis allongé sur une pseudo table d’opération, en mode gros loquets métalliques sur le torse, chaînes indestructible aux poignets et aux chevilles. On pourrait mieux exprimer la sensation que j’ai ressenti pendant la séance précédente mais j’la résume rapidement et brutalement : j’ai vraiment mal. D’cette douleur qui forcerait un esprit faible à supplier qu’on l’achève. J’suis pas un esprit faible. Ni un fort d’ailleurs, j’rejoins cette catégorie privilégiée des anormaux, de ceux qu’on a beau leur charcuter le cerveau on parvient pas à expliquer logiquement leur manière d’réfléchir.

    D’ailleurs, la trépanation dans l’emploi du temps c’est après le déjeuner. C’est à peu près c’que j’ai compris d’Annick qu’est venue, et pas seule, m’expliquer gentiment la suite des opérations.
    Elle m’a montré la transplantation réussie de mes guns sur des nouveaux porteurs. Et j’dois bien l’avouer y sont magnifiques. Annick est pas sympa, mais elle tient parole comme elle dit. Y sont beaux, Y sont grands, y suintent la classe par tous les pores, même portés par des porcs. J’crois distinguer un viseur sur Simon. Et Marisa a maintenant un canon gros comme ça. Tu vois pas ? Normal j’ai des chaînes abruti.


    « On te laisse mon petit nihihi. Mais ne t’inquiètes pas, tes deux protégées serviront, sois en sûr. Tu as l’honneur de participer à notre projet, sois en fier. À toute à l’heure ! Nihihi. »


    Qui sonne plutôt comme un « Quand on revient tu vas morfler » à mes oreilles.
    Là j’ai droit à un sursis. La lumière grésille, j’ai beau ne pas bouger j’arrive pas à arrêter le flot d’sueur qui dégouline de chaque côté d’mes côtes. Ma respiration est irrégulière. J’pense pas qu’ils aient foutus quelque chose dans mon croissant du matin, ça leur fait sans doute trop plaisir que j’hurle pendant leurs séances.
    Y m’ont fouillé. Comme y faut, à poil, karcher, charter et compagnie. La vie, on l’aime ou on la quitte. J’ai pris un joker sur la deuxième option.
    Mais là où j’peux pousser un mini-ouf de soulagement, c’est qu’y z’ont pas regardé dans ma bouche. Derrière une de mes dents. J’me l’étais joué Skyfall, j’avais caché une p’tite surprise.


    Une ch’tite Bolas. Mini format, maxi discrétion, jolis dégâts.
    J’ai vu leur mécanisme. M’ont fixé grâce à une machine un peu sur ma droite. Y’a des boutons, j’y comprends rien, mais y’en a un qu’a retenu mon attention. Un gros, bien rouge, qu’il faut apparemment pas toucher. J’ai une chance de cocu si mon maigre plan arrive à fonctionner. Pas de bol, j’crois bien qu’mon célibat pose un problème.

    J’détache ma bille avec ma langue pour m’retrouver avec un Schoko-bon sous le palais.
    J’tourne ma tête, la prochaine manip va être aussi délicate et fondante qu’une pastille au miel.


    Si y’a un moment dans la vie où faut savoir mettre un panier dans une poubelle avec un morceau de papier roulé en boule, c’est maintenant. J’aurai pas de deuxième chance.


    J’crache. J’rate. Trop haut, c’est foutu. Mais inconsciemment y’a un jet de dé chance qui passe par là. Un cinq qu’il fait. Suffisant ! La billette explose pas, mais rebondit avant de retomber sur le bouton.


    Pouf


    C’est tout c’qu’on entend. Ça peut éventuellement désigner l’caractère de la dernière copine d’un ancien collègue plutôt cool mais sinon c’est juste un langoureux murmure qui s’évapore dans les rides du mur crasseux d’en face.
    Pouf donc, suivi de clang clang, de shling shling et de libre libre.
    Les prises se sont desserrées. J’finis le travail avant de tomber lourdement à terre. Mes membres sont pas encore revenus à leur taille normale, j’arrive pas à tenir debout. On va bientôt revenir, faut qu’je m’habitue, et vite.


    Tel Béatrice Kiddo j’regarde mon pied droit d’un air circonspect.


    « Bouge. »


    Mais bien sûr qu’il bouge ! C’est juste que j’le contrôle pas. Parfois j’me dis qu’mon intellect est bipolaire, avec une partie sacrément inspirée d’un célèbre phacochère qu’j’ai pu voir sur les écrans étant gosse.
    Au bout d’quelques minutes j’arrive à me calmer. Dur de marcher droit ou d’serrer la main à une éventuelle duchesse qui passerait dans l’coin tout de même. Et je transpire, encore et toujours. La tache de vin sur mon épaule luit à la lumière des projecteurs.


    La porte se déverrouille. J’suis presque prêt, j’ai réquisitionné une chaîne pour faire colin-maillard avec une jugulaire. Un mec rentre. Un pur bourreau, il est déjà venu avant et il est seul. Y doit vouloir faire joujou sans qu’on l’dérange. Mauvaise pioche. J’me laisse tomber sur lui pour lui faire un joli nœud de cravate à l’ancienne. Y résiste, j’ai pas toute mes forces, c’est dur. Encore un peu, voilà qu’on tombe au sol, j’resserre ma prise, j’vois son cou se teinter d’un violet onctueux. Un vrai étranglement c’est pas comme dans les teen movies, ça prend toujours quelques secondes de plus que prévu. J’crois que j’ai un début d’crampe. Finalement, son âme s’extirpe de son corps de mécène. J’reste quelques instants assis à côté, le souffle court, l’haleine fétide du milieu de matinée.
    Puis j’le rentre, ferme derrière moi, ni vu ni j’t’embrouille. Y’a du bruit un peu plus loin, un long couloir glauque juste devant moi. Des cellules un peu partout, certaines vides, d’autres pas vraiment. J’observe les différents intérieurs. Y’a des cadavres vivants parfois, des monstres immondes souvent.

    Et puis putain y’a des Saigneurs ! J’suis pas tout seul.
    Mais les bruits de pas s’rapprochent. Faut qu’je me dépêche. J’ai pas le temps de Paul et Mickey, faut que j’agisse. Et j'y arriverai pas tout seul. En me traînant vers une cellule, j’ouvre pour m’retrouver face à un mur de cris. Ta gueule on va comprendre qu’une porte s’est ouverte à l’improviste !
    En essayant d’avancer je manque de me péter la gueule. Mon soi-disant coéquipier s’foutrait bien de ma gueule s’y l’était pas si mal en point, aux prises avec ses propres démons.
    Avant d’passer aux autres, j’me dirige donc péniblement vers le lieu de sa libération avant de lui jeter un p’tit mot d’encouragement.



    « Hé mon gars, t’es le premier d’la liste mais j’compte sur toi pour pas m’laisser faire tout le sale boulot hein. »
    • https://www.onepiece-requiem.net/t5238-rimbau-de-toi
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    A moitié dans les vapes, Maya ne voit que des formes floues s'activer autour d'elle. Et ses cheveux font serpillère au sol. Comme ils ont grandis, ils forment un rideau blond par terre. Mais dès qu'elle essaie de distinguer clairement autour d'elle, c'est le grand flou. Et ses yeux la pique légèrement, comme si on y avait versé un truc. Elle ne peut donc se fier qu'à son ouïe ("Cling, Clac, Boom, Patatras, Pof, Bordel ça marche pas, Tchak, Atchoum, [...]"), à son toucher (les chaînes retenant ses jambes sont rouillées et elles grattent, il n'y a pas de support pour le dos de Maya, elle a les mains liées par une corde dont le chanvre entame la peau de ses poignets, sa tête frotte contre un sol qu'on dirait rocailleux, [...]), à son odorat (ça sent la pièce anciennement propre, comme un studio d'alchimiste, avec des vapeurs bizarres, ça sent aussi la rouille, la poussière, l'eau de cologne bas prix, le chocolat, l'humidité et le sel) et à son goût (un vieux goût de sang dans la bouche, et pas une trace de chocolat).

    De tout ça, elle en déduit donc qu'elle ne sait pas où elle est, qu'elle n'a pas mangé de chocolat depuis quelques heures, qu'il y en a une présence quelque part dans la pièce et qu'elle n'aime pas être entravée ainsi. Utile, n'est-ce pas, les cinq sens moins un ?

    Quand Maya tente de bouger un bras, elle racle le sol et confirme qu'il est rocailleux. Son estomac gronde soudain, à l'idée qu'il y ait du chocolat dans la pièce, et attire l'attention des personnes autour d'elle. Son rideau de cheveux blonds est écarté, et la tête à l'envers d'un homme que l'âge semblait n'avoir pas épargné. Son visage émacié et ridé était tout proche de celui de Maya, et elle sentit son haleine étrangement aseptisée de très près. Sa moustache la chatouilla un instant alors qu'elle plantait son oeil unique à la prunelle d'émeraude dans le sien, couleur charbon. Constatant qu'elle était consciente, il se releva et parla d'une voix absolument horripilante, fluette à l'instar de celle des fillettes pré-pubères, tout en tripotant son bouc immaculé (comme le reste de sa pilosité).


    _ Nous allons pouvoir commencer mes amis. Elle est réveillée.

    Peu à peu, la vision de la blonde s'éclaircissait. Mais le monde était toujours à l'envers. Etrangement, quand la vision des choses est inversée, on remarque des détails incongrus. Comme par exemple les bas résilles que portait le vieux schnok à la voix de fillette. Ou encore, le regard enflammé que lui jetait l'une des assistantes, une brune à l'air vaguement familier auprès de Maya.

    En parlant de familier, et donc d'évocation de souvenirs, l'ex-gouvernementale se creusa la tête pour se rappeler comment elle avait atterri ici. Elle se souvenait être parvenue en haut de l'escalier... Avoir flâné un moment dans les rues.. Et puis... Ha oui ! Elle manquait de chocolat. Le reste était en bas, sous la garde de Miel. Alors elle avait été demandé à une dame si elle n'en avait pas sous la main. Et cette dame.. Oui, c'est la brune familière ! C'est elle ! En cherchant un peu plus dans ses souvenirs, la blonde se remémora la brusque odeur de fruits rouges qui l'avait enveloppée dès lors que la femme avait tiré une sorte de vaporisateur de sa poche et l'avait braqué face à Maya.

    Par contre, trou noir après, jusqu'à son réveil il y a quelques instants.


    _ Alors, vous avez du chocolat quelque part madame ?

    Silence. Les regards se tournèrent vers la jeune borgne, tête en bas, qui regardait la brune avec une étincelle d'espoir dans le regard. Les autres ont l'air interloqués. Comme s'ils s'étonnaient des premiers mots de Maya.

    Le silence fut brisé par la porte qui s'ouvrit alors brutalement. Le silence fait place aux cris qu'on entend résonner dans le couloir. Puis la porte se referme, laissant passer un homme ayant l'air d'avoir un peu plus de cinquante ans mais bien conservé par les injections de produits de lifting. Lui aussi évoqua quelque chose à Maya. Mais c'était un lointain souvenir. Elle n'était pas sûre. Elle l'observa donc, sans mot dire, débarquer et demander d'un ton fiévreux :


    _ Elle est réveillée ? C'est elle ? Hein ? Dites-moi que c'est elle !
    _ Elle qui ?
    _ Ma dégénérée de fille !

    Fille ? Ah, mais voilà d'où venait ce sentiment de familiarité. Toujours tête en bas, le sang irriguant plus que jamais son cerveau, Maya sourit et darda un regard affectueux sur le nouveau venu. Son oeil d'émeraude scintillait de joie.

    _ Papa !

    Puis un instant plus tard, son regard s'obscurcit alors qu'elle fronçait les sourcils.

    _ Pourquoi t'es parti ?

    Il la regarda un instant et sortit une affiche de sous sa blouse blanche tâchée. Il la montra aux autres, et déblatéra quelques mots d'un ton empressé :

    _ Vous voyez ça ? Elle est primée. Elle est malade. Jamais nous ne l'avons élevée comme ça, sa mère et moi. Il faut faire sortir le mal. Maintenant, grâce à mes longues études du genre humain avec vous, je vais pouvoir faire ce dont je rêve depuis toujours. Ce que j'ai échoué, autrefois. Je vais la guérir.

    Il sortit une seringue, enleva le capuchon, et fit jaillir un peu de substance pour s'assurer que ce n'était pas bouché.

    _ On va commencer par purger son corps de toutes impuretés. ce sérum me paraît parfait pour ça.

    Avec un sourire, il s'approcha de Maya et planta sans ménagement la seringue dans la cuisse de la blonde, avec un regard fou. L'injection en elle-même ne provoqua ni chaud ni froid à la demoiselle. Mais quand le produit qui avait quitté la seringue se mit à circuler dans ses veines et dans ses muscles, l'ex-gouvernementale écarquilla l'oeil. C'est que, pour la première fois de sa vie, elle avait vraiment mal. Ça ne piquait pas qu'un peu. Ça brûlait en se propageant. La douleur soudaine, inconnue, lui coupa le souffle un long moment tandis que la brûlure remontait (ou descendait, selon le point de vue) vers son ventre, ses bras, sa tête. Maya reprit une goulée d'air et cria la première chose qui lui passa par la tête pour tenter de ne pas penser à ce qui lui faisait mal.

    _ JE VEUX DU CHOCOLAT !

    Mais ça faisait vachement mal quand même. A tel point qu'elle semblait presque normale, parlant de "je" au lieu de "elle".
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    Avec le noir, le silence. Le faux silence à peine coupé, à peine brossé ou arrondi par cette goutte qui s’éreinte à me doucher la niaque et par ces bruits sourds que j’essaie de localiser sans trop y arriver. Si on me demandait je dirais qu’ils viennent de tous les côtés, ou alors je claquerais la mouille de celui qui me demande. Je sais pas si c’est des coups, des cris, ou un mix des deux. Plutôt la seconde, j’imagine, vu la dose de timbrés au pied carré qu’il semble y avoir dans le coin, et la quasi-certaine présence de mes très chers followers aussi. Pas de mystère sur ce qu’on est en train de leur faire, pas de mystère sur l’idée qu’une enflure s’est mis en tête de nous disséquer sur fond musical. J’ai dit musical, je trouve que ça collerait assez bien à l’ambiance et que ça manque un peu.

    Je bave, oui. Je bave. Je bave parce que sinon j’ai mal. Mal comme rarement j’ai eu mal. Je me suis déjà pris des tannées, hein, je suis le premier à le savoir. La grenade à Hinu Town y a quelques mois elle a fait mal, par exemple. Enfin non en fait. Mauvais exemple, avé le fruit j’ai rien senti. Mais les tapes du papa Eustache, par contre, juste après, là j’ai bien douillé même si je l’ai pas trop montré parce que je suis pudique. Et avant ça, y en a eu d’autres des gars qu’ont réussi à me mettre marron. La fée clochette, tiens, à Zartacla. Ou même Viper, y a longtemps. Et cet empaffé de Red. Je riais même si pas très sainement, en sortant de mes rencontres avec eux. Mais c’était de la douleur franche, ça. Du bon, directement accessible et totalement tangible message nerveux comme on les aime. Non, tends pas ce muscle ! Non, continue d’appuyer là, relâche pas ! Non !

    Mais là… Seuls les crevures et les crevés peuvent comprendre ce que ça fait, de se faire gratter un os de l’intérieur, sans rien pouvoir y faire. Ou plutôt si. De pouvoir y faire quelque chose, mais de pas pouvoir le faire, à peine de plus jamais ressembler à la beauté fatale aux mille phéromones que j’étais jusque là quand je m’admirais dans l’air ou dans la glace. Haha. Non, je suis pas fou, pas encore. Enfin si, mais je reste au seul normal. Non, c’est juste que je viens d’avoir l’image de moi invitant, sous forme éclatée, une gonzesse tout juste ferrée par ma subtilité chimique… Marrant, non ?

    Clic. Le jour revient, m’aveugle encore mais cette fois je gueule pas. Ils sont quatre dont un flou. Le brumeux donne des ordres aux autres, bien mastards comme je les aime, plus visibles parce que plus gros. Ils me prennent chacun par une sangle, un à chaque bras et le dernier aux chevilles. Les enclumés y vont comme des bourrins, par les sangles parce que c’est sans doute plus simple. Je hurle. Rarement le cas mais là c’était même pas inhumain. Carrément pas de la même dimension que la nôtre. Putain, putaiiiin ! En écho j’entends des hurlements depuis dehors. Ca me calme. Je crois c’est Maya. La fillette a l’air de morfler sévère aussi. Je regarde le mec à couper au couteau. Ah si seulement… Ah si seulement. C’est à toi que j’ai dit de bouffer de la viande rouge tout à l’heure ?

    Merde, je serais incapable de le reconnaître.

    Pas grave, je vous boufferai tous.

    Vous trois aussi les armoires. Le solitaire sourit. Ca doit être le même. Ca doit être lui. Pas possible autrement. Il me chuchote avec un amour fou qu’ils vont me réparer. Qu’ils ont entendu parler de moi, qu’ils ont entendu parler de nous, et qu’ils se sont empressés de venir ici à notre rencontre pour nous réparer. Qui ça ils ? Non vous ne voulez pas savoir. Il a raison. Je veux pas savoir. J’en ai rien à carrer. Je veux juste lui arracher la carotide. Impossible cependant. Impossible tant qu’ils me tiennent avec cette connasse d’aiguille dans le bras. Grah. On me conduit sur mon lit de mort, dans une salle obscure qui ressemble à celle qu’on vient de quitter sauf que les scolopendres sont remplacées par des escargots. Deux. Dégueulasses, en train de se gamahucher l’un l’autre sans égards pour mes yeux innocents. Mes yeux. Un des mastards file une pince chelou au gars pas net. Celui-ci s’approche de mes mires. Les mate. Mate jusqu’à mon cerveau à l’aide d’une loupe. Ce qu’il y voit le fait reculer.

    Flippant l’abysse, hein ?

    Je bravache, mais lui ricane nerveusement. Il va combler l’abysse. Il va combler la noirceur. Il va faire de moi un gars meilleur. Haha. Viens-y. Viens-y. Il y vient. Avec sa pince qui fait mal. Il me chope les paupières. Les deux. Les remonte jusqu’aux sourcils. Sans ménagement. Les bloque comme ça. Je pleure. Putain je pleure. Le noir. La lumière aveuglante. La pénombre. Les bruits des mushi en pleine orgie. Comme une pucelle trop vite entreprise. Putain, je chiale. Quelques larmes, et après je suis aride. Alors il me dit que bien bien. Il m’observe. Il me prend la nuque, bricole le siège sur lequel ils m’ont foutu. M’attache encore aux armatures avec les mêmes sangles. M’en refous une nouvelle pour le cou. Mine de rien j’ai de la chance, j’aurais pu coincer l’entrave dans mon artère tout à l’heure. C’aurait été marrant, tiens. Mais non. Il me dit de regarder devant. De regarder le mur. Que si je regarde pas. Que si je regarde de travers. Que si je m’absorbe dans la méditation. Il le verra.

    Et s’il le voit….

    HAAA.

    La décharge me durcit jusqu’aux noix. Je vois pas bien, mais je suis sûr que j’ai de la fumée qui sort par les oreilles, que ma peau a bruni, que j’ai échappé de peu à la mort par combustion instantanée suite à excès de courant dans les nerfs. Aaaah. Je te chope, je te bouffe. Je te chope, je te bouffe. Je te CHOPE, JE TE BOUFFE ! HAA !

    Il s’en fout. Il me pointe l’écran du doigt. Un mur peint à la chaux. Et les images défilent, sorties du trou du cul dégueulasse des bestioles qui le sont autant même une fois arrêtée leur partouze. Des trucs mignons. Des prairies. Des chats. Des gamins. Et puis… Et puis un buster call. Et dzzzzit. Je beugle. Je beugle, j’ai pas arrêté de regarder. Lui sourit à pleine dents. Me regarde. Regarde l’écran. Contrôle un truc sur une machine. Me regarde. Sourit. Se casse. Me laisse seul. Je pige pas encore. Je pige un peu. Mais pas encore. Et la diffusion reprend. Du propre. Du beau. Du bien peint. Du doux. Et puis des incendiés. Dizzzt. Je crame sur pied. J’ai les neurones à deux cents à l’heure. Une vache. Un sapin dans un champ calme avec le son apaisant. Et puis des éviscérés. Et encore la douleur. Encore la douleur. Et cette pointe toujours fichée dans mon poignet…

    Je bave. Je sens que je commence à baver. Les images défilent. Tranquilles et sereines, ou douloureuses et moches. Et puis de la musique parfois. Tatatin, tatatin. Tin. Et la douleur avec. Et la douleur toujours. La douleur franche, mais constante. Trop.

    Fls de pDzzzt.


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    Aïe Aïe Aïe Aïe Aïe... Si Maya était du genre à jurer, vous pouvez être sûr que tout un chapelet de jurons variés résonneraient dans la pièce. Mais non. Car s'il y a bien une leçon que la blonde a retenu de son éducation, c'est qu'il fallait être poli, et que les jurons c'était mal. Sa mère lui disait toujours que, si elle décidait de dire des gros mots, elle serait une vilaine fille et maman ne l'aimerait plus. Alors Maya n'a jamais dit de gros mots, comme ça, elle serait toujours aimée par maman.

    Tandis que le sérum s'écoulait toujours un peu plus dans ses veines, la faisant crier plus que jamais, elle se débattait. Elle tirait sur les liens qui retenaient ses poignets. Elle essaie de redresser le buste, mais les élancements du produits dans son corps l'empêche de se concentrer et de bander ses muscles. Son oeil d'émeraude lançait un regard à son père où se mêlait incompréhension et douleur.


    _ Regardez... Regardez...
    _ Mais monsieur.. Le protocole ?
    _ Rien à battre du protocole ! Je veux la purger de ce mal qui la ronge. Je veux prouver que ce n'est pas de ma faute si elle est devenue comme ça. Que je suis un bon père. Oui ! Ahahah, la purger du mal qui l'habite...

    Le vieux, la brune et l'autre que Maya ne pouvait voir parce qu'il était dans son dos lancèrent un regard interrogateur à celui qui semblait être leur supérieur hiérarchique. Mais ils ne le contredirent pas plus longtemps.

    _ Maintenant, on va sortir le mal de ton corps ma petite.

    Il s'approcha de la blonde, un sourire aux lèvres détaillant ses dents jaunies. Le vieux, derrière, tendit un masque vert pour mettre sur le bas du visage, mais le patriarche Miso n'y fit pas attention. Il actionna une poulie qui releva Maya encore plus au-dessus du sol. A tel point que, toujours à l'envers, sa tête arrivait au niveau des épaules de son tourmenteur. Il s'empara du poignet de sa fille d'un geste brusque, ne daignant pas couper le chanvre qui liait celui-ci à son jumeau, et palpa un peu au creux de son coude.

    _ Scalpel !
    _ Tout de suite monsieur. Mais.. Et l'hygiène ? Et les protections ?
    _ T'occupes pas de ça toi ! Amène le scalpel le plus affûté qu'il y ait.

    Le vieil homme s'exécuta prestement malgré son âge avancé, et la lame réfléchit la lumière de la petite ampoule bas prix qui éclairait la pièce. Ils feignaient tous de ne pas entendre les cris déchirants de la blonde borgne. Et pourtant, elle qui n'avait jamais crié ainsi, ça signifiait qu'elle avait très très mal.

    _ A nous deux ma petite Maya. Tu vas voir. Ton sang souillé ne te manquera pas. Je te transfuserais du mien, et tu seras saine d'esprit et de corps, enfin. Ou au moins de corps.

    Parler de transfusion fit bouger la brune. Elle approcha une sorte de portique avec deux poches qui y étaient suspendues. Deux poches pleines de sang reliées à une longue aiguillie pas rassurante du tout.

    D'un geste net et précis, le papa Miso trancha l'intérieur du coude de sa fille. Le sérum la brûlait toujours de l'intérieur, mais allait en s'atténuant. La coupure ne la fit pas broncher, les picotements passant inaperçus à côté du feu qui courait dans ses veines et dans ses muscles.


    _ Allez ma chérie, laisses-toi aller...
    _ AAAAAAAH ! ... Maman... Maman trouverait que.. Que tu es devenu méchant... Elle... Aaaaah... Elle ne t'aimerait plus...

    A ces mots, il lâcha le scalpel et la gifla.

    _ Ne parles pas de ta mère ! C'est de ta faute si elle est morte !

    Le sang jaillissait à petit bouillon de l'entaille à son coude et coulait, chaud, sur le bras de la blonde. Elle sentait la brûlure du sérum diminuer en intensité. Et, tandis que son père se levait, l'assistante brune s'approcha de l'ex-gouvernementale et prit son autre bras pou y planter l'aiguille pour la transfusion. L'oeil unique de la captive croisa son regard. Elle avait un air suppliant sur le visage. D'une voix rendue rauque par les cris, elle demanda :

    _ Chocolat... S'il vous plaît... Juste un peu.. Un carré...

    Elle se mordit la lèvre, et son regard s'attarda plus longtemps que prévu sur la jeune pirate. Puis elle hocha brièvement la tête. Collant un bout de sparadrap sur l'aiguille pour la maintenir en place, elle alla prendre une tablette de chocolat qui se trouvait dans le sac de Maya pour lui en apporter un carreau. Rien qu'un. Un tout petit carreau pour la scientifique. Mais le saint Graal pour la jeune pirate. Elle ouvrit les lèvres pour happer la sucrerie tant désirée et le croqua avec plaisir.

    Immédiatement, son esprit se concentra sur le goût divin que le chocolat libérait sur ses papilles, sur la saveur tant aimée qui lui manquait. Elle le mâcha bien cinquante fois, même s'il était plus liquide que consistant à la fin. Ce tout petit morceau de chocolat lui redonna une certaine vigueur. Clignant plusieurs fois de l'oeil, elle tenta de plier les genoux, se hissant de quelques centimètres avant de relâcher. De l'autre côté de la pièce, le vieux à la voix de fille et son père parlait. La brune ne disait rien, et le quatrième larron semblait être sorti.

    La perte de son sang affaiblissait Maya. Et la perfusion ne semblait pas fonctionner très très bien. Tout autour de l'aiguille, un bleu se formait, comme si le sang coagulait au lieu de passer dans ses veines. Lorsqu'il s'en rendit compte, le vieux avertit le patriarche Miso qui vint voir par lui-même.


    _ Bougres d'imbéciles, vous n'avez pas mis les bonnes perfusions !
    _ C'est-à-dire que, monsieur, ce n'était pas ce qui était prévu... Vous...

    Voyant l'air furieux de son supérieur, il se tut. Ce dernier se tourna vers sa fille toujours harnachée. Il arracha l'aiguille de son bras sans ménagement, et envoya les deux autres chercher la bonne perfusion. Et la jeune pirate mit cette distraction à profit, et les quelques forces (mentales sinon physiques) recouvrées avec le bout de chocolat ingéré, pour replier franchement ses jambes et agripper la chaîne rouillée qui maintenait ses jambes. La surprise de son père lui fit profitable. Usant du Shigan avec dextérité, elle perça la chaîne qui, rouillée, n'opposa pas grande résistance.

    Tombant au sol, elle étouffa un gémissement surpris. Dos au sol, elle s'était sans doute fêlée une côte. Elle roula sur elle-même pour éviter son père qui se précipitait vers elle pour l'immobiliser. Puis, faisant fi de la côte qui craquait bizarrement lorsqu'elle faisant un mouvement trop brusque, elle se débarrassa de la corde qui liait ses poignets en tirant d'un coup sec, le chanvre lui brûlant la peau en cédant. Puis elle attrapa une fiole qui traînait sur une sorte de table de chimiste et la lança vers son père. Il l'évita et plongea sur elle avec une seringue à la main.

    Si elle évita de finir au sol, clouée par son poids, elle n'évita pas la seringue qui s'enfonça dans sa cuisse alors qu'elle s'esquivait, ni la seconde salve de sérum qui laissa comme une traînée de feu dès qu'il commença à circuler dans son corps. Elle cria, encore, et donna des coups de genoux sans ménagements dans le thorax de son géniteur. Pas de temps pour l'affection ou le respect. Lui abattant par la suite un gros bocal rempli de.. Euh... De quelque chose qui ressemblait à des intestins, elle l'assomma d'un coup sec. Prenant le temps de reprendre son souffle, elle boitilla jusqu'à la porte en serrant les dents pour ne pas crier. D'une main, elle saisit son sac. De l'autre, elle ôta la clé de la serrure de la porte. Les cris qui résonnaient tout autour étaient bien audible tant que la porte était ouverte.

    Elle se posa un instant, le dos contre le mur, et attendit le retour des deux autres scientifiques. Elle bougea un moment, le temps de déchirer un morceau de sa chemise pour faire un garrot au creux de son coude, puis de briser la seule chaise de la pièce, et garda un des pieds dans la main. Elle réprimait ses cris, pour ne pas les alerter, se mordant si férocement la langue à tel point qu'elle sentit bientôt le goût métallique du sang sur ses papilles. Heureusement, les deux autres revinrent vite en poussant l'espèce de portique devant eux. Armée de son pied de chaise, elle l'abattit avec force derrière le crâne des deux assistants de son père, les assommant sur le coup, criant dans le même temps pour libérer sa douleur. Balançant l'arme de fortune dans la pièce, elle referma la porte et la verrouilla.

    Essoufflée, haletante, elle resta un instant sans bouger. D'un côté, le couloir continuait mais il lui semblait que les scientifiques ne venaient pas de cette direction. Alors elle prit l'autre. Elle se tint au mur le temps que son sang transportait le sérum. Elle prit aussi un autre carré de chocolat dans son sac. Puis un autre... Et ainsi de suite jusqu'au dernier. Mais elle avait bien besoin de ça pour récupérer. Et enfin, elle put réfléchir calmement. Clairement. Miel, pensa-t-elle. Il était sûrement en sécurité près des navires. Et les autres, ceux qui sont montés ? Sûrement par là aussi. Quelques mètres plus loin, elle pousse une porte. Un mec, presque écartelé, hurle à s'en faire péter les cordes vocales. Pas lui.

    La porte d'en face ? Une femme à laquelle on semble avoir greffé des tas de trucs sans prendre garde à l'hygiène parce que les plaies sont purulentes. Pas elle. Et ainsi de suite pour les trois portes qui suivirent. Un autre scientifique fait face à une quatrième porte. Maya lui tombe dessus vitesse grand V avec le Soru. Et paf, les doigts dans les yeux pendant qu'elle lui broie la gorge, à califourchon sur lui. Puis elle ouvre la quatrième porte. Au fond, une forme prostrée dans l'ombre. Pas un mot. Pas un souffle non plus d'ailleurs. Bon. La suivante.

    Le sérum s'est atténué dans le corps de Maya. Elle peut marcher sans trop douiller. D'un coup d'épaule, elle ouvre la porte suivante. Une sorte d'écran fait défiler des images. En face ? Tahar. Attaché à une sorte de siège. Sanglé plutôt. Face à l'écran improvisé. Voulant parler, elle tousse. Tant pis. Une autre fois la parlotte. Elle pénètre dans la pièce d'un pas un peu titubant. Le contrecoup des deux injections de sérum. Un sérum qui faisait quoi, d'ailleurs, à part lui faire mal ? Aucune idée.

    Elle avise alors un truc qui goutte-à-goutte dans son bras. Mais, ça ne semble pas être du sang. S'accrochant au bord du siège, elle tire d'un coup sec sur l'aiguille. Cling, qu'elle fait en tombant. Puis les sangles... Ah non, pas les sangles. Enfin si, celle du cou elle put l'enlever sans trop de mal. Celles des poignets... Non, celles des poignets elle y touche pas. Levant les yeux vers le visage de son capitaine, la borgne articula d'une voix rauque :


    _ Chocolat ?

    Oui, chocolat. Pour reprendre des forces. Mais elle doute qu'il en possède sur lui à cet instant. Tant pis.
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    Un bruit sec me ramène. Je suis dans les limbes de la douleur, mon corps est déchiré. Mais ce bruit me ramène. Je revoie clair, à mesure que je glisse au sol. Une grande inspiration. C'est fini, on dirait. J'ai toujours mal, mais je suis libre. Libre? Mes yeux s'habituent à nouveau à c'te cradasse lumière d'ici. J'entrevois une silhouette. Familière la silhouette. ... Layr ?

    Hé mon gars, t’es le premier d’la liste mais j’compte sur toi pour pas m’laisser faire tout le sale boulot hein.


    J'baraguin'rais bien une réplique panache, 'stoire qu'on s'partage la classe, mais non. J'suis encore convalescent, faut m'laisser quelques secondes. J'arrive juste à laisser échapper un mot super compliqué, pour moi.

    Merci.


    C'te p'tite humiliation qu'j'm'inflige m'pousse à retrouver ma dignité. J'me r'lève, et constate qu'j'suis toujours en grand singe. Mes membres sont bariolés d'plusieurs plaies, celles creusées par les anneaux d'acier. Hmm. Ca passera. Déjà, la douleur fait place à autre chose: la rage. J'suis sérieusement r'monté. Ajoute à ça qu'j'suis sobre... J'vais faire du mal. Beaucoup. J'regarde autours. Personne, hormis Layr. Mon tortionnaire s'est barré, y m'a semblé dans mon mal discerner sa sortie. J'avance. J'ai l'impression d'être plus grand. Genre plus grand gorille qu'j'n'étais déjà. Et impossible d'revenir en forme humaine. Surement le sérum qu'l'autre dingue m'a planté dans les veines.

    J'sais pas pour toi Layr, mais j'ai bien envie d'réduire cet endroit à néant.


    Il semble d'accord, tant qu'on lui en d'mande pas trop. Un homme ossé qu'Layr. Il aime la gnôle, et la paix. On inspecte rapide la pièce. Un ramassis d'crasses immondes. Le pack complet du p'tit tortionnaire, couplé à c'lui du p'tit chimiste, version franken'. En voyant les produits bizarres, et surtout leurs étiquettes à base de cranes et d'sigles d'explosion, j'appelle Layr.


    M'semble qu'les bombes, c'est ton rayon, non? Y a d'quoi faire, t'crois?


    Sa réponse est interrompue. La porte grince à nouveau. Mais qui va là? Héhé. Héhéhéhéhéhé. Mais c'est mon gentil tortionnaire! J'le vois. Y nous vois. Mais j'l'ai vu l'premier.

    Run this way!


    En singe, cette tech' est sympa. Plutôt qu'courir à toute vitesse, j'fais des bonds, en grippant c'qui passe. Résultat, en moins d'temps qu'faut pour l'écrire, j'suis sur lui, l'scientos fou. D'une main énorme et poilue, j'le grippe. Lui, il panique. Se débat. Je prends mon temps, l'amène à hauteur de mon œil. De là, il peut tout voir; ce qu'y m'habite là maint'nant et ce qui l'attend. Il commence à bafouiller, et débiter des suppliques. Je le laisse faire. Lorsqu'il n'a plus rien à dire, je réponds:

    Je vais te broyer. Lentement.


    Je le fais. Mais sans l'tuer. Son corps n'est plus qu'une enveloppe molle avec des os cassés dedans, lorsque j'le laisse tomber au sol. J'm'enquiers de Layr, s'il a pris tout c'dont il avait b'soin, si on peut continuer, et par où. Layr est pas trop s'coué par c'qu'il vient d'voir, et tout est bon apparemment, on peut disposer. Aller chercher nos camarades. Parfait, faisons comme ça, temps d'quitter cette salle dégueulasse. Temps d'passer la porte. Et, c'la dit, en passant, j'laisse trainer l'pied sur la tête d'mon ami l'jouet. Voilà, maintenant, il est mort.
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    Le docteur Beaumary, après avoir éliminé l'incompétent étendu au sol, se tourne vers le technicien de la salle de réclusion où se trouve le dénommé Walters Scott. Il s'approche pour lui donner de nouvelles instructions. Mais des bruits venant de l'intérieur de la cellule l'arrêtent. C'est violent. C'est puissant. C'est pas habituel et de plus, ça forme des bosses dans le métal de la porte. Les chaines se tendent, puis cèdent. Les barres qui entravent l'ouverture se plient avant de tomber au sol. Les gonds craquent, et explose.

    La porte se tend, et vole en avant.

    Le docteur Beaumary, après s'être figé face aux bruits provenant de l'homme qui a fait de sa femme une inceste et une morte, voit la plaque métalique totallement pliée s'approcher de son visage en mode vitesse grand V. La porte ramasse le crâne du scientifique à l'horizontale et désintègre toute sa partie supérieure en une ribambelle de morceaux de chair et d'os sangolinents. Le pirate ne sort pas, il ne hurle pas, il reste dans les ténêbres de sa cellule. En bon logicien, le technicien se dit qu'il doit être exténué après avoir détruit sa cage de cette façon. Il regarde les garde, armés, et leur fait signe d'entrer pour s'en occuper. C'est leur boulot après tout.
    Pas très sûr d'eux, deux soldats s'avancent vers l'orifice noir et se plongent dans un néant au contenu inconnu.
    Après un moment, un d'entre eux sort. La tête la première, qui plane à un peu plus d'un mètre du sol. Suivie de près par le reste du corps qui s'écrase devant l'entrée. Walters Scott enjambe le cadavre en en trainant un autre. Il est pas content et ça se voit. Une trainée de sang suit le garde mort. Les derniers membre de la sécurité se mettent en joue pour tirer avant de remarquer un détail qui a changé chez le pirate.

    C'est pas l'envie de tuer et de détruire qui se dépeint sur son visage.

    C'est pas son sang se mêlant à celui de leurs collègues recouvrant ses avant bras.

    C'est pas l'aura de terreur qui l'entoure.

    C'est son oeil droit. Sans bandeau.

    J'ai envie de lâcher un truc du genre "bonjour, je suis de retour", mais ça collerait pas à l'ambiance. Pourquoi ? Parce que là c'est sérieux. C'est la famille, c'est les gosse, et Walt' rigole pas avec les gosses. Ces gus ont cru qu'ils pouvaient enfermer le chaos derrière une plaque de fer ? Voilà qui est gaussant.
    Mais je m'écarte.
    Les trois gardes qui restent se mettent en joue, et se bloquent devant l'horreur putréfiée qui se montre devant eux. Le bandeau tombe ne révèle pas une orbite vide, mais un oeil ouvrant à l'imagination de l'homme une univers de terreur et de souffrance. Une sphère aussi noire que les plus profondes abisses. L'un d'entre tire, mais rate, malgré la cible facile qu'est le bosco immobile. À l'instant suivant, l'arrière de son crâne est écrasé contre le mur. Les deux suivants ne tiennent pas beaucoup plus longtemps.
    Le technicien, seul rescapé de la clique regroupée devant la cellule, et tout bon logicien qu'il est, prend ses jambes à son cou.
    Walters, qui jusque là n'avait pas remarqué l'homme, le suit.
      Le matos me ramène plus de vingt ans en arrière. À l’époque où on jouait aux apprentis chimistes avec Marisa. J’ressens presque le soupçon de nostalgie qui gagne inlassablement les âmes abimées. Le temps d’organiser notre contre-attaque dans ma tête. Le temps d’préparer des armes de destruction massive avec ce que j’ai trouvé sur la table. Le temps qu’mon compagnon d’infortune finisse son rituel meurtrier.

      Je sens la colère vibrer dans sa voix. Y l’est pas content. Un mec violent le Jack, bien plus que moi. Un homme dur, usé, je peux sentir d’ici que l’oxygène de l’air est plus un poison qu’un sérum revigorant pour lui. On est tristes nous les Saigneurs, j’dis on parce que pour la première fois p’tet je m’inclue vraiment dans le lot. J’serai sans doute jamais un vrai copain, mais cette petite bande m’donne assez de baume au cœur pour vouloir laisser ma chère solitude jouer à l’écart pendant un p’tit moment. On souffre ensemble, on crie ensemble.

      J’disais donc que j’étais pas un vrai tueur comme Gorillaz. On m’a pas programmé pour ça au départ, et voir toute cette déchéance m’donne juste l’envie d’être assis tout seul sur un bateau, sans personne pour m’emmerder. Paradoxe qu’on dira, pas tant que ça que je répondrai pas.

      Là, en ce moment même, y’a des mecs complètement tordus qui nous ont pris pour le plaisir. Annick est qu’un pion sans doute, j’m’en tape, je veux pas savoir qui sont ces cinglés. Moi je veux une chose, c’est retrouver le sourire version 2.0 de ma Dame du lac qui agonise entre de sombres mains. Une fois que ce sera fait, je vais faire en sorte qu’on se souvienne de nous. Que je le veuille vraiment ou non. Je reste une chèvre, la chèvre d’une morte.
      J’harangue mon ancien pote de boisson en quittant la pièce, les bras chargés de mixtures explosives.


      « Rugis avec tes poings, je m’occupe du décor. »


      Faut dire qu’on se complète bien. Lui aime bousiller le vivant, je vois le côté poétique d’une architecture détruite. Le sang et le vent, la bête et le poète.
      J’ai toujours du mal à me mouvoir. Mon comparse le voit bien, mais entre hommes on fait pas de chichis. Je peine à le suivre mais on avance.
      Le plan ? On ouvre chaque cellule qui s’offre à nous avant de déposer une charge boumesque près de chaque plan de travail. Pour relier les salles, j’trace une ligne inflammable d’un liquide visqueux. Comme des dominos bien huilés. Me suffira d’allumer à un endroit pour que tout le monde profite du spectacle.
      Jack s’en donne à cœur joie, les scientos défilent devant nous puis sous ses pieds. J’transpire toujours, je me dis qu’au fait ils avaient bien mis quelque chose dans mon dernier quatre heures. Pas l’temps de faire la fillette. Y’a pas mal de torturés qu’on laisse derrière nous. Vu leur état, leur mort sera une sorte de soulagement, ce sera notre B.A du jour.

      On commence à faire du bruit, on attire du monde. J’ai pas vraiment d’arme alors j’laisse faire mon gros pote.
      Au fond du couloir je l’aperçois enfin. Annick, accompagnée d’un paquet de loustics, qui se demande d’un air pincé qui fout un bordel pas possible dans ces lieux. Je retrouve un semblant de vigueur, et tandis qu’je sue à grosses gouttes j’me précipite en avant en jetant lentement une flammèche sur la case départ de ma fresque grandeur nature.


      « Je veux mes armes Jack. Et elle au milieu, elle sait. »


      J’suis le seul à pas pouvoir admirer l’Apocalypse qui débute dans mon dos. Et tandis que le sol s’ébranle et que le tonnerre fictif gronde, deux pirates surgissent des enfers pour expier les péchés d’un groupuscule malfaisant. Gloire à nous.
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      Je rame. Mon cerveau rame. Poussif. Lent. Indolent. Lénifié. Là-haut dans ma sale caboche, je ne suis plus que soupe innommable. Je le sens bien. Sentir, c’est encore la seule chose que j’arrive à peu près à faire. Et encore, hein. Mais à peu près. Je sens que je suis mou. Presque plus mort que vivant. Vraiment, je veux dire, pas juste dans mon délire habituel. Cette crevure aux commandes m’a lessivé complet. Refait la garniture, les portières et aussi le moteur. Et juste un peu tapé sur la carrosserie et le châssis, mon corps donc. Juste un peu. A coups de trouzillions de volts. Mais ça c’est pas grave, ça fume juste un peu mais ça passera. Haaaaaa. Ouais, voilà, c’est ça que je devrais penser : Haaaaaaa. Avec plein de a. Mais même ça… C’est pas que j’ai pas la foi, c’est que ça me vient même pas. Et si ça vient pas… Je suis pas en état de forcer la chose. Je suis en état de rien.

      Une éternité passe.

      Sous les traits d’un ange blanc un peu trop bronzé pour pas être en service temporaire, elle s’envole. L’éternité. La lumière se fait un peu. Je crois. Dans le brouillard de mes yeux complètement asséchés par la douleur et l’absence de paupières, je vois pas très bien. Vachement utiles, les paupières, on se rend pas compte. Du bruit aussi, peut-être. Mais là encore entre la musique que me serine la bestiole moche à gauche-droite et l’écran noir de mes nuits blanches, dur de bien me rendre compte.

      Trois ans après, une fillette me demande du chocolat sans que je sache trop faire la connexion entre l’avant et le maintenant. Tout ce que je vois, c’est qu’elle est borgne, que je la connais, et que je la sens vachement proche dans ma tête. Radar. J’ai envie de répondre connard, mais le mot veut pas sortir de ma bouche. Vaut ptet mieux, ça aurait sans doute été hors-contexte. Je peux bouger le bras gauche, ça me rappelle qu’avant j’y avais un dard façon frelon vicieux planté jusqu’à l’os, et que maintenant c’est plus le cas. Je souris sans trop savoir pourquoi, mais pas longtemps.

      DzzzzAAAAAAAAH

      Le bon docteur Mengele, c’est pas moi c’est lui qui gueule comme il s’appelle, nous claironne que foi de lui il nous laissera pas nous en sortir vivants bordel de dieu. Je veux lui répondre que c’est lui le bordel, mais là encore le mot sort pas de ma mouille, et c’est pas la faute à la décharge de quarante qu’il m’envoie dans la moelle cette fois, vu que je viens de débrancher le bidule avec ma patte libre et qu’il a un petit air stupide en réalisant que je viens de braver l’interdit et de me transformer pour me défaire de mes entraves. Oui, forcément, sans perf vicieuse, on se permet des trucs qu’on se permettrait pas avec. Ca loupe pas cela dit : le sérum machin doit encore faire effet et je me retrouve en flaque dégueulasse, étalé de tout mon volume au pied de ma nouvelle meilleure copine énuclée et blonde, à percevoir toute la froideur de la terre. Terre ? Merde, je m’imbibe dedans, prêt à passer au sous-sous-sol.

      Ca pue salement. J’essaie de reprendre forme solide avant d’être passé dans les abysses de Clockwork Island, mais il est encore un peu tôt manifestement, et ma flaque se rétrécit à vue de pif à mesure que j’explore les nappes phréatiques locales. Bon, des nappes phréatiques, y en a pas juste sous nous alors en fait je dis juste bonjour aux vers de terre que j’assimile au passage, dégueulasses mais sources de protéines bonne pour mon foie. Ca me requinque doucement mais sûrement, et au moment où la dernière goutte de moi va disparaître de la surface, eh ben en fait non, tintintin, me revoilà. Le bon docteur en croit pas ses mires ni ses esgourdes, et préfère se casser en nous enfermant à nouveau pour conserver deux instants de plus le vain espoir qu’il va s’en tirer.

      En récupérant ma gueule des mauvais jours, toujours un peu floue je sais bien mais ptet bien un peu plus stable qu’avant, j’avise Maya qui tangue un brin sous les effets d’une probable autre saloperie préparée pour ses bons soins, ce qui explique qu’elle ait pas bougé pour sauver nos belles gueules et nous éviter le nouveau noir total. J’ai dit noir ? Nan, y a un truc qui reste allumé, c’est l’escargophone de mes deux qu’on a pas pris le temps de mettre sur pause et qui continue à déblatérer ses ignobles dessins sur la chaux du mur des lamentations. Je me fais un malin plaisir de l’écraser comme sa sous-espèce le mérite, glisse un peu sur sa bave mais pas trop, et de toute façon on s’en fout puisque mon cortex se met en pause.

      Hm.

      Je crois que je commence enfin à piger la manœuvre du doc, ses noirs desseins et sa visée nocturne. Me rendre gentil ? Me conditionner ouais. Me pavlover. Ca me rend très colère. Alors j’explose. Pas mon corps, non. Mon esprit. Explose pas fort, parce que je suis fatigué, mais explose un peu, le total inverse du jour où mon frangin s’est pris un poing de trop. Je sais pas trop pourquoi ça me revient, mais ça me revient. L’image et les sensations que j’ai eues alors. Y a si longtemps. Cette fois-là, c’était un calme absolu, un vide total, que j’avais ressentis. Là, c’est tout l’inverse. Mes pensées rageuses deviennent énergie, remplissent la pièce avec hargne et, comme ladite pièce est trop petite parce que je pense beaucoup, débordent un peu par la fente entre le sol et le bois de la porte.

      Ca fait pouf, et ça explose. La porte vole pas, mais le mec derrière qui vient de la refermer fait sprotch en s’étalant la bedaine sur le terreau mûr de sa fin à venir. Je dis fin à venir parce que je sais déjà comment ça va se passer. Je vais défoncer le panneau qui me sépare de ma liberté d’une botte revancharde, et ensuite je vais le bouffer vivant. Inconscient mais vivant. J’ai dit que je le ferais. Plus qu’à espérer qu’il aura bouffé ce que j’avais recommandé… J’y vais en suant du sang, le temps que le métabolisme se remette, j’approche le talon des gonds, je prends un élan, et là tout vibre au loin. Tout gronde en arrière-plan, tout sombre chez nous.

      Gneh, j’ai encore rien fait ?!

      Je regarde la miss. Enfin je la regarde pas puisqu’on est dans le noir, mais je me tourne vers là où je sais qu’elle est. Pas de réaction de sa part, elle attend comme tout bon torturé sait le faire. En un peu plus sonnée peut-être. La faute à moi ? Désolé gamine, t’auras ton chocolat en sortant, promis. Ca se calme. J’attends moi aussi, pas longtemps parce que j’ai faim, puis je retente. Là ça passe. Le pied. La porte. Vlam. Pas de bol, dehors il fait aussi noir que dedans. Je sens quand même le sang du docteur. Le con a dû se casser la gueule méchant et y passer sans me laisser le plaisir de le dépiauter de son vécu. Moche. Pas grave quand même, j’ai les crocs et une promesse à tenir… C’est quand je me tombe à genoux vers le macchabée et commence à renifler la direction de sa jugulaire que ça commence à trembler méchant. Trembler, s’éclairer au fond du corridor. Une lumière, des tons que j’ai déjà vus. Chauds, puissants, émotionnants. Explosifs. Communicatifs. Un mot se fraie un chemin jusqu’à mon conscient. Emplit mes cavités buccales. Desserre mes dents au prix de mille efforts. Fait bouger mes lèvres et claquer ma langue après un temps indécent de dur labeur. Quand je rouvre les globes, quand je vois où on a atterri, je me répète parce que je suis toujours fatigué.

      Merde.
      Spoiler:


      Resident Devils [1624] 661875SignTahar
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      Trop, c'est trop. Maya a tout juste la force de pas tomber lamentablement au sol, inconsciente. Et pour une fois, c'est pas la narcolepsie qui menace. Non non non. C'est juste cette saloperie d'injection que Papa a faite un peu avant. Elle n'a plus mal. Non, ça s'est largement atténué, et à présent, ça picote juste dans ses veines. Mais le chocolat a vite été éliminé avec les efforts produits pour arriver jusque là. Alors elle tangue. Elle ne dit rien. Elle tente de garder l'oeil ouvert, de rassembler les forces qui restent encore, tapies au fond d'elle.

      Tahar profite de ce que la perfusion n'est plus en place pour se liquéfier. La blonde n'avait jamais trop eu l'occasion de s'attarder sur ça. Alors elle observe, tout en se forçant à ne pas céder à l'épuisement de ses muscles trop sollicités par le sérum. Elle voit la flaque-Tahar disparaître peu à peu, avalée par la terre. Elle voit le docteur sur le seuil de la porte, qui observe lui aussi. Elle devrait peut-être aller l'assommer, le découper, ce genre de choses ? Oui, elle devrait. Mais l'engourdissement de ses muscles et l'effort qu'elle fournissait pour rester debout et consciente annihilait tout semblant de prise d'initiative.

      Et puis la flaque-Tahar se reforme, et reprend forme humaine. Maya observe, mais pas vraiment en même temps. Son esprit est partagé entre "Reste éveillée, debout, et tout le tralala" et "Trop classe ça". Son corps vacille un peu, mais elle reste campée sur ses deux pieds. Et le docteur part. Comme ça. Sans dire au revoir. Il ferme la porte aussi. Sans demander si ses invités voulaient de la lumière.

      Regardant sans le voir le capitaine des Saigneurs écraser l'escargophone, l'ex-gouvernementale plie et déplie ses doigts engourdies. Puis elle tourne ses poignets dans tout les sens, pendant quelques secondes, puis les coudes, etc... Sur un navire, le roulis de la mer aurait expliqué le vacillement de la jeune femme. Sur la terre ferme, c'est un peu moins évident. Heureusement, il fait noir. Personne voit rien. Elle ressent juste l'air qui bouge un peu quand Tahar va vers la porte. Sortir. Oui, sortir, c'est une bonne idée. Sortir, et se dégourdir les muscles endoloris. Sortir, et trouver un bout de chocolat pour se remettre d'aplomb. Sortir, et mettre leur raclée à ces scientifiques de malheur. A Papa aussi. Parce qu'il est devenu méchant. Si Maman le voyait, elle ne serait pas contente.

      Cette pensée secoua un peu Maya de sa torpeur. Elle bougea doucement. Un pas en avant, un pas en arrière. Sautiller un peu. Ha non, en fait, elle sautille pas. C'est juste le sol qui tremble. Et c'est même pas de la faute à Tahar. Elle cherche à comprendre d'où ça vient. Elle cherche à essayer de comprendre, même. Parce que voilà que la narcolepsie tente de l'emporter avec elle. La blonde cligne alors plusieurs fois des yeux et se mord la langue pour rester consciente. Elle entends par exemple la porte sortir de ses gonds. Elle voit aussi l'absence de luminosité extérieure. Tant pis. Et puis ça tremble à nouveau, plus clairement. Une lueur semble éclairer progressivement le corridor. Et puis Boum. Explosion.

      La Maya, elle comprend plus rien. Elle est comme anesthésiée. Elle est où la pièce obscurs où ils étaient ? Pourquoi elle est tombée, tout à coup ? C'était la faute à qui cette explosion ? Questions, encore questions et questions encore. La lumière s'est faite petit à petit. Autour d'elle, et de Tahar non loin, c'était rouages et engrenages à tire-larigot. Et puis un peu plus loin, une forme se relève, boitille, sautille de roues crantées en roues crantées.


      _ Maaaaaayaaaaa ! Vilaaaaaaine Maya ! Très vilaine fille. Depuis quand on frappe son Papa ? Hein ? Si Maman savait ça...

      La borgne se tourne vers la forme qui se rapproche. Seul. Il est seul. Les deux autres doivent être encore sonnés.

      _ Papa n'a pas aimé que tu le frappes avec le bocal d'intestins. Papa va sévir ! Allez, Maya, ma petite chérie... Viens là. Je vais te soigner tu verras. Tu seras comme nous le désirions, avec ta mère.
      _ Tu es fou.

      Elle ne bouge pas d'un poil, debout sur une roue crantée qui tourne avec la lenteur d'un escargot. Sa voix est rauque, faible. Mais son oeil d'émeraude brille d'une lueur détermination comme jamais.

      _ Maman doit se dire qu'elle ne te reconnaîtrait plus à présent. Alors que moi.. Que Maya n'a pas changé. Elle... Je ne suis pas folle. Moins que toi.

      Et vas-y que ça alterne entre la première et la troisième personne. Étrange changement pour la sociopathe, peu habituée à parler d'elle en disant "Je" ou "Moi".

      _ Mayaaa. Tu me déçois ma fille. Vraiment. Mais ça ne fait rien. C'est parce que tu es dérangée. Je vais arranger ça. Viens-là.
      _ Non. Non, non et non. Je ne suis plus une petite fille. Et tu es parti. Elle... J'aurais aimé que mon cadeau d'anniversaire ne soit pas une maison vide.

      Elle jette un regard dépourvu de chaleur à son géniteur. La blonde en oublierait presque l'endroit où elle se trouvait, et les circonstances de ces chaleureuses retrouvailles familiales.

      _ Je ne me suis pas enfuis. C'est de ta faute, uniquement de ta faute. Comme quand ta mère est morte.
      _ NON ! Maya n'a rien fait. JE N'AI RIEN FAIT !

      Cri du coeur. Cri rauque, et toujours faible. Mais cri du coeur. Maya n'était pas responsable de la mort de Maman, d'abord. Elle n'était qu'une enfant. Elle aimait sa mère. Elle voulait juste lui faire plaisir. Lui plaire. Ainsi qu'à son père. Était-ce de sa faute si tout le monde la traitait comme une paria, comme une folle ? Absolument pas.

      La borgne bougea, reculant de quelques pas alors que le père se rapprochait. Plus besoin de crier. Il était pratiquement à ses côtés. A une roue crantée d'écart. Il leva une main. Entre ses doigts, l'aluminium qui entourait une tablette de chocolat brilla fugitivement. Son père prit une voix caressante. La même qu'il utilisait quand elle était encore toute petite, sans problèmes apparents.


      _ Maya... Ma chère psychopathe de fille... Tu veux du chocolat ? Hmm ? Si tu viens, je t'en donnerais. On oublieras tout. Je te soignerais, et tu seras une bonne fille. Ce n'est pas un bon plan ?

      Dilemme. Gros dilemme. Chocolat ? Ou Saigneurs ? Parce qu'elle savait que, si elle allait prendre le chocolat, elle ne pourrait plus revenir jouer avec ses compagnons, naviguer, dépiauter, découper, désarticuler, etc... Mais le chocolat était si tentant. Son estomac gargouilla rien qu'à l'évocation de ce met délicieux. Oh, divin chocolat...

      _ Non.

      Voix sèche. Oeil fermé. Poings crispés. Maya a fait son choix. Elle recule encore de quelques pas, s'éloignant toujours plus de son père qui avançait, une lueur folle dans le regard.
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      Layr m'bave un truc à propos d'ses armes, mais l'temps d'comprendre, tout s'fout sans d'd'ssus d'ssous! Un souffle rouge, bleu, vert nous envoie valser plus loin, dans l'corridor! L'ami y a pas été d'main morte. J'aime. J'tourne la trogne. Derrière, c'est chaos! La moitié du couloir est effondré, précipitant une chiée d'truc dans les profondeurs du bâtiment. Un coup d'oeil au poto amoureux des boom. Il va bien. Y survivra. Le gus se relève pénible et j'fais de même. Devant nous, la cohorte de scientos s'est relevée aussi. Ils se cavalent. Sage décision. On les suit.

      C'est qu'ils courent vite les gus. Mais nous aussi. Ils passent une porte, puis la verrouillent. Je déblaie à chaque fois, et on gagne du terrain. Au point qu'la dernière porte ils la verrouillent pas. On s'y engouffre, sans sentir le piège. Ouais. C'était pourtant évident. On débarque dans une pièce, style hangar, grande comme mon orgueil. Ni une ni douze, une cage mastoc s'abat sur nous, nous emprisonnant aussi sec. En même temps claquent ce mot:

      FEU!


      J'ai à peine l'temps d'bondir! Une salve de plombs balaie la surface d'la cage et semble pas vouloir s'arrêter! Stupide. S'ils croient qu'une cage va nous r'tenir. J'm'accroche aux barreaux, prêts à les arracher, mais ... j'me prend une masta douille! Haha, vrai, penser à pas les sous-estimer ces mignons! J'retombe au sol, presque sonné. Une bastos m'perfore l'épaule. Ca fait mal, ça m'fout un coup d'boost. J'me précipite. Toujours en grand singe, j'focalise, sauvagement, le poing à l'épaule. L'autre poing, l'autre épaule. Une aura noirâtre entoure ma patate, qu'j'abat sauvagement sur la cage! Elle résiste un peu, puis s'troue comme une rencontre de fin d'soirée. Le passage est fait. Nos tortionnaires et leurs carabiniers ont pas manqués l'move et centrent leurs tirs sur l'ouverture. Trop tard! J'ai bondi, haut et loin, les pattes jointes et les bras levés! En retombant, j'abats sur le sol mes mains tel un marteau. Ca fait trembler l'assistance et s'viander les gens. Ca laisse un fenêtre à Layr, qu'va bien en fait, pour sortir aussi et crader quelques tronches. On fait notre boulot proprement. On reprend notre course. Choper la gonz', choper les armes du poète, v'la l'but à court terme.

      Alors on repasse une porte, et une autre. Pour finir dans une dead end. Un autre hangar. Encore plus grand. Moins d'monde ici. La Annick est là. Elle attend. A ses cotés, une bande de type qu'on l'air plus coriace. Et surtout un gus, posé dans un fauteuil. Il nous tourne le dos, on le voit pas, mais on l'entend.

      Vous les avez laissé s'échapper, ravager l'horloge et maintenant vous les menez à moi...


      Il se tourne sur son fauteuil, mais son visage reste dans l'ombre.
      Hé bien il va falloir que je m'en occupe. Je déciderai de votre sort après, incompétents!


      Spoiler:

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      Dans l'univers de rouages où Maya et Tahar se sont retrouvés, un silhouette s'ajoute au tableau. Elle atterri en légèreté près du paternel. D'au dessus, y'a un gros cri qui s'élève, alors qu'un type dans un grand manteau rouge, armé d'une grande masse, s'adonne à la chute libre.

      - WAR HAMMER 10'000 -


      Vous l'aurez compris, nous sommes en présence ici d'une introduction marquant une ellipse temporelle. Le but étant de conserver une certaine synchronie avec les événements décrits par les autres narrateurs. Du coup, à la place d'un quelque peu avant, trois étoiles feront l'affaire.

      ***

      Toujours à la poursuite du technicien. L'esprit du pirate est vide. Il ne sait pas pourquoi il suit ce type. Peut-être le fait que ce type a une bonne raison de fuir, tout simplement ? Enfin, inutile d'aller chercher plus loin, il le poursuit. Point.
      Quant au technicien, il cherche quelqu'un. Il sait où le trouver et du coup il se grouille. Ses jambes avalent les couloirs alors que le démon qui le suit ne ralenti pas. Et soudain, c'est là. La porte à gauche, qu'il referme juste après l'avoir passé. C'est bon, il est là.

      Mr. Scott a vu la porte être claquée et n'a donc pas à chercher bien loin où sa proie est passé. D'un coup de pied, il entre dans la chambre comme il est sorti de sa cellule. Pas de chance, personne sur le chemin du projectile cette fois-ci. Dommage. Dans la salle: trois lits, dont un vide; deux adultes, trois enfants; deux armes; des machines qui font des bruits. Le technicien a retrouvé son allié, mais il a aussi ramené les ennuis là où ils ne devaient absolument pas arriver.
      L'allié hausse les épaules et tend le bras vers le technicien. La tête de se dernier éclate dans un nuage de fumée, alors que membre de son assassin reprend une forme humaine, le tout accompagné de cliqueticlics. Un bras mécanique. Je t'en foutrai moi des bras mécaniques. Tu pense que tu peux rivaliser contre la chair et la folie grâce à des ressorts et des machins conçus sur des plans ? Tu verras bien ce que j'en fais moi de tes plans. Va organiser le monde, moi j'mettrai le tout dans une caisse et je secouerai le tout pour faire du bruit. Là, c'est dit.
      On disait, trois lits, deux pleins, et trois gamins. Vous l'aurez compris, y'a les adoptifs qui sont dans la pièce. Vous l'aurez compris, Walt' aussi. Mais lui il les spot aussi. Stram attaché à un lit. Gram itou. Am, tenue par le cyborg.
      Le tableau est prêt ? On peut tout chambouler alors.
      Le sol tremble, le carrelage craque, les appareil se cassent la gueule. On a l'impression d'être dans un navire pris dans une tempête au vu des objets qui glissent et qui se brisent au sol. La lumière prend aussi un coup. Pendant deux seconde c'est le noir. Quand ça revient plus ou moins, le type n'est plus là. Amy non plus. Par contre derrière y'a un trou. Walt' part par là, les deux autres sont grands, ils se débrouilleront. Ils se sont d'ailleurs déjà détachés et le plus vieux cours arrêter son père. Il se stoppe net quand il voit l’œil droit du fossoyeur. Son œil et toute la haine qu'il transpire. D'une main tremblante, il indique son petit frère qui est allé décrocher la masse et qu'il traine vers son paternel. Bons petits, il hoche la tête, prend son arme, et traverse le trou.

      De l'autre côté, vous l'aurez compris, c'est engrenages et compagnie. Walters aperçoit le type sauter dans les rouages pour fuir. Il reconnait ses mouvements, c'est la silhouette. Celle qui l'a mené en bateau dans les ruelles de la ville. Rienafout', il tient sa gosse et il va prendre cher dans ses dents pour. C'est suffisant comme raison de toute façon.
      Le pirate poursuit, ça commence d'être un véritable sport pour lui. Un passe temps ou un truc du genre, son dada quoi. Il poursuit la silhouette sans faire attention aux tampons métalliques qui manquent de l'écraser. C'est des distractions, ça distrait, faut pas y faire attention. Faut foncer et ce sera bon. Voilà ce qui ne se dit pas dans sa tête. Ce qui se serait dit si des pensées pouvaient encore la parcourir.
      Il fonce, jusqu'à ce qu'il le voit sauter vers son pote plus bas. Vers ses potes plus bas, à lui, à Walt'. Pas d'chance mon coco, mauvaise intuition. Le borgne prend son élan et se jette dans le vide, sa masse levée au dessus de sa tête. À l'impact, c'est tout le sol qui tremble. La roue dentée, crantée ou comme vous voulez, où il s'écrase prend le choc de plein fouet. Elle s'abaisse d'un bon mettre, et j'vous laisse imaginer le résultat dans une structure comme celle là. Et ce sans compter les vibrations qui se transmettent dans tout le mécanisme.
      Vous vouliez du chaos ? Ben dans ce cas c'est bientôt parti. Y'a tout qui se bloque. Mais même bloquée, la machine continue de recevoir de l'énergie. Demandez à Layr ce qui se passe quand on met trop d'énergie dans un milieu fermé. Moi, perso, j'pense que ça explose. Et du coup, ça part dans tous les sens, et les premiers à en pâtir c'est le patriarche pas borgne et son homologue cyborg. Le premier se prend un ressort volant dans l'estomac, le second se fait écraser par quelques tonnes de fontes.

      Let's party now.
        Je peux comprendre enfin ce que ressentent les ballons gonflés en cage dans les fêtes foraines. Le french cancan ça s’improvise super vite, Jack et moi on le pratique à temps plein. J’ai quand même pris un plomb dans l’aile. Frôlé mon bras gauche, comme si j’étais pas assez handicapé comme ça. M’enfin on s’en est sorti.
        La p’tite pétarade a eu son effet. Déjà c’était beau faut le reconnaitre. Toutes ces couleurs, ces lumières, ces sons de chaos maîtrisé. La nostalgie m’prend souvent bien plus vite qu’le diable m’emporte.

        Et voilà qu’Annick est là. Et qu’elle semble cacher quelque chose sous son pardessus autochtone. J’aime pas les pagnes, j’aime bien les beignes.
        Un monsieur assez classe dans l’genre tarlouze qui s’assume pas nous scrute dans la pénombre. J’sens transpirer de lui toute la sève gluante d’la folie que peut avoir un être. Il est fou, y fait presque froid dans l’dos, si on oublie ma sudation dantesque. Il a l’air fort, ça tombe bien mon presque pote aussi.


        « J’prends sur la droite. »


        Tandis qu’un carnage simiesque commence, j’avise ma relative impuissance. J’suis blessé, dégoulinant et sans armes mis à part mes poings brisés. Ça va mal. Me reste juste de quoi faire péter trois ou quatre jansénistes.
        Et boum, suffisamment d’fumée pour couvrir un peu mon avancée. Ça hurle, ça peste, ça empeste.

        Je cherche Annick du bout d’mon prépuce. Elle est pas loin, me faut mes bienfaiteurs. Marisa a déjà du s’retourner sur son bûcher une bonne dizaine de fois.
        Je tombe sur un homme de main, puis un autre, y sont costauds. Et un peu plus loin, voilà c’que je veux.


        « Anniccckkkk ! »


        Le cri rauque résonne dans la salle brumeuse. Un rugissement bestial fait écho à mes supplications. On est que deux, on risque de pas y arriver. Déjà je m’prends un revers de gourdin qui me laisse six os sous chair. J’ai mal. La fumée se dissipe. On est pas bien, merde alors ! Le pseudo boss des lieux a l’air de bien se marrer sans quitter son siège. Attends voir mon gars, si seulement...


        FRRRRRAAAAAACCCCCAAAASSSSS


        Dans un grand fracas, le pan de mur ouest explose. Derrière, trois gus sont projetés en avant et viennent grossir les rangs d’une des deux armées. Y’a une blonde et un fossoyeur unioeilliste et un steak vivant bien sanglant. Ça me dit quelque chose. On est réuni, ça change furieusement la donne, y sont foutus et y commencent sans doute à s’en rendre compte.
        Je profite de la confusion pour m’jeter sur Annick. Pas vraiment une manœuvre destinée à la tripoter honteusement, mais plutôt un acte humanitaire et philanthrope visant à récupérer un bien. Dans les foutus écrits ils disent bien qu’on ne volera point nan ?

        En m’écrasant au sol je dégage deux merveilles qui semblent luire sous mes yeux gris de loup solitaire.
        Spoiler:

        Et alors que la fête bat son plein, que Jacky est pas loin d’moi et qu’y doit se demander si je tiens la route, je souris nerveusement, pour partir dans un rire de dément qui colle bien à l’ambiance.


        « Hahahaha ! »





        Ok,
        T’as fait une erreur
        T’as voulu l’argent du beurre.

        Ok,
        On se retrouve ensemble
        On va bien leur montrer qu’on s’assemble.

        Fais gaffe,
        Je vais te transformer en meringue
        Je viens de mettre la main sur mes flingues.
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        Je rame, encore. Enfin j’imagine. Ou alors les roues qui tournent partout autour dans un bruit de mort me broient les neurones. C’est ça, si ça se trouve en plus de m’avoir instillé un sérum de pervers, le connard en chef qui si ça se trouve l’était pas m’a ruiné la caboche et rendu épile et ptique. Te passe le ballet aérien, la scène de retrouvailles émtionnantes entre le padre et la Maya qui se met à causer à la première personne pour s’affirmer la personnalité et se rendre encore plus flippante, Te passe l’interruption tendance psychédélique du Walty qui fout tout en l’air et le devenir stupide du beau monde qui finit les pieds dans le plat et la main dans l’engrenage. Pourtant c’était écrit : ne mets pas tes doigts dans la porte, tu vas te faire pincer très fort. Les cons. Et moi je suis foutu, nom d’une pipe mal taillée. La moitié de ce que j’ai vu doit tenir de l’hallu, mais pourtant les deux chéris me regardent avec leurs quatre yeux et demi si tendres et attentionnés qu’ils doivent bien être là au final. Jdis :

        Fait ce que vous aviez à faire, les enfants ?

        Ils me répondent que oui papa, alors on essaie de survivre. quatre yeux et demi ? Je regarde en arrière alors qu’on saute de cran en cran pour essayer de pas s’faire noyer dans les jets d’huiles diverses et variées qui se mettent à sauter de partout, et je me dis qu’on va y passer quand même. Sur les épaules du bosco qu’essaie d’y garder sa tête, une de ses mignonnes s’emploie à la déchausser sûrement parce qu’elle trouve ça rigolo. Bah. Un diablotin de plus apparu de nulle part. Son problème. Leur problème, ça a l’air de se gérer. Sous nous la gueule noire de l’abîme sur lequel est bâti tout le freaking mécanisme local, mais contrairement à ce que je pensais c’est pas vers le fond qu’on est emportés. On se fait plutôt éjecter du genre violent dans les hauteurs, par les voies impénétrables des lois de conservation de l’énergie, qui font qu’une des roues bloquées par le foutoir précédent décide soudain de se faire la malle dès que j’y pose le pied dessus. Ca fait SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !

        Et bim le plafond de trois quarts, on se retrouve dans une salle de fin du monde avec le gorille géant, la salope qui je le vois rends fou le poète trop niais pour la taper direct, et le grand mec en noir que je laisse à Jack même si je le soupçonne d’être le connard en chef. Pas que j’aie pas envie de me faire un tartare d’humain pour rattraper le gars à la seringue facile de toutàl, mais j’ai plus urgent dans les veines. Comme une envie de tourner le gaz, comme envie de sang sur les murs, comme envie d’une fin torride, comme envie de tout casser ici. Besoin de. Besoin d’expliquer comme ça, que leur intérêt pour nous il ne me touche pas. Je suis un solitaire, et quand on me donne tous les honneurs, quand on cherche à me disséquer pour mieux m’intégrer à un bouquin d’histoire et expliquer que tout ce que j’ai fait c’était à cause de la malformation dans mon cerveau de l’aire de Tahgel, ça me laisse froid. Ca me rend froid, j’ai juste envie de me barrer. Je suis un gars public, généreux, je donne volontiers de ma personne pendant le spectacle, mais j’aime pas qu’on vienne me voir dans les coulisses après.

        Continuez les jeunes, on fait que passer.

        Dit avec ma voix d’outre-tombe que je réserve aux grandes occasions, ça pose l’ambiance. J’ai avisé la neuvième porte derrière le gros dur ombrageux en passe de comparer son bout d’gras avec Jacky le Terrible. Il sait pas, qu’il a déjà perdu. Que si le sien est plus long, Jack aimera pas, se vexera et lui montrera que son monde est pas rose. Que s’il est plus court, Jack se moquera, se sentira investi de la mission cruciale consistant à lui apprendre la vie. C’est le chaos, on me laisse passer facile. Pis j’ai une invite de taille : les éclairs de pensée que crachote mon égo comme dans la cave tout à l’heure où on était plus intimes avec Maya. Ca fait des petites vagues dans l’air, je maîtrise pas bien et suis pas mal HS, rien de très impressionnant, mais ça suffit à mettre kaput un ou deux des long-bras anonymes qui croyaient bien faire en arrêtant le boss ennemi. Mauvaise idée.

        Y en a un qu’avait trouvé bon de tirer mon pardessus aux objets trouvés. Mauvaise idée.
        Y en a un qu’avait trouvé bon de tirer mon Narnak aux objets trouvés. Mauvaise idée.

        T’aurais lu la notice, t’aurais su que c’était pas un sabre normal, tu l’aurais revendu et tu serais riche. Et t’aurais pas le nez engoncé dans le cortex préfrontal là maintenant tout de suite, t’aurais pu aller en vacances avec ta femme et ta môme demain. Il savait pas lire, il me laisse passer et s’effondre. On me laisse passer dans le bordel qui m’accompagne. Je sais pas ce que font mes chéris. Sans doute qu’ils nettoient le sol trop lisse de cette salle trop propre avec la cradeur du monde réel. Sans doute. Moi je prends la porte, je sais où elle va. Derrière, y a un escalier en colimaçon. Qui vient du bas, qui va jusqu’en haut. Un lambda en trois-pièces façon garçon d’étage me demande si je monte, si je descend, le tout avec un pistolet chargé pour me forcer le pourboire. Moi je descends, que j’y dis. Sans rien lui filer qu’une mornifle après qu’il essaie de me tirer dessus et touche le gars sans doute bien qui s’était planqué derrière moi. Ouaich, gros, je suis un démon, t’as pas eu le mémo ? Ton boss est un nul. Je suis un démon et je retourne dans l’enfer des roues finir la tâche du bosco.

        Je faisais que passer.

        Celle-là, je la redis dans ma barbe, juste pour moi parce que je me préfère aux autres. Rendez-vous au quarantième dessous les gens. Restez calmes, accrochez vos ceintures et souriez comme sur les instructions d’urgence, nous entrons dans une zone de turbulences et ça va écumer ta mer. D’ailleurs, ô toi Oz que je sens en contrebas du haut de tes trente toises et plus si affinités, si tu pouvais dans ta grande sagesse avoir l’amabilité d’écouter le gars moins con que toi qui va bientôt te dire en voyant l’échelle de pierre trembler… qui va bientôt te dire d’évacuer les navires de sous cette île de malheur, bientôt malheureuse, et ça en quatrième vitesse… si tu peux avoir l’amabilité de l’écouter, ce serait bien urbain de ta part. Merci louloute, sauve mes bateaux.


        Resident Devils [1624] 661875SignTahar
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        L'oeil fermé, Maya ne voit pas son père s'arrêter d'un coup. Elle ne voit pas un collègue le rejoindre. Elle ne voit pas la silhouette de Walters. Par contre, elle entends bien le bruit de son arrivée. C'est vrai qu'il n'a pas fait dans la discrétion. Bien vite, le mécanisme bien huilé s'arrête. Fatalement. Et ça commence à grincer, à cliqueter, à s'abaisser. Zoumsplouitch. Là, c'est le bruit d'un ressort volant identifié qui vient de percuter/traverser le père de Maya. Il n'a même pas eu le temps de réaliser. Il s'est effondré sur un autre rouage, quelques mètres plus loin, et il laisse une flaque sol s'étendre sur le métal.

        Maya n'est pas sonnée, mais elle met un instant avant de réaliser. Elle vient de rejeter son père, et une tablette de chocolat, puis celui-ci s'est fait transpercer par un des composants de son habitat. Normal. Tout à fait normal. Secouant la tête, la blonde avise alors un bout d'aluminium non loin d'elle. Elle s'approche, curieuse. Quelques pas seulement lui sont nécessaires. Elle remarque alors qu'il s'agit de la tablette de chocolat que tenait son père avant de se faire éjecter quelques mètres plus loin. Elle sourit. Sans plus attendre, elle se penche et ramasse la précieuse gourmandise. Elle déchire l'aluminium et croque franchement dans la tablette.

        Quel intense chaleur la traverse alors à cet instant ! Oubliés les muscles endoloris, oubliée la douleur passée. Oublié Papa. Elle sourit, et penche la tête sur le côté en observant Walters approcher. Et c'est déjà l'heure de repartir. Après un dernier coup d'oeil à ce qui restait de son géniteur, la blonde suivit la p'tite équipe qui passait de roue crantée en roue crantée. Physiquement, elle était toujours plus faible que d'ordinaire. Mentalement, en revanche, elle allait mieux. Elle avait eu du chocolat, elle avait compris que ce n'était pas elle qui était bizarre, mais son père, et qu'il était lâche et fou en plus, et elle avait hâte de revoir Miel.

        Hop, hop et hop. On sautille gentiment. Sans trop forcer, histoire de reprendre des forces, mais sans non plus être à la traîne. Jusqu'à ce que les engrenages décident que non, c'était pas chouette de rester sagement à sa place, et qu'ils balancent les gens qui essaient de marcher dessus. Et c'est ainsi que les Saigneurs qui ont gravis l'escalier se retrouvent gentiment réunis.

        Maya vacille, et se rattrape à un type qui tentait de fuir les combats à venir. Un type qui ressemble au Papa de Maya, mais en plus jeune. Un type qui écarquille les yeux en voyant qu'il ne peut plus filer à l'anglaise comme il le voulait. Un type qui, Maya le sent, cache du chocolat sur lui. Et là, son oeil se met à briller. Elle sourit de toutes ses dents, sans faire gaffe à sa lèvre fendue de tout à l'heure qui avait fait une croûte. Sans faire gaffe non plus au reste de l'action, ou bien à l'île qui commence à s'affaisser et qui s'effondrera bientôt.


        _ Dis... Tu m'passes ton chocolat ?
        _ Mais... Mais je n'ai pas de chocolat
        _ Menteur. Je le sens. C'est pas bien de mentir.
        _ Je.. Je ne... Mais non ! Nooon, touches pas à ma po- Houmpf.

        Trop tard. Maya, pour le faire taire, venait de lui donner un franc coup de poing dans la mâchoire, puis elle plongea la main dans la poche de la blouse blanche du bonhomme. Elle en retira une fiole remplie de ce qui semblait être du chocolat fondu. Mais la fiole était froide, et c'était pourtant liquide.

        _ Et ça, c'est quoi ?
        _ C'est... Une expérience. Ne...

        Ses protestations ne servaient à rien. Maya déboucha la fiole et huma l'odeur du mélange. Elle trouvait que ça ressemblait bien à du chocolat elle. Le type face à elle tenta de lui reprendre la fiole, mais elle s'échappa en souriant, le faisant courir après elle un moment. Puis, lassée, elle s'arrêta d'un coup et l'assomma d'un coup de poing sur la tempe. Elle huma une dernière fois la fiole avant de la porter à ses lèvres..

        ... Et de tomber d'un coup, inconsciente, laissant la fiole s'échapper de ses doigts et se briser au sol. Une fumée s'échappe alors que le liquide s'éparpille au sol, prêt à exploser s'il rentre en contact avec un autre liquide, quel qu'il soit. Comme par exemple la flaque de sang qui s'écoule lentement d'un cadavre non loin, vers la blonde. Un grand noir s'est abattu devant ses yeux. Ses paupières fatiguées se sont en effet imposée à elle. A force de lutter contre, Maya s'est fatiguée nerveusement aussi. Et du coup, le dernier assaut de sa narcolepsie s'est révélé payant. L'ex-gouvernementale est à présent gisante près d'un autre type inconscient. Ou carrément dessus en fait. Il lui sert un peu de coussin.
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        C'est un gros moment de ras-le-bol qui intervient chez Walters juste là. Comme si ça n'suffisait pas de démonter la moitié d'un immense mécanisme, en créant la destruction et le chaos sur le passage, il faut que, derrière un mur réduit en miettes, il y ait encore un bande de gugus à réduire en miettes. Nanmého, ça va un moment, mais faut penser à prendre des vacances les gars, sinon v'z'allez pas passer le quart d'heure qui va suivre. Ce sera sale, ce sera moche, ce sera bien comme il faut, avec des guirlandes de tripes, une belle peinture rouge sang et un petit air de piano pour accompagner le tout.
        Dès leur entrée un scène, les trois saigneurs accaparent l'attention. Tahar aussi qu'il veut la paix. Maya qui veut du chocolat, pour changer. Qu'ils se démerdent, rien à cirer de ce qu'il y a à faire, ils sont grands les deux autres enfants, ils trouveront bien un moyen de se sortir de là où ils sont. Merde quoi, y'a ces crétins musclés qui veulent se la jouer ? Que commence le festival, ça va chauffer dans la salle.
        Pas besoin de vous décrire chaque mouvement de masse ou bien ? Elle swing et fracasse dans tous les sens, balançant les dents à travers l'air, à travers les ondes. Mentons, genoux et tendons, y'en a pour tous les goûts. Et d'un coup qu'après que le rouge se soit cassé, qu'après que la borgne se soit effondrée, qu'après un nouveau gros bruit qui fait pas vraiment plaiz', y'a une nouvelle sensation. Un truc qu'est pas habituel, même s'il a déjà été expérimenté. Le sol se dépalpablifie, un truc du genre, ça penche vers l'est, les gens glissent ou s'accrochent, Walt' lui plante la pointe de sa masse dans le sol et se suspend. L'île elle est montée sur un pilier hein ? Ben plus pour longtemps.
        Et entre tout ça s’insère un appel, c'est les gosse. C'était dit qu'ils se démerderaient bien non ? Eh ben ils l'ont fait. Ils sont doués pour ça. Et parce qu'ils sont bien éduqués, ils ont ramené l'autre joujou de leur papa chéri. La lance chainée plane vers son propriétaire qui l'attrape. La salle, le complexe sciento-sous-terrain, et tout ce qui entoure le tout grince un dernier coup, de loin ça doit faire bizarre. D'en bas ça doit faire peur. De dedans, ça fait des gouzis gouzis dans le ventre qui annoncent qu'on va s'amuser manière yoyo-balançoire. Eh ouais, faut savoir profiter des petites choses quand on en a l'occasion. La chaine d'une arme est passée autour de l'autre, et le propriétaire du tout se lance dans le vide avec un rire qui pourrait promettre un salaire à vie à un psychiatre. Ou au dirlo d'un asile plutôt.
        Voltigeant dans les air, donnant des coups de pieds par là où il passe, détruisant les espoirs des crétins bodybuildés de l'endroit, le borgne s'amuse. Un peu quand même. C'était pas une si mauvaise idée finalement. Mais bon. Toutes les bonnes choses ont une fin, et l'apesanteur est finalement mise à son terme par un gros crash. La décélération est brusque mais progressive. Et à ce moment là, y'a pas mal de morceaux du plafond qui tombent au sol, mais pas d'eau, pas encore. Faudra sortir mon Walty, c'est l'moment de reprendre tes esprits...

        Oh ta gueule, c'est l'come back de la morale et des responsabilités c'est ça ? Le moment où j'me relève, je rebande mon œil, j'avise ce qui m'entoure c'est ça ? Que j'r'garde ce qu'il reste des poteaux, que j'r'garde où sont les mioches pour les prendre par la main et les faire sortir d'ici c'est ça ? Avant que ça coule plus bas. Ouais ouais, j'ai bien capté qu'on était dans l'eau, j'ai bien capté que la noyade était au programme des moins réactifs. Mais là j'en ai ma claque mon gars. Claque que tu m'dise que j'fais ci que j'fais ça. Là j'vais r'prendre les commandes. "Think outa the box" que ça s’appelle, un truc du genre. Encore un concept de crétins à cravates, mais bon, ils ont qu'à observer ce que ça donne dans la pratique. Aller les gars, la sortie c'est par là, et s'y'en a pas, y'en aura bien. Suivez si vous voulez, moi je sors.
        Parc'que ouais, ça va chier du nougat.

          Quand ils ont l'air méchants, c'est qu'il faut les casser. Ca marche aussi pour nous. Encore faut-il avoir les moyens. Perso, j'crois les avoir. Enfin, ça commence. Mais j'me perds. J'te parlais y a peu d'un type dans l'ombre, le genre qui fait l'classe parce que c'est dans son statut. Le genre qui bouge même pas son cul, tellement qu'il est fort et qu'il a pas b'soin. Ben le type en face, le vilain, c'est exactement ça. Rire guttural d'outre-tombe, sans tomber dans le kitch, posture droite et condescendante et moyen de pute. Ouais. De gros moyen.

          Dès que j'l'ai vu, tu m'connais, j'l'ai locké, ai couru façon butor masta monckey droit d'ssus, dans l'but d'lui en coller une dont j'ai l'secret. Ca n'a pas marché comme ça. Ses p'tits doigts gantés s'sont agités sur l'accoudoir d'son trône. Y a eu des p'tits bruits. Les sous-fifres souffraient d'mon passage, j'étais pas loin du gus, quand a sifflé ma misère. Un p'tit bruit, genre sifflements, et j'vois pointé vers ma tronche un truc pas net. Le genre démultiplié. Évidemment, j'roule boule. Pour éviter. J'fais bien, parce qu'une chiée d'épingles plus que pas net et grosses comme mon singe viennent balayés la zone qu'j'viens d'traverser, emportant au passage les sous-fifres malchanceux. Ouais, bien joué Jack. Sauf que... Sauf que c'nouvel état animal qu'est l'mien, j'le connais pas encore parfait. J'le maitrise pas délice. Le roule-boule, il m'a carrément envoyé à l'extrême droite (non non) d'la pièce, on j'me rattrape lourd au mur, mode singe plus branche. J'repars vers l'gus, recta. Mais d'nouveau, y met la sauce. M'la joue tortionnaire mécanique. M'envoie en pleine vidéoludicité plateformesque. Et vas-y qu'j'envoie la vapeur bouillante! Vas-y! Tiens, évites donc c'est quelques lames. Oh non, c'était des boomerangs! En lame... Puis tu r'prendras bien un coup d'mur amovible, ou d'objets absurdes que même l'auteur il sait pas vraiment ce qu'c'est, mais l'est pas chaud d'faire un inventaire.

          J'saute donc. J'roule. J'm'énèrve. La rengaine classique. P'tite suspension d'temps néanmoins. L'mur pète, l'reste des saigneurs, un reste en tout cas, d'rappliquent, pour amener leur lot d'farce et d'jemenfoutisme. De la bonne entrée en soi. Qui permet d'claquer un p'tit dialogue, d'ceux qui allège une prose trop soutenue due à une inspiration artificieuse et suffisante. Promis l'auteur arrête.

          C'est inutile. Nous avions prévu votre arrivée.


          Ca vient d'la chaise toujours dans l'ombre. J'mire.

          Nous connaissons vos pouvoirs. Tout est sous contrôle.


          C'te phrase. C'est plus l'temps qui s'bloque. C'sont nos gueules. A moi, à eux, les p'tits sous-fifres à vints dorikis. La bouche béante. Les yeux grand ouvert, droit vers lui. Une dalle qui s'effondre du plafond pour souligner l'silence de mort qu's'est fait tout à coup. Pour souligner cette pensée qui nous est ... commune.

          Mais que bave ce type?!?!


          J'en ai rencontré des fanfarons, mais lui... Il est totalement à la masse. Les prisonniers s'sont TOUS échapper, sans exceptions aucune, malgré qu'leurs pouvoirs étaient connus. Y a pour plusieurs mill.. ièm... ionair... blindé d'berry d'réparation, la tour s'écroule à moitié, en tout cas, elle commence à sérieusement bandé mou. Le p'tit personnel à l'choix entre les Saigneurs: le sabre, la cogne, la masse, Maya, les flingues, ou son Boss: les lames et autres pièges tordu ultra infâmes, retords et douloureux. Mais lui il dit:

          Tout est sous contrôle.


          Non, c'est décidé. J'crois plus en la science. J'crois même qu'je vais zapper ce coup-là. Désolé mais même c'duel il sent l'sapin. J'me dis ça qu'j'vois Tahr qui passe derrière le gus. Tranquilou. L'autre moufte même pas. Il le laisse passer, ça l'inquiète pas qu'Tahar Taghel, 210 000 000 de berry de prime, s'enfonce dans les profondeurs des secrets d'sa tour. Non mais vraiment, c'est pas professionnel. J'me retire. La tour tremble déjà, tout et tous y contribuent, ben j'vais m'y mettre aussi. J'brandis les deux mains bien hautes, comme j'ai fait juste avant. J'inspire profond, j'pense violent. J'bondis, j'retombe. Mes deux pattes jointes s’abattent au sol, cerclées d'mon aura noir. Le sol encaisse mal. Il craque de partout, annonce son effondrement. Voila, point. Et toi l'gus dans l'ombre... Reste assis seulement. Parce que moi j'me casse. J'tourne les talons d'ailleurs. C'faisant, mon oeil croise Maya. La pauvre gamine, elle aussi elle trouvait ça tellement moisi qu'elle s'est endormie. On va pas la laisser comme ça. J'fais un bond pour arriver à sa hauteur. J'la chope d'une patte. ... Brrr. La toucher m'file un frisson, pis quand elle dort, elle a un drôle d'air. ... Freaky Lady.

          La môme chargée, j'rebondis vers l'mur d'la tour, que j'défonce. Quelques grandes taloches, et l'air frais s'engouffre dans l'trou orné d'brique et d'métal. Par ici la sortie. Qui m'aime me suive. Et puis faites gaffe, parce que la tour là, ben elle tombe.
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          * Mais que bave ce type ?!?!*



          Une pensée qui résonne tellement fort qu’elle semble faire écho aux autres cerveaux rougeoyants présents dans c’te pièce. Tout s’barre en couille, même les siennes. Et lui il continue à en faire des siennes. Ouais leur patron a du un peu trop regarder La Haine en mode lavage de cerveau pour s’dire que tout va bien.

          Mais moi, en c’moment même, je suis l’homme le moins malheureux de cette terre souillée. J’ai retrouvé mon addiction, comme un camé levant ses yeux au ciel en shootant se première dose depuis sa dernière rechute, comme un adolescent découvrant qu’ses mains peuvent lui procurer du plaisir et que oui il aura besoin d’un autre corps plus tard mais là c’est nouveau et suffisant.
          Mes doigts caressent le nouvel épiderme métallique de mon ancienne promise. J’commence à voir flou, j’ai la moitié des muscles en vrac, mais je suis redevenu invincible. Vous pouvez plus me tuer les copains, c’est dommage hein.

          J’enlève la pseudo sécurité et j’pointe droit sur Annick mon nouvel ange mortifère. Simon attendra un peu, on commence par la vraie, celle qui mérite. La vieille bique m’regarde d’ses yeux insondables qui laissent entrevoir une p’tite peur ou juste une fatalité décidée bien avant la naissance. J’peux pas voir son espérance de vie au dessus d’sa tête, j’ai pas les yeux pour, mais une démangeaison veut m’pousser à lui faire expérimenter c’que c’est que la « super jelly ». Argh, pourquoi j’ai cette hésitation qui m’retient ? Okay, elle me les a faites mes armes, okay on s’barre elle va sans doute y rester, alors maintenant ou plus tard. J’ai qu’à la buter, faire c’que Jacky-Boy et Tahy-Man font si facilement.


          « Vieille folle. »


          J’sais foutrement pas pourquoi j’la joue Auguste, clément donc légitime. Ça enlève pas le sang qui coule depuis un bail sur mes mains d’pianiste, mais comme on dit, un p’tit pas pour l’homme, une claque dans la gueule pour l’humanité.
          La crosse d’la NewMarisa l’assomme quand même quelque peu. Pendant c’temps l’île a commencé à foutre le camp. Quel bordel. En même temps j’peux pas nier ma participation à l’œuvre, mais j’avais compris qu’on fêtait l’annif du frère de mon geôlier alors j’ai préparé les bougies. Oups.

          J’me fraye un passage à coup de Simonades bien fraiches, les yeux ahuris d’celui qui découvre que son nouveau joujou est sacrément performant. Les autres vont vers le haut, l’capitaine a préféré faire un coucou aux cavistes, grand bien lui fasse. J’ferme la marche en repoussant les éventuels assaillants. Ouais j’suis efficace comme type. Efficace mais lessivé. Une coulée rouge recouvre mon œil droit, alors pour viser j’essaie d’anticiper au max. On va passer dans l’escalier, quand j’aperçois l’grand dadais ténébreux qu’a pas bougé de son trône illusoire. Lui y mérite aussi, lui y va expérimenter.

          J’sors mon calibre 18, l’âge qu’elle avait la bougresse, je vise tant bien que mal, j’me retiens au mur lézardé le plus proche et je lâche la bête. C’était une Lay(r)s à l’intérieur, Annick en avait remise une. La balle tournoie puis disparait dans l’obscurité relative. J’ai pas l’temps d’vérifier si la cible a dit bonjour à ma copine et au revoir à son existence mais les mines horrifiées des quelques scientos du coin laissent pas présager l’meilleur.

          Dans les escaliers, vite. Et qu’mon corps traînasse, et qu’y veut du repos, j’deviens sacrément gâteux ma parole. Attendez moi que j’voudrais dire. Mais la fierté qui devrait pas exister chez moi s’réveille furieusement pour m’forcer à serrer les dents.
          J’ai soif. Comme dans le désert, j’ai chaud, ma tête bouillonne, me lance violemment. La fatigue peut être, un effet secondaire des trucs qu’y m’ont donné sans doute. J’range mon bazar de mâle de côté et j’parviens à baragouiner.


          « Attendez... »


          Personne m’entend, on est encore à ma poursuite et j’dois pas faiblir, je vois les marches qui dansent sous mes yeux, je sens les murs qui s’effritent sous mes doigts, j’entends le tonnerre sous-marin qui gronde langoureusement en attendant sa récompense.


          « Attendez, attendez moi... »


          Ma complainte faiblit, aussi misérable que j’sois j’demande une simple chose, j’commence à avoir des hallucinations qui me ramènent en arrière, quand j’étais agenouillé devant un corps tremblant, en train de goûter à un liquide salé que je connaissais pas encore, quand j’ai laissé mon hypothétique gosse mourir sans jamais voir la lumière du jour.
          Ce jour là j’ai attendu personne.
          On paye toujours ses dettes, même les plus anciennes.

          Je trébuche enfin, pour m’retrouver sur le ventre. Ah, que je mérite rien. Pourtant le même réflexe archaïque commun à tous les connards d’mon espèce m’emplit et me fait bouger contre mon gré. Je rampe, marche après marche, vers la vie, vers un chemin misérable et honteux qui me permettra juste de pas décevoir deux personnes quand j’les retrouverai en enfer.


          Et la voilà la dernière marche. Le soleil, les oiseaux et Tahar. Et tous les autres. Qui m’voient finalement, m’emmènent et me hissent sur l’bateau avant qu’on s’arrache tous ensemble. J’suis vraiment un dégueulasse, un type qu’a sacrément pas sa place parmi les bonnes gens. Mais j’suis ici, j’suis vivant, et à mon réveil j’aurai ravalé mes regrets pour les enfouir là où personne a le droit d’aller, là où le jeune garçon qu’je reste à l’intérieur a encore le droit d’exprimer son désarroi.




          Aujourd’hui, tout seul, je serai mort comme un chien errant un soir d’hiver.
          Aujourd’hui, sans moi, certains seraient déjà peut être six pieds sous terre.
          Aujourd’hui, avec eux, j’ai contredit ceux qui m’avaient promis l’enfer.
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