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Cinquième Chapitre; Un imprévu de taille

Flanc du premier pilier de Drum,
La nuit suivant le conseil de guerre des Rhinos Storms.


Mes doigts gelés vinrent caresser la pierre, cherchant désespérément une aspérité assez creuse pour s’y enfoncer. Le vent glacial et acéré balaya une nouvelle fois la falaise, faisant virevolter les pans de mon manteau de Lieutenant-colonel qui se faisait malmener ainsi depuis les deux heures durant lesquelles je gravissais l’imposant pilier qui se dressait au sud de l’île. Mon exaspération s’envola lorsque ma sombre main droite s’accrocha vigoureusement à un morceau de la paroi qui dépassait légèrement assez pour que j’envoi d’un élan mon corps un mètre plus haut. Mes bottes coururent le long de la pierre glacée dans l’espoir d’atteindre le plus de hauteur possible. Finalement rattrapé par la gravité, mon corps amorça une chute vers le bas, chute qui fut entravée par mes doigts devenus acier qui se plantèrent avec fougue dans la roche. Les extrémités courbées et acérées s’enfoncèrent efficacement dans le roc, m’assurant une prise aussi efficace que celle d’un grappin. Il avait fallut s’y résoudre, le Léviathan ne possédait nullement d’équipement d’escalade, la majorité des soldats des Storms se voyaient donc cloués au sol, au pied des piliers. Et pourquoi ça? Car bien sûr, il était nécessaire que les révolutionnaires postés aux sommets des montagnes aient condamné l’accès des téléfériques jusqu’au sommet des piliers. Ainsi, aucune attaque ne pouvait venir du sol. Les marines se devaient alors de gentiment poiroter dans le froid des montagnes, au pied des colossales figures géologiques, en attendant de trouver une stratégie perdue d’avance pour accéder au sommet des cerisiers.

Sauf que les révos n’avaient pas compté sur le fait que Double Face était de leurs ennemis.
-On est presque arrivé Dark, je crois que j’aperçois le sommet.
« Y’a une heure aussi tu disais que t’apercevais l’sommet pov’ cloche. »
-Et c’était vrai aussi.
« Putain c’est loooong… »
-Moi je plaindrais plutôt le reste des troupes qui doivent attendre près des câbles pour monter Dark.
« Rien à foutre de ces troufions. »

Malgré la vulgarité frappante des propos de Dark, il y avait toutefois du vrai dans ce qu’il mentionnait. Les troupes étaient restées au sol, pour leur plus grand dam. En effet, le froid devait les gifler depuis deux bonnes heures, et ces derniers avaient malheureusement reçu de ma part l’interdiction de faire du feu ou n’importe quelle autre activité produisant de la lumière. Je comptais sur l’effet de surprise pour nettoyer le premier pilier, et si on découvrait avant mon entrée en scène la présence de la Marine au pied du pilier, s’en était fait de mon attaque. Combattant les noirs pensées constamment envoyées dans mon esprit par Dark, je lançai un encouragement silencieux à la quinzaine d’hommes postés en contrebas. Parmi eux se trouvaient cependant mes deux jokers, ceux qui me faisaient croire dur comme fer à la réussite de cette mission. Enzo et Cross. Le premier m’avait semblé étrangement amical sur le Léviathan, plus tôt dans la journée. J’en avais déduit que le caporal en question devait être quelqu’un sur qui compter, laissant de côté ma méfiance naturelle. Pour tout dire, je considérais que depuis les évènements sur Little Garden, j’avais fait d’énormes efforts sociaux. J’avais laissé derrière moi ma nature belliqueuse et mes tendances orgueilleuses que Dark tentait de me fournir chaque jour pour une attitude ouverte à toute personne. Du moins, cette attitude avait ses limites, mais je considérais que les récents exploits accomplis dans la jungle préhistorique m’avaient valu la confiance d’une grande partie de l’équipage, pour mon plus grand bonheur. Cross quant à lui avait la chance d’être considéré par moi-même comme un puissant guerrier, un atout dans un combat pour lequel je ne passerais pas le moins du monde.

Mes pensées vagabondèrent vers Stark à qui une autre mission avait été accordée. La dernière mission de type reconnaissance que j’avais fait s’était effectuée en sa compagnie, sur Little Garden, j’aurais bien aimé à nouveau travailler avec lui. Cependant, pour l’instant, je ne devais pas m’apitoyer sur de telle chose, la réussite primait. Les muscles de mes bras se bandèrent et je me propulsai cinq mètres plus haut, bravant le vent et la neige pour atteindre l’ultime corniche me permettant d’accéder au sommet du pilier. Continuant dans ma lancée, je pris un nouvel élan de la petite corniche dépassant de la solide paroi du cerisier pour me jeter sur le sommet du titanesque cylindre géologique. Les informations récoltées par Lilou ne mentaient pas. Un immense château prônait au centre du plateau. Dépassant de beaucoup le reste des bâtiments en termes de hauteur, l’incroyable chef-d’œuvre d’architecture semblait complètement fait de glace. Les balcons, merlons, créneaux, murailles, pics, tours et fenêtres renvoyaient tous un léger éclat luminescent se répercutant sur les flocons qui tombaient en rafale, rendant la structure royale de Sakura majestueuse au plus haut point. Des lumières éclairaient visiblement l’intérieur du bâtiment, ces dernières émanant par les fenêtres de l’édifice monumental. Si les sources des informateurs de la Commodore Ayame étaient fondées, le Roi et sa cour devait probablement toujours se trouver entre les murs de l’imprenable merveille médiévale.

Alors naquit un doute dans mon esprit. Pourquoi m’avait-on spécifié que seulement une quinzaine de soldats étaient nécessaires à la prise d’une si importante place forte? Avait-on cherché à nuire à l’entreprise. Pourtant j’avais eu la chance en tant que seconde de directement choisir les vétérans qui m’accompagnaient à ce jour. Tous d’anciens braves combattants de Little Garden. Pourtant, nous n’étions que quinze, excluant mes deux Jokers qui patientaient toujours en bas, près du téléférique, au point de rendez-vous convenu. Mon souci pour eux s’accentua. Avaient-ils rejoins le point de rendez-vous? Étaient-ils tombés dans une embuscade? Le plan ne semblait pas se dérouler comme prévu maintenant que j’y pensais, quelque chose de simple mais qui pourtant, m’échappait, me tiraillait l’esprit. Comme si soudainement je venais de commettre une erreur qui pourrait me coûter la vie à moi et mon escouade.

Pour éviter d’embrouiller mes pensées avec de tels doutes, je reportai mon attention sur les bâtiments qui parsemaient le sommet du pilier. Ceux-ci étaient imposants, bétonnés et sobres. Quelques fenêtres trouaient les murs de ces longs édifices aux faibles attraits artistiques, les seules décorations visibles étaient représentées par des croix rouges qui prônaient au dessus des portes de verre de chaque édifice. Ainsi, il semblait que tous ces pavillons appartenaient à la célèbre académie de médecine des Toubibs 20. Les célèbres médecins de Drum, ceux auxquels aucun mal ne résistait. Peut-être les médecins étaient-ils toujours tenus prisonniers à l’intérieur des cliniques et laboratoires médicaux. Ce serait notre chance pour les sauver.

À ce décor brouillé par la tempête qui faisait toujours rage s’ajoutait l’omniprésence de soldats portant les insignes révolutionnaires qui patrouillaient constamment les alentours du château ainsi que des projecteurs balayant les rues depuis les murs de cette même forteresse. Un nouveau doute s’insinua en mon esprit, j’avais souvenir sur la carte de l’île que les effectifs révolutionnaires sur le premier pilier de l’île étaient beaucoup moins nombreux. L’adversaire aurait-il effectué une rapide stratégie de défense en apprenant l’arrivée des Storms?

« Je mettrais ma main au feu que c’est là que le gros des troupes révolutionnaires sont positionnées. » Me souffla Dark qui rivait toujours son attention vers la colossale structure de glace qui dominait le plateau balayé par les vents.

-Probablement le Roi du Royaume de Sakura aussi. Y paraît que ça fait un moment qu’on ne l’a pas vu sur l’île. Ils doivent le tenir prisonn…
« Chut! On vient! »
Je me fondis dans l’ombre d’un bâtiment adjacent à l’endroit par lequel j’avais grimpé, le son de pas dans la neige qui couvrait le sol m’avait averti. Ma peau bigarrée se fut à moitié absorbé par la pénombre du bâtiment, ne laissant comme trace de ma présence que la lumière glauque de mon œil droit. Deux hommes passèrent non loin par une rue qui longeait l’habitation sur laquelle j’étais plaqué. Portant de chauds manteaux, le mousquet bien calé sur l’épaule, les deux hommes discutaient de chose et d’autre en regardant le sol immaculé devant eux. Visiblement, ces derniers ne s’attendaient pas à recevoir une visite surprise.

« La ferme et écoute, c’qu’ils disent me semble intéressant. »
Ce que je fis aussitôt.
-Tu crois que la Marine va bientôt passer à l’action?
-J’espère que non. De toute façon, on est équipé pour tenir un siège de plusieurs jours avec ce qui se trouve dans les caves du château.

-Héhé, ils y goûteront ces connards. Ep mais… qu’est-ce que…?!

L’homme semblait avoir remarqué ma présence. Affermissant sa prise sur son fusil, il le brandit en ma direction. Trop tard, j’allais déjà passer à l’action.
« Yeeehaaa! Et c’est parti mon kiki! »

Prenant élan sur le mur auquel je faisais dos, je me propulsai directement sur le révolutionnaire qui me tenait en joue. En moins de deux secondes, mon poing s’écrasait avec violence sur son nez, renfonçant ce dernier dans son crâne et brisant la boîte osseuse à de multiples endroits par le choc produit. L’homme s’écrasa sans bruit dans la neige. Poursuivant mon élan, je saisi l’arme de mon premier assaillant qui volait toujours dans les airs. Refermant ma main sur le canon, je balançai la crosse du mousquet dans les côtes du second antagoniste. Sa respiration fut automatiquement coupée. Je laissai l’arme tomber au sol sans plus de considération pour continuer ma mise à mort. D’un mouvement leste, je contournai l’homme en envoyant mon pied valser au dessus du pauvre bougre, le talon de ma botte vint broyer la nuque de l’homme qui tomba sans bruit à son tour sur le sol, le visage ensanglanté. Vite fait, bien fait. Sans perdre de temps j’avais neutralisé mes deux adversaires. Adversaires que je m’empressai de cacher dans l’ombre du bâtiment sous lequel j’avais cherché refuge plus tôt. Ces deux là ne se réveillerait pas de sitôt, j’avais donc quartier libre jusqu’à ma prochaine altercation. Et cette fois-ci je les espérais les moins nombreuses possibles.

Je traversai silencieusement le plateau, me cachant de la lumière des projecteurs du mieux possible. Je passais furtivement de ruelle en ruelle, préférant l’ombre des bâtiments au camouflage naturel qu’aurait pu m’apporter les puissantes rafales neigeuses qui affluaient du ciel. De nombreuses fois, je dus stopper ma progression pour éviter les innombrables duos de soldats qui patrouillaient les rues. Visiblement, la population plus ou moins oppressée qui se faisait presque absente dans les basses terres de l’île ne semblait pas faire acte de présence ici non plus. Malgré que la nuit déjà avancée pouvait affecter l’absence d’habitants dans les rues. Plus je progressais en déjouant la surveillance de la Révolution, plus je m’approchais de l’immense QG qui se tenait au centre du pilier. Si j’en croyais les dires des soldats d’Ayame, le château qu’utilisaient les révolutionnaires avait été reconvertit en quartier militaire utilisé à différentes fins. Entreposer la nourriture en cas de siège par exemple, comme l’avait spécifié le révo abattu au début de mon infiltration. Cependant, je ne devais pas oublier mon objectif principal, réactiver le câble de téléférique qui permettrait à ma petite troupe d’atteindre le sommet à mes côtés. Câble qui devait se trouver de l’autre côté du plateau enneigé, donc derrière l’imposante citadelle, les choses se corsaient.

De l’autre côté du village,
Un peu trop tard au goût de ceux qui poirotaient toujours au pied du pilier.


-Tu crois savoir comment faire fonctionner un câble de c’genre toi?
Un des révolutionnaires posté en surveillance se retourna vers son interlocuteur pour poser sur lui un regard fatigué.
-Bof, mieux vaut ne pas le savoir. Lui répondit-il. Comme ça personne ne pourra nous d’mander comment faire tu vois.

Le jeune soldat qui avait posé la question au vieux vétéran se posta près de ce dernier, regardant la cabine qui se balançait joyeusement sous les forts vents de la montagne. Trahissant respectivement le froid qui les prenait, les deux hommes grelottèrent avec véhémence. Quelques instants plus tard se joignaient aux deux gardes qui frissonnaient cinq autres soldats qui patrouillaient également près du câble permettant d’accéder au bas de l’imposante montagne.

-On a amené de quoi faire un feu les gars. Annonça un des nouveaux arrivants au vétéran.
-Yepah! Un peu de chaleur dans cette nuit glaciale!

Ironie du sort, ce fut au même moment qu’il sentit la morsure glacée d’une lame lui perforant l’abdomen d’un bout à l’autre. Le vieil homme militaire posa un regard horrifié sur le bras fait d’acier recouvert de sang qui venait de fendre ses entrailles. Un instant plus tard, il s’écroulait dans un râle pénible dans la neige qui prenait des teintes de vermillon. Sans plus attendre, les autres soldats gueulaient à l’aide tout en fusillant sans interruption le meurtrier dont seul une partie livide de son visage perçait les ténèbres de la nuit hivernale.

Blade Mode 3

Les coups de feu firent rage, mais aucun ne blessa la cible pour autant que ces derniers l’atteignaient. En effet, ceux-ci ricochaient dans de violents tintements sur l’enveloppe corporelle de leur adversaire, comme si celui-ci n’était fait que d’une carapace impénétrable. Ce fut lorsqu’un coup de vent balaya les hauteurs, révélant du même fait les pans d’un manteau blanc et bleu que l’un des six gardes restant compris.

-C’est la Marine! La Marine est là!

Sans un bruit, l’ennemi disparu à nouveau dans la pénombre. Laissant les soldats et le tas de combustible pour le feu dans la peur et l’inconfort du froid nocturne. Un cri provenant de la gorge fendue d’un des hommes fendit à nouveau le lourd silence de la nuit. D’un mouvement collectif tous les soldats se retournèrent, braquant leurs armes sur leur défunt compatriote qui gisait au sol, laissant écouler son sang dans la neige. Le même soldat ayant hypothétisé la présence de la Marine sur le sommet du pilier repris de plus belle;
-Il faut que quelqu’un aille sonner l’alarme pour avertir le reste des troupes! Et trouvez-moi une lumière bon sang! J’panique dans ces ténèbres moi! Mais qu’est-ce que…!!

Sa voix s’éteignit au fond de sa gorge lorsque la lumière glauque d’un œil jaunâtre surgit des ténèbres quelques pas devant lui. Le premier réflexe du pauvre homme fut d’appeler ses compagnons en renfort. Mais quelle ne fut pas alors sa profonde peur lorsqu’il vit ces derniers s’écrouler d’un même corps dans la neige. Les uns lacérés, les autres transpercés.

Un léger rire sadique s’échappa des ténèbres s’élevant devant le soldat révolutionnaire qui mouillait piteusement ses frusques sous l’effet de la peur.

-Qu…qui…Qui êtes vous.
« Héhéhé. Pauv’ con. Même pas capable de garder un câble téléférique. »
- Tais-toi Dark. Tu brises le moment là.
« Oh bon sang. Si on peut plus s’amuser… »
-Hé oh j’suis toujours là moi! Renvoya le soldat à ses deux interlocuteurs.

Une lampe tempête s’alluma sous les yeux du jeune révolutionnaire. Une lumière diffuse en provenance de la lampe illumina faiblement son porteur. Alors une vision d’horreur fut offerte au pathétique soldat dont les jambes tremblaient sans interruption.

-Ta mort a pour nom Double Face.

Un léger gémissement s’échappa des ténèbres qui reprenaient leur emprise sur le sommet enneigé, un dernier cadavre s’écroula au sol. Quelques minutes plus tard, le câble et les cabines téléfériques se mettaient en mouvement. Bientôt, les troupes des Rhinos Storms seraient au sommet du premier pilier de Drum.

La guerre reprenait.

Spoiler:
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Pilier central de Drum,
Dans le post de contrôle du câble téléférique

Tout en grinçant péniblement, le câble téléférique avançait lentement sur son éternelle trajectoire à travers l’épaisse barrière optique qu’était la tempête. Tapis dans l’ombre de la cabine qui actionnait le câble, je patientais. L’arrivée de mes hommes devait être imminente, selon mon temps d’attente. Frigorifié par l’air sec et glacial qui régnait dans le poste de contrôle, je mis un pied dehors pour me dégourdir les jambes quand je fus surpris par le bruit de voix venant de l’extérieur. La cabine de contrôle se trouvait au niveau du sol, non loin de là où je m’étais débarrassé plus tôt du groupe de révolutionnaires qui me barrait la route. Naturellement, je m’étais empressé de les jeter au bas du pilier une fois ceux-ci mis à mort, pour éviter de me faire repérer par un simple meurtre. Le sang qui s’était mêlé à la neige bien recouvert, je m’étais évité tout problème. Peu après le combat, j’étais monté à bord de la cabine pour actionner le câble téléférique qui permettrait à mes hommes de monter m’accompagner dans la mission de nettoyage du sommet du pilier.
Je me dirigeai subtilement vers là d’où provenaient les voix, longeant sans un bruit la paroi du petit abri qu’était la cabine de contrôle. Deux soldats révolutionnaires, bien emmitouflés dans leurs chauds manteaux hivernaux, enquêtaient la zone. Probablement intrigués par les coups de feu qui avaient retentit un peu plus tôt. Ils tâtaient la neige avec circonspection, là où à certains endroits de la poudre à canon avait mal été versée dans les réservoirs de armes à feu des défunts soldats. Je passai quelques secondes à les observer, ils semblaient seuls, et l’alarme n’avait pas été sonnée. À quoi bon les tuer me débarrasser d’eux alors? Cette question s’effaça de mon esprit lorsqu’un des soldats déterra le canon d’un fusil du bout de sa botte.
Je traversai en courant la distance me séparant des deux hommes, leur révélant du même fait ma position. Mon poing rencontra rapidement le menton de ma première cible qui réprima un grognement sonore lors de l’explosion de sa mâchoire. Mon second adversaire hurla à la garde avant de se lancer vers moi, un poignard bien calé au fond de sa paume. Au froid omniprésent qui emplissait mon corps dût à la basse température du plateau se joint une nouvelle sensation glaciale d’un tout autre degré. Les muscles de mon bras gauche se solidifièrent par réflexe en voyant la lame qui brillait à travers les flocons qui virevoltaient. Un liquide glacé s’insinua dans la moelle de mes os, aiguisant l’entièreté de mon bras qui para habillement le coutelas. La lame glissa ensuite sur mon bras devenu sabre qui plongea d’estoc dans le thorax de mon adversaire qui ne put réprimer qu’un faible gargouillis en voyant son manteau de fourrure se teinter de vermillon. La lumière d’un projecteur illumina subitement la scène.

S’en était fait.

Je plongeai sur le côté pour échapper à l’insupportable brillance de la lumière, mes pupilles s’étant habituées aux ténèbres. Quelques minutes plus tard, la sirène d’alarme brisait le silence nocturne. Plaqué contre le mur du laboratoire le plus près que j’avais réussi à rallier, j’analysais la situation problématique dans laquelle je venais de me foutre.

« Bon, bah l’alarme a sonné. Les troupes ennemies vont toutes rappliquer ici, aussi bien leur chauffer les marrons. Le rapport parlait d’une trentaine de soldats non? »
-J’ai un mauvais pressentiment Dark. J’ai l’impression que les Révolutionnaires auraient bougé leur troupe de pilier pour mieux nous accueillir.
« Bof, 200, 30. Quelle est la différence? »
-Je préfère rester dans l’ombre pour l’instant Dar…

Un coup de feu fendit la nuit et vint creuser un sillon dans le béton à la gauche de ma tête. Me rappelant immédiatement à l’ordre. Je fuis immédiatement le long du laboratoire bétonné pour trouver la porte et m’y engouffrer sans hésitations.

Pilier central de Drum
Laboratoire C-407 Aile F de l’Académie des Toubibs 20


En sueur depuis mon entrée dans le bâtiment chauffé, je parcourais les couloirs en silence. Seule chose brisant le silence et la morne régularité des couloirs étaient les cris des hommes et la sirène incessante qui résonnaient, étouffés par la paroi de béton, dans le laboratoire. De nombreux locaux débouchaient sur le couloir aux lumières éteintes que je suivais avec obstination. Tous étaient vides, aucun membre des Toubibs 20 ne semblait être dans les parages. Les longs murs bétonnés me rappelaient avec hargne les cloisons de l’asile de Luvneel, accentuant ainsi le sentiment de doute et d’insécurité qui me gagnait au fur et à mesure que la mission que j’effectuais tournait au vinaigre. Car en effet, rien de pire n’aurait pu m’arriver. Premièrement, mes soldats, qui auraient pu m’être d’une précieuse aide contre les ennemis beaucoup plus nombreux que prévu, étaient absents de leur poste. J’avais longuement attendu devant le câble téléférique et aucun d’eux ne s’était montré, pas même Cross ou Enzo. Je soupirai, plus rien n’allait. Si ce n’avait été de la supériorité numérique de l’adversaire, la mission aurait pu bien mieux se dérouler en plus. Il ne me semblait pas non lpus que le grand château royal de l’île de Drum se trouve sur le premier pilier, au sud de l’île, et donc près de la baie. En fait, plus la situation progressait, plus certaines incohérences pourtant simples surgissaient dans mon esprit pour me faire douter de quelques chose qui pourtant était élémentaire. Instinctivement, je dégainai ma carte de l’île, plutôt copiée sur celle de Lilou. Je l’étalai sur le sol devant moi et allumai la lampe tempête que j’avais ramassé plutôt sur un révolutionnaire pour m’éclairer dans les ténèbres des sombres couloirs aux rares fenêtres.

Alors là, plus rien, mais vraiment plus rien n’allait.

Je m’étais vraisemblablement trompé de pilier. Je me trouvais sur le pilier central de Drum, où figurait le point vert m’indiquant d’attaquer, alors que ce dernier devait se trouver sur le pilier le plus au sud de l’île. Voilà pourquoi l’architecture du sommet du plateau ainsi que le nombre des effectifs révolutionnaires me semblait illogique. Voilà pourquoi je n’avais reçu aucune aide de la part de mes soldats qui devaient toujours attendre au pied du pilier. J’envoyai une pensée encourageante à ces derniers qui dépérissaient probablement dans le froid des montagnes. Vraiment, c’était le pied. Je ne comprenais pas par quel malentendu j’avais pu me tromper si stupidement de pilier. À moins que…
-Daaark?
« Oui? »
-Ne me dis pas que c’est toi qui a volontairement interchangé les points d’attaque?
« Bah regarde le bon côté des choses, ici y’en a des masses de gens à tuer nan? »
-Tu as mis notre vis en danger au plus haut niveau pour ton seul plaisir de tuer?! Mais t’es complètement fou!!
« Il était temps que tu t’en rende compte que j’suis fou mon pauvre. Et puis, ça fait presque un mois que j’ai pas fais couler le sang à flot. Je pouvais plus me ret’nir moi! »
-Par pitié…

Mes réflexions furent à nouveau coupées par des pas qui se dirigeaient vers ma position. C’était véritablement devenu une mode révo que de m’interrompre en discussion avec moi-même, fallait-il croire. Je m’approchai du coin du couloir qui bifurquait vers la droite, là d’où provenait de nombreux bruits de pas. Je tendis l’oreille et reniflai subtilement les effluves émises par le groupe, tous sens en alerte. Une odeur de sueur piquante émanant du groupe indiquait le stress palpable d’un ou plusieurs membres de ce dernier. Une respiration bruyante et rapide accompagnait les pas pressés de l’homme qui semblait mener le groupe, selon mon ouïe surdéveloppé. Le parfum relatif au souffre qu’émanait la poudre à canon se démarquait faiblement de la même odeur de sueur qui parsemait le groupe de quatre ou cinq personnes. Il y avait donc des soldats parmi eux. Non, plutôt six personnes à en distinguer par les pas produits par de lourdes bottes d’hiver, au nombre de huit, suivies par le subtil bruit de quatre pantoufles frottant énergiquement le sol de béton.

Ça y était, le groupe approchait de la bifurcation derrière laquelle je me terrais. Et j’étais près à les recevoir comme il le fallait. Comme une ombre, je surgis des ténèbres directement devant le chef de file qui s’avérait à être un soldat révolutionnaire. Comme prévu. Mon front percuta le sien, déséquilibrant fortement le pauvre homme qui ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait. Mon genou écrasa son entrejambe, forçant le bougre à se pencher subitement vers l’avant. De mon autre jambe, je pris appui sur le dos du soldat pour me précipiter vers mon seconde adversaire qui était, bien sûr, un autre membre de la révolution. La baïonnette du second homme était cependant prête à frapper. En plein vol dans les airs, je ne pu que me mettre de profile pour tenter une esquive grossière qui me coûta une profonde entaille au flanc droit. Malgré cela, le bout de ma botte vint briser sèchement le cou de l’homme qui avait osé me blesser, j’ayant décidé de tournoyer dans les airs pour augmenter la force de mon impact sur mon adversaire. Stratégie qui s’avéra efficace à n’en point douter. C’est lorsque je voulu poursuivre dans mon élan de violence que je dus stopper ma progression. Devant moi se trouvait deux petits scientifiques en pyjama et en pantoufles. Scientifiques qui se mirent aussitôt à hurler de peur en se serrant l’un contre l’autre.

Les Toubibs 20.

Aucun d’eux ne semblait porter de menottes à mon plus grand étonnement. Je ne pu cependant pas m’étendre en palabres devant les deux médecins horrifiés car de derrière eux jaillissaient les canons de deux mousquets directement rivés sur moi.

Blade Mode 3

Les deux fusils crachèrent la mort. Les deux projectiles de plomb ricochèrent sur mon corps aussi solide qu’une statue, qui reluisait dans la pénombre, désormais complètement fait d’acier. Un instant plus tard, mon instinct de meurtrier l’emportait sur l’espace-temps pour me faire surgir derrière les deux révos. Les deux antagonistes, quant à eux, s’écroulèrent au sol. Leurs ventres respectifs coupés en deux par mes bras acérés. À nouveau fait de chair et de haine, je posai un genou à terre alors que la cuisante douleur sur mon flanc droit me rappela la dure réalité de ma situation. Je déchirai le tissu de la chemise d’un des révos pour stopper l’hémorragie de ma plaie. Puis reportai mon attention sur les deux médecins légendaires qui étaient accroupis dans un coin du couloir, complètement apeurés par ma peau bigarrée.
-Ne restons pas ici! Je vais vous libérer messieurs!

-…N…Nous sommes très bien ici! Nous pouvons continuer…n…nos recherches médicales…et…l…les révolutionnaires nous laissent tranquilles!... Nous courons à la mort si nous vous suivons! Vous êtes seul…et…et blessé! Pauvre fou!
Je fus frappé par la dure réalité de la logique du médecin. J’étais seul au milieu du camp de révolutionnaire le mieux protégé du Royaume. Blessé qui plus est. Une nouvelle fois, Double Face devait affronter solitairement le monde entier. Seul contre l’une des plus puissantes organisations mondiales. Je soupirai de lassitude. Comment ferais-je pour sortir d’ici? Je n’en avais aucune idée. Mais je sortirais, ça je le savais.

« On est repartit mon p’tit Os’! Montrons leur de quel bois on s’chauffe! »
-Mouais…J’imagine…

De nouveaux cris dans les couloirs m’alertèrent de l’arrivée prochaine de soldats. Probablement plus nombreux que ceux qui m’avaient durement blessé. Je posai un dernier regard sur les deux médecins terrifiés qui attendaient visiblement mon départ. Pour eux, voir un homme de mon genre était impensable, leur réaction était justifiée. Mais un jour je le savais, en devenant un héros comme Salem je pourrais être accepté de tous. Cependant, pour l’instant, je devais sauver ma peau.
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Pilier central de Drum
Laboratoire annexe aux entrepôts du Château Royal [Académie des Toubibs 20]


J’appuyai lourdement mon dos sur le mur du couloir qui semblait identique à tous ceux traversés plus tôt. Je me laissai glisser calmement au sol pour reprendre mes esprits et calmer la fureur guerrière de Dark qui m’envahissait telle une insidieuse malédiction. Haletant, je jetai un dernier coup d’œil aux huit cadavres qui jonchaient le couloir. Je faisais de mon mieux pour éviter les nombreuses patrouilles, beaucoup mieux équipées et certainement grossies par de nouveaux effectifs qui semblaient être infinis. Sentant la rage meurtrière de Dark redescendre calmement au plus profond de mon esprit, je soupirai, puis essuyai la sueur qui perlait sur mon front bicolore. Un élancement me saisit à nouveau à la taille. La profonde entaille causée plus tôt par un de mes adversaires révolutionnaires me tenaillait avec force et me faisait perdre beaucoup de sang malgré le garrot de fortune que j’y avais apposé à l’aide d’un morceau de tunique. À cette profonde blessure s’ajoutait un nombre considérable d’écorchure reçu durant le précédent combat, complétant ainsi mon bilan de santé. La fatigue de la journée s’accumulait inévitablement avec ces dernières blessures, faisant tourner ma tête et embrouillant ma vision. Par moments.

-En tout cas Dark… Si tu voulais du combat. T’es servis.
« Héhéhé. Ça fait du bien après une si longue période de paix. »
-C’est en paix qu’on risque de reposer à cause de ton erreur espèce de fourbe!
« T’as fini d’te plaindre?! On est dans la merde jusqu’au cou! Aussi bien assumer et trouver un moyen d’y trouver du putain de plaisir non!? Et continuer d’geindre sur notre position t’avanceras à rien! Compris!? »
-…

Les yeux clos, j’inspirai un bon coup pour chasser mes idées noires surproduites par l’idiot qui partageait mon esprit. Le temps de m’engueuler avec mon compagnon n’était pas pour tout de suite. Je devais reprendre ma route à travers les entrepôts avant de devoir à nouveau subir une altercation avec des révolutionnaires au nombre grandissant. Et contrairement à de simples pirates idiots comme ceux affrontés sur Little Garden, les soldats de la Révolution se battaient avec fougue et brio. Un problème de taille lorsque je me retrouvai seul contre une armée entière. Depuis ma rencontre avec les deux membres de l’escouade des Toubibs 20, j’avais parcouru sans relâche les différents bâtiments médicaux du pilier. Une fois mon erreur bien digérée, j’avais décidé d’explorer plus en détail les fortifications révolutionnaires. Au moins, ayant commis une erreur stratégique, je pourrais éviter les réprimandes de Salem et Ketsuno en leur rapportant un brillant rapport des effectifs révolutionnaires ainsi que des conditions de leur défensive interne. Une bien meilleure idée que de simplement nettoyer les premiers piliers lorsque j’y pensais. Toujours sans me pénétrer les derniers remparts du Château Royal, je côtoyais à l’instant ses entrepôts et les laboratoires qui y étaient annexés. Du moins, c’est ce que sous entendaient les affichages le long de mon parcours. Apposant une nouvelle pression sur ma blessure hémorragique, je me relevai en grognant pour constater le beau gâchis qu’était devenu mon manteau de Lieutenant-Colonel. Parsemé de sang, à mon plus grand dam. La chaleur se faisant étouffante et celui-ci laissant une trop puissante trace olfactive à mon goût, dût au sang, je laissai ce même manteau sur les lieux de mon dernier meurtre pour continuer ma course à travers les entrepôts. J’ouvrais chaque porte, chaque placard, cellules et hangars pour m’assurer de leur contenu et m’efforçais constamment de me remémorer le plus possible les différents équipements que j’y trouvais. La plupart du temps, les locaux n’étaient remplis que de matériel de recherche médicale totalement inutile pour mener une guerre nordique contre la Marine. Les hangars, quant à eux, avaient été réaménagés en salles d’armes et en entrepôts pour de la nourriture. D’importantes quantités de munitions, d’artilleries et d’armes à feu y étaient installées dans l’expectative d’une guerre ouverte, comme celle perdue par le vice-amiral Alleyn. Un peu moins de six hangars étaient dénombrables dans le dédale des couloirs et tous contenaient le matériel juste mentionnés.

Tous sauf un.

Celui là, en fait celle là, c’était plutôt une cour de rangement entourée de mur. Directement reliée au Château Royal du royaume de Sakura. Et le problème par rapport à cette cour, c’était bien sûr ce qui s’y trouvait. Un immense galion. Étonné de trouver un tel navire enfoui dans la neige du sommet d’une insurmontable formation géologique, je m’avançai tranquillement sur le terrain vide de toute présence humaine. À l’instant je ne pu dire si mon corps frissonnais à cause de l’insupportable de froid qui m’envahissait à nouveau, ou alors parce que je sentais que quelque chose qui me dépassait se tramait actuellement au sein de la Révolution. Même pour un Luvneelien pour moi, le froid de Drum était difficilement soutenable et je grelottais déjà après quelques secondes à l’extérieur des bâtiments où j’étais alors baigné par la sueur. Je touchai l’épaisse paroi du cinq mâts pour en tâter la qualité, en bon charpentier que j’étais. Mes études en ingénierie navale me donnaient d’excellentes connaissances en termes de charpenterie, si bien qu’avec une bonne pratique j’étais devenu chef de charpenterie du Léviathan. Cependant personne n’était plus travaillant que Mihai à bord du navire, chose que je ne pouvais lui enlever, cela et son talent indéniable pour le travail du bois. La coque était solide, clouée avec dextérité et toutes les planches me semblaient bien posées. J’hésitai à grimper à bord pour examiner de plus près le très joli travail auquel je ne savais attribuer d’auteur, malgré mes larges connaissances du domaine. Mais ce qui était certains, c’était que ce navire portait les insignes révolutionnaires peinturés sur sa coque et fièrement dressés au sommet du mât central. Il n’égalisait certes pas le Léviathan, mais ce navire devait certainement faire des envieux. Une question restait toujours sans réponse dans mon esprit. Qui avait pu déplacer une telle charge au sommet du pilier? Je m’ébrouai pour chasser la neige qui tombait sur mes épaules tout en réfléchissant au problème. Réflexion qui fût couper par le bruit de nombreuses armes que l’on braquaient sur moi.

-Ne bouge plus, Double Face. M’intima un homme bien calé dans un épais manteau de fourrure.

À ses côtés, une vingtaine de soldats braquaient tous leurs mousquets directement vers moi. J’étais à nouveau pris au piège. Mon attention détournée par le galion échoué m’avait coûté la discrétion des couloirs. J’étais maintenant à découvert des coups de feu, et ce en plein terrain vague. Je devrais combattre pour me sortir d’un tel trouble. Et cela allait s’avérer difficile.
« Pas avec moi à tes côtés idiot! »
-Toujours aussi optimiste Dark. J’te reconnais bien là.
« Baaastonn!!! »
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Pilier central de Drum
Devant le galion inopiné, près du Château Royal du Royaume de Sakura.


Je fonçai à toute vitesse vers la vingtaine d’hommes postés à plus de trente mètres de moi. Une importante distance me séparait toujours de ces derniers, une importante distance ainsi que les longs canons de leurs mousquets, pensais-je avec amertume. Mes pieds s’enfonçaient inexorablement dans la neige, ralentissant considérablement ma progression vers les révos. Et ce ralentissement de vitesse, je ne pouvais me le permettre. Car en effet, les hommes qui me tenaient en joue n’hésiteraient pas à tirer, un officier de la marine de plus ou de moins, qu’importait? Rapidement, les soldats révolutionnaires me donnèrent raison. Dans un seul et même coup de feu qui semblait être ordonné par l’homme qui m’avait interpellé plus tôt, vingt tirs filèrent directement vers moi, lacérant le mur de neige qui tombait sans arrêt sur Drum. Je n’eu qu’un simple instant pour réagir. Stoppé net dans ma course par l’activation de mon pouvoir, les balles de plomb me percutèrent avec force, ricochant dans de sourds tintements sur mon corps métallisé.

Blade Mode 3

En une seconde, la typique sensation de froid qui annonçait l’activation des facultés de mon fruit du démon s’insinua dans mes veines. L’inconfortable présence glaciale assaillit ensuite les os de mon être entier, pénétrant jusqu’à la moelle l’ossature de mon corps. Du crâne jusqu’au bout des pieds. Les muscles suivirent eux aussi, solidifiant complètement mon enveloppe charnelle. Ma peau reluisit alors, comme pour mettre au défi les projectiles ennemis de briser ma garde. Les balles dévièrent ou ricochèrent durement sur mon être devenu statue, provoquant de petits éclats d’étincelles par endroit.

Blade Mode 1

J’enchaînai automatiquement pour passer rapidement à l’attaque et éviter de devoir à nouveau parer une salve de tirs. En effet, mon état n’allait pas en s’améliorant, le froid me nuisait grandement, ayant laissé mon manteau, seule source de chaleur, à l’intérieur du bâtiment annexe aux entrepôts. Désormais, je payais cher l’erreur d’avoir oublié le signe distinctif de mon appartenance à la Marine. À cela s’ajoutait l’importante quantité de sang que j’avais perdu de la plaie qui lacérait mon flanc, ajoutant à tout ça ma vue qui se brouillait anormalement. Je n’étais plus aussi fougueux que lors de mes exploits de Little Garden, ça se voyait facilement. Peut-être avais-je failli aux entraînements depuis mon départ de l’île préhistorique. Pourtant j’avais été particulièrement rigoureux dans la reconstruction du Léviathan ainsi que dans mes entraînements réguliers dans les salles de mise en forme du navire. Cross aurait pu en témoigner. Le liquide glacial quittait peu à peu mon corps pour uniquement se réfugier dans mon bras, me permettant de reprendre ma course épuisante à travers l’épaisse neige qui s’amoncelait au sol par la tempête.

Les soldats révolutionnaires, eux, avaient brandis sabres et baïonnettes directement vers moi, anticipant ma charge.

Mais rien de cela ne m’arrêterait.

Je devais sortir d’ici vivant, peu importait le prix d’une telle entreprise. La survie de la Marine et de la justice, justice dont je ne connaissais que très peu le concept. Mais un concept était un concept, et je devais m’accrocher à une telle chose pour un jour devenir un héros de la Marine, reconnu par tous. Arrivé à moins d’un mètre de mes adversaires, je concentrai mon premier assaut sur l’un deux. Un petit homme aux yeux fuyants qui pointait pourtant avec confiance son sabre vers moi. Mon bras droit, dont la teinte ténébreuse se fondait aisément dans les ténèbres profondes de la nuit dévia avec fougue la lame pour me permettre de me jeter pleinement dans une mêlée prochaine. Ce même bras droit, toujours sous la forme d’une lame, glissa rapidement dans un chuintement le long du sabre du soldat. Poursuivant sa course jusqu’à la cage thoracique du soldat, la lame noire qu’était mon bras s’enfonça jusqu’au coude dans le pauvre corps de l’homme qui ne pu réagir à temps. Le voisin de ma première victime eut cependant la présence d’esprit de me frapper avec véhémence au cou avec le tranchant de sa propre arme d’escrime. Lestement, je me décalai sur sa gauche pour prévenir le dommage, puis souffletai l’homme d’un bon crochet du gauche, seul bras toujours fait de chair. Ne pouvant parer un tel coup, le révolutionnaire dut se résigner à voir mon poing lui briser le nez et aplatir une bonne partie de son visage. J’avais cessé depuis longtemps d’éprouver de la pitié pour mes adversaires. Mais je ne pouvais dire si cela allait en s’améliorant, si je devenais plus violent et sadique au fil de mes combats. Je ne pouvais cependant pas nier la soif de meurtre qui m’envahissait lorsque je combattais, soif que je devrais probablement une nouvelle fois calmer pour éviter de sombrer dans une folie meurtrière. Faisant volte-face, je parai de mon bras droit le coup d’estoc d’une rapière pour la désarmer des mains de son propriétaire d’un vif tourniquet du poignet. Je brisai la rotule du bougre d’un sec écrasement du talon puis fendis l’abdomen de l’homme, le mettant hors d’état de nuire. Prenant un élan, je bondis directement sur un groupe de quatre soldats qui s’empressèrent de tenter de m’empaler sur leurs baïonnettes. J’interprétai une vrille dans les airs pour me faufiler au travers de la barrière de pics, puis d’une rotation sur moi-même, décapitai en hurlant de rage les quatre antagonistes. Essoufflé, je pris une rapide pause et laissai un nouvel assaillant m’agressai de face. La pointe de son cimeterre vint lacérer le haut de mon épaule, taillant un profond sillon dans les tissus et la chair de mon épaule gauche. Je voulu répliquer mais réalisai tristement qu’un ligament ou un tendon avait dût être coupé par le coup de sabre. En effet je ne pouvais plus bouger mon bras. Toujours haletant, mais cette fois la fureur prenant le pouvoir sur mon esprit et mon corps, je balançai à tout bout de champ mon bras valide autour de moi. Je fauchai rapidement plusieurs soldats, ceux-ci ne furent pris par surprise par l’illogisme et la véhémence de ma stratégie. Un cercle de sécurité s’était créé autour de moi, les hommes n’osant plus attaquer la bête écumante, dangereuse et qui plus est effrayante qui avait mise à mort la moitié de leur compatriote.

Leur capitaine, toujours vivant, cracha un simple ordre.
- Flinguez-le si on ne peut plus s’approcher de lui.

Cet ordre ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Un éclair de défi brilla dans mon regard glauque et fou que je posai avec hargne sur le soldat révolutionnaire qui venait de provoquer la mort en personne. Les blessures et écorchures qui violaient mon corps semi-métallisé ajoutaient à l’irréfutable colère qui me gagnait par mon inefficacité à me débarrasser avec facilité des troupes d’élite révolutionnaires. Dark prenait insidieusement le contrôle sur mon esprit et effaçait calmement ma volonté qui lui barrait d’ordinaire le passage. Un phénomène particulièrement dangereux nommé Dark’ Rage se produirait alors. Et ça, plus personne ne pourrait le stopper. Une montée violente de colère monta en moi, si bien que je chargeai avec furie le premier homme qui passa dans mon champ de vision. Le pauvre homme ne vit rien venir. Mon bras lame acéré le coupa littéralement en deux, séparant son buste et sa taille du reste de ses jambes. La force momentanée du choc avait complètement déchiqueté tissus et organes dans ma charge colérique. Je me trouvais maintenant derrière le corps séparé en deux du soldat. Cela prit un quelques secondes à ses compatriotes pour réaliser son triste état.

Quelques secondes de trop.

Ne pouvant plus contenir mes excès de rage, je fonçai directement sur le premier des révos. Paix à son âme. Mon seul bras valide sectionna en deux sa baïonnette ainsi que le bout du canon de son mousquet, mon pied droit suivit et s’enfonça avec violence dans la hanche gauche de l’homme. Son bassin fut complètement réduit en miettes sous la force de l’impact, propulsé par la puissance de mon coup, le pauvre soldat fut envoyé valser dans les airs. Je tournai la tête vers les autres révolutionnaires qui n’osaient plus m’approcher, comme paralysés sur place. Une bourrasque souffla puissamment sur le terrain enneigé, faisant s’envoler des tourbillons de neige partout autour de moi. Quand le vent fut calmé, j’avais disparu sous les yeux des révolutionnaires.

Paniqué et traumatisé par les violentes morts de bon nombre de ses hommes. Le soldat qui avait donné l’ordre de tir, et qui semblait être le capitaine de la troupe se mit à tourner avec peur autour de lui pour situer le démon auquel il faisait face. Des ordres fusèrent de sa bouche à l’égard de ses hommes. Il voulait couvrir le périmètre, s’assurer que toute la zone soit éclairée. Mais ces hommes n’en firent rien. Un sombre éclat de ténèbres fendit la nuit et la tempête durant un instant minime. Un instant assez court pour que le chef du groupe de révolutionnaires comprenne que quelque chose d’anormal venait de se tramer. Un instant juste assez perceptible pour qu’il réalise que Double Face était un monstre de guerre auquel il ne fallait pas se frotter. En tremblant, il tourna lentement la tête pour poser les yeux sur l’endroit, ou, quelques secondes plus tôt, étaient positionnés ses hommes restants. Tous reposaient morts, au sol, la neige tantôt immaculée était désormais parsemée de vermillon qui s’étendait toujours sur celle-ci. Au milieu des nombreux cadavres lacérés et mutilés, je me tenais droit et menaçant. Le combat prenait fin à l’instant. Mon bras valide repris sa forme de chair et de sang, puis pris un élan considérable vers l’arrière. Mes pieds s’ancrèrent solidement dans le sol enneigé, faisant voler autour de moi des milliers de petites particules glacées. Puis, en une seconde, je décollai à une vitesse foudroyante pour assaillir mon dernier adversaire, mes yeux fous perçant la pénombre de la nuit pour braquer sur mon adversaire un regard lourd de besoins sanguinaires. Mon poing prit rapidement de la vitesse, transperçant l’air avec fougue, créant un terrible effet de friction. Alors des étincelles flamboyèrent autour de l’extrémité de mon bras droit devenu boulet de canon. Étincelles qui bientôt se changèrent en formidables flammes. Alors mes jointures et phalanges s’écrasèrent avec violence en plein centre du visage du pauvre soldat qui ne pouvait en rien esquiver un si puissant assaut.

Midnight Blast

Non son crâne ne fut pas brisé, il fut tout simplement désintégré sous la force séismique de la terrible frappe. Le choc se répercuta avec violence partout à l’intérieur de son corps, brisant tous les os de son buste et du haut de son corps. Alors son corps, comme foudroyé par les dieux, tomba mollement au sol après avoir parcouru une vingtaine de mètres dans les airs.

Je tombai à genoux, fatigué par le combat mais aussi par l’énergie que je mettais à calmer les pulsions meurtrières de Dark qui tentait désespérément de prendre le contrôle sur mon corps. Ma respiration se calmait peu à peu, alors que mes blessures hémorragiques coagulaient lentement, m’évitant d’autres pertes de sang qui auraient alors pu m’être fatales. Mes yeux reprirent de leur lucidité. J’étais serein.
Hors de mon esprit s’était envolée ma mission. Hors de mon esprit était l’idée de fuir immédiatement avant d’attirer d’autres soldats. Je peinais à simplement penser à bouger un membre. Le repos était inévitable. Mais pourtant, en grognant sous mes blessures, je relevais une jambe, puis une autre. Désormais debout, je commençai à traverser à nouveau le terrain pour rejoindre la chaleur et la sécurité des entrepôts.
Jusqu’au moment où de lourds pas dans la neige résonnèrent derrière moi. À bien écouter, il ne semblait se trouver qu’un seul ennemi sur l’entièreté du plateau. Si bien que je me retournai pour faire face à ce dernier. Mon cœur manqua alors un battement, tellement la surprise fut intense.

Un géant.
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    Et pas n'importe lequel. Casque à cornes, épaules et bras d'arme garni de fer, lourde jupettes et jambières de métal portée à même la peau et torse nu malgré la morsure du froid. Un natif d'Erbaff que tu n'as aucun mal a identifier vu le briefing du matin. Staline en personne. Leader des forces révolutionnaires de Drum et vainqueur de l'amiral Alleyn... Juste pour toi...

    Cinquième Chapitre; Un imprévu de taille 415778tryndameresplash0_imagesia-com_3qsi_large

    -Harharhar... Sacré combat moustique... Sacré combat... Tes pouvoirs sont... Impressionnant. On aurait dit une de ces bêtes de Strong World, toutes petites mais pleines de dents, et tellement méchantes et teigneuses que même les plus grosses en avaient peur...

    D'un mouvement souple le géant dégaine une épée plus grande et aussi large que toi, avant de s'échauffer rapidement en la faisant tourner de plus en plus vite d'une main à l'autre, aussi facilement que tu ferais d'une rapière...

    -Mais j'ai le cuir plus épais que ces petits hommes... Et quel que soit l'endroit d'ou tu tires tes pouvoirs, le marine qui me coupera en petit bouts n'est pas encore né... Courage moustique, tu vas pouvoir te reposer...

    Le géant pointe son épée vers toi et s’élance, vite, très vite, véritable montagne de muscles plus puissante que n'importe quel mécanique et tendue toute entière vers un seul but, te broyer les os...

    -ADRIEEENNNNE !

    Et pendant qu'il court son épée tenue à deux mains s'arme loin derriére sa tête et vient s'abattre sur toi plat en avant. Te laissant une fraction de seconde pour ressentir ce que ressent une balle de golf juste avant l’impact avec le club...

    Comment éviter une épée plus grosse que toi tenue par un type qui a l'allonge de cinq hommes ?
    Pilier central de Drum,
    Face à Hyoga « Staline » Hijiro


    Comment éviter un tel assaut? Loin de moi était l’idée de l’éviter.

    J’avais devant moi l’homme qui tenait les rênes de l’organisation révolutionnaire sur Drum. L’homme sans qui le malheur n’aurait pas frappé l’amiral Alleyn. L’homme sans qui la population de l’île ne serait pas oppressée par le mal qui l’habitait. L’homme sans qui je ne pouvais devenir un héros. Car en effet, vaincre un tel guerrier m’apporterait gloire et honneur, mais surtout, l’amitié et le respect de tous. Un renouveau d’énergie envahit mon corps alors que je sentais l’esprit meurtrier de Dark reprendre en force ses droits sur mon corps brisé fatigué et abîmé. Un éclair de défi traversa en un instant mon regard à la vue de la lame qui balayait le blizzard pour ultimement m’emporter dans sa course. Le froid s’écartait progressivement de mes muscles à nouveau chauffés à bloc par la fièvre du combat qui reprenait tandis que je levai difficilement mon bras droit, toujours en mal de bouger par la blessure que m’avait infligé un révo plus tôt dans la mêlée. Pour moi tout seul. Enfin un duel singulier contre un adversaire de taille. Depuis ma défaite contre Morvak, il me fallait absolument regagner l’estime de Salem, et des autres qui n’avaient entendu que des rumeurs à propos du combat. Je devais à tout prix vaincre Staline, pour les Storms. Mais aussi pour un jour être apprécié de tous.

    Blade Mode 3

    La typique sensation à laquelle mon corps s’était si soudainement habitué depuis Little Garden refit surface dans l’entièreté de mon être. Une vague d’essence glaciale pénétra mes muscles et mes os, afflua le long de mes veines et vint faire de moi un homme des plus solide. Mon corps métallisé et acéré cessa subitement de bouger, comme complètement figé dans une transe où seul l’acier dont était faite ma peau semblait me faire vivre. Insensible face aux tremblements que provoquaient les lourds pas du géant. Insensible au froid tétanisant qui régnait sur le sommet. Insensible au nom de femme qui déchirait le silence nocturne, entrecoupé par les sons de la sirène d’alarme toujours activée. Insensible jusqu’au dernier instant. Insensible lorsque le plat de la lame vint rencontrer à la fois mon torse, mon nez et mes genoux. Insensible au moment où un titanesque choc se répercuta dans l’entièreté de mon corps. Insensible lorsque mes pieds quittèrent le sol, accompagnant mon corps dans une sombre envolée vers une probable défaite. Alors l’espoir m’échappa un simple instant. L’espoir de réussir ma mission quitta mon esprit pour s’envoler avec la tempête scélérate qui ne me le rendrait pour rien. L’espoir s’envola, la distance entre mon enveloppe charnelle et ce dernier se fit plus importante, jusqu’à ce qu’un des murs de l’entrepôt ne me fasse durement revenir à la réalité. Une violent explosion accueillie mon corps brisé, mais vivant. Un nuage de poussière s’éleva des décombres de béton et d’acier qui emplirent le couloir à l’intérieur de l’entrepôt ainsi qu’une partie du terrain vague sur lequel reposait le galion. Un silence de plomb reposa alors sur l’étendue enneigée. Même l’alarme s’était tut.

    -Dis Dark? Tu crois qu’on va sortir vivant d’ici?
    « … »
    -Tu crois qu’un jour je vais arrêter d’être le fléau de la marine? L’incompétent de service que personne n’aime?
    « … »
    -Tu crois qu’un jour…qu’un jour quelqu’un osera m’apprécier. Que quelqu’un osera proposer mon nom avec amour et amitié?
    « … »
    -Parce que là, on a atteint le fond…Je pense…
    « … »
    -Décidemment, toi aussi t’as compris que ton idée était pas brillante.
    « … »
    -Toi aussi t’as compris qu’on crevait ici...
    « Tagueule. »
    -Quoi?
    « TAGUEEEUUUULEEEE!!!! »

    Explosion de débris. Vague primale qui l’emporte sur la raison. À la neige se mélange des centaines de petits cailloux qui pleuvent sur l’étendue gelée. Double Face n’a pas encore perdu. Double Face tient toujours debout, malgré l’amertume, la tristesse et le goût facilement explicable de sang sur sa langue.
    Ensanglanté, mutilé, écorché, brisé, mais toujours debout. Je levai un œil déterminé vers mon monstrueux adversaire qui ricanait, épée appuyé sur l’épaule. Le côté blanc de mon corps n’était plus que plaies, tâches de sangs, écorchures, poussière et fatigue. Seul mon côté droit gardait toujours son sombre panache dans la nuit noir qui faisait reluire ma peau de jais, malgré l’absence de toute lumière. Dressé malgré les milles douleurs au sommet de la montagne de pierres fracassées et concassées, j’expirai doucement. Laissant paisiblement l’air entrer dans mes poumons, comme un baume glacé après une promenade aux enfers. Bravant fatigue et souffrance, je lançai à mon adversaire;

    -Ta lame brise, certes. Mais coupe-t-elle? J’ai bien hâte de l’savoir! Pourquoi ce bateau est-il ici? Qu’il l’a monté jusqu’ici? Possédez-vous des moyens de déplacement aérien?

    Tout un tas de questions auxquelles je n’attendais pas nécessairement de réponse immédiate. Car à l’immédiat, je bondissais de mon perchoir pour foncer tête baissée vers Staline qui ne perdait rien pour attendre. Porté par les dernières forces de la volonté écrasante de Dark, je dévorai la distance me séparant du stratège, rien ne m’arrêterais cette fois. Pas même le tranchant ou même le plat de sa lame. Ainsi le croyais-je, jusqu’au moment où la vitesse du titan se décupla. Au moment où le terrible combattant apparu devant mes yeux pour tenter de directement me fendre en deux de sa lame aux dimensions de frégate. Je me décalai in extremis sur ma droite et encaissai une dure roulade dans la neige pour esquiver la surpuissante frappe qui creusa un profond sillon dans le sol immaculé. Toujours sous l’effet de la surprise, je ne pu réagir lorsqu’un point gros comme un mégalithe vint me cueillir au creux du ventre pour m’envoyer une quinzaine de mètres plus haut dans les airs.

    Là avait été l’erreur du géant. Reprenant mes esprits de mon mieux, et ignorant avec difficulté la douleur de mes articulations endolories, de mes muscles martyrisés et de mes os brisés, je ciblai mentalement la tête casquée de Staline. Mon poing sombre prit lentement de l’élan, alors que ma descente s’amorçait rapidement vers le sol. J’allais utiliser la gravité à profit pour cette technique autrefois utilisée contre Juusei D. Phoenix. Mon bras ayant accumulé assez d’élan, je plongeai tête première en direction de Staline. Mon poing, quant à lui, déclencha sa course à une vitesse vertigineuse, profitant de la gravité qui me ramenait ridiculement rapidement vers l’endroit où se trouvait le géant. Géant qui ne pourrait plus éviter l’inévitable choc que je lui réservais.

    Midnight Crush

    Mon poing, fendant l’air dans un puissant effet de friction, s’enflamma à haute température. Le projectile rougit agissait désormais comme un météore qui s’abattait au milieu de la nuit sur la victime du jugement dernier. Mais le jugement ne viendrait pas, je l’avais déjà assumé depuis le début de mon altercation contre le monstre. Mon poing enfonça l’acier bien endurci du casque de Staline, fendant clou, cuir et paroi pour attaquer directement le sommet du crâne du géant qui vit venir malgré lui le choc, mais ne put empêcher l’impact de se produire. Un instant, nous restâmes, lui et moi, figés dans l’espace. Un instant assez court pour que la relative force de mon coup se répercute avec violence dans l’organisme du géant qui fut ensuite propulsé au sol avec fougue. Une explosion de neige jaillie de là où ce dernier s’écrasa. Quant à moi, mon corps à bout de force retomba piteusement et lourdement à genoux au sol. N’ayant plus la force de me relever, je posai un œil hagard sur le géant qui se relevait du cratère qu’il avait lui-même causé. Visiblement, il ne s’attendait pas à recevoir une telle attaque. Son visage en disait long sur la douleur causée par la frappe. J’espérais qu’il s’en souviendrait.

    Parce que moi, cette défaite, je m’en rappellerais toute mon existence.

    Si mon existence continuait plus longtemps.
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      -Дерьмо !

      Laissant son épée planté dans le sol dans le trou a coté de lui, Staline se démène pour se défaire du casque plié que ta frappe lui a coincé sur le crane... Saisissant une corne dans chaque main il finit par le briser en deux. laissant un flot de sang lui couler sur le front et le visage...

      -Rhaa ! Tu es puissant petit moustique, très puissant... Mais pas encore assez pour moi !

      Du plat de la main le géant s'essuie le visage, la rafale de neige suivant finissant de lui geler le sang sur le visage et les cheveux... Achevant de lui donner un air encore plus barbare, primitif, dangereux...

      -Que croyais tu ? Je suis Staline ! Je peux démolir un mur de forteresse à coup de tête ! étouffer un Serpent de mer à mains nues ! Arracher le mat d'un croiseur comme un enfant arrache les ailes d'une mouche ! Crier si fort que les arbres se couchent ! Je suis le Léviathan réincarné !

      Dans les bâtiments les plus proches les hurlements guerriers du géants ont achevés de réveiller tout le monde. Vous créant une arène à la mesure de votre affrontement. Cessant de beugler Staline repose la main sur son épée et l'arrache du sol ou la chute l'a planté avant de s'adresser à toi plutôt qu'aux spectateurs...

      -Et chez nous autres les géants d'Erbaff, il y a bien longtemps que le crane n'est plus un organe vital ! Harharharhar ! Allons debout moustique! Montre moi que tu peux encore te battre

      Sortant du cratère le géant se dirige à nouveau droit sur toi, son regard de fauve rivé sur tes mouvements, assez affamé pour te donner l'impression qu'il est déjà en train de boire ton sang ou toute autre coutume barbare que des tarés comme ceux d'Erbaff auraient pu développer...

      Et maintenant tu vas comprendre que je n'ai pas besoin de te couper pour te vaincre, je vais me contenter de te broyer chacun de tes petits os...

      Dun bond gigantesque il saute droit sur toi, arme levée à deux mains au dessus de sa tête, concentrant tout son poids et sa vitesse en une seule frappe dévastatrice, probablement capable d'aplatir un bloc de métal aussi facilement qu'une presse hydraulique...

      -Storojevoï !
      Toujours dans la merde.
      Mais bien plus profond cette fois.


      L’espoir et l’énergie qu’il me restait prenait la forme d’une minuscule braise, ternie par une montagne de cendres. Seule la volonté à toute épreuve de Dark tentait avec peine de raviver le feu qui brûlait autrefois au sein de mon âme. Mon impertinent compagnon se battait malgré moi intérieurement, comme quoi il croyait toujours en une possible victoire. Cependant, ce dernier semblait trop faible pour prendre complètement contrôle de mon corps, comme quoi lui aussi était bien amoché après les combats qui s’enchaînaient depuis une heure déjà. Je ne sentais presque plus mes muscles mutilés par l’effort trop fourni, mon corps ne répondait tout simplement plus aux appels incessants de Dark qui rageait intérieurement de mon manque de fougue. Toujours à genoux, je tournai pathétiquement la tête vers l’assemblée qui se formait autour de moi et de Staline qui criait avec colère des bêtises qui n’atteignaient plus depuis longtemps mes oreilles. Visiblement, la Marine était ensevelie sous le nombre de révolutionnaires. Des centaines s’alignaient et se serraient pour résister au froid tranchant mais aussi pour bien assister à la scène. Tous des ennemis de la justice, ou plutôt des hommes qui cherchaient à l’appliquer de la mauvaise façon. Tous des rebus qui chaque jours mettaient des bâtons dans les roues d’hommes qui donnaient leur existence à l’épanouissement de la paix à travers le monde. Tous des hommes qui jubileraient devant ma pitoyable défaite. Car pour eux, j’étais déjà bien imprimé sous la botte de Staline qui arrachait son épée aux proportions de tronc d’arbre du sol. Nouveau regard vers les révolutionnaires qui ricanaient en imaginant l’humiliation qui arrivait à grands pas. Une chose devenait claire à l’instant pour moi.

      Je ne leur laisserais pas le plaisir de me voir mort.

      -Dark.
      « Oswald. »
      -Comme je l’ai déjà souvent dis. Si le monde ne veut pas de nous, alors pourquoi la mort nous voudrait-elle?
      « Héhé. J’ai pas encore trouvé de réponse. Mais je peux t’assurer qu’aujourd’hui elle reste chez elle, sinon elle peut toujours venir et se payer un transport pour rien. Je gère pas ses berrys moi. »
      -Debout.

      Debout. En tremblant, ma jambe droite se mit en mouvement. Lentement et difficilement, toujours en tremblotant légèrement, je me retrouvai sur mes deux jambes. À nouveau solidement ancré pour empêcher la mort de venir me cueillir. Une puissante rafale racla le sommet, comme pour répondre à mon défi silencieux envers l’univers qui m’en voulait lui-même. Je restai fièrement campé sur mes deux jambes. Campé malgré les blessures, les douleurs, les insultes. Campé malgré la haine que chaque jour je devais braver. Campé malgré les préjugés qui me frappaient avec violence depuis l’asile. Campé face au monde. Campé face au destin. Et qu’il en amène des défis, le destin. Alors le géant s’élança. La tempête elle-même parut faible et soumise devant les muscles du titan qui bandèrent sous la force déployée pour balancer avec fureur sa lame sur moi. Staline traversa les cieux, bravant le vent et la neige pour retomber directement sur moi. Un impact probablement beaucoup plus violent que celui de tout à l’heure m’attendait. Ce n’était pas en invoquant le pouvoir de mon fruit du démon que je pourrais m’insensibiliser à un tel choc. La lueur glauque caractéristique de mon regard s’illumina une nouvelle fois devant le gigantesque obstacle qui bondissait avec véhémence vers moi. Les rideaux allaient bientôt se refermer, mais ma dernière performance serait mémorable.

      Sans attendre, je me jetai de tout mon long le plus loin possible dans la neige pour éviter le puissance séismique libérée par l’impact de Staline avec le sol. J’avais bien fait. Un immense jais de neige s’éleva et projeta de la vapeur d’eau partout autour du point de choc du titan. Un nouveau cratère s’était formé sur le terrain, même le galion en avait été ébranlé. Une fissure séparait le renfoncement en deux, provoquée par la lame portée par la haine et la colère de l’assassin révolutionnaire. J’expirai avec fatigue l’air accumulé dans mes poumons lors de ma cascade pour me retourner vivement vers le géant qui fonçait à nouveau vers moi. Lame et barbarie brandies haut et clair. Un violent coup du tranchant de l’épée creusa une béante plaie dans la neige et le sol, là où je me trouvais un instant plutôt. En effet, j’avais sauté sans hésitations vers le haut. Propulsé par un mince espoir salvateur de survire. Espoir qui s’était résulté utile. Je vivais toujours et retombait lourdement plus loin, loin du danger de la rage violente de Staline. Possédé par l’élan ridiculement puissant de son enchaînement de coups, le géant se mit à tournoyer sur lui-même, lame à bout de bras pour tenter de me trancher en deux. Stratégie assez déplaisante, fallait-il admettre, considérant que j’étais beaucoup trop petit pour être touché par l’attaque. Là, à nouveau, Staline me laissait une chance de faire preuve du peu d’honneur et de force qui se consumaient en moi.

      Blade Mode 1

      À nouveau la glaciale sensation envahi mes bras, alors que je fonçais directement vers le géant qui tournoyait avec fougue sur lui-même, espérant encore m’atteindre à l’aide de son arme. Je me faufilai en courant sous lui, passant avec adresse entre ses jambes d’un élan inespéré. Alors je tendis mes deux avant-bras métallisés. Alors ceux-ci entaillèrent violemment le cuir des mollets du géant. Alors celui-ci tomba durement à genoux sous la surprise. Alors, désormais derrière lui, je lui envoyai un puissant crochet de la droite qui le fit basculer face dans la neige. Continuant ma lancée, je sautai sur son dos et enjambai le géant pour me retrouver face à son visage hargneux et couvert de neige.

      Midnight Blast

      Le coup vint avec force. Mon poing enflammé s’écrasa sur son nez qui en gicla de sang. Puis, exténué, je plaçai les bras en crois perpendiculairement à mon torse. Le jugement était venu, je ne pouvais plus combattre. Mais le tour était terminé, les rideaux se fermaient et le silence absolu régnait à nouveau sur l’assemblée. Personne n’avait prévu un tel revirement de situation. Mais l’humiliation était venue comme elle se devait, en plein visage du monstre. Une large plaie barrait le nez du géant, mon poing métallisé, et donc coupant, ayant fait d’un avec la puissance de frappe du Midnight Blast. L’odeur de chair et de poil brûlés du géant se répendait insidieusement dans la tempête, alors que mon destin prenait une ligne droite, les jeux étaient faits.

      -Si ce n’est pas un organe, tu ne m’en voudras pas d’y laisser ma marque non? Lançais-je dignement à Hyoga « Staline » Hijiro .

      Ma main glissa vers ma poche, d’où je tirai le feu de détresse donné par Lilou. J’y jetai un dernier regard, puis appuyai sur la gâchette en dressant le canon de la fusée vers le ciel. Une étoile filante rouge traversa la tempête dans la nuit noire de Drum. Visible à des kilomètres à la ronde. Pourtant, cette étoile ne prouvait pas seulement mon besoin d’aide, mais aussi que le premier chapitre de la Guerre de Drum s’était joué ici.

      -Double Face…est éternel…
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        Une dernière pose oui. Une pose digne, classe, un dernier geste plein de panache, spéciale "entrée dans l'histoire" section morts héroïques et gloire éternelle au martyr de la marine...

        Mais la clé de ce genre de mise en valeur, c'est les témoins...

        Et sur ce plateau glacé ravagé par le vent, les témoins ne sont pas de ton camp. Pas du tout. Et le géant a qui tu viens de bouffer le nez, ton éternité il n'en à rien à foutre, ce serait même plutôt le contraire. Rapport à son nez...

        La fusée n'a pas cinq mètres que Staline la fauche en plein vol, le systéme de propulsion lui crame un peu le bout des doigts mais il en a vu d'autres. Puis, alors que tout le monde attend qu'il écrase le signal de détresse en le noyant quelque part dans la neige il ouvre la main et le laisse filer... Allant même jusqu’à rigoler franchement quand la haut la fusée explose, laissant retomber une boule de feu rouge qui flotte doucement vers le sol...

        Mais on rigole on rigole et on en oublie presque les bases... Écraser le moustique... Laissant la sa lame staline va se pencher au dessus du fou qui a cru pouvoir attaquer le pilier central tout seul. S'interposant entre Double Face et la trainée rouge qui poursuit sa descente Staline sourit encore. Méchamment. Puis il cogne. *

        Son poing frappe encore et encore, avec la même énergie destructrice et infatigable qu'un gigantesque marteau piqueur. Il frappe jusqu'a ce que ses jointures dégoulinantes de sang soit aussi à vif que le corps martyrisé du marines. Jusqu'a ce que le corps d'Oswald soit enfoncé d'un bon mètre dans la neige durcie du sommet... Jusqu'a ce que sa peau ait plus en commun avec un steak tartare qu'avec n'importe quoi d'autre...

        Puis il se relève pour contempler les révos qui l'ont rejoint et qui le contemplent avec au fond des yeux une peur qu'ils ont du mal à contrôler malgré leur appartenance au même camp que le géant...

        -Allez me balancer ça par dessus bord... Il a suffisamment sali la neige comme ça... Faites aussi le décompte des pertes et trouvez moi un toubib...

        Le cercle s'ouvre pour laisse passer le géant qui récupère sa lame et repart vers le palais. Plus loin d'autres révos entassent les morts laissés par le bref assaut solitaire de Double Face...
        Prés du trous, deux révos restent un instant à observer le cadavre supplicié du marine. Puis réprimant un frisson qui n'a rien a voir avec le froid ils se penchent sur Oswald pour le fouiller rapidement avant d'attraper chacun un pied du corps et d'entreprendre de le tirer vers la falaise la plus proche...

        Et dix minutes plus tard, le corps d'Oswald franchit le bord du plateau et tombe droit vers le sol, loin, très loin en bas...

        Le sol et ses roches pointues que le vent balaye trop souvent pour que la neige s'y accumule.

        Le sol et ses arbres dressés vers le ciel comme une forét de pieux...

        Le sol et...

        Un Filet ?


        [...]

        -On l'a. Halez fort les gars ! On tire !
        -Doucement amenez le... Voila, attrapez le doucement... Oui oui posez le la...
        -Attention à sa tête...
        -De la lumière il me faut plus de lumière. Et de la chaleur aussi...
        -Aidez moi à le bouger... Ne touchez pas à ça c'est surement cassé ! Prenez le plutot par, non pas par la non plus c'est cassé aussi...
        -Alors Doc ?
        -Alors ? Alors il faut croire qu'il y a un dieu pour les imbéciles et les durs à cuir...
        -Quoi ?
        -Il est vivant !
        Un ciel d'orage, à n'en pas douter. Grossissant au milieu des cieux, une dépression, une spirale qui s'amorce et gagne les strates inférieures. Une sombre présence parmi les nuages s'organise et les sculpte de son passage, en tourbillonnant. Le gris des nues se mélange avec celui de la fumée pour ne former qu'un tout, alors que d'une traite, il descend, répondant aux sinistres coups de poings du géant. Si le ciel était orageux, en voilà sans nul doute le fracas du tonnerre. Et alors que le corps inanimé d'Oswald se fait trainer par les pieds jusqu'à la falaise, un rai grisâtre surgit de l'émanation nuageuse, frappant le sol sans prévenir.Fog Thunder - classy style. Les Révolutionnaires reculent, prenant leurs armes. Ils pointent l'intrus de leurs ridicules canons, le tiennent en joue. Un frisson les parcours, ils reconnaissent alors la fumée. Staline se tient face à lui, la main sur son épée. La fumée se dissipe en un souffle calculé, pour une entrée millimétrée. Attiré par la lumière comme un papillon, l'assassin est heureux de voir que l'un de ses premiers plans a marché. Attristé de voir que Oswald en est, pour la deuxième fois, la victime indirecte. Le méritait-il ? Peu importait. Que ce fut ses tracas sur le Léviathan ou sa mort, il n'en avait cure. Il connaissait à présent le repos des braves, mort au combat. Que demander de mieux pour un homme de sa trempe ? Enfin, trempe ... Tout était relatif. Un murmure parcourut l'assemblée des Révolutionnaires, tandis que la fumée révélait l'assassin dans toute sa splendeur. Rafael agrippa le haut de sa capuche et le ramena en arrière. Le tissu glissa lentement, mettant à nu son visage et son identité. Le froid lui mordait les joues, mais ce n'était rien comparé à ce qu'il avait vécu en début de journée. Pour la première fois depuis Little Garden, il goûtait au plaisir de sentir le vent écorcher ses pommettes. Il Assassino n'était pas mort, bien au contraire ...

        "Beau combat. Salissant, mais beau tout de même." félicita l'assassin.

        Calculée les entrées, fallait en jeter pour marquer les esprits. Bon, c'était chose faite. La suite maintenant ? Prendre part à la bataille en devenir. Vu la fusée qui s'était échappée, les renforts n'allaient pas tarder pour s'occuper du cadavre. Fenyang serait dans une colère noire lorsqu'il apprendrait ça. Et les hommes en colère faisaient toujours des erreurs, parfait.


        "Rafaelo Di Auditore, pour vous servir." se présenta-t-il, esquissant un salut de politesse, plaquant sa main droite sur le coeur.

        Le géant était connu pour être un type malin, mais plutôt sanguin. De plus, comme le témoignait le cratère sanglant où trônait Oswald quelques secondes plus tôt, il frappait fort. Mieux valait éviter de le foutre en rogne et mieux valait l'avoir dans sa poche. Tout ça, avec une belle entrée, oui il y tenait, c'était parfait.
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          Malin faut voir, sanguin surement. En tout cas, comme la plupart de ces tarés d'Erbaff, le géant est parfaitement hermétique a des émotions humaines comme le doute ou la peur... Alors que certains révos attrapent leur grigris ou font le signe de protection en vigueur chez eux en te voyant apparaitre, Le géant de son coté se borne a dégainer de nouveau sa lame et a se mettre en garde en arborant le sourire heureux de ceux qui sont persuadés qu'une mort héroïque leur offrira une éternité de beuverie...

          Pas étonnant que personne ait jamais conquis leur ile. Combattre un type capable de charger n'importe quoi en souriant, ça doit quand même être dur pour le moral...

          Tu t'annonces et le géant baisse lame et regard pour te dévisager longuement. Puis il range son arme et d'un geste fait signe aux spectateurs de se détendre...

          -Auditore ! Le bonhomme fumée !

          La claque amicale qu'il te colle sur l'épaule t'aurait probablement brisé quelque chose il y a un certain temps.. Maintenant la main du Géant ne fait que te traverser sans dommage et le monstre éclate d'un rire plus tonitruant que la tempête autour de vous.

          -Je ne savais pas que tu étais dans le coin. Tu arrives un peu tard pour ce moustique la. Mais tu as vu le signal ? Il y en a surement plein d'autres qui vont venir ici se faire briser leur petit cou chétif de gouvernementaux... Et on sera pas trop de bras pour ça...

          D'un geste le géant désigne le baraquement le plus proche. Et te fait signe de le précéder sur le chemin...

          -Allons la bas boire quelque chose. La derniére fois que je suis resté dehors pour discuter, je me suis retrouvé à parler à un type tout congelé et on m'a fait des reproches... Tu me diras ce que tu fais ici... Et tu me raconteras aussi ce qu'il s'est passé au QG de South Blue. Je n'ai eu que des infos de seconde main et toi tu y étais...

          Et cinq minutes plus tard vous êtes installé dans une grande salle transformée en réfectoire devant des boissons chaudes et alcoolisés...
          C'était une réussite. Bon, il y avait un léger doute sur le fait que tout le monde puisse le reconnaître, mais Staline n'était pas de la même trempe que ceux qui agitaient à tout va leurs objets fantasques. Hé hé. Y'avait de quoi crier 'demonio' à en perdre haleine, fallait le reconnaître, mais c'était ça l'effet voulu. Bonhomme fumée. Mouais, c'était une façon de résumer la chose. Sa grande pogne le traversa, laissant derrière ses doigts poisseux de sang une trainée opaque qui ne tarda pas à reformer l'assassin au complet. Certains des Révolutionnaires reculèrent d'un pas, n'en croyant pas leurs yeux. Les fruits de ce type n'étaient pas chose commune, même en cette partie du monde. Un sourire amusé se dessina sur la face de l'assassin, voilà qui contribuerait à sa renommée. C'était ça la chose primordiale, se montrer et sauver la donne. Tout n'était pas question que de se faire bien voir, encore heureux, mais c'était une condition sine qua non pour la chute d'Uther Dol. Mais Staline, Dieu que ce type en imposait. Pour la première fois depuis son arrivée, il était rassuré d'être dans le camp des révolutionnaires. Des types de ce gabarit. Hé hé. Le combattre serait amusant, en effet. Cette réflexion laissa Rafael perplexe. Voilà donc qu'il rêvait de combattre pour la simple gloire ? Tiens donc. Intéressant.

          "J'ai fait aussi vite que je pouvais, dès que j'ai entendu parler de Drum. Et oui, c'est le signal de ce moustique qui m'a attiré ici. Ironique." répondit-t-il, remettant sa capuche sur son crâne, se protégeant du climat hostile de la région.

          "Ils seraient bien fous de venir ici, surtout qu'ils doivent être bien occupés à gérer leur propre situation de crise en cet instant." trancha l'assassin, emboîtant le pas au géant.

          Enfin, le pas. Façon de parler. Les Marines étaient occupés, oui. Hé hé. Certainement à désamorcer ses bombes, s'ils avaient eu l'intelligence de fouille le navire. Il espéraient qu'ils le fassent, la suite des événements en dépendrait. Cela devait mobiliser une forte quantité des hommes de Salem. Quant aux autres ... tant pis pour eux. Ils se briseraient sur leurs forces et en paieraient le prix. L'assassin espérait avoir semé suffisamment de graines pour sauver au moins cette journée. De plus, il lui faudrait en apprendre davantage sur Drum. Il connaissait les chose dans leur globalité, mais Staline pourrait lui faire un débriefing plus poussé. Il franchit la porte à sa suite, goûtant avec plaisir à la chaleur d'un feu entretenu. Il s'avança vers les flammes et étendit ses deux mains vers l'âtre. L'un de ses membres avait un étrange aspect argenté, changeant sans cesse comme constitué de fumée. Staline l'avait remarqué, il le savait. Il avait vu le regard. Les géants étaient connus pour leur combativité, et leur grand sens du combat. Il comprendrait donc ce que Rafael avait perdu à Drum. Ce qui n'était qu'un maigre tribu à payer face à la vie de tous ceux qu'il avait pu sauver en cette sinistre journée.


          "South Blue. Jonas a du t'en parler, du moins un peu. Ce fut terrible." murmura-t-il, le regard perdu dans le feu.

          Il revécu un instant le combat. Cette chaleur cuisante, humide. Qui étouffait. Une humidité à toute épreuve, et l'odeur de la chair brûlée. Les affres de la guerre. La fumée émanant du feu commença à onduler de manière anormale, oscillant et tournoyant en désordre. Gonflées par l'appel d'air ainsi créé, les flammes prirent en intensité, éclairant le visage marqué de l'assassin. Il entendait presque les cris. Il inspira profondément. Ces chimères ne faisaient que hanter inutilement son esprit. Il était un homme de justice et la mort ne lui faisait pas peur. Mais là, ce n'était plus la simple mort. C'était une boucherie inutile, trop de vies sacrifiées sur la félonie d'un homme. Tazim. Non. Lui n'était qu'un pion. C'était dur de penser qu'un homme capable de le vaincre si aisément puisse être dupé si facilement. Mais le véritable marionnettiste ne pouvait être quelqu'un d'autre que Midas. Le Porc. Finnegan. La peste soit sur lui.


          "Nous avons été piégés et menés vers un leurre, qui a bien failli tous nous coûter la vie. Nous avons débarqué, alors que les pirates attaquaient l'île. Ils ont été menés sur les lieux par une rumeur encore plus facétieuse que celle qui nous fit débarquer au centre du QG. Nous avons atteint nos objectifs, la diversion que Jonas avait imaginé avec moi faisant des merveilles. Mais l'endroit était piégé. Mais te montrer sera plus ... parlant." expliqua l'assassin.

          Il se tourna alors vers Staline, faisant un geste de la main vers le feu. Sa main droite s'effila rapidement et laissa place à un léger nuage se plaçant entre Rafael et les flammes. Rapidement, le tout se mit en ordre et pris l'apparence d'un plateau. Dessus émergèrent des formes éparses, ressemblant plus ou moins à des hommes, faisant route vers une excroissance à l'autre bout de la plaque de fumée. Ce n'était pas du grand art, mais au moins une restitution fidèle des événements. Une charge des révolutionnaires, couverts par un homme maniant la fumée. Une explosion, sanglante, dévastatrice. Rafael sauvé parce qu'il était loin, Mandrake blessé. Puis la débandade, la fuite jusqu'au navire de l'Union. Le passage avec Yusuf fut délibérément occulté. C'était une affaire que l'assassin pouvait difficilement montrer ainsi, devant tant de monde. Il termina sa démonstration, ajoutant un peu plus d'emphase à son histoire. Il fit de nouveau face à Staline, ramenant la fumée à son bras mutilé.


          "J'y ai moi-même laissé quelques plumes." termina-t-il, désignant son membre fumigène de sa main épargnée.

          "Et c'est exactement la raison pour laquelle je suis ici. Nous avons perdus trop de grands hommes sur South Blue et il est grand temps que nous obtenions une victoire. Il est plus que temps de faire comprendre à ces gouvernementaux que nous sommes là, et qu'on ne bougera pas de si tôt. Je suis là pour gagner cette bataille Staline, tout comme vous. D'ailleurs, quelle est notre situation actuelle ? Je n'en sais que peu sur ce qui se passe ici, tout compte fait." répondit l'assassin, se frottant les mains et souriant au géant.
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            -Je n'ai pas vu Mandrake depuis qu'il est parti avec toi vers le QG de South. Ensuite il est allé directement à la Gueule. Et aux dernières nouvelles c'est pas sur qu'il s'en remette jamais...

            Le géant écluse d'un trait un tonneau complet de la bière locale avant de lâcher un rot qui doit faire trembler jusqu'aux fondations...

            -Trop gros pour le dirigeable qu'il a dit... Conneries ! J'aurais du en être... J'aurais du...

            Il regarde avec attention la description vivante du piège dans lequel vous êtes tombés la bas, le regard sombre, mâchoire serrée, par moment, aux instants les plus cruciaux de l'attaque, tu as presque l'impression qu'il se retient de plonger dans la fumée pour tenter vainement de modifier le cours du drame qui s'est joué la bas...

            -Tout ça se paiera... Chacune des morts la bas se paiera...

            Vous restez une longue minute plongés dans le silence pendant que tu laisses le géant à ses réflexions avant de reprendre...

            -Qu'on ne bougera pas d'ici ? Harharhar ! Alors tu sais vraiment rien hein ? Le plan c'est pas de rester ici bonhomme fumée. Pourquoi on voudrait ? La moitié de la population est déjà plutôt de notre coté, et il n'y a rien d’intéressant ici, pas de chantier naval, pas d'or gouvernemental, pas d'armes, pas de ressources exploitables... Avant qu'on y vienne il n'y avait même pas de Marines... Nan tu n'y est pas... Drum, l'attaque, l'occupation. Tout ça n'est qu'une vaste blague. Tout ça, c'est un appât... Un appât pour un gros et méchant gibier qui va venir se jeter tout droit dans la gueule du loup...

            Le géant à un ricanement mauvais pendant que son regard se perd dans le vague... Tu ne sais pas à qui il pense mais tu n'aimerais pas être a la place du type que le monstre à choisi comme ennemi...

            -On est la pour envoyer un message au Gouvernement mondial. Un message qui dit que quel que soient leurs succès. La révolution relèvera toujours la tête. Un message qui leur laissera un gout de cendres dans la bouche même au milieu de leur banquet de victoire... Un message qu'on va tatouer directement sur le corps de leur chien le plus fidèle...

            Harharhar...


            On est la pour attendre Envy... Et quand il se pointera... ON LE CRÈVERA ! Et on enverra sa tête de corsaire avec celle de Kraab à Marijoa pour rappeler aux types la bas que leur pouvoir s’arrête la ou le notre commence...

            L'assassin acquiesça gravement. Il était au courant pour la gueule, et cette simple idée le mettait hors de lui. Non pas que sa présence eut changé quoi que ce fut, mais il aurait du y être. Aller là-bas et payer sa dette de sang. Mais il avait fait ses choix. Et c'était le destin qui le menait à Drum. Mieux valait se contenter de cela plutôt que de se faire du mauvais sang pour une situation à laquelle il ne pouvait plus rien changer. Il comprenait, de ce fait, la rancœur du géant et ne pouvait qu'être satisfait de voir de quel bois était fait ce sanguinaire guerrier. Il ne put, de ce fait, qu'approuver les paroles du colosse, se resservant en bière, afin de faire passer le goût amer de cette défaite. Un frisson lui parcourut l'échine, et il porta la main à son bras manquant. Il était temps de leur faire payer en effet. Nombre des siens étaient tombés ce jour là. Pas étonnant qu'on l'eut cru mort. Ils savaient tous à quoi ils s'engageaient, mais la haine de ce gouvernement corrompu allait plus loin que l'individu. C'était une question de justice et de salut. Il posa une main compatissante sur le bras de Staline.

            "Tu n'aurais fait qu'être le premier sur le lieu de l'explosion, comme Jonas. Tu aurais vu tes frères mourir dans la toile dressée par le profit et la manipulation." fit Rafael, tentant de lui redonner un peu de poil de la bête.

            Ce ne fut cependant pas tellement nécessaire. Il était un homme, ou plutôt un géant, que les émotions semblaient dominer mais étrangement épargner. Il était changeant et, à n'en pas douter, très sanguin. Dès que l'on évoqua la possibilité de mettre à mal du Marine, son sourire lui revint aussi tôt, et son regard se fit incandescent. Un frisson parcourut de nouveau l'échine de l'assassin. Mieux valait avoir ce type avec soi, on sentait sa puissance émaner de tous les pores de sa peau. Rien qu'à voir la façon dont il s'était occupé d'Oswald, cela faisait peur. Hé hé. Cela dit, rien qu'à voir la façon dont lui était arrivé, de nombreux hommes avaient eu peur après tout. C'était une chose de savoir ce qu'on valait, mais c'en était une autre de le voir à travers les yeux des autres hommes attachés à la cause. En général, ce n'étaient que les œillades paniquées et les suppliques qui accompagnaient l'assassin. Nulle gloire pour les meurtriers disait-on. Les temps changeaient, ou alors c'était lui. Lui, l'homme de l'ombre, le tueur au sang froid. Le justicier noir. Implacable. Intransigeant. L'avait-il assez été d'ailleurs ? Dans l'éducation des siens, dans la constitution du crédo. Il avait failli, c'était certain, mais il ne comprenait pas encore où. Etait-ce inhérent à la nature humaine ? Dans ce cas, existait-il réellement un espoir ? Oui. Définitivement oui. Tant que des hommes comme lui existeraient. Intègres. Assez sombres pour endosser la responsabilité des actes entrepris. S'il n'avait pas les épaules pour devenir un réel héros, cela ne changeait rien. Seul comptait le résultat. Il ne demandait aucune admiration, aucune compréhension. Il désirait seulement libérer les hommes. Peu importait le prix, il avait déjà perdu ce qu'il considérait être la chose la plus chère à ses yeux. Un fragment de son être. Son frère.


            "Un appât ?" souleva-t-il, arquant un sourcil.

            Un léger éclat de rire émana de sa gorge, regardant le géant, cherchant à voir s'il était sérieux. Evidemment qu'il l'était. Un doute foudroya l'assassin qui jeta un regard paniqué à l'assemblée. Il annonçait ça tout haut, sans se méfier de ... ses frères. Non, ils le craignaient et le respectaient à la fois. Inutile de s'emballer et de chercher la petite bête. Ils étaient voués à Staline, à lui de les surveiller. Mais Rafael ne ferait peut être pas cette erreur. Lorsqu'on était trahi assez de fois, on commençait à se méfier presque de sa propre ombre. Et puis avoir passé autant de temps parmi un équipage de Marine. Enfin bref. Il chassa ces sombres pensées de son crâne, ne réagissant visiblement pas aux propos du géant. Un léger sourire en coin se dessinait sur ses lèvres. Envy. Ah ah ah. Ombre, qu'est ce que tu manigançais en fin de compte ? Au moins, sur ce point, l'assassin avait un léger coup d'avance sur l'échiquier. Céline ... Il essayait de lui faire confiance, pourvu que ça dure.


            "Donc nous sommes là uniquement par vengeance ? Nous amenons le Gouvernement à nous attaquer de front pour cette raison ?" osa questionner Rafael.

            Le silence se fit dans la salle. Condamnait-il l'action, et remettait donc en cause l'importance de cette bataille et les hommes déjà sacrifiés ? Un brin osé, pour un type surgi des nuages, non ? Mais il ricana, se grattant le menton. Quelques hommes s'adressèrent des regards interloqués. Mais à bien y réfléchir, si quelqu'un pouvait comprendre l'importance des combats à venir, c'était bien une personne qui avait été sur le champ de bataille. Quelqu'un de sensé aurait parlé des morts inutiles, aurait émis l'idée que le sang avait déjà assez coulé. Mais il n'était pas de cet apanage. La seule chose qui le faisait avancer envers et contre tout était ce feu brûlant qui lui coulait dans les veines. Cette fureur insatiable qui clamait l'injustice et le poussait à toujours aller plus loin. Plus qu'une affaire populaire, c'était une lutte contre les ennemis de son passé. La vengeance, la haine. Bien catalysés, ces deux émotions pouvaient servir une juste cause en fin de compte. Mais les mélanges de ce genre étaient souvent explosifs. Le regard de l'assassin étincela. Ce qu'il avait subi avait de lui qui il était.


            "Hé hé hé. Qu'ils apprennent donc qu'on ne se gausse pas du peuple impunément. Les peuples ne devraient pas avoir peur de leurs gouvernements. Les gouvernements devraient avoir peur du peuple. Et qui sommes nous sinon la voix du peuple qui gronde ? Pour tous nos frères, ce n'est qu'une juste rétribution." répondit-il, sourire en coin.

            "Oh ça oui, leurs pirates ont fort à craindre. Je les ai vus, l'un cherchant soutien des médecins. L'autre, dans les brumes. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne me soit dévoilé." continua-t-il, caressant doucement l'une de ses dagues.

            Voilà longtemps qu'il n'avait pas oeuvré en digne assassin. Ses lames lui manquaient. Elles étaient une partie de son âme, une composante intrinsèque de son être. Un frisson, d'impatience cette fois, lui parcourut l'échine. Aimait-il autant tuer ? Non, ce n'était pas tuer. C'était faire justice. Une différence de taille dans une telle circonstance. Il leva les yeux vers ceux de Staline. Il ne faisait qu'enrober la vérité de jolies phrases, mais les faits étaient là. Envy, certainement dans les parages. Old Lando à la recherche de médecins pour Krabbs. Tous de sérieux adversaires. Notamment le second de l'homme-crabe. Mais ils ne faisaient pas jeu égal alors. Si Rafael avait pu user de tous ses talents ... le Old Lando ne s'en serait pas sorti aussi facilement.


            "Si je te disais que dans peu de temps, je pourrais te dire où se trouve Envy ?" demanda l'assassin, impatient de passer à l'étape suivante.

            Les pirates étaient tous de vils criminels. Leurs méfaits n'arrivaient pourtant pas à la cheville de ceux qui abusaient du peuple, pour la plupart, et l'exploitaient à des fins malhonnêtes, voire carrément malsaines. Mais les corsaires. Eux, ils étaient pires que tout. Coupables des deux à la fois, et donnaient une envie frénétique à l'assassin d'agiter sa lame entre leurs vertèbres.
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              -Je dirais que tu parles trop...

              Pendant que Staline relève la tête tu es obligé de te tourner pour faire face au type qui vient de s'immiscer à la hussarde dans votre conversation. Un type moyen. Passe partout. Regard intelligent, voix agréable. Pas d'armes apparentes ? Bizarre... Et surtout une cicatrice très moche sur le sommet du crane. Toute une zone ou la peau est luisante, tendue et dépourvue de pilosité. Une brulure... Vu la forme l'origine doit être tout sauf naturelle, une séance d’interrogatoire musclée ? En tout cas le type ne te dit rien... Mais il agit ici comme s'il était chez lui, au même titre que toi ou le géant.

              Cinquième Chapitre; Un imprévu de taille J-b-e-zorg-by-artastrophe-d36z1c2_imagesia-com_557s_large

              Comme vous il attrape un verre dans un des coins de la pièce et vient s'asseoir à la table...

              -Et je dirais que tu n'es pas le seul. Toi aussi tu parles trop Staline... Il y a des choses qu'on ne doit pas dire à tort et à travers. Pas tant qu'on n'en a pas reçu l'ordre...

              Pendant que le géant ricane le type te fait un bref signe de tête, un salut nuancé d'une ouche d'excuse pour cette interruption..

              -Je suis Mafaele. Kez Mafaele. Responsable de la dimension... Disons, stratégique, de cette opération que notre ami vient de mentionner un peu vite. Et, au risque de te paraitre désagréable. Tu n'y étaispas prévu...

              -Bah, qu'importent les plans! Il est la non ? Et il tombe à pic !

              -Oui il tombe à pic. Un peu trop. Et tu sais très bien ce que je ça veut dire Staline. Quand des probabilités d'événements aléatoires se mettent à jouer brusquement en ta faveur, l'explication la moins hasardeuse, c'est que ces événements ne sont pas aléatoires... Mais qu'ils sont provoqués par quelqu'un... Et si ce n'est pas par nous. C'est par eux...

              Qu'est ce qui vous a amené ici et maintenant Auditore ? Juste le hasard ?

              Un autre qui entre en scène. Un type à l'apparence qu'on oublie pas, un homme marqué à vie. Mutilé. Insolent, aussi. L'intervention fait l'effet d'un grain de sable entre les dents de l'assassin. Même par ses frères, il n'aimait pas les remarques aussi déplacées, tout autant véridiques qu'elles fussent. Rafael l'inspecta du regard, le feu se reflétant dans ses pupilles lui donnant l'air d'un véritable prédateur. Il se frotta le menton, suivant l'impudent du regard. Sa démarche assurée, son ton clair et sans équivoque. Un type qu'il ne connaissait pas, mais qui se devait d'avoir son importance en ces lieux. Il avala une gorgée de bière ambrée, lui laissant le temps de s'expliquer. L'assassin n'avait commis aucune erreur à ses yeux. Personne ne lui avait parlé d'Ombre donc il n'en parlait pas. Staline lui avait parlé d'Envy donc il estimait que ce n'était plus un secret et lui révélait qu'il avait les moyens de le trouver. Qui était donc cet homme qui jugeait ses méthodes ? Estimait-il que Rafael fut incapable de savoir se méfier de ses pairs ? Lui qui avait été trahi par sa propre chair, ses propres hommes. Enfin pas tous, juste que la nature de l'homme est changeante. Trop. Les idéaux étaient volatiles en cette période, et il en avait fait les frais. Quoi qu'il en fut, il n'appréciait pas l'interruption de ce type, ni sa façon de venir s'asseoir à sa table. Mais, après tout, il s'agissait là d'un frère. Et d'un frère qui avait l'air d'avoir souffert. Cela forçait le respect, certes, mais l'assassin était doté d'un ego assez prononcé. Raison pour laquelle il détestait qu'on lui remette en face ce genre de faits. Il voulut répliquer, lui faire comprendre qu'il n'avait encore rien révélé de crucial mais il ravala sa verve. La sagesse était de mise, ils étaient tous du même camp ici. L'intervention du balafré le ramena cependant à terre un bref instant. Il se pouvait que le Gouvernement ait quelques espions parmi leurs rangs, c'était vrai. Tout comme le type n'allait pas tarder à le suspecter, ça il en aurait mis sa main à couper. Enfin, son autre main.

              "Enchanté, l'ami. Je n'ai pas l'honneur de te connaître, mais je pense que ça viendra sous peu." répliqua-t-il, lui rendant son signe de tête.

              Qu'on ne vienne pas dire que les Auditore n'étaient pas magnanimes après ça. Il lui offrit un sourire amusé, bien que son regard exprima quelque chose de moins ... sympathique. Il n'aimait pas qu'on puisse douter de lui, c'était un fait. Mais se faire rabrouer devant tant d'hommes. Enfin bref. Autant laisser passer cette pique et se prêter au rire de Staline. Le géant était là pour distraire, pour parler fort et attirer l'attention. Ce type mystérieux ... Hé hé. Rafael était plutôt adepte des entrées en scènes fracassantes, et il désirait se faire voir sur Drum. Ceci ne collait pas avec son profil d'assassin de l'ombre, mais cette époque était peut-être révolue. Depuis South Blue il avait renoncé à l'ombre de toute manière. Raison pour laquelle il appréciait d'autant plus le géant. Il en avait fait du chemin depuis les geôles d'Inu Town. Connu des défaites, des victoires. Aujourd'hui, il ferait tout pour avoir une victoire. Et il le ferait au nom du coeur de la Confrérie. Rien n'était vrai, tout était permis après tout.


              "Il est rare que je sois prévu quelque part en effet. Mais on trouvera bien de quoi me faire une petite place, non ?" répondit-il, un sourire insolent sur les lèvres.

              Il but une rasade puis reposa la choppe en s'essuyant la mousse du revers de la main.


              "Trêve de plaisanteries." trancha-t-il avant une quelconque réplique.

              Il n'aimait pas le ton qu'empruntait ce Mafaele. Pas du tout. Il inspira profondément, chassant de son esprit l'insulte qui lui avait été faite. Le traiter, lui, de traître ? Un frisson parcourut son échine. Difficile à digérer celle-là. De deux choses l'unes, soit le type était en effet trop précautionneux, soit il ignorait à qui il avait affaire. Ou pire. Mais l'assassin n'allait pas commencer à s'emballer pour une simple erreur de mise en forme. Il savait qu'un autre dans la nature le pensait encore traître, certainement, et il lui avait bien fait payer.


              "Le dernier qui m'a traité de traître s'est vu récompensé par Jonas. Mais tu n'as pas tort, l'ami. Les coïncidences n'existent pas." répondit l'assassin, fermant le poing sur la table.

              Difficile de faire passer la pilule, hein ? Mais qu'il soit au courant ou pas ne changeait rien. Cracher le nom de Mandrake n'était pas fortuit, comme ne cessait de le répéter Rafael, il avait l'appui de grands noms de la Révolution. Enfin, l'appui. Il oeuvrait pour Ombre en cet instant et personne d'autre que lui n'aurait eut autant de facilité à le débusquer sur le Léviathan. Du moins, l'espérait-il. Quant à Céline, elle semblait plus que fervente à la cause. Foutue manie de se méfier de tout. À commencer par ceux qui le traitaient de traître. Il ne développa pas plus sa relation avec Mandrake, il ne voulait pas en venir à parler de Tazim. Pas ici en tout cas.


              "Je suis ici pour venger mes frères, et bouter les gouvernementaux hors d'ici, ou buter, ça dépend de ta prononciation. Mes raisons sont assez évidentes. Et n'est-il pas d'usage que les assassins surgissent de l'Ombre, après tout ?" poursuivit-il, une pointe de malice dans la voix, si le sous entendu n'était pas assez fort ...

              "C'est mon métier, que d'être là où on ne m'attend pas. Et fais attention, Mafaele, il y a des hommes qui ont payé bien plus cher le fait d'avoir la simple idée que je sois un traître. Mais tant que nous serons frères, et que nous œuvrerons pour la cause, tout ira pour le mieux." fit-il, gardant toujours ce sourire sur le visage.

              Une menace à peine voilée. Plutôt une mise en garde. Il fallait dire que l'assassin était tatillon sur ce sujet. Sur l'honneur et la fidélité à la cause. Cesare avait trahi, encore était-il un des rares à le savoir, et c'était plutôt nuancé. L'Umbra avait trahi. Tazim avait foiré, et par ce fait trahi. Et lui seul était resté fidèle à la cause jusqu'à la moelle. Parfois un peu trop dans les extrêmes, certes, mais c'était la finalité qui importait. La liberté et la force du peuple. Il n'hésiterait pas à tuer tous ceux qui abusaient de celui-ci, et tous ceux qui se mettaient en travers de la réalisation de ces plans. Il nageait certes dans un brouillard baigné de rage et de rancoeur depuis ces dernières heures, mais il n'avait pas de temps à perdre à prouver aux petits stratèges de la Révolution qu'il était un fervent défenseur de leurs idéaux. Enfin, que Mafaele lui soit inconnu ne signifiait pas qu'il fut un petit homme, c'était certainement le contraire. Mais bon, mieux valait brosser l'Auditore dans le sens du poil. Tant qu'il comprenait la discrète allusion, tout serait pour le mieux. L'assassin balaya la salle du regard, cherchant qui d'autre pouvait s'intéresser à ses dires. Hé hé, si Mafaele n'avait pas confiance en ses propres hommes, pourquoi Rafael leur ferait confiance lui aussi ? De toute manière, il avait un den den noir, et il était en service depuis son arrivée sur les lieux. Pour peu que des abrutis aient l'idée de trahir ...
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                C'est le probléme de fréquenter des types qui pensent être aussi important que toi, ils sont vachement plus dur à impressionner que le commun des mortels. Et Kez Mafaele n'a pas l'air d’être du genre à s'écraser devant tes menaces. C'est à peine s'il cille pendant que tu sors ton sourire prédateur de son placard...
                -Je ne suis pas un traitre, je tue les gens qui disent des choses qui ne me plaisent pas, je suis la pour virer les marines tout seul, je n'ai besoin de personne...


                Il repose son verre comme s'il venait de trouver un truc moche dedans et te regarde en secouant la tête d'un air peiné...

                -Prends un peu le temps de t'écouter parler Auditore. Et au lieu de jouer les hautains et de menacer un de tes frères, demande toi plutôt pourquoi tu n'as pas été mis au courant de cette opération. Tu es sur que tu ne confonds pas la cause avec ta cause hein ? Regarde toi... Je te parle de sécurité opérationnelle et toi tu me menaces ? Et ensuite quoi ? Tu vas me tuer ? Et puis après ? Est ce que tu tueras aussi tout ceux qui trouveront bizarre que tu soit arrivé sur un bateau de la marine ? Est ce que tu tueras aussi tout ceux qui te demanderont des comptes sur tes soi distantes opérations discrètes ?

                Je n'ai pas confiance en toi Auditore, parce que tu pues l'autosatisfaction et l’excès de confiance. Et que si tu as dans ta manche le moyen de t'en tirer toujours comme une fleur ce n'est pas le cas de ceux avec qui tu es censé te battre...


                Je n'ai pas confiance en toi. Mais nous sommes dans le même camp, alors je vais t'expliquer pourquoi je veux savoir que tu es la...

                Parce que ce n'est pas pour Drum et tu le sais aussi bien que moi... Tu n'as pas pu embarquer sur le Leviathan alors qu'il était en mer. Ce qui signifie que tu y étais avant que notre opération ici commence... Et que tu y étais pour autre chose. Pourquoi ? Pour tuer Fenyang ? Pour fuir quelqu'un ? Pour une autre raison ? Qui d'autre sait que tu es la ? Quels garanties avons nous que dans tes bagages tu n'as pas amené avec toi tes problèmes personnels dont nous n'avons pas besoin ?

                Est ce que tu peux comprends mieux le probléme que tu représentes Auditore ? J'ai monté cette opération, et si tu viens rajouter des variables dans cette équation compliqué, j'ai besoin de le savoir. Même si ça froisse ton ego...


                Alors maintenant, tu réponds ou tu me tues ?

                Autant le balafré ne l'aimait pas, autant l'Auditore l'exécrait. On ne choisissait pas ses frères. L'homme pianotait dans son petit monde, mais il savait aussi très bien pointer là où ça l'énervait. L'assassin était passé par trop d'épreuves pour accepter de se laisser parler ainsi, seul son dévouement à la cause lui intimait de se calmer. Comme toujours, ses émotions se reflétaient sur ses pouvoirs, et une légère fumée noire s'exhalait de lui. Ah, cet enfoiré voulait la jouer en petit chef ? Qu'il fasse ce que ça lui chante, Rafael n'était pas venu là de son plein gré, ce n'était qu'un enchaînement de circonstances. Mais de coïncidences en coïncidences, il finissait par arriver sur un champ de bataille où ses frères se battaient. Et ça, il ne pouvait l'ignorait, quand bien même il avait à supporter le flegme placide du balafré. Ce type ne savait rien, composait dans la brume et tirait des conclusions hâtives. Ah, ainsi il voulait savoir ? Alors il saurait. Rafael ne faisait pas grand cas de la trahison de Tazim, seulement il doutait que l'apprendre ainsi à ses frères soit intelligent. Mais si Ombre le savait, alors il n'avait rien à y perdre ... à moins que Mafaele soit un traître, qu'il essaye de le pousser à parler ? Hé hé. L'assassin ne se ferait pas avoir si facilement. Mais il y avait un détail qui gênait dans son discours. 'Il' avait monté cette opération ? Attendez voir ... Staline ne mouftait pas un brin, les autres regardaient. Serait-ce possible que ce gusse ... Non. Impossible. Imitant l'impudent, Rafael posa sa bière sur la table, calmement. Un sourire sans saveur sur les lèvres. Il ôta son gant, puis remonta sa manche, révélant son membre meurtri. À la moitié du cubitus, et du radius, la fumée prenait le pas sur la chair. Tranché net. Comme si la blessure avait à peine cicatrisé. Il écrasa le bras sur la table, ce qui risquait d'en donner le haut le coeur à plus d'un.

                "Tu veux savoir pourquoi j'ai pris le large, Mafaele ? Regarde donc ce que l'homme qui a mené tant de nos frères à la mort m'a fait. Contemple la raison pour laquelle j'ai une dette éternelle envers Jonas." commença-t-il, d'une voix plus grave, plus menaçante encore.

                "Yusuf Tazim s'est fourvoyé et nous a menés à la mort. Et il s'est retourné contre moi. Alors que j'étais en train de couvrir notre retraire, il m'a mis à bas. Une arme qu'il avait confectionné seulement pour m'attraper." gronda l'assassin, plantant son regard océan dans celui de son interlocuteur.

                Il recomposa son bras aussi tôt, ne se rendant pas réellement compte que c'était la colère qui le faisait parler et oublier toute trace de méfiance ou de bienséance. Son esprit paranoïaque voyait quelque chose de pas net chez ce type, et il se sentait le besoin de montrer qu'il n'était pas un lâche, ni un traître. Encore moins un homme qui laissait les siens mourir.


                "Alors tempère tes propos. Je pense ne plus avoir à prouver mon intégrité à quiconque. Ni à expliquer à un impertinent ce que vaut mon crédo. Ma lame se destine à ces enfoirés qui sont prêts à saigner femmes et enfants pour reprendre le contrôle de l'île. Alors tu feras avec, Mafaele. Tu connais mes aptitudes, non ? Et bien fait tes calcules, mais n'oublie pas de composer avec une variable essentielle : je ne resterais pas les bras croisés pendant que mes frères seront sous le feu ennemi." trancha Rafael, posant son index sur la table.

                Le ton montait, on aurait presque pu voir les éclairs que lançaient les yeux de l'assassin. Des types à l'ego aussi gonflé que le sien, ça croisait pas les rues. Il pensait pouvoir changer les choses et il le ferait. C'était sa vision des choses. Il préférait traiter avec des Staline plutôt qu'avec ce genre de composeur de stratégie. Certes, ils pouvaient se montrer efficaces, mais celui-là, il ne le connaissait pas. Et s'il ne le connaissait pas, c'était qu'il n'avait pas encore fait de preuves concrètes dans la Révolution. Ce genre de choses, ou il apparaissait sous une autre identité. On ne pouvait concéder ce genre de pouvoir à un type qu'on ne connaissait pas. Tout le monde le respectait, tout le monde lui laissait la parole. Mais l'assassin se refusait de lui faire le plaisir de lui demander ce qu'il faisait là, c'était admettre l'échec de sa Confrérie. Sa Confrérie, bordel. En voilà une autre de chose qui lui donnait l'envie de déguerpir le plus vite possible de Drum.


                "Quant à Fenyang. Je désirais détruire le symbole de ce navire, en même temps que l'espoir de ce Marine. Il était ma clef vers Marie-Joa, mais c'est du passé. Des affaires requièrent ma présence ailleurs. Et la sagesse me dicterait de quitter Drum pour m'en charger sur le champ. Or je ne le ferais pas. Pas tant qu'il y aura des types qui pointeront leurs armes vers vous." continua l'assassin, une froide détermination dans le fond du regard, il n'avait pas menti, ni tout dit.

                "Quant à savoir qui a connaissance du fait que je sois ici, cela commence à m'étonner de plus en plus que tu ne le saches pas."
                répliqua-t-il, un léger sourire en coin.

                Ce n'était pas logique, il y avait un truc qui clochait. Le Seigneur Ombre l'avait contacté, et lui avait demandé d'oeuvrer pour la Révolution. Il l'avait fait, certes. Il avait condamné l'alliance Krabbs-Marine mais Staline avait échappé qu'ils voulaient Krabbs mort. Pourquoi donc tenter de le monter contre la Marine si le but était de leur montrer la tête de leur futur corsaire ? Cela n'avait pas de sens. De même, il avait transmis les positions de la Marine à l'Ombre, et Oswald était venu se battre ici, cela signifiait donc que son plan avait fonctionné : les positions avaient été interverties. Quant au navire, il était truffé de bombes. Cela devrait au moins occuper les soldats du Léviathan pendant un bon bout de temps, jusqu'à la seconde étape de ce plan. Et si Ombre gérait Drum dans l'Ombre, pourquoi un type du calibre, apparent, de Mafaele n'en savait rien ? Ne lui faisait-il pas confiance ? Y avait-il quelque chose de plus sombre derrière ? Quelque chose clochait, mais il ne savait quoi. Ce que Rafael avait fait ne nuisait en rien à la Révolution, et personne d'autre qu'Ombre aurait pu le contacter ainsi, c'était certain. Alors que mijotait donc ce type, ce balafré ? Quelque chose n'allait pas.


                "Très étonnant même. Tout aussi étonnant que je sois, moi, obligé de déballer mon curriculum vitae devant tant de témoins sans que l'on me rende la pareille. Autant Staline parle par ses actes, autant toi ... et bien, je n'ai pas l'honneur de t'avoir vu saigner au milieu des tiens. Mais je peux me tromper, après tout, je ne suis qu'un homme." ricana l'assassin, se grattant le menton.

                Mentalement, il essayer de se repasser toutes les têtes qu'il avait eu l'honneur de croiser dans sa vie, stockées de manière ordonnée dans son esprit. Des têtes d'affiches, des têtes de contrats. Même des têtes qu'il avait pu croiser à l'occasion. Des hommes de la Marine, des dossiers dans lesquels il avait fouiné, jusqu'aux complicités de Shaïness. Non, il ne lui faisait pas confiance et si lui n'était pas coupable, c'en était certainement un autre. Mais pour l'heure, les soupçons de l'assassin pesaient surtout sur le balafré. Il déroula lentement son bras, prêt à toute éventualité. Pendant que, toujours dans sa représentation mentale qui définissait l'ordre établi dans son crâne, il essayait d'identifier cet homme.


                "Cependant, l'ami. Comment se fait-il que tu saches d'où je viens sans même que j'en ai encore parlé ? Car à ma connaissance, une seule personne est au courant de ce détail." gronda Rafael, dardant ses pupilles océanes sur Mafaele.

                Oui, qui donc était-il ? Les pensées s'ordonnaient, chaotiques. Mais dans ce miasme de pensées incertaines, une certitude s'imposait. La pointe de la lame de l'assassin commençait à le démanger. Oh, certes, deux personnes le savaient. Mais d'un petit mensonge, on pouvait bien tester son adversaire. Et s'il prenait ça pour une réponse à sa question, tant mieux, hé hé. Alors, le balafré, qui étais-tu réellement ?

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                  Tu as beau chercher dans ta mémoire ou tout est toujours impeccablement rangé, le nom de Mafaele ne te dit rien, et son visage non plus... Cela dit, c'est le cas de beaucoup d'officiers de la révolution, groupe ou a de rares exceptions prés, la norme est plutôt à la discrétion et à l'anonymat.

                  -Et maintenant on joue à celui qui a les plus grosses ? C'est complétement ridicule. Tu veux être le meilleur, très bien, tu es le meilleur... Heureux ? Tu veux une médaille aussi ? Après tout, tu es le grand Auditore, le seul vrai révolutionnaire du monde et à coté de toi nous ne sommes que des guignols... C'est à se demander comment toi et ton ego arrivez à tenir dans une seule tête...

                  Je suis au courant de ton arrivée sur le léviathan parce que nous y avons intégré un homme lors de sa mise à l'eau. Et que tes problèmes avec la confrérie à bord n'ont pas précisément été discret. Plutôt un comble pour un assassin non ? Et si je sais que tu es la. Que la confrérie sait que tu es la, alors n'importe qui d'autre peut le savoir aussi. Et si tu crois le contraire c'est que tu es foutrement moins malin que tu ne crois l’être monsieur une personne seulement sait que je suis la...

                  Encore une fois, que tu viennes ici en croyant jouer les sauveurs ne me gène pas. Mais que tu y amènes tes ennuis sans nous le dire et que tu sois trop fier pour l'admettre... La c'est embêtant... Parce que ça veut dire qu'on ne peut pas te faire confiance, et que tu nous mens exactement comme tu mens à nos ennemis.


                  A vos cotés le géant a cessé de regarder l'échange en se marrant... Et la musique d'ambiance se réaccorde encore un cran plus haut...
                  Il y avait donc des infiltrés sur le Léviathan. Et merde. Putain, toute cette histoire le faisait passer pour un incompétent de première. Déjà, qu'un assassin l'ait trouvé. Puis Céline qui avait remonté la piste si facilement. Et encore un gusse qui l'avait surveillé ? Mais c'était quoi cette arnaque ? À moins qu'ils ne soient tous de mèche, peut-être ? Si le crucifié était l'homme de Mafaele, il n'aurait pas pu en apprendre autant. Soit Céline, chose dont il doutait, soit une tierce personne. Une tierce personne qui avait débarqué et avait rejoint les Révolutionnaires, ou les avait informés, sous son nez et sa barbe. Alors qu'il surveillait le navire. Tu parlais d'un crétin ... bordel, c'était à n'y rien comprendre. Ombre devrait éclaircir ça. C'était lui qui l'avait mêlé à cette putain d'île, et voilà que l'assassin en prenait pour son grade en voulant seulement le couvrir. Oh ça, oui, il n'aimait pas ce balafré, encore moins sa manière de le rabrouer. De plus, il était au courant de l'historie de la Confrérie. Qui était cet inconnu qui en savait autant sur lui ? C'était énervant de voir que lui, l'assassin au réseau qui fut si étendu, n'en savait rien. Il sortait de nulle part, de l'ombre. Et il prenait le commandement des opérations. Mais il y avait une chose qu'il ne cessait d'esquiver par une pirouette. Et l'assassin n'allait pas tarder à devenir grossier. Il était dépassé par l'accumulation des évènements, et il n'appréciait pas qu'on dénigre ainsi l'aide qu'il venait apporter. D'autant plus qu'on l'avait contacté, qu'on lui avait demandé d'agir. Il ne s'était pas posé de questions, s'était contenté de servir la cause.

                  "J'en ai rien à battre Mafaele, j'vais te reposer la même question pour la troisième fois, mais en plus clair peut-être : qui es-tu ?" grogna l'assassin, le foudroyant du regard.

                  "La renommée, ça marche dans les deux sens. Je veux savoir à qui j'ai affaire avant de parler, tu vois ? Depuis tout à l'heure, tu penses me tenir avec ta petite ligne de pêche, mais tu ne sais rien. Tu connais mes problèmes, et tu crois être capable de me cerner. Mais tu te fourres le doigt dans l'oeil, La Confrérie, j'en fais mon affaire. Ils ne veulent qu'une seule chose et c'est moi. Fenyang ne traitera jamais avec des assassins. Et Krabbs, il doit en vouloir aux officiels maintenant. Alors mes problèmes, ce sont mes problèmes. Pourquoi ils te concerneraient ? Si je me fais descendre, m'est avis que t'en aurais presque rien à foutre." continua, crachant son venin avec un dédain évident.

                  "Le truc, c'est que je te fais pas confiance. Le truc, c'est que je fais pas confiance à la majorité des hommes. Ceux qui sont comme moi, tu vois, ceux qui mentent. Parce que je sais pas si le moindre mot qui sort de ta bouche est véridique. Parce que je sais pas si tu vas pas aller courir chez nos ennemis postillonner tes infos. Et tu vois, malgré le fait qu'on m'ait capté, apparemment, depuis East Blues, je sais des choses que je vais pas crier au premier venu. Au premier gusse qui prend une choppe et se fout de ma gueule. À un type dont je ne sais rien. Et malgré les apparences, je sais beaucoup de choses. Y'a un truc dont je suis sûr, c'est que j'ai jamais vu ta gueule de grand brûlé." poursuivit l'assassin, un léger sourire sadique sur les lèvres.

                  On s'attaquait au physique maintenant ? Pourquoi pas. Rafael était en colère. Plus qu'il ne voulait l'admettre. Qu'il veuille la jouer franc jeu, ok. Mais là, ça dépassait clairement les bornes. Dire qu'ils étaient sensés être dans le même camp ...

                  "Alors qu'est-ce qui me prouve que je peux te faire confiance ?" lui demanda-t-il, de but en blanc.

                  Ce type en savait trop. Et les types qui en savaient trop, c'était jamais bon. Soit c'était un pro de chez pro, soit il s'en tirerait bien mieux avec un aller simple pour le pays des rêves et des ours en chocolat. Voir un fantôme apparaître et vous faire la morale, c'était jamais chose facile, mais ça l'était encore moins lorsqu'on était soit même chargé des renseignements d'une organisation telle que l'Union Révolutionnaire. Ah, elle était belle l'Union en cet instant. Une chose était certaine, le sang coulerait cette nuit. Et si cette discussion gagnait encore un cran, il faudrait plus d'un marine pour apaiser Rafael. Voilà pourquoi on devait se soustraire à toute émotion lorsqu'on revêtait cet habit. Que ce fut la joie, ou l'amour. L'amour de la cause. Ah ah. L'amour menait à la peur. La peur à la colère. Et la colère, à la haine. Quant à la haine. Elle, elle menait vers les ténèbres. Et on avait tôt fait de s'y perdre. À partir de là, devenir le monstre que l'on chassait était bien plus facile que de revenir à la lumière. Peut-être était-ce qui avait signé la fin de la Confrérie.
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