-…J’me tenais bien droit d’vant Barbe Noire, le regard aussi froid et violent que c’lui qu’j’ai au moment où j’vous parle. Un regard de tueur, le genre de regard qui aurait fait mouiller son froc au roi des pirates. Et justement, il le mouilla son froc le Barbe Noire! Alors, toute moustache frémissante, j’ai pris appui sur la proue du pied gauche et ai dégainé mon sabre à la mode « grosbill près à fendre des tronches »…
-Vous aviez une moustache à l’époque?
-…
-Bah qu…
-Blablablablablah! T’aimes ça quand je t’interromps comme ça? Ça te fait plaisir?! T’apprécierais qu’on remette en question tes exploits pour des broutilles sans importance?! Tu trouves ça poli peut-être?!!
-Nan mais je pensais pas à mal…
-Meuh non bien sûr que tu pensais pas à mal!!! Les décérébrés dans ton genre ça ne réfléchit qu’avec son sale engin reproducteur! On sait bien! La prochaine fois tu préféreras peut-être que je te paye une mousse tant qu’à y être!?
-Mais c’est moi qui vous ai payé une mousse…
-Bon, ça y est. T’as gagné, j’en ai marre. Tu t’en vas. C’est finit, à la revoyure.
Dépité, le pauvre bougre mis en marche ses muscles postérieurs, fit mouvoir ses fémurs et tibias pour se lever de sa chaise et quitter le bar en silence. Le reste de l’assemblée le fixant avec une expression qui mixait regards moqueurs et moue de déception. Puis le gros balourd ayant passé le pas de la porte, tous les regards se rivèrent à nouveau vers moi. Moi qui, assis bien confortablement dans une chaise surélevée, donnait la comptine à la vingtaine de primates sous-évolués qui profitaient de l’ambiance de la taverne. Si bien que je repris de là où j’en étais.
-Donc, comme je disais plus tôt, je me montrai de toute ma puissance devant le vil empereur pirate et son équipage qui prenait la fuite devant ma splendeur. Et splendeur! Parlons-en de cette splendeur! On aurait dit que les orageux nuages qui inondaient le ciel s’étaient écartés à un seul endroit pour laisser les rayons solaires envoyer leur lumière directement sur moi. Au final, il ne restait que c’pauvre Barbe Noire, effrayé, face à moi et l’entièreté de ma flotte digne du plus gros des Buster Call. ‘Voyez l’image? Moi oui en tout cas. Alors, j’ai levé bien haut mon sabre puis ai décoché un violent coup qui fendit le navire de Barbe Noire au grand complet, emportant au fond des mers le terrible pirate qui payait de sa vie l’impensable folie qu’était le défi qu’il m’avait lancé.
-Mais je croyais que Barbe Noire avait été tué par…
-Ton nom?
-Moi?
-Oui toi? Qui d’autre?
-Rosaire monsieur.
- Eh bien écoute-moi Rosaire, es-tu marié?
-Oui monsieur.
-Et quel est le nom de ta femelle reproductrice?
-Gabrielle monsieur.
-Et bien qui dit que c’est une femme!? Pourquoi pas un homme?! Ou pire, un okama! Qui dit que le prêtre qui a commis l’erreur de vous unir n’était pas un charlatan?! Qui dit que ta femme t’aime réellement!? Non mais! Ça va pas de questionner des faits véridiques! Tu me gonfles c’est ridicule! Allez fou le camp toi aussi!
-Oui monsieur…
Et un autre de partit. Avec lui cette fois une dizaine de gars. Puis le reste des idiots qui gaspillaient temps et argent à m’écouter. Quelques minutes plus tard, le bar était vide. Je soupirai puis lissai ma moustache. Ma chopine terminée, je descendis de mon perchoir pour m’approcher du comptoir où le propriétaire du lieu nettoyait distraitement un verre à l’aide d’un vieux chiffon. Son regard survola le mien, il reposa alors nerveusement ses deux pupilles sur son travail. Comme pour éviter toute conversation avec moi, mais j’avais des histoires à raconter et il ne pourrait pas y échapper. Je grimpai sur le haut tabouret, déposai un pourboire sur le comptoir et interpellai l’homme.
-Hé mon grand! Ça t’intéresses d’apprendre comment j’ai réussi à déjouer la force et la ruse d’une horde de lapins géants des neige se l’île de Sakura? Ça s’est passé y’a d’ça un peu plus de vint ans déjà. J’étais en grande quête pour retrouver le Saint-Graal en compagnie du grand Amiral en Chef Pludbus Celdéborde. Toute une aventure que ce fut…oh oui. Par ou commencer? Hum. Ah! Voilà ! Nous marchions dans le blizzard depuis trois jours déjà, le tout sans boire ni manger nous devions constamment subsister en ingurgitant de la neig…
-Désolé monsieur Iwan. On ferme.
-M..Mais il est même pas dix-sept heures!
-Euh…euh…en fait on ferme plus tôt aujourd’hui. Jour de repos vous voyez?
-Vous fermez plus tôt un mercredi?
-Euh…Oui c’est nouveau…C’est euh…L’anniversaire de mon mariage!
-Ah bon. Dommage alors…
Je soupirai à nouveau, avec découragement et amertume cette fois. J’activai les articulations de mes jambes et me jetai au bas du tabouret, trottinai jusqu’à l’entrée et passai la porte, la mine basse. Dehors, le soleil se faisait encore haut et brillant, malgré le fait qu’il penchait légèrement de 13,71 degrés vers l’ouest. Signe que l’après-midi avançait peu à peu.
Elle était bien belle l’aventure fallait-il dire! Déjà cinq ans que j’avais quitté les laboratoires de Luvneel pour me lancer vers la grande aventure que je me retrouvais à raconter de stupides histoires à qui voulait bien les entendre. Manquais-je d’attention à ce point? Ma vie n’avait pas été extraordinaire, certes, mais ne l’avait-elle pas été au point que j’en vienne à gaspiller le peu qu’il m’en restait à inventer ce que j’aurais bien voulu qu’elle fut?
Je marchai le long d’une rue pavée d’une pierre sur une demi-pierre par mètre carré, avant de déboucher quelques minutes plus tard sur un joli parc qui florissait au milieu de la cité d’Inu Town. J’y trouvai un banc, sur lequel je m’assis piteusement, comme abattu par mon dernier échec au petit bar. M’abandonnant à mes pensées, j’oubliai le temps qui passait. En venant à estimer le nombre de litres par minutes éjectés par la fontaine qui prônait au centre du parc, faite de pierre sculptée sous la forme d’un dauphin crachant le flot continu de liquide.
Alors quelqu’un se posa à ma gauche.
-Monsieur Iwan-Dimitri Koprovski? J’ai entendu vos histoires plus tôt. Et je crois bien que l’on aurait besoin d’un héros comme vous.
-Vous aviez une moustache à l’époque?
-…
-Bah qu…
-Blablablablablah! T’aimes ça quand je t’interromps comme ça? Ça te fait plaisir?! T’apprécierais qu’on remette en question tes exploits pour des broutilles sans importance?! Tu trouves ça poli peut-être?!!
-Nan mais je pensais pas à mal…
-Meuh non bien sûr que tu pensais pas à mal!!! Les décérébrés dans ton genre ça ne réfléchit qu’avec son sale engin reproducteur! On sait bien! La prochaine fois tu préféreras peut-être que je te paye une mousse tant qu’à y être!?
-Mais c’est moi qui vous ai payé une mousse…
-Bon, ça y est. T’as gagné, j’en ai marre. Tu t’en vas. C’est finit, à la revoyure.
Dépité, le pauvre bougre mis en marche ses muscles postérieurs, fit mouvoir ses fémurs et tibias pour se lever de sa chaise et quitter le bar en silence. Le reste de l’assemblée le fixant avec une expression qui mixait regards moqueurs et moue de déception. Puis le gros balourd ayant passé le pas de la porte, tous les regards se rivèrent à nouveau vers moi. Moi qui, assis bien confortablement dans une chaise surélevée, donnait la comptine à la vingtaine de primates sous-évolués qui profitaient de l’ambiance de la taverne. Si bien que je repris de là où j’en étais.
-Donc, comme je disais plus tôt, je me montrai de toute ma puissance devant le vil empereur pirate et son équipage qui prenait la fuite devant ma splendeur. Et splendeur! Parlons-en de cette splendeur! On aurait dit que les orageux nuages qui inondaient le ciel s’étaient écartés à un seul endroit pour laisser les rayons solaires envoyer leur lumière directement sur moi. Au final, il ne restait que c’pauvre Barbe Noire, effrayé, face à moi et l’entièreté de ma flotte digne du plus gros des Buster Call. ‘Voyez l’image? Moi oui en tout cas. Alors, j’ai levé bien haut mon sabre puis ai décoché un violent coup qui fendit le navire de Barbe Noire au grand complet, emportant au fond des mers le terrible pirate qui payait de sa vie l’impensable folie qu’était le défi qu’il m’avait lancé.
-Mais je croyais que Barbe Noire avait été tué par…
-Ton nom?
-Moi?
-Oui toi? Qui d’autre?
-Rosaire monsieur.
- Eh bien écoute-moi Rosaire, es-tu marié?
-Oui monsieur.
-Et quel est le nom de ta femelle reproductrice?
-Gabrielle monsieur.
-Et bien qui dit que c’est une femme!? Pourquoi pas un homme?! Ou pire, un okama! Qui dit que le prêtre qui a commis l’erreur de vous unir n’était pas un charlatan?! Qui dit que ta femme t’aime réellement!? Non mais! Ça va pas de questionner des faits véridiques! Tu me gonfles c’est ridicule! Allez fou le camp toi aussi!
-Oui monsieur…
Et un autre de partit. Avec lui cette fois une dizaine de gars. Puis le reste des idiots qui gaspillaient temps et argent à m’écouter. Quelques minutes plus tard, le bar était vide. Je soupirai puis lissai ma moustache. Ma chopine terminée, je descendis de mon perchoir pour m’approcher du comptoir où le propriétaire du lieu nettoyait distraitement un verre à l’aide d’un vieux chiffon. Son regard survola le mien, il reposa alors nerveusement ses deux pupilles sur son travail. Comme pour éviter toute conversation avec moi, mais j’avais des histoires à raconter et il ne pourrait pas y échapper. Je grimpai sur le haut tabouret, déposai un pourboire sur le comptoir et interpellai l’homme.
-Hé mon grand! Ça t’intéresses d’apprendre comment j’ai réussi à déjouer la force et la ruse d’une horde de lapins géants des neige se l’île de Sakura? Ça s’est passé y’a d’ça un peu plus de vint ans déjà. J’étais en grande quête pour retrouver le Saint-Graal en compagnie du grand Amiral en Chef Pludbus Celdéborde. Toute une aventure que ce fut…oh oui. Par ou commencer? Hum. Ah! Voilà ! Nous marchions dans le blizzard depuis trois jours déjà, le tout sans boire ni manger nous devions constamment subsister en ingurgitant de la neig…
-Désolé monsieur Iwan. On ferme.
-M..Mais il est même pas dix-sept heures!
-Euh…euh…en fait on ferme plus tôt aujourd’hui. Jour de repos vous voyez?
-Vous fermez plus tôt un mercredi?
-Euh…Oui c’est nouveau…C’est euh…L’anniversaire de mon mariage!
-Ah bon. Dommage alors…
Je soupirai à nouveau, avec découragement et amertume cette fois. J’activai les articulations de mes jambes et me jetai au bas du tabouret, trottinai jusqu’à l’entrée et passai la porte, la mine basse. Dehors, le soleil se faisait encore haut et brillant, malgré le fait qu’il penchait légèrement de 13,71 degrés vers l’ouest. Signe que l’après-midi avançait peu à peu.
Elle était bien belle l’aventure fallait-il dire! Déjà cinq ans que j’avais quitté les laboratoires de Luvneel pour me lancer vers la grande aventure que je me retrouvais à raconter de stupides histoires à qui voulait bien les entendre. Manquais-je d’attention à ce point? Ma vie n’avait pas été extraordinaire, certes, mais ne l’avait-elle pas été au point que j’en vienne à gaspiller le peu qu’il m’en restait à inventer ce que j’aurais bien voulu qu’elle fut?
Je marchai le long d’une rue pavée d’une pierre sur une demi-pierre par mètre carré, avant de déboucher quelques minutes plus tard sur un joli parc qui florissait au milieu de la cité d’Inu Town. J’y trouvai un banc, sur lequel je m’assis piteusement, comme abattu par mon dernier échec au petit bar. M’abandonnant à mes pensées, j’oubliai le temps qui passait. En venant à estimer le nombre de litres par minutes éjectés par la fontaine qui prônait au centre du parc, faite de pierre sculptée sous la forme d’un dauphin crachant le flot continu de liquide.
Alors quelqu’un se posa à ma gauche.
-Monsieur Iwan-Dimitri Koprovski? J’ai entendu vos histoires plus tôt. Et je crois bien que l’on aurait besoin d’un héros comme vous.