Fushia. Qu'est ce que je suis allé me perdre dans ce trou glacial ? Non, mais c'est vrai quoi ! Des contours incertains, blancs ou verdâtres, invariablement nébuleux, une végétation dense happée par la bruine hivernale; pur coin pour du tourisme, attention. L'île, dans son ensemble, elle baigne dans le brouillard et le givre. Ça vend du rêve en pac de douze, non ? Un cadre boréal, presque sinistre en cette période de l'année en raison des températures... largement négatives. On se gèle la bite. Hé oui. La populace se presse dans les chaumières, rares sont les clampins assez fous pour sillonner les sentiers quand l'astre que l'on dit brûlant ... 'fin brûlant, sauf ici, z'aurez compris ... a entamé sa longue descente dans le ciel. Oui, on peut le dire, l'endroit paye pas de mine; mais, pourtant. ... Pourtant. Il reste empreint d'une certaine solennité. Très important, la so-len-ni-té. On la sent, on la hume, partout. Dans la sève des branches, dans les manières de ses habitants. Elle s'est incrustée dans la végétation, dans les mœurs. Et pour cause. C'est là qu'a débuté... euh, c'était quand déjà ? Y a un siècle environ, hein, on est pas à une tartine près ... heeu, s'la qu'a débuté, oui, l'aventure de celui qui est passé à la postérité pour avoir obtenu le titre honorifique de Seigneur des pirates. Monkey D. Luffy. Un fieffé jobard ... wéhé, jobard, j'aime ce mot ... dont l'épopée improbable fait la fierté des locaux. On ne le dit pas de trop vive voix, de peur d'offusquer les quelques membres de la petite garnison marine du coin. Jolan, si ça t'emmerde ce que je dis,n il faut le dire... Mais on le pense tellement fort que feindre le désintérêt pour cette vieille légende frise le mauvais goût pour tout natif de Fushia digne de ce nom. Ça ne pense pas à mal, nooon, bien entendu. Et ça s'en fout carrément de la piraterie et des valeurs qu'elle véhicule ... bien sûr. Mais quand même, soutenir l'enfant du pays, c'est un minimum. Ça peut pas être si criminel que ça, si ? SI ? Oh. Bon. Ok. Mais alors, là, hein, j'ai envie de dire, à la rigueur ... qu'est ce qu'on en a à foutre ?
...
... Voilà.
Cet hiver 1622, pour moi, il ressemble au précédent, et y'a fort à parier que le prochain sera similaire. C'est un peu la saison morte en ce qui concerne l'univers du jeu; les tournois, le spectacle, ça évoque la chaleur, les lumières, tu vois l'tableau quoi. L'argent, la flamme qui enivre le joueur... S'beau dit comme ça hein ? Des couleurs vives, chatoyantes, des mojitos à volonté, des coups d'un soir improvisés, en plein mois d'juin, des ... hm ? J'ai dit en plein mois d'juin ? Ah, c'est marrant, jme suis pas entendu l'dire ... bref ... des palmiers et des noix de coco. Globalement, l'été quoi. Résultat, Décembre, c'est coincé entre l'été dernier et...
... et ? ... et le ... et le pro... et le prochain, le prochain, oui, exactement. Parce que décembre, hein, bon ben, c'est, c'est perdu au fond du calendrier. Là où il fait froid, quoi.
...
Vous comprenez c'que j'dis ou bien ? Non parce que si vous comprenez pas depuis tout à l'heure, ça sert à rien que jm'emmerde à raconter l'histoire hein. Décembre, oui ... euh ... oui mais non ... j'veux dire, si vous suivez pas, on zappe les anecdotes et basta, quoi. On va pas y passer deux heures. Hmm ?
Bon ...
Donc. Décembre. Ben, Décembre, on s'emmerde sévèrement. On s'emmerde sévèrement... c'est... c'est le terme. Sans doute que les coups d'un soir, ça marche aussi l'hiver, mais ici, c'est pas du niveau Miss France. Mais alors pas du tout. Ou alors du Miss Pays de la Loire sans Photoshop quoi. Alors, bien sûr, on peut toujours trouver en cherchant bien, un bled de renommée, hein, histoire d'y faire halte, profiter du cadre et des jetons qui y transitent. Sauf que le navire qui me transporte à moi, il a dû faire escale forcée.
...
Vous savez ce que ça veut dire escale, hein ? Escale, c'est du genre arrêt; escale forcée, donc c'est une halte qui n'était pas prévu. En l'occurence, dans mon cas particulier, c'était trop dangereux de continuer le trajet par ce temps. Résultat j'suis ici et alors j'aime autant vous dire, ici, niveau attraction, que dalle. Niet. C'est le trou du cul du monde. Même pas un tripot miteux pour tuer le temps en attendant mieux. Le menu, c'est du froid, du blanc et encore du froid. Et c'est tout. Pas la queue d'une bougie à allumer pour faire comme si. Les Seules lumières, ce sont les halos blafards des maisonnées. Le Seul pognon en circulation, celui qui va de la main des soiffards du coin à la caisse de la Seule taverne ouverte en ce moment pour cause de chutes de neige trop importantes. Trop IMPORTANTES. Non mais vraiment. Qu'est ce que c'est que ce cirque ? Moi je connais des contrées, ou même par moins quinze, les routes elles sont dégagées, hein. Alors bon, trop importantes, c'est bien facile. VRAIMENT. Bon. Ahem ... Bon. J'en étais où ? Ah oui. Les chutes de neige. Résultat, ben ouais, le matin, il faut pas chouiner quand il s'agit de déblayer le perron assailli par un manteau blanc d'un bon mètre de haut. Ça parait évident. Et les picolos qui peuvent pas tenir un jour sans leur godet, quand ils sont volontaires pour débarrasser l'accès au bar, le patron, il leur file cent Berrys. Et une fois le boulot abattu, ben les types, ils vont claquer le pognon aussi sec en alcool manière de se décongeler les circuits. Bah ouais, les mecs c'est pas des Prix Nobel, hein. M'enfin. Remarque, c'est ça ou crever d'inanition. Alors ça s'tient.
Enfin,, ça s'tient si on est du genre bouseux de service. Moi, jouer les Conchita avec un balai, c'est pas mon domaine. Taper des déménagements improvisés, voir du pays, passe encore. Mais limite, hein. Heureusement là, coup d'bol, y'a encore quelque monnaie trébuchantes qui résonne dans ma bourse. Alors, la journée type du petit pécore... j'aime autant vous dire ... à d'autres. Vous m'avez compris. Le programme pour moi, il est simple. Ça fait trois jours que je suis coincé ici, et la situation, elle changera pas jusqu'à nouvel ordre. Le premier étage entier est réservé par les passagers du rafiot qui font comme moi; qui attendant de pouvoir rejoindre la vraie civilisation et prennent leur mal en patience du mieux qu'ils peuvent. À savoir, difficilement. Alors comme les autres, j'attends. Je tue l'attente, avec un dé, avec un verre. Ou les deux le plus souvent. Et jm'emmerde. Mais alors sévèrement, hein. Bon, l'avantage, je suis pas assailli par les voisins. Non c'est vrai ça, jl'avoue. Parce que, d'ordinaire, on est trois grand max à tenir la salle, et encore. Y'en a un c'est l'patron, et l'autre c'est souvent l'serveur. C'est pour dire. Remarquez, le voyageur de passage, paumé comme moi quand j'suis arrivé, lorsqu'il débaroule dans l'endroit sans être prévenu, il me confond souvent avec le barman. Oui, niveau fringues, l'autre, il se sappe avec des haillons en décomposition. Bouffé par le froid et les termites. Du deux en un. Et comme y'a pas écrit sa profession sur son front non plus... he beh, voilà. Résultat, c'est moi qui sers la boisson. Et pis, le patron... beuh, j'sais plus comment il s'appelle, celui-là... j'en ai connu un, une fois, c'était Lloyd, mais lui, j'sais pas. Mettons qu'il s'appelle Lloyd, parce que c'est un super prénom. Et tiens, mettons aussi que le serveur, c'est Alfred, parce que c'est la profession de tout bon Alfred. Sauf s'il finit majordome. Bref, mon vieux, l'est pas difficile, il voit que je gère ça bien, que ça m'occupe, et que l'argent transite, alors ça lui va. Résultat, le soir, c'est un peu moi qui gère la boutique. 'videmment, pour chaque verre commandé, jm'en siffle un en solo, c'est le sens des affaires qui parle. Mais c'est honnête. Tout le monde y trouve son compte. Ce soir, ptetre qu'après la fermeture, quand j'aurai assez d'alcool dans les veines pour affronter l'grand froid, on croise les doigts héhé, j'irai faire un tour du côté de la statut du ... Luffy, là. J'ai pas encore bien pris le temps de mirer sa trombine de près. M'enfin, un gugusse qui se trimballe avec un chapeau de paille sur la tête juste parce qu'on le lui a offert... jte dis pas l'tableau.
En attendant, pour l'moment, je sers. J'ai toujours rêvé d'être serveur. Ou gangster. L'un ou l'autre. Remarque, là je sers les gens, et j'en arnaque mon compte régulièrement. Dans un sens; on peut dire que je suis serveur et gangster. On peut aussi dire que j'ai atteint mes objectifs dans la vie. C'est Classe, quoi. Rien que d'y penser, ça me fout l'sourire. Comme jte l'dis. Et tout ça pile quand un client se pointe. Ohohoh, 'de dieu, cte tignasse. Parole, on a pas encore inventé le rasoir dans son bled. Il a une gueule genre caverne-man, et encore. Le genre de type que, quand il croise un ours, ben c'est l'ours qui se taille. Tu vois l'idée quoi. Mah, pourquoi pas. Et puis, j'vais pas m'plaindre, à part lui, y'a grosso modo personne là. Et autant j'aime bien être seul pour faire le point ... autant là jm'emmerde. Bon, mon lascar, y s'pointe, gueule fermée. Faut dire, jle comprends, c'est pas l'climat du coin qui va te ficher la banane. J'vais l'dérider. Admire la tehcnique. Pof. Un whisky qui lui tombe sous le nez, comme ça, sans rien demander. Pour le beau geste. Et moi qui balance.
Çui-là, l'est offert par la maison. Et sinon, jlui sers quoi au monsieur ?
Et c'est parti pour de l'épique.
...
... Voilà.
Cet hiver 1622, pour moi, il ressemble au précédent, et y'a fort à parier que le prochain sera similaire. C'est un peu la saison morte en ce qui concerne l'univers du jeu; les tournois, le spectacle, ça évoque la chaleur, les lumières, tu vois l'tableau quoi. L'argent, la flamme qui enivre le joueur... S'beau dit comme ça hein ? Des couleurs vives, chatoyantes, des mojitos à volonté, des coups d'un soir improvisés, en plein mois d'juin, des ... hm ? J'ai dit en plein mois d'juin ? Ah, c'est marrant, jme suis pas entendu l'dire ... bref ... des palmiers et des noix de coco. Globalement, l'été quoi. Résultat, Décembre, c'est coincé entre l'été dernier et...
... et ? ... et le ... et le pro... et le prochain, le prochain, oui, exactement. Parce que décembre, hein, bon ben, c'est, c'est perdu au fond du calendrier. Là où il fait froid, quoi.
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Vous comprenez c'que j'dis ou bien ? Non parce que si vous comprenez pas depuis tout à l'heure, ça sert à rien que jm'emmerde à raconter l'histoire hein. Décembre, oui ... euh ... oui mais non ... j'veux dire, si vous suivez pas, on zappe les anecdotes et basta, quoi. On va pas y passer deux heures. Hmm ?
Bon ...
Donc. Décembre. Ben, Décembre, on s'emmerde sévèrement. On s'emmerde sévèrement... c'est... c'est le terme. Sans doute que les coups d'un soir, ça marche aussi l'hiver, mais ici, c'est pas du niveau Miss France. Mais alors pas du tout. Ou alors du Miss Pays de la Loire sans Photoshop quoi. Alors, bien sûr, on peut toujours trouver en cherchant bien, un bled de renommée, hein, histoire d'y faire halte, profiter du cadre et des jetons qui y transitent. Sauf que le navire qui me transporte à moi, il a dû faire escale forcée.
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Vous savez ce que ça veut dire escale, hein ? Escale, c'est du genre arrêt; escale forcée, donc c'est une halte qui n'était pas prévu. En l'occurence, dans mon cas particulier, c'était trop dangereux de continuer le trajet par ce temps. Résultat j'suis ici et alors j'aime autant vous dire, ici, niveau attraction, que dalle. Niet. C'est le trou du cul du monde. Même pas un tripot miteux pour tuer le temps en attendant mieux. Le menu, c'est du froid, du blanc et encore du froid. Et c'est tout. Pas la queue d'une bougie à allumer pour faire comme si. Les Seules lumières, ce sont les halos blafards des maisonnées. Le Seul pognon en circulation, celui qui va de la main des soiffards du coin à la caisse de la Seule taverne ouverte en ce moment pour cause de chutes de neige trop importantes. Trop IMPORTANTES. Non mais vraiment. Qu'est ce que c'est que ce cirque ? Moi je connais des contrées, ou même par moins quinze, les routes elles sont dégagées, hein. Alors bon, trop importantes, c'est bien facile. VRAIMENT. Bon. Ahem ... Bon. J'en étais où ? Ah oui. Les chutes de neige. Résultat, ben ouais, le matin, il faut pas chouiner quand il s'agit de déblayer le perron assailli par un manteau blanc d'un bon mètre de haut. Ça parait évident. Et les picolos qui peuvent pas tenir un jour sans leur godet, quand ils sont volontaires pour débarrasser l'accès au bar, le patron, il leur file cent Berrys. Et une fois le boulot abattu, ben les types, ils vont claquer le pognon aussi sec en alcool manière de se décongeler les circuits. Bah ouais, les mecs c'est pas des Prix Nobel, hein. M'enfin. Remarque, c'est ça ou crever d'inanition. Alors ça s'tient.
Enfin,, ça s'tient si on est du genre bouseux de service. Moi, jouer les Conchita avec un balai, c'est pas mon domaine. Taper des déménagements improvisés, voir du pays, passe encore. Mais limite, hein. Heureusement là, coup d'bol, y'a encore quelque monnaie trébuchantes qui résonne dans ma bourse. Alors, la journée type du petit pécore... j'aime autant vous dire ... à d'autres. Vous m'avez compris. Le programme pour moi, il est simple. Ça fait trois jours que je suis coincé ici, et la situation, elle changera pas jusqu'à nouvel ordre. Le premier étage entier est réservé par les passagers du rafiot qui font comme moi; qui attendant de pouvoir rejoindre la vraie civilisation et prennent leur mal en patience du mieux qu'ils peuvent. À savoir, difficilement. Alors comme les autres, j'attends. Je tue l'attente, avec un dé, avec un verre. Ou les deux le plus souvent. Et jm'emmerde. Mais alors sévèrement, hein. Bon, l'avantage, je suis pas assailli par les voisins. Non c'est vrai ça, jl'avoue. Parce que, d'ordinaire, on est trois grand max à tenir la salle, et encore. Y'en a un c'est l'patron, et l'autre c'est souvent l'serveur. C'est pour dire. Remarquez, le voyageur de passage, paumé comme moi quand j'suis arrivé, lorsqu'il débaroule dans l'endroit sans être prévenu, il me confond souvent avec le barman. Oui, niveau fringues, l'autre, il se sappe avec des haillons en décomposition. Bouffé par le froid et les termites. Du deux en un. Et comme y'a pas écrit sa profession sur son front non plus... he beh, voilà. Résultat, c'est moi qui sers la boisson. Et pis, le patron... beuh, j'sais plus comment il s'appelle, celui-là... j'en ai connu un, une fois, c'était Lloyd, mais lui, j'sais pas. Mettons qu'il s'appelle Lloyd, parce que c'est un super prénom. Et tiens, mettons aussi que le serveur, c'est Alfred, parce que c'est la profession de tout bon Alfred. Sauf s'il finit majordome. Bref, mon vieux, l'est pas difficile, il voit que je gère ça bien, que ça m'occupe, et que l'argent transite, alors ça lui va. Résultat, le soir, c'est un peu moi qui gère la boutique. 'videmment, pour chaque verre commandé, jm'en siffle un en solo, c'est le sens des affaires qui parle. Mais c'est honnête. Tout le monde y trouve son compte. Ce soir, ptetre qu'après la fermeture, quand j'aurai assez d'alcool dans les veines pour affronter l'grand froid, on croise les doigts héhé, j'irai faire un tour du côté de la statut du ... Luffy, là. J'ai pas encore bien pris le temps de mirer sa trombine de près. M'enfin, un gugusse qui se trimballe avec un chapeau de paille sur la tête juste parce qu'on le lui a offert... jte dis pas l'tableau.
En attendant, pour l'moment, je sers. J'ai toujours rêvé d'être serveur. Ou gangster. L'un ou l'autre. Remarque, là je sers les gens, et j'en arnaque mon compte régulièrement. Dans un sens; on peut dire que je suis serveur et gangster. On peut aussi dire que j'ai atteint mes objectifs dans la vie. C'est Classe, quoi. Rien que d'y penser, ça me fout l'sourire. Comme jte l'dis. Et tout ça pile quand un client se pointe. Ohohoh, 'de dieu, cte tignasse. Parole, on a pas encore inventé le rasoir dans son bled. Il a une gueule genre caverne-man, et encore. Le genre de type que, quand il croise un ours, ben c'est l'ours qui se taille. Tu vois l'idée quoi. Mah, pourquoi pas. Et puis, j'vais pas m'plaindre, à part lui, y'a grosso modo personne là. Et autant j'aime bien être seul pour faire le point ... autant là jm'emmerde. Bon, mon lascar, y s'pointe, gueule fermée. Faut dire, jle comprends, c'est pas l'climat du coin qui va te ficher la banane. J'vais l'dérider. Admire la tehcnique. Pof. Un whisky qui lui tombe sous le nez, comme ça, sans rien demander. Pour le beau geste. Et moi qui balance.
Çui-là, l'est offert par la maison. Et sinon, jlui sers quoi au monsieur ?
Et c'est parti pour de l'épique.