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De retour pour vous faire ... [Ft. Blake]

- Mais sérieux quoi ...

- Je sais, Tao.

- Non mais voilà quoi ...

- Rend pas ça plus difficile que ça l'est.

- Non mais non là, Dena' ! 'Faut savoir dire non à un moment ! Je vois pas pourquoi j'ferai un attentat dans une plage nudiste, c'est pas sain ça !

- J'te paye trois fois plus que normalement.

- Tu peux considérer ça comme fait.

Oui, je sais ... Ma volonté n'est pas aussi forte qu'elle devrait l'être.

Manson, île où le luxe est partout. Et où moi, je fais bien tache. Mais bon, si ça rassure les pauv' cloches qui habitent dans le coin, sachez que je vais pas m'attarder. Juste le temps de faire un petit kaboum dans une plage où les dégénérés se baladent à poil. Oui, c'est quelqu'un d'ici qui a fait appel à Dena' pour lui rendre ce petit service. Pas que je le comprenne pas, loin de là ! Si ça ne tenait qu'à moi, je les gazerai tous ces déviants ! Mais ! Car il y a un mais ! Bah c'tait pas à moi de le faire sérieux ! Je suis une fille pure, une fleur délicate qui mérite de garder intacte son innocence !

... Okay, je suis pas crédible, pardonnez moi j'vous prie.

Je me dirigeais, l'air de rien, vers le lieu du forfait.
Les passants me jetaient des coups d'oeil plus ou moins appuyés, et je crois que je les comprenais un peu. J'étais un changement plus ou moins agréable pour eux, et ça rendait moins terne leur quotidien.
Enfermé dans une cage d'or aux barreaux d'platine.
A force de vagabonder, j'atteignais finalement le lieu. Et, croyez moi ou pas, bah j'ai rougi. J'ai pas vu beaucoup de garçons nus, croyez le ou non, et à chaque fois que ça arrivait, les couleurs me montaient aux joues ! Et là, là ... Trop d'hommes nus ! Que des hommes nus ! Y'en avait des beaux, okay, ça ça passait ! Mais y'avait des enfants ! Des vieux ! Des moches et des maigrichons !
Dena', sérieux, celle là, j'te promets qu'elle passera pas.

Surtout que, c'qui était fantastique (ou dramatique), c'est qu'il n'y avait aucune femme ! Zéro, nada, quedalle ! Juste des hommes à poil, seuls à batifoler sur le sable et dans les vagues !
Comme moi, ça prouve que nous les femmes, sommes des êtres supérieurs qui méritons de dominer le monde connu, peu connu voir même inconnu.

Bref, moi, les yeux fermés, j'me suis dirigée à l'aveuglette dans un p'tit cabanon, qui devait servir à n'en pas douter à se changer, vu les tas de vêtements traînant partout ! Mais bon d'ici peu, il y aurait plus rien, à part un cratère à la surface plus ou moins large. Oui, j'avais décidée de poser ici mon kaboum.
Et c'est les yeux fermés, le colis déposé, que je repartais, à temps pour entendre la détonation derrière moi, une fois mes pupilles à l'abri de l'hémorragie.
Bon, malheureusement, c'qui était pas prévu, c'est que cette bande de tarrés se ruent dehors, et qu'une fois aperçue, ils m'acculent contre un mur pour me demander si j'avais vu l'auteur de l'attentat, si je savais qui c'était, et de pourquoi je portais des vêtements.

Alors, moi, sous la pression, les larmes au coin de l'oeil, au bord de l'évanouissement !
J'ai craqué.

- C'est lui là, là ! Là bas !

Je pointais du doigt un random passant, alors qu'apaisés, les nudistes chargeaient le pauvre inconscient en lui promettant de lui casser les jambes.

Pfiouh ...
J'étais à deux doigts d'être à poil !

    De retour pour vous faire...

    "Tao Song | Blake Redhorn"
    Mai 1624



    La fumée grise s'échappait de la petite cabane, répandant des volutes relativement impressionnantes dans l'air. Avant qu'il n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, Blake fut encerclé par une bonne vingtaine de types à poil, et que la pilosité – heureusement capable de dissimuler leurs parties intimes – transformait presque en ours.

    – Je vais t'briser les jambes enfoiré ! T'as ruiné notre réunion ! Nudistes de tous âges, avec moi !

    . . . . . . . . . . . .

    Vous vous demandez sans doute ce qui a pu causé un tel désastre ? Laissez-moi donc reprendre l'histoire, en la commençant quelques heures plus tôt.

    . . . . . . . . . . . .

    Manshon n'avait pas grand-chose du coin paradisiaque signalé dans la brochure. Alors oui, les rues étaient d'une propreté impeccable, aucun malade mental ne traversait les voies pavées en vomissant pour dire bonjour, même la Marine semblait ne pas vraiment vouloir s'occuper du maintien de l'ordre constant... Néanmoins, ce calme plat possédait quelque chose de louche, ça sautait autant aux yeux qu'une paire de nichons géante au milieu d'un petit ventre. Quand Blake avait appris que c'était ici que se déroulerait le rassemblement du Clan des Nudistes Secrets de North Blue (CNSNB, pour les initiés), il s'était attendu à tomber sur un coin bondé de mondes, de seins, de corps à la sueur perlée et étincelante, de fines cuisses, et encore de seins... A présent qu'il y était, l'endroit lui paraissait d'un manque d'intérêt total.

    – Heu... C'est quoi cette me'lde ? Je c'loyais qu'on allait à un 'lassemblement de nudistes ?

    Il y avait moins de bruits ici qu'à un enterrement de muets – et Blake parlait en connaissance de cause, une de ses techniques de drague consistant à se faire passer pour un jeune veuf. Néanmoins, ceci étant une autre histoire, nous éviterons de nous appesantir dessus. Apercevant une vieille dame qui passait dans le coin, il s'en approcha et demanda de sa voix la plus délicate possible :

    – Bonjour madame. Vous n'auriez pas vu des gens tous nus par hasard ?
    – Des g'los nichons !
    – Des gros nichons ?
    – Des jolies cuisses !
    – Des jolies cuisses ?
    – Su'l la plage ! Olé !
    – Sur la plage ?

    Blake prit même la peine de mimer les parties dont il parlait par des gestes s'apparentant à du pelotage, des caresses puis une brasse, mais la femme ne lui rendit pour réponse qu'une petite gifle suivie d'un « oh, ces jeunes ! ». Non mais c'était quoi leur problème aux gens, ici ?

    – Olé Blakou, il faut aller à la plage non ?
    – Pas con ouais, c'est vrai.

    La rare population qui trainait dans les ruelles de Manshon le regarda d'un air interloqué, ne comprenant sans doute pas pourquoi Blake parlait tout seul, et surtout en regardant son entrejambe d'un air songeur. Évidemment, ils n'étaient pas censés savoir que le Pervers qu'il était ne valait son état qu'à une seconde personnalité résidant dans ses parties intimes, et qui prenait parfois le contrôle en l'envoyant faire des choses peu catholiques.
    Un homme habillé assez élégamment était adossé contre un mur, le chapeau retombant sur ses yeux. A en croire sa tenue, il devait surement être suffisamment intelligent pour lui répondre correctement. Non ?

    – Excusez-moi monsieur, vous sauriez par où je dois aller pour trouver une bonne plage ?
    – Quoi ?
    – 'Lépète Blakou, il est peut-êt'le un peu sou'ld. Olé !
    – Ex-cu-sez-moi, est-ce qu'il y a u-ne pla-ge par i-ci ?
    – Tu m'prends pour un con ou quoi ?
    – Kiki, t'as vu ? Ca marche pas !
    – Kiki ? C'est qui ça ?
    – Je suis pas sûr que vous vouliez vraiment savoir, et puissiez comprendre qui c'est, Kiki.
    – Bien dit, olé !
    – Tu s'rais pas en train de me chercher là, par hasard ?
    – Moi ? Jamais de la vie ! Enfin, ça ne me viendrait sincèrement jamais à l'idée de vous chercher.
    – J'espère pour toi, parce que m'emmerder, c'est emmerder les familles.
    – Les familles ? Olé Blakou ! C'est la mafia ! On s'en va ! Olé !
    – Attends Kiki, papa discute avec un monsieur là.

    Cette discussion aurait sans aucun doute tourné au vinaigre si deux hommes vêtus d'un débardeur et d'un short n'étaient pas passés près d'eux, murmurant des mots à peine audibles.

    – Ouais pssst... plage... Secret... Là-bas... Vêtement.
    – Kiki, tu crois que c'est ça ?
    – J'en suis sû'l ! Olé ! Ca sent le nudiste ! Hihihihi
    – Bon cher monsieur, j'ai été ravi d'avoir cette charmante discussion avec vous. Mais il semblerait que j'ai trouvé la solution à mon problème. Au plaisir de ne pas vous revoir avant... Disons, deux siècles.

    Sans attendre de réponse, Blake fit volte-face et suivit les deux hommes en augmentant l'allure. S'attirer des ennuis avec la Mafia ne figurait pas vraiment dans ses projets, ça c'était certain. Or, il savait très bien qu'avec une personnalité comme Kiki, et avec ses idées souvent un peu foireuses, cet objectif risquait d'être difficilement atteignable. Donc, s'il voulait avoir une quelconque chance de s'en sortir, mieux valait qu'il se tienne le plus à l'écart possible des familles de Manshon.

    Néanmoins, ce qu'il ne savait pas, c'est que le fameux membre de la Mafia ne semblait pas prêt à laisser courir l'affaire aussi facilement. Ainsi, il s'était mis à suivre Blake discrètement, de façon à avoir une raison valable pour écraser ce mec bizarre dans le sable et l'y enterrer vivant. Mais ne nous intéressons pas à cela maintenant, nous y reviendrons plus tard.

    Blake avait rejoint les deux hommes de tout à l'heure qui lui confirmèrent ses pensées : ils se rendaient bien à la convention annuelle du Clan des Nudistes Secrets de North Blue. De nombreux clans et bien des organisations pullulaient sur les océans, et tous possédaient une règle d'or : « quand un membre d'un clan frère est dans le besoin, assure-toi qu'il ne manque de rien. » A Bikini Island, Blake avait été un membre relativement important du Clan des Naturistes Tatoués de South Blue. Cette organisation était affiliée à bien d'autres, et la CNSNB en faisait partie. C'était donc en tant que personnalité invitée, dotée d'une curiosité purement intellectuelle et perverse, qu'il s'était rendu à Manshon, afin de comprendre les us et coutumes de la Mer du Nord en matière nudiste.
    Une trentaine de minutes de marche plus tard, après avoir traversé une petite forêt, longé la côte, grimpé en haut d'une montagne puis descendu une grotte, ils atteignirent enfin une petite plage isolée sur laquelle de nombreuses personnes se trouvaient.

    – Bon, cher invité de South Blue. Ici, on doit se changer, ou plutôt, se libérer. J'espère que tu apprécieras l'accueil des gens de North Blue, c'est surement différent de chez toi, mais je suis sûr que tu vas aimer !
    – T'entends ça Kiki ? On y est ! On va s'éclaaaater !

    Et là, ce fut le drame.
    Il s'était attendu à ce que le Sweet-Sense s'agite frénétiquement, à ce que Kiki lance des ordres de tous côtés... Mais au lieu de ça, ce fut un spectacle à la laideur inexplicable qui se présenta à ses yeux. Blake, nu, se trouvait au milieu d'un rassemblement... D'hommes ? Pire, il n'y avait pas que des hommes, il y avait des...

    – J'ai envie d'vomiiii'l aaaaaah ! Si j'le pouvais, tu ve'llais du vomi pa'ltout ! Oléééé...
    – Moi aussi... Pwaaah !

    Des travelos. Et le pire de tous, véritable fléau pour les hétérosexuels...

    De retour pour vous faire ... [Ft. Blake] TRAV

    – Coucou mon chou HATCHA, on m'a dit que tu venais de South Blue ? HATCHA ! Je suis Angelonita, mais tout le monde ici m'appelle « Mon Ange ».♥ J'espère que tu vas te plaire au CNSNB, un club naturiste exclusivement masculin, où des beaux mâles se rassemblent et jouent ensemble dans le sable chaud ! OWI ! HATCHA ! ♥

    L'horrible impression de voir des cœurs s'échapper des mots d' « Angelonita » eut presque pour effet de donner des nausées à Blake. Celui-ci se mit à tousser, voire à s'étouffer, puis s'écarta du travelo.

    – Oh, que tu es beau, mais que tu es impoli en même temps ! HATCHA ! ♥
    – Blakou... Je me sens pas t'lès bien... Et si on s'en allait ? Olé...
    – Oui je s... Hein ?
    – HATCHA ! Serait-ce un redressement de votre conduite que j'aperçois ici ? Hihihihihi ♥ HATCHA !

    D'un seul coup, Kiki s'était levé et pointait vers l'Ouest. Il sentait une présence féminine, c'était certain. Pas une beauté incommensurable, ni une poitrine aussi rebondissante que de la gelée, mais une beauté, ça c'était sûr. Guidé par l'instinct du Pervers, Blake se dirigea là où le poussait son Sweet-Sense. Et ce fut à ce moment-là que ça se produisit.

    BAAAAOUM

    Explosion à éclater des tympans, la chaleur s'échappa en une rafale puissante, la lumière se résuma un instant à du blanc illimité, et le son se transforma en un bourdonnement constant. Complètement surpris par l'évènement, d'autant plus qu'il était concentré sur la fille qui était présente ici, quelque part, Blake passa un long moment à se remettre du choc. Et quand il ouvrit les yeux, il remarqua qu'à la place de l'espèce de petite cabine d'où ces malades tiraient leurs boissons se trouvait un cratère fumant.

    . . . . . . . . . . . .

    Nous revoilà donc au début de notre histoire. Intéressant, non ?

    . . . . . . . . . . . .

    – Attendez, attendez... J'ai rien fait moi. J'étais avec votre pote Angeliconitruc quand c'est arrivé. J'ai dû la quitter... Quoi ? Vingt secondes ? Dis-lui toi !
    – Ouais c'est ça et j'vais te croire ? Ou non, mieux, je vais t'éclater et on parlera après, d'accord ? Ca sent l'attaque du clan secret des Sainte-Nitouche ça, c'est clair !
    – Hé, hé, j'ai rien à voir avec votre clan de saintes de merde, OK ?
    – V'nez avec moi, on va l'tuer !
    – S'il vous plait, regardez-moi dans les yeux. Vous verrez que je ne mens pas !

    A situation désespérée, mesure désespérée avait toujours dit Jean-Albert. Et cette fois, ça ne dérogeait absolument pas à la règle. Le nudiste à pilosité puissante regarda Blake dans les yeux pendant quelques secondes, juste assez pour...

    – BANGING-EYE !
    – Hgh... Prrr... AAAAAH ! V... V... Vous êtes... AAAAH !

    La technique du Banging-eye consistait en un transfert des idées perverses. Blake, d'un regard, pouvait ainsi littéralement effrayer, voire paralyser sa cible en lui montrant toute la saleté des pensées qu'il pouvait posséder. L'homme eut un soubresaut, puis le regard vague, mais le calme qu'il retrouva sembla avoir presque un écho sur ses acolytes.

    – Maintenant, écoutez-moi. Je n'ai RIEN fait ! J'étais avec Angelonita moins d'une minute avant que ça pète, demandez-lui.

    Effectivement, une petite discussion suffit à clarifier la situation.

    – Mais alors, qui a fait tout ça ?

    La réponse était toute simple. Il suffisait de faire confiance à Blake pour ça. Ou plutôt... A l'entrejambe de Blake.

    – Kiki ? Je suis sûr que tu penses à ce que je pense.
    – Oui Blakou, et j'ai vé'lifié. Avec la puanteu'l de ces types, je peux la senti'l pa'lfaitement. Elle so'ltait bien de la cabane.
    – Mes amis, une présentation s'impose. Je suis Blake Redhorn, un des quatre Chevaliers du Clan des Naturistes Tatoués de South Blue. Ma parole ne saurait être remise en cause, en ma qualité de gradé et en ma qualité d'invité. Ne me demandez pas comment je le sais, mais la coupable est cette fille.

    Blake montra du doigt la jolie fille qui avait déjà commencé à partir. Des « ah » de surprise détonnèrent, suivis de « oh la sale menteuse ! On aurait dû se douter qu'une habillée possédait des vices à la hauteur de ses vêtements ».

    – Mais ne vous en faites pas mes amis, je me charge de vous la ramener. Tout ce que je vous demanderai en échange, c'est de signer ma lettre de recommandation. Avec ça, je serai reconnu comme un Grand Naturiste du Sud. Marché conclu ?
    – Marché conclu Chevalier !
    – Bien, afin de m'aider, j'aurais besoin de plusieurs grands gaillards. Cinq devraient suffire.

    Les nudistes choisis, Blake n'eut qu'à écouter les indications de son Sweet-Sense pour suivre la fille qui avait failli le mettre dans un guêpier monstrueux. Et il se vengerait comme elle le méritait, c'était certain.

    – Suivez-moi chers amis, on va la prendre comme il se doit. Elle part vers la forêt ! On va lui faire regretter ce qu'elle a fait !

    Règle numéro 3 :
    Ne jamais chercher le Pervers,
    car il est capable de retourner toute situation à son avantage,
    par le pouvoir de la Perversité.


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    J'étais sauvée !
    Ces tarés avaient fendus sur leur proie, tels des chacals sur une meute de foin ! A moins que je confonde les concepts ... Bah, qu'importe ! J'étais prête à partir dans la discrétion qui me caractérise, lorsque je sentis des regards drôlement dérangeant sur ma personne. J'savais pas trop d'où ça venait, au début, mais ça m'a pas empêché de marcher l'air de rien, comme ça, comme si j'étais pas une dangereuse terroriste. Mais bon, lorsque je me suis retournée, et que j'ai vu le passant que j'avais condamné, bah, pas si condamné déjà, et puis me pointant du doigt, là, j'ai senti que quelque chose ne se déroulait pas comme prévu.

    Et c'est pour ça que là, vraiment, je me suis mise à courir comme si ma vie en dépendait.
    Et par là même avouant mon implication dans le kaboum.

    C'était une partie de chasse, là. Et moi ? Bah moi ... Bah moi ... J'tais du mauvais coté du fusil. J'suis le daim que le loup traque, parce qu'il le peut et qu'il veut tâter de ma tendre chair. Comment que j'arrive à me faire flipper toute seule ! Mais c'tait ça en plus ! J'avais beau courir dans toute la ville, me faufiler dans les ruelles étroites, et même parfois monter sur les balcons et les toits, rien à faire ! Ils avaient une intuition pas possible ces dégénérés ! Partout où j'allais, ils me retrouvaient, et ils étaient inépuisables ! Moi j'devais m'arrêter pour reprendre mon souffle ! Et eux nan ! Ca devait être à cause de leurs vêtements ! Enfin, de leur absence de vêtements ! Le tissu ça pèse; et donc en se débarrassant on gagne en endurance et vitesse de pointe !

    Mais c'était pas pour ça que j'allais me mettre à poil namého !
    Alors, bah, on a continué à jouer au chat et à la souris un p'tit moment durant, que je saurais pas vous définir.

    A la fin, j'étais en sueur, haletante, et ils étaient toujours à ma poursuite, aussi frais qu'au début.
    Mue par le désespoir, et voyant la vue horrible de six grands gaillards en tenue d'Adam dont un vil porteur de tous les fléaux de cette terre (y compris la famine et le choléra !), je m'introduisais dans le premier bâtiment à la porte ouverte !

    Qui se révéla être ... Une boutique vendant des crémes glacées.
    Et là, je voyais mon salut !

    Si ils sont à poil, alors leur balancer de la glace dessus les congélera, et soit ils mourront d'hypothermie, soit ils fuieront ! Me laissant seule avec ce vil jeune homme que je me ferai un plaisir de buter ! Han, comment je suis trop un génie !
    Bon, reste à voir si je peux le tuer. Mais c'est un détail sans importance.

    Une est Tao, et une vit dans l'extrême !
    Le proprio' me regarde avec de grands yeux, avant que je sorte mont trois-coups et le pointe vers lui avec sauvagerie, gueulant un "Tu rentres dans le frigo' ou j'te bute avec des vraies balles !".
    Comme vous l'aurez deviné, il obtempéra. Et là, je sortais des sorbets glacés pour me préparer à l'imminente bataille !

    N'empêche, gâcher du chocolat comme ça, c'pas bien.
    Je me sens coupable, tout ça c'est de votre faute bande de déviants !

      De retour pour vous faire...

      "Tao Song | Blake Redhorn"
      Mai 1624



      La poursuite fut relativement longue. Devoir refaire le trajet en sens inverse avait été assez éprouvant, mais Blake savait que si son groupe ressentait la fatigue, la fille devait en faire de même. Au bout de plusieurs minutes, ils revinrent à Manshon, débarquant par un buisson en plein milieu d'une ruelle.

      – Ooooooh ! Les enfants, ne regardez pas ça !

      Evidemment, ils n'avaient pas pris la peine de se rhabiller, favorisant la poursuite à une éventuelle perte de temps qui les aurait condamnés. Malheureusement, ce choix n'avait pas facilité leur discrétion, et encore moins la possibilité de ne pas s'attirer d'ennuis. La jolie menteuse profitait de son corps élancé pour se faufiler partout avec une précision chirurgicale, forçant Blake et « ses hommes » à effectuer de nombreux détours. Mais il savait qu'il pourrait la retrouver, peu importe l'endroit où elle se cacherait. Le Sweet-Sense était braqué sur elle, envoyant des informations sur la localisation de ses seins à tout moment. Quand Kiki et Blake travaillaient de pair, le résultat était bien souvent impressionnant.

      – Blakou, elle est en bas ! Olé !
      – Elle est descendue ! Dans la ruelle, allons-y, elle est cernée !
      – Oui ! Hatcha ! ♥

      D'un bond, Blake sortit du toit sur lequel il se trouvait et atterrit devant la jolie fille. Kiki pointait vers elle d'un air qui se voulait accusateur, mais celle-ci n'y prêta pas attention et entra dans une boutique.

      – Oh la sale... Olé !
      – T'en fais pas Kiki, elle finira par t'accorder la reconnaissance que tu mérites.

      Les nudistes de North Blue accompagnés par Blake, le Chevalier du Sud, pénétrèrent dans le bâtiment, sans se douter un instant du vice dans lequel baignait la fille...

      – Aaaaaah !

      Deux naturistes s'écroulèrent au sol en gémissant de douleur. Depuis toujours, il existait une faille dans la physiologie des personnes continuellement en chaleur : le froid. Une fraicheur brusque, insoupçonnée, à la limite de la brutalité, pouvait suffire à mettre à terre un obsédé avenant. Évidemment, Blake avait déjà passé le cap du simple nudiste tripoteur pour atteindre celui de grand héros Pervers, ce qui lui garantissait une importante immunité à toute baisse de température. D'un geste, il indiqua à ses hommes de le suivre, pendant qu'il se jetait au sol afin de se mettre à couvert derrière un présentoir.

      – Faites attention ! Elle a trouvé notre point faible ! Les nudistes ne peuvent pas résister au froid trop brusque.
      – Hatcha ! Vous avez entendu ? Evitez les boules de glace de cette vicieuse d'habillée !

      Ils se regardèrent une fraction de secondes, le temps de mettre en place un plan suffisant pour obtenir leur salut. Puis, au bout d'un moment, Blake se rendit compte que la meilleure stratégie possible était et resterait toujours la fourberie. En tant qu'expert de la comédie, il savait parfaitement se mettre en scène, aussi bien pour se valoriser que pour rassurer ses compagnons...

      – Soldats ! Peu importe ce que vous endurerez en sortant de votre cachette ! Rien ne peut vous effrayer car vous êtes le dernier rempart entre les habits et les opprimés que vous protégez ! Battez-vous contre ce mal qui se rassemble devant nous ! Soyez prêts à donner votre vie s'il le faut. Car vos convictions sont ce qui fait de vous des hommes valeureux, des hommes vertueux. Telle est la parole de Blake Redhorn, l'unique, le seul Chevalier du Clan des Naturistes Tatoués de South Blue, l'homme qui pelotera la Poitrine de Jouvence, celui qui deviendra le Pervers le plus fort du monde !
      – Hatcha, quel homme...
      – A l'attaaaaaaaaaaaaque !
      – YAAAAAAAAAAH !

      Telle de la bonne chair à canon, deux autres nudistes se jetèrent vers la fille, tentant de la prendre en tenaille. Comme Blake s'en était douté, elle n'était pas une débutante dans l'art de la fourberie et du maniement des armes. Loin de là, même. Ainsi, dans un geste absolument irréprochable, elle lança des boules de glace à une vitesse hallucinante sur les naturistes qui ne purent s'empêcher de s'écrouler en gémissant. Mais cela faisait évidemment partie du plan de Blake qui, lui aussi, avait des qualités en matière de vicissitude.

      – AAAAAAH !

      Tel un seigneur de guerre redoutable, un maître incontesté empli de sagesse combattive, un véritable héros des champs de bataille, Blake se jeta sur la fille. Une première boule de glace vint le toucher à l'entrejambe, mais il savait que Kiki ne se laisserait pas faire. D'ailleurs, d'un mouvement circulaire assez improbable, celui-ci se débarrassa de la texture solide.

      – Ca va, Kiki ? Tu tiens l'coup ?
      – Tu peux m'fai'le confiance, Blakou ! Je gè'le ! Olé !
      – Parfait !

      Quand une seconde boule tenta de s'approcher de lui, Blake, qui avait récupéré une bouteille sur le comptoir, s'en servit comme d'une raquette afin de la retourner à l'envoyeur. La boule chocolatée finit sa course sur le mur, auquel elle se colla. ~ Une légende raconte que jamais cette boule n'a pu être décrochée, tant la puissance de l'homme qui allait peloter la Poitrine de Jouvence était grande. Evidemment, ce mythe a été colporté par Blake seul, ce qui pourrait expliquer son caractère énigmatique... ~ La menteuse renvoya plusieurs boules de glace, toujours réexpédiées de la même manière, ce qui ne manqua pas de salir joyeusement la boutique. Enfin, quand il jugea s'être suffisamment rapproché de sa cible, Blake s'écria :

      – Angelonita, à toi de jouer !

      D'un bond, le travelo avait jailli de derrière sa cachette et grimpé sur le présentoir. Il se mit alors à faire quelque chose de particulièrement horrible, mais que la situation exigeait. Mains derrière la tête, Angelonita mima une danse suggestive, que son statut de travesti nudiste rendait particulièrement insupportable. Mais Blake était dos à la scène, ce qui lui permit de ne pas ressentir les effets dévastateurs d'une telle vue, tandis que la fille, elle, ne l'était pas.

      – Prends ça !

      Mains lancées à toute vitesse, Blake écrasa deux boules de glace qu'il avait réussi à récupérer sur la tête de la terroriste. Il mit alors en place une technique de soumission imparable, à base de cheveux ébouriffés, de clins d'œil et de mains baladeuses afin de pouvoir au mieux la maitriser.

      – HAHAHA, on fait moins la maligne maintenant, hein ? Voilà ce qui arrive quand on pense s'en prendre à Blake Redhorn, le Pervers ! J'espère pour toi que tu es prête, parce que tu vas devoir t'expliquer auprès d'une bande de nudistes en colère et auprès de moi, surtout, qui ai failli m'en prendre plein le Kiki, si tu vois c'que je veux dire.

      Evidemment, elle ne pouvait pas vraiment voir ce qu'il voulait dire, ne sachant sans doute pas qui était Kiki.

      – Heu... Hatcha... Mon chou ?

      Blake se retourna vers Angelonita, s'attendant à ce qu'il/elle veuille rentrer au plus vite. Malheureusement, cela ne semblait pas vraiment être une opportunité saisissable, étant donné que la travelo de North Blue venait de se faire attraper par un homme vêtu élégamment, qui pointait une arme sur la tempe d'Angelonita. Celui-ci n'était d'ailleurs pas seul, puisque dix personnes assez similaires se trouvaient à ses côtés, tous pistolets dirigés vers eux

      – Hé mais... J'te reconnais toi, t'es le type de tout à l'heure là, le chiant et tout...
      – T'as cherché des problèmes à la famille. Personne ne fout le bordel sur Manshon sans en subir les conséquences, crois-moi.
      – Attends, j'ai rien fait moi. C'est elle, là, elle a fait sauter la cabane des nudistes, 'fallait bien qu'on se venge.
      – Je sais j'l'ai vu.
      – Bah alors, on peut partir donc ? On vous la laisse si vous voulez. J'en ai plein des seins, déjà. Je lui prends juste son soutif pour ma collection, et elle est à vous, OK ?
      – Non.
      – Mais pourquoi ?
      – On va mou'liiiiiiii'l j'te l'avais dit... Oléééé
      – J'te signale que tu te balades à poil dans notre ville, et que t'as dégueulassé la boutique de El Chocolate. On va plutot vous attacher les pieds à un poids et vous balancer à la flotte, si tu vois c'que je veux dire. HAHAHAHA
      – Hahahahaha, elle est bien bonne celle-là ! Un instant, j'ai vraiment cru que vous disiez la vérité... Hahaha.
      – HAHAHAHA. Tu vas crever. Chopez-moi ces enfoirés, et n'oubliez pas ces abrutis congelés par terre.



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      Entre nous, moi je crois que je vais m'en sortir.

      C'la dit, j'crois aussi que la glace que je viens d'avaler vient de me congeler le cerveau.
      Mais c'était si boooooon ! De la fraise et de la vanille, mes saveurs préférées ... Mais bon, maintenant que j'y pense, j'ai d'autres priorités que de me gaver de sucre et autres arômes chimiques qui vont m'obliger à ne rien bouffer pendant trois jours ...
      Mais quoi déjà ?! Ah bah oui, les déviants à poil ... Bah, trois fois rien.

      Mon plan ô combien génial n'avait aucune faille !

      A part le fait qu'ils pouvaient tous me sauter dessus, et me chopper avant que j'ai le temps de tous les abattre en même temps. Ou encore qu'ils se protègent avec une connerie quelconque. Ou qu'ils mettent des vêtements, aussi.
      En fait, j'ai un peu l'impression de me tirer une balle dans le pied là tout de suite. Bien qu'entre nous, je préfère être là où j'suis plutôt qu'à l'intérieur du frigo' où j'ai enfermé le proprio'. Bah, whatever !

      La plus grande des batailles de mon histoire va avoir lieu d'ici quelques secondes !
      Et ça se pourrait même que ce soit la dernière, vu comment c'était parti.

      Engagement des hostilités, voilà que j'aperçois quelques fragments de peau nue !
      Han ! PREMIERE VOLEE LANCE ! FEU DE GLACE QUI BRULE EN GELANT !
      Les premières victimes de cette guerre improbable tombent sur le champ d'honneur. Mais j'vois même pas pourquoi j'balance de si belles paroles pour une pareille bande de dégénérés.

      Malheureusement, y'a l'reste de la meute qui se pointe, et là j'sais que ça commence pour de bon. Avant, c'était le hors d’œuvre ! La cacahouète avec l'olive et le cocktail !
      Nan mais sérieux là, qu'est-ce qu'ils sont pas beaux à voiiiir !
      J'en ai presque les larmes aux yeux, si bien que je me sens obligée de tous les abattre avec sang-froid ! HAHAHAHAH .... ahem, hem. Désolée, je devais le faire ....
      Je me terre derrière un quelconque comptoir, mes adversaires ayant préférée le repli tactique afin d'élaborer la contre-attaque ! Boule fraise et menthe en main, j'écoutais le discours inspiré de ce village-people qui aurait pu faire impression ...
      ... Si il n'avait pas été prononcé par lui, pour eux, ici.

      Mais ça avait le mérite d'inspirer ses troupes.
      Ils étaient plus forts et grands que moi. Mais une est Tao, et Tao, faut arrêter de déconner ! Elle les démolit quand elle veut ! Alors, d'un tir que l'on croirait venir directement de ma kalach, je fais un one shot aux parties intimes des deux nouveaux challengers ! Comme ça, j'suis directe ! Personne peut m'battre tellement j'suis douée ! Et là, là ...
      LE Pervers parmi les pervers, le nudiste qui ne pouvait être plus nu, le déviant dont la déviance entraînait les éclipses solaires et moins solaires, se lançait dans la bataille !

      Une perle de sueur glissa le long de ma joue.
      Je savais que ce combat était sans commune mesure, et qu'il me faudrait user de toute mon audace et fourberie pour m'en sortir. Mais bon, c'pas contre lui, mais j'ai déjà eu des affrontements plus sérieux. Face à des personnes plus charismatiques.
      Nan, sérieux, il était pas à la hauteur quoi.

      C'bien pour ça qu'en pleine charge, je lui balance une boule praline ! Les secondes deviennent fraction de secondes, alors que l'impact tarde à arriver. Et avec un mélange d'effroi et d'extase, voilà que je touche l'entrejambe !
      KO le M.S.T., alors on fait moins le malin hein hein ?! HAHAHA j'suis juste trop forte pour toi petit c-

      Meyrde. C'quoi ce ... ce ..?!
      Nan ! Fais genre que t'as rien, continue de le bombarder jusqu'à ce qu'il meure !! Sauf qu'il était trop tard ! L'ennemi s'était emparé d'une arme qui allait mettre à l'eau tous mes efforts ! UNE BOUTEILLE ! Je me baissais juste à temps pour esquiver les projectiles renvoyés ! Et c'était trop tard, je ne le savais pas encore, mais j'étais vaincue.
      Observant un mouvement à la périphérie de mon regard, c'est tout naturellement que je tournais la tête vers cette nouvelle menace.

      Les annales ne le disent pas, mais en ce moment même, une expression de pure effroi se cristallisa sur mon visage, alors que mon corps tout entier se tétanisait.
      Pourquoi ? La vue horrible de ... de ...
      Les mots n'arrivent même pas à se former dans mon esprit en pleine torpeur.
      Mais, ça, c'était avant qu'un "AH LE SALE PETIT CONNARD" ne germe dans mon esprit suite à l'impact thermique ! Parce que oui, pendant que j'étais paralysée de pure terreur, voilà que le chef de cette troupe d'attardés m'avait fait un coup fourré ! Il venait d'abattre deux boules de glace sur la face, comme ça ! En plein dans le visage, si bien que j'y voyais rien et qu'en plus, j'étouffais limite, du kiwi plein la bouche et les narines.

      J'me retrouvais à terre, immobilisée, et tripotée, si bien que l'unique chose que j'arrivais à articuler à cause de la glace pillée bloquée entre mes lèvres fut :

      - Qudhdcskoujxuij. Casser genoux.

      Ce qui me valait juste un discours dans lequel il disait que ça allait mal se passer pour moi, avec une métaphore des plus vulgaires. 'fin, au moins, c'tait juste des nudistes quoi ...
      J'étais capturée, mais j'pourrai m'en sortir à peu près bien, j'pense. Après tout, qu'est-ce qu'ils pouvaient faire à part me foutre à poil ? Bah, j'ai connu pire. Ça allait bien se passer ! Je le sais, après tout, j'suis Tao, comment ça pourrait mal se passer pour moi ?!

      Bah, c'est au moment où, contre toute attente, le nudiste qui me plaquait au sol était soulevé en l'air par deux gros costauds.
      Et que, un autre me soulevait par le col du pull et me tenait bien contre lui. Et là, vu la conversation qui s'est engagée, j'ai compris que ça se passerait pas si bien que ça.
      Ça parlait de nous balancer à la flotte avec un gros poids attaché aux chevilles.
      Alors, vous comprendrez bien qu'après avoir craché des copeaux de glace au sol, je m'exprimais sur le ton du désespoir !

      - J'suis une fille bien moi, relâchez moi ! C'est ces tordus de déviants qui m'ont dit de faire un attentat chez eux pour incriminer les gens qu'ils aiment pas ! Même qu'ils les ont appelés le Clan Secret des Sainte-Nitouche, croyez moi ! Moi je suis juste une victime du système, obligée de me rabaisser à ces extrémités pour survivre ! Pitiéééé ! Ne me faites pas de maaaaal !

      ... Ça valait le coup d'essayer, nan ?
      A moins que ce soit le kiwi qui me pousse à tenter une connerie pareille.
      Quels vicieux, ces volatiles !



        Il avait été frappé, humilié, emprisonné, ligoté, trainé par terre, puis jeté sans la moindre once de problème dans une cave noire et humide.

        – Profitez bien de vos derniers instants sur la terre ferme, parce que vous allez diner avec les poissons ce soir !

        Et la porte se referma dans un grand fracas. Blake tenta bien d'hurler quelque chose, mais pour seule réponse, il ne reçut que l'écho de son propre « VOUS POUVEZ PAS FAIRE CA, JE SUIS JUSTE UN TOURISTE » hurlé à s'en déchirer les poumons.

        – Laisse tomber, Blakou... On va mou'li'l... Bouhouhou...
        – Bande de nuls ! Revenez ici ! J'ai dit : REVENEZ ICI !

        Aucune réponse... Les sous-sols de la cabane dans laquelle il se trouvait devaient sûrement être insonorisés. Ca ne faisait aucun doute, même : la Mafia de Manshon devait indubitablement être préparée à garder ses prisonniers dans des lieux sûrs. La Mafia de Manshon... Son vieux père ne l'avait-il pas prévenu de faire attention, de ne surtout pas s'attirer les foudres des familles de North Blue ? Il se trouvait en plein dans le domaine des Tempiesta, mais, une fois encore, il avait été bien trop imprudent, et ce n'était que maintenant que Kiki reprenait le contrôle qu'il se rendait compte de ses erreurs.

        – Je te l'avais dit, olé ! Je te l'avais dit ! Bouhouhou... Mais tu m'écoutes jamais.. Olé... Bouhouhou
        – Cette fois ça suffit, Kiki ! Ferme-la !
        – Hatcha, mon chou... Calme-toi.
        – Oh toi ça va... Hein ?

        Ce ne fut qu'après la déclaration d'Angelonita que Blake se rendit compte d'un facteur auquel il n'avait nullement fait attention jusqu'à présent. En effet, bien trop occupé à regarder le mur contre lequel il avait été lancé, il avait été incapable de remarquer la présence d'autres personnes, également emprisonnées.

        – Angelonita ? Toi aussi, t'es là ?
        – Evidemment, mon chou... Marcellu, Franckola, Ernestorus et Alavandre, les nudistes qui nous ont accompagnés, sont là aussi. A moitié congelés, mais là.
        – Brrr... Chev... Chev... Chevalier... Oui, nous sommes là...
        – Pfff... Et alo'ls ? Olé... Au moins on mou'lla pas tous seuls, c'est déjà ça...

        « Seul, Kiki sera là pour t'épauler dans toutes les situations. Mais quand d'autres personnes sont disponibles, sers-t'en, et accède au rang qui t'est légitime. » Tel avait été le conseil donné par Jean-Albert, quand ils avaient été aux prises avec des douaniers de la Marine, sur une île de South Blue. En effet, sans la moindre hésitation, son père avait balancé leur guide sur les soldats en prétendant qu'il s'agissait d'un pirate, avant de déguerpir sans le moindre remords. « Utiliser les autres pour arriver à ses fins »... C'était d'une évidence incroyable !

        – Blakou... On va mou'li'l... Et ces types n'y change'lont 'lien...
        – Kiki, écoute... On va s'en sortir. On s'en sort toujours. Rappelle-toi Suna Land, rappelle-toi Classic Town... Une poitrine m'avait poussé sur le torse, je me suis fait jeter en taule, et pourtant, on a réussi à sortir. Et aujourd'hui, on est où ? On est à des kilomètres de Bikini Island ! On est dans la Mer du Nord ! C'est pas dingue, ça ?

        A mesure que les mots débitaient, Blake sentit son courage renaître. Les Redhorn avaient toujours été connus pour leur capacité à rebondir dans n'importe quelle situation. Pas une force de volonté semblable aux plus grands héros, non... Juste une bêtise, une incrédulité et une débilité hors norme, qui s'ajoutaient en plus à un égocentrisme prétentieux absolument titanesque. On pourrait penser qu'ils voyaient le verre à moitié plein... Mais ce serait s'éloigner de la vérité. Non, car, quand bien même le verre serait vide, et même brisé, ils resteraient persuadés de pouvoir manger de la poussière.
        Car un Redhorn ne pouvait abandonner, c'était contre-nature. Car Blake savait, au fond de lui, qu'il était promis à un destin extraordinaire, et que le jour n'était pas venu de disparaître sans gloire ni fortune.
        Il se dandina du mieux qu'il put, malgré les cordes épaisses qui enserraient son corps, et réussit enfin à se tourner vers le centre de la pièce, de façon à pouvoir regarder les autres prisonniers. D'ailleurs, il s'étonna lui-même que le Sweet-Sense ne l'ait pas averti de la présence de Petits-Moyens-Seins qui, elle aussi, se trouvait là. A en juger la mine sur son visage, elle n'était que moyennement heureuse d'être ici, en compagnie de personnes qui ne possédaient pas la moindre once de vêtement sur eux.

        – Ecoutez-moi, nudistes de tout âge, je m'engage, moi, Blake Redhorn, Chevalier du Clan des Nudistes Tatoués de South Blue, à nous sortir d'ici. Je le jure sur mon honneur de Naturiste. Vous vous êtes engagés sous mon commandement, malgré la différence de nos ordres respectifs, et pour cela, je vous suis reconnaissant. Que String, la déesse des slips, veille sur nous ce soir, car nous risquons d'y perdre plus que des vêtements...

        On considérait souvent que Blake possédait un don, un charisme réellement époustouflant, qui lui permettait de faire croire les plus improbables choses à de parfaits inconnus. Ainsi avait-il un jour pu prétendre à une dame que se faire peloter lui apporterait une pluie de Berrys, en raison de l'alignement des planètes et de la lune avec le banc où elle s'était assise.
        Encore une fois, aujourd'hui, il prouva que ce caractère n'avait absolument pas disparu. Même dans les pires situations, même quand tout espoir semblait perdu, lui, l'homme destiné à devenir le Pervers Ultime, savait trouver les échappatoires aux plus dangereux problèmes.
        Angelonita et lui discutèrent plusieurs minutes, le temps d'analyser la situation. De façon surprenante, l'Okama se révéla être un stratège plutôt fin, capable d'élaborer des plans sordides mais efficaces.

        – Hatcha ♥ j'ai encore des hommes sur Manshon, et d'autres dans les environs, mon chou. Le CNSNB a connu bon nombre de situations de crise, je suis certain que la Mafia ne les attrapera pas aussi facilement qu'elle le pense. Après tout, ne pas nous avoir vus revenir a dû les alerter et ils ont dû se réfugier dans une de nos cachettes secrètes. A North Blue, nous avons le sens des responsabilités, mon chou. Ne nous sous-estime pas !

        Cela sembla inespéré. Mais Blake ne pouvait s'en prendre qu'à lui seul, en fait. Comment avait-il pu douter du pouvoir et de l'intelligence des Nudistes ? Cela eut pour effet de lui faire prendre conscience d'une donnée importante : il était encore loin de son but, devenir le Pervers Naturiste le plus puissant de tous les temps... Néanmoins, au lieu de le décourager, cette pensée ne fit qu'accroitre sa volonté de s'échapper, pour continuer à vivre et s'approcher de son objectif final : la réalisation de son destin extraordinaire.

        – Génial, Angelonita. Mais heu... Comment on fait ? Parce que c'est bien beau d'avoir des hommes dehors, mais s'ils ne savent pas quoi faire et où nous trouver...
        – Hihihihi ♥ Crois-tu que je me risquerais à partir en mission sans une bonne organisation ?

        Alors, tel un agent secret, Angelonita se contorsionna dans tous les sens, faisant bouger ses immenses bourlets. Au bout d'un moment, Blake constata que quelque chose commençait à sortir d'entre sa « poitrine » d'obèse, un petit objet rond, à forme spiralée, et de couleur rose, qui descendit lentement sur le sol.

        – Un Den Den Mushi ?
        – Oui ! ♥

        L'escargot sortit lentement de sa coquille. Ses antennes semblaient implorer le monde de le sauver de là, le torse poilu et dégoûtant d'Angelonita ne fournissant sans doute pas un nid chaud et douillet. Un instant, Blake ressentit de la compassion pour le petit animal, se demandant même comment l'Okama avait pu décider de lui faire subir pareille torture. Mais cela ne dura pas longtemps, car l'intérêt d'une telle cachette se révéla rapidement.

        – Mushi Mushi... Michaelo ?
        – Angelonita ?! Où est-ce que t'es ? C'est la folie ici... La Mafia ratisse toute la forêt et la plage... Certains d'entre nous se sont faits prendre...
        – Je sais, Michaelo. Je suis avec les autres, on a eu quelque soucis...

        … … … … … … … … … … … … ...

        La conversation s'acheva au bout de quelques minutes, les plans avaient été achevés, l'escargophone était remonté à contrecœur dans sa cachette, et ils se remirent à discuter.
        Blake hésita ensuite un instant, puis se tourna vers la fille qui leur avait attiré tous ces problèmes. Si elle n'avait pas débarqué, rien de tout cela ne serait arrivé, et il aurait pu repartir avec sa licence de Naturiste Intercontinental de niveau 2. Pourtant, il savait très bien que toute poitrine méritait d'être sauvée. Qui était-il pour décider du sort d'une paire de tétons, hein ? La Lumineuse Lubricité était partout, il la connaissait, il la défendait.

        – Écoute Moyens-Seins... Oui, toi, là, celle qui a failli me faire tuer. Je te propose de nous aider. Tu n'es peut-être pas une naturiste, mais en te pelotant j'ai senti comme un courant électrique entre nous. Ta poitrine n'est peut-être pas énorme, mais elle dégage une impression de majesté assez improbable. La volonté que tu as employée pour nous fuir me l'a prouvé. Certes, tu as tenté de me faire porter le chapeau, et tu as détruit le QG de mes alliés nudistes... Mais je suis prêt à te pardonner, oui, car Blake Redhorn, destiné à peloter la Poitrine de Jouvence, sait faire preuve de clémence. Je ne suis peut-être pas encore Seigneur Absolu des Pervers, mais le jour viendra où je le serai, et ce jour-là, je me souviendrai de ta coopération, et je ferai peut-être de toi une de mes poitrines favorites, tu comprends ?
        – Hatcha... Mon chou... Tu ne vas quand même pas lui faire confiance ? C'est de sa faute si on est là !
        – Elle a 'laison, Blakou... Et si elle nous fout dans la mel'de, hum ?
        – Le Pervers sait accorder le pardon à ceux qui se repentent, Angelonita... Et elle a entendu tout de notre plan. Si on la laisse sur le côté, il y a un risque qu'elle ne nous balance... Et Kiki, si jamais elle nous fout dans la merde, alors je la jette dans l'eau.

        Il se retourna vers la fille, ajoutant à son égard.

        – Moyens-Seins, je te fais une proposition. Nous sommes six, et quatre de mes hommes sont encore frigorifiés après le traitement que tu leur as fait subir. Avec toi à nos côtés, nous aurons peut-être une chance de mener à bien ce plan compliqué et risqué. Des renforts devraient arriver, mais il faudra quand même une force suffisante. Tu as entendu les détails, tu sais ce qui nous attend. C'est notre seule solution.

        Blake s'était exprimé avec la classe d'un chef de guerre, agissant exactement comme il l'avait fait quand il avait joué le rôle du général dans une pièce de théâtre à l'école. Il connaissait les codes, il savait se donner un air tragique quand il le fallait. Le spectacle, il était habitué. Et il espérait sincèrement que cette Moyens-Seins accepte de les accompagner, deux tétons n'étant pas de trop pour l'accomplissement du plan plus que risqué qu'ils avaient préparé.

        – Alors ? T'en penses quoi ? Et ce serait bien d'avoir ton nom, d'ailleurs. T'appeler Moyens-Seins c'est bien, mais c'est pas pratique...
        – M'en fous, si elle nous la'lgue, je l'ét'langle ! Olé !



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        J'avais la joue en feu.

        Et il était possible que ce soit à cause de la baffe que le mafieux m'ait donnée, alors que je résistais à le suivre. Après tout, mourir, n'avait été quelque chose d'agréable. Et je le savais un peu trop bien, après tout, je m'étais un peu amusée pendant ces dernières année à la semer.

        J'vous jure, je m'en sors de celle-là, j'arrête mes activités ! Je retourne à St Urea et j'implore Père de me reprendre sous son toit, quitte à devoir faire la femme de ménage !
        ... Ouais nan, en fait, ça allait attendre ... J'avais quand même bien envie de cette robe verte, cette robe en soie si jolie, que j'ai vu tout à l'heure quand je me baladais dans les rues commerçantes ... Celle-là à la coupe si gracieuse ! Et au prix si exorbitant, aussi.
        Ça attendrait tout compte fait ! Mais c'était pour la bonne cause !

        Mais bon, avant toute chose ...
        'faudrait que je me débarrasse des mes liens.
        Que je quitte cette cave sombre et humide.
        Et que je ne finisse pas comme bouffe pour poissons.

        Bon, ça a l'air jouable. Je me suis sortie de situations bien pires !
        Faudrait-il que je m'en souvienne, de ces situations ...
        Et ça serait bien aussi si ma joue arrêtait de me faire mal !

        Heureusement, j'avais un atout. Et quel atout.
        Le meilleur des atouts !
        ...
        Pourquoi j'essayais de me convaincre que j'étais pas dans la merde ?!
        J'allais mourir ici ! Seule ! Désemparée ! Et avec des nudistes ! DES NUDISTES !
        Minute. Des nudistes ? Je jette un vif coup d'oeil autour ! Et je ne vois strictement rien.
        Mais je les entends. J'entends le grand nudiste (le chef des tarés en gros) qui maudit. J'entends mes victimes souffrir, et ça me réjouit.

        Mais j'entends la conversation entre le gros flasque, et le grand nudiste.
        Une conversation que j'écoute attentivement, car de cela peuvent dépendre bien des choses.

        La discussion se finit, le den den mushi apparaît et je le regarde avec dégoût, j'entends les tenants et aboutissants d'un plan que j'aimerai bien éclater en mille morceaux.
        En temps et en heure, certainement. Mais pour l'instant, je dois penser à ce que j'allais faire. Un *ce que j'allais faire* qu'il fallait très vite ! Le grand nudiste m'interpelle et me demande mon soutien, ah ! Après tout, je le comprends, je suis une force sur laquelle il faut compter ! Sauf que j'avais pas envie d'être une force, là tout de suite. Surtout pour aider des nudistes. Bon, d'accord, c'était AUSSI pour m'aider !

        Mais bon. Ils me faisaient pas confiance. Je ne leur faisais pas confiance.
        Mais ils avaient besoin de moi. Au moins pour pas que je les balance et fasse tout capoter.
        Alors je me suis sentie obligée de répondre ça.

        - Moi c'est Tao Song, et mes "Moyens-Seins* te bip. Et si tu veux mon aide, bah moi je te l'offre. Mais ça fera un million de berries. A prendre ou à laisser, mais c'est mieux de la prendre. Parce que les mafieux, ils risquent de m'épargner si je vous balance, et ils seraient bien contents d'offrir l'ordre des nudistes machin chouette comme festin aux poissons. Je dis ça, je dis rien. Mais je te conseille quand même d'accepter mon offre !

        Je lui offrais un magnifique sourire. Un sourire charmeur.
        Mais dans le noir, ça ne faisait aucune différence.